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Idées, débats... - Page 431

  • Dédié aux nigauds indignés : où 2 auteurs célèbres dédicaçaient leurs livres à Maurras : ici Cocteau et De Gaulle ...

     

    Posté par Stéphane Blanchonnet sur les réseaux sociaux. Dans la bibliothèque de Charles Maurras, il y a des centaines d'autres dédicaces de toute l'intelligence française du siècle écoulé ...

  • Famille de France • Le le prince Jean de France reçoit Stéphane Bern et l’équipe de « Secret d’Histoire »

     

    3589780.jpgVendredi 19 janvier, le Dauphin de France a reçu au Domaine royal de Dreux, Stéphane Bern et l’équipe de l’émission « Secrets d’Histoire » pour un tournage consacré au roi Louis-Philippe et à son épouse la reine Marie-Amélie.

    L’émission, présentée par Stéphane Bern, fera découvrir ou redécouvrir au plus grand nombre le joyau du Domaine royal de Dreux : la Chapelle royale Saint Louis, « On présentera les tombeaux, on racontera les lieux, on descendra dans la crypte. Il y a ici toute une famille qui a représenté un moment de notre histoire et qui continue de l’écrire. »

    Interviewé par les journalistes de l’Écho Républicain, le célèbre animateur a annoncé que lors de cette émission, il fera une révélation sur Louis-Philippe et son domaine de Dreux…Le secret sera révélé lors de la diffusion de l’émission sur France 2, au printemps…  

    Source La Couronne

  • Livres • Ernst Jünger et la vie magnifique

     

    Par Rémi Soulié

     

    R. Soulié.jpgLECTURE - Luc-Olivier d'Algange a publié, Le Déchiffrement du monde : La gnose poétique d'Ernst Jünger, aux éditions de l'Hamattan. Rémi Soulié nous invite à découvrir cette méditation sur le Temps, les dieux, les songes et symboles. 

    Les poètes sont de singuliers alchimistes qui tendent moins à transformer en or les métaux vils qu'à montrer (au sens de la monstration) la beauté de l'être derrière le fatras plus ou moins informe des temps. Telle est la vocation de Luc-Olivier d'Algange, qu'il illustre dans ses poèmes, ses essais — qui sont aussi des poèmes — et dans sa vie — qui en est un aussi tant nous la savons contemplative, accordée aux œuvres, aux heures et aux saisons. 

    Ernst Jünger, dont on célébrera en 2018 le vingtième anniversaire de la disparition, compte de longue date au nombre de ses intercesseurs, de ses compagnons de songes et d'exactitudes, lesquels ne sont séparés que par des esprits obtus, ennemis de la nuance et des nuages - le mot est le même -, bref, des esprits modernes oscillant entre fanatisme et relativisme, avers et revers de la pendeloque nihiliste, la pendeloque désignant aussi l'excroissance de peau que les chèvres portent sur l'avant du cou.

    Comme il n'est de voyage qu'initiatique et de pèlerinage que chérubinique, Le Déchiffrement du monde - dont l'alphabet, par définition, est l'invention de Novalis, entre Saïs et Bohême -, publié dans la superbe collection Théôria, dirigée par Pierre-Marie Sigaud aux Éditions L'Harmattan, est une carte où lire la géographie d'un esprit, d'un cœur et d'une âme, non sur le mode universitaire, scientifique et technique, mais sur celui, musical, qui convient aux muses orphiques, celles-là mêmes que Philosophie, hélas, congédie au début de la Consolation de la philosophie de Boèce mais que Métaphysique, dans l'œuvre de d'Algange, réintroduit prestement. Il ne faut pas non plus s'attendre à une lecture politique ou, a fortiori, idéologique de l'œuvre de Jünger : place à une lecture de haute intensité, à un discours de la méthode, à une herméneutique infinie comme le monde fini !

    Le « vaisseau cosmique » dans lequel nous sommes embarqués et dont nous sommes convoie en effet aussi bien les galaxies que les cicindèles, les unes et les autres correspondant analogiquement entre elles en vertu de la loi des gradations elles-mêmes infinies et d'une gnose héraldique où le visible est l'empreinte de l'invisible. Nous sommes parvenus à un point tel de l'involution que très peu, c'est à craindre, reconnaîtront là leur pays.

    Ce livre, comme tous ceux de Luc-Olivier d'Algange, est donc écrit pour les « rares heureux » stendhaliens ou ceux qui forment les pléiades des « fils de roi » chers à Gobineau — fort heureusement, leurs privilèges se transmettent à quiconque (déserteurs gioniens, rebelles et anarques jüngeriens…) échappe au règne titanique et despotique de la quantité. Dans sa Visite à Godenholm, citée par d'Algange, Jünger évoque d'ailleurs ces « petits groupes » qui, dans les déserts, les couvents et les ermitages, rassemblent des irréguliers, stoïciens et gnostiques, autour de philosophes, de prophètes et d'initiés gardant « une conscience, une sapience supérieure à la contrainte et à l'histoire. »

