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Idées, débats... - Page 434

  • Fresque musicale • Jésus De Nazareth A Jérusalem

     

    Par Bruno Stéphane-Chambon

     

    On peut ne pas apprécier les spectacles dits Comédies Musicales, les prouesses des vidéos sur toile de fond ou tulle en avant-scène et illuminations hollywoodiennes, on peut aussi ne pas être séduit par les vocalises modernes chantées par le biais de micros et amplificateurs bruyants, enfin on peut rester dubitatif sur ce type de spectacle où la technique audio-visuelle prend le pas sur l’authenticité du théâtre dans son art pur. Et pourtant si ces différents artifices sont traités avec discernement, goût et au service de la plus belle Histoire du Monde, on pourra se rendre au Palais des Sports pour assister à la Fresque Musicale de JESUS de Nazareth à Jérusalem. 

    Certes la vulgarisation des textes sacrés pour les rendre accessibles peut être sujet à caution, mais le respect de l’essence du message y est intact. Aucune inexactitude si ce n’est le parallèle entre la trahison de Juda et de Saint Pierre, et une tendance à confondre l’amour charnel et la rédemption de Marie-Madeleine. Afin d’éviter l’outrance et la représentation de la cruauté la plus absolue, le tableau de la crucifixion est illustré en plan fixe. La résurrection, elle, est évoquée par le récit des disciples.

    L’ensemble de ce spectacle est fort honorable, avec en point d’orgue, l’évocation du Chemin de Croix qui s’effectue au milieu du public. Un acte de foi profane certes, mais animé par une mise en scène et un Livret de Christophe Barratier, qui au cinéma, nous avait livré l’émouvant film des Choristes et soutenu par une musique de Pascal Obispo toute en intensité.

    Ce spectacle est remarquablement interprété par des artistes aux talents multiples avec entre autres la voix d’Anne Sila, bouleversante dans le rôle de Marie, qui souligne sa féminité au travers de sa maternité miraculeuse, la personnalité et la présence de Solal dans celui de l’ambigu Ponce Pilate. Quant à Marie-Madeleine, incarnée par Crys Nammour, et Mike Messy (Michael El Massih) transfiguré en Jésus Christ, au-delà de leur immense talent, il est à rappeler qu’ils sont tous deux Libanais. La tragédie du Pays du Cèdre rejoint l’histoire Christique.

    A la fin de la représentation, c’est l’ovation d’un public debout. Public de familles, de très nombreux jeunes, de frères humains qui viennent d’Afrique et des Antilles, d’handicapés accompagnés par des Bonnes Sœurs, de croyants et d’athées qui soudainement voient poindre la lumière.

    L’universalité en Jésus.   

    Le Dôme de Paris – Palais des Sports. Porte de Versailles dans le 15ᵉ arrondissement de Paris.

    Adresse : 34 Boulevard Victor, 75015 Paris

    Téléphone : 08 25 03 80 39 - 01 49 97 51 91 - 01 48 28 40 10

    Horaires des représentations

    Mardi, Jeudi, Vendredi : 20h00, Samedi : 15h00 et 21h00 – à partir du 16 décembre séance à 15h00 et 20h00, Dimanche : 15h00

    Relâche : 20, 21, 22, 23 novembre

    Du 24 novembre au 24 décembre séances uniquement sur les vendredi-samedi et dimanche

    Les séances sont à 20h00 les samedis à partir du 16 décembre

    Du 26 au 31 décembre séance à 20h00 : mardi-mercredi-jeudi-vendredi-samedi

    Matinée à 15h00 le mercredi-samedi-dimanche

    Places : 25€ - 79€

    JESUS sera en 2018 au :

    Zenith Nantes Metropole, Zac D’ar Mor, St Herblain

    Le Dome 48, Av St Just, Marseille 04

    Zenith Toulouse Metropole 11, Avenue Raymond Badiou, Toulouse

    Galaxie Parc de Coulanges, Amneville 57360

    Zenith de Dijon Rue de Colchide, Dijon

    Zenith Sud Domaine de Grammont, Montpellier

    Zenith Arena 1 Bld des Cités Unies, Lille

    Zenith de Forest National – Avenue Victor Rousseaulaan 208, Bruxelles

    Bruno Stéphane-Chambon

  • Cinéma • Tous les rêves du monde

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Tous les rêves du monde, un film de Laurence Ferreira Barbosa, avec Pamela Constantion-Ramos 

    Non on ne rêve pas en contemplant Pamela. C’est plutôt Claudia qui retient davantage mon attention.

    Je m'interroge à vrai dire sur ces rêves, sauf à imaginer un endormissement bien légitime des spectateurs dans la salle.  Pour une fois ce ne fut pas mon cas, même si  mon épouse aurait pu « ne pas voir » ce film. Personnellement j'ai éprouvé un certain plaisir devant ce joli documentaire sur l'immigration portugaise en France. Joli par cette famille bien assimilée, devenue française de cœur tout en restant attachée à ses racines dans lesquelles elle va se ressourcer au moins une fois l'an. Joli aussi par ces paysages arides du Portugal et cette vie bucolique qui n'existe plus ici. Joli enfin par cette fête patronale au village et sa procession religieuse à faire hurler La Libre Pensée et autres laïcistes qui veulent en France interdire les crèches, démolir les croix, supprimer les saints du calendrier, paganiser les jours fériés et faire taire les cloches.

    Deux tributs ont été payés à la police de la pensée à savoir l'IVG d'une jeune fille, et aussi, modestement, une pique contre Salazar dont le nom est cité brièvement, un « minimum syndical » que peu de spectateurs ont dû remarquer, et que j’ai prise au vol parce que j’attendais depuis le début une charge contre ce « dictateur maurrassien et catholique »… Cela n’a même pas été dit... Tout se perd !    

  • Le libéralisme est-il un totalitarisme ?

     

    Par Elie Collin

    Cette intéressante réflexion est parue sur le site de l'excellente revue Limite -  revue de combat culturel et politique, d’inspiration chrétienne - que nous ne voudrions pas manquer de signaler aux lecteurs de Lafautearousseau. Cette revue nous paraît contribuer utilement au combat politique et culturel en cours parmi les intellectuels français, dans une direction qui est, au sens noble, celle de la Tradition. En outre la revue indique qu'« en sa qualité de lycéen, Elie est le cadet de [ses] contributeurs... mais n'en est pas moins talentueux. » On le lira avec d'autant plus d'empathie.  LFAR 

    Le libéralisme qui avait promis de libérer l’individu semble, en fait, ne rien faire d’autre que de le soumettre toujours davantage à la logique du marché. Cette promesse mensongère tout comme son ambition de créer un homme nouveau, adapté à ses exigences, soulignent sa proximité avec la logique totalitaire.

