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Actualité Monde - Page 121

  • Un « monumental pas en avant » pour l’Afrique, selon Bernard Guetta ... Oui, mais vers quoi ?

     

    Nous écoutons régulièrement la matinale de France Inter primo parce qu'elle est la radio la plus écoutée de France, une sorte de voix officieuse du Système, secundo parce que s'y trouve exprimé avec professionnalisme et de façon souvent intelligente, tout ce qu'en toutes matières il est illusoire et/ou dangereux de penser. Condensé de bien-pensance et de sectarisme, liturgie du politiquement correct conduite par ses clercs, tel est France Inter chaque matin. On y trouve son miel.   

    Ainsi de Bernard Guetta, chargé de traiter de géopolitique, qui mêle adroitement des réflexions parfois sages et réalistes, à un système idéologique, qui est, bien-sûr, l'élément largement dominant. Quelle est-il ? Il est qu'à l'exemple français, à travers soubresauts et révolutions qui ne doivent en rien entamer notre optimisme, les peuples, les continents, le monde, dans le sillage des Lumières, sont inexorablement en marche vers la démocratie partout et, par surcroît, vers leur unité. Lorsque que l'on part de principes aussi faux, l'on a les plus grandes chances d'être démenti par les faits : c'est ce qui arrive à Bernard Guetta, dont l'aveuglement est parfois - souvent - désarmant. Mais l'optimisme demeure; il suffit d'attendre ...

    Sa chronique d'hier matin, sur France Inter est un modèle du genre. Vous pouvez l'écouter ou la lire, juger par vous-même. Inutile de trop en rajouter. Mais lorsqu'on songe à ce qu'est l'Afrique réelle, à la fuite de ses populations et de ses élites, à la corruption de ses « dirigeants », à leur inconsistance, si ce n'est leur voracité, à la faiblesse voire à l'inexistence de leurs « Etats », aux conflits ethno-religieux qui la déchirent, aux pillages auxquels ses richesses sont livrées au profit du reste du monde, à l'insécurité qui ronge les sociétés africaines, aux risques auxquels sa propre démographie pourrait fort bien l'exposer demain, comme, d'ailleurs le Maghreb et l'Europe, l'on peut se demander si Bernard Guetta, tout simplement, ne se moque pas du monde. Y compris lorsqu'il conclut de façon parfaitement dérisoire que « ce siècle sera dominé par des ensembles continentaux qui, partout, se cherchent sur le modèle de l’Europe. » Ah ! Alors là oui, on a frappé à la bonne porte, pas de souci ! Lafautearousseau  •

     

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    Mardi 9 juin 2015 (Ré)écouter cette émission (disponible jusqu'au 04/03/2018)

     

    Peut-être est-ce en effet un « monumental pas en avant » pour l’Afrique, comme on le dit au Caire. Ce n’est pas une certitude puisque bien des alea politiques pourraient vite doucher cet enthousiasme mais le fait est que la moitié orientale du plus pauvre des continents, 26 Etats en tout s’étendant de la Méditerranée au Cap de Bonne Espérance, vont signer demain à Charm el-Cheikh un traité de libre-échange qui pourrait ouvrir, un jour, la voie d’un marché unique de l’ensemble du continent africain.

    C’est en tout cas un grand moment pour l’Afrique dont les échanges intérieurs sont aujourd’hui considérablement limités par la lourdeur des formalités douanières imposées par chacun de ses pays et leurs délais de dédouanement. A force de vouloir se protéger les uns des autres et de nourrir des bureaucraties qui sont autant de moyens, pour les pouvoirs politiques, de se créer des clientèles en distribuant des emplois artificiels, ces pays sont parvenus à ce que les échanges interafricains ne représentent que 12% de la totalité de leurs échanges commerciaux alors que les échanges intereuropéens et inter asiatiques comptent pour 70% et 55%  des commerces de l’Europe et de l’Asie.

    Cela ne freine pas seulement les échanges. Cela freine aussi, et beaucoup plus gravement, le développement d’industries africaines car elles sont ainsi privées de débouchés naturels et d’un marché suffisamment important pour justifier des investissements lourds.

    La levée de ses barrières douanière intérieures est un enjeu si capital pour l’Afrique qu’elle se l’était donné pour objectif à l’horizon de 2025 depuis le traité d’Abuja en 1991 et la moitié du chemin aura donc été faite demain avec la naissance de la « Tripartite » - la Zone tripartite de libre-échange dont seront parties prenantes, d'où son nom, trois organisations régionales déjà existantes.

    Il faudra encore en passer par les ratifications parlementaires mais ce rendez-vous de Charm el-Cheikh renforce d'ores et déjà « l’Afroptismisme » des milieux d’affaires internationaux et des jeunes entrepreneurs africains qui constatent que la croissance est de 5% par an depuis le début du siècle en Afrique alors qu’elle se traîne à beaucoup moins que cela en Europe et commence à s’essouffler en Asie.