    En dix chapitres — « Ernst Jünger déchiffreur et mémorialiste », « Le nuage, la flamme, la vague », « L'art herméneutique », « Le regard stéréoscopique », « L'œil du cyclone : Jünger et Evola », « Le songe d'Hypérion: Jünger et Hölderlin », « De la philosophie à la gnose », « La science des orées et des seuils », « L'Ermitage aux buissons blancs », « Par-delà la ligne » — d'Algange pulvérise la fallacieuse distinction qui oppose un premier Jünger nationaliste, belliqueux et esthète à un second, contemplateur solitaire et méditatif. Il montre - là encore, au sens de la monstration, contre les démonstrations pesantes et disgracieuses - que Jünger vécut une seule et unique expérience spirituelle dans laquelle la contemplation est action, et inversement, ce qui échappe aux modernes empêtrés dans les diableries des scissions entre le sujet et l'objet, l'un et le multiple, l'immanence et la transcendance, le temps et l'éternité, l'être et le devenir, Dieu et les dieux, etc. Voilà d'ailleurs pourquoi d'Algange n'a jamais écrit qu'un seul livre — mais c'est un chef d'oeuvre : l'art poétique et métaphysique des symboles. « L'éternel devenir de la vérité de l'être, écrit-il, surgit sous les atours de l'intemporel, à la pointe de l'instant, sur la diaprure de l'aile du moucheron, dans l'irisation de la goutte de rosée que le premier soleil abolit, nuance dans la nuance. »

    Le Cœur aventureux, à rebours des assurances bourgeoises, des morales puritaines et utilitaristes, du pathos humanitaire et psychologique, s'est glissé dans les contrées du monde sensible et intelligible armé de la « raison panoramique » qui, à la différence des logiques binaires ou dialectiques, embrasse ainsi la totalité et fait briller la coincidentia oppositorum que nulle analyse ne décompose. La synthèse intuitivement perçue du Tout y resplendit avec ses anges, ses papillons, ses champs de bataille, ses rêves, ses mythes, ses légendes, ses collines et ses rivages, ses formes, ses types et ses figures dont celles du Soldat, du Travailleur, du Rebelle et de l'Anarque. Tout y est subtil comme une chasse, comme une pensée qui est une pesée, « l'étymologie étant, avec les sciences naturelles, l'art héraldique par excellence. » De ce point de vue, Jünger hérite du romantisme allemand et prolonge bien sûr cette « Allemagne secrète » dont Stefan George fut le héraut inspiré.

    Dans cette miniature lumineuse qu'est Le Déchiffrement du monde, la perspective souligne les dimensions de hauteur et de profondeur où se meut naturellement et surnaturellement Jünger. L'approche y est qualitative et courtoise, comme dans un ermitage creusé dans des falaises de marbre où il serait encore possible de lire et d'herboriser — ce qui revient au même — loin des hordes forestières. C'est ainsi qu'Ernst Jünger et Luc-Olivier d'Algange nous initient à « la vie magnifique ». Magnifique, oui, le mot s'impose.  

    Rémi Soulié, écrivain, essayiste, critique littéraire, collaborateur du Figaro Magazine, est, entre autres, l'auteur de Nietzsche ou la sagesse dionysiaque, Pour saluer Pierre Boutang, De la promenade : traité, Le Vieux Rouergue.

    Figarovox du 12.12.2017

    Lire aussi ...

    Pour saluer Pierre Boutang, Rémi Soulié, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 140 pages, 21€ 

  • Cinéma • Blade runner 2049

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Blade runner 2049, une Science-Fiction américaine de Denis Villeneuve, avec Ryan Gosling et Harrison Ford. 

    C’est le 3ème film de Denis Villeneuve que j’aurais pu avoir le plaisir de voir.

    Malheureusement autant j’ai aimé les deux premiers (Sicario et Premier contact), autant celui-ci m’a fortement déplu. Il est particulièrement compliqué et j’avoue n’y avoir rien compris ; non seulement il est trop long - 2h43 ! - avec une alternance d’explosions, de violences et de gros plans, mais la fin est interminable…

    Il est vrai que les deux critiques que j’avais entendues, sur ma télé alternative, étaient  « en même temps » (comme Il dit) positives et réservées. J’ai donc été étonné qu’un 3ème critique de cette télé (je ne dénoncerai ni l’un ni l’autre) inscrive ce Blade runner 2049 en « choix n°3 » pour l’année 2017, de même qu’il figure dans les seize films sélectionnés par Télérama.

    Je le catalogue, pour ma part, dans la douzaine de films 2017 à éviter. 

    2h43 de long-métrage… ça donne le temps de réfléchir, et de s’interroger sur la science-fiction qui donne toujours une vision infernale – au sens propre du terme – de l’avenir.

    Les réalisateurs sont-ils des lanceurs d’alerte ?

    Sans doute les bisounours du « vivre ensemble », ont-ils une petite voix intérieure qui leur souffle que Non, « Tout le monde il (n’)est (pas) beau, tout le monde, il (n’)est (pas) gentil ».  

    PS : En guise d’étrennes 2018, je vous propose mon blog  Je ciné mate avec déjà une quarantaine de films. Vous pouvez vous y abonner (en bas à droite) pour recevoir automatiquement les mises à jour et surtout y retrouver d’anciennes notices grâce au bouton Recherche (je continuerai de le compléter progressivement, à votre demande, de mes « critiques » 2016 et 2017). Merci, outre vos commentaires éventuels, de m’indiquer les difficultés que vous rencontrez, les corrections nécessaires ou les améliorations à apporter à ce blog.   https://jecinemat.wordpress.com

  • Une pensée de la nostalgie ?