    Probablement y a-t-il plusieurs types de libéralisme. Par exemple, Jean-Claude Michéa, philosophe et historien des idées, établit un développement de la pensée libérale en trois étapes, trois « vagues », correspondant à trois expériences historiques douloureuses sur lesquelles se sont interrogés les philosophes libéraux : les guerres de religion pour les premiers libéraux, la Révolution française pour Constant et Tocqueville, les totalitarismes nazi et communiste pour Hayek et Friedman. Il est alors intéressant de constater que ce développement historique est surtout un déploiement idéologique : les penseurs successifs tirent progressivement les conclusions des axiomes des précédents et approfondissent la logique de départ. Étudier le libéralisme tel qu’il est aujourd’hui, c’est donc essentiellement se reporter aux derniers développements de cette logique, en l’occurrence ceux du philosophe autrichien Friedrich Hayek (1899-1992). Le libéralisme tel que l’a conçu Hayek, non ex nihilo mais en héritant d’une longue tradition, n’est sans doute pas le seul possible, mais il est celui qui a le plus influencé notre époque.

    L’exemple le plus significatif de cette influence est l’étude de sa pensée qu’a menée Michel Foucault à partir de la fin des années 1970, alors que le libéralisme économique connaissait un regain d’intérêt intellectuel. Foucault pense une rupture entre le libéralisme classique et le néolibéralisme, rupture qui semble en réalité plus un déploiement logique et une radicalisation du libéralisme classique qu’une refondation théorique complète. Le plus petit dénominateur commun des deux libéralismes est la volonté de réduire l’État. Mais, alors que le libéralisme d’un Locke combattait l’État, institué, au nom d’un ordre antépolitique et naturel et d’une loi divine, le libéralisme de Hayek oppose à l’État l’ordre du marché et la loi économique. Le néolibéralisme pose que le marché est la seule instance régulatrice de la société ou que, dit avec les termes de Hayek dans Droit, législation et liberté, « c’est l’ordre du marché qui rend possible la conciliation pacifique des projets divergents ». Ainsi le néolibéralisme prétend-t-il résoudre le problème politique… par sa dilution.

    Foucault remarque que l’ennemi principal du néolibéralisme est la philosophie politique traditionnelle en tant qu’elle cherche le commun. Mais les néolibéraux refusent justement la recherche de commun et se refusent à ce qui leur paraît « limiter la multiplicité des modes d’existence pour produire de l’ordre, de l’unité, du collectif », ainsi que l’écrit le philosophe foulcadien, Geoffroy de Lagasnerie dans La dernière leçon de Michel Foucault. Ce dernier met en évidence une opposition centrale dans la pensée hayekienne, celle entre conservatisme et néolibéralisme : le premier se caractérise par une « prédilection pour l’autorité » et une « hantise du spontané », quand le second prône le désordre, l’immanence, le pluralisme et l’hétérogénéité. « Le néolibéralisme impose l’image d’un monde par essence désorganisé, d’un monde sans centre, sans unité, sans cohérence, sans sens », affirme Lagasnerie dans son explicitation de la pensée de Foucault. Radicalisant le slogan plaintif des libéraux « On gouverne toujours trop », Foucault demande malicieusement : « Pourquoi gouverner ? ». Il n’est dès lors pas étonnant qu’il voit dans le néolibéralisme de Hayek l’instrument d’une critique, en tant qu’il est « l’art de n’être pas tellement gouverné ». L’intérêt de Foucault pour ce système de pensée nouveau doit se comprendre dans la rupture qu’il induit avec la philosophie politique, en ce sens qu’il crée « des instruments critiques extrêmement puissants, permettant de disqualifier le modèle du droit, de la Loi, du Contrat, de la Volonté générale ». Foucault étudie ensuite les théories de l’homo oeconomicus, « être ingouvernable », en remplacement du sujet de droit, de l’homo juridicus, lequel est « un homme qui accepte la négativité, la transcendance, la limitation, l’obéissance ». En somme, Foucault trouve dans le néolibéralisme, qu’il comprend comme une théorie de la pluralité, un outil redoutable contre le politique.

    Il apparaît que le néolibéralisme peut en fin de compte être assimilé à un anarchisme, si on entend par ce terme un refus – et un combat – de tout pouvoir politique. Mais il n’est pas un refus de toute norme, une littérale an-archie, en ce qu’il est soumission au marché. On peut même aller jusqu’à affirmer, avec le philosophe contemporain Jean Vioulac, que le libéralisme est un totalitarisme.

    Il est vrai qu’historiquement, comme nous le soulignons en début d’article, le libéralisme hayekien est apparu comme alternative aux totalitarisme nazi, fasciste et communiste. Le fascisme italien revendiqua même ce terme de totalitarisme et le théoricien fasciste Giovani Gentile pouvait souligner l’écart entre libéralisme et totalitarisme : « Le libéralisme met l’État au service de l’individu ; le fascisme réaffirme l’État comme la véritable réalité de l’individu. […] Dans ce sens, le fascisme est totalitaire. » Mais une telle acception de la notion de totalitarisme semble trop étriquée et ne permet pas de rendre compte de la diversité de ses formes. Tâchons avec Jean Vioulac, auteur de La Logique totalitaire, de penser l’essence du totalitarisme.

    Philosophiquement, le concept de totalitarisme désigne « le pouvoir de la Totalité ». « Il y a totalitarisme quand une Idée à prétention universelle dispose d’une puissance totale lui permettant de se produire elle-même par l’intégration en elle de toute particularité », écrit le philosophe. Le libéralisme est-il une idéologie totalisante capable de s’auto-réaliser ? Pour Hayek, le marché est un ordre certes non-naturel, mais auto-généré, autonome, dit « spontané », « résultat de l’action d’hommes nombreux mais pas le résultat d’un dessein humain ». Même s’il n’est pas élaboré par la raison, le marché est rationnel, mais d’une rationalité immanente, résultat d’une évolution, d’une sélection des pratiques efficientes et rationnelles, c’est-à-dire de la concurrence. Vioulac peut écrire : « la doctrine du marché procède d’une conception de l’évolution humaine comme avènement du marché universel, par le biais d’un processus inconscient et involontaire de la part des individus ». Alors que la philosophie de l’Histoire hégélienne se basait sur une théorie de la ruse de la raison historique, celle de Hayek pense l’Histoire comme avènement du marché, fondé sur une « ruse de la raison économique ». Mais alors, il n’y a plus de liberté individuelle, mais seulement une apparence de liberté. L’individu se croit libre mais n’est qu’indépendant des autres, parce déterminé et soumis aux mécanismes du marché. Le libéralisme est une idéologie de la soumission, non de la liberté. D’ailleurs, Hayek note effectivement dans La Route de la servitude : « C’est la soumission de l’homme aux forces impersonnelles du marché qui, dans le passé, a rendu possible le développement d’une civilisation qui sans cela n’aurait pu se développer ; c’est par cette soumission quotidienne que nous contribuons à construire quelque chose qui est plus grand que nous pouvons le comprendre. » Ce système est « un totalitarisme volontaire, un totalitarisme autogéré, où chacun se soumet à la Totalité avec d’autant plus d’enthousiasme qu’il est persuadé de ne servir que ses propres intérêts ».

