Idées, débats... - Page 425
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L’école éducatrice
par Gérard Leclerc
Le Président de la République est intervenu (mardi dernier), d’une façon forte, aux Assises de l’école maternelle à Paris.
Dans les circonstances actuelles, marquées notamment par la radicalisation de certains jeunes, il s’est déclaré partisan de s’attaquer à la cause profonde d’un tel phénomène plutôt que de ne traiter que ses symptômes. Et c’est l’école qu’il a désigné comme le lieu décisif, susceptible de remédier aux carences de notre société : « C’est en construisant cette école de la bienveillance et de l’épanouissement qu’on construira une génération qui trouve sa place dans la société, qui n’aura plus à céder aux pulsions de mort qui finissent par fasciner quelques uns parce qu’ils n’y ont pas construit leur propre avenir. » Il a, il est vrai, modéré cet optimisme éducatif en ajoutant : « Je ne veux pas dire que l’école doit porter et corriger à elle seule tout ce que la société a embarqué d’injustices, de traumatismes ou de dérives, mais elle a beaucoup à faire dans cette entreprise. »
Je ne vois pas, personnellement, des raisons sérieuses pour contredire une telle affirmation. Oui, il est vrai que la formation scolaire est très importante dans la construction de la personnalité et qu’elle peut apporter des moyens de défense contre certaines dérives, ne serait-ce que par le développement du jugement et aussi grâce à l’initiation à une culture générale qui constitue un trésor de sagesse et d’expérience. J’observerai toutefois que l’éducation est aussi soutenue par une philosophie qui ne saurait se définir par une sorte de neutralité devant les grands enjeux de l’existence. En ce sens, l’éducation ne vaut que par les orientations éthiques qu’elle propose à l’enfant et à l’adolescent.
On s’est battu autrefois autour d’une citation attribuée – faussement semble-t-il – à Victor Hugo : « Ouvrir une école, c’est fermer une prison. » Nous savons bien que ce n’est pas vrai et qu’il existe des nations fortement scolarisées qui ont un taux record de délinquants emprisonnés. Une des grandes questions est de déterminer le contenu de l’éducation en référence à notre héritage fondé comme le dit très bien François-Xavier Bellamy sur « des siècles de civilité, de littérature, de philosophie, de science et de foi… » J’ajouterai qu’il doit y avoir une symbiose entre l’école et ce qu’apporte la famille. Une famille qui est la première cellule fondamentale de la transmission et de l’éthique sociale. •
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Superbe chronique d’Éric Zemmour en hommage à Arnaud Beltrame : « Ce n'était pas un moderne ! »
« Arnaud Beltrame est l'héritier des chevaliers, pas des vedettes de téléréalité »
BILLET - Un hommage national a été rendu hier mercredi 28 mars à Arnaud Beltrame. Emmanuel Macron avait déjà dit que le gendarme tué par le jihadiste de l'Aude était tombé en « héros ». [RTL 27.03]. Éric Zemmour ajoute que ce n'était pas un « moderne ». Il dit admirablement en quels sens il était lui aussi « à contre-courant ». Comme l'exprime aussi ce matin le Prince Jean de France dans la réflexion que nous publions ici, en tête de nos parutions de ce jour. En tête, comme il se doit. LFAR
Résumé RTL par Éric Zemmour
Un héros, disent-ils.
Du président de la République à tous les commentateurs, de tous les bords, le mot tourne en boucle, dans toutes les bouches. Un héros de la France, un héros de l'armée, un héros de la République, un héros de l'humanité. Chacun choisit son héros, chacun a sa vision d'Arnaud Beltrame.
Il faut imaginer l'échange de pensées - peut-être de mots - entre Arnaud Berltrame et son bourreau. Entre le gendarme et le jihadiste qui allait l'égorger. Entre celui qui sacrifiait sa vie pour en sauver une autre et celui qui sacrifiait lui aussi sa vie, mais pour tuer des infidèles au nom d'Allah. Deux conceptions de la vie et de la mort qui se croisent. Deux conceptions de Dieu. Deux traditions religieuses, étrangères et ennemies.
La mère du gendarme a déclaré que pour son fils la patrie et la famille étaient au-dessus de tout, que c'était un bleu-blanc-rouge. Le travail, la famille, la patrie : voilà des valeurs que, depuis ce Mai 68 que l'on célèbre bruyamment ces temps-ci, on nous a appris à rejeter, à diaboliser, en les associant systématiquement à Vichy et à Pétain..
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Le vrai courage
Hommages ...
Par Mathieu Bock-Côté
Dans cette tribune du Journal de Montréal [27.03] Mathieu Bock-Côté distingue le vrai courage du faux. Et au-delà du simple courage, les héros qui eux sont prêts à l'ultime sacrifice. Et il ajoute à fort juste raison qu' « aucun peuple ne peut vraiment survivre s’il n’inculque pas au moins partiellement le sens du sacrifice à ceux qui le composent ». LFAR
On abuse aujourd’hui du mot courage. Un artiste qui pleure à la télé en racontant qu’il n’a pas eu une enfance heureuse mais qu’il s’en est sorti est jugé courageux. Une belle quinquagénaire qui pose en bikini aura droit au même compliment.
Il en ira de même pour le politicien qui se permet de dire un peu ce qu’il pense sans répéter les fadaises du jour.
Il lui suffira de se tenir droit le temps d’une controverse pour sortir du lot. Mais à voir sans arrêt des courageux partout, on ne sait plus comment qualifier le vrai courage lorsqu’il se manifeste.
