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Idées, débats... - Page 429

  • La marchandisation du Panthéon

     

    En deux mots.jpg

    Les médias ont annoncé ces jours-ci que Simone Veil entrera au Panthéon le 1er juillet. Ils n'ont pas dit qu'elle y côtoiera un nombre impressionnant de grands hommes qui furent notoirement et parfois furieusement antisémites dont le plus illustre et l'un des plus radicaux fut Voltaire. Encore que l'Encyclopédie et en général les Lumières sur ce sujet devenu ultra-sensible, ne seront pas en reste. Si l'on considère séparément l'antisémitisme aujourd'hui le plus réel, le plus actif et le plus virulent, celui des banlieues, étranger à notre tradition, les Lumières et l'Encyclopédie sont en effet la source de l'antisémitisme moderne. 

    Leurs grands hommes qui reposent au Panthéon sur la montagne Sainte-Geneviève, seront-ils radiés de la liste des personnalités objets des diverses célébrations ou commémorations nationales ? Exclus des illustres que l'on se doit d'honorer ? Cela ferait beaucoup de monde et s'étendrait aux Invalides, jusqu'au tombeau de Napoléon. 

    Quand le Panthéon, sous la Restauration, devint ce qu'il devait être à l'origine, que la Révolution avait empêché, c'est à dire une église, l'on demanda à Louis XVIII ce qu'il convenait de faire de Voltaire, qui moquait le catholicisme. Fallait-il l'extraire du monument ? Le roi, plus sage et moins sectaire que nos modernes censeurs, répondit à peu près ceci : « il entendra les messes de tous les jours ; ce sera pour lui une punition suffisante ». Il resta au Panthéon. Autres temps, autres mœurs. La République, les modernes, sont devenus nettement plus intolérants. 

    Autre information diffusée par les médias : un appel d'offres a été lancé pour l'organisation de l'événement. La chose eût-elle été faite ou publiée du temps d'André Malraux ou même du facétieux Jack Lang ? La République doit-elle sous-traiter à une entreprise l'organisation de ses cérémonies solennelles ?  

    Nous vivons une époque moderne, le progrès fait rage, tout s'achète et tout se vend. La marchandisation du Panthéon, du moins des célébrations qu’on y organise, doit être un de ces signes à quoi se reconnaît l'accélération de nos décadences.  •

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (8)

    Photo (de gauche à droite) : Michel d'Ornano, Michel Poniatowsi, Valéry Giscard d'Estaing

     

    2293089609.14.jpgNous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

     

    2235704335.jpg1ère partie : l’Homme Masse

     

    L'ETABLISSEMENT

    La perte de l'Indochine va permettre à Edmond Giscard, relevé d'Estaing, de faire une énorme fortune. Le mécanisme est simple. La SOFFO rachète des sociétés, sucreries, raffineries, tissages, ou plantations, au moindre prix. Les propriétaires sont trop heureux de trouver un acquéreur. Edmond Giscard transformera les biens confisqués par les Vietminh en dommages de guerre, payés rubis sur l'ongle, dans les meilleurs délais. De dérogations en autorisations, ce bel argent sera investi dans l'immobilier, un marché en pleine expansion. L'abandon de l'Indochine se traduira pour la SOFFO par une augmentation du capital qui passera en 1966, à quinze millions quatre cent cinquante mille nouveaux francs. Ce qui explique l'enthousiasme des actionnaires à réélire Edmond à la présidence du conseil d'administration.

    Entre temps, les Giscard se sont fait anoblir par le conseil d'Etat, qui les autorisera à relever le nom de d'Estaing. Pour y parvenir, ils n'ont pas hésité à déshonorer leur famille de bonne bourgeoisie en lui inventant, comme ancêtre une fille de joie qui se serait fait faire un enfant par l'amiral d'Estaing. Ce qui est manière d'afficher leur appartenance à une oligarchie de déclassés. Pourtant, en dépit de cette noblesse d'emprunt, René et Edmond restent des pièces rapportées, réduits au rôle de prince consort. Dans un système matriarcal le pouvoir appartient aux femmes et celle d'Edmond, May est une personne de grande classe.

    Donc May veille. Elle pousse Edmond et, ma foi, le prince consort ne réussit pas trop mal. Les thés et les bridges avec les Georges-Picot, les François-Poncet, les d'Ormesson, les Broglie, le gratin, y contribuent. Elle se tient à sa place, au centre de la toile d'araignée qu'elle a tissée, invisible et vigilante. May est une femme d'une remarquable intelligence.

    Elle a été la collaboratrice de son père, dont elle éditera d'ailleurs les mémoires. L'argent c'est bien. Il en faut et même beaucoup. Edmond s'en occupe. Cependant, seul le pouvoir politique permet de maîtriser, dans une France, dont l'économie passe sous le contrôle de l'Etat, le profit. Cela, Bardoux l'avait compris et l'héritière a conservé la leçon.

