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  • Éphéméride du 18 avril

    1974 : Mort de Marcel Pagnol

     

     

     

    1601 : Début de la reconstruction de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans 

         

    Quasiment détruite en février 1568, durant les Guerres de religion (seules restèrent intactes les chapelles absidiales rayonnant autour du chœur, ainsi que les deux premières travées de la grande nef), Henri IV promit aux habitants sa reconstruction. Il posa la première pierre du nouvel édifice avec la Reine, Marie de Médicis, le 18 avril 1601.

    Mais, si le chœur fut terminé en 1623, le transept en 1636, il faudra attendre... le 8 mai 1829 pour l'inauguration du bâtiment totalement achevé : c'est le Roi Charles X qui présida la cérémonie. 

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    C'est peut-être à l'occasion de cette destruction/reconstruction des tours de la cathédrale d'Orléans que l'on peut dire un mot des Compagnons du Devoir.

    Cette sorte de confrérie regroupait ceux qui possédaient le savoir-faire - qui est bien l'une des plus belles formes du savoir... - et se proposait également de le transmettre aux jeunes générations, par le biais d'un apprentissage long - puisqu'il s'agissait d'effectuer un Tour de France - mais, du coup même, éminemment enrichissant et formateur, non seulement pour l'acquisition des gestes et savoirs, mais aussi pour la construction de la personnalité du jeune Compagnon.

    Ce mouvement est attesté dès les grands chantiers des cathédrales ogivales, un peu partout en France, et se reconnaît, curieusement pour certains, trois inspirateurs : le roi Salomon (constructeur du Temple de Jérusalem), Maître Jacques et le père Soubise.

    Ces deux derniers ont très probablement vécu en France, vraisemblablement lors des Guerres de religion, qui ont provoqué la scission du Compagnonnage, en 1401, pendant la construction des tours de la cathédrale d'Orléans : après la scission entre compagnons catholiques et compagnons protestants, ceux-ci détruisirent la flèche de la cathédrale d'Orléans, en 1568, dans la nuit du 23 au 24 mars : les quatre piliers de la croisée furent minés, leur chute entraînant l'écroulement de presque toute l'église, qui sera également pillée, et, donc, reconstruite à partir de 1601.

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    Le compas et l'équerre, "emblème" des Compagnons 

    cathedrale.chez-alice.fr/ 

     

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    1619 : Parution des "Voyages de la Nouvelle France", de Champlain

     

    Champlain publie, avec privilège royal, le récit des Voyages du Sieur de Champlain en la Nouvelle France, depuis l’année 1615 jusques à la fin de l’année 1618 :

    champlain_1.jpg

    Édition de 1632, en cinq tomes

    http://books.openedition.org/pum/6804

    Et, dans notre AlbumL'aventure France racontée par les cartes voir la photo "Navigateurs (IV) : Samuel de Champlain")

     

     

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    1802 : Premier Te Deum à Notre-Dame depuis la Révolution

             

    Le Concordat a été signé l'année précédente. Quatre jours auparavant, le 14 avril, Chateaubriand a fait paraître Le Génie du Christianisme, ouvrage décisif pour la restauration du culte et de l'Église après la tourmente révolutionnaire (voir l'Éphéméride du 14 avril).

    En ce jour de Pâques, tous les dignitaires du régime sont là, dans la cathédrale rendue au culte catholique, pour la première cérémonie officielle depuis la Terreur : anciens conventionnels, régicides, révolutionnaires acharnés....

    Du général Delmas, à qui il demande, très satisfait de la beauté de la cérémonie, ce qu'il en a pensé, Napoléon reçoit cette réponse :

    "Il n'y manque que les cent mille hommes qui se sont fait tuer pour supprimer tout cela..."

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    The Re-Establishment of the Cult : a Te Deum at Notre-Dame de Paris, 18th April 1802, Victor Jean Adam

     

     

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    1855 : Classification officielle des Vins de Bordeaux

           

    La Classification officielle des vins de Bordeaux de 1855 est la référence établie à l'époque sur la demande de l'empereur Napoléon III pour l'Exposition universelle de Paris de 1855.

    Les vins furent classés en importance du premier au cinquième cru.

    Tous les rouges venaient de la région du Médoc sauf le Château Haut-Brion, produit dans les Graves.

    Les blancs furent limités à la variété liquoreuse des Sauternes et Barsac sur trois niveaux.  

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      bordeaux.com/Tout-Vins/Classification.aspx?contentId=42

    Dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes voir la photo "La lente création du vignoble")

     

     

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    1878 : Mort d'Eugène Belgrand

     

    Polytechnicien, Ingénieur général des Ponts et Chaussées, Eugène Belgrand participa à la rénovation de Paris dirigée par le Baron Haussmann : on lui doit les égouts de Paris... 

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     egoutsparis.free.fr/role.htm

     

     

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    1951 : Création de la CECA

             

    Six pays : la France, la Belgique, l'Allemagne, le Luxembourg, l'Italie et les Pays-Bas signent le Traité instituant un marché commun du charbon et de l'acier : c'est la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier...

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    1974 : Mort de Marcel Pagnol

     

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    https://www.marcel-pagnol.com/fr/

     

     

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    2012 : Création du Parc national des Calanques

             

    Il s'agit du 10ème Parc national français, qui sont au nombre de onze, et l'un des trois seuls au monde s'étendant à la fois sur la terre et sur la mer (avec ceux du Cap, en Afrique du Sud, et de Sydney, en Australie).

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    3 janvier,sainte geneviève,paris,pantheon,attila,gaule,puvis de chavannes,huns,saint etienne du mont,larousse,joffreCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

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    lafautearousseau

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Tiens ! Pour une fois que le Parlement européen fait quelque chose de bien, il convient de le signaler, non ?

