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Idées, débats... - Page 435

  • « Balance ton porc », politique des minorités : le multicultualisme américain à la sauce française

     Marché aux esclaves noirs en Libye 

     

    Par  

    TRIBUNE - Gilles-William Goldnadel observe l'américanisation de la société française. Il dénonce l'alliance entre un antiracisme et un féminisme sectaires et délétères.Cette chronique [Figarovox,27.11] dit avec force et un courage certain un grand nombre de simples vérités !  LFAR

     

    XVMf7715e60-bd8b-11e7-b423-cdc4e7cfb664.jpgAprès Charlottesville en août qui accoucha de la campagne d'éradication des statues de Colbert en septembre, après l'affaire Weinstein d'octobre qui balança le porc français par-dessus bord en novembre, voici le consommateur français saisi de transes à la faveur transatlantique du Black Friday. Jamais dépendance culturelle et linguistique à l'égard des États-Unis ne s'était fait sentir avec autant de consentement complice.

    Il faut dire que cette soumission acceptée n'a rien de politiquement ou économiquement innocent. La fièvre du vendredi noir est une fièvre acheteuse de nature consumériste. La tentative de talibanisation du CRAN à l'égard de l'histoire de France est un consommé de « Black Lives Matters » à la sauce créole. Quant au mouvement « balance ton porc » qui s'est caractérisé à ses débuts par une délation électronique qu'il est désormais défendu de taxer d'hystérique, il est déjà tenu en laisse par le féminisme gauchiste le plus agressivement intransigeant.

    Dans l'emballement médiatique du moment, il est totalement illusoire de penser que réfléchir sur l'événement aurait la moindre chance de pouvoir le contrarier. Le temps de l'intellect est précisément le contraire de celui de l'émotion embrigadée. Il est même son contretemps.

    Mais pour préparer l'avenir, il n'est pas interdit de tenter de prévenir et de prédire en décodant le présent.

    Il ne relève en rien du hasard mais tout de la nécessité politique que l'idéologie gauchisante et ses serviteurs zélés tentent de se refaire une santé à travers le féminisme actif après avoir connu la déroute et la déconsidération sur le terrain de l'antiracisme militant.

    La révélation du racisme islamiste, et de ses effets terroristes criminels, aura porté un coup fatal à un antiracisme dévoyé dont le caractère pathologiquement anti-blanc apparaît désormais crûment à la lumière glauque des camps racisés.

    Il fallait pourtant être particulièrement myope et strabique pour ne pas voir que l'obsession du racisme dissimulait en creux l'obsession de la race détestable.

    Cette semaine, un des derniers tabous de l'antiracisme dévoyé vient de voler en éclats : la pérennité de la traite négrière arabo-islamique. Il aura fallu la viralité d'un terrible document diffusé par CNN sur un marché aux esclaves noirs en Libye pour obliger les médias conformistes à traiter le sujet. Le Monde dans un article éclairant de Charlotte Bozonnet daté du 23 novembre reconnaissait enfin la réalité « persistante du racisme anti noir au Maghreb ». Une manifestation à Paris fut organisée, mais seuls des Noirs criaient leur impuissance, en l'absence remarquable des grandes associations antiracistes.

    Mais laissons la parole à l'écrivain algérien Karim Akouche (Marianne) : « La traite négrière est triple : l'occidentale (la plus dénoncée), l'interafricaine (la plus tue) et l'orientale (la plus taboue). On y dénombre plus de 40 millions d'esclaves. La plus longue, la plus constante aussi est l'orientale. A-t-on le droit de le dire ? A-t-on la liberté de l'écrire sans se faire taxer de néocolonialiste ? »

    C'est donc parce que le roi gauchiste était ridiculement nu sur le terrain non seulement intellectuel mais désormais largement médiatique de l'antiracisme anti-occidental, qu'il a décidé de se retrouver un domaine voisin plus sûr en s'emparant de la cause des femmes.

    Hélas, les violences sexistes sont une chose trop sérieuse pour en confier la résolution aux amies de Caroline de Haas, de Clémentine Autain et de Marlène Schiappa.

    Et l'on peut prédire, hélas sans grand risque, que le féminisme dévoyé aura autant raison du sexisme que l'antiracisme dévoyé aura eu raison du racisme. Bien au contraire, il ne fera que l'exacerber par son outrance idéologique, son unilatéralisme dogmatique et ses stéréotypes crétins.

    Au demeurant, leur antiracisme en déconfiture et leur féminisme conquérant ont déjà fait naturellement alliance en dissimulant la forêt du machisme oriental derrière l'arbre occidental. C'est cette même Marlène Schiappa, on le rappelle, qui ne voit pas plus d'antisémitisme dans les quartiers que de machisme à la Chapelle-Pajol. Clémentine Autain et Caroline de Haas, sont au moins sur ce point, sur la même longueur d'onde.

    Prenons date, même s'il est aujourd'hui médiatiquement suicidaire de l'écrire : on peut prédire, hélas sans plus de risques, que l'emballement actuel irrationnel va accoucher d'une vague de procédures pénales dont toutes ne seront pas caractérisées par la bonne foi et le désintéressement mais par le chantage et de règlement de comptes.

    Je ne suis pas professionnellement le plus mal placé pour affirmer que dans l'état actuel de quasi-paralysie de la justice pénale, il en résultera fatalement une thrombose qui pénalisera en premier lieu les véritables victimes des violences conjugales.

    Prenons date encore, quitte à encourir le courroux du moment exalté : la contraventionnalisation inflationniste des comportements inappropriés, dont l'appréciation est sujette à la subjectivité, va dévaluer le traitement de la pénalisation nécessaire des comportements objectivement violents et des viols.

    Reste enfin et surtout la culpabilisation des hommes et l'injonction à leur repentance, exactement à l'instar de ce qu'il était demandé aux Français et aux Occidentaux de faire, ce qui évidemment ne tient pas du hasard.

    L'actuel président de la république a parfois le goût des formules qui ne font pas honneur à son intelligence. A décharge pour cette dernière, on les mettra, en partie, sur le compte de son opportunisme sociologique.

    Ainsi, on se souviendra longtemps de ses propos nazifiant la colonisation française de l'Algérie. Ou de ceux, plus récents, qualifiant de « menteurs » « ceux qui veulent faire croire que l'islam se construit en détruisant les autres monothéismes », constitutifs, pour le coup, d'un bien fieffé mensonge.

    Cette semaine, s'agissant des violences faites aux femmes, Jupiter redescendu sur terre, a cru devoir évoquer sa « honte » « en tant qu'homme ».

    Il a même réclamé et obtenu une minute de silence en hommage aux 126 malheureuses femmes décédées cette année des suites de violences conjugales. Renseignements pris, pendant la même période, 34 hommes étaient tués dans les mêmes conditions par leur conjointe. Ce chiffre de 25 % rejoint au demeurant les statistiques américaines en cette triste matière. Il montre, qu'au-delà de ce stéréotype anti-masculin indiscutablement sexiste, la femme, pour être la première, n'est pas l'unique victime et que l'homme n'est pas le seul tortionnaire. Un quart ce n'est pas tout mais ce n'est pas rien, et peut-être bien que ces hommes victimes auraient pu mériter dans ce contexte compassionnel, 15 secondes de silence.

    L'homme qui écrit ces lignes, sans poser en victime car ce n'est pas son style, a fait condamner en justice sa harceleuse (tribunal correctionnel de Pontoise confirmée par la cour d'appel de Versailles).

    Toute honte bue dans ce cadre frénétiquement soupçonneux et prompt à l'indignation, il confesse qu'il n'a pas honte, en tant qu'homme, du mal qu'il n'a pas fait aux femmes.  

    Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.  