    Mais il restait l'homme d'un autre âge. May va former l'un de ses garçons le plus doué, Valéry, dès l'enfance pour le préparer à la fonction de prince de l'Etablissement. Il faut qu'il accède, un jour, à la direction de l'Etat. Valéry sera donc élevé comme le dauphin de la République.

    Celui qu'elle nomme affectueusement Valy sort en juin de polytechnique second de sa promotion, dure déception car seul le premier est admis, sans concours, à l'E.N.A. Qu'importe. Cette année-là et cette année-là seulement, grâce à May, on en prendra deux. Ce qui lui permettra de rejoindre le cousin François entré par la grande porte, celle du concours. Valy effectuera son stage de « dépaysement » auprès du haut-commissaire pour la Sarre, Gilbert Grandval, un ami de papa. Ce qui lui permettra d'obtenir une note de stage exceptionnelle : 19 sur 20. Lors de l'examen de sortie, le jury sera présidé par François-Poncet. Que de bonnes fées se seront penchées sur le berceau du jeune prince. Il ne sortira néanmoins, qu'au troisième rang. Comme son cousin, il choisira l'inspection des finances. Qu'à cela ne tienne. Maman obtiendra du gouverneur Wilfrid Baumgartner que son fils fasse un stage à la Banque de France. Privilège insigne : son rapport de stage sera adressé à toute la promotion. Celle-ci doit savoir que le rang de sortie importe moins que les protections. Elle comprendra.

    Valy a besoin d'un mentor. Il le trouvera en la personne du prince de Broglie, qui connaîtra le destin tragique que l'on sait. Un petit groupe de gamins aux dents longues s'organise, sous la tutelle bienveillante du futur assassiné. On y retrouve Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jacques Duhamel, Jean d'Ormesson, un peu plus tard Jean-François Deniau et Claude Brossolette, qui appartiennent à une génération suivante d'énarques, dont Valy s'institue le répétiteur. Les charmants jeunes-gens se réunissent rue Pierre 1er de Serbie. L'on y discute beaucoup, l'on y boit pas mal et l'on ne dédaigne pas les jolies mannequins.

    Le jeune inspecteur adjoint des finances sera envoyé à la Trésorerie Générale d'Alger. Ceux qui l'ont connu à cette époque se souviennent d'un garçon avide de plaisirs, parfois faciles, mais aussi de relations plus financières que mondaines. Il devient urgent de le marier. Le prince de Broglie va s'en charger. Les Fabre-Luce possèdent une délicieuse filleule, Anne-Aymone Sauvage de Brantes, une jeune fille bien sous tous les rapports, ravissante, pieuse, qu'une timidité presque maladive préserve des tentations du monde dans lequel elle vit. Ce n'est pas rien, AnneAymone : elle descend du baron Schneider et sa belle-mère est née Faucigny Lucinges, noblesse du second empire, bon genre, grand chic, la crème de l'Etablissement. L'on ne donne pas une fille pareille à un paltoquet. May a bien travaillé : ses bridges, ses thés et ses petits fours ont permis le beau mariage.

    Voici Valy parvenu au sommet de l'Etablissement, dont son père n'occupait qu'un degré inférieur, dont le grand-père Bardoux n'était qu'un serviteur zélé mais maladroit. Il aura fallu deux mariages, un réseau de plus en plus serré de relations, une grosse fortune, accumulée en peu de temps, grâce aux faveurs du pouvoir. Il ne lui restera plus qu'à faire un parcours sans faute ou presque, sinon une vilaine affaire de faux bilans et de dividendes fictifs, dans laquelle se trouve impliquée la « banque des intérêts français », tout un programme, moins une banque d'ailleurs qu'une officine, qui dépend des Giscard. Le 19 décembre 1965 De Gaulle le chasse du ministère des finances et exige prompte et bonne justice. Heureusement Michel Debré, son remplaçant aux Finances, veille. Le principal accusé aura l'obligeance de se suicider, l'avocat de la partie civile, « la caisse des marchés de l’Etat », défenseur des contribuables lésés, oubliera de se présenter, à l'audience, l'affaire sera expédiée sans que le nom de Giscard ait été prononcé. Ainsi fonctionne l'Etablissement. Les socialistes le découvriront lors d'une autre affaire, celle des avions renifleurs, quand Mitterrand protégera son prédécesseur et enterrera, à la demande de Fabius, le dossier.