    Le Parlement européen associe pour la première fois la GPA à la traite d’êtres humains...

    "Le Parlement a voté sur une révision de la directive interdisant la traite d’êtres humains dans l’Union européenne. Sous l’impulsion de l’eurodéputé et tête de liste LR aux élections européennes, le Parlement européen a ajouté la gestation pour autrui (GPA) sur la liste des pratiques considérées comme relevant de la traite d’êtres humains : cette liste constitue une base minimale des pratiques criminelles que les États membres sont tenus d’interdire dans leur droit interne. Le texte a été voté à 563 voix pour, 7 contre et 17 abstentions..." (source : Le Figaro)

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    PARLER DE MONSIEUR SY ET DES INSANITÉS QU'IL PROFÈRE ?

    ACCORDER DE L'IMPORTANCE À SES PROPOS STUPIDES, QUI N'EN ONT AUCUNE ?

    MER...SY, MAIS, NON MER...SY !

     

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    1. Et voilà ! Nous disions ici-même, hier, qu'il fallait attendre un peu, et voir, avant de se prononcer "sur le fond" du projet commun franco-allemand concernant le char du futur. Plus la peine d'attendre : c'est fait, une fois de plus le Pays légal républicain trahit les intérêts français et , si ce char sera bien financé "à parts égales" ce sont nos ennemis allemands qui dirigeront le projet ! C'est écrit noir sur blanc dans Les Échos (article d'Emmanuel Grasland) :

    "Les ministres français et allemand de la Défense, Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, signent ce vendredi à Paris un accord sur leur projet commun de « char du futur ».

    Paris et Berlin gravent dans le marbre le partage des tâches sur le « char du futur ». Un mois après la présentation en Allemagne de leur accord sur la répartition du travail, les ministres allemand et français de la Défense, Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, se retrouvent ce vendredi, à l'Hôtel de Brienne, pour formaliser les choses sur le plan juridique.

    Financé à parts égales mais dirigé par l'Allemagne, le « char du futur » est un programme qui vise à remplacer le Leopard 2 et le char français Leclerc à l'horizon 2040. Il ne s'agit pas seulement d'un blindé mais plutôt d'un système global de combat terrestre, avec un char, des drones, des missiles, des batteries de tir, un cloud…"

     

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    Pourquoi "dirigé par l'Allemagne" ? Nous n'avons pas eu besoin de nos ennemis allemands pour fabriquer, seuls, le Rafale, qui est bien l'un des meilleurs et tous premiers avions au monde, qu'ils auraient été bien incapables d'inventer. Et leur Léopard - s'il lui est comparable - n'est en rien supérieur au Leclerc : alors pourquoi le Système, le Pays légal, continue-t-il à se coucher devant nos ennemis allemands, comme il le fait depuis la trahison du Traité de Versailles (où il a refusé de démembrer l'Allemagne que nous avions vaincue - à quel prix !) ?

     

    2. Toujours excellent, l'édito de Vincent Trémolet de Villers sur Europe 1... Cette fois, c'est la Macronie, et sa façon de s'exprimer (?) qu'il épingle... :

     

     

    3. "L'Europe peut mourir", nous dit Macron. L'Europe ? Non ! "Son" Europe, peut-être; "leur" Europe, celle des technocrates bruxellois, peut-être; et, si c'est le cas, non seulement cela ne nous fait pas peur, mais on s'en réjouira : ce sera "Champagne pour tout le monde ! "

    Goldnadel a bien répondu au semble-président, qui ferait mieux de s'occuper de la France, qui va très mal (et, en partie, à cause de lui) plutôt que de poursuivre ses chimères soi-disant "européennes"... :

    "La France peut mourir au niveau sécuritaire et culturel si on ne fait rien..."

    (extrait vidéo 1'00)

    https://x.com/GWGoldnadel/status/1783574846691012630

    Gilles-William Goldnadel: «La France peut mourir si on ne fait rien»

    Si "cette" Europe-là crève : TANT MIEUX !

    Toi, président, occupe-toi de la France, qui est dans un sale état, que tu n'as fait qu'aggraver depuis ta calamiteuse arrivée au pouvoir !...

     

    3 BIS. Voulant faire son "cultivé" en reprenant une citation ultra connue/ultra classique (entre parenthèse, Valéry a écrit de très belles lignes sur notre immense Jacques Bainville...) Macron a cité Paul Valéry. Francis Venciton lui a répondu (sur tweeter) :

    "Les civilisations sont mortelles tout comme les présidents, heureusement ces derniers passent plus vites..."
     
    Citation Paul Valéry autres : Nous autres, civilisations, nous savons  maintenant que nous sommes mortelles....
     

     

    5. Posté par Nicolas Meilhan, sur tweeter :

     

    6. La Fondation Jérôme Lejeune communique :

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (171)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : À la Chambre : sur Gambetta et Benoît XV (I)...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    De "Député de Paris", pages 77/78/79/80 :