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Michel Serres, le philosophe bien connu, s’insurge contre la mentalité décliniste et notamment contre le slogan : « C’était mieux avant. » Il vient d’écrire un essai sur le sujet et s’en est expliqué dans une discussion courtoise avec Alain Finkielkraut à son émission Répliques sur France Culture. Il y a désaccord entre les deux académiciens, le second réclamant le droit de se plaindre de certains désagréments de l’époque. Je ne me permettrais pas d’arbitrer un tel débat qui, ne connaîtra vraiment jamais de fin. Le président Macron s’est proclamé progressiste, tandis qu’un courant d’opinion conservateur semble s’affirmer chez nous, comme rarement auparavant. Est-il assuré que le clivage progressiste-conservateur soit désormais le plus pertinent pour caractériser les enjeux intellectuels, politiques, moraux de notre temps ? Lorsqu’on veut imposer ce clivage jusque dans l’Église pour classer les évêques, voire même le Pape, d’un côté ou de l’autre, je ne suis pas rassuré.

    Et puis n’y a-t-il pas nécessaire complémentarité entre le progrès et la conservation, l’innovation et la tradition ? Ce qui compte c’est le bonheur commun, la chance donnée à l’humanité de se perpétuer en profitant au moins des progrès partiels que lui ménagent ses recherches et ses découvertes. Mais il y a quand même un problème philosophique grave qui s’interpose dans nos tergiversations. C’est celui de notre humanité même. Le progrès va-t-il lui permettre d’être fidèle à elle-même, ou l’entraîner dans des mutations qui produiront une transgression de sa nature essentielle ?

    Là-dessus je suivrais volontiers l’excellent Sylvain Tesson, qui ne se veut pas du tout progressiste et se réclame même d’une sorte de maxime d’Albert Camus : « La pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie. » Qu’on le suive ou pas sur la nostalgie, cela n’empêche pas qu’il pose la bonne question à propos de l’emprise techniciste qui prétend aboutir à une humanité augmentée, celle du transhumanisme. « Tout juste sommes-nous encore autorisés à trouver que la conversation entre l’homme et la machine est moins intéressante que le génie pur. Après tout, l’homme augmenté existe déjà : Shakespeare, Raphaël, Stravinski. » Et d’ajouter : « Je crois que je suis technophobe et j’en profite tant que ce n’est pas encore un délit d’opinion ! Cela viendra » (Figaro 22 janvier). Eh oui, cher Sylvain, il pourrait être hérétique d’affirmer que ce qu’on appelle progrès n’est pas forcément désirable.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 janvier 2018.

  • Histoire • Qui fut le « baron Roger » ?

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

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    « Roger a recueilli [au Sénégal] une tradition qui est comme l’histoire de tout un peuple ».

                           Le Mercure de France, vol. 21 , 1828

     

    Plusieurs fois, comme reporter, j’ai parcouru le Sénégal, en y lisant certains écrits, de Loti à Senghor, inspirés par cette terre qui, avant d’être française jusqu’en 1960 (le site de la future Saint-Louis fut abordé par nous dès 1638), avait été marocaine (la dynastie islamo-berbère des Almoravides se forma vers 1040 dans une île du fleuve Sénégal).  Je connus plusieurs acteurs de l’histoire moderne de ce pays, dont le président académicien Léopold Senghor (1906-2001) qui, entre autres conseils, m’encouragea à user, comme le firent Morand, Sartre ou Camus, du « beau mot de Nègre » (et ses dérivés), que des lecteurs du Monde se plaignaient de me voir utiliser… Jamais, au cours de ces étapes sénégalaises, on me parla du « baron Roger », le plus original pourtant, avec le général Faidherbe, des gouverneurs d’une colonie vétérane qui avait été représentée aux états généraux de 1789 à Versailles. 

    C’est donc récemment que j’ai eu connaissance de l’existence de Jacques-François Roger (1787-1849), dit le « baron Roger » depuis son ennoblissement sous la Restauration, gouverneur du Sénégal (1821-1827) et écrivain colonial (Kélédor, histoire africaine et Fables sénégalaises), et cela grâce aux travaux d’une remarquable africaniste indienne francophone, Kusum Aggarwal (1), universitaire à Delhi, docteur de Paris-IV, qui s’est penchée sur ce personnage délaissé au point d’être « oublié » même dans le répertoire de l’Académie des sciences d’outre-mer, Hommes et destins… Au moment de la décolonisation, le baron fut quand même redécouvert un instant et même comparé à André Gide ou Albert Londres pour sa lucidité sur l’Afrique noire. 