    Après « l’Afropessimisme » de la seconde moitié du XX° siècle, il y a aujourd’hui tout un monde d’investisseurs et de chercheurs s'acharnant à convaincre la terre entière que l'Afrique est le prochain Eldorado et que l’avenir de l’Europe ne se conçoit plus sans l’organisation d’une « coopération verticale » - c’est leur expression - entre les deux rives de la Méditerranée. Particulièrement actifs en France, ces visionnaires n’ont sans doute pas tort.  Tout leur donne en fait raison et la certitude est que ce siècle sera dominé par des ensembles continentaux qui, partout, se cherchent sur le modèle de l’Europe. 

  • Idéologie mortifère, par Louis-Joseph Delanglade

     

    En géographie, rien ne vaut une bonne carte. Celle de lactuel Proche-Orient  est explicite : lEtat Islamique contrôle désormais un vaste territoire à cheval sur Syrie et Irak. Sa progression est si rapide que certains le voient déjà aux portes de Damas et de Bagdad. M. Lévy propose maintenant darmer les Kurdes « pour casser les reins de Daesh ». Du fait même quil est tout à fait improbable, car on voit mal la Turquie laccepter, ce scénario illustre bien lirréalisme et par conséquent l’éventuel pouvoir de nuisance des idéologues qui gravitent autour du pouvoir. 

    Sur le terrain, lEtat islamique profite au mieux des contradictions dans lesquelles sont empêtrés ses ennemis coalisés. Le fiasco de la toute récente Conférence de Paris ne peut que les conforter : incapables de se mettre daccord sur quoi que ce soit, hormis sur lacceptation du fait sunnite (Turquie, Qatar, Arabie Séoudite), les membres de la coalition - dont la France - ont acté le statu quo, cest-à-dire lacceptation pure et simple de lavancée pour linstant irrésistible des troupes de lEtat islamique et de linstauration sur les territoires quil contrôle dun début dadministration en bonne et due forme. Non seulement aucune décision sérieuse naura été prise mais, comble du ridicule et de limpuissance assumée, les membres de la « coalition » sinterdisent lusage des armes chimiques dites « incapacitantes » pour ne pas contrevenir à une recommandation de lONU.

     

    Existe pourtant bien la possibilité de contrebalancer le poids dangereux de lalliance sunnite par celui de lIran et de ses « clients » chiites, seule force capable, à ce jour, de sopposer au sol aux troupes de « Daesh ». Mais, au vu de ses ambitions nucléaires, lIran constitue, paraît-il, une grande menace. Pis : il est de fait allié de MM. Assad et Poutine, chacun étant persona non grata - et aucun des deux présent à Paris. Voilà bien la véritable faute du pouvoir socialiste, digne continuateur en cela de son prédécesseur : que lapocalypse sabatte sur la région plutôt que de « reconnaître » un quelconque rôle à M. Assad car le faire serait renier les idéaux démocratiques du feu printemps arabe. 

     

    Lincendie géopolitique qui a pris naissance avec la déstabilisation de la région en Irak puis en Syrie risque fort, à terme, de déboucher sur la reconfiguration complète dune région aux frontières jusque là héritées de la période des mandats. Si les choses continuent, il ny a dailleurs pas de raison que Le Liban et la Jordanie échappent au cataclysme. Ce que constate M. Zemmour quand il dit qu’« un nouveau Moyen-Orient est en train de naître dans le sang et la fureur » ( R.T.L., 21 mai). Sil devait advenir que lEtat islamique sinstallât pour durer, il faudrait alors bien en tenir compte et « reconnaître » le fait accompli. 

     

    Cest à cela que conduit lidéologie mortifère de MM. Fabius et Lévy. Il nest cependant pas interdit de penser que rien nest encore définitif. 

     

  • Marseille : soutien aux chrétiens d'Orient, c'est ce soir ...

     

    Une manifestation de soutien aux chrétiens d'Orient aura lieu à Marseille, le vendredi 5 juin 2015.

    Rendez-vous est donné sous l'ombrière du Vieux-Port à 18h30.

    Les Marseillais y viendront en nombre.

    Informations genocidechretienorientafrique@gmail.com

  • Marseille : manifestation de soutien aux chrétiens d'Orient, ce vendredi 5 juin

    sigle.jpgUne manifestation de soutien aux chrétiens d'Orient aura lieu à Marseille, le vendredi 5 juin 2015.

    Rendez-vous est donné sous l'ombrière du Vieux-Port à 18h30.

    Les Marseillais y viendront en nombre.

  • Comment Giscard comprend Poutine et met en cause la CIA, par Nicolas Bonnal *

    Crédits photo : Alexei Druzhinin/AP  

    Valéry Giscard d'Estaing a présenté à Moscou son livre  La victoire de la Grande armée », jeudi dernier 29 mai. Il en a profité pour rencontrer Vladimir Poutine et donner son point de vue sur la crise ukrainienne. Une fois n'est pas coutume : en l'occurrence, nous nous trouvons d'accord avec Giscard. Il ne prononce pas le mot « complot » que Nicolas Bonnal utilise : si l'on veut qu'il y en ait un, le terme ne fait alors que désigner l'action extérieure permanente des Etats-Unis : diplomatique, militaire, économique, financière, monétaire, juridique, etc. ... Elle ne s'embarrasse pas de scrupules. L'Amérique est, se comporte et se perçoit comme « la » puissance mondiale par excellence, naturellement impérialiste. A titre de confirmation on lira avec intérêt l'excellente note qui suit. LFAR  

     

    4946e3149d1089071ca65e63e517bc13.jpgDans la revue Politique internationale d’obédience atlantiste (n °146), Valéry Giscard d’Estaing brave la morgue d’une journaliste du Figaro et défend la position russe en dénonçant les agissements américains.

