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Johnny à la Madeleine

 

par Gérard Leclerc

A ceux qui croient au Ciel comme à ceux qui n'y croient pas, les obsèques catholiques de Johnny Halliday sont apparues conformes à la tradition religieuse majoritaire des Français.  LFAR

 

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Luc Le Vaillant a écrit dans Libération un étonnant billet sur la cérémonie de l’église de la Madeleine, soulignant que « l’enterrement de Johnny Hallyday raconte les retrouvailles impromptues de l’État français et de l’Église catholique ».

Au milieu d’un certain nombre de rosseries à l’adresse de l’Église comme à celle du défunt, le journaliste fait cette concession, qui, sans doute, lui a un peu coûté mais dont l’évidence n’est pas douteuse : « Le plus intéressant dans cette cérémonie est qu’elle témoigne de la difficulté de la République à imaginer des codes et des rituels en matière funéraire. La mort reste la chasse gardée de la religion, même si on applaudit désormais la sortie du cercueil et si chacun joue sa partition éplorée au-delà des cantiques référencés. Face au jansénisme protestant, au silence judaïque et à la prudence d’un islam controversé, le catholicisme sait faire valoir ses atouts historiques pour emporter la mise au sein de la société du spectacle. Il peut compter sur son patrimoine chamarré, sur ses tenues d’une excentricité gender comme sur ses objets du culte dorés sur tranche. »

Cette citation réclamerait un long commentaire. On pourrait notamment s’interroger sur cette étrange attente d’un rituel de la mort de la part de la République. Comme si ladite République avait la capacité de se substituer à tout ce que sous-entend le concept de religion. La confusion est constante en France lorsqu’on parle de laïcité : s’agit-il de la séparation du spirituel et du temporel, ou s’agit-il de la création d’un substitut de religion ? Auguste Comte avait inventé sa religion de l’humanité, et lorsqu’on parle de baptême laïc, on se situe dans le même registre mimétique, mais on bafoue ipso facto la séparation des ordres, en conférant à l’État laïque ce qu’il ne saurait revendiquer, sauf à n’être plus laïque.

Mais ce n’est pas l’essentiel. La véritable objection que l’on pourrait faire au papier de Luc Le Vaillant c’est d’éviter l’essentiel de la cérémonie religieuse de la Madeleine, en passant complètement sous silence l’extraordinaire homélie de Mgr de Sinéty, prononcée dans la suite des textes de l’Écriture sainte. On comprend qu’il n’ait pas osé, parce que ses sarcasmes auraient paru dérisoires face à la force éclatante du message évangélique qui, dans ces circonstances, atteignait l’immense foule dans l’intimité d’un chacun, au-delà de tout le décorum : « Comme Jean-Philippe devenu Johnny Hallyday, nous sommes tous appelés à laisser percer en nous cette lumière divine qui fait de nous des icônes de l’Amour de Dieu plutôt que des idoles dont la vie s’épuise. »  

Gérard Leclerc

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 décembre 2017

Commentaires

  • C'est peut être un détail , mais cette nouvelle mode d'applaudir au passage d'un cercueil est totalement inappropriée . Jusque dans les obsèques , la vulgarité s'affiche sans complexe désormais .

  • Dans la douleur de la perte d'un être cher, chacun s'exprime à sa manière. Et oui, comme les codes de l'église se sont évanouis, tout mortel utilise son mode d'expression. Les uns chantent, les autres tendent la main pour toucher le cercueil de leur idole. Il n'empêche qu'il s'est produit à la capitale, venant de toute la France, un rassemblement qui a cloué le bec de tous nos pseudos journalistes, analystes et j'en passe. La France des ploucs est bien là, ors ils l'avaient repoussé aux oubliettes. Vous aurez noté l'hésitation du président et non de son épouse, au moment de bénir le corps du défunt. Son geste de prudence n'effacera pas deux mille ans de chrétienté, les laïques purs et durs s'entent le danger qui monte, c'est ce qui les rends agressifs et rend le président prudent. Comme la si bien dit Napoléon, curé met ta soutane que l'on te reconnaisse de loin comme de prêt. Paix à l'âme de celui qui portait sur sa poitrine le christ en croix, malgré les interdictions de notre chère république. Nous sommes tous en droit de nous poser la question cultuelle de savoir si notre chrétienté tinté de catholique de Romain ne serait pas la meilleure arme de pensée pour nous ouvrir au monde débridé que nous offrent tous les laïques de la planète.

  • Dans la douleur de la perte d'un être cher, chacun s'exprime à sa manière. Et oui, comme les codes de l'église se sont évanouis, tout mortel utilise son mode d'expression. Les uns chantent, les autres tendent la main pour toucher le cercueil de leur idole. Il n'empêche qu'il s'est produit à la capitale, venant de toute la France, un rassemblement qui a cloué le bec de tous nos pseudos journalistes, analystes et j'en passe. La France des ploucs est bien là, ors ils l'avaient repoussé aux oubliettes. Vous aurez noté l'hésitation du président et non de son épouse, au moment de bénir le corps du défunt. Son geste de prudence n'effacera pas deux mille ans de chrétienté, les laïques purs et durs s'entent le danger qui monte, c'est ce qui les rends agressifs et rend le président prudent. Comme la si bien dit Napoléon, curé met ta soutane que l'on te reconnaisse de loin comme de prêt. Paix à l'âme de celui qui portait sur sa poitrine le christ en croix, malgré les interdictions de notre chère république. Nous sommes tous en droit de nous poser la question cultuelle de savoir si notre chrétienté tinté de catholique de Romain ne serait pas la meilleure arme de pensée pour nous ouvrir au monde débridé que nous offrent tous les laïques de la planète.

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