    "...Je devais, en une autre circonstance, chagriner bien davantage le sachem Thomson (ami et, selon le mot de Daudet, "ex féal de Gambetta" ndlr). C'était une matinée de discussion du budget. L'affaire traînait. La Chambre s'ennuyait. Une binette grisâtre et canulante, un Margaine ou autre, prononça le nom de Gambetta. Je demandai la parole.
    - J'ai fini, déclara l'orateur.
    Je montai à la tribune, à cette tribune où le borgne Sonore (1) avait proféré tant de blagues jadis et commençai à démonter sa légende à grands renforts de Souvenirs de Mme Adam et aussi des souvenirs personnels de conversation des uns et des autres, notamment de mon père, d'Arène, d'Antonin Proust, du professeur Charcot, de Lockroy, de Drumont etc...
    J'exposai à la cinquantaine de collègues qui m'écoutaient avec attention, le changement d'attitude de Gambetta vis-à-vis de Bismarck sous l'influence de sa maîtresse, d'origine obscure, Léonie Léon, de ses amis, Henckell et la Païva (fille Thérèse Lachmann) tous trois au service de l'Allemagne.
    J'avais pris le ton paterne, bonhomme, du mémorialiste désabusé, de sorte que Landry, dit "Colombus", qui présidait, ne m'interrompit pas et fit taire Thomson frémissant, lequel voulait m'interrompre.
    Je connaissais mon sujet à fond, ayant encore dans les oreilles le rire et la faconde de Gambetta, que je voyais, tout en parlant, vautré, en habit, le plastron gondolant, sur le canapé des Georges Charpentier, qu'a peint, si merveilleusement, Renoir. Quelqu'un, qui avait connu de fort près Mme Léon, tenait d'elle le fameux récit du voyage à Varzin (2) et les billets de théâtre d'un séjour à Berlin, à l'occasion de ce même voyage.
    Je préparais le plan du Drame des Jardies, qui ne devait paraître, chez Fayard, que cinq ans après. Bref je tins le crachoir une heure et je m'amusais comme un roi. Mes collègues, médusés, se demandaient si toute cette histoire était du lard ou du cochon.
    Je regagnai ma place.
    S'arrachant à l'étreinte du Panapipard, Thomson vint s'asseoir auprès de moi pour m'assurer, une fois de plus, que Gambetta n'était pas allé à Varzin, que Mme Léon n'était pas une espionne, bien que liée secrètement avec Henckell et la Païva.
    Je lui répliquai simplement : "Alors comment expliquez-vous que Mme Léon ait quitté les Jardies, au moment même de la mort, accompagnée par votre réprobation et celle de tous les amis de Gambetta ?"
    Thomson mordilla sa moustache et ne put me fournir aucune explication.
    Une autre fois, toujours à propos de bottes, je déclarai froidement que l'anticléricalisme français était d'importation allemande et que la fameuse phrase de Gambetta à Romans, "le cléricalisme, voilà l'ennemi" était un écho complaisant du Kulturkampf de Bismarck. Les textes ne me manquaient pas, non plus que les citations de Bainville et de Marie de Roux.
    Je développai complaisamment cette "chaîne", guetté par Péret inquiet, mais à qui je ne fournis pas l'occasion d'intervenir. Quelques jours après j'agrémentai ma thèse de considérations tirées des fiches de délation de 1904, de la campagne de Guyot de Villeneuve, de l'attitude antinationale du Grand Orient etc.
    Il y eut, venant de la gauche, quelque résistance, mais hésitante et brève. Ce qui domine une assemblée, c'est l'ignorance; en outre, je parlais d'un ton assuré et sans notes, ce qui en impose toujours... (continuation photo suivante)

    (1) : très jeune, à la suite d'un accident, Gambetta avait perdu son oeil droit. C'est la raison pour laquelle, pour tout portrait officiel, il se faisait systématiquement représenter "de profil gauche"...


    (2) : Varzin est la localité où Bismarck possédait sa résidence. Gambetta, s'étant rendu en Allemagne, fut accusé par ses adversaires de "s'être rendu à Varzin", c'est-à-dire, en fait, d'être entré en contact avec Bismarck, d'être "allé aux ordres"...
    Autre rumeur : les Jardies est le nom de la propriété de Gambetta; c'est là qu'il mourut, Léonie Léon étant présente.
    Les adversaire de Gambetta se demandèrent s'il avait été tué par elle (car on venait de lui apprendre qu'elle était une espionne au service de l'Allemagne et de Bismarck) ou s'il avait cherché à la tuer, dans une crise de jalousie....

  • Éphéméride du 26 mai

    2003 : Lancement de Galileo

     

     

     

    1445 : Aux origines de l'Armée permanente  

    Le roi Charles VII crée les Compagnies d'Ordonnance : bien plus que d'une simple réforme dans le domaine militaire, il s'agit en réalité de la première Armée permanente en France. 

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    Avec cette nouvelle formation militaire ce sera en effet la première fois que le roi disposera, à tout instant, d'une troupe régulière, constamment à sa disposition : jusque là, celui-ci devait faire appel à ses vassaux pour réunir l'Ost (coutume féodale du ban).

    Mais les vassaux n'étaient tenus de répondre à l'appel que pendant une durée de quarante jours.

    CHARLES VII ARMEE PERMANENTE.jpg
    Charles VII, aux origines de l'Armée permanente...
     

    La réforme royale se fera en deux temps, pour commencer :

    le 26 mai 1445 est institué le système des "lances" (unités de combattants composant l'armée);

    puis, le 28 avril 1448, une autre ordonnance viendra instituer les "francs archers".

    C'est donc d'abord dans le domaine militaire que les ambitieuses réformes menées par Charles VII seront menées. Et la création de cette armée permanente conduira rapidement à d'importants succès, militaires et donc politiques, dès 1449 et jusqu'en 1453.

    Il ne faut cependant pas dissocier ces Ordonnances de Charles VII du plan d'ensemble nettement plus vaste du souverain, et de la vision globale qu'il avait des choses militaires. Le roi qui institutionnalisa en 1445 l'armée permanente est le même qui, six ans auparavant, dès 1439, avait lancé son vaste programme de réorganisation militaire.

    Dans ses Vigiles de Charles VII (écrites en 1439) Martial d'Auvergne écrit :

    "L'an mil quatre cent trente neuf / Le feu roi si fit les gens d'armes / Vêtir et habiller de neuf, / Car lors étoient en pauvres termes. / Les uns avoient habits usés / Allant par pièces et lambeaux / Et les autres tout déchirés / Ayant bon besoin de nouveau. / Si les monta et artilla, / Le feu roi selon son désir, / Et grandement les rhabilla / Car en cela prenoit plaisir."