    220px-Jacques-François_Roger.jpgProtégé par la future bienheureuse Mère Anne-Marie Javouhey, fondatrice en 1807 des moniales missionnaires de Saint-Joseph de Cluny, et quoique, dit-on, franc-maçon voire républicard, Roger fut nommé en 1819 « gérant de l’Habitation royale » (ferme modèle), située près de Saint-Louis-du-Sénégal, la colonie venant d’être rendue à la France par les Anglais. Il s’y activa si bien qu’il fut bientôt bombardé gouverneur du territoire. Travailleur, imaginatif, bâtisseur (sa « folie » à Richard-Toll a été classée en 2016 au patrimoine national sénégalais), Roger fut populaire parmi les colons et les indigènes (il en épousa une, et leur postérité serait toujours présente au Sénégal) car il innova utilement en matière agricole : son jardinier, Claude Richard, a donné son nom à Richard-Toll, « le jardin de Richard ». Malade, Roger dut rentrer en métropole où il devint ensuite député du Loiret jusqu’à sa mort du choléra en 1849 ; il milita à la fois comme « coloniste » et comme « abolitionniste » (de l’esclavage) à la façon d’un Alexis de Tocqueville. Ses publications de 1828, en France, sur le Sénégal, montrent un intérêt réel pour ce que Senghor nommerait plus tard la « Négritude ». La spécialiste hindoue du baron a pu écrire qu’il fut « le premier à dépasser une conception strictement occidentale du continent noir » ; bref, « le Nègre de Roger n’est pas un sauvage inculte », précise-t-elle, un peu à la manière de Senghor.   

    Lire : Kelédor et Fables sénégalaises, textes de Roger publiés en 1828 et réédités par l’Harmattan à notre époque. 

    (1) Voir notamment  le n°1 des Cahiers de la Société internationale d’étude des littératures de l’ère coloniale (SIELEC), association universitaire fondée en 1999 à Montpellier, Ed. Kailash, Pondichéry et Paris, 2003

  • Exposition • « América ! La maison d’Orléans et les États-Unis » au château de Chantilly

     

    Du 15 mars au 30 juin 2018, le cabinet des Livres du château de Chantilly accueillera l’exposition « America ! La Maison d’Orléans et les États-Unis (1778-1895) ».

    Cette exposition documentera  les liens très forts qui ont existé, sur quatre générations, entre l’une des principales dynasties européennes et la patrie de Washington depuis la guerre d’indépendance jusqu’aux lendemains de la guerre de Sécession. 

    Parmi les documents exposés, en provenance de Chantilly, de Cornell University, du musée de Blérancourt, de la Fondation de Chambrun/La Fayette (La Grange), et de la Fondation Saint Louis/Archives nationales, on trouvera notamment : deux pamphlets contre le duc de Chartres minimisant et ridiculisant son rôle dans le combat d’Ouessant (1778), les carnets de voyage aux États-Unis du jeune Louis-Philippe, ainsi que son portrait par un de ses frères, réalisé à Philadelphie en 1797, une carte des États-Unis offerte en 1807 par Louis-Philippe, duc d’Orléans, à son futur aide-de-camp Rohan-Chabot, qui l’annota lors de son séjour dans la région de Grands lacs, une lettre du duc d’Aumale (mars 1848) dans laquelle il déclare « Je serai probablement citoyen américain… je défricherai et vivrai de mon travail », son exemplaire de « La Case de l’oncle Tom » (by the little woman who started the great war, selon la phrase de Lincoln), les aquarelles du prince de Joinville et les photographies du comte de Paris relatives à la guerre civile américaine (1861-1865), divers documents relatifs à l’édition américaine de l’ouvrage du comte de Paris « The History of the Civil War in America » et une photographie du comte de Paris à Gettysburg, prise en 1890 et illustrant l’avènement du « tourisme de champ de bataille ».    (Source : Domaine de Chantilly)

  • Cinéma • Le Lion est mort ce soir

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Le Lion est mort ce soir, une comédie dramatique française de Nobuhiro Suwa, avec Jean-Pierre Léaud et Pauline Etienne. 

    Quoniam nominor Leo.

    Certes il s'appelle Léaud , mais seulement Jean dans le film ; certes, il y a la dernière image ; il n'en reste pas moins que le Lion et la chanson, dans le scénario et dans le titre, apparaissent comme tirés par la crinière, et Dominique Bourcier a bien raison dans Présent de dire l’ « allure de cabotin » de l'acteur.

    « et la raison,

    C’est que je m'appelle lion :

    À cela l’on n'a rien à dire ».

    Alors, où se situe l'intérêt du film ?

    Dans le décor, et ce fut une surprise, quasi « divine », venant de ce réalisateur japonais !

    Au bout de quelques minutes, nous voilà dans le port de La Ciotat avec son ancienne mairie, son quai, ses bateaux...

    Tandis qu’il y a quelques mois L’Atelier a fait sa pub sur la ville que l’on ne voyait pourtant que furtivement, ce long-métrage nous y promène, dans la rue des Poilus où Jean fait ses courses chez notre marchand habituel (5 fruits et légumes par jour), devant la fontaine de la place Sadi Carnot, et encore dans de nombreuses autres petites rues comme Fougasse ou Gueymard,..

    Le clou du spectacle enfin, la Villa d’Arcy où se joue le principal de l’action, et dans laquelle nous avons des souvenirs pour être allé enfant, adolescent et même il y a quelques années. Elle a d’ailleurs déjà été mise en scène, mais beaucoup plus brièvement, pour un téléfilm de 1990, Trahie. 

    Michel Simon, en son temps, avait aussi une villa à La Ciotat, et je me rappelle, petit, l’avoir vu en ville… Il avait, comme Jean-Pierre Léaud, le physique de l’emploi, et je l’imagine très bien dans ce film en tenir le rôle… mais ce Lion-là est bien mort… Est-ce pour cela que La Ciotat fait partie des soixante communes en France dont un maire, stupide, a signé un arrêté interdisant les représentations de cirque avec des animaux sauvages ?

    Curieux qu’il ait autorisé le tournage de ce film !    

  • Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [4]

    Guerre des sexes ?

     

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    Fabrice Hadjadj publie un recueil de chroniques où il mêle des réflexions inspirées de la vie quotidienne sur le sexe, la religion, la technique et le travail. Entre Houellebecq et Chesterton, il nous livre une profonde critique de l'époque ... Ces réflexions sont importantes et ne sont pas à prendre à la légère. Elle traitent de l'essentiel, de l'avenir de notre société et des personnes qui lui appartiennent par la naissance et par la tradition. Nous publions ces réponses de Fabrice Hadjadj à Eugénie Bastié [Figarovox, 21.12.2017] comme une suite, en plusieurs journées. Lafautearousseau

     

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    Vous terminez votre recueil par un «conte de Noël». À l'heure où la consommation a pris le pas sur le rite, quel sens peut encore avoir cette fête chrétienne ?

    Nous en arrivons à la consommation des siècles. Notre système est très fragile. La collapsologie est devenue une science très en vogue. La dinde aux marrons peut grossir jusqu'à nous boucher la vue, le fait est là : la pie-grièche à ventre rose disparaît du territoire français. Nous n'en sommes qu'au début de la disparition des espèces et des énormes flux migratoires consécutifs au réchauffement climatique.

    Le black-out n'est pas loin qui éteindra toutes les illuminations des artères commerciales : heureux ceux qui auront encore des bougies ! Quant aux cyborgs, qu'on nous présente comme des immortels, ils ne trouveront plus à recharger leurs prothèses ou à changer leurs pièces, et ils tomberont en panne.

    En fait, je ne suis ni décliniste ni progressiste. Je suis très simplement apocalyptique. Nous sommes les premières générations à être assurées non seulement que « les civilisations sont mortelles », comme disait Valéry, mais que l'espèce humaine est vouée à l'extinction - à plus ou moins long terme.

    Quel est le sens de cette certitude ? Et pourquoi continuer, dès lors, avec l'aventure humaine ? Il faudra bien, une fois que les écrans ne s'allumeront plus, que l'on se pose pour de bon la question. Alors on apercevra peut-être l'étoile au-dessus de l'étable de Bethléem: ce bébé juif qui paraît au milieu de la nuit, entre sa mère, son père, le bœuf et l'âne, l'adoration des bergers et des rois, c'est l'Éternel qui nous dit qu'il est bon d'être humain, d'avoir un corps, de travailler de ses mains, de parler du ciel à travers les simples choses de la terre, et que même si le monde devait disparaître demain - la figure de ce monde passe, dit saint Paul - il faudrait encore tenir notre poste, planter des arbres, élever des enfants, leur transmettre la poésie de la louange et de la supplication. Ce mystère de l'Incarnation sera le dernier rempart contre le transhumanisme, l'islamisme, l'animalisme, le spiritualisme et toutes les autres formes contemporaines de la désespérance.  •   Suite et fin.

    Directeur de l'université Philantropos. Il publie « Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi) », Taillandier, 352 p., 18,90 €.

     

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    Eugénie Bastié

    Journaliste Débats et opinions

    Twitter : @EugenieBastie

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [1]

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [2]

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [3]

  • Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [3]

    Guerre des sexes ?

     

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    Fabrice Hadjadj publie un recueil de chroniques où il mêle des réflexions inspirées de la vie quotidienne sur le sexe, la religion, la technique et le travail. Entre Houellebecq et Chesterton, il nous livre une profonde critique de l'époque ... Ces réflexions sont importantes et ne sont pas à prendre à la légère. Elle traitent de l'essentiel, de l'avenir de notre société et des personnes qui lui appartiennent par la naissance et par la tradition. Nous publions ces réponses de Fabrice Hadjadj à Eugénie Bastié [Figarovox, 21.12.2017] comme une suite, en plusieurs journées. Lafautearousseau

     

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    Vous êtes un grand défenseur de la différence des sexes. À l'heure où le désir est soit criminalisé par un féminisme puritain soit caricaturé par l'univers marchand, quel regard portez-vous sur les relations hommes-femmes ?

    Là encore, je ne suis pas un défenseur des sexes, je remarque simplement que j'en ai un, assez capricieux, d'ailleurs, et qui n'est pas l'autre. Si seulement nous étions encore dans la guerre des sexes, genre Lysistrata ! Mais non, ce qui se joue à cette heure c'est la concurrence victimaire et le contentieux contractuel. Je m'explique. Nous devons dénoncer le harcèlement, le viol et rendre justice, mais le mode de dénonciation qui est en cours a des soubassements néo-libéraux, qui n'ont rien à voir avec les sexes. On veut dénier l'obscurité du désir, on prétend que toutes les relations devraient se dérouler comme le contrat passé entre deux agents rationnels dont les intentions sont parfaitement transparentes. Pour éviter toute accusation éventuelle, les maris auront la prudence d'obtenir un consentement signé de leur épouse, et éventuellement de la payer pour son « travail émotionnel ». Mais ça ne marche pas comme ça. Et même ça ne marche jamais. La polarité sexuelle ne pourra jamais être réduite à un marché passé entre deux contractants. Emmanuel Lévinas disait qu'elle contenait toujours une part d'adoration et de profanation. Il faut donc lutter - d'abord en soi-même - contre la violence faite aux femmes, mais il faut aussi admettre que le désir qui pousse un homme vers une femme - et réciproquement - n'a rien à voir avec la fiction de l'agent rationnel telle que l'invente la théorie économique moderne.