    Il est logique que le néolibéralisme s’attaque au pouvoir politique, lequel ne peut qu’entraver les mécanismes marchands. Mais il n’est pas un laissez-faire passif pour autant : il est d’abord un transfert de souveraineté de l’État au marché, en cours de réalisation sous la forme des politiques de privatisation et de libéralisation. Plus profondément et dès 1938, Walter Lippmann écrit que le libéralisme est « une logique de réajustement social rendue nécessaire par la révolution industrielle ». Le but ultime de l’action néolibérale est ici explicite : créer un homme nouveau, un homo œconomicus, parfaitement adapté au marché. Pour ce faire, et Vioulac l’expose méthodiquement, les instruments sont nombreux, de la publicité au « pouvoir de la Norme » (Michel Foucault) en passant par la libération des pulsions sexuelles, savamment étudiée par Dany-Robert Dufour dans La Cité perverse. Le néolibéralisme « soumet chaque individu à la discipline managériale qui lui impose l’entreprise comme modèle de réalisation d’un soi préalablement défini comme producteur-consommateur », continue Vioulac. « Il contribue ainsi à l’institution du marché comme Totalité et s’emploie à détruire tout ce qui viendrait entraver sa puissance de totalisation ».

    On finira sur un fragment posthume de 1880 de Nietzsche que Vioulac met en exergue au début de son chapitre sur le totalitarisme capitaliste qui résume ce nouveau type d’aliénation, dénoncé sans relâche, dans des styles différents, par des Pasolini ou des Michéa : « La grande tâche de l’esprit mercantile est d’enraciner chez les gens incapables d’élévation une passion qui leur offre de vastes buts et un emploi rationnel de leur journée, mais qui les épuise en même temps, si bien qu’elle nivelle toutes les différences individuelles et protège de l’esprit comme d’un dérèglement. Il façonne une nouvelle espèce d’hommes qui ont la même signification que les esclaves de l’Antiquité. »  

    Elie Collin

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  • La France est une nation littéraire

     

    En deux mots.jpgOn pense ce que l'on veut de Jean d'Ormesson et de Johnny Halliday, l'un grand aristocrate accompagnateur lucide mais complaisant de nos décadences, l'autre chantant avec force et talent, sur des rythmes américains avec l'accent de Memphis. 

    Les deux disparaissent en même temps, comme jadis Edith Piaf et Jean Coteau, morts à quelques heures de distance. En octobre 1963. 

    Leur double disparition avait soulevé en France la même émotion et la même tempête médiatique que celle, aujourd'hui, de Jean d'Ormesson et de Johnny Halliday.  

    A la mort de Piaf, qui avait débuté chanteuse de rues avant de devenir immensément populaire, Cocteau, vieil académicien très sage et très érudit, depuis longtemps revenu de ses folies du Bœuf sur le toit, avait trouvé le temps de célébrer son amie disparue, de vanter cette « haute vague de velours noir » qui surgissait de son corps fragile lorsqu’elle chantait ; puis, il était mort, poète élitiste s'il en fut, qui parlait comme on écrit les livres, d'une voix d'or et d'argent. 

    En la circonstance, le vieil académicien aristocrate a précédé dans la mort le chanteur populaire. Il n'en prononcera pas l'éloge. Mais leur départ soulève une grande émotion nationale. 

    Il est étonnant et peut-être symptomatique que Jean d'Ormesson étant ce qu'il était, aristocrate, mondain, qui avait comme il le disait « toujours vécu en première classe », ait été l'une des personnalités préférées des Français. La popularité de Johnny ne soulève pas d'interrogation de cet ordre, même si sa destinée semble, elle aussi, avoir parfois quelque chose de magique. 

    Pour comprendre l'émotion qui étreignit les Français à la mort de Piaf et de Cocteau comme elle les étreint ces jours-ci après celle de d'Ormesson et d'Halliday, peut-être faut-il se rappeler que nous sommes un peuple littéraire et où l'on dit que tout finit par des chansons. 

    S'il y a encore des gens qui aient entendu Maurras dire des vers de Lucrèce, en tout cas pour ceux qui ont écouté Thibon réciter des poèmes de Maurras, de Goethe, de Mistral ou de Lorca et d'autres, il est clair que la poésie, qui est le cœur vivant de la littérature, ne se dit pas, elle se chante. Malgré leur distance, la poésie et le chant sont jumeaux. 

    Si l'on retient que l'Allemagne a produit de grands philosophes, l'Italie de merveilleux artistes et l'Espagne, comme le croyait Unamuno, de grands spirituels, il faudrait sans-doute se souvenir que, nonobstant l'inculture présente, les Français ont toujours aimé, pratiqué, admiré la littérature ; ils sont un peuple littéraire. La France est une nation littéraire.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Pour saluer la mémoire de Jean d'Ormesson

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgAvec Jean d'Ormesson disparaît cette génération de grands aristocrates libéraux qui a accompagné de son élégance et de son esprit, de son détachement et de ses passions, de sa culture et de ses talents, le déclin de la civilisation franco-européenne. 

    Tout a été ou sera dit sur Jean d'Ormesson et Aristide Leucate en a donné hier matin sur Boulevard Voltaire une évocation juste, ni trop ni pas assez élogieuse, qui mérite d'être lue. Nous la reprenons ici. 

    2864307010.jpgNotre contribution sera plus personnalisée et plus exclusive ; elle appartiendra à notre mémoire de royalistes membres de l'Action Française. Lorsque il y a autour de quarante ans les plus anciens de l'équipe qui réalise aujourd'hui Lafautearousseau publiaient le mensuel Je Suis Français, Pierre Builly et François Davin avaient rencontré Jean d'Ormesson ; il avait accepté le principe d'un entretien pour Je Suis Français et le rendez-vous se tint dans le bureau que Jean d'Ormesson occupait alors à l'UNESCO. La réception fut cordiale, l'entretien intéressant et fort long ; notre royalisme n'était ni un mystère ni un obstacle pour l'auteur d'Au plaisir de Dieu. L'entretien parut aussitôt après dans Je Suis Français.  

    Le temps de le retranscrire, Lafautearousseau le mettra en ligne sous quelques jours. Ce sera un document d'archives digne de l'intérêt de nos lecteurs et notre façon à nous de saluer la mémoire de Jean d'Ormesson.  •  Lafautearousseau

  • Jean d’Ormesson ou l’inaltérable légèreté de l’être…

     

    Par Aristide Leucate

     

    Leucate-Aristide-quadri-222x300.jpgL’art de se faire aimer, surtout après sa mort…

    Louons, une fois n’est pas coutume, l’ex-Président François Hollande pour cette clairvoyance, sans doute la seule – rapidement ensevelie sous les pelletées innombrables d’une presse aussi prolifique que rapidement périmée – de son quinquennat.

    À l’un des plus célèbres pensionnaires du Quai Conti auquel il remettait, le 26 novembre 2014, la grand-croix de la Légion d’honneur, le Président du dixième étiage s’interrogeait à haute voix sur « ce don de Dieu […] si sélectif » qui avait touché l’académicien pendant le cours de sa longue vie. « Ceux qui racontent l’Histoire ont plus de chance d’être aimés que ceux qui font l’Histoire », conclut platement le locataire de l’Élysée, « mondialement connu en Corrèze », selon un d’Ormesson caustique.

    Esprit acéré, mais d’une suprême élégance qui se reflétait tant dans son regard bleu vif que dans ses manières d’aristocrate de vieille souche, Jean d’Ormesson était le dernier vestige littéraire de l’esprit français. Né Jean Bruno Wladimir François-de-Paule Lefèvre d’Ormesson en 1925, l’auteur, entre autres, de L’Histoire du Juif errant et d’une intéressante (sans être originale) Histoire de la littérature française aura traversé son temps comme un précieux que le ridicule n’a jamais atteint.