    Ayant réétudié son histoire impériale, « le petit télégraphiste de Moscou » déclare au sujet de la Crimée :

    « La conquête de la Crimée fut assez dure. Elle ne s’est pas faite au détriment de l’Ukraine, qui n’existait pas, mais d’un souverain local qui dépendait du pouvoir turc. Depuis, elle n’a été peuplée que par des Russes. Quand Nikita Khrouchtchev a voulu accroître le poids de l’URSS au sein des Nations unies qui venaient de naître, il a “inventé” l’Ukraine et la Biélorussie pour donner deux voix de plus à l’URSS, et il a attribué une autorité nouvelle à l’Ukraine sur la Crimée qui n’avait pas de précédent. À l’époque, déjà, je pensais que cette dépendance artificielle ne durerait pas. Les récents événements étaient prévisibles. »

    L’ancien Président voit, comme tous les observateurs sérieux, un complot de la CIA et une ingérence américaine dans cette affaire est-européenne.

    « Il faut se demander ce qui s’est réellement passé il y a un an dans la capitale ukrainienne. Quel rôle la CIA a-t-elle joué dans la révolution du Maïdan ? Quel est le sens de la politique systématiquement antirusse menée par Barack Obama ? Pourquoi les États-Unis ont-ils voulu avancer leurs pions en Ukraine ? Les Américains ont-ils voulu “compenser” leur faiblesse au Moyen-Orient en conduisant, sur le continent européen, une politique plus “dure” contre la Russie ? »

    Giscard devrait se souvenir de son collègue Brzeziński à la Trilatérale ! Puis il tance la politique de sanctions et les menaces sur les hommes politiques russes.

    « Les États-Unis, ils ont probablement soutenu et encouragé le mouvement insurrectionnel. Et, ensuite, ils ont pris la tête de la politique de sanctions visant la Russie – une politique qui a enfreint le droit international. Qui peut s’arroger le droit, en effet, de dresser une liste de citoyens à qui l’on applique des sanctions personnelles sans même les interroger, sans qu’ils aient la possibilité de se défendre et même d’avoir des avocats ? Cette affaire marque un tournant préoccupant. »

    Enfin, il remarque que ces euphorisantes sanctions risquent de nuire à tout le monde.

    « Concernant les sanctions économiques visant non des personnes mais l’État russe, comment ne pas considérer qu’elles font du tort aux deux protagonistes – Russie et Occident – en altérant leurs échanges commerciaux ? Les Américains ont-ils intérêt à provoquer la chute de l’économie russe ? Pour l’Europe, les Russes sont des partenaires et des voisins. Dans le désordre international actuel, face à la flambée des violences au Moyen-Orient, il serait irresponsable de souhaiter que l’économie russe s’effondre. »

    Les choses vont vite, toutefois, et comme on sait, d’autres économies plus virtuelles menacent depuis de sombrer…   

    , écrivain - Boulevard Voltaire

  • Jacques Sapir : « Un abandon de souveraineté n’est pas définitif »

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    Jacques Sapir nous aide ici à faire le point sur les abandons de souveraineté de la France, essentiellement entre les mains des Etats-Unis et de l'Union européenne. Comme nous-mêmes, il ne croit pas à leur irréversibilité. Telle est, d'ailleurs, sa conclusion au terme de cet entretien. LFAR

    Économiste connu pour ses prises de position en faveur de l’abandon de la monnaie unique européenne, Jacques Sapir est aussi un essayiste réputé, auteur de livres de référence sur la démondialisation et sur le retour des nations. Des publications qui l’ont amené à défendre la souveraineté nationale, aujourd’hui fragilisée.

    Pour vous, quelle est la plus grande menace qui pèse sur la souveraineté française ?

    Sans aucun doute, celle qui provient de l’Union européenne qui se substitue de plus en plus aux gouvernements nationaux en négociant directement, en leur nom, des traités avec d’autres puissances étrangères. Le problème de souveraineté nationale qui se pose là est donc évident. D’autres menaces pèsent également sur les souverainetés des états. L’ingérence des Etats-Unis dans les affaires européennes par exemple, ou l’attitude de certains partis politiques nationaux, généralement ceux qui sont aux affaires, qui font souvent preuve d’une docilité coupable face aux injonctions bruxelloises.

    Ces défenseurs de l’UE aimeraient instiller une sorte de souverainisme européen. Est-ce crédible ?

     Les défenseurs de l’Union européenne adoptent généralement deux positions, distinctes l’une de l’autre. La première consiste à dire que la souveraineté politique n’est plus le fondement de la démocratie, elle-même réduite à la simple question de l’Etat de droit. Pour eux, la souveraineté est une question qui ne se pose même plus. La seconde prétend que l’Union européenne est le nouvel échelon de la souveraineté nationale. Autrement dit, la France étant trop petite, vive l’Europe ! Mais pour qu’il y ait souveraineté, il faut un peuple, une nation. Pour ma part, je ne vois rien de tel à l’échelon de l’Europe. Bien sûr, différents peuples y partagent une culture commune. Mais cela ne suffit à valider l’existence d’un peuple européen. L’idée d’une nationalité européenne me semble donc totalement illusoire.