     

    Le même Charles VII avait, cette même année 1439, donné tout pouvoir à Jean Bureau pour réorganiser de fond en comble l'artillerie royale...

    BUREAU (artillerie de charles VII).JPG

    Le cimetière des Saints-Innocents a disparu avant la Révolution et il n'en reste que la Fontaine des Saint-Innocents, située au coeur des Halles de Paris. Cette croix des Bureau, située devant la porte de l'église dite "porte des Bureau", portait l'épitaphe de Jeanne Hesselin, Simon Bureau et Hélène sa femme.         

     

    C'est grâce aux progrès fulgurants accomplis par Jean et son frère Gaspard (les fameux frères Bureau) que la victoire sera complète et rapide face aux anglais à Castillon (la bataille qui mit fin à la Guerre de Cent ans, en 1453).

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    Artillerie des Frères Bureau : Ribaudequin multitube à tir en rafale

     

    Toutes proportions gardées, le roi Charles VII, le Bien servi, disposera d'une machine de guerre impressionnante et, pour un temps, invincible, comme Napoléon Bonaparte disposera, trois siècles plus tard, du Gribrauval et de l'ossature de l'armée de Louis XVI (voir l'Éphéméride du 9 mai sur l'oeuvre de Vaquette de Gribeauval)...

    C'est pour une bonne part de là que vient à Charles ce surnom de Bien servi.

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    Artillerie des Frères Bureau : Veuglaire à chargement par la culasse
     
     
     
     
     
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    1602 : Naissance de Philippe de Champaigne

     

     Ci dessous, son Richelieu :

    RICHELIEU PAR PH DE CHAMPAIGNE.JPG
     
     
     
     
     
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    1942 : Début de la bataille de Bir Hakeim
     
     
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    Maréchal de France Marie-Pierre Koenig, vainqueur de Bir Hakeim face à l'Africa Korps de Rommel, dix fois plus nombreuse...

    https://www.histoire-image.org/fr/etudes/bir-hakeim

     

     

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    2003 : Lancement de Galileo

     

    Avec des réalisations comme Airbus ou Arianespace, l'Europe - et, évidemment, la France - s'était déjà hissée au niveau des meilleurs - États-Unis et autres "grands" - acquérant par là-même son indépendance dans des domaines aussi stratégiques que l'espace ou le transport aérien.

    Il lui restait à acquérir son indépendance dans le domaine tout aussi stratégique de la Géolocalistaion par satellite (GPS), un domaine dans lequel trois pays seulement disposaient, jusque là, d'un véritable système fiable : les États-Unis avec leur GPS (Global positioning System), les Chinois avec leur Beidou 2 et les Russes avec leur Glonass.

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    https://galileo-mission.cnes.fr/

     

     

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    3 janvier,sainte geneviève,paris,pantheon,attila,gaule,puvis de chavannes,huns,saint etienne du mont,larousse,joffreCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

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  • Dans notre Éphéméride de ce jour : de Vitrolles à Chateaubriand et d'autres encore, le bel exemple que nous ont donné ce

    1815 : Retour définitif de Louis XVIII à Paris

     

    Après Waterloo, et l'échec des Cent Jours, c'est la deuxième Restauration.

    S'ouvre alors pour les Français la période de leur histoire où ils ont été les plus heureux, de l'avis même des adversaires de la Royauté :

    dans notre Album Maîtres et témoins (II) : Jacques Bainville , voir la photo

    "Le peuple, jamais plus heureux que de 1816 à 1830"

    LOUIS XVIII 20 FARNCS.JPG
    LOUIS XVIII 20 FRANCS 1.JPG
     

    Cet événement est l'occasion de rendre justice à des personnes méconnues (de celles dont parle Edmond Rostand, dans l'Aiglon) quand il évoque "les petits, les obscurs, les sans-grades...") et à l'une d'entre elles en particulier.

    Ces personnes méconnues, ce sont la masse des royalistes de base, à Paris surtout, mais aussi dans toute la France : Bainville explique, par exemple, comment la proclamation spontanée de la royauté à Bordeaux impressionna fortement les quatre souverains étrangers qui venaient d'entrer dans Paris.

    Ces souverains, on l'a oublié aujourd'hui, ne se souciaient absolument pas de restaurer une monarchie française bourbonienne qu'ils détestaient. Leurs préférences allaient du démembrement de la France à une entente avec... Napoléon !

    Si la Restauration a pu avoir lieu - malgré l'intermède criminel des Cent Jours - c'est parce que la masse obscure des royalistes, dans toute la France, aussi bien qu'à Paris, a agi pour qu'il en soit ainsi. C'est ce que démontre Jacques Bainville dans un petit opuscule (qu'il appelle étude), aussi brillant que concis, intitulé Comment s'est faite la Restauration de 1814 (vous pouvez lire ici l'intégralité des VIII chapitres très concis de cet opuscule, par nature, très court :
     
     
    "Ces royalistes, il importe de bien s'entendre, n'étaient pas du tout des "agents des princes". C'étaient de simples citoyens français, convaincus de la nécessité de rétablir la royauté pour sauver la France du désastre complet, du partage à la polonaise qui la menaçaient. C'étaient même des femmes à l'esprit cultivé, au lucide patriotisme comme cette Aimée de Coigny, la "Mademoiselle Monk" dont Maurras a conté l'aventure dans son livre L'Avenir de l'Intelligence. 
     