    Celui qui avait coutume de dire « Les honneurs, je les méprise, mais je ne déteste pas forcément ce que je méprise » résumait finalement assez bien ce qu’il a toujours été. Mondain et charmeur, nonchalant et spirituel, équanime et dilettante. Un homme de cour, ni fade adulateur, ni parleur trop sincère, sachant quelquefois répondre en normand. Habilement opportuniste pour savoir s’attirer les faveurs de quelques puissants. 

    Normalien laborieux (il échoua d’abord à son bac et s’y reprit à deux fois pour obtenir son agrégation), il sera directeur général du Figaro de 1974 jusqu’à sa démission en 1977 (avant d’en réintégrer les pages du Figaro Magazine en 1983), après avoir fréquenté les cabinets ministériels ou pigé pour Paris Match et quelques quotidiens régionaux. 

    Sa plus belle œuvre sera, à presque quarante ans, son mariage avec Françoise Béghin, benjamine du magnat de la presse Ferdinand Béghin (il fut administrateur du Figaro) et PDG de la célèbre société sucrière Béghin-Say.

    Sur le plan littéraire, « Jean d’O », comme l’appelait affectueusement le Paris germanopratin, est le Monsieur 10/20 des Lettres françaises, ce, nonobstant, son statut d’honorable sociétaire de la Coupole. Il est un peu l’élève moyen à qui l’on dit « peut mieux faire », le cancre suffisamment intelligent pour ne pas se mettre au fond de la classe. Son style si peu amphigourique n’en est pas moins traînant, digressif, langoureux, à la frontière de l’ennui. Sans aspérités, mais pas désagréable. Son genre ? Comme il le dit lui-même, « écrire presque rien sur presque tout », mais, il est vrai, dans une langue classique c’est-à-dire pleinement française.

    Difficile, en effet, de ne pas aimer, en passant, cet homme frêle, à la voix délicieusement pointue, ce vain subtil aux arômes faussement modestes. Discrètement à droite. Heureusement, pas au point de froisser la susceptibilité de la pensée dominante.

    Il s’en est allé avec une exquise discrétion, refermant ainsi les portes d’une non moins suprême élégance française.    

  • « Après Babel » selon Péguy

     

    « Je ne veux pas que l'autre soit le même, je veux que l'autre soit autre. C'est à Babel qu'était la confusion, dit Dieu, cette fois que l'homme voulut faire le malin »
     
    Charles Péguy
    Péguy de combat de Rémi Soulié, Les Provinciales
     
    (Merci à Pierre Builly)
  • Premier jour de l'Avent : Crèche et... JOYEUX NOEL !

     

    La laïcité, distinction entre le spirituel et le temporel, est une notion saine, inventée par le christianisme et définie par le Christ lui-même : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu». La Nouvelle Religion Républicaine, au pouvoir, dévoie et dénature la laïcité en laïcisme haineux, destiné uniquement à détruire nos racines chrétiennes, celles de la France et celles de l'Europe, et à usage exclusif de l'anti-catholicisme : on souhaite un bon ramadan aux musulmans, mais on ne veut pas de nos crèches traditionnelles dans les espaces publics ! On ne veut même plus dire «Joyeux Noël ! », on dit « Joyeuses Fêtes ! »

    A Lafautearousseau nous n'avons pas de ces pudeurs de gazelle, comme dirait qui vous savez. Nous savons qui nous sommes, d'où nous venons, de qui et de quoi nous sommes les héritiers; nous savons où nous voulons aller, et où nous ne voulons pas aller.
    Voilà pourquoi, à l'approche de Noël, nous vous souhaitons à tous, sans complexe(s), un JOYEUX NOEL, en vous proposant une modeste crèche familiale, dont Morgane, la fée photographe, a su capter la poésie et la simple authenticité.

    Faisons vivre nos racines, qui, en retour, nous font vivre : les arbres qui s'élancent le plus haut vers le ciel sont ceux qui poussent leurs racines le plus profondément dans la terre (Gustave Thibon, paraphrasant Frédéric Mistral).  

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  • Livres • Essai : L'Islam pour les nuls

     
    Par Jean Sévillia

     

    1400806989.jpgConsacré à islam — conçu à la fois comme religion, civilisation et donnée politique et sociale — et portant un sous-titre qui annonce son objet Pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore), le livre d'Annie Laurent, spécialiste du Proche-Orient, des chrétiens d'Orient et de leurs relations avec les musulmans, est un chef-d'oeuvre de pédagogie.

    Du Coran aux différentes familles de cette confession (sunnisme, chiisme, alaouitisme...), du djihad à la conception islamique de l'Etat, du statut de la femme en islam aux rapports des musulmans avec les autres religions, l'auteur décrypte tout dans un langage très clair.

    Un guide très sûr pour aborder un sujet brûlant en mariant lucidité sur la réalité et respect pour les personnes.   •

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    L'Islam, d'Amie Laurent, Artège, 288 p.,19,90 €

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Politique & Religion • Annie Laurent : Connaître l'Islam

  • Politique & Société • L’Europe, cette « Babel moderne » dont ils se félicitent !

     

    par François-Xavier Decrop
     
    Une réflexion étonnante et originale, une sorte d'exégèse érudite des textes bibliques - dans le détail desquels nous ne nous aventurerons pas - mais un cheminement intéressant qui conduit à une critique de fond de la Babel européomondialiste comme des sociétés postmodernes liquides et hors sol.  On lira ce texte avec intérêt en ce dimanche religieux ... Sans négliger son aspect politique et social [Causeur, 30.11] LFAR 
     

    Babel. Mon étonnement devant la puissance de ce verbe croît de jour en jour.

    Récemment sur les ondes, deux hommes politiques français qualifiaient – admiratifs – l’institution européenne de Bruxelles de « Babel moderne », carrefour de langues multiples et rencontre de cultures diverses… Ecoutant peu les médias, je donne à cette redondance valeur significative.

    « Dieu n’existe pas mais notre projet reste de le défier »

    Premier étonnement d’entendre des « leaders » politiques « progressistes » utiliser, pour qualifier le projet européen, ce terme biblique d’un âge où le religieux conduisait les hommes. 

    Puis surprise du contresens : Babel était au contraire la réitération d’un langage circulaire -« briquetons des briques… » – jugé par Dieu Lui-même comme une impasse. L’institution européenne serait-elle dans cette même fièvre écholalique, derrière la multiplicité des langages ?

    Cette invocation se référerait peut-être au sens couramment donné à cet épisode de « défi à Dieu » ? Étonnante persévérance : ce projet politique explicitement laïc, effaçant toute référence religieuse, serait donc de fait implicitement : « Dieu n’existe pas mais notre projet reste de le défier ».