    Dans l'une de vos chroniques, vous faites un lien entre terrorisme et technocapitalisme… Selon vous, la propagation de l'idéologie djihadiste trouve un terreau favorable dans la mondialisation spectaculaire et marchande ?

    L'affrontement entre consumérisme et islamisme n'est que superficiel: c'est la même forma mentis ; dans les deux cas, il s'agit d'atteindre le paradis en appuyant sur des boutons. Daech n'a rien d'un retour des prétendues ténèbres médiévales. C'est un mouvement postmoderne, constitué par des individus déracinés, qui se recrutent par Internet, qui font des selfies avec kalachnikov et des vidéos d'égorgement dans des mises en scène de série télévisée, enfin qui subsistent grâce aux pétrodollars. Leur « Dieu » ne s'est pas fait chair. Il n'est ni charpentier ni talmudiste - ce qui leur aurait donné, avec le sens du concret, un certain sens de l'humour. Le djihadisme est peut-être une réaction au vide occidental, à son absence de sens ou de transcendance, mais c'est aussi une extension de ce vide, une perte radicale de la terre, de la culture et de l'histoire.  •  A suivre ...

    Directeur de l'université Philantropos. Il publie « Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi) », Taillandier, 352 p., 18,90 €.

     

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    Eugénie Bastié

    Journaliste Débats et opinions

    Twitter : @EugenieBastie

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [1]

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [2]

  • Livres • L'opinion de Péroncel-Hugoz sur l'ouvrage d'Annie Laurent, où se côtoient la grande histoire et notre actualité quotidienne

     

    Par Péroncel-Hugoz*

     

    2222227622.jpgAvec son récent opus sur les chrétiens orientaux, notre consoeur de la presse catholique, Annie Laurent, nous donne une clé à la fois historique et contemporaine pour embrasser l'ensemble de la question  de la Chrétienté orientale, à un moment où, sauf en Egypte, avec le bloc de 10 millions de Coptes, se pose tragiquement la question de l'avenir sur place, surtout en Syrie et en Irak.

    Déjà en Turquie, la Chrétienté, naguère diverse et consistante, ne comporte plus qu'une poignée de fidèles, après tueries, expulsions, prévarications et autres exactions. Au mépris de tous ses engagements, Ankara, à ce jour, interdit toujours la ré-ouverture du séminaire grec-orthodoxe de l'archipel stambouliote des Princes.

    COMPASSION SANS PASSION

    Forte de son expérience de terrain au Levant, auteur déjà de plusieurs ouvrages sur le lancinant face-à-face Islam/Occident, Annie Laurent nous conduit avec compassion mais sans passion à la découverte du drame politico-humain qui se joue à nos portes. Les Français férus d'Histoire constateront avec nostalgie que les promesses de protection délivrée au cours des siècles aux Catholiques d'Orient par Saint-Louis, Anne d'Autriche, Napoléon III et de Gaulle ne sont plus tenues, sauf au niveau « individuel » par des associations comme SOS Chrétiens d'Orient.

    Impossible, en refermant le fort volume d'Annie Laurent, de ne pas regretter que n'ait pas été appliqué le vieux projet français du XIXème siècle de transporter vers nous (à l'époque on pensait surtout à l'Algérie française) quelques millions de chrétiens orientaux, notamment des catholiques comme les Maronites du Liban. Au lieu de cet appel à nos co-religionnaires, nous avons préféré laisser entrer à tout-va, chez nous, des millions de musulmans, notamment des Algériens qui venaient de refuser de rester français...

    Il y a aujourd'hui dix ou douze millions de mahométans dans l'Hexagone, soit autant que de chrétiens, toutes variétés confondues, dans tout l'Orient arabe...  

    Annie Laurent, Les chrétiens d'Orient vont-ils disparaître ? Une vocation pour toujours, Salvator, 2017, 22 €  

    * Péroncel-Hugoz est notamment l'auteur d'Une croix sur le Liban, 1984, Gallimard Folio-Actuel.

  • Lectures • La piraterie dans l'âme, essai sur la démocratie

     

    Par Jean-Michel DUFOUR

     

    couvcurnier_piraterie-2.jpgPourquoi recommander la lecture d'un essai sur la démocratie : la piraterie dans l'âme de J.P/ Curnier (Edition Lignes, 2017) ?

    C'est pour procéder à un bel exercice d'hygiène mentale afin d'échapper au formatage officiel de la pensée.

    En effet  le chapitre d'ouverture qui s'intitule : « ce que nous appelons la démocratie » comporte d'emblée une succession de questions pertinentes générées par le malaise ressenti face à l'écart considérable entre l'idéal qui sous-tend le mot « démocratie » et les différentes formes de réalité politique :

    - A quoi attribuer l'inexistence d'interrogations sur la forme d'organisation que suppose la démocratie ?

    - A quoi sert  réellement la démocratie ? alors qu'elle ne s'est jamais présentée comme une réponse pratique aux problèmes qui se posent à l'humanité et que l'efficacité n'est pas ce qui la caractérise le plus.