  • « Ça ne marchera pas »

    Alain Rey 

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    logo lundis.jpgL’Académie française, c’est bien connu, est un nid de réactionnaires (certains de ses membres apprécieront…). Qu’elle se fût offusquée de leurs exigences n’était donc pas pour déplaire aux « enragé.e.s » de l’écriture dite inclusive. Mais qu’il ait été décidé de proscrire ce mode de notation des documents officiels, cela n’a pas plu du tout à « certain.e.s ». Mme Rossignol, qui fut ministre, s’est dite « très étonnée qu'un premier ministre intervienne par le biais d'une circulaire administrative dans un débat qui est un débat entre linguistes » (France Inter, 22). S’est-elle étonnée que Mme Hidalgo, sans attendre que les linguistes invoqués aient tranché, entende continuer de l’imposer dans les textes relevant de son autorité ? Et pense-t-elle donc qu’il n’est pas de la responsabilité du ministre de l’Education nationale de prendre une décision à ce sujet (ce qu’il a fait) ? Eût-elle attendu vingt-quatre heures (Le Figaro, 23), Mme Rossignol aurait eu l’avis d’un linguiste éminent, M. Rey, le lexicographe à qui l’on doit le Petit Robert. Avis catégorique sur l’écriture inclusive : « Ça ne marchera pas. » 

    Certes, M. Rey ne fait que reprendre la plupart des arguments avancés - et ici même - par les adversaires de «  l’aberration inclusive » comme la nomme l’Académie. « Ça ne marchera pas », donc,  parce que le genre grammatical est pour l’essentiel arbitraire, « donnée première contre laquelle on ne peut absolument rien » ; parce que la langue s’impose telle qu’elle est et qu’il est impossible de lui « imposer un changement brutalement » et que, a fortiori, la langue ne bouge pas « par la décision arbitraire d'une minorité » ; enfin et surtout parce que l’écriture inclusive constitue une complication écrite supplémentaire, qui suppose un effort certain, et, de toute façon « ne peut pas se parler ». Rappelons que M. Rey est plutôt un homme de gauche qui, après avoir prédit l’échec de l’écriture inclusive, ajoute quand même aussitôt : « Mais je ne dis pas que je suis contre » ; et qui juge que « la langue est évidemment machiste ». Il fait simplement preuve, concernant l’écriture inclusive, d’un réalisme dont sont bien éloignées nos deux dames parisiennes, lesquelles pensent à tort qu’on agit sur les idées en agissant sur la langue, alors que c’est plutôt la langue qui reflète les diverses évolutions. 

    Le bon sens commande de ne pas se crisper, purisme et novation concourant également à un certain équilibre, et de rappeler que la langue, parce qu’elle est vivante, se modifie mais à son rythme. Certaines évolutions, d’ordre lexical, sont avérées et reçues dans « la langue » - quand c’est possible : ainsi en est-il de beaucoup de professions féminisées. L’Académie va plus loin, elle qui vient tout juste d’envisager la possibilité « d'une plus grande féminisation des titres, des fonctions et des grades ». Voilà qui n’est pas sans intérêt mais qui demande réflexion. Rien à voir cependant avec une écriture inclusive dont le sort est scellé.  •

  • Le français est-il de trop à Montréal ?

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Cette tribune [22.11] est de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal et que nous reprenons volontiers, souvent, tant elles sont pertinentes, proches de nos propres idées, et collent, de façon vivante, intelligente et claire, à l'actualité la plus intéressante. Il s'agit ici de la situation menacée du français au Québec et comment cela ne nous toucherait pas, ne nous concernerait pas ?  En soi, d'abord.  Mais aussi parce qu'en ce moment même chez nous en France, défaite de la pensée et stupidités linguistiques mortifères que l'on tente de nous imposer, vont funestement de pair.  ?  LFAR  

     

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    La scène s’est passée aujourd’hui à Montréal, mais soyons honnêtes, des scènes comme celles-là, il y en a tous les jours. Après quelques mois de fermeture, la boutique Adidas rouvrait ce matin au centre-ville, sur la rue Sainte-Catherine. L’essentiel de la présentation s’est déroulé en anglais. Certains nous diront probablement, en haussant les épaules, que c’est normal dans une ville qui s’anglicise et où le français est de plus en plus considéré comme une langue de second ordre. Pourquoi s'indigner devant l'inéluctable ? Pourquoi résister à un mouvement qu'on nous présente comme irréversible et poussé par le sens de l'histoire? La plupart du temps, les Québécois se couchent devant cela. Mais le gérant de la boutique, au moment de s’adresser aux gens présents dans la salle, a senti le besoin d’en rajouter en disant : « je vais dire un mot en français pour accommoder la ville de Montréal et les médias francos ». C’était peut-être la provocation de trop. Sur les médias sociaux, ils sont nombreux à avoir exprimé leur écœurement devant une manifestation aussi décomplexée de mépris à l'endroit de ceux qu'on appelle souvent pudiquement les francophones ou les gens d'ici.

    Comment ne pas rager, hurler et gueuler quand on lit une telle saloperie ? Comment ne pas voir dans cette phrase une insulte ? Désolé d'exister ! Désolé de vous embêter, vous qui rêvez d'un monde mondialisé où notre peuple en trop ne vous embêterait plus. Certains annoncent qu'ils feront la grève du magasin. Comment le leur reprocher ? On aurait presque envie d’aller faire un tour à la boutique et de parler français au personnel simplement pour les troubler et les désorienter. En d’autres mots, le gérant s’est plié avec un mélange de mépris et de dédain, à une formalité linguistique locale, avant d’en revenir à l’anglais et de mener une entrevue en anglais avec un invité français – oui, deux francophones ont échangé en anglais dans une ville francophone pour s’assurer que tous les comprennent. Il est beau le progrès ! En d’autres mots, il fallait bien faire une phrase ou deux en français, pour contenter les locaux, et on se surprend probablement qu’ils ne s’en satisfassent pas. En d’autres mots, toujours, on a fait une petite prière linguistique pour saluer les anciens québécois, puisqu’il fallait bien le faire, et on a vite oublié leur présence. Le gérant lui-même était un Québécois francophone. C'est ce qu'on appelle renier les siens.

    Cet événement n’a rien d’une anecdote et tout d’un symptôme. En d’autres mots, il est révélateur. Il nous en dit davantage sur l’état du français à Montréal que bien des études statistiques cherchant à documenter les tendances linguistiques. Résumons : les Québécois francophones, à Montréal, sont désormais traités comme une minorité agaçante, qu’on veut bien accommoder, mais qui ne doivent pas trop en demander. Ils sont des étrangers chez eux et leur langue, pour laquelle ils se sont tant battus, agace désormais ceux qui veulent vivre selon les codes de la modernité nord-américaine, où la différence québécoise est considérée de plus en plus comme folklorique, avant de devenir tôt ou tard inconcevable. Notre minorisation démographique a des effets politiques. Nous sommes passés de bonjour, à bonjour/hi, à hi. Et maintenant, qui dit bonjour commet presque une incivilité. Qui exige d’être servi en français passe pour un rustre, un provincial borné ou même un xénophobe. Et les Québécois francophones eux-mêmes s’assimilent à ce nouveau peuple montréalais qui se définit essentiellement par son rejet du Québec historique, décrété homogène, frileux et ennuyant. C’est peut-être le prix à payer pour ne pas avoir choisi l’indépendance. Quand ils étaient sérieux, les souverainistes n’hésitaient pas à le dire : l’indépendance est essentielle à la survie du peuple québécois.