France
Et il s’est manifesté en France ces derniers jours, au moment de l’attentat terroriste de Trèbes où un lieutenant-colonel de la Gendarmerie française, Arnaud Beltrame, a échangé sa vie contre celle d’un otage. Sans surprise, il l’a payé de la plus atroce manière. Son meurtrier, Radouane Lakdim, fidèle à la méthode islamiste, l’a égorgé.
Un tel acte de courage peut sembler irrationnel pour notre époque. Elle y verra une folie gratuite, peut-être même le signe d’un esprit dérangé. Comment un homme peut-il donner sa vie pour une inconnue ? A-t-il passion malade du sacrifice ?
Le philosophe François-Xavier Bellamy, dans une tribune du Figaro parue hier, nous convainc aisément du contraire. Aucune société ne peut durer sans des hommes prêts à se sacrifier pour quelque chose qui les dépasse.
Et ce sacrifice ne vient pas d’un coup. Il faut s’y préparer toute sa vie. C’est à cela que préparent des institutions comme l’armée. Mais plus largement, aucun peuple ne peut vraiment survivre s’il n’inculque pas au moins partiellement le sens du sacrifice à ceux qui le composent.
Héros
Ce qui distingue les héros, c’est qu’ils sont prêts à aller jusqu’à l’ultime sacrifice. C’est pour cela qu’il faut leur être éternellement reconnaissant, les célébrer et préserver leur mémoire. •
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
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Francophonie : Macron apôtre, en même temps, du tout-anglais
Par François MarcilhacSachant qu’en dépit d’un désintérêt apparent, les Français sont attachés à la dimension internationale de leur langue, en raison même du statut que celle-ci a acquis autant dans la définition de leur identité que dans le prestige de leur pays, Macron ne pouvait faire autrement que de donner un lustre particulier à la première journée internationale de la francophonie de son mandat, le 20 mars.
Aussi est-il allé prononcer à l’Académie française un discours sur la place du français dans le monde et son avenir, devant les académiciens et 300 jeunes choisis on ne sait comment. Peu importe. Invité, le matin même, dans la matinale d’Europe 1, l’académicien Jean-Christophe Rufin s’est amusé des digressions de langage habituelles du président, héritage de son passé professionnel : « Comme beaucoup, il est prisonnier du fait que dans certains milieux — notamment la banque et l’Internet —, l’anglais a pris une place considérable. Il vient de ces mondes, et forcément, il en est marqué », ajoutant, non sans ironie : « Toutes les conversions sont à prendre en compte, même si elles sont tardives », et de saluer le « sincère désir du président d’avoir une grande politique de francophonie ».
Des mensonges éhontés
Y croit-il vraiment ? Il est à craindre au contraire que la francophonie ne fasse particulièrement les frais de la vraie nature du « en même temps » présidentiel — un faux pragmatisme cachant un cynisme foncier et totalement déshinibé. Car les annonces présidentielles, en vue de faire du français la troisième langue internationale (après l’anglais et l’espagnol) la plus parlée au monde en 2050, dissimulent mal un statut de soumission par rapport à l’anglais qui demeure, pour Macron, la seule langue ayant droit au statut international en ce que c’est la langue du mondialisme et que le mondialisme est l’horizon indépassable de notre golden boy. Il a avalisé le recul du français non seulement dans les domaines économique et scientifique – si bien que le français ne peut plus apparaître comme langue de l’innovation – mais également au sein des instances internationales et de l’Union européenne, tout en encourageant même sa disparition comme langue diplomatique par sa pratique indigne de l’anglais dans les visites officielles. Pour Macron — nous retrouvons le « en même temps » et son cynisme —, parler anglais aiderait même la francophonie ! « Je n’hésite jamais à m’exprimer à la fois en français et en anglais, sur des scènes internationales, devant des milieux d’affaires. Je pense que ça renforce la francophonie de montrer que le français n’est pas une langue enclavée, mais une langue qui s’inscrit dans le plurilinguisme. Je considère que c’est la bonne grammaire pour défendre le français partout dans les enceintes internationales », assure-t-il, avant d’ajouter : « Je ne fais pas partie des défenseurs grincheux ». Ne cherchez pas à savoir ce que signifie ici « grammaire », dernier mot à la mode pour dire « méthode ». Mais oser affirmer que le simple fait de parler français, c’est enclaver notre langue et que pratiquer le tout-anglais favoriserait … la place du français dans le monde en faisant preuve de plurilinguisme — un plurilinguisme dont ne se soucient guère les anglo-saxons qui semblent tout à fait satisfaits de l’enclavement de leur langue —, seul Macron pouvait oser une telle énormité, assénée avec un toupet aussi candide. Il ne recule devant aucun mensonge, fût-il le plus éhonté : c’est malheureusement sa force. C’est aussi sa faiblesse pour qui perce à jour son cynisme.
Un statut de langue régionale
C’est en fait un statut de langue régionale que Macron destine au français Car cet ambassadeur de la langue de l’oligarchie — il n’a cure également de l’anglais : c’est le patois du monde des affaires qui l’intéresse — n’a qu’un seul objectif : endormir l’égo des Français en faisant du français la première langue africaine — et par contrecoup favoriser l’africanisation à venir de la France — tout en réservant, dans le reste du monde, le français aux classes moyennes supérieures qui verront son apprentissage par leurs rejetons comme un « plus » qu’elles ne favoriseront que tant que ce sera à la mode. Sa volonté de doubler le nombre d’élèves en écoles françaises à l’étranger manque d’ambition tout en couvrant un mensonge : jamais ces écoles n’ont vu leurs moyens fondre autant que depuis l’arrivée de Macron à l’Elysée ! Une politique offensive ne consisterait pas à y doubler mais à y décupler le nombre d’élèves, tout n’étant qu’une question de priorité. Mais la francophonie, pour Macron, qui a supprimé tout poste ministériel afférent, doit surtout viser à favoriser l’invasion migratoire. D’où les moyens promis, et on peut supposer que cette promesse-là sera tenue, améliorant l’apprentissage du français par de pseudo-réfugiés qui n’ont pourtant pas vocation à rester sur le territoire.