    vitrolles blason du comte de.JPG
    Blason du Baron de Vitrolles: d'azur à un lion d'or, armé et lampassé de gueules.
    Devise : Eo dulcior quo fortior (il peut être aussi bien le plus doux que le plus ferme)
      
                
    Vitrolles (1) fut le type de ces patriotes français qui se mirent en campagne pour faire prévaloir l'unique solution nationale, l'unique solution raisonnable qui était la solution royale. Sans lui et sans les hommes de sa trempe, la France de 1814 aurait eu un de ces gouvernements que l'étranger amenait, et pour de bon, dans ses fourgons : cette régence de Marie-Louise sous la tutelle autrichienne qu'acceptait Napoléon dans sa conversation avec Wessenberg, le règne de Bernadotte ou d'Eugène de Beauharnais, candidats qui souriaient à plusieurs des Alliés, la République même, à laquelle pensait le Tsar, alléché par les souvenirs de la Pologne, - exactement comme Bismarck devait y penser soixante ans plus tard..."
     
     
    Bainville explique ensuite comment Vitrolles dut procéder pour arriver à ses fins. Il lui fallut d'abord convaincre Talleyrand, et l'amener à admettre la solution royale. Et aussi - malgré ses répugnances bien compréhensibles... - Fouché !
     
    Ainsi appuyé par ces deux dignitaires qui rendaient crédibles sa proposition aux yeux des Alliés, et s'appuyant sur l'intense travail des royalistes sur le terrain, dans toute la France, Vitrolles n'eut plus qu'à recueillir les fruits de la brochure de Chateaubriand, De Buonaparte et des Bourbons, dont on sait que Louis XVIII devait déclarer qu'elle lui avait été plus utile qu'une armée de cent mille hommes (voir l'Ephéméride du 31 mars)...
     
    À partir de là, la Restauration était assurée.
     
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    Un exemplaire d'époque de la "brochure", dans une vitrine,
    à la Vallée aux loups, dans la maison de Chateaubriand
      
               
    "Il manquait, après cela, quelque chose encore pour que la Monarchie fut faite. D'abord que Napoléon, abandonné de tous, se décidât à abdiquer : il fallut cela pour que les souverains alliés renonçassent complètement à leurs projets sur la France. Il manquait encore que Chateaubriand lançât sa fameuse brochure De Buonaparte et des Bourbons, "inspirée par la divination de l'inquiétude générale", et qui traduisit à l'usage du peuple français, avec magnificence, les raisons positives pour lesquelles Talleyrand s'était rallié à la cause royale. Alors l'acclamation populaire grandit, emporta tout...
     
    Avec Vitrolles et les royalistes obstinés qui n'avaient jamais ni désespéré ni cédé, Talleyrand et Chateaubriand - les hommes le moins faits pour s'entendre - avaient été les vrais, les seuls artisans de la Restauration. Ils l'avaient imposée aux Alliés. En sorte que le Sénat put voter, le 6 avril, ce texte que le Corps législatif devait approuver le 9 :
    "Le peuple français appelle librement au trône Louis-Stanislas-Xavier de France, frère du dernier roi."
     
    Ce "librement" est un des mots historiques les plus vrais qui aient jamais été prononcés. Au terme de cette étude, c'est celui qu'il faut retenir."
     
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    1. Eugène-François d'Arnauld, baron de Vitrolles (château de Vitrolles, Hautes-Alpes, 1774 - Paris 1854).

    Émigré en 1791, rentré en France en 1799, il défendit avec ardeur et succès, en 1814, la cause des Bourbons auprès des Alliés : courant mars 1814, à Châlons, il harcèle Metternich pour le rallier à la solution monarchique des Princes. Aux Cent-Jours, il tenta en vain de soulever la région de Toulouse, où il organisa un gouvernement monarchiste, mais fut arrêté par les partisans de Napoléon. Il fut ensuite député ultra et ministre d'État (1815 et 1824), ambassadeur, Grand-officier de la Légion d'honneur et fut, enfin, créé Pair de France héréditaire par ordonnance royale du 27 janvier 1830. Il vécut dans la retraite après la révolution de juillet et mourut fort âgé à Paris en 1854.

    Il est l'auteur de Mémoires et Relations politiques (1814-1830).

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    8 juillet,bainville,louis xviii,charte de 1814,talleyrand,chateaubriand,restauration,la fontaine,fables,vitrolles,huygensEt, sur le roi tout à fait exceptionnel que fut le grand Louis XVIII, voir :
    • notre Éphéméride du 16 septembre (jour de sa mort);
    • du 4 juin (Louis XVIII établit la Charte constitutionnelle) et du 8 juillet (retour définitif du roi à Paris);
    et du 26 février sur l'échange de lettres entre le Roi et Napoléon;
    • du 21 novembre (jour où les troupes Alliées quittent définitivement la France : concrètement, jour de notre libération nationale...)
     
  • Éphéméride du 20 juillet

    1700 : naissance de Duhamel du Monceau, aux origines du Musée de la Marine (ici, la poupe de la galère "La Réale", de Louis XIV)

     

     

     

     

     

    1031 : Mort de Robert II Le Pieux 

     

    Le fils d'Hugues Capet, et deuxième roi de la dynastie nouvelle, décède à Melun, à l'âge de 61 ans, après un long règne de 35 ans.

    C'est cela qui finit par faire la fortune et la force de cette honorable famille capétienne : la longueur des règnes de ses premiers représentants (Hugues excepté, qui régna seulement neuf ans) : après Robert II (trente-cinq ans de règne), Henri 1er régna vingt-neuf ans; Philippe 1er, quarante-huit ans; Philippe Auguste, quarante-trois ans; Saint Louis, quarante-quatre ans; Philippe le Bel, vingt-neuf ans.