    Les Québécois sont désormais traités comme un vieux peuple résiduel appelé à se dissoudre grâce au passage du temps. Dans le Canada, le peuple québécois en vient à faire de son autodestruction une marque de progrès. Tôt ou tard, et plus tôt que tard, ils seront appelés à se dissoudre dans la modernité anglophone, mondialisée et diversitaire. L’assimilation s’accélère dans une métropole qui se détache mentalement du Québec. On s’anglicise souvent en franglisant. Puis un jour, on s'anglicise tout simplement. Et ceux qui refusent ce mouvement et y résistent sont présentés comme des retardataires historiques ou des réactionnaires déphasés incapables de s’adapter à une époque qui fait de la-diversité-une-richesse, pour reprendre le slogan consacré. Faut-il s’en surprendre? L’idéologie dominante nomme souvent racisme le simple instinct de survie des peuples qui ne veulent pas se laisser dissoudre par la mondialisation, l’américanisation ou le multiculturalisme à la canadienne. Un jour, défendre la prédominance ou la simple présence du français à Montréal sera assimilé à une position d’extrême-droite. Et ce jour est proche.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Patrimoine • Notre-Dame de Paris, illuminée

     

    par Gérard Leclerc

    Pour ceux qui croient au Ciel comme pour ceux qui n'y croient pas Notre-Dame est un pur symbole de notre civilisation et de notre Histoire.  LFAR

     

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    L’enthousiasme est unanime. La scénographie projetée sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, à l’enseigne de « La Dame de Cœur », a obtenu plein succès, aussi bien de la part du public qui s’est pressé sur le parvis, quatre soirées durant, que de la part de la critique qui n’a pas trouvé de mots assez forts pour exprimer la splendeur du spectacle*. Ainsi Amaury Giraud écrit-il dans Le Figaro : « Le spectacle plonge le spectateur dans une rêverie féerique, à mi-chemin entre promenade narrative et initiation mystique. Car si les explications historiques sauront contenter les adultes en quête d’érudition, l’émerveillement des enfants est lui aussi garanti. La technologie est ici au service d’une poésie visuelle hors normes. » Il convient de féliciter Bruno Seillier, le directeur artistique, à qui l’on doit cette création originale et qui avait déjà fait ses preuves, notamment avec « La nuit aux Invalides ».

    Il est sans doute hasardeux de préjuger de l’effet d’un tel spectacle sur les milliers de personnes qui ont pu y accéder. (À chaque séance, on a, en quelque sorte, joué à bureau fermé. Le parvis étant comble et les organisateurs contraints de refuser d’innombrables candidatures.) Mais l’impression sur les présents était forte et les moins avertis de la dimension spirituelle ont souvent été les plus médusés par ce spectacle de lumières et de couleurs qui faisait ressortir le mystère de « la Dame de Cœur ». Il ne faut pas minimiser la puissance d’attestation spirituelle de la beauté et du témoignage qu’elle projette dans l’âme de tous ceux et de toutes celles qui en sont saisis. L’héritage que nous avons reçu de nos prédécesseurs dans la foi nous met aux prises avec l’inspiration qui a présidé à la construction d’un tel patrimoine.

    Mgr Patrick Chauvet, le recteur de la cathédrale, expliquait, ces jours-ci, que son vœu le plus cher était que les touristes qui visitent Notre-Dame deviennent des pèlerins. Une telle transformation ne peut s’opérer par la seule grâce du monument, il faut que celle-ci soit mise en valeur, explicitée dans un service d’accompagnement, qui restitue au peuple des statues et des vitraux ses références bibliques, évangéliques, ecclésiales. La scénographie constitue un moment fort de cette mission. Elle reprend, à sa façon et avec d’autres moyens, la tradition des mystères qui, au Moyen Âge se déroulaient devant les églises pour mieux faire parler la pierre. N’y a-t-il pas dans la réussite de « La Dame de Cœur » une invitation à se mobiliser pour faire de notre patrimoine religieux l’occasion d’une vaste entreprise de pédagogie spirituelle, préalable à l’évangélisation qui s’impose à notre temps ?   

    * Voir le reportage photographique de Michel Pourny

    Gérard Leclerc

  • Cinéma • L’expérience interdite - Flatliners

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    L’expérience interdite - Flatliners, une science-fiction américaine de Niels Arden Oplev

    L’expérience interdite, (interdit aux moins de 12 ans)… Au guichet du cinéma on m’a dit que j’avais manifestement dépassé cet âge. Dommage ! ils auraient dû m’interdire d’entrer. C'est un film d'épouvante et  l'épouvante, pour moi, commence à la vue d'une seringue... alors là j'ai été servi. 

    « Tu meurs et je te ressuscite !»…

    C’est ce que fredonnait mon épouse en sortant de la salle… En fait, elle se trompait puisque, dans L’antéchrist, Brassens chantait « Tu montes sur la croix et je te ressuscite ! ».

    Mais c’est égal, c’est bien le sujet de ce long métrage. 

    Nous avons lu, il y a une trentaine d’années un (ou peut-être plusieurs) livre(s) sur « la vie après la vie » et ces « ressuscités » qui racontent les longs tunnels, la lumière blanche, avec l'impression de flotter et de voler au-dessus de leurs corps.

    Des essais qui, à l'époque, nous avaient d'autant plus intéressés que la grand-mère d'Anne l'aurait vécu, si on peut dire ainsi…

    Elle se serait réveillée dans son cercueil pendant la veillée funèbre... et aurait, elle aussi, évoqué ces mêmes visions… en tout cas, c’est l’histoire - lugubre - qu’on m’a racontée… 

    Il paraît que cette expérience interdite est un remake d’une production de 1990 avec Julia Roberts… Ce nouveau film me semble pêcher par sa longueur (1 h 49) avec de l’outrance dans l’épouvante, et surtout – mon verbe pêcher n’est pas mis par hasard – un discours niaisement moralisateur qui impose aux « revenants » d’aller confesser leurs fautes.

    C’est pourtant mieux qu’un « bon film », même s’il est à interdire aux cardiaques qui risqueraient, eux, de ne pas en revenir.  

  • Film • Le documentaire « La persécution des chrétiens aujourd'hui dans le monde » projeté à Paris

     

    LA PERSÉCUTION DES CHRÉTIENS AUJOURD'HUI DANS LE MONDE. Une éradication sournoise et violente...

    210 millions de femmes, d'hommes et d'enfants, dans 50 pays, sont persécutés en raison de leur foi.

    Imaginez si, sur les 508 millions d'habitants d'Europe, les Français, les Italiens, les Allemands et les Belges étaient chaque jour en bute aux pires maltraitances : bastonnade, lapidation, tortures en tous genres, viols, emprisonnement, discrimination, assassinat. Sur simple dénonciation, pouvant à tout moment être accusés de blasphème. Et cela, dans le silence assourdissant des États, et des Commissions des droits de l'homme de l'ONU, et de l'Union européenne.

     Le film entend montrer ce que recouvre le terme générique de "persécutions" avec l'aide de témoins ; comprendre pourquoi au XXI° siècle on tue des chrétiens ; mettre à jour la faillite des États, la disparition de la liberté religieuse et de conscience, promise en 1948 avec la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Il tente aussi d'y voir plus clair avec la charia négatrice de la liberté religieuse, pourtant acceptée comme référence au sein des organisations internationales.

    Prenez 90 minutes de votre temps, et venez découvrir l'ethnocide qui se déroule à un jet de pierre de notre conscience. Car, si rien n'est fait pour arrêter le flot destructeur, plus tard, que restera-t-il des chrétiens en dehors des lieux sanctuarisés ? Si un tel malheur arrivait vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.

    UNE SEULE SALLE A PARIS

    À compter du 15 novembre 2017

        Le complexe cinéma le LUCERNAIRE

        53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris

    Séances mercredi et jeudi à 20 h 30. Vendredi, samedi et dimanche :

    14 h 30 - 16 h 30 - 18 h 30 - 20 h 30

    L'on peut acheter le billet d'entrée sur Internet en tapant réservation cinéma Lucernaire.

     

  • Famille de France • Prince Jean : «  Un livre plein de sagesse »

    Le Jugement de Salomon

       

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    Je suis tombé ces jours-ci sur ce texte du Livre de la Sagesse. Il m’a semblé d’actualité.
     
    Je n’y ajoute aucun commentaire et vous en laisse la lecture. 
     