    Cette brève incursion dans la biographie de M. Giscard montre qu'il n'est pas le descendant de bons bourgeois auvergnats, ni même de Louis XV par la main gauche mais l'arrière petit cousin de Carnot, le petit fils d'une Georges-Picot, le cousin par alliance des Fabre-Luce et surtout l'époux d'une Schneider. Que l'on ne prétende pas que ce fut sans influence sur sa carrière. Les fils du juge ne commencèrent à s'enrichir, non plus petitement comme leurs ancêtres mais rapidement et grandement, que lorsqu'ils devinrent un Carnot et un Georges-Picot. La colonisation leur apporta et plus encore la décolonisation. Le travail, l'épargne, le goût d'entreprendre ne furent pour rien dans une fortune fondée sur des « affaires » que seules leurs relations dans l'appareil de l'Etat rendirent fructueuses. Quand ils eurent l'imprudence de violer la loi, ils trouvèrent des protections même parmi leurs adversaires politiques. Ce qui ne les empêchera pas — à charge de revanche ? — de maquiller en crime crapuleux l'exécution de l'un de leurs amis, que l'ampleur et l'audace de ses trafics rendaient compromettant.

    Grâce à Giscard l'Etablissement gouvernera directement la France. Les ministres sont choisis dans le Gotha : Poniatowski ou d'Ornano. Ce sera une grave faute, la pire qu'il ait commise en deux siècles. Il se démasquera au moment où s'ouvre une crise structurelle, que, par un étrange aveuglement, il n'avait pas prévu. Si étrange que cela ? Sans doute pas si l'on considère qu'il ne s'intéresse qu'au court terme. Lui prêter de grands desseins est absurde. Il faudrait qu'il croie dans les idées. Certes, ses membres jouent volontiers les libéraux mais dans la pratique ils sont étatistes. Pendant qu'il était aux finances, Giscard a resserré le carcan du contrôle des prix. Cette contradiction ne les gêne pas. Pourtant, du fait de son origine, l'Etablissement est révolutionnaire. Non au plan économique. Il a trop profité du capitalisme financier pour le mettre en question. Du moins à celui des mœurs. Giscard a pris le pouvoir en entonnant « le chant du départ ». Il prétendait changer la vie. Les socialistes aussi, encore que Mitterrand préfère « la marche consulaire ». On y a vu une simple habileté, le désir de flatter le goût du changement des Français. Giscard était sincère, même s'il entrait une part de calcul. L'Etablissement a horreur de l'ancienne France. Il est né de la négation de ses valeurs religieuses et morales. Mammon est son dieu, un dieu jaloux qui ne souffre pas le partage.

    Plus qu'aucun chef d'Etat, Giscard a contribué à détruire la famille : libéralisation de l'avortement, révolution contraceptive, majorité à dix-huit ans, divorce par consentement mutuel, égalité des droits entre les enfants adultérins et les légitimes, fiscalité qui avantage les concubins. Cela servait la consommation de masse. Le sexe fait vendre. Il y avait davantage, l'Etablissement réduit l'homme à sa fonction économique. Il n'est qu'un producteur et qu'un consommateur. Aussi convient-il de dissoudre les solidarités familiales mais aussi le patriotisme local, et l'identité nationale, déraciner l'homme dans un perpétuel brassage des populations et des cultures. Quand le gouvernement attire les familles d'immigrés sous un prétexte humanitaire, il poursuit un objectif économique : mieux vaut que les immigrés consomment leurs revenus sur place plutôt que d'en expédier le principal aux leurs, restés au pays. Cela fera marcher le commerce. Cet objectif prosaïque en dissimule un autre : massifier la culture. Enfants de Français et fils d'immigrés trouvent un langage commun dans une culture cosmopolite, d'origine américaine : le rock, et ses dérivés, la bande dessinée, des séries de télévision comme Dallas. Il est évident que la famille, conservatoire des traditions, devient un obstacle tout comme l'attachement aux solidarités familiales et à la terre natale contrarient la mobilité de l'emploi. Il ne s'agit pas de faire des migrants des Français mais de faire des Français des migrants dans leur propre pays. Cela vient de loin. Barrès déjà dénonçait les déracinés.

    Pendant les 23 ans de gouvernement de la France par l'Etablissement, de façon mitigée sous le règne de Charles de Gaulle et ouverte du temps de Giscard, le processus de massification de la production puis de la consommation ne fut pas compensé comme il aurait dû l'être par une politique de protection de la famille, de décentralisation, de renforcement de l'identité culturelle. Ce fut le contraire. Les forces de résistance, nécessaires, fut-ce pour l'équilibre psychique de l'individu, furent méthodiquement démantelées avec pour conséquences la drogue, l'alcoolisme, la pornographie, la petite délinquance. Les immigrés en souffrirent autant que les Français. Imagine-t-on le chagrin d'un père marocain dont les filles revendiquent une liberté sexuelle qui abolit du jour au lendemain un millénaire de traditions coraniques ?