    Un début de réponse apparait si l'on considère que la démocratisation correspond à un ensemble de concessions destinées au maintien d'un minimum de paix sociale afin de ne pas entraver l'entretien d'une domination de quelques-uns. L'accord semble unanime sur l'inspiration morale de la démocratie,et cependant rien n'empêche de vouloir l'imposer par les armes. Pour s'autoriser à parler de démocratie,il suffit de constater l'existence de 3 facteurs fondamentaux :

    - disposer de médias dits « libres » (la question de leurs propriétaires et de leurs intérêts propres est toujours soigneusement occultée),

    - entretenir une totale liberté de choix et de facilités financières pour permettre une consommation débridée  (les systèmes de crédit si préjudiciables à la pensée),

    - mettre en place des élections intronisant des"professionnels de l'administration d'un état inchangé des choses (miroir aux alouettes du suffrage universel).

    La cohésion sociale, autrement dit la réduction de la fracture sociale, tient à la nécessité de produire toujours plus de richesses pour asseoir l'illusion de liberté et d'égalité proclamées. 

    La pression économique habille la démocratie et l'obligation de croissance est son talon d'Achille.

    Une donnée importante est généralement passée sous silence : Il s'agit du profond hiatus entre la vie politique « démocratique » et les règles antidémocratiques de la vie au travail.

    Un chapitre est consacré à la démocratie athénienne pour  montrer qu'elle n'est qu'un mythe moderne En réalité  c'était une forme d'oligarchie composée d'élites dont le fonctionnement s'appuyait sur l'esclavage et la prédation.

    Alors pas de démocratie parfaite ?

    Si, la piraterie du XVIIe au XVIIIe. J.P. Curnier  établit, citations à l'appui, que les codes, les règles, le fonctionnement des compagnies de pirates en font une société légaliste et égalitaire,où la démocratie repose sur l'égalité dans le travail ainsi que sur « l'autorité de la compétence ».

    La démocratie aurait-elle la piraterie dans l'âme ? 

    Bonne lecture.  

  • Cinéma • Pour distinguer trois films parmi les cent-onze que j’ai vus en 2017 !

    Silence, de Martin Scorcèse

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Chers lecteurs, 

    Difficile de me livrer à cet exercice de distinguer trois films parmi les 111 que j’ai vus en 2017 !

    Tout choix est un renoncement, et les critères diffèrent qui font discriminer telle ou telle réalisation.

    La capacité de choisir le bien étant l’essence même de la liberté, mes Césars personnels iront aux suivants :

    1. Silence, de Martin Scorcèse, sur l’évangélisation du Japon au XVIIe siècle, qui pose précisément le problème de la liberté de celui que l’on torture par victimes interposées ;

    2. Le Procès du siècle, de Mick Jackson, sur le procès d’un révisionniste, qui après Katyn, brise le tabou des vérités imposées par le Procès de Nuremberg ;*

    3. La Passion Van Gogh, de  Dorota Kobiela et Hugh Welchman, pour l’originalité de l’animation qui met en scène les peintures de l’artiste. 

    Pour alimenter votre « best of », je vous communique aussi ci-dessous les choix de trois critiques de Perles de culture sur TV Liberté :

    En numéro 3 : Blade runner 2049 ou Get out (que je n’ai pas vus) et The Square

    En numéro 2 : La Promesse de l’aube, Dunkerque et L’École buissonnière

    En numéro 1 : unanimité sur Au revoir là-haut 

    Anne Brassié rappelle enfin les films à voir en famille, de production ou distribution SAJE :

    Little boy

    Dieu n’est pas mort

    Saint Ignace

    La Rébellion cachée (docu film de Daniel Rabourdin sur le « génocide vendéen »)

    Je n’ai vu aucun de ces quatre films, mais j’y ajoute L’Étoile de Noël 

    Je termine en indiquant que personnellement, je ne considère pas 2017 comme un mauvais millésime avec près d’1/3 des films dont j’ai pu dire qu’il aurait été « dommage de ne pas le voir », ou « une excellente soirée » ou un « très bon film ».

    Espérons qu’il en sera de même en 2018, qui commence déjà bien.

    En vous rappelant le blog Je ciné mate que je viens de créer, et en remerciant ceux qui m’envoient parfois des commentaires, que je lis toujours avec beaucoup d’intérêt, ou des recommandations de films à voir ou à éviter, je vous souhaite bien évidemment une bonne année cinématographique.  

  • Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [2]

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgFabrice Hadjadj publie un recueil de chroniques où il mêle des réflexions inspirées de la vie quotidienne sur le sexe, la religion, la technique et le travail. Entre Houellebecq et Chesterton, il nous livre une profonde critique de l'époque ... Ces réflexions sont importantes et ne sont pas à prendre à la légère. Elle traitent de l'essentiel, de l'avenir de notre société et des personnes qui lui appartiennent par la naissance et par la tradition. Nous publions ces réponses de Fabrice Hadjadj à Eugénie Bastié [Figarovox, 21.12.2017] comme une suite, en plusieurs journées. Lafautearousseau

     

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    Vous prônez le retour à une vie simple, le goût du foyer et de la décroissance. Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir retourner à la bougie ou de vivre comme un amish ?