    Le texte fondateur de notre civilisation judéo-chrétienne semble inconnu ou incompris d’une partie de nos élites dirigeantes. Il est très étonnant de croire pouvoir conduire les hommes vers l’a(d)venir en effaçant les étapes précédentes du chemin. Il est vrai que l’héritage oblige. Pour se libérer de toute dette envers ceux qui nous ont précédés, il suffit d’offenser leur mémoire au nom des violences passées, en oubliant de célébrer ceux qui, graduellement, ont construit ce monde de droit que nous avons reçu, par exemple en abolissant l’ignoble pratique de l’esclavage, contre tout intérêt et pratiques en vigueur, au nom de ce principe d’équivalence humaine hérité du monothéisme. Libre enfin des empêchements du passé, l’homme se rêve alors au centre d’un monde soumis à son emprise, et peut alors laisser cours à la tyrannie égotique de son cerveau reptilien. Les plus dénués de scrupules prennent alors les rênes du pouvoir sur un peuple indigné de son histoire. Mais où ces Tartuffes nous conduisent-ils ? L’étonnement se fait inquiétude.

    « Sur toute la terre, une seule lèvre, des paroles unies… »

    Pour qui persiste à penser ce monde et notre place dedans, il reste d’interroger ce texte, d’autant plus s’il se veut affranchi des rites, des chapelles et de dogmes, car notre culture s’est construite sur ce texte fondateur, et notre pensée s’est constituée par lui.  Alors, même si nous nous pensons « sortis du religieux », cette très particulière désacralisation du monde où il nous a conduits doit-être pensée à partir de lui.

    Que nous dit le récit biblique ? : « sur toute la terre, une seule lèvre, des paroles unies… » (..) « dans cette faille en terre de Shin’ar » où l’homme s’est installé, ils répètent en boucle, « briquetons des briques », et cette synergie de tous décuple la capacité de faire, d’agir sur le monde, sans aucune limite.

    Le Dieu créateur du monothéisme disperse alors les hommes « sur les faces de toute la terre », de peur que sinon «  rien n’empêche pour eux tout ce qu’ils préméditeront de faire ». Cette puissance synergique conférée par le langage mimétique est menaçante. Nullement pour Dieu Lui-même : quand on a créé le monde par son seul verbe, une tour hélicoïdale de quelques dizaines de mètres érigée par les hommes ne peut être une menace 1 !

    Si la solution « thérapeutique » a consisté en la dispersion de l’humanité « sur les faces de toute la terre », en « mêlant leur lèvre afin que l’homme n’entende plus la lèvre de son compagnon », c’est bien dans le langage que doit résider le problème. L’appropriation du langage par l’homme pourrait se fourvoyer dans des impasses. L’ « écholalie » mimétique en serait une. En quoi trahirait-elle le projet que le langage porte ?

    L’homme redescend les degrés de son hominescence

    Le langage est donné dans la « Genèse » comme puissance créatrice première de ce monde (« Dieu dit… » , « et la lumière fut… »). Cet exemple fondateur propose par cela à l’Homme un chemin d’être au monde. D‘abord celui-ci « crie » le nom des animaux, en connexion sans doute avec ses émotions primaires (faim pour le choux et la gazelle ?, peur pour le lion ?…), puis il nomme, dans le registre affectif décrivant l’absence : « Celle ci est Isha, car de Ish a été prise… ». Le langage désigne « en creux » ce qui manque, et devient symbolique. Une fois l’inventaire de ce qui l’entoure fait, et l’instance psychique affective préconsciente élaborée, la fonction cognitive lui permettra une description du monde décentrée de lui-même. Le langage scientifique tentera ensuite de décrire l’intime du réel, et d’approcher ce verbe créateur primordial que postule notre cosmogonie. Le langage est chemin d’être au monde pour l’homme, et sa dimension collective donne place à l’élaboration individuelle, créatrice de sens dans une re-présentation du monde qui s’élabore graduellement.

    Cette répétition mimétique est à la fois renoncement à cette tâche difficile d’élever son verbe au niveau du Verbe créateur, et disparition de la possible rencontre avec l’autre : l’individualité, comme l’altérité disparaissent, au profit d’un faire qui ne connaît plus de limites. L’Homme choisit alors la puissance sur les choses, mais renonce au travail sur lui même. Le langage n’est plus « être au monde » ni création. Devenu l’instrument du faire, l’homme  ne se construit plus, et ses instances psychiques affectives comme cognitives sont balayées au profit d’une pulsion d’emprise « reptilienne », plus petit dénominateur commun du psychisme humain. L’homme redescend alors les degrés de son hominescence, vers l’animalité sur laquelle il s’est construit, comme dans une spirale descendante symétrique de celle, montante, érigée de ses mains.

    Quels « sommets » visons-nous?

    Le siècle passé, avec ses « ismes » destructeurs – fascisme, communisme, nazisme – nous donne exemples de ce verbe circulaire mobilisant les foules, et détruisant par leur puissance de faire hommes et cultures.

    Sommes-nous à nouveau dans ce même mouvement collectif mimétique destructeur, où l’homme pourra tout, mais ne sera plus rien ? Allons-nous vers de nouveaux massacres, ou les influences de la « Davocratie » nous préparent-ils la diminution de l’homme décrite par Nietzsche dans son Zarathoustra  ?

    Cette mondialisation liberto-libérale qui s’impose aujourd’hui, réduisant le monde à sa dimension monétaire et faisant chemin de déconstruire ce qui nous a construit, en serait-il le dernier avatar, avec le psittacisme circulaire des médias et réseaux sociaux ? Sous l’affirmation individuelle auto-centrée de son cerveau reptilien, chacun usera-t-il de l’autre comme un objet au service de ses désirs, de l’assaut sexuel « Sofitelesque » à l’euthanasie de « ceux qui ne sont rien » (fétus, malades, vieux dépendants…), en passant par la location des ventres dans la GPA, « même chose que louer ses bras » ?

    « Lorsque le fascisme reviendra, il s’appellera lui-même antifascisme », a-t-on fait dire – à tort – à Churchill.

    Surprise majeure alors que de recevoir réponse à cette angoissante question de la bouche même des acteurs de cette « révolution » en cours. Ils  tentent de nommer cela même qu’ils font, et choisissent justement ce terme qui définit et condamne leur projet… BABEL !   

  • Education & Ecriture inclusive • Vous aimez Proust ? Vous allez adorer ça

     

    Par Claire Polin,
    Présidente de SOS Éducation


    Claire-polin-medaillon.jpgVous aimez Proust ? Vous allez adorer ça :

    « En réalité, chaque lecteur·rice est quand il·elle lit, le·la propre lecteur·rice de soi-même. » (Le temps retrouvé)

    Vous admirez Molière ? Vous allez être séduits par :

    « Un·e sot·tte savant·e est sot·te plus qu’un·e sot·te ignorant·e. » (Les femmes savantes

    Vous admirez Victor Hugo ? Vous allez apprécier :

    « La moitié d’un·e ami·e, c’est la moitié d’un·e traitre·esse. » (La légende des siècles

    Si rien n’est fait, si nous gardons le silence, si nous refusons de regarder en face ces graffitis de bas étage, voilà ce qui nous attend ! 

    Cette machine à fabriquer des crétins a un nom : l’écriture inclusive.

    Elle se définit elle-même comme une « graphie non-sexiste ». Parce que dans la langue française, on dit que le « masculin l’emporte sur le féminin » les dévots du féminisme voient dans cette règle une insulte insupportable faite aux femmes soumises à un affreux sexisme langagier. On réécrira donc Proust, Molière et Victor Hugo en novlangue pour les châtier d’avoir été des chauvinistes mâles. Sans oublier George Sand, Simone Weil et même Simone de Beauvoir (grand papesse du féminisme pourtant !) toutes coupables d’avoir baissé la tête sous le joug masculin.