     
     
     
    « Écoutez, ô rois, et comprenez ;
    instruisez-vous, juges de toute la terre.
        Soyez attentifs, vous qui dominez les foules,
    qui vous vantez de la multitude de vos peuples.
        Car la domination vous a été donnée par le Seigneur,
    et le pouvoir, par le Très-Haut,
    lui qui examinera votre conduite
    et scrutera vos intentions.
        En effet, vous êtes les ministres de sa royauté ;
    si donc vous n’avez pas rendu la justice avec droiture,
    ni observé la Loi,
    ni vécu selon les intentions de Dieu,
        il fondra sur vous, terrifiant et rapide,
    car un jugement implacable s’exerce sur les grands ;
        au petit, par pitié, on pardonne,
    mais les puissants seront jugés avec puissance.
        Le Maître de l’univers ne reculera devant personne,
    la grandeur ne lui en impose pas ;
    car les petits comme les grands, c’est lui qui les a faits :
    il prend soin de tous pareillement.
        Les puissants seront soumis à une enquête rigoureuse.
        C’est donc pour vous, souverains, que je parle,
    afin que vous appreniez la sagesse
    et que vous évitiez la chute,
        car ceux qui observent saintement les lois saintes
    seront reconnus saints,
    et ceux qui s’en instruisent
    y trouveront leur défense.
        Recherchez mes paroles, désirez-les ;
    elles feront votre éducation. »  

     

    Jean de France, duc de Vendôme
    Domaine Royal de Dreux le 25 novembre 2017

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    Vitrail de la Chapelle Royale de Dreux

    Le site officiel du Prince Jean de France

  • Cinéma - Théâtre • Robert Hirsch : le Parcours d’un Monstre Sacré

     

    Par Bruno Stéphane-Chambon

     

    Les étapes d’un chemin théâtral qui dura 68 ans 

    Robert Manuel, brillant acteur et metteur en scène, s’amusa avec Les Précieuses Ridicules en confiant à un jeune lion arrivé dans la Troupe de la Comédie Française, le rôle de Jodelet. Nous étions en 1949 et le résultat fut désopilant.

    Doué d’une gestuelle chaplinesque et d’un sens des ruptures inédites, un acteur était né : Robert Hirsch !

    Deux ans plus tard, Jacques Charon, met en scène Micheline Boudet dans La Double Inconstance de Marivaux, avec dans le rôle d’Arlequin, le nouveau venu qui est alors révélé au grand public.

    Le metteur en scène réitère son choix en 1956, avec Les Fourberiein memorias de Scapin, mais peut être trop ébloui par les facéties de son nouvel ami, lui laisse une liberté totale qui se traduit par deux réactions contradictoires : le public se tord de rire devant certains « gags » superfétatoires et le soir de la Générale, la Cour des amis laudateurs envahit la loge pour encenser l’interprète du rôle-titre.

    Entre discrètement, André Brunot, immense acteur, 351eme sociétaire de l’auguste Maison, doyen de 1939 à 1944 et surtout un des meilleurs professeurs du Conservatoire.

    Une fois la liesse des admirateurs mondains, il se lève et adresse cet avertissement à l’un de ses élèves les plus doués, cette terrible sentence : Pas avec Molière ! Robert Hirsch saura tenir compte de cet avertissement.

    Jean-Paul Roussillon, après une lecture approfondie de la face pessimiste de Molière montera Georges Dandin et confiera le rôle à Robert Hirsch qui l’exécutera avec scrupule en n’éludant pas la dernière réplique : Ah ! je le quitte maintenant, et je n’y vois plus de remède, lorsqu’on a comme moi épousé une méchante femme, le meilleur parti qu’on puisse prendre, c’est de s’aller jeter dans l’eau la tête la première. De ce fait il ne s’agit pas d’une boutade, le personnage se dirige lentement hors de scène, vers une rivière suggérée pour aller se suicider…

    Mais en 1970, tout Paris et Province se précipitent pour assister à la pièce : Un fil à la patte, mis en scène par Jacques Charon avec Jean Piat et Robert Hirsch dans lequel ce dernier interprète le rôle de Bouzin !

    A l’entracte les vespasiennes étaient prises d’assaut, tant le rire suscite des mictions incontrôlables !

    En 1972, la grande épreuve !

    Terry Hands, Membre de la Royal Shakespeare Company, va mettre en scène Richard III, de William Shakespeare dans une traduction de Jean-Louis Curtis à La Comédie Française.  Le metteur en scène est exigeant, il demande à ses acteurs de manier des épées du même poids que celles utilisées à l’époque, la respiration propre au texte du théâtre élisabéthain est de rigueur, tous les déplacements seront motivés, autant dans la gestuelle que par l’immobilité dans les monologues. Robert Hirsch s’y soumet, il y travaille sans cesse et devient l’un des meilleurs interprètes du rôle du Roi Maudit, Richard III.

    Quittons La Comédie Française pour assister en 1992 au Misanthrope de Molière, mise en scène par Francis Huster au Théâtre Marigny. Le rôle d’Oronte est considéré comme secondaire. Robert Hirsch le transfigure. Il n’est pas seulement un fat ni homme de Cour, il est un grand noble lettré et éperdument amoureux. C’est un personnage de caractère.

    Le Misanthrope

    Acte I scène II

    En présence d’Alceste et Philinte. :

    ORONTE

    J’ai su là-bas que, pour quelques emplettes

    Éliante est sortie, et Célimène aussi :

    Mais, comme l’on m’a dit que vous étiez ici,

    J’ai monté, pour vous dire, et d’un cœur véritable,

    Que j’ai conçu pour vous, une estime incroyable ;

    Et que, depuis longtemps, cette estime m’a mis

    Dans un ardent désir d’être de vos amis.

    Oui, mon cœur, au mérite, aime à rendre justice,

    Et je brûle qu’un nœud d’amitié nous unisse :

    Je crois qu’un ami chaud, et de ma qualité,

    N’est pas, assurément, pour être rejeté.

    C’est à vous, s’il vous plaît, que ce discours s’adresse.

    Ce moment de théâtre fut exceptionnel, l’acteur arrive hors de souffle compte tenu de sa hâte à présenter son hommage, il est grand seigneur, mais reprend sa phrase de salutation avec affection. Il ralentit son débit dans sa déclaration d’amitié et met un blanc entre chaque mot. Sa gestuelle devient ample, plus proche de la pantomime que de l’action. Chaque mouvement de son corps est un signifiant et signifié. En douze vers, Robert Hirsch renoue par ses silences et verbes Molière avec le Théâtre Nô.

    En 1992 il reçut le Molière du comédien pour ce second rôle dans Le Misanthrope.

    Comment ne pas saluer quelques années plus tard, en 2006 : Le Gardien d’Harold Pinter, mise en scène par Didier Long au Théâtre de l’Œuvre puis au Théâtre de Paris en 2007. Son interprétation nous tétanisait sur nos fauteuils et le répertoire de ses émotions étaient à l’infini.

    Intrépide, il joue de 2009 à 2011, La Serva amorosa de Carlo Goldoni, mise en scène par Christophe Lidon, au Théâtre Hébertot, au Théâtre du Gymnase, puis en tournée.

    De 2012 à 2016 il sera Le Père de Florian Zeller, mise en scène par Ladislas Chollat, au Théâtre Hébertot, à la Comédie des Champs-Élysées puis au théâtre de l’Œuvre.

    Le Vieux Lion du Théâtre est mort le soir du 16 novembre 2017. On ne l’entendra plus rugir dans la formidable jungle du Théâtre. 

    Robert Hirsch est né le 26 juillet 1925. Il était Sociétaire Honoraire de la Comédie-Française. Il avait suivi les cours du Conservatoire et entra à la Comédie-Française dont il devint les 420ème sociétaire en 1952. Il quitta la Maison de Molière le 28 février 1974 et devint Sociétaire Honoraire, après avoir interprété plus de 60 rôles. Par la suite, il devint un des acteurs les plus adulés sur les planches du Théâtre privé. En parallèle, il participa à plus de 26 films, dont en 1964 Pas question le samedi d’Alex Joffé dans lequel il joua 13 personnages, et Trai­te­ment de choc d’Alain Jessua dans lequel il donnait la réplique à Alain Delon. On ne saurait omettre sa participation à 26 œuvres de télévision dont en 1972, Kean, un roi de théâtre de Marcel Moussy dans le rôle-titre.