    "Les premiers règnes furent sans éclat", dit Jacques Bainville, et sans cette heureuse longévité - jointe, il est vrai, au fait qu'ils eurent aussi la chance d'avoir toujours un héritier mâle pour leur succéder... - la pauvre puissance des premiers capétiens aurait eu bien du mal à déboucher, un jour, sur un Philippe Auguste... 

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    Sceau de Robert II
     
     
     
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    1374 : Mort de Pétrarque

     

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    Pétrarque, par Andrea di Bartolo di Bargilla (1450)
     
     

    D'origine toscane, il vécut alternativement en Italie et, dans le sillage de la papauté, dans la région d'Avignon, où il rencontra Laure de Noves, le 6 avril 1327, un Vendredi Saint, en l'église Sainte-Claire.

    Cette rencontre fondamentale avec la belle Laure - a qui il ne voua qu'un amour platonique... - le marqua pour toujours : dans le Canzoniere (recueil de poèmes qui lui sont dédiés) Pétrarque célèbre dans un style très maniériste cet amour platonique pour la belle, au destin tragique :

    Nulle paix je ne trouve, et je n'ai pas de guerre à faire :
    Je crains et j'espère; je brûle et je suis de glace.
    Et je vole au plus haut des cieux, et je gis à terre;
    Et je n'étreins nulle chose, et j'embrasse le monde entier.

    Qui me garde en prison la porte ne m'ouvre ni ne ferme,
    Ni ne me tient pour sien, ni ne défait les liens;
    Amour ne me tue pas et ne m'ôte pas mes fers,
    Ne me veut pas vivant, et ne vient pas à mon secours.

    Je vois et n'ai point d'yeux, et sans langue je crie;
    Et je désire périr, et demande de l'aide;
    Et pour moi je n'ai que haine et pour autrui qu'amour

    Je me repais de ma douleur, et en pleurant je ris;
    Également m'insupportent vie et mort :
    En cet état je suis, Madame, pour vous.

     

    Pétrarque est le premier humaniste et, avec Dante, le père de la Renaissance :

    http://www.pierdelune.com/petrarque.htm

     

     

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    1700 : Naissance de Duhamel du Monceau, aux origines du Musée de la Marine...

     

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    http://unrpa.houilles.chez.com/unrpa-archives/unrpa-2008/duhameldumonceau.html

     

    Aujourd'hui installé dans l'Aile Passy du Palais de Chaillot (Trocadéro), le Musée national de la Marine (primitivement installé au Louvre, jusqu'en 1939) est issu d'une collection offerte à Louis XV par Henri Louis Duhamel du Monceau.

    Le musée possède des antennes à Brest, Toulon, Rochefort et Port-Louis, et présente des modèles de navires de toutes les époques, notamment de navires de guerre à voile des XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles.

    L'une de ses pièces maîtresses est l'extraordinaire poupe décorée de la superbe galère de Louis XIV, La Réale, lancée en 1694 :

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    http://www.musee-marine.fr/

     

     

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    1945 : Mort de Paul Valéry

     

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    Sa tombe, dans le cimetière marin de Sète
     
     
     
    Il a rendu un bel hommage à Jacques Bainville, à la mort de celui-ci : dans notre Album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville, voir la photo "L'hommage de Paul Valéry"
     
     
     
     
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    2012 : Découverte d'une quatrième mandibule anté-néandertalienne à Tautavel
     
     
    Le Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel met au jour, dans la Caune de l’Arago, sur le sol d’occupation d’un campement de chasseurs acheuléens, daté de 450.000 ans, une nouvelle mandibule humaine anténéandertalienne.

    Elle se trouvait sur un sol jonché d’ossements de grands herbivores au milieu desquels elle a été abandonnée. 

    La découverte de cette quatrième mandibule d’Homo erectus européen, ou Homo heidelbergensis, permettra de mieux connaître la variabilité de ces très anciens habitants de l’Europe, qui vivaient en Roussillon il y a 450.000 ans et qui chassaient le cheval, le bison, le rhinocéros et même le renne ou le bœuf musqué qui occupaient alors, le littoral méditerranéen, pendant une longue période froide.
    Ces hommes qui n’avaient pas encore domestiqué le feu consommaient cru le produit de leur chasse. Ils avaient un appareil masticatoire très puissant. 

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    Henri de Lumley et son épouse Marie-Antoinette montrent leur découverte...

    Site du Centre de recherche : www.tautavel.com

     

     

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    2 fevrier,capetiens,mourre,merovingiens,carolingiens,hugues capet,philippe auguste,plantagenets,croisades,bouvines,charlemagne,saint louis,senlisCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

    l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),

    écouter 59 morceaux de musique,

    et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Éphémérides  :

     

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  • La Libye du Boulevard Saint Germain : Une guerre civile ? (II/III), par Champsaur.

    La genèse de la révolte. 

    Tout débuta avec le soulèvement de la Cyrénaïque, la ville de Benghazi en particulier. Tripoli était confronté à une insurrection endémique dans cette région frontalière de l’Égypte, qui s’est exacerbée depuis 1990 environ pour donner une date.

    Défections avec armes et bagages étaient fréquentes dans les casernes de l’est du pays. Mal inspiré, Kadhafi libera 110 islamistes en Févier 2011, qui rejoignirent immédiatement Benghazi et sa région. Dans la continuité des évènements de Tunisie, la ville s’enflamma. Émeutes violemment réprimées par les forces armées de Kadhafi, elles dégénérèrent en véritable insurrection. Le soulèvement de Benghazi aboutit à faire passer la plus grande ville de l'est du pays dans le camp de la rébellion.