    Les promoteurs de l’écriture inclusive veulent imposer le « point milieu » pour créer des mots androgynes.

    Par exemple, selon ces idéologues, vous ne devrez bientôt plus écrire « les électeurs » mais les « les électeur·rice·s »… Vous pourrez également vous extasier sur les autrices et autres travailleur·euse·s !

    Cela pourrait faire sourire, s’il s’agissait d’une coquetterie de mauvais goût ou d’une mode excentrique.

    Mais c’est bien plus dangereux.

    Il s’agit en réalité d’une véritable tentative de prise de pouvoir. 

    En changeant les mots et la manière de les écrire, les promoteurs de l’écriture inclusive veulent faire main basse sur la manière même de penser.

    Et ils visent particulièrement les enfants, plus malléables. 

    OUI, JE M’ENGAGE CONTRE L’ÉCRITURE INCLUSIVE

    Ils veulent détruire notre langue et notre héritage culturel

    L’écriture inclusive est le fruit d’une union, hélas fertile entre des féministes hystérisées et des pédagogues militants, sectaires et intolérants. Il y a de cela quelques années, ils avaient essayé d’obtenir la suppression de l’épreuve de français au brevet. Leur argument était le suivant : cette épreuve discriminait les enfants de familles immigrées dont le français n’était pas la langue maternelle ! Une incursion en Absurdie qui souleva un tel tollé que ces handicapés de la pensée firent machine arrière.

    Ils reviennent à la charge, avec plus de succès, hélas en brandissant l’écriture inclusive. Cette dernière ne s’avance pas seule. Elle est accompagnée par une grande sœur un peu plus âgée qu’elle : « la féminisation de l’écriture ». 

    Ainsi doivent être proscrites des expressions telles que « il fait beau » ou « que reste-il ?». Ce « il » odieux et dominateur servirait à assujettir durablement les femmes. On écrira donc : « elle fait beau » et « que reste-t-elle ? ».

    Vous n’en croyez pas vos yeux ? 

    Jetez un œil sur les livres d’Isabelle Alonso écrits en « langue féminisée ». Ils ont été publiés par les éditions Héloïse d’Ormesson. Vous aurez un petit aperçu du désastre. 

    L’écriture inclusive et féminisée a ses grands prêtres et ses grandes prêtresses. Une partie d’entre eux siègent rue de Grenelle au ministère de l’Éducation nationale. Cela paraît fou mais c’est de là que partent la plupart des attaques sournoises et insidieuses contre la langue française. Nombreux par ailleurs sont les servant·e·s de cette religion réputée très tendance. On les trouve dans les médias, dans l’édition et dans les écoles. 

    Des pères Ubu, des mères Ubu bien plus grotesques que les créatures inventées par le génial Alfred Jarry. 

    Le but poursuivi par ces adorateurs de Sainte-Analphabète est de déposséder les habitants de notre pays de leur identité. Ce qui fonde notre appartenance à un peuple, à une nation, c’est bien sûr une mémoire historique commune mais aussi,et peut-être avant tout une langue. Faire disparaître le français est le but avoué, et non avouable des tricoteurs et tricoteuses du point médian. 

    Ainsi, c’est voulu, un peuple doit cesser d’exister. Pour être remplacé par des individus privés de toute identité et de toutes caractéristiques propres. Un monde orwellien de consommateurs voués à se précipiter sur les têtes de gondole des supermarchés mondialisés pour y acheter des produits « made in nulle part ». 

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    Ils organisent un grand lavage de cerveau

    Il faut commencer tôt pour fabriquer des zombies dociles. À l’école. Les éditions Hatier soucieuses de se conformer à l’air du temps viennent de publier un manuel pour les enfants de CE2. Voilà comment on y raconte notre Histoire. 

    « Grâce aux agriculteur·rice·s, aux artisan·e·s et aux commerçant·e·s, la Gaule était un pays riche. »

    Hatier édite également le célèbre Bescherelle. On attend avec un intérêt certain les prochaines éditions !

    Très critiqué, Hatier se défend. La langue, selon ces éditions doit s’adapter au nouvel environnement et « au monde qui change ». Peut-être que pour tenir compte de la diversité de nos territoires, cette vénérable maison prépare-t-elle des manuels en argot des cités, destinés aux établissements classés ZEP ? 

    Mais il y a scandale plus grand encore. 314 professeurs ont signé une pétition sur Internet dans laquelle ils refusent d’enseigner la grammaire française.

    Ils annoncent leur volonté d’enseigner dorénavant l’écriture féminisée.

    Ils disent vouloir aussi imposer à l’école la règle de proximité qui consiste à accorder les mots concernés… avec le terme le plus proche !

    Ainsi, selon eux, plutôt que d’écrire « les maîtres et les maîtresses engagés », il faudrait écrire « les maîtres et les maîtresses engagées ». 

    Nous nous sentons donc autorisés à écrire, s’agissant des 314 : « ces maîtres et ces maîtresses sont des idiotes ». Si le ridicule tuait encore en France, ces enseignants seraient morts depuis longtemps… On peut en rire. Mais c’est de pleurer qu’on a envie. Les professeurs, signataires de la pétition, sont payés avec nos impôts. Ça leur crée quelques obligations à notre égard.

    Ils sont également fonctionnaires de l’Éducation nationale, et c’est ce ministère qui fixe les programmes : l’écriture féminisée n’y figure pas ! Ils se placent donc dans l’illégalité la plus totale. Il nous parait inimaginable que les rectorats dont ils dépendent ne les rappellent pas à l’ordre, en leur précisant qu’ils doivent enseigner le français, pas leur lubie imbécile. 

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    Ils n’avancent pas seuls

    Ces enseignants et les éditions Hatier sont assurés du soutien enthousiaste de Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes. 

    Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a quant à elle déclaré dans le journal le Point : « Comment cette écriture serait-elle compréhensible par des enfants en difficulté d’apprentissage comme les enfants dyslexiques ? ». Une argumentation consternante. Les enfants dyslexiques ? Mais non, madame la Ministre, pas seulement les enfants dyslexiques ! Tous les enfants !

    On s’étonnera qu’une femme aussi cultivée ne se soit pas avisée que l’écriture inclusive qu’elle critique si mollement, représente une absurdité unique dans l’histoire de l’humanité. On a connu des parlers, des dialectes, des patois qui ne s’écrivaient pas. Mais jamais, au grand jamais on n’a vu une écriture qui ne se parle pas. Essayez de parler « inclusif » pour voir ! 

    OUI, JE M’ENGAGE CONTRE L’ÉCRITURE INCLUSIVE

    L’Académie Française est avec nous !

    Fort heureusement, L’Académie française a dit, dans un texte où chaque mot a été pesé, ce qu’il fallait dire sur ce qu’elle appelle un « danger mortel ».

    « Prenant acte de la diffusion d’une "écriture inclusive" qui prétend s’imposer comme norme, l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde. La démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. (…) Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration "inclusive", la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures. »

    Voilà où nous en sommes. 