Défendre le français contre l’Élysée
Par ailleurs il serait temps que nous cessions de nous disculper de mener, via la francophonie, une politique coloniale et de justifier la défense du français par celle du plurilinguisme ! Je ne sache pas que les Britanniques s’excusent à tout bout de champ de la place de l’anglais dans leurs anciennes colonies, ou dans les instances internationales, même celles qu’ils s’apprêtent à quitter ! La défense du français se suffit à elle-même. La francophonie va souffrir davantage encore durant les prochaines années car, à l’indifférence de Sarkozy ou de Hollande, a succédé, à l’Elysée, une hostilité déclarée au statut international de notre langue. Il convient de lutter pied à pied pour la place du français dans le monde, quitte à paraître grincheux ou enclavés. •
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Éric Zemmour : « Quand Macron, l'homme de la start-up nation, célèbre le français ! »
BILLET - Le chef de l'État a dévoilé mardi 20 mars devant l'Académie française, un grand plan pour redynamiser l'usage du français et la francophonie. Le start-uper Macron défendant la langue de Molière ? Un joli paradoxe, nous dit Éric Zemmour. [RTL 22.03]. Il nous souvient que voilà déjà beau temps, Félix Leclerc, superbe chanteur québécois, dans un entretien à la télévision française, où on lui demandait si quelque chose le gênait en France lors de ses séjours, avait répondu : « La langue ... anglaise ». Que dirait-il à l'ère Macron ? LFAR
Résumé RTL par Éric Zemmour
Oyez, oyez, braves gens ! La langue française sera demain la troisième langue la plus parlée du monde. C'est notre seigneur Macron qui nous le fait mander. Oyez, oyez braves gens ! Sonnez trompettes et battez tambours !
Mais au fait, sera-t-elle encore parlée en France ? On peut s'interroger, en parcourant les rues et les panneaux publicitaires : les « French bank » pour la Poste, les « I love TGV », les « We love technology » pour Bouygues. Sans parler des titres de films américains qu'on ne prend même plus le temps de traduire. -
Littérature & Société • Entre Dostoïevski et Soljenitsyne
par Gérard Leclerc
Emmanuel Macron a-t-il eu vraiment raison de boycotter le stand de la Russie lors de l’inauguration du Salon du livre ?
Je ne suis pas loin de penser qu’il a eu tort, même si on comprend la conjoncture diplomatique délicate qui était la sienne, à la suite des accusations de Londres à l’égard de Moscou, quant à un attentat chimique opéré sur le sol anglais. N’y avait-il pas, cependant, une distinction à faire entre la politique et la culture ? Comme l’a remarqué Mme Soljenitsyne, l’épouse de l’immense écrivain, dans un entretien passionnant avec Laure Mandeville du Figaro : « Dans la délégation russe se trouvaient beaucoup d’écrivains qui font partie de facto de l’opposition et écrivent de manière critique à l’égard du pouvoir. » N’est-il pas important de maintenir des liens intellectuels entre la France et la Russie, cette France dont Alexandre Soljenitsyne, selon son épouse, était devenu amoureux ?
Maintenir de tels liens et même les développer n’est pas d’ailleurs la garantie d’une entente idyllique. Il faut bien l’admettre : ce n’est pas de Poutine que date le paradoxe d’une relation difficile. La Russie nous fascine et en même temps nous désoriente, lorsqu’elle ne nous effraie pas. Qui est entré un jour, par exemple, dans l’univers de Dostoïevski sait bien de quoi il retourne. Pour avoir subi moi-même sa fascination, je puis attester des sentiments contradictoires que l’âme russe peut susciter. Un des meilleurs interprètes que je connaisse de l’auteur des Frères Karamazov, Nicolas Berdiaeff, a tout dit là-dessus : « Le dostoïevskisme n’enferme pas seulement pour les Russes de grands trésors spirituels, mais aussi de spirituels dangers. Il y a dans l’âme russe une soif d’autoconsomption, l’enivrement dangereux de sa propre perte (…). On ne saurait donc impunément l’exhorter à la tragédie, préconiser cette tragédie comme un chemin parmi le dédoublement et les ténèbres » (Nicolas Berdiaeff, L’esprit de Dostoïevski, Stock, 1974).
Ce qui vaut pour l’âme russe vaut sans doute pour la politique russe. Mais la crainte que peut nous inspirer le pays de Vladimir Poutine doit-elle nous conduire à le rejeter hors de notre espace continental ? Emmanuel Macron lui-même affirme la nécessité de maintenir un dialogue indispensable pour l’équilibre de l’Europe et du monde. •
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Cinéma • Moi, Tonya
Par Guilhem de Tarlé
Moi, Tonya, un biopic de Craig Gillespie, avec Margot Robbie, Allison Janney, Sebastian Stan et Paul Walter Hauser.
Même bien calé dans mon fauteuil devant ma télé, je ne pratique aucun sport, et les grand-messes récurrentes, coupes ou jeux olympiques, m'insupportent. Je ne connais pas le nom des champions et j'ignorais donc tout de Tonya Harding et Nancy Kerrigan, n’ayant aucun souvenir du « fait divers » de 1994 dont elles ont été les protagonistes !
Mais c’est pourtant vrai que le patinage artistique est un joli spectacle et que je peux, une fois l’an durant quelques minutes, contempler avec ravissement de jolies patineuses évoluer sur la glace au rythme d’une belle symphonie. Pour autant je ne sais rien des figures qu’elles accomplissent et l’axel est pour moi un mot barbare.