    Les Récompenses furent nombreuses :

    1972 : Prix du Syndicat de la critique : meilleur comédien pour Richard III

    Césars 1990 : César du meilleur acteur dans un second rôle pour Hiver 54, l’abbé Pierre

    1992 : Prix du Brigadier : Brigadier d’honneur pour l’ensemble de sa carrière

    Molières 1992 : Molière du comédien dans un second rôle pour Le Misanthrope

    Molières 1992 : Molière d’honneur pour l’ensemble de sa carrière

    Molières 1997 : Molière du comédien dans un second rôle pour En attendant Godot

    Molières 1999 : Molière du comédien pour Le Bel Air de Londres

    Molières 2007 : Molière du comédien pour Le Gardien

    Palmarès du théâtre 2013 : Prix d’honneur

    Molières 2014 : Molière du comédien dans un spectacle de théâtre privé pour Le Père.

    Robert Hirsch a été élevé au rang de Commandeur des Arts et des Lettres le 5 décembre 2006.  

    Bruno Stéphane-Chambon

    Politique magazine

  • Patrick Buisson [2] répond aux auditeurs de France Inter

     

    Mercredi dernier, vous avez été nombreux à apprécier l'entretien de Patrick Buisson,  diffusé la veille, sur France Inter. Nous écrivions : « Fête de l'Histoire hier matin sur France Inter avec Patrick Buisson qui ne mâche pas ses mots pour dire les quatre vérités de la Révolution française, de la Terreur et du massacre de la Vendée. Avec les implications qui s'en suivent : les totalitarismes du XXe siècle, la crise de notre démocratie, notre identité malheureuse et menacée ...»  Voici la seconde partie de cette émission où Patrick Buisson répond aux questions des auditeurs. La discussion est aussi d'un grand intérêt même si, par définition, elle prête davantage au débat. Que de magistrales leçons d'Histoire et de politique très actuelle y donne Buissson ! A écouter absolument.  Lafautearousseau.   

     

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    A lire, à voir ou revoir sur Lafautearousseau ...

    Patrick Buisson sur France Inter : « En matière de terrorisme d'État, la Terreur, c'est nous qui l'avons inventée »

  • Après Patrick Buisson, les déclarations de Michel Houellebecq : scandale pour la bien-pensance !

     

    Les propos de Michel Houellebecq - qu'on va découvrir - n'étonneront pas ceux qui l'ont lu. Ont-ils surpris les lecteurs du Spiegel pour qui ils ont été tenus ? Ils ont été rapportés et commentés de toutes parts et notamment hier matin sur France Inter par Claude Askolovitch, au cours de sa revue de presse de 8 h 30, avec un mélange d'ironie et d'indignation à peine contenues. Mettons-nous à sa place : ce que dit ici Houellebecq est insupportable pour lui et ceux de son engeance. On lira ci-dessous l'information que 20 minutes a donnée en ligne dès hier. Nous y reviendrons.  LFAR 

    Michel Houellebecq a donné une interview fleuve à Der Spiegel fin octobre. Elle a été traduite par Valeurs actuelles en étroite collaboration avec le romancier. Le magazine reproduit cette semaine le texte dans son intégralité et voilà un condensé de « la pensée de l’un des plus grands écrivains français des 30 dernières années ».

    L’auteur des Particules élémentaires analyse la recette d’Emmanuel Macron, « une ode à l’optimisme ». Il y décrit le chef de l’Etat, « un être étrange » qu’il a rencontré avant son élection. « Il s’hypnotise lui-même, et ensuite hypnotise le pays tout entier », explique-t-il avant d’évoquer le retour du catholicisme.

    Le retour du catholicisme pour éviter la guerre civile 

    Il a d’ailleurs la solution pour éviter la guerre civile en France. « Au fond, l’intégration des musulmans ne pourrait fonctionner que si le catholicisme redevenait religion d’État. Occuper la deuxième place, en tant que minorité respectée, dans un État catholique, les musulmans l’accepteraient bien plus facilement que la situation actuelle. Ils n’arrivent pas à se faire à l’État laïc, porteur d’une liberté de religion qu’ils ne comprennent pas. Le prophète Mahomet ne pouvait pas imaginer l’existence d’un athée », explique celui qui a écrit (...) Soumission, un livre d’anticipation où il imaginait l’arrivée au pouvoir d’un parti musulman.

    Michel Houellebecq s’attaque ensuite à la politique. « La gauche (…) est à l’agonie. Ses idées sont mortes, le succès de Mélenchon ne reposait que sur lui-même, en aucun cas sur ses idées. » Et de poursuivre : « Il n’y a plus en France que la droite et l’extrême droite. La gauche a perdu sa force mobilisatrice. »  

    Valeurs actuelles

    20 minutes

  • Patrick Buisson sur France Inter : "En matière de terrorisme d'État, la Terreur, c'est nous qui l'avons inventée"

    Fête de l'Histoire hier matin sur France Inter avec Patrick Buisson qui ne mâche pas ses mots pour dire les quatre vérités de la Révolution française, de la Terreur et du massacre de la Vendée.

    Avec les implications qui s'en suivent : les totalitarismes du XXème siècle, la crise de notre démocratie, notre identité malheureuse et menacée ...

    À écouter absolument. 

    lafautearousseau  

     

     Cliquer pour agrandir (icone inférieure à droite)

     

    Ce que France Inter a retenu des propos de Patrick Buisson  ... Mieux vaut l'écouter 

    Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, auteur de « La grande histoire des guerres de Vendée » (Perrin) est l'invité de Nicolas Demorand.

    L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, qui publie « La grande histoire des guerres de Vendée » (Perrin) explique sa démarche : « je crois que l'Histoire enseigne la vie (...) La France a inventé les tribunaux révolutionnaires ».

    Si on prend la juridiction du Tribunal International sur le Rwanda ou la Somalie, les Vendéens ont été massacrés exactement comme ça

    Patrick Buisson poursuit : « Le mot Républicain permet d'évacuer l'idée de nation, un mot-valise dans lequel on met des principes universels. Aujourd'hui la dimension de républicanisme est évacuée, qui renvoie à des principes abstraits ». L'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy ose même un rapprochement dans son ouvrage (« C'est Oradour sur Vendée ») et s'explique : « le bolchevisme et le nazisme font référence à la Révolution Française ».

    Patrick Buisson estime que le rapport est « évident » entre la Terreur et le terrorisme dont la France est victime. 

  • La technique de l’évolution « sociétale »

     

    Par François Reloujac 

     

    Comment les animateurs et les maîtres de la société moderne organisent les processus irréversibles. 

    Au début de l’été, trois événements successifs ont mis au premier rang de l’actualité des problèmes de société : il s’agit, successivement de la décision du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) relatif à la « procréation médicalement assistée » (PMA), de l’annonce du décès de Simone Veil, ancien ministre de la Santé qui a défendu devant le Parlement la loi dépénalisant l’avortement et enfin de la décision de la Cour de cassation sur la reconnaissance de « paternité » en France d’enfants nés à l’étranger d’une « gestation pour autrui » (GPA). Trois événements présentés comme en rapport avec des « avancées sociétales ». Un petit retour sur l’histoire suffit pour en comprendre le mécanisme mis en jeu pour transformer la société.

    Le progressisme toujours si bon et si humain !

    Avec la loi Neuwirth, en 1967, il s’agissait de défendre le « droit » pour les femmes à « maîtriser leur fécondité », cette « maîtrise » ayant été présentée comme permettant de faire disparaître les avortements ! Lors du vote de cette première loi « sociétale », on estimait officiellement que les avortements clandestins provoquaient en France la mort d’environ 300 femmes par an et rendaient stériles environ un à deux milliers d’autres. Ces chiffres, donnés alors pour sûrs, n’étaient que des approximations, aucune statistique n’étant établie sur ce critère des victimes d’avortements clandestins. Pour horrible que fut le chiffre, il ne s’agissait là que d’un phénomène marginal. De 1967 à 1974, sous la pression de personnes jouissant d’une certaine popularité, la question de l’avortement a nourri les journaux. Trois cent-quarante-trois femmes jeunes ou moins jeunes – mais, toutes, riches et célèbres – ont bravé la loi en revendiquant s’être fait avorter et en réclamant le même droit pour toutes. Dans un même temps, la pilule était autorisée pour les mineures sans l’autorisation des parents. Hélas, lorsqu’une jeune femme oubliait de prendre « sa » pilule, et qu’elle se retrouvait enceinte, ce n’était pas l’affaire de son « partenaire » d’un soir ; elle n’avait plus qu’à assumer, seule, les conséquences de son « oubli » et donc de sa maternité ou à se faire avorter.