    Il s'agit d'un plan conduit de façon méthodique. L'on prétend que la loi n'a fait que s'adapter à l'évolution des mœurs. C'est l'inverse que l'on constate quand la libéralisation de l'avortement fut imposée, 70 % des Françaises lui étaient hostiles. L'historien s'aperçoit d'ailleurs que l'Etablissement n'a régné sans partage qu'à trois reprises, sous le Directoire, pendant l'Empire autoritaire, de 1851 à 1860, durant le septennat de Giscard. Ce furent trois périodes de dissolution morale. Est-ce un hasard ? Une couche sociale — il ne s'agit pas d'une classe mais d'une coterie — qui tient sa puissance de la corruption ne peut imaginer qu'une société à son image. Néanmoins, il lui fallait un bras séculier. Le prolétariat intellectuel le lui fournira.     

    A suivre  (A venir : Mai 68 : la révolution du prolétariat intellectuel)

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    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray :    

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (7)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Société & Littérature • Michel Déon sans sépulture à Paris ? Antigone recommencée

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Étienne de Montéty a révélé cette étrange histoire dans Le Figaro. L’écrivain Michel Déon, membre de l’Académie française, se trouve privé de sépulture. Sa fille qui détient les cendres de son père, n’a pas obtenu de la mairie de Paris l’autorisation de les inhumer dans un cimetière de la capitale. Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de la Compagnie, n’a pas eu plus de succès auprès d’une autorité inflexible. Pénélope Komitès, adjointe chargée des affaires funéraires, affirme qu’elle n’a pas le droit de transiger avec les règles fixées par le code général des collectivités territoriales. Celles-ci exigent pour l’obtention d’une sépulture que la personne défunte soit domiciliée sur le territoire de la commune, ou à défaut qu’elle y dispose déjà d’une tombe, ou encore qu’elle soit inscrite sur les listes électorales. Michel Déon ne satisfaisant à aucune de ces conditions, la stricte égalité républicaine exigerait un refus sans équivoque à la requête de sa fille et de l’Académie française.

    antigone_deon_creon_hidalgo-570x300.jpgMais de bons juristes objectent à cet interdit que les conditions indiquées par Mme Komitès n’excluent nullement la possibilité d’une dérogation. Certes, lorsqu’elles ne sont pas remplies, la commune a la possibilité d’imposer son refus, mais elle peut parfaitement accepter, elle est libre de le faire. L’objection n’a pas troublé Anne Hidalgo qui a acquiescé aux raisons invoquées par son adjointe. Mme la maire de Paris a-t-elle entendu parler d’une certaine Antigone, l’héroïne de Sophocle, une des figures majeure de la tragédie grecque ? Sinon, on lui conseille très vivement de se faire communiquer la pièce dans une des excellentes bibliothèques de la capitale. Le centre Beaubourg tout proche de l’Hôtel de ville se ferait un honneur de lui rendre pareil service.

    Car la fille de Michel Déon est bien dans la situation d’Antigone. Antigone ne plaidait pas pour la sépulture de son père, mais pour celle de son frère. Le tyran Créon s’y opposait, invoquant lui aussi les lois de la cité. Mais Antigone résista de toute son âme, invoquant, pour reprendre les termes d’un écrivain cher au romancier, « les dieux de la religion, les véritables lois fondamentales de la Cité, les sentiments de la Cité vivante ». On vous en supplie, Mme Hidalgo, ne vous mettez pas dans la fâcheuse posture du tyran Créon, accueillez au plus vite la requête d’Antigone.    

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 février 2018

  • Cinéma • Vers la lumière

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Vers la lumière, un drame de Naomi Kawase, avec Ayame Misaki 

    Il y a deux ans exactement, après ne pas avoir goûté Les Délices de Tokyo, de la même réalisatrice, j’avais dit que je ne me japonerai pas au cinéma asiatique…

    Je récidive, et je récidive d’autant plus que ce scénario Vers la lumière est encore en-deçà du précédent, et ladite lumière n’éclaire même pas les quelques jolies photos éparses au milieu des Délices. 

    Ce film, en outre, cultive le paradoxe qui nous emmène dans l’univers des « malvoyants » dans le cadre de la réalisation d’un film en « audiodescription ».

    J’avoue que cette expression m’intriguait, que j’ai maintenant parfaitement comprise. L’aveugle ne pouvant pas voir les images qui défilent sur l’écran, l’audiodescription consiste précisément à les lui décrire, les lui commenter, les lui faire ressentir et surgir dans son imagination.

    Dommage, une fois encore, que la réalisatrice n’ait pas eu, pour son long (et très lent) métrage, l’idée lumineuse de  mettre cette audiodescription en pratique, au lieu de nous imposer  un sous-titrage à la fois rapide et ennuyeux. 

    Je dois dire que le critique Frédéric Pic, sur TV Liberté, avait insisté sur la difficulté d’entrer dans le film…

    Moi… Je n’y suis pas entré.   