La bande-annonce du film me laissait perplexe entre vulgarité et patins.
Encore une fois, après 3 Billboards et Ni juge, ni soumise, l’héroïne se caractérise par son « franc-parler »…Mais le film va bien au-delà et s’avère bien meilleur que son accroche publicitaire. •
PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.
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Nouvelle « affaire Maurras » : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...
D'illustres admirateurs et quelques grands amis ...
Publié le 23 février 2018 - Réactualisé le 23 mars 2018
Il y a cent-cinquante ans - un siècle et demi ! - que Maurras est né à Martigues, en Provence [1868] « au bord des eaux de lumière fleuries » [1|.
Il y a plus d'un siècle qu'il a inauguré son royalisme militant en publiant son Enquête sur la monarchie (1900). Et il y a presque 70 ans - une vie d'homme - qu'il est mort à Saint-Symphorien les Tours [1952]. Mais les passions qu'il a si souvent suscitées de son vivant - qu'elles fussent d'admiration ou de détestation, l'une et l'autre souvent extrêmes - ne semblent pas s'être émoussées avec le temps. Prêtes toujours à s'élancer. Comme pour attester une forme paradoxale et performative de présence de sa pensée et de son action.
On sait que la décision d'exclusion du ministre de la Culture, Mme Nyssen, a fini par susciter une vague d'indignations assez générale qui s'est retournée contre son auteur. Mme Nyssen ne savait pas ou avait oublié que depuis notre Gaule ancestrale ou le lointain Moyen-Âge, énorme et délicat, les Français détestent les interdictions. Et les Hauts Comités les démentis du Pouvoir.
Mais cette réprobation n'empêche pas à propos de Maurras l'inévitable mention, dogmatiquement prononcée, des « zones d’ombre ». Expression d'une notable imprécision, lourde de mystérieux et inquiétants sous-entendus et le plus souvent inexpliquée ... À propos de Maurras, on réprouve l'interdit - en bref, on veut benoîtement la liberté d'expression - mais on accuse le fond.
« Zones d’ombre » est porteur d'opprobre. De quoi s'agit-il ? Qu'a donc fait ce Maurras qu'admiraient Proust, Péguy, Malraux et le général De Gaulle ; qui fut l'ami de Bainville et de Daniel Halévy, de Bernanos et de Joseph Kessel, de Barrès et d'Anatole France, d'Apollinaire et de Thibon, de Gaxotte et de Boutang ? Qui fut académicien français. Que consultait Poincaré au cœur de la Grande Guerre, que citait Pompidou dans une conférence demeurée célèbre à Science-Po Paris. « Zones d'ombre » ? Fût-ce brièvement, il nous faut bien tenter de dire le fond des choses, de quitter l'allusion sans courage et sans nuances.
Quatre grands reproches sont faits à Maurras : son antirépublicanisme, son nationalisme, son antisémitisme et son soutien à Vichy.
LA CONTRE-REVOLUTION
Le premier - le plus fondamental - est d'avoir été un penseur contre-révolutionnaire ; d’être le maître incontesté de la Contre-Révolution au XXe siècle ; d'avoir combattu la République et la démocratie, du moins sous sa forme révolutionnaire à la française ; enfin d'être royaliste. Options infamantes ? En France, oui. Mais en France seulement. Et pour la doxa dominante. La Révolution ni la République n'aiment qu'on rappelle leurs propres zones d'ombre. Leurs origines sanglantes, la Terreur, la rupture jamais cicatrisée avec notre passé monarchique, avec l'ancienne France, qu'elles ont imposée. « Soleil cou coupé » ... écrira Apollinaire (2). Et, à la suite, à travers de terribles épreuves et quelques drames, toute l'histoire d'un long déclin français, d'un inexorable affaissement de notre civilisation, que Zemmour a qualifié de suicide et dont nous-mêmes, aujourd'hui, vivons encore l'actualité. Faut-il rappeler qu'au début des années soixante (1960), De Gaulle, monarchiste, avait envisagé que le Comte de Paris lui succède ? Que François Mitterrand dans sa jeunesse était monarchiste et que, comme en atteste, plus tard, sa relation constante avec le comte de Paris, il l'était sans-doute resté ? Quant à l'actuel président de le Réplique, on connaît ses déclarations sur le roi qui manque à la France ... Sur sa conviction que les Français n'ont pas voulu la mort de Louis XVI, la mort du roi ... (3) Faut-il reprocher à De Gaulle, Mitterrand ou Macron telle « zone d’ombre » ? Comme à Maurras ? Ce dernier voulut simplement, à la différence de ces derniers grands-hommes, que ce qu'il savait nécessaire pour la France devînt réalité. Il y consacra sa vie et y sacrifia sa liberté.