    Dans une optique « progressiste », plutôt que de s’interroger sur la responsabilité de la loi dans l’accroissement du nombre des avortements, on a cherché à corriger la conséquence présentée comme non souhaitée : on a « dépénalisé » ! Les deux arguments principaux avancés pour faire voter cette loi par un Parlement majoritairement hostile au projet méritent d’être analysés, car, n’en doutons pas, ils serviront encore pour de nouvelles « avancées sociétales ». Ce sont l’émotion causée par le scandale du nombre des décès par avortement, d’une part, et le fait que l’avortement sans risque n’était ouvert qu’aux seules femmes riches qui avaient les moyens d’aller se faire avorter à l’étranger, d’autre part. Il fallait donc que, sans discrimination, ce nouveau « droit » fût ouvert à toutes.

    Le ministre de la santé de l’époque a mis en avant au Parlement le nombre horrible des « mortes » du fait des avortements clandestins : 60 000 ! Pour un nombre d’avortements clandestins estimé lui à moins de 120 000 ; à comparer aux 300 annoncés sept ans auparavant, et aux 220 000 enfants tués dans le sein de leur mère du fait des avortements annuels aujourd’hui ! On semble avoir oublié comment avait été forgé le chiffre de 60 000 décès annoncé au Parlement : on y avait inclus, puisque les décès consécutifs à des avortements clandestins n’étaient pas comptabilisés en tant que tels, tous les décès pour cause inconnue. C’est-à-dire, puisque l’on ne distinguait pas entre les sexes dans les statistiques des décès que de nombreux hommes étaient ainsi réputés avoir succombé à un avortement clandestin ; le « genre » avant la lettre !

    La même technique a été mise en œuvre pour justifier chacune de ces « avancées » dont personne ne voulait réellement. Le PACS a été voté pour empêcher de baptiser « mariage » le couple formé par des homosexuels avant d’en arriver au « mariage pour tous » (qui constitue un double déni puisqu’il ne s’agit pas d’un mariage au sens propre du terme, d’une part, et que, d’autre part, tout le monde pouvait se marier avant cette loi), au nom de l’égalité entre les couples. En imposant le « mariage » entre homosexuels, on a dit que jamais cela n’ouvrirait aux homosexuels le droit à la procréation médicalement assistée acronymisé PMA : un euphémisme pour ne pas dire insémination artificielle avec donneur anonyme ; et moins de cinq ans plus tard le Comité consultatif national d’éthique a ouvert la porte à cette nouvelle « avancée » !

    Lors du débat qui a précédé le vote de cette loi dite du « mariage pour tous » on avait promis que cela ne conduirait pas à la gestation pour autrui (GPA), c’est-à-dire à la location de l’utérus des femmes au profit d’homosexuels en manque d’enfants (marché qui pourrait être très lucratif). Mais la Cour de cassation a trouvé le moyen de considérer qu’une GPA réalisée à l’étranger ne fait pas obstacle, à elle seule, à la transcription sur les registres de l’état-civil français en ce qu’il désigne le père, ni à l’adoption de l’enfant par l’époux (sic) du père. Le deuxième argument utilisé pour faire voter la loi Veil sera bientôt réactivé : il faudra permettre à ceux qui n’ont pas les moyens d’aller acheter un enfant à l’étranger de le faire en France.

    Quand la fin justifie les moyens

    Le système est bien rodé. Dans une méthode téléologique soigneusement mise en œuvre, chaque « avancée sociétale » est toujours incomplète pour ouvrir la porte à une nouvelle « avancée » une fois que la précédente est entrée dans les mœurs. Ainsi la pilule contraceptive a été présentée comme permettant de lutter contre les avortements clandestins, alors que tout le monde savait qu’il entraînerait inéluctablement leur augmentation. Ceux qui, à l’époque ont voulu mettre en garde contre cette dérive ont été traités d’affreux antiféministes. Comme le nombre des avortements a effectivement augmenté, on a dépénalisé ce crime… tout en refusant de le considérer comme un acte médical et donc de le rendre remboursable par la Sécurité sociale. La légalisation ouvrait la porte à une nouvelle « avancée » puisqu’il était inconcevable que les femmes riches puissent y recourir dans de « bonnes conditions » et que les femmes pauvres ne puissent le faire qu’au risque de leur vie. L’avortement est devenu, égalité oblige, un acte remboursable, puis gratuit, ouvert aux mineures sans l’autorisation de leurs parents. Le PACS devait permettre d’éviter le « mariage » entre des homosexuels jusqu’à ce que l’on s’aperçoive d’une nouvelle discrimination entre les couples homosexuels et les couples hétérosexuels. L’on en est arrivé au « mariage pour tous » qui n’est plus une « institution » mais un contrat entre personnes « qui s’aiment » ! On a ainsi ouvert trois nouvelles inégalités : une première entre les couples hétérosexuels qui ont droit, en cas d’infécondité, à la procréation médicalement assistée et les couples homosexuels qui en sont privés ; une deuxième qui réserve le « mariage » uniquement à deux personnes au lieu de trois ou quatre ; une troisième qui autorise deux êtres qui s’aiment à se marier, quel que soit le sexe de l’un et de l’autre, mais qui maintient encore une privation de droit en fonction de l’âge. On voit aujourd’hui ce qui se passe à propos de la « PMA » – qui ouvrira la porte à la GPA –, on verra demain ce qu’il en sera avec le nombre des « mariés » et surtout, avec l’âge des mariés. Si, dans de rares cas, une femme d’âge mûr cherchera à convoler avec un jeune homme presque encore imberbe, on verra surtout se multiplier les mariages entre des hommes d’un certain âge avec des jeunes filles à peine nubiles. Et ceux qui s’opposeraient à ce nouveau « droit », que l’on recrutera essentiellement dans les milieux réputés rétrogrades, seront appelés des « pédophobes ».

    On comprend pourquoi les députés allemands de confession islamique ont voté, en juillet 2017, en faveur du « mariage » entre homosexuels. On comprend aussi pourquoi l’Union des communautés et organisations islamiques d’Italie ont réclamé une législation en faveur de la polygamie, « du fait que la loi italienne autorise les unions civiles homosexuelles ». En effet, si, comme l’écrit William Kilpatrick, « le mariage ne doit plus se limiter à l’union d’un homme et d’une femme, pourquoi ne pas permettre l’union d’un homme et de quatre femmes ? » Ce serait « une avancée sociétale » !  

    Site Politique magazine

  • «  Soleil cou coupé  »

     

    Par François Marcilhac

     

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    Mandaté depuis septembre dernier par Macron pour la sauvegarde du patrimoine en péril, l’animateur de télévision Stéphane Bern souhaite faire payer l’entrée des cathédrales en France, s’inspirant, dit-il, des autres pays européens  : «  On est le seul pays où leur accès est gratuit. À Londres, l’entrée à l’abbaye de Westminster est fixée à 24 euros  !  » – oubliant de préciser qu’Anne Hidalgo, pour Notre-Dame, avait déjà eu la même idée au commencement de son mandat et qu’elle s’était alors vu opposer une fin de non-recevoir de l’archevêché de Paris. Bern, du reste, avoue qu’il ne fait que ressortir l’idée de «  la  » maire de Paris, en reprenant l’argument de celle-ci dans son entretien au Parisien du 10 novembre  : «  Une ville comme Paris n’a plus les moyens d’entretenir son patrimoine religieux.  » Ce qui est faux. Première ville touristique du monde, Paris pourrait entretenir ses églises qui participent pleinement de son attractivité et lui rapportent donc… Tout est évidemment une question de choix  : et ceux de «  Notre-Drame de Paris  », c’est de privilégier les Jeux olympiques, pour lesquels le scandaleux voyage à Lima de la délégation française en septembre – 1,5 million d’euros – annonce un gaspillage financier sans précédent  ; de subventionner des associations immigrationnistes ou LGBT ou de transformer la capitale en sanatorium festif en en chassant la voiture. Tout en laissant non seulement se délabrer ses églises, mais aussi proliférer les rats et transformer l’ancienne Ville Lumière en dernier dépotoir de France à ciel ouvert.