    On taxe souvent les souverainistes de « populistes »…

    Ce sont pourtant deux notions très différentes. On peut être populiste sans être souverainiste et souverainiste mais pas populiste. En réalité, ces critères renvoient à des considérations très différentes. Il faut commencer par bien définir le terme. Qu’est-ce qu’on appelle les idées populistes ? Des idées populaires au sein du corps électoral ou des idées démagogiques ? Suivant la réponse, le sens change radicalement. En revanche, le terme « populiste » est pertinent si on le conçoit comme une notion relevant à la fois du « pouvoir charismatique » et du « pouvoir démocratique » pour reprendre la terminologie de Max Weber. Mais, sur la scène politique française, personne n’est en mesure de réaliser cette synthèse. Même parmi les souverainistes.

    Existe-t-il encore une souveraineté française ?

    On ne peut nier l’abandon de certains pans de souveraineté même s’il faut nuancer le jugement. Car, non seulement cet abandon reste circonscrit à certains domaines, mais, surtout, il n’est en rien définitif ! L’un des conflits qui oppose les souverainistes à la Commission européenne se cristallise ainsi sur cet aspect de la temporalité. En principe, si l’on suit les textes, une cession de souveraineté est toujours temporaire et susceptible d’être remise en cause si c’est la décision des peuples souverains. Or, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a récemment expliqué que ces cessions de souveraineté étaient définitives. C’est l’exemple d’un hiatus entre deux conceptions de la souveraineté au sein même des institutions européennes.

    La souveraineté est-elle compatible avec le droit d’ingérence qui a émergé ces dernières années ?

    Le concept de droit d’ingérence renvoie au drame de la Seconde Guerre mondiale. Si, avant 1939, les puissances occidentales avaient décidé d’intervenir en Allemagne pour non-respect des droits de l’homme ou pour les mesures discriminatoires prises dès 1933 par le IIIe Reich, n’aurait-on pas évité à l’humanité l’horreur du nazisme ? La réflexion sur le droit d’ingérence est née de cette interrogation, posée depuis plusieurs dizaines d’années déjà.

    En général, on admet que la souveraineté est le principe selon lequel chaque peuple est responsable de son destin. Au nom de quoi, si un gouvernement va à l’encontre des intérêts de son peuple, il perd sa légitimité démocratique, ce qui justifie une intervention extérieure. Il n’en reste pas moins que l’utilisation du droit d’ingérence reste sujet à caution. Notamment, depuis que se pose la question de savoir s’il n’a pas provoqué plus de problèmes qu’il n’en a résolus.

    L’ingérence a été en effet très largement utilisée ces dernières années, souvent au mépris des souverainetés nationales…

    Il a été appliqué en Serbie et au Kosovo dans les années 90 et, plus récemment, en Libye. En principe, il faudrait le feu vert du Conseil de sécurité de l’Onu pour ce type d’intervention militaire. Malheureusement, certains pays, je pense évidemment en particulier aux États-Unis, s’en sont trop souvent passés, avec les conséquences que l’on sait sur la scène internationale… En Libye, par exemple, l’intervention a eu lieu, sans mandat de l’ONU, pour des motifs qui restent obscures. Ainsi, sous prétexte du droit d’ingérence, on a déstabilisé toute une région dont on connaissait pourtant l’équilibre fragile.

    Clairement, nous sommes aujourd’hui face à une crise du droit d’ingérence. Nombreux sont les pays à le remettre ouvertement en cause et, dans cette perspective, ils cherchent à se doter d’armes de destructions massives pour obtenir la sanctuarisation de leur territoire. L’obtention de l’arme nucléaire confère au pays qui la détient une souveraineté absolue.

    La négociation en cours du Traité transatlantique, dont les grandes lignes sont désormais connues, inquiète beaucoup les souverainistes. Qu’en pensez-vous ?

    S’il est ratifié, ce traité entraînera d’importantes pertes de souveraineté pour les États-membres de l’Union européenne. Mais il est encourageant de voir que le gouvernement français va finalement le soumettre au vote du Parlement, ce qui n’était pas acquis au départ. Un débat public sera donc possible ; de plus, s’il est ratifié, le Traité transatlantique devra être inscrit dans la loi française. Une bonne nouvelle, puisque la juridiction nationale sera, en définitive, l’instance supérieure. En d’autres termes, ce qu’une loi va peut-être faire, une autre pourra le défaire. Répétons-le : aucun abandon de souveraineté n’est définitif ! Encore faut-il que les peuples le souhaitent. 

    Toutes les analyses de Jacques Sapir sur son blog : russeurope.hypotheses.org

    Entretien :  - Politique magazine

  • Où l'écrivain algérien Kamel Daoud recadre sèchement Bernard Guetta sur France Inter

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    Dialogue sur France Inter, hier matin, mercredi, entre Bernard Guetta et Kamel Daoud :

    Bernard Guetta : « Les islamistes, à part quelques irréductibles qui sont restés les armes à la main dans les maquis du passé, ont été largement dissous dans la corruption du pouvoir ...»