LE NATIONALISME
Le nationalisme, autre « zone d’ombre » ? Être nationaliste, un motif d'opprobre, de rejet moral ? Non, s'il s'agit d'un nationalisme quelconque à travers le monde. Oui - pour la bien-pensance - s'il s'agit du nationalisme français. Maurras l'avait défini comme « une douloureuse obligation » dont la cause et le contexte sont historiques, bien plus qu’idéologiques : l'humiliante défaite de 1870 et l'affrontement franco-allemand qui ne cessera jamais vraiment entre 1870 et 1945. « Douloureuse obligation » créée aussi par l'absence de roi, laissant la France aux mains, pour ne pas dire à la merci, d'un régime faible divisé et imprévoyant, qui la plaçait en situation d'infériorité face à l'Allemagne impériale. Plus tard, face à l'Allemagne nazie. Au cours de chacune des deux avant-guerres, Maurras avait vécu dans l'angoisse de l'impréparation où nous maintenait l'État républicain, laquelle devait rendre la guerre à la fois inévitable et terriblement meurtrière. Avant 1914, il avait eu la vision tragique de ce qui se préparait : « Au bas mot, en termes concrets, 500 000 jeunes français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue » (4). On sait ce qu'il en fut, qui fut bien pis. Entre 1935 et 1939, l'on eut la reproduction du même scénario. La trahison de Blum refusant d'armer la France face au nazisme en même temps qu'il menait une politique étrangère belliciste irresponsable, les agissements du Parti Communiste, aux ordres de Moscou, comme Blum l'était de la IIème Internationale, allaient rendre le futur conflit mondial inévitable. « Pourquoi faut-il de tels retours ? « écrira alors Maurras. Dans la douleur, nous dit Boutang. On sait qu'il vécut cette période dans la certitude de la guerre et de la guerre perdue. Le « miracle de la Marne » qui avait sauvé la France en 1914, ne se renouvellerait pas ... Tel fut, au-delà du simple patriotisme, le nationalisme maurrassien. Nationalisme non de conquête ou d'expansion mais de défense d'un pays menacé. Menacé de l'extérieur et de l'intérieur, car le danger allemand n'était pas le seul qui pesât sur la France. Son désarmement mental, social, politique et culturel, ses divisions, étaient à l'œuvre comme elles peuvent l'être encore aujourd'hui pour diverses raisons supplémentaires dont certaines - comme l'invasion migratoire ou le mondialisme - que Maurras n'eut pas à connaître. Elles justifient, elles aussi, la persistance de la « douloureuse obligation » d’un nationalisme français.
L'ANTISEMITISME
L'antisémitisme est un autre des grands griefs faits à Maurras. Il n'est pas un thème central dans son œuvre et dans sa pensée - comme il le fut pour Edouard Drumont dont l'influence avait été considérable à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. C'est pourtant à l'antisémitisme que l'on réduit souvent Maurras dans les débats d'aujourd'hui.
Une évidence s'impose ici : on ne comprendra rien à l'antisémitisme de Maurras, celui de son temps, très répandu en tous milieux, si, par paresse d'esprit ou inculture, l'on se contente de le considérer et de le juger avec des yeux qui ont vu, des mémoires qui savent, ce que vécurent les Juifs d'Europe entre 1930 et 1945, ce qu'était devenu l'antisémitisme en une époque barbare. Dans la jeunesse de Charles Maurras et encore longtemps après, l'antisémitisme fut une opposition politique, culturelle et si l'on veut philosophique à l'influence excessive que leur communautarisme natif - singulièrement apte à « coloniser » - conférait aux Juifs de France. À propos de cet antisémitisme politique de Maurras, Éric Zemmour propose une comparaison tirée de l'Histoire : « Son antisémitisme était un antisémitisme d'État, qui reprochait aux Juifs un pouvoir excessif en tant que groupe constitué, à la manière de Richelieu luttant contre « l'État dans l'État » huguenot. » (5) Avant la seconde guerre mondiale, il n'y avait pas là motif à rupture personnelle ou sociale, ni même un motif d'inimitié. Le jeune Maurras est lié à Anatole France. Il fréquente le salon de l'égérie de France, Madame Arman de Cavaillet, née Lippmann ; il est l'ami de Marcel Proust, plus qu'à demi Juif (sa mère est née Weil). Ils resteront amis, quoique Proust ait été dreyfusard, jusqu'à la mort de l'auteur de la Recherche. Proust l'a écrit, aussi bien que son admiration pour Maurras, Bainville et Daudet. On se souvient que Léon Daudet, disciple de Drumont bien davantage que Maurras ne le sera jamais, fit obtenir à Proust le prix Goncourt pour A l'ombre des jeunes-filles en fleur, en 1919 ... L'un des plus vifs admirateurs de Charles Maurras et son ami jusqu'à sa mort après la Seconde Guerre mondiale (1962, dix ans après Maurras), sera l'un des Juifs les plus éminents du XXe siècle, Daniel Halévy, dont, pour la petite histoire, mais pas tout à fait, la fille épousera Louis Joxe, résistant, ministre du général De Gaulle, et père de Pierre Joxe. De Daniel Halévy, l’auteur d’Essai sur l'accélération de l'Histoire, Jean Guitton écrira : « Il avait un culte pour Charles Maurras qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. » (6)
L'antisémitisme politique de Maurras, au temps de sa pleine gloire, ne le sépara pas des grandes amitiés que nous avons citées et de l'admiration que lui portèrent, de Malraux à Bernanos, les plus illustres personnalités de son temps. Maurras eut-il le tort de ne pas comprendre que la persécution des Juifs au temps du nazisme rendait toute manifestation d'antisémitisme contestable ou même fautive ? Impardonnable ? On peut le penser, comme Éric Zemmour. C'est ignorer toutefois deux points essentiels : 1. ce que souffrirent les Juifs lors du conflit mondial ne fut vraiment connu dans toute son ampleur qu'après-guerre, 2. Peut-être est-il triste ou cruel de le rappeler mais le sort des Juifs ne fut pas le souci principal ni même accessoire, des alliés pendant la guerre. Ni Staline, lui-même antisémite, ni Roosevelt, ni Churchill, ni De Gaulle, ne s'en préoccupèrent vraiment et n'engagèrent d'action pour leur venir en aide, nonobstant leurs appels au secours. Le souci premier de Charles Maurras était la survie de la France et son avenir. S’il s’en prit nommément à des personnalités juives bien déterminées pendant l’Occupation (comme à nombre d'autres), c’est qu’elles lui semblaient conduire des actions selon lui dangereuses et contraires aux intérêts de la France en guerre.
