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« Ça ne marchera pas »

Alain Rey 

par Louis-Joseph Delanglade

 

logo lundis.jpgL’Académie française, c’est bien connu, est un nid de réactionnaires (certains de ses membres apprécieront…). Qu’elle se fût offusquée de leurs exigences n’était donc pas pour déplaire aux « enragé.e.s » de l’écriture dite inclusive. Mais qu’il ait été décidé de proscrire ce mode de notation des documents officiels, cela n’a pas plu du tout à « certain.e.s ». Mme Rossignol, qui fut ministre, s’est dite « très étonnée qu'un premier ministre intervienne par le biais d'une circulaire administrative dans un débat qui est un débat entre linguistes » (France Inter, 22). S’est-elle étonnée que Mme Hidalgo, sans attendre que les linguistes invoqués aient tranché, entende continuer de l’imposer dans les textes relevant de son autorité ? Et pense-t-elle donc qu’il n’est pas de la responsabilité du ministre de l’Education nationale de prendre une décision à ce sujet (ce qu’il a fait) ? Eût-elle attendu vingt-quatre heures (Le Figaro, 23), Mme Rossignol aurait eu l’avis d’un linguiste éminent, M. Rey, le lexicographe à qui l’on doit le Petit Robert. Avis catégorique sur l’écriture inclusive : « Ça ne marchera pas. » 

Certes, M. Rey ne fait que reprendre la plupart des arguments avancés - et ici même - par les adversaires de «  l’aberration inclusive » comme la nomme l’Académie. « Ça ne marchera pas », donc,  parce que le genre grammatical est pour l’essentiel arbitraire, « donnée première contre laquelle on ne peut absolument rien » ; parce que la langue s’impose telle qu’elle est et qu’il est impossible de lui « imposer un changement brutalement » et que, a fortiori, la langue ne bouge pas « par la décision arbitraire d'une minorité » ; enfin et surtout parce que l’écriture inclusive constitue une complication écrite supplémentaire, qui suppose un effort certain, et, de toute façon « ne peut pas se parler ». Rappelons que M. Rey est plutôt un homme de gauche qui, après avoir prédit l’échec de l’écriture inclusive, ajoute quand même aussitôt : « Mais je ne dis pas que je suis contre » ; et qui juge que « la langue est évidemment machiste ». Il fait simplement preuve, concernant l’écriture inclusive, d’un réalisme dont sont bien éloignées nos deux dames parisiennes, lesquelles pensent à tort qu’on agit sur les idées en agissant sur la langue, alors que c’est plutôt la langue qui reflète les diverses évolutions. 

Le bon sens commande de ne pas se crisper, purisme et novation concourant également à un certain équilibre, et de rappeler que la langue, parce qu’elle est vivante, se modifie mais à son rythme. Certaines évolutions, d’ordre lexical, sont avérées et reçues dans « la langue » - quand c’est possible : ainsi en est-il de beaucoup de professions féminisées. L’Académie va plus loin, elle qui vient tout juste d’envisager la possibilité « d'une plus grande féminisation des titres, des fonctions et des grades ». Voilà qui n’est pas sans intérêt mais qui demande réflexion. Rien à voir cependant avec une écriture inclusive dont le sort est scellé.  •

Commentaires

  • Cela me paraît sensé.
    Mais je ne comprends toujours pas qu'on féminise à outrance certaine fonction; par exemple, je ne vois aucune difficulté à dire Madame le Maire; va-t-on parler d'un camion quand il est conduit par un homme et d'une camion quand il est conduit par une femme?
    Certaines langues le font mais pas la langue française et cependant tout le monde se comprend très bien en l'utilisant normalement.

  • Exigeons la réciprocité pour nos soldats féminisés !

    Exigeons qu'il soit désormais écrit : "Le vigie dit à l'estafet d'aller prévenir le sentinel".

  • L'écriture dite inclusive semble bien être un avatar de la "déconstructionite" aiguë des analphabètes gauchisants qui peuplent les plateaux de télévision de leurs rires grimaçants et de leur obsessions transgressives à la mode des ragouts de banalités. Or donc, il semble que ces thuriféraires de la nov-langue "branchouille" ne se soient pas penchés sur le sort des animaux qui partagent avec l'homme les caractéristiques des deux genres tant abhorrés par les nouveaux papes auto-proclamés de l'expression médiatico-postmoderne. On leur rappellera en cas de besoin que nous vivons entourés d'animaux des deux sexes, qui vont, non limitativement, des passereaux, mésanges, rossignols, corbeaux, serpents, araignées, puces, poux, vers, mulots, souris, cochons d'inde, (à ne pas confondre avec leurs éventuelles inverses), singes (les vrais, pas ceux du PAF), gorilles, orang-outang, guépards, moustiques, et autres charmantes bestioles, qui font les délices des émissions sur la nature, tant appréciées des organisateurs de programmes, pour distraire les téléspectateurs entre deux émissions de show-crétinisme. Or, pour nombre de ces créatures, nous ne soucions guère de leur donner un genre à priori, tant il peut se révéler parfois difficile, voire dangereux, de leur scruter le fondement pour découvrir la dure réalité qu'une nature insouciante leur a imposé, sans leur demander leur, ou notre, avis. Que d’aucuns se formalisent de ce qu’ils pensent être, d’ailleurs à tort, une imprécision de la langue française, de nature à porter atteinte aux droits fondamentaux à l’égalité des dites bestioles, qui, ne demandent rien, on pourrait le comprendre, tout en déplorant un tel niveau d’analphabétisme, mais qu’ils réservent leur initiative à une seule espèce, la leur, montre la légèreté de leur réflexion, et son caractère essentiellement politique et non universel. A l’heure où les adeptes des droits des animaux font résonner les cloches de la reconnaissance de Gaïa, avatar romantique de la nature, pour les formes de vie qui entourent les bipèdes turbulents que nous sommes, un tel égoïsme dans la démarche, fait penser à la réplique de Cyrano « C’est un peu court jeune homme ». Alors, bon cauchemar inclusif.

  • Féminiser la langue française, c'est du n'importe quoi , ainsi il y aurait des CRAPAUDES, PAPILLONNES, VERES de terre, des HERISSONNES, mais alors quel est le masculin de grenouille, vipère ( ça elles connaissent très bien)..........

  • Déjà,les enfants ont bien du mal à écrire correctement leur langue natale,ce qui leur fait perdre des repères essentiels pour leur développement:la suite,un désastre annoncé!

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