    Kamel Daoud : « Pour leurs masses, leurs forces, leurs sympathisants, vous vous trompez lourdement. La stratégie d'un islamiste, ce n'est pas de composer, mais c'est de prendre la totalité d'un pouvoir et de dominer, et de conquérir, et de posséder. (...) Si vous voulez le confort de votre vision, je vous la laisse. Mais ce n'est pas la réalité. »  

    Le réalisme face aux nuées !

     

  • « Vu du Kremlin, la France n’a plus de politique étrangère… » L'analyse d'Alain de Benoist *

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    En matière de politique étrangère, nous sommes, de façon générale, en accord avec les analyses toujours pertinentes d'Alain de Benoist. Celle qui suit relève tout à fait de cette convergence. Précisons simplement que cet effacement de la France qu'Alain de Benoist constate à juste titre, nous ne le considérons pas comme irréversible. LFAR 

     

    1530443371.jpgPlusieurs vidéos tournent actuellement en boucle sur Internet. L’une du général Wesley Clark, ancien patron de l’Otan, l’autre de George Friedman, président de Stratfor, une société privée de renseignement basée au Texas et notoirement liée à la CIA. Le premier est bouleversé par le cynisme de la Maison-Blanche, l’autre le revendique fièrement. Difficile dans ces conditions de savoir quelle politique les États-Unis entendent mener en Europe…

    Elle a pourtant le mérite de n’avoir jamais changé. Depuis 1945, l’objectif des États-Unis est de favoriser l’Europe-marché au détriment d’une Europe-puissance qui pourrait devenir leur rivale. À cela s’ajoute, depuis la dislocation du système soviétique, un autre objectif vital : empêcher l’Europe occidentale d’établir un partenariat avec la Russie. George Friedman l’a rappelé après Brzezinski : en tant que grande Puissance de la Mer, l’intérêt primordial des États-Unis est d’empêcher l’unification de la grande Puissance de la Terre, c’est-à-dire de l’ensemble géopolitique eurasiatique. Les USA contrôlent tous les océans du monde, ce qu’aucune puissance du monde n’avait fait avant eux (« Maintenir le contrôle de la mer et le contrôle de l’espace est la base de notre pouvoir »), mais ils n’ont pas la capacité d’occuper l’Eurasie. Ils doivent donc diviser pour régner.

    Dans un premier temps, ils ont suscité en Europe de l’Est toute une série de « révolutions colorées » à la faveur desquelles ils ont tenté d’étendre l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie. Aujourd’hui, ils cherchent créer un “cordon sanitaire” tourné contre Moscou, coupant l’Europe en deux depuis la Baltique jusqu’à la mer Noire. Ce projet de “zone-tampon” a le soutien des États baltes, de la Pologne, de l’Ukraine et de la Bulgarie, mais se heurte aux réticences ou à l’opposition de la Hongrie, de la Serbie et de l’Autriche. L’instrumentalisation du coup d’État intervenu à Kiev en février 2014 entre évidemment dans ce cadre, tout comme l’actuelle tentative albano-islamo-mafieuse de déstabilisation de la Macédoine, qui vise à mettre en échec le projet « Turkish Stream », déjà approuvé par le nouveau gouvernement grec, qui permettrait aux Russes d’acheminer leur gaz vers l’Europe occidentale sans avoir à passer par l’Ukraine.

    C’est également dans cette optique qu’il faut situer le projet de Traité transatlantique, dont le but principal est de diluer la construction européenne dans un vaste ensemble inter-océanique sans aucun soubassement géopolitique, de faire de l’Europe de l’Ouest l’arrière-cour des États-Unis et d’enlever aux nations européennes la maîtrise de leurs échanges commerciaux au bénéfice de multinationales largement contrôlées par les élites financières américaines.

    La grande inconnue, c’est l’Allemagne. La plus grande hantise des Américains est l’alliance de la technologie et du capital allemands avec la main-d’œuvre et les ressources naturelles russes. « Unies, dit Friedman, l’Allemagne et la Russie représentent la seule force qui pourrait nous menacer, et nous devons nous assurer que cela n’arrive pas ». Pour l’heure, l’Allemagne semble s’incliner devant les diktats de Washington. Mais qu’en sera-t-il demain ?

    Au Proche-Orient, les choses se sont tellement compliquées depuis quelques mois que beaucoup de gens n’y comprennent plus rien. Là encore, quel est le jeu des Américains ?