L'antisémitisme moderne, sans remonter à ses sources chrétiennes, pourtant réelles, trouve de fait son origine et son fondement dans les Lumières et l'Encyclopédie. L'on aurait bien du mal à exclure de la mémoire nationale toutes les personnalités illustres, françaises et autres, qui l'ont professé. Dont, en effet, Charles Maurras qui louait Voltaire de participer du « génie antisémitique de l’Occident ». Ce génie était de résistance intellectuelle et politique. Il n'était pas exterminateur. L'évidence est que les événements du XXe siècle ont jeté une tache sans-doute indélébile sur toute forme - même fort différente - d'antisémitisme. Cela est-il une raison pour reconnaître aux communautés juives de France ou d'ailleurs plus de droits d’influence qu’au commun des mortels ? Deux des présidents de la Ve république ne l'ont pas cru et ont parfois été taxés d'antisémitisme : le général De Gaulle, après sa conférence de presse de 1965 et ses considérations à propos d'Israël ; mais aussi François Mitterrand refusant obstinément – et en quels termes ! - de céder aux pressions des organisations juives de France, qu’il trouvait tout à fait excessives, pour qu’il présente les excuses de la France à propos de la déportation des Juifs sous l'Occupation (7). Ce que feront ses successeurs …
LE SOUTIEN A VICHY
Dernier des grands reproches adressés à Maurras : son soutien à Vichy. Nous n'avons pas l'intention de traiter longuement de ce sujet. Est-il encore pertinent ? Vichy est sans postérité. Il ne laisse ni héritage ni héritiers et n'est qu'un épisode tragique de notre histoire, conséquence incise du plus grand désastre national que la France moderne ait connu et qui aurait pu la tuer.
Il est absurde de définir Maurras comme « pétainiste ». Il était royaliste et contre-révolutionnaire. Qu'il ait pratiqué l'Union Sacrée en 1914-1918 ne le faisait pas républicain. Pas plus que son soutien au vieux maréchal ne fera de lui un pétainiste. Maurras ne fut pas davantage un « collabo » ; il détestait les Allemands qui le traitèrent en ennemi. Il refusa d’approuver la politique de collaboration. Il fut la cible des plus violentes attaques de la presse collaborationniste de Paris.
Entre la politique de Vichy - analogue à celle de la Prusse après Iéna ou de l'Allemagne de Weimar après l'autre guerre (finasser à la manière de Stresemann) - et la stratégie gaulliste de lutte contre l'occupant depuis l'étranger, l'on sait aujourd'hui laquelle des deux options l'a politiquement emporté. Ce n'était pas donné, c'était encore très incertain aux premiers jours de la Libération. Le grand historien Robert Aron, à propos de la politique de Vichy, pose cette question : « La Prusse après Iéna écrasée par un vainqueur intraitable n'a-t-elle pas su ruser elle aussi pour se relever et reprendre sa place parmi les États victorieux ? » (8). Une telle politique ne mérite ni opprobre ni infamie, fût-elle vaincue. C’est pourquoi François Mitterrand, comme nombre de ses pareils, devenu résistant, ne rompit jamais ses amitiés vichystes. Entre les deux mondes, il n’y eut de fossé infranchissable que pour les zélateurs intempérants d’après la bataille…
Y eut-il des excès de la part de Maurras au cours de la période considérée ? Sans aucun doute. Les maurrassiens sérieux n'ont jamais prétendu qu'il fût infaillible. Excès de plume surtout en un temps de tensions extrêmes où se jouait l’avenir de la Patrie. Croit-on qu'il n'y ait pas eu d'excès dans le camp d'en face ? Sous l’occupation et plus encore à la Libération ? Passons ! Car, pour en terminer, notre avis sur cette matière sensible, est que le président Pompidou fit une sage et bonne action lorsque, répondant aux critiques de ceux qui lui reprochaient la grâce qu'il avait accordée à l'ex-milicien Paul Touvier, il déclara ceci qui devrait servir de charte aux Français d’aujourd’hui : « Notre pays depuis un peu plus de 30 ans a été de drame national en drame national. Ce fut la guerre, la défaite et ses humiliations, l'Occupation et ses horreurs, la Libération, par contre-coup l'épuration, et ses excès, reconnaissons-le. Et puis la guerre d'Indochine. Et puis l'affreux conflit d'Algérie et ses horreurs, des deux côtés, et l'exode de millions de Français chassés de leurs foyers, et du coup l'OAS, et ses attentats et ses violences et par contre-coup la répression … Alors je me sens en droit de dire : allons-nous éternellement maintenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux ? Le moment n'est-t-il pas venu de jeter le voile, d'oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas, s'entre-déchiraient et même s'entre-tuaient ? » (9)
Reste alors Charles Maurras, grand penseur, écrivain, poète, félibre, académicien et patriote français qui appartient au patrimoine national. •
1. Anatole France, poème dédicatoire pour Le Chemin de Paradis de Charles Maurras
2. Zone, Alcools, 1913
3. Emmanuel Macron, Le 1 Hebdo, 8 juillet 2015
4. Kiel et Tanger, 1910 (913, 1921 …)
5. Eric Zemmour, Figaro Magazine du 2.02.2018
6. Jean Guitton, Un siècle une vie, Robert Laffont, 1988, 361 pages
7. Jean-Pierre Elkabbach « François Mitterrand, conversation avec un Président » (1994)
8. Robert Aron, Histoire de Vichy, Fayard 1954, 766 pages
9. Conférence de presse du 21 septembre 1972.
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En deux mots, réflexion sur l'actualité
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Epilogue institutionnel de l'affaire Maurras : démission du Comité aux commémorations !