    PS : Je vous propose mon blog  Je ciné mate avec déjà une quarantaine de films. Vous pouvez vous y abonner (en bas à droite) pour recevoir automatiquement les mises à jour et surtout y retrouver d’anciennes notices grâce au bouton Recherche (je continuerai de le compléter progressivement, à votre demande, de mes « critiques » 2016 et 2017)Merci, outre vos commentaires éventuels, de m’indiquer les difficultés que vous rencontrez, les corrections nécessaires ou les améliorations à apporter à ce blog.   https://jecinemat.wordpress.com

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (6)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (5)

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Prince Jean de France : « Un livre plein de sagesse »

     

    Le Jugement de Salomon

       

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    Publié le 25 novembre 2017 - Réactualisé le 15 février 2017
     
    Je suis tombé ces jours-ci sur ce texte du Livre de la Sagesse. Il m’a semblé d’actualité.
     
    Je n’y ajoute aucun commentaire et vous en laisse la lecture.  
     
     
     
    « Écoutez, ô rois, et comprenez ;
    instruisez-vous, juges de toute la terre.
        Soyez attentifs, vous qui dominez les foules,
    qui vous vantez de la multitude de vos peuples.
        Car la domination vous a été donnée par le Seigneur,
    et le pouvoir, par le Très-Haut,
    lui qui examinera votre conduite
    et scrutera vos intentions.
        En effet, vous êtes les ministres de sa royauté ;
    si donc vous n’avez pas rendu la justice avec droiture,
    ni observé la Loi,
    ni vécu selon les intentions de Dieu,
        il fondra sur vous, terrifiant et rapide,
    car un jugement implacable s’exerce sur les grands ;
        au petit, par pitié, on pardonne,
    mais les puissants seront jugés avec puissance.
        Le Maître de l’univers ne reculera devant personne,
    la grandeur ne lui en impose pas ;
    car les petits comme les grands, c’est lui qui les a faits :
    il prend soin de tous pareillement.
        Les puissants seront soumis à une enquête rigoureuse.
        C’est donc pour vous, souverains, que je parle,
    afin que vous appreniez la sagesse
    et que vous évitiez la chute,
        car ceux qui observent saintement les lois saintes
    seront reconnus saints,
    et ceux qui s’en instruisent
    y trouveront leur défense.
        Recherchez mes paroles, désirez-les ;
    elles feront votre éducation. »  

     

    Jean de France, duc de Vendôme
    Domaine Royal de Dreux le 25 novembre 2017

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    Vitrail de la Chapelle Royale de Dreux

    Le site officiel du Prince Jean de France

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (4)

    La production automobile de masse

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Maurras : censure républicaine

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Maurras est censuré ! Comme du temps des Boches ! Le livre des commémorations nationales de l’année 2018 a été expédié au pilon pour avoir comporté l’annonce du 150e anniversaire de la naissance de l’écrivain et poète martégal : 20 avril 1868.

    Mme Nyssen, ministre de la Culture, a obtempéré sur le champ à l’ordre venu de politiciens en mal de célébrité et d’officines stipendiées qui sont, comme on ne le sait que trop, les hauts lieux magistériels de la République. Question de foi et de morale : un citoyen n’a pas le droit de penser en dehors du dogme défini et encore moins d’oser regarder au-delà de la règle que lui assigne ledit Magistère.

    L’index est là qui maintient en Enfer ceux qui ne doivent pas en sortir. Non, même pas le purgatoire dont ils risqueraient de se libérer ! Là, c’est définitif. Maurras, c’est le Mal absolu. Comment et pourquoi a-t-il été possible de seulement envisager une telle célébration ? Voilà donc que le Comité des célébrations avec ses sommités a été convoqué à comparaître devant la haute autorité ministérielle pour répondre d’une telle négligence ou, pire, de l’audace d’un tel crime. Nous sommes en 2018 ! Il faut le faire.

    Rappelons, pour les sots qui jouent à l’autorité religieuse et qui prétendent nous régenter, que François Mitterrand plaçait Charles Maurras parmi ses auteurs préférés. Il l’écrit à Anne Pingeot, lettre intéressante que personne n’a jamais citée et où il exprime ses préférences littéraires : de Barrès à Montherlant, en passant par Chardonne et en n’oubliant pas Maurras dont il avait fréquenté l’œuvre, et plus que fréquenté ! Evidemment ! Mitterrand était tout, sauf un cuistre.

    Pompidou, l’un de nos présidents cultivés, non seulement citait Maurras, mais, à la grande fureur des butors de la Gauche salonnarde, lui rendait hommage : dans Le nœud gordien, dans son dernier discours à Sciences-Po. Il considérait le Kiel et Tanger de Maurras comme un livre majeur pour la compréhension de la politique extérieure française. Lequel de nos censeurs ignares en connaît même le titre ? Charles de Gaulle avait dans sa bibliothèque les œuvres de Maurras et n’a pas manqué avant guerre de lui dédicacer ses livres. André Malraux, jeune homme, donnait une préface chaleureuse à Mademoiselle Monk de Charles Maurras.