    Les États-Unis ont de longue date mis en œuvre au Proche-Orient une « stratégie du chaos », visant à abattre les régimes laïcs au bénéfice des mouvements islamistes, afin de démanteler des appareils étatico-militaires qu’ils ne pouvaient contrôler, puis à remodeler toute la région selon des plans arrêtés bien avant les attentats du 11 Septembre. L’État islamique (« Daesh ») a ainsi été créé par les Américains, dans le cadre de l’invasion de l’Irak, puis s’est retourné contre eux. Les USA ont alors commencé à se rapprocher de l’Iran, ce qui a suscité l’inquiétude des monarchies du Golfe qui redoutent par-dessus tout l’influence régionale de Téhéran (d’où l’opération actuellement menée au Yémen contre les rebelles chiites). On a donc aujourd’hui trois guerres en une seule : une guerre suicidaire contre la Syrie, dans laquelle les Occidentaux sont les alliés de fait des djihadistes, une guerre des Américains contre l’État islamique, et une guerre des dictatures du Golfe et de la Turquie contre l’axe Beyrouth-Damas-Téhéran-, avec la Russie en arrière-plan.

    Et la France, dans tout ça ?

    Elle ne compte plus pour grand-chose. Elle se réclame de la laïcité, mais privilégie ses relations avec les pétromonarchies les plus obscurantistes. Concernant les migrants qui affluent par milliers depuis la Méditerranée – fuyant, non pas la misère ou la dictature, comme on le répète ici et là, mais la guerre civile et le chaos que les Occidentaux ont apportés chez eux –, elle se soucie plus de les empêcher de se noyer que de ne pas faire naufrage elle-même, plus de la façon des les accueillir que de les empêcher d’entrer. Les Allemands la regardent désormais de haut, les Espagnols et les Italiens n’en attendent plus rien, et les Anglais continuent à considérer le French bashing comme un sport national.
    Quant au Kremlin, il ne se fait plus d’illusions : la France ne peut plus avoir de politique étrangère digne de ce nom, puisqu’elle s’est aujourd’hui couchée devant les Américains. En témoignent de manière éloquente le refus de la France de livrer aux Russes les navires « Mistral » que ceux-ci avaient déjà payés, et le scandaleux boycott des cérémonies qui se sont déroulées à Moscou pour le 70e anniversaire de la défaite du Troisième Reich. De ce point de vue, la continuité de Sarkozy à Hollande est parfaite. L’UMP va devenir « les Républicains », tandis que le PS n’est déjà plus qu’un « parti démocrate » à l’américaine. Il n’y a plus qu’à rebaptiser « Maison blanche » le palais de l’Elysée, et tout sera parfaitement clair ! 

    * Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

  • Dossier syrien : Ce n'est pas d'aujourd'hui que les démocraties oeuvrent au triomphe des pires... Lire le parallèle historique que dresse Antiquus

    Abou Bakr Al-Baghdadi, le "calife" de Daech face à Bachar El Assad 

     

    L'attitude des "occidentaux" d'aujourd'hui ressemble trait pour trait à celle des "démocraties" lorsque Hitler commença à menacer l'Autriche, s'appuyant sur les SA de Seyss-Inquart. A l'époque, l'Autriche était dirigée par le chancelier Dollfuss, qui fut assassiné par les hitlériens, et remplacé par le chancelier Schussnigg. Ils demandèrent de l'aide contre l'invasion qui se préparait ; mais la France et l'Angleterre la lui refusèrent obstinément. Pourquoi ? Parce que ces deux gouvernants représentaient une tendance de la droite monarchiste et corporatiste. La troupe sur laquelle ils s'appuyaient était la Heimwehr, dirigée par le prince de Starhemberg. C'est ainsi que Léon Blum ne manqua pas de déclarer, dans un texte bien enseveli aujourd'hui, que le national socialiste valait mieux que la dictature réactionnaire et cléricale. Les « démocraties » ont payé leur aveuglement idéologique. Mais bien plus encore les peuples qui avaient le malheur d'être dirigées par elles. Elles n'ont rien appris depuis. On ne peut même pas dire qu'elles ont tout oublié car elles n'ont pas de mémoire. 

    Antiquus

    lundi 25 mai 2015

    (Commentaires de Lafautearousseau)

     

  • Prise de Palmyre par l'État islamique : pourquoi une telle inaction de la coalition ? L'analyse d'Hadrien Desuin*

     

    Il est seulement à craindre que l'analyse qui suit - d'Hadrien Desuin - ne se révèle, hélas, tristement exacte.  LFAR

    L'État islamique s'est entièrement emparé de Palmyre ce jeudi. Hadrien Desuin, dénonce l'inaction de la coalition qui préfère sacrifier la cité antique plutôt que d'apporter son concours à Bachar al-Assad.

    Le 13 mai, l'offensive de l'État islamique débutait à Palmyre, carrefour névralgique du désert syrien et vestige antique d'une civilisation bel et bien disparue. Deux grosses larmes de crocodiles ont coulé sur les joues de Laurent Fabius et François Hollande. Une semaine plus tard, une contre-offensive djihadiste fait reculer l'armée syrienne fidèle à Bachar Al-Assad. Laquelle doit céder à nouveau le nord de la ville après l'avoir repris quelques heures. Les combats continuent, pourtant la coalition anti-Daesh emmenée par les occidentaux détourne pudiquement le regard.

    Elle continue de bombarder avec succès les positions djihadistes face aux kurdes, hier à Kobané et aujourd'hui à Hassaké, mais Palmyre l'indiffère. Quelques raids aériens bien guidés auraient pu stopper net les colonnes du Djihad. Mais parce que ce sont des alaouites qui résistent à la barbarie, rien ne sera fait.