    L’âme de la France mise en vente

    Qu’importe les exemples étrangers, même de pays dits catholiques, comme l’Autriche, l’Italie ou l’Espagne  ? Que dans notre République laïque et obligatoire, les cathédrales et les simples églises soient encore considérées avant tout comme des lieux de prière peut paraître saugrenu aux yeux d’Anne Hidalgo ou de Stéphane Bern. Aux nôtres, c’est la réaffirmation essentielle que tout ne se vend ni ne s’achète et qu’il ne convient pas de réintroduire les marchands dans un temple… transformé en musée  !

    Pourquoi donner une telle importance à ce qui pourrait n’apparaître que comme une anecdote  ? Parce qu’elle illustre combien la victoire d’Emmanuel Macron provoque un total renversement de tous les fondements de la société française – et la Conférence des évêques de France, qui est aussitôt montée au créneau, ne s’y est pas trompée. Faire payer l’entrée des cathédrales ou des églises remarquables, c’est inverser, et donc nier, la nature même du bâtiment, en faire un monument vénérable par sa dimension historique et artistique et non plus par son caractère sacré, qui devient accessoire. On dira que la plupart des touristes visitant nos cathédrales ne sont pas croyants, ni même baptisés  ? Et alors  ? Outre que, dans la définition du touriste, n’entre pas celle de l’incroyant – en termes scolastiques on dira que le «  touriste  » n’est pas une espèce du genre «  incroyant  » –, on ne saurait réduire ce qui constitue l’âme d’un pays à des monuments d’un passé qu’on souhaiterait révolu – en l’occurrence le catholicisme comme passé religieux de la France –, et qui se visitent comme tels. Ni accepter que les «  derniers  » croyants soient, comme les derniers Peaux-Rouges d’Amérique du Nord sur leur territoire, parqués dans quelque zone de la cathédrale

    Encore réservée à la prière.

    La Macronie, c’est le règne arrogant et cynique de l’argent, devenu le critère à l’aune duquel tout est mesuré. La victoire que l’oligarchie voudrait définitive de l’avoir sur l’être. D’où la vulgarité foncière du macronisme, cet idéal matérialiste et consumériste que notre Jupiter philosophe propose à la jeunesse – devenir milliardaire –, vulgarité qu’il ne peut plus contenir à intervalles réguliers, comme si le vernis finissait pas craquer au contact de ceux dont il ressent la simple présence comme une offense à sa basse conception de la réussite calculable en termes de costards. D’où, aussi, l’instrumentalisation de tout ce qui respire l’être pour le réduire à une dimension strictement utilitariste. Vérité du «  en même temps  »  : faire d’une cathédrale en même temps un musée dont on paie l’entrée et un lieu de prière aboutit à la réduction du spirituel au culturel, puis de celui-ci à sa rentabilité touristique.

    Macron et la figure du roi

    Donner le change, pour mieux subvertir. Parce que, comme jadis Giscard, il les regarde de l’extérieur  : c’est dans les médias étrangers que Macron aime livrer sa pensée sur les Français. Et de revenir une énième fois, le mois dernier, dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, sur la prétendue verticalité dans laquelle il souhaite s’inscrire, tournant le dos à la normalité du quinquennat précédent. Mais là encore, c’est la structure sans le contenu, comme dans ce premier entretien qu’il avait donné à L’Un en juillet 2016 où le roi n’est qu’une «  figure  », et non une «  réalité effective, une personne  », comme le définit Boutang. Aux yeux de Macron, la verticalité n’est qu’une posture, dépourvue de toute transcendance véritable. Comme il le précise au Spiegel  : en France, «  l’Église catholique a marqué la société d’une empreinte verticale de haut en bas [sic] et je suis persuadé que cela [resic] persiste  ». Le phénomène du souverain ne serait donc plus qu’un marqueur de notre rapport au pouvoir à la fois intangible mais dépourvu de toute signification (comme nos cathédrales devenues musées), ce que n’avaient compris ni Sarkozy, ni surtout Hollande. Les Français en auraient besoin comme d’une poudre aux yeux symbolique qu’il faut leur jeter pour mieux leur faire admettre, sous les atours royaux, la fin du politique dans un monde devenu «  poreux  ». Et d’ajouter  : «  Non, je ne me prends pas pour un roi  ! Mais, qu’on le veuille ou non […]  : la France est un pays de monarchistes régicides. Paradoxe  : les Français veulent élire un roi, et en même temps pouvoir le renverser quand ils veulent.  » Réécriture pleine de signification des trois régicides (Henri III, Henri IV et Louis XVI), dont aucun ne fut la conséquence d’un consensus populaire. Au contraire, les deux premiers furent le fait d’illuminés armés par des conspirateurs ultra-minoritaires, le troisième ouvrit sur une guerre civile. Quant aux révolutions de 1830 et 1848, elles furent imposées par une fraction de Paris au reste de la nation.

    On l’aura compris, ce qui fascine Macron, ce n’est pas la transcendance effective du souverain, interface ou non d’une transcendance divine (le sacre des rois de France). Mais le régicide. Autrement dit la mort violente du souverain. C’est qu’il se sait condamné à prendre de court les Français, s’il veut en finir, comme c’est son projet, avec l’indépendance de la nation, définitivement, dans une Europe qui aurait réglé le problème de notre rapport prétendument régicide au souverain en s’appropriant elle-même la souveraineté.  C’est une lutte à mort qui se trouve ainsi engagée contre notre liberté et que Macron est chargé de conduire, ce qu’il fait avec prudence et détermination, par petites touches, par petites victoires successives, en s’efforçant de rendre l’Europe chaque jour plus incontournable tout en nous alignant sur l’Allemagne. Il ne flatte notre goût de l’histoire que pour mieux en faire notre passé révolu, que viendront visiter par cars entiers les touristes du monde entier – et les Français eux-mêmes, devenus touristes étrangers à leur propre pays, à leur propre civilisation. Mais il sait aussi qu’il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. D’où le caractère morbide de sa fascination pour le régicide. «  Soleil cou coupé  » (Guillaume Apollinaire, «  Zones  », Alcools).   

     
  • Biographie • Bossuet en chaire et en os

     

    Par Rémi Soulié

     

    3529140815.jpgPaul Valéry disait que l'oeuvre de Bossuet (1627-1704) recèle « un trésor de figures, de combinaisons et d'opérations coordonnées ». Ce sont elles, mais tout autant celles de sa vie, que Joël Schmidt et Arnaud Odier mettent en évidence dans leurs biographies de l'Aigle de Meaux.

    On y suit l'itinéraire — non exempt de carriérisme — de ce brillant Bourguignon qui fut un théologien, un pasteur, un admirable écrivain animé, note l'essayiste Arnaud Odier, par « un perpétuel balancement entre l'amour de la vie contemplative et la nécessité de faction ».

    Ami de saint Vincent de Paul, prédicateur courageux qui n'hésite pas à dire son fait au roi Louis XIV, précepteur d'un Dauphin récalcitrant, membre de l'Académie française, évêque de Meaux, l'« oracle de l'Eglise gallicane » et gardien sourcilleux de l'orthodoxie catholique ferraille avec conviction, mais sans brutalité aucune contre le protestantisme, le jansénisme et le quiétisme, armé d'une piété d'ordre métaphysique », écrit l'historien Joël Schmidt par quoi il « entend s'abandonner à Dieu, l'Absolu et le Parfait ».