Charles Maurras en habit d'académicien, vers 1940, à Paris. Rue des Archives - AGIP
Par Edouard de Mareschal
Le Figaro a publié cet article le 21 mars. Deux leçons à tirer de ce rebondissement, selon nous. La première est que sur les douze personnalités siégeant au Haut Comité des commémorations nationales, il s'en est tout de même trouvé dix pour refuser le retrait de Charles Maurras et donner leur démission, signant l'arrêt de mort du comité. Malgré la sorte de malédiction qui pèse sur Maurras dans l'ordre des idées convenues, son importance réelle est donc connue est reconnue. Telle a d'ailleurs été la position plutôt courageuse exprimée par Emmanuel Macron au dernier dîner du CRIF. Notre rôle est d'insister sur cet aspect des choses plutôt que sur l'autre. Seconde leçon : le ministre, Mme Nyssen, qui n'a pas voulu ou su résister aux pressions de l'extrême-gauche, entend faire évoluer le dispositif de décision des futures commémorations nationales. En clair, en retirer la responsabilité à son ministère pour la confier à une institution indépendante comme l'Institut. Qu'est-ce que cela prouve ? Que pour les choses sérieuses et délicates, mieux vaut s'exfiltrer des sphères gouvernementales. Drôle de régime vraiment ! LFAR
Dix des douze membres de cette instance ont annoncé mardi leur retrait collectif, épilogue d'un bras de fer avec le ministère de la Culture.
La polémique sur la commémoration de Charles Maurras aura fait deux morts : le Haut Comité des commémorations nationales, dont dix membres sur douze ont annoncé mardi leur démission collective, et le traditionnel Livre des commémorations, dont le ministère de la Culture s'est empressé d'annoncer, dans la foulée, l'arrêt de son édition annuelle.
Dans une lettre ouverte que Le Figaro s'est procurée (lire ci-dessous), les démissionnaires estiment que le retrait du nom de Charles Maurras de la liste des commémorations « rend impossible, à notre plus vif regret, de continuer de siéger dans cette instance ». Et de poursuivre : « Vous comprendrez que, dans ces conditions, nous ne puissions continuer à siéger avec, en permanence, la menace soit de la censure, soit de l'autocensure ».
Parmi les signataires figurent notamment l'historien et ancien ministre Jean-Noël Jeanneney et l'historien Pascal Ory, spécialiste de la collaboration durant l'Occupation, deux figures qui s'étaient publiquement opposées à cette décision du ministère de la Culture.
« Nous constatons que la ministre, et une partie de l'opinion, ne comprend pas la distinction pourtant claire entre commémorer et célébrer, regrette Pascal Ory. Nous ne pouvons pas travailler dans de telles conditions, nous ne sommes pas des procureurs.»
Cet épilogue met fin à plusieurs années de polémiques successives sur la nature du travail de cette instance créée en 1974 par Maurice Druon, alors ministre de la Culture, pour «veiller à la commémoration des événements importants de l'histoire nationale». L'inscription de Louis-Ferdinand Céline dans ce qui était alors le «recueil des célébrations nationales» avait déjà provoqué une levée de boucliers en 2011. Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, avait finalement décidé de retirer de la liste le nom de l'écrivain antisémite et collaborationniste pour clore la polémique. Il avait par ailleurs décidé de remplacer le terme de « célébrations », par « commémorations », pour mettre fin à tout malentendu.
Las, la polémique est repartie de plus belle en janvier dernier, quand il a été question d'inscrire Charles Maurras dans le Livre des commémorations de 2018, jusqu'à son retrait décidé par la ministre de la Culture, Françoise Nyssen.
Dans la foulée, cette dernière a annoncé « une évolution » du Haut Comité aux commémorations nationales, parlant « d'une ambiguïté persistante dans le débat public entre célébration et commémoration ». Elle a par ailleurs annoncé la fin de l'édition du livre sous l'égide du ministère de la Culture. « En effet, le statu quo n'était acceptable ni pour le ministère de la Culture, dont la mission est de rassembler les Français, ni pour les membres du comité, historiens ou experts reconnus », peut-on lire dans le communiqué.
À l'avenir, le travail du comité pourrait disparaître, et la charge d'établir une liste d'anniversaires pourrait être remise à l'Institut, totalement indépendant du ministère de la Culture. •
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Après 28 jours de lecture d' « Une politique pour l'an 2000 » de Pierre Debray ...
Pierre Debray aux Baux de Provence, en 1973
Vint-huit jours - du 8 février au 21 mars - nous ont occupés à publier - et pour nombre de nos lecteurs, à lire Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray, cette analyse de situation et cette réflexion prospective de haut niveau parue en 1985.
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La langue française s'enrichit d'un néologisme qui en dit long sur l'évolution du monde
Xi Jinping, nouvel empereur de Chine ?
La langue française s'enrichit d'un néologisme porteur de sens. Et d'un sens politique qui en dit long sur l'évolution du monde. C'est le mot « démocrature ».
Il s'oppose à démocratie qui a rapport avec le camp du Bien, le nôtre. Il désigne des régimes qui n’ont que les apparences d'une démocratie. Ils en respectent les rites et les pratiques. Mais ils flirtent avec la dictature. Ce sont des régimes autoritaires. Ils confinent avec le pouvoir d'un seul. Un pouvoir personnel. Y en a-t-il jamais eu d'autre ? Ils organisent un certain culte de la personnalité. La liberté d'expression n'y est qu'apparente. Les grands médias appartiennent à l'État ou à quelques oligarques. La corruption y est courante jusqu'aux marches du Pouvoir. Parfois jusqu'en son sommet. Ces régimes dits « sulfureux » appartiennent au camp du mal. On parle avec eux, au besoin on coopère, parce qu'il le faut bien. Comme l'Allemagne qui confirme la construction de son gazoduc avec la Russie malgré l'état de tension. Il faut bien s'éclairer, se chauffer, faire sa cuisine et approvisionner les entreprises. Mais on le fait du bout des lèvres et du bout des doigts.