    J'aime bien les amish, je l'avoue. J'ai la naïveté de penser que cultiver la terre, se déplacer à cheval et lire la Bible en famille est tout de même mieux que de faire du trading haute fréquence, prendre le RER et consommer du . Cependant, je ne prône aucun « retour ». Je ne veux pas déserter mon poste. Si la providence m'a fait naître à cette époque, c'est pour faire avec. Marx a très bien montré que les « robinsonnades » étaient complices de la logique capitaliste : on prétend retourner à la nature, refaire le monde avec quelques vieux outils sur une île déserte, mais par là on ignore que l'homme est par nature l'héritier d'une histoire, et l'on renforce le fantasme du self-made-man.

    Alors la vie simple, oui, bien sûr, qui ne voudrait d'une vie simple, au fond ? Mais on n'y arrive pas sans drame. Ni sans composition - sans modus vivendi. Mon ton est d'ailleurs moins prescriptif que descriptif. Je ne crie pas : « Vive la décroissance ! »

    J'observe seulement que la consommation des marchandises nous a fait perdre la pratique des choses. S'il fallait me rapprocher de certains courants politiques, j'évoquerais le mouvement Arts and Crafts de William Morris, et plus encore le distributisme de Chesterton (tous deux admirés par Houellebecq, du reste). À égale distance du socialisme et du capitalisme, et de leurs monopoles d'État ou de multinationale, ils préconisaient non pas une meilleure répartition des revenus (laquelle ne conteste pas la suprématie monétaire et marchande), mais une juste distribution des moyens de production, dans un éloge de la petite propriété familiale.

    À vrai dire, c'est une vieille histoire. Elle se trouve déjà dans la Genèse. Quand Laban propose à Jacob un meilleur salaire, celui-ci lui répond : « Et moi, maintenant, quand vais-je travailler pour ma maison ? » (Gn, XXX, 30). •  A suivre ...

    Directeur de l'université Philantropos. Il publie « Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi) », Taillandier, 352 p., 18,90 €.

     

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    Eugénie Bastié

    Journaliste Débats et opinions

    Twitter : @EugenieBastie

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [1]

  • Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [1]

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgFabrice Hadjadj publie un recueil de chroniques où il mêle des réflexions inspirées de la vie quotidienne sur le sexe, la religion, la technique et le travail. Entre Houellebecq et Chesterton, il nous livre une profonde critique de l'époque ... Ces réflexions sont importantes et ne sont pas à prendre à la légère. Elle traitent de l'essentiel, de l'avenir de notre société et des personnes qui lui appartiennent par la naissance et par la tradition. Nous publierons ces réponses de Fabrice Hadjadj à Eugénie Bastié [Figarovox, 21.12.2017] comme une suite, en plusieurs journées. Lafautearousseau

     

    XVM549d0af0-e666-11e7-b1b5-c67a4b247897.jpgDans votre livre, Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi), vous chroniquez le devenir de notre humanité, menacée par l'emprise grandissante de la technique. Seriez-vous technophobe, ou pire « décliniste » ?

    En vérité, je suis absolument technophile. L'enjeu, à mes yeux, est même de sauver la technique. Car la technique n'a jamais été autant en recul qu'aujourd'hui.

    Un personnage de Houellebecq dans Les Particules élémentaires en fait l'aveu : « Mes compétences techniques sont largement inférieures à celle d'un homme de Neandertal.» Jusqu'à une époque récente, l'homme a eu des mains, organes très spirituels, de réceptivité plus que de préhension, sortes de fleurs animées capables de faire fleurir le monde, d'étoiles de chair pouvant saluer, bâtir, offrir, rayonner sur les choses. Mais l'organisation technologico-marchande a fait de nous des manchots. Le progrès technologique est le plus souvent une régression technique.

    Au lieu de jouer d'un instrument de musique, on clique sur une playlist. Au lieu de faire des choses, on les achète, grâce au salaire gagné à gérer des tableaux Excel et des présentations PowerPoint. L'innovation n'a pas besoin de moi pour être critiquée : elle suppose l'obsolescence de ses merveilles ; pour mieux nous tenir en haleine dans l'oubli de nos mains, elle ne cesse de se détruire d'elle-même.

    Supposez que j'adhère pleinement à l'idée que l'iPhone X est vraiment le gadget ultime, avec son application Face ID, qui permet de convertir votre visage en moyen de paiement: Apple m'interdira de le faire, parce qu'il y aura l'iPhone XI puis le XII, et que je dois mettre une croix sur le X. Bref, un marteau a plus d'avenir que n'importe quel smartphone. J'ai d'ailleurs un marteau et une guitare qui appartenaient à mon père (il ne m'a pas légué son Blackberry 5790). C'est donc l'hégémonie technologique qui tend à favoriser le déclin de l'humain.

    Rien n'est plus décliniste même que les espoirs du transhumanisme : son projet n'est-il pas de nous désincarner, de remplacer le logos par le logiciel, et les savoir-faire par l'imprimante 3D ? Il s'agit donc moins de tracer une limite entre bonne et mauvaise technologie que de comprendre que la technologie n'est bonne que si elle se met au service de la technique. Il est bon, par exemple, de regarder une vidéo YouTube pour redécouvrir la cuisine de grand-mère, faire un potager, coudre un vêtement ou menuiser un meuble…  •  A suivre ...

    Directeur de l'université Philantropos. Il publie « Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi) », Taillandier, 352 p., 18,90 €.

     

    picture-2563491-5qqthpj.jpg

    Eugénie Bastié

    Journaliste Débats et opinions

    Twitter : @EugenieBastie