    L'indignation de la communauté internationale est unanime, la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova s'active pour sauver Palmyre. Jack Lang, président de l'institut du monde arabe, a pris les accents des soldats de l'an II sur Europe 1: « il faut massacrer ces massacreurs et sauver Palmyre ! » Décidément ses camarades font peu de cas de nos racines gréco-latines. La culture n'a pas d'importance quand les « méchants » la défendent. Comme si l'Occident ne parvenait pas à sortir de son manichéisme pour prendre la moins mauvaise des solutions.

    Cette indignation stérile s'explique aisément: la bataille de Palmyre remet en cause le dogme de l'alliance tacite entre Bachar et l'EI. C'est le conte que rabâche depuis quatre ans les chantres de « l'opposition syrienne »: Bachar et l'EI sont alliés, ils sont les deux têtes d'un même hydre bicéphale. Tandis que des combats opposent depuis des années les troupes loyalistes aux soldats du califat à Der Ez Zor, à Damas et ailleurs; tout est fait pour minimiser sinon effacer la part que prend l'armée loyaliste dans la lutte contre Daesh.

    Une fable qui cède le plus souvent à la facilité complotiste: l'EI est une créature de Bachar Al-Assad. Conclusion imparable des derniers rêveurs du printemps arabe: pour vaincre Daesh, il faut renverser Bachar. Et si, après Palmyre, c'était l'État islamique qui renversait Bachar, le maître de Damas serait-il encore coupable ?

    Soucieuse de se montrer réactive, la diplomatie française se hâte lentement. Elle a décidé de prendre une initiative bien de chez nous; Ses partenaires internationaux, dont John Kerry, sont invités le 2 juin à Paris, pour une réunion. Mais que sera Palmyre dans douze jours?  Il suffit d'un ordre pour modifier la trajectoire de nos aéronefs qui bombardent l'EI de l'autre côté de la frontière syrienne. On voudrait enterrer Palmyre discrètement qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

    Parce qu'on préfère sacrifier un pan entier de notre civilisation plutôt que de donner une victoire à Bachar, rien ne sera fait pour sauver Palmyre. Dans une quinzaine de jours, quand nos diplomates se réuniront au quai d'Orsay, les ruines fumantes de la ville porteront d'autres stigmates que celles du temps, celles de la furie et de l'indifférence des hommes, celles des duels d'artillerie. Une deuxième fois, et quelque soit le vainqueur, Palmyre sera détruite.   

    * Hadrien Desuin Figaro actualités

    Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr puis de l'École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d'un master II en relations internationales et stratégie sur la question des Chrétiens d'Orient, de leurs diasporas et la géopolitique de l'Égypte, réalisé au Centre d'Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd'hui il collabore à Causeur et Conflits où il suit l'actualité de la diplomatie française dans le monde. 

  • Eric Zemmour : L'opposition démocratique à Assad, la belle blague ! A quand Daech dans Bagdad et Deaech dans Damas ?

    Le roi Ibn Séoud et le président Roosevelt - Entrevue du Quincy, 14 Février 1945 

    Eric Zemmour, une fois de plus, donne une analyse pessimiste mais juste des convulsions du Proche-Orient. Même son assimilation de l'Arabie Séoudite à un Daech qui a réussi, est, à la réflexion, recevable. Les lecteurs de Jacques Benoist-Méchin et de son indispensable Ibn Séoud* s'en étonneront peut-être. Il n'empêche : loin de la sagesse du vieux roi, après sa jeunesse guerrière, l'Arabie Séoudite d'aujourd'hui joue, en fait, le jeu de l'expansionnisme sunnite qui est probablement le fond de sa tradition religieuse et politique. LFAR 

     

     

    * Ibn-Séoud ou la Naissance d'un royaume, Albin Michel, 1955

     

  • Qu'on fiche donc la paix à Poutine ! Par Péroncel-Hugoz

    Vladimir Poutine et le roi Mohammed VI à Moscou en 2002

     

    Depuis le Maroc où il réside, Péroncel-Hugoz traite ici du harcèlement politico-médiatique dont, à son avis, Vladimir Poutine est l’objet de la part du camp euro-américain. Harcèlement qu'il réprouve... Et sa chronique est, une fois encore, fort intéressante.

    peroncel-hugoz 2.jpgLa France a-t-elle annexé l’Alsace-Lorraine en 1918 ? le Maroc a-t-il annexé le Sahara en 1975? L’emploi d’« annexer » au lieu de « récupérer » en dit plus long que des heures de discours sur les arrière-pensées des uns et des autres … Idem avec la Russie et la Crimée. Cette province russe, peuplée majoritairement de Russes, fut arbitrairement rattachée à l’Ukraine en 1954 par Nikita Khroutchev, alors maître rouge de toute l’Union soviétique, et non pas «annexée» mais récupérée par la Russie en 2014, de par la double volonté et de Poutine et d’une large majorité de Criméens. Néanmoins neuf sur dix des commentateurs nord- américains ou européens continuent de dénoncer l’«annexion» de la Crimée, comme l’Algérie officielle (le peuple algérien n’est pas de cet avis, en général) le fait pour le Maroc et son Grand Sud saharien.