    Le 24 février 2011, les principaux leaders de l'opposition, d'anciens officiers militaires, des chefs tribaux, des universitaires et des hommes d'affaires se réunirent à El Beïda; pour constituer trois jours plus tard un Conseil national de transition (CNT) sous la présidence de Moustafa Abdel Jalil, ancien ministre de la justice de la Jamahiriya, islamiste dans l’âme, grand défenseur de la charia (nom à retenir pour la suite immédiate ....).

    Le 23 mars, le Conseil établit un Comité exécutif, présidé par Mahmoud Jibril, pour faire office de gouvernement de transition. Le CNT annonça l'évolution de la Libye vers la démocratie et le multipartisme (interdit de rire). 

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    Dans le même temps se met en place en France la diplomatie du boulevard Saint Germain qui aboutira à la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU du 17 mars 2011. Les acrobaties pour parvenir au vote sont bien décrites dans ce papier du NouvelObs : http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/03/23/libye-histoire-secrete-de-la-resolution-1973.html

    N’importe quel Ministre des Affaires Étrangères aurait démissionné avec fracas. Pas monsieur Juppé. Intégralité de la résolution http://www.un.org/News/fr-press/docs/2011/CS10200.doc.htm

    Et ce qui était protection de populations, s’est vite transformé en renversement du régime, sans considération pour les vives critiques des Russes et des Chinois s’estimant floués. Au fil des mois, alors que la guerre civile faisait rage dans le pays, le CNT fit l'objet d'une reconnaissance internationale accrue, en réalité une mascarade téléguidée par la bannière étoilée. La formation de nouveaux partis politiques fut annoncée à partir de l'été 2011, comme le Parti de la nouvelle Libye ou le Mouvement socialiste libyen Abdessalam Jalloud, ancien numéro deux de Kadhafi, annonça pour sa part la création d'un «Parti de la Justice et de la liberté de la patrie ». Mais la suite connut quelques ratés.

    Monsieur Bernard Henri Lévy ramena dans ses valises Moustafa Abdel Jalil (ci-dessus cité) tel Churchill ramenant De Gaulle en Juin 1940 (comparaison à peine à la hauteur de notre philosophe), pour lui ouvrir les portes de l’Élysée. Étiqueté les jours de vertige, « le père la victoire », pas de limite à l’hyberbole même du plus haut ridicule. Mais l’intéressé ne répondit pas aux espoirs de notre diplomate amateur ! Accusé par la justice militaire (ou ce qui en tient lieu), le 11 décembre 2012 (un an plus tard !), d'abus de pouvoir et d'atteinte à l'unité nationale, dans le cadre de l'assassinat du chef d'état-major des rebelles, Abdelfattah Younès, en juillet 2011, Abdel Jalil jugea plus prudent de mettre quelque distance entre sa personne et les fous furieux qu’il avait participé à mettre en place.

    Lire : Jeune Afrique du 12 Décembre 2012: Libye : Abdeljalil, l'ex-chef du CNT, inculpé dans l'affaire de l'assassinat du général Younès | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

    Et (9 janvier 2013) : http://www.tunisie-secret.com/Mustapha-Abdeljalil-s-est-refugie-en-Tunisie-a-ses-risques-et-perils-_a264.html

    Extrait :

    « … Premier à avoir trahi la Libye, Mustapha Abdeljalil (ci-dessous, ndlr), ancien président du Conseil National de Transition (CNT), s’est rendu la semaine dernière en Tunisie où il espère s’installer définitivement, se sentant menacé dans son pays. Il a pu quitter la Libye alors qu’il était frappé d’une mesure d’interdiction de voyager … 

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    Selon l’AFP, sur la base d’une source du tribunal militaire libyen qui a requit l’anonymat, Mustapha Abdeljelil est arrivé à Tunis à l’invitation de Moncef Marzouki. Ce n’est pas tout à fait exact puisque, selon nos informations, c’est à l’aéroport de Tripoli et devant la police, que Mustapha Abdeljalil a évoqué une invitation officielle du président provisoire tunisien, ce que la présidence tunisienne a confirmé à la police des frontières libyennes. Abdeljalil a persuadé Marzouki qu’il voulait s’enquérir de l’état de santé de sa fille qui serait hospitalisée dans une clinique en Turquie, que par conséquent, il ne fait que transiter par Tunis avant de se rendre à Ankara. …
    C’est donc de façon illégale que l’ancien chef des sicaires libyens a pu quitter Tripoli pour Tunis. La raison du départ précipité d’Abdeljalil Mustapha est la crainte de se faire liquider physiquement comme beaucoup d’autres … « 
    La conclusion de cette équipée otanienne est connue avec l’assassinat de Kadhafi, meurtre avec préméditation comme le définit le code pénal. Ce fut monsieur Juppé, notre ministre des Affaires étrangères, répétant inlassablement dans les media (sitôt obtenue la 1973) « Kadhafi doit quitter le pouvoir », ce fut François Heisbourg, chef de file des néocons américains en France déclarant sur un plateau de télévision «j’espère que Kadhafi sera tombé dans l’escalier avant le ramadan … » (il commençait le 1er Août , en 2011). Et à défaut de le faire glisser dans l’escalier, un bombardement d’une de ses résidences à Tripoli tua le plus jeune de ses fils et trois de ses petits enfants (1er Mai 2011). Morale de l’OTAN. C’est la nouvelle géopolitique de la France.

     

    Ce que savait la France.