    Comme le résume Madame Hélène Carrère d'Encausse  : « Cette écriture prend en otage les écoliers pour transformer notre langue à des fins idéologiques ! »

    Agissons ensemble, dès maintenant !

    Face à cette attaque — frontale et explicite ! — nous devons réagir tout de suite, pour le bien de nos enfants et petits-enfants.

    Vous et moi, et tous les membres de SOS Éducation devons absolument mettre toute notre énergie dans ce combat.

    C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui cette grande pétition nationale : « Non à l’écriture inclusive ! ». 

    Je vous invite à signer cette pétition dès maintenant en cliquant ici : 

    OUI, JE M’ENGAGE CONTRE L’ÉCRITURE INCLUSIVE

    Je sais que le ministre actuel est de notre côté. Il a même pris position contre cette initiative. Mais vous savez bien qu’il ne pourra pas faire grand-chose s’il n’est pas soutenu par un large mouvement populaire. Les promoteurs de la destruction de notre langue sont en effet très actifs et bien organisés. Ils sont présents au sein de l’Éducation nationale, dans les académies, chez les grands éditeurs, à la Mairie de Paris… et tentent de répandre leur lubie pseudo-féministe auprès du plus grand nombre.

    Alors, signez cette pétition, et partagez-là à l’ensemble de vos contacts pour garantir la réussite de cette action. 

    Votre signature est très importante pour nous permettre de soutenir la position du Ministre Jean-Michel Blanquer, et de définitivement bannir l’écriture inclusive dans les écoles.

    Par avance, un grand merci de votre soutien et de votre action pour nos jeunes. 

    OUI, JE M’ENGAGE CONTRE L’ÉCRITURE INCLUSIVE   

  • Société • Abomination consumériste et linguistique du « Black Friday ». Résistance et boycottage par Camif.fr

     

    Par Marc Rousset 

     

    3890715347.jpgEn 1929, le monde entier avait connu l’abomination du « Black Thursday » (le jeudi noir) à Wall Street, où les actions avaient dévissé de 22 %. Depuis quelques années, après déjà avoir connu l’introduction plutôt ratée, en provenance d’Amérique, des fêtes d’« Halloween », vieille tradition ancestrale indo-européenne, par les grandes surfaces commerciales, afin de faire consommer les Européens avant Noël, ces derniers assistent médusés à la nouvelle tentative d’introduction d’une fête exclusivement commerciale , le « Black Friday » (vendredi noir), toujours en provenance d’Amérique, pour des raisons exclusivement commerciales n’ayant absolument rien à voir avec nos racines culturelles et nos traditions.

    Le « Black Friday » a été importé des États-Unis en 2010 par Amazon et Apple, un événement promotionnel qui a lieu aux États-Unis, au lendemain du « Thanksgiving », fête traditionnelle exclusivement américaine pour remercier les Indiens d’Amérique qui ont sauvé les premiers immigrants anglais du Mayflower menacés de famine, avant que les descendants de ces derniers et les nouveaux arrivants, contrairement aux colons de la Nouvelle France, les exterminent en guise de remerciements.

    Les commerçants de l’électronique, afin de pousser les consommateurs à anticiper les achats de Noël, se sont engouffrés dans la brèche d’Amazon et d’Apple. Les rabais proposés en France par les enseignes commerciales sont limités (de l’ordre de 20 à 30 %) car, contrairement à la version américaine, la vente à perte est réservée aux seules périodes de soldes officiels.

    Les Européens ont une seule fête véritable avant Noël qui s’appelle la Toussaint, pour honorer nos morts, se recueillir dans le silence du souvenir, acheter quelques cierges et des chrysanthèmes, ce qui n’a rien à voir avec tous ces gadgets et déguisements, masques en plastique d’Halloween, tous ces produits gaspillés sur l’autel de la consommation où le supermarché devient notre nouvelle église du dimanche et où la seule religion célébrée est celle de la consommation futile, stupide, crétine, exubérante, bruyante, hédoniste. 

    Le phénomène « Black Friday » se développe actuellement dans toute l’Europe, le seul peuple qui résiste étant les Espagnols. En France, Emery Jacquillat, le directeur du site Camif.fr, a sauvé l’honneur. IL a fermé son site le vendredi 24 novembre 2017 en guise de protestation et a seulement affiché les raisons pour lesquelles il s’opposait à la crétinerie ambiante.

    Camif.fr proteste contre la surconsommation stupide que n’ont jamais vraiment combattue les soixante-huitards et leurs rejetons gauchistes « écolos » uniquement préoccupés par le très discutable réchauffement climatique et l’hostilité stupide au nucléaire. Il nous rappelle qu’un ménage français engloutit, chaque année, trente-quatre tonnes de matières premières, une piscine olympique pour l’eau, quatre terrains de football de terres et émet, à lui seul, quinze tonnes de dioxyde de carbone (CO2).

    Que les Ricains se gardent leur « Black Truc Chouète » ! Parlons français, consommons français, restons des Français européens et fêtons en français les seules fêtes bien de chez nous ! Assez de cette colonisation rampante par la langue et par la surconsommation matérialiste stupide qui fait des Européens des « Euro-Ricains » dévirilisés et décérébrés incapables de se défendre ! Boycottons « Halloween » et « Black Friday » ! Protestons par la grève des achats !   

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Cinéma • Detroit

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Detroit, un événement historique par Kathryn Bigelow, avec Will Poulter et John Boyega

    Aucune Alerte Info sur le sujet, serait-ce une « fake news » de Breizh-info et Riposte Laïque ou l’omerta de la presse mainstream ?  « Une manifestation sauvage… (de)… près de 250 personnes, presque toutes d’origine africaine » contre l’esclavage en Libye, samedi dernier 25 novembre, à Nantes, aurait dégénéré en émeute raciste : « Sales putes de blancs ! »…

    C’est en tout cas bien le sujet du long-métrage de Kathryn Bugelow, une révolte raciale des Afro-Américains contre les Blancs à Detroit dans l’état du Michigan, en 1967, et le film se polarise sur la riposte raciste de policiers insuffisamment formés, relaxés par un jugement tout autant raciste.

    On peut donc épiloguer sur le racisme des Américains, comme en France sur le nôtre qui tenons simplement à sauver notre identité et nos racines, fiers de « nos ancêtres les Gaulois » et de la France « Fille aînée de l’Église ».

    Mais à Detroit, le fait générateur de ce triple assassinat raciste, c’est bien l’insurrection raciale à laquelle les forces de l’ordre - police urbaine, police fédérale et armée - ont eu à faire face.

    Ce film, très violent, est à donc à voir, tellement il est prémonitoire des « événements » que nous risquons de vivre en France, une guerre ethnique comme aboutissement d’une Ve République d’abandons et de trahisons.  

  • Conte • Jacques Bainville : L'homme sans prénom.... Histoire de Tift

     

    Conte ou fable en prose, ce court récit de Jacques Bainville, qui préfigure par le style et par le fond ce que seront son Jaco et Lori, sa Tasse de Saxe, est porteur d'un sens, d'une morale qui s'expriment in fine sous forme d'une délicate et profonde ironie. La séduction que Jacques Bainville ne cessera d'exercer sur l'esprit de ses contemporains trouve déjà dans ce texte de jeunesse son explication. Il est alors un jeune journaliste et historien de trente deux ans et ses grands livres restent à écrire. La séduction demeurera, traversera les années et les générations. Comment la fable qui suit ne parlerait-elle ps tout aussi bien aux membres de nos sociétés liquides, où comme l'écrit si justement Olivier Rey, le sol manque sous nos pieds.   LFAR

     

    2250615578.jpgQuoiqu'elle vienne d'Amérique, cette histoire n'est pas d'Edgar Poe ni de Mark Twain. C'est une histoire tout à fait vraie.