    La France actuelle, au lieu de reprendre la fructueuse politique gaullienne de coopération multiforme avec la Russie (que de Gaulle n’appelait pas « Union soviétique », quitte à se faire tancer alors par la gent journalistique de gauche …), s’est intégrée sans gloire ni résistance à la campagne harcelante de Washington et Bruxelles contre Moscou. Une Europe alliée à la Russie, ce qui est dans la nature géopolitique des choses, permettrait seule de dire non à l’américanisation du Vieux Monde. Aussi a-t-on excité Kiev contre Moscou; aussi, Mrs Clinton, entre autres voix états-uniennes influentes est allée jusqu’à comparer Poutine à Hitler…

    Depuis des décennies que je m’intéresse à l’actualité internationale la « reductio ad hitlerum » a été agitée par l’Ouest à l’endroit de Nasser, Castro, Péron, Benbella, Mao, Saddam Hussein, Pinochet, Enver Hodja, N’Krumah, Sékou Touré, Assad père et fils et j’en oublie. D’ailleurs pourquoi toujours Hitler et jamais Staline qui, ayant dominé plus longtemps, a tué encore plus de gens que le Fuhrer ? C’est un autre débat…

    Ajoutons que Poutine, au lieu d’enfoncer son pays dans la décadence, où il sombrait depuis le triste épisode alcoolisé de Boris Eltsine, paraît au contraire être en train de redresser peu à peu la Russie, avec le soutien d’une bonne majorité de ses concitoyens et malgré les cris d’orfraie d’intellos moscovites occidentalisés…

    Loin de ces diabolisations politiques, le Maroc contemporain a poursuivi autant que faire se peut sa diplomatie d’équilibre, recevant Poutine avec égards au Palais royal de Casablanca en 2006 en attendant que Mohamed VI mette à l’ordre du jour son projet de nouvelle visite au locataire du Kremlin, où il alla dès 2002 afin d’établir un «partenariat stratégique» bilatéral. Pour le moment,  Rabat semble avoir répondu aux attentes russes depuis que Moscou, à cause de la Crimée en particulier, subit les effets du blocus européen, et les producteurs marocains livreraient donc à la Russie fruits et légumes que celle-ci importait jusqu’ici surtout d’Europe méridionale. On dit même que quand le Maroc ne peut satisfaire toute la demande alimentaire fraîche des Russes, il prend discrètement sous son pavillon quelques cargaisons vertes dont les agriculteurs espagnols, pris au piège de la «solidarité» euro-américaine, ne savent plus que faire… Le petit axe Madrid-Rabat jouerait-il donc des tours à l’omnipotent axe Washington-Bruxelles ? 

     

    Le 360 - Péroncel-Hugoz

     

  • Roland Dumas : « Bernard-Henri Lévy se prend pour le ministre des Affaires étrangères. Je n'ai aucune sympathie pour ce flibustier de la politique. »

     

    Cette note de Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, date d'il y a vingt-deux ans. C'était en 1993 ... Déjà ! Est-il utile d'ajouter que les jugements que Dumas et Mitterrand portent alors sur BHL nous paraissent valoir tout autant pour aujourd'hui ?  Flibustier de la politique ... Permanence de sa capacité de nuisance ... C'est à lire ! LFAR

     

    IMG r d.jpg9 janvier 1993 

    Nous sommes en pleine crise d'hystérie à propos de la Bosnie. Monsieur Bernard-Henri Lévy se prend pour le ministre des Affaires étrangères. Il multiplie les déclarations et fustige notre prétendu immobilisme à propos de la guerre en Bosnie. Je n'ai aucune sympathie pour ce flibustier de la politique et son omniprésence médiatique m'agace au plus haut point. (...). 

    À l'Élysée, je fais part à François Mitterrand de l'effet que les déclarations de Lévy suscitent au Quai d'Orsay. Comme à son habitude, il minimise et devant mon air furieux, que je ne cherche pas à dissimuler, il me « cajole » comme il sait si bien le faire :

    « N'y prêtez pas attention, Roland, cela n'a aucune importance mais je suis obligé d'en tenir compte car il a une grande capacité de nuisance. Continuez votre action. Ne vous en préoccupez pas. »

    Il est vrai que la marge de manoeuvre est faible. On ne peut démettre quelqu'un d'une position qu'il s'est lui-même arrogée. L'« affaire» aurait pu en rester là mais elle rebondit quand il invite chez Lipp le président bosniaque, Izetbegovic, en compagnie de Mmes Simone Veil, Élisabeth Guigou, Anne Sinclair, Claire Chazal et de MM. Dominique Strauss-Kahn, Harlem Désir et Dominique Bromberger. Au menu: pot-au-feu pour tout le monde, mais surtout photographes et télévision. 

     

    Roland DUMAS

    Politiquement incorrect, secrets d'Etat et autres confidences, carnets 19884-2014, Cherche Midi 2015  

     

  • Sauver Palmyre !

    Le groupe terroriste s'est emparé hier soir de la quasi-totalité de la ville.

    « Les loups sont entrés dans Palmyre.  Et le monde, au balcon, spectateur indifférent, regarde. »
     
    Dominique Jamet