    Avant-guerre, pas un écrivain, pas un homme d’esprit, à l’exception de quelques envieux, qui ne se flattât d’avoir une relation avec l’écrivain de style puissant et le penseur de haute volée : de Barrès à Anatole France, de Proust à Apollinaire. Il avait pour compagnon Léon Daudet et Jacques Bainville.

    Presque toute la jeune génération littéraire de l’entre-deux guerres a reconnu devoir son initiation intellectuelle à l’homme qui avait offert son génie à la postérité : de Maulnier à Boutang, de Bernanos à Brasillach. Combien d’académiciens lui sont restés fidèles : de Massis à Lévis-Mirepoix, de Bordeaux à Déon, de Gaxotte à Michel Mohrt ! L’Académie française s’est honorée en refusant de le remplacer de son vivant. Et les Français se laisseraient dicter leur goût, leur choix par une petite bande de corniauds incultes. C’est donc ça, la République ? Celle qui envoie Chénier et Lavoisier à l’échafaud !

    Pourquoi tant de haine ? C’est la vraie question. Question bien connue des honnêtes gens et il en reste en France malgré tout. La bêtise et la méchanceté n’ont qu’un seul talent : déceler, sentir leur adversaire, sorte d’hommage que le vice rend à la vertu.

    Charles Maurras est trop haut pour eux, trop profond aussi, trop vrai surtout. Le mensonge ne peut supporter la lumière. « C’est un abri et un bouclier que la lumière ; elle est impénétrable aux curiosités du commun. Les mystères qu’elle recouvre ne seront jamais divulgués. Je lui ai confié les miens » écrivait Charles Maurras en 1894 dans la préface à son Chemin de Paradis.

    Puisse cette lumière jaillir quelque jour pour nous sortir de l’Enfer où la satanique imbécillité à l’intention de nous enfermer pour toujours, et pour nous entraîner sur son chemin de gloire jusqu’aux portes du Royaume.  ■ 

    Hilaire de Crémiers

  • Réaction d'un libraire ... Alexis Chevalier : « Juger un écrivain par rapport au débat actuel est toujours un peu absurde »

     

    Le-Livre-des-commemorations-nationales-2018.jpgA la suite de la décision controversée de Mme Nyssen de retirer Charles Maurras (1868-1952) du livre des Commémorations du ministère de la Culture pour 2018, Boulevard Voltaire a recueilli la réaction d’un libraire du marché Brassens à Paris [9.02]. On l'écoutera avec intérêt après avoir lu l'article d'Hilaire de Crémiers qui précède.  LFAR • 

     

     

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (3)

    Chute du mur de Berlin

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

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  • Le 15h17 pour Paris, ne le ratez pas !

     

    Par Catherine Rouvier

    Voici une intéressante et pertinente tribune de Catherine Rouvier, [Boulevard Voltaire, 11.02] sur fond d'intelligence, de subtilité et d'humour, comme à son ordinaire. Catherine Rouvier, ici, se fait moralisatrice et son commentaire de ce qui est sans-doute un très bon film dont Guilhem de Tarlé nous parlera un prochain weekend, revêt un particulier intérêt social et politique. Catherine Rouvier a participé à quelques unes de nos réunions en Provence. Et nous en gardons un très bon souvenir ...  LFAR 

     

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    Les moralistes avaient disparu. D’Ésope à La Fontaine, ils avaient utilement émaillé notre littérature européenne, car leurs fables étaient des sortes de paraboles, racontant des histoires pour mieux faire comprendre l’inconvénient d’un défaut – jalousie, orgueil, avarice, paresse, gourmandise – ou les vertus d’une qualité – courage, générosité, travail, sobriété. C’était bien commode pour les rendre sensibles aux enfants que les longs discours ennuient.

    Les enfants d’aujourd’hui ont aussi soif de fables, de contes. Et l’audiovisuel – vidéo, film – en est un vecteur apprécié d’eux et efficace.

    Clint Eastwood n’a pas hésité. Pour illustrer la vertu de courage, pas besoin d’affabuler. Le récit était fourni. Les acteurs toujours vivants. Il fallait juste rejouer, remettre en scène cette soirée du 21 août 2015 où eut lieu l’attaque du Thalys, et remonter le passé des héros de l’histoire.

    Ce faisant, il a délivré un message principal : ne pas avoir peur, combattre même un homme armé pour sauver les vies qu’il entend supprimer, mais aussi quelques autres. L’un des « guys », Anthony Sadler, est noir et se sent un peu déclassé dans l’école ou il côtoie les deux autres : rebelle, il est perpétuellement puni. Les deux autres sont également des élèves jugés difficiles par une directrice qui impute tout naturellement leur violence au fait que leurs mères les élèvent seules.