L'ennui est que ces régimes prolifèrent. Ils sont légion. Les démocraties paisibles, les États dits de droit se font rares. Sont-ils en voie de disparition ?
Il y a d'abord l'Afrique, comme il est (presque) naturel. Les tyranneaux s'y ébattent à peu près partout en liberté ou presque. Mais il faut y ajouter l'Amérique centrale et du Sud où dictatures, guérillas et pronunciamientos sont simplement de tradition. Une habitude. Et puis les monarchies pétrolières dans le Golfe. La démocratie n'y signifie rien. Cela fait déjà une bonne partie du monde. Mais par-dessus tout il y a la Russie et Vladimir Poutine, pour qui le mot « démocrature » a été expressément forgé. Peu importe qu'il soit porté aux nues par une large majorité de Russes pour avoir refait la grandeur de leur pays humilié. C'est qu'il tient l'opinion d'une main de fer. Et il y a la Chine. Elle vient de consacrer la présidence à vie de son grand dirigeant, Xi Jinping. Lui aussi afin qu'il dispose d'assez de temps pour refaire de la Chine une grande nation. C’est ce qu’il a lui-même expliqué, hier matin. Et puis il y a même les Etats-Unis dont l'autoritaire et imprévisible président nomme et limoge comme Staline au temps des purges.
Au temps de la république en Angleterre, en Hollande, à Venise, Gênes et autres lieux, Louis XIV disait : « Je montrerai qu'il reste encore un roi en Europe ».
Restera-t-il encore demain sur la planète beaucoup de démocraties à la mode de l'Europe de l'Ouest où elles semblent s'être comme réfugiées ? Peut-être mais ce n'est même pas sûr.
La France elle-même s'est dotée d'un président jupitérien qui décide de tout, restaure la verticalité du Pouvoir, rétablit les symboles monarchiques : le Louvre, Versailles, Chambord, hier l'Académie française ...
Quant à la liberté française des grands médias, faut-il en rire ? Ils appartiennent à neuf oligarques macroniens.
La corruption d'État propre aux démocratures ? Hier nous apprenions que l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy se trouvait en garde à vue dans l'affaire du financement de sa campagne électorale de 2007 par la Libye du colonel Kadhafi ...
Faut-il s'étonner ? Y eut-il jamais, hors d'une protection dynastique, de véritables démocraties ?
Les temps qui courent ne leur sont guère favorables. « Madame se meurt, Madame est morte » … C'est un peu cela. •
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Un entretien avec Pierre Debray : « Construire l'arche qui permettrait aux Français de survivre au déluge des barbaries »
Discours de Pierre Debray aux Baux de Provence, en 1973
Nous avons achevé hier la publication de l'étude magistrale de Pierre Debray parue en novembre 1985, sous le titre Une politique pour l'an 2000. On s'y reportera avec profit en utilisant les vingt-six liens ci-dessous.
A l'issue de la parution de cette étude, Pierre Debray nous avait encore donné un entretien complémentaire et conclusif.
Nous l'avons publié en deux parties, c'est à dire hier mardi et aujourd'hui mercredi. LFAR
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La haine sur internet
par Gérard Leclerc
Le Premier ministre Édouard Philippe a présenté hier un plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Dans ce plan, Internet est l’objet d’une vigilance particulière, parce qu’il est le lieu d’une extraordinaire charge de haine. Le racisme et l’antisémitisme ne sont pas les seuls motifs d’échanges injurieux et d’insultes grossières. Pardon de plaider pour ma paroisse, mais il m’arrive fréquemment de tomber aussi sur des attaques en règle contre le christianisme, les prêtres particulièrement assimilés à la catégorie pédophile. Ce n’est pas pour autant que je réclame un plan équivalent à celui du Premier ministre pour lutter contre la christianophobie ou la catholicophobie d’autant que je me méfie un peu de ce que Philippe Muray appelait la chasse aux phobes. Il est extrêmement difficile de trouver une bonne mesure pour combattre tous les excès et surtout un climat général qui porte à la surenchère verbale et à la disqualification morale de l’adversaire.
Je me méfie aussi par ailleurs de ce qu’Orwell appelait la police de la pensée, avec des procédures juridiques et étatiques dures. Il est vrai qu’elles sont parfois indispensables, lorsque la haine franchit un certain degré et devient un réel danger social. Mais il me semble aussi qu’il y aurait lieu de procéder à une sorte d’examen collectif sur une pareille propension à l’agressivité. C’est comme si un virus plus redoutable que tous les autres s’était répandu sur internet. J’observe ces ravages jusque dans les échanges qui, par nature, devraient être les plus modérés. Arrivé à un certain point, c’est comme si c’était plus fort que soi : l’invective jaillit du clavier comme un réflexe irrépressible.
Faudrait-il donc retrouver toutes les vertus de la courtoisie et de l’amabilité ? Il est vrai que la courtoisie n’a pas bonne presse en ce moment, dans certains milieux féministes. On l’accuse de cacher une forme de sexisme bienveillant, comme l’écrit Metin Arditi dans La Croix d’hier. Il s’agirait de : « garder la femme en état d’infériorité au moyen d’arguments doucereux ». J’avoue alors mon embarras, mais il ne me fera pas renoncer aux règles qui sont pour moi innées, non-écrites de la politesse, et qui permettent outre le respect de l’autre, celui de soi-même. •
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A la juste question qu'Atlantico posait hier, la réponse est Oui !
20 mars 2018