    Plus étonnante est « la hargne » qu'il manifeste contre ce « péril public » qu'est le théâtre, surtout celui de Molière et de Corneille, coupable de mettre en scène des passions condamnables entretenant la convoitise et la « concupiscence de la chair ». A le lire, la chaire n'en est pas dénuée non plus, et c'est heureux.   • 

    * * * BOSSUET, de Joël Schmidt, Salvator, 304 p., 22 €.
    * * BOSSUET, LA VOIX DU GRAND SIÈCLE, d'Arnaud Odier, 192 p., 14 €.

    Figaro magazine, 3.11

  • Histoire • La Révolution russe, cent ans après

     

    Par Jean Charpentier

    Il n’est pas possible de gommer l’événement. Mais pour le gouvernement russe, la chose est entendue  : 1917 ne doit pas être une pomme de discorde  ; il faut réécrire un roman national dans lequel la révolution d’Octobre n’est qu’un chapitre parmi d’autres.

    Le 7 novembre 1917 (25 octobre du calendrier julien), les bolcheviks organisent un coup d’État à Petrograd contre les républicains et prennent le pouvoir. Quelques jours plus tard, Lénine est à Moscou. La Russie bascule dans le communisme et dans la guerre civile. Pour l’Occident, l’événement provoque une seule inquiétude  : le nouveau pouvoir va-t-il faire la paix avec l’Allemagne comme le proclament les slogans révolutionnaires  ? «  La paix et du pain  !  » Dans un premier temps, la révolution d’Octobre est vue comme un épisode compliqué de la Grande Guerre. Très vite, le nouveau pouvoir manifeste deux caractéristiques  : une intransigeance violente à l’égard de l’ordre ancien et sa prédisposition à la révolution universelle. À partir de 1917 se met en place l’idéal rousseauiste du contrat social revisité par Marx et Lénine, l’application par la force d’un contrat social fondé sur l’abolition de la propriété privée et la disparition nécessaire des classes sociales et des superstructures économiques, politiques ou culturelles qui en sont les produits. Bref, «  du passé faisons table rase  », comme le proclame L’Internationale. Mais la révolution d’Octobre n’est pas seulement un phénomène russe, il est mondial. En Russie, les communistes éliminent toute opposition avant de mettre en œuvre la création d’une société sans classe et d’un homme nouveau. De 1917 à 1953, le pays creuse un puits sans fond où s’entassent des millions de cadavres. Après s’installe un «  totalitarisme  » mou. Sous Brejnev, on parle de «  socialisme réel  », c’est-à-dire un consensus tel qu’il n’est plus besoin de tuer.

    Le modèle s’exporte

    À l’extérieur, le modèle s’exporte. La Révolution mondiale est à l’ordre du jour. Le Komintern (la IIIe Internationale) y veille depuis Moscou. La prise du pouvoir par un groupe professionnel installant la «  dictature du prolétariat  » est possible. À Budapest, à Munich, à Berlin, à Vienne, en Finlande, les communistes répètent le scénario russe  ; les exécutions «  nécessaires  » ponctuent l’événement. En Italie, en France, en Belgique, des grèves insurrectionnelles marquent le retour à la paix. La guerre révolutionnaire s’étend en Pologne, dans le Caucase, en Extrême-Orient. La réaction ne se fait pas attendre face à la Révolution. En Italie, le fascisme de Mussolini, en Allemagne, le nazisme d’Hitler sont des réponses radicales et terribles à la menace. En Chine, au Mexique, le communisme a sa part dans les guerres civiles. En Espagne, «  trotskystes  » et «  staliniens  » se partagent les meurtres de masse. Après 1945, le phénomène se greffe sur les indépendances, en Indochine, en Corée, en Afrique, au Moyen-Orient. En Chine, des millions de morts suivent la victoire de Mao, cadre formé à Moscou. Au Cambodge, un génocide invraisemblable est commis au nom de Marx. En France le Parti communiste a sa fournée de spectres, depuis sa compromission avec les nazis en 1940 jusqu’aux meurtres en série après 1944. Reste l’espoir déçu d’un monde meilleur qui s’écroule en 1991 avec la disparition de l’URSS.

    Que faire du centenaire d’Octobre  ? Pour la Russie contemporaine, la chose semble simple. La commémoration doit se faire a minima. Il n’est pas possible de gommer l’événement mais il n’est plus fondateur. Désormais, 1917 n’est plus l’aube d’une ère nouvelle. Il s’agit de replacer «  les révolutions russes  » (Février et Octobre) dans un temps plus long, un contexte. Les Russes redécouvrent la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle. Les tensions sociales ne sont pas absentes (crise de 1905) mais la modernisation du pays est prise pour ce qu’elle apparaissait alors  : un progrès. Pour la suite, comme l’affirmait Narychkine, président de la Société russe d’histoire (et ancien responsable des services secrets) devant une assemblée internationale d’historiens en septembre dernier, la Révolution ne doit pas être interprétée avec manichéisme. C’en est bel et bien fini de la lecture marxiste de l’histoire russe.

    Une histoire à la Michelet

    Pour le gouvernement russe, la chose est entendue  : 1917 ne doit pas être une pomme de discorde. Il faut réécrire un roman national dans lequel 1917 est un chapitre. Tout cela va dans le sens d’une concorde civile retrouvée. L’enjeu est la cohésion du pays  ; Octobre était bâti sur l’idée de la lutte des classes (Lénine), il avait avivé aussi le principe des nationalités (Staline), il a fait le pari de la guerre civile (Trotsky). De tout cela, le pouvoir actuel ne veut pas. En même temps se reconstruit une identité nationale plus ou moins bien bricolée sur un patriotisme ombrageux.

    Aujourd’hui, tous les musées russes proposent une commémoration de 1917 mais en mettant en valeur l’innovation esthétique post-révolutionnaire. Il en est de même dans la programmation musicale. Les colloques académiques se multiplient. Mais la chose est claire, 1917 est désormais un épisode de l’histoire russe, il n’est plus un moment fondateur, clivant. Cela permet de remettre dans l’histoire l’émigration russe ostracisée depuis l’origine. L’Empire, comme régime, a cessé d’être “diabolisé”. Et si Nicolas II fait débat, c’est aujourd’hui à propos d’un film relatant ses aventures de jeune prince avec une actrice. Si quelques défenseurs d’une sainteté rétroactive du dernier empereur se laissent aller à perturber des représentations du film Matilda, l’Église et le gouvernement tentent un retrait prudent de la polémique.

    Définitivement, les étoiles d’Octobre se sont éteintes. Il n’y a même pas eu nécessité de faire appel à un Méline besogneux ou un Combes atrabilaire, ces médiocres petits bourgeois français, tueurs d’espérance depuis leur salle à manger. Sans doute la Russie a-t-elle besoin de construire une histoire nationale à la Michelet. Les dirigeants actuels savent utiliser l’argument historique, même tordu, pour avancer les pièces de leur jeu en Ukraine ou dans les pays baltes. Mais, au fond, qu’importe. En face, on joue avec les mêmes pièces mais d’une autre couleur. Ce qui est important, c’est que 1917 ne soit pas un sujet de discorde interne. Les revues d’histoire dans les kiosques font la part belle à toutes les figures de la période, face claire, face sombre. Dans ce jeu de l’apaisement, Lénine y perd, Staline y gagne (et le Goulag, hélas) mais aussi Witte, Stolypine, etc.

    L’an prochain ce sera la commémoration de l’extermination de la famille impériale et de ses serviteurs. Le sujet est d’importance. La France n’aura pas le beau rôle à commencer par Clemenceau. La Russie, par ses offensives, a sauvé la France en 1914 et en 1916. Les républicains anticléricaux voulaient cette alliance contre-nature dont une partie de l’élite russe ne voulait pas. À l’occasion, le tsarévitch Alexis fut promu dans l’ordre de la Légion d’honneur, espérons que Macron s’en souvienne. C’est le sang de dizaines de millions de Russes, dont celui des Romanov, qui a payé le maintien au pouvoir de ces petits bourgeois qui «  bouffaient du curé à chaque repas  » tout en levant leur verre à 1789, l’an 1 de “leur” humanité…  •