    L’une d’elles aura le courage d’envoyer son fils, Alek Skarlatos, vivre avec son père pour qu’il se heurte à son autorité. L’autre donne à son fils, Spencer Stone – le grand costaud qui attaquera le terroriste en corps-à-corps -, une éducation religieuse. Chaque soir au coucher, il dit avec ferveur la prière de saint François d’Assise « Là ou est la haine, que je mette l’amour ». Il découvrira, un jour où il vend des hamburgers à un Marine, que s’engager dans l’armée, c’est « sauver des vies ». Il est trop gros, il se prend en main et perdra quinze kilos. Et lors de ses classes, il apprendra la survie en cas d’attaque. 

    Nos trois Californiens, restés amis malgré les séparations, se retrouvent pour un voyage en Europe. Après le Sud (Rome, Venise), ils ciblent Amsterdam, puis Paris. 

    La suite est connue, mais on la redécouvre plus précisément qu’on ne l’avait perçue alors. Chacun des trois jeunes gens, aidés d’un Anglais plus âgé, joue un rôle crucial. Il s’avère, en effet, que le tueur, Ayoub El Khazzani, avait sur lui assez de munitions pour « faire un carnage ». Livré à la police sur place, il est, depuis, en attente de procès, et son avocat voudrait « faire interdire le film », arguant d’une présomption d’innocence… sérieusement écornée, tout de même, par le fait qu’il a été pris en flagrant délit ! C’est ce qu’ont dû penser les juges, qui ont considéré qu’il s’agissait bien, dans le film, d’une reconstitution authentique.

    Alors, oui, les élèves difficiles peuvent être de la bonne graine. Et non, les mères abandonnées ne feront pas forcement de leurs fils des délinquants. Lors de l’attaque, la prière de saint François montera une fois encore aux lèvres du grand costaud prêt à donner sa vie, et ses dernières phrases y prennent un sens particulier : « C’est en donnant qu’on reçoit, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on naît à la vie éternelle. »

    Ne ratez pas le 15 h 17 pour Paris et emmenez-y vos enfants. Les moralistes sont de retour !   


    Docteur d'Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

     
  • Religion & Société • Où Michel De Jaeghere montre commrent Rémi Brague pulvérise les dogmes relativistes

     

    Par Michel De Jaeghere

    Rémi Brague explore le sophisme qui tend à confondre toutes les religions dans une même réprobation en projetant sur elles la violence de l'islamisme. Michel De Jaeghere donne ici une excellente recension du dernier essai de Rémi Brague, Sur la religion    LFAR

     

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    Rémi Brague n'a pas de chance, et il doit lui arriver de ressentir comme une fatalité sa situation. Philosophe, servi par une érudition immense, une acuité dans l'analyse que colore un regard d'une humanité profonde, il s'efforce depuis quarante ans d'affiner de manière toujours plus juste et plus subtile nos connaissances sur l'interaction de la métaphysique et de la culture, la place des traditions religieuses dans l'essor des civilisations, l'actualité de la pensée antique et médiévale, les dangers que représentent les ruptures de la modernité. Venu trop tard dans un monde trop vieux, il doit confronter sa pensée avec les slogans, les idées toutes faites que répandent à foison des leaders d'opinion peu curieux de ces subtilités.

    La nocivité générale du « fait religieux », sa propension à susciter intolérance, guerre et persécutions, à maintenir dans l'obscurantisme des peuples qui ne demanderaient, sans lui, qu'à s'épanouir au soleil de la raison pure et au paradis de la consommation de masse, fait partie de ces évidences indéfiniment ressassées. C'est à elle qu'il s'attaque dans Sur la religion, son dernier essai, en montrant qu'elle relève de la paresse intellectuelle ou de l'ignorance, quand elle ne sert pas de paravent à notre lâcheté: « Pour fuir la peur que [l'islam] suscite, remarque-t-il, une tactique commode, mais magique, consiste à ne pas le nommer, et à parler, au pluriel, des religions. C'est de la même façon que, il y a quelques dizaines d'années, on préférait, y compris dans le milieu clérical, évoquer les dangers que représentaient “les idéologies” pour ne pas avoir à nommer le marxisme-léninisme

    Que d'autres religions que l'islam aient été parfois associées à la violence, Rémi Brague se garde certes de le nier. Que le meurtre et la guerre soient les inévitables conséquences de la croyance en un Dieu créateur auquel on rende un culte et qu'on s'efforce de prier dans l'espérance d'un salut qui dépasse notre condition mortelle, voilà qui demande des distinctions plus exigeantes. Explorant les relations de ceux que l'on désigne, non sans ambiguïtés, comme les trois grands monothéismes - le judaïsme, le christianisme et l'islam - avec la raison, la violence et la liberté, scrutant les textes saints et les fondements du droit, évaluant les pratiques (le crime d'un adepte n'engage pas nécessairement sa croyance, s'il l'a commis pour d'autres motifs, ou des motifs mêlés, ou en violation manifeste de la morale qu'induit la religion injustement incriminée), il montre au prix de quels amalgames on est parvenu à jeter le discrédit sur une aspiration qui est au fond de l'âme humaine et dont on a le témoignage depuis quelque trois cent mille ans.