    Il y a, dans le commerce de New York, un représentant qui ne porte aucune espèce de prénom. Ce personnage s'appelle Tift, et il ne s'appelle que Tift. Ni les apôtres, ni les saints, ni les héros, ni les prophètes ne veillèrent à son baptême. Tift ne dépend ni de l'Ancien ni du Nouveau Testament., ni de l'antiquité grecque ni de l'antiquité romaine. Il ne se nomme même pas Sadi, comme feu le président Carnot. Tift reste Tift tout court, et c'est par là qu'il se distingue du commun des mortels et des très nombreux Tift qui foulent le sol de l'Amérique.

    Chaque fois, cependant, que cette dérogation à un usage universel cause un désagrément, Tift raconte volontiers son aventure. Il a du la redire récemment à propos d'un conflit avec l'administration de son pays. Tift avait donc des parents qui professaient le plus profond respect pour la liberté humaine. Ayant engendré un fils, ils ne se reconnurent pas le droit de peser sur sa conscience. Tift devait n'avoir ni religion, ni préjugés. Il devait marcher vers l'avenir affranchi de toute entrave. C'est pourquoi les parents de Tift, après réflexion mûre, décidèrent de ne pas donner de prénom à leur fils. Ainsi évitaient-ils une responsabilité redoutable. Tift, quand il le voudrait, pourrait choisir les syllabes les plus harmonieuses à son gré.... Et son père et sa mère se réjouirent dans leur âme de leur prudente résolution.

    Tift connut bientôt ce qu'il en coûte de ne s'appeler ni Jean, ni Jacques, ni Edouard, ni Émile. Ses débuts dans le monde furent tumultueux. A l'école, son absence de pérnoms lui valut railleries et brimades, auxquels il répondait d'ailleurs par de solides horions. A sa majorité, lorqu'il s'agit pour Tift de s'inscrire sur les listes électorales et d'exercer ses droits de citoyen, le bureau lui refusa la délivrance de sa carte. Tift dut la revendiquer devant les tribunaux. Après de longues audiences, plaidoiries et consultations de droit, les juges reconnurent que rien dans la constitution ni dans les lois n'obligeait un citoyen à porter un prénom, pas même un nom. Tift majeur restait libre devant les hommes de s'appeler Tift comme devant ou d'ajouter à Tift l'ornement qui lui conviendrait.

    Cependant, en présence du calendrier, pris d'hésitations et de doutes, Tift ne se pressait pas et ne décidait rien. Il lui vint alors une pensée délicate et ingénieuse. « Je contracterai mariage quelque jour, se dit-il, ma femme m'appliquera elle-même son prénom préféré.»  

    Tift prit femme en effet, mais il se trouva que Mrs Tift n'avait jamais songé à l'esthétique des prénoms masculins. Elle n'aimait pas mieux Ernest que Guillaume. Et - telle est la vanité des femmes - trouvant original d'avoir pour mari le seul homme d'Amérique qui portât sec et nu le nom de son père, elle persuada Tift de rester, pour l'amour d'elle, un Tift unique entre tous les Tift de l'Union. 

    Ainsi, Tift mourra comme il a vécu, sans prénom ni grec, ni latin, ni hébreu, ni germanique. Et le principe d'où étaient partis les parents de Tift aura porté une conséquence imprévue. Se faisant scrupule d'attenter à la liberté de leur fils, ils ont pourtant, bon gré mal gré, disposé de ses destinées. On frémit quand on pense à ce qui serait arrivé si ces scrupules étaient nés quelques mois plus tôt dans l'esprit de ce père et de cette mère admirables : Tift n'aurait certainement pas vu la lumière. Car, pour respecter intégralement la liberté humaine, il importe de ne pas engendrer des enfants qui n'ont pas demandé à venir au monde. Témoin Chateaubriand qui maudissait le jour où sa mère lui avait « infligé la vie ».

    Il est d'ailleurs certain que les hommes ne seront vraiment libres et que la République ne sera vraiment fondée sur la terre qu'à partir du moment où chacun aura le droit de choisir ses parents. C'est la morale de l'histoire de Tift. 

    L'Action française, 22 janvier 1911

  • Gérard Leclerc : Un amour heureux ?

    Simone de Beauvoir

    par Gérard Leclerc

     

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    Puisque le feuilleton a pris possession de l’opinion publique au travers des médias, reprenons-le aujourd’hui encore. Et distinguons deux éléments : il y a d’une part les révélations qui continuent à se bousculer. Et de ce point de vue, on ne peut que reconnaître à la parole libérée sa part bienfaisante. Il faut que certaines choses soient dites, il faut que les jeunes filles et les jeunes femmes soient averties de ce qui les menace, surtout lorsque le harcèlement sexuel s’est érigé en système, comme cela semble être le cas dans certaines organisations politiques ou syndicales. Même si le déferlement peut parfois déraper, il a sa justification. Mais il y a l’autre côté des choses, la contrepartie du déferlement. Sur quoi va-t-il déboucher ? La honte doit changer de camp, a dit le président Macron. Je préfère cette formule à celle qui s’est plusieurs fois énoncée : la peur doit changer de camp. Dans cette acception-là, il est entendu que nous sommes engagés dans une lutte camp contre camp, une lutte que remportera celui qui aura réussi à établir le meilleur rapport de force.

    Certes, on ne peut être angélique : en ignorant ce qu’il y a de domination dans certaines relations entre les sexes, on s’expose à une naïveté coupable. Mais par ailleurs, n’envisager le problème que sous l’angle des rapports de force, c’est risquer de s’enfermer dans une impasse. Veut-on la guerre perpétuelle entre les sexes, ou veut-on créer un climat favorable à la concorde et, éventuellement, au bonheur commun ? C’est en ce sens que j’ai plaidé, ces jours derniers, en faveur d’un nouvel imaginaire social, qui pourrait nous tirer de nos difficultés actuelles. Inutile de se cacher que la tâche est particulièrement ardue. Elle l’est à cause, notamment, de la conception que l’époque a de la sexualité. Lorsque celle-ci s’exprime sur le mode compulsif de la pornographie, il ne faut pas s’étonner des dégâts. Dans le même sens, ne sommes-nous pas dominés par un pessimisme inspiré par une conception nihiliste de l’existence ?

    Songeons au message ultime d’une Simone de Beauvoir, grande initiatrice du féminisme contemporain, qui considérait, au terme de sa vie, qu’elle avait été « flouée ». C’était bien la peine d’avoir répandu le feu de la contestation et de la libération ! S’il n’y a pas une lumière d’espérance pour les hommes et les femmes, il n’y a qu’amertume dans leurs relations. C’est pourquoi il faut imaginer autre chose. Et pourquoi pas un amour heureux ?  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 29 novembre 2017