    Dans la multiplicité des pistes de réflexion ouvertes par ce livre provocateur - au meilleur sens du terme -, l'une des plus fécondes se trouve sans doute dans la comparaison qu'il risque, après Benoît XVI, des relations entre foi et raison dans le christianisme et l'islam. Le premier, souligne-t-il, admet avec Pascal que si la raison permet de pressentir l'existence d'un Dieu créateur, elle est, seule, incapable d'accéder à des vérités qui la dépassent. Il lui faut le secours de la grâce : ce qu'on appelle la foi. Mais le chrétien peut et doit ensuite faire usage de sa raison pour ce qui relève de son ordre : la connaissance des choses et le choix des actions conformes à la justice, à l'accomplissement de sa nature, sous le regard de sa conscience. Pour le musulman, nous dit-il, c'est l'inverse. L'existence de Dieu a le caractère d'une évidence, que la raison devrait suffire à attester : cela rend inexcusable l'incrédulité. La raison est en revanche impuissante à découvrir par elle-même les comportements que ce Dieu transcendant, muet, inatteignable attend de sa créature. Elle devra dès lors s'en remettre aveuglément à la loi qu'Il a lui-même dictée à son prophète dans le Livre où a été recueillie une parole incréée, irréformable, indiscutable. La première conception fonde le droit naturel, clé de voûte de notre liberté face à l'arbitraire, dans la mesure où il déduit, de notre condition de fils de Dieu, les droits et les devoirs qui s'attachent à la créature. La seconde justifie l'application - toujours et partout - de règles de comportement conçues pour des Bédouins illettrés dans l'Arabie du VIIe siècle : la charia.

    La facilité qui conduit trop souvent, sous couvert de neutralité, intellectuels et responsables à traiter des différentes religions comme d'un phénomène interchangeable et, après en avoir utilisé les dérives pour disqualifier le christianisme, à se les représenter avec ses catégories pour plaquer sur l'islam des caractères qui lui sont profondément étrangers ne se révèle plus seulement, à la lecture de ce livre, comme une manifestation de pusillanimité : bien plutôt comme une utopie mortifère.  

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    Sur la religion, de Rémi Brague, Flammarion, 256 pages, 19 €.

    Michel De Jaeghere

    Directeur du Figaro Histoire et du Figaro Hors-Série.

  • Cinéma • La Douleur

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    La Douleur, un drame d’Emmanuel Finkiel, avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel et Benjamin Biolay, d’après le roman de Marguerite Duras. 

    Il y avait un silence de mort dans la salle au moment du générique final, une atmosphère lourde de spectateurs se sentant sans doute « coupables » des camps de concentration et d'extermination nazis. Heureusement, nous dit-on en filigrane, les communistes étaient là pour libérer la France ! et dans la liesse populaire, à Paris, le chant de L'internationale couvrait La Marseillaise !

    Oui le film est bon, et je n'y ai même pas ressenti  - une fois n'est pas coutume - les longueurs qui ont ennuyé mon épouse.

    Le film est bon, et même intéressant qui nous incite à revisiter les icônes, mais précisément j'en ai marre de cette cinématographie univoque, cette hagiographie récurrente des intellectuels de gauche (pléonasme) quand en même temps La Pléiade renonce à publier les pamphlets de Céline, et le ministre de la Culture exclut des célébrations 2018 le cent cinquantenaire de la naissance de Maurras.

    Un peu de pudeur MM. les réalisateurs : faisant fi du pacte germano-soviétique et des sabotages du début de la guerre, les résistants Marguerite et Robert Antelme ont adhéré au PC « F » en 44-45 alors que Staline dictaturait en Union soviétique et construisait le rideau de fer.

    N'est-ce pas un comble que les mêmes qui ne cessent de se vanter de la résistance d'hier nous invitent aujourd'hui à collaborer au Grand Remplacement ?  

    PS : Je vous propose mon blog  Je ciné mate avec déjà une quarantaine de films. Vous pouvez vous y abonner (en bas à droite) pour recevoir automatiquement les mises à jour et surtout y retrouver d’anciennes notices grâce au bouton Recherche (je continuerai de le compléter progressivement, à votre demande, de mes « critiques » 2016 et 2017)Merci, outre vos commentaires éventuels, de m’indiquer les difficultés que vous rencontrez, les corrections nécessaires ou les améliorations à apporter à ce blog.   https://jecinemat.wordpress.com