    Les connaissances de la France sont anciennes et précises, sur les trois régions Fezzan, Cyrénaïque et Tripolitaine. Depuis la création du pays en 1952, et même longtemps avant. Un vieux « colo », le général de Corps d’Armées Jean Salvan, grièvement blessé au Liban, a écrit deux pages lumineuses en Juillet 2011 » … les anciens du Tchad ont suivi avec curiosité et inquiétude notre engagement militaire en Libye : ils se souviennent de la Senoussia, cette secte musulmane farouchement anti-occidentale, créée en 1842. La Senoussia dirigeait la Cyrénaïque et elle fut notre principal adversaire lorsque nos coloniaux abordèrent la partie saharienne du Tchad. Ce ne fut qu’après les défaites de la Senoussia à Bir Ali en 1901 et Aïn Galaka en 1912, que nous pûmes enlever Faya-Largeau et le nord du Tchad. La Senoussia fournit à la Libye son premier roi, Idriss 1°, en 1945, lors de l’indépendance.

    Un siècle plus tard, nous voir voler au secours des descendants de ceux qui furent nos plus farouches adversaires, partisans d’un Islam fanatique, laisse perplexe… Ont-ils vraiment changé ? … »

    Le poids du système tribal local, rend illusoire toute approche centralisée du pouvoir dans une société ultra fragmentée. Malgré l’imprécision des chiffres on estime à 60 les principales tribus et à 750 celles de moindre importance. Mais surtout ces 60 communautés principales regroupent environ trois millions et demi de personnes, à mettre en regard des six millions  d’habitants. Et une dizaine disposent de réseaux vers d’autres pays de la région, Algérie, Egypte, Tunisie, Tchad, Niger, Mali.

    Nous ne sacrifierons pas à la mode d’affubler Muammar Kadhafi de différentes appellations peu amènes. La France fut la première à s’opposer à lui après le coup d’État de 1969 aidé par Nasser (et qui avait été pressenti et anticipé par les Services de Renseignement), dans sa responsabilité de protéger le Tchad. Et elle est la dernière à laquelle on peut faire des leçons sur le comportement de ce bédouin fantasque. La littérature spécialisée dévoile plusieurs opérations secrètes envisagées pour l’éliminer physiquement dès les années 1970 (comme la fin des mémoires de VGE, qui cite une opération classifiée en cours, qu’il confia à Mitterrand lors de l’entretien confidentiel de la passation de pouvoir). Et à chaque occasion, à la veille de passer à l’action Washington opposa un feu rouge, estimant que la disparition envisagée n’était jamais dans ses intérêts. Puis à partir des années 2000, la Libye et son chef passèrent ouvertement du statut de paria à celui de partenaire. Pris à nouveau en considération par la diplomatie internationale, la Libye créa en 2000 l’Union Africaine (déclaration de Syrte en Décembre 1999 et réunion de Durban en 2002). Une sorte de pivot entre l’Afrique et le monde arabe. En Octobre 2004 après renoncement aux armes de destruction massives, et signature du protocole additionnel du Traité de Non Prolifération Nucléaire. Démarches de pur formalisme car les infrastructures industrielles ne permettaient certainement pas d’élaborer de tels projets. Autre chose aurait pu être d’apporter les financements … Successivement l’UE leva l’embargo sur les livraisons d’armes, les USA reprirent les activités commerciales (dont évidemment le pétrole, sur quinze permis d’exploration accordés par les Libyens, onze allèrent aux USA !), candidature acceptée à l’OMC, levées des restrictions de circulation des diplomates, Kadhafi reçu en chef d’État à Bruxelles le 27 Avril 2004. Au moins ces années Chirac s’organisaient autour d’une certaine cohérence, ce qui ne fut plus le cas par la suite.

    Qu’ont vu, ceux d’entre nous qui allaient travailler en Libye dans ces années 2000 ? Un pays où l’islam n’imprégnait pas la société, où les femmes étaient habillées à l’occidental (signe qui en dit très long), où elles tenaient des postes de responsabilités tant en technique qu’en négociations commerciales, où la bande côtière arable était remarquablement cultivée (impressionnant vu d’hélicoptère), où le centre de Tripoli était animé tard dans la nuit avec les grands magasins ouverts, en bref une économie en plein décollage. Il y avait d’ailleurs tout à portée de main pour qu’il en soit ainsi. Réserves prouvées de pétrole 9ème rang mondial (chiffres publics de la CIA), 22ème rang pour le gaz, revenus destinés à 6 millions d’habitants. Kadhafi avait organisé un régime de redistribution généralisée, les libyens ne s’en cachaient pas et en étaient très fiers. Un PIB de 14.000 $ / an / h (50 ème rang sur 200 pays environ), un Indice de Développement Humain (ONU, espérance de vie, éducation, niveau de vie) élevé 56ème sur 200 pays. Et la Libye donnait du travail sur son territoire à environ deux millions d’Africains qui renvoyaient leurs salaires chez eux.

    Devant un tel bilan nous avons été nombreux à être outrés par les caricatures assénées par les media, en premier lieu gouvernementaux des bobos parisiens, téléguidés par le cabinet du quai d’Orsay, alors que la réalité de ce pays était parfaitement connue.

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    Les années Sarkozy sont encore aujourd’hui très difficiles à décoder voire incompréhensibles. Tout le monde avait saisi que les gesticulations autour des infirmières bulgares, relevaient du coup de menton et d’une manière peu coûteuse d’occuper l’estrade. Mais la visite à Paris, du 10 – 15 décembre 2007 s’inscrivait dans l’évolution de Tripoli. Elle n’a choqué que les esprits moisis de quelques moralistes professionnels, des Bayrou, des BHL, ou les opposants à Sarkozy par principe. Et montrait surtout leur complète ignorance de la situation à défaut d’être d’authentiques parangons de vertu. Que le bédouin ait voulu planter sa tente était plutôt dans un ton traditionnel, souhaitant peut être, imiter Ibn Seoud devant Roosevelt sur le pont arrière du Quincy …

    Nulle doute qu’une déception se fit jour quand Tripoli refusa d’entrer dans le projet d’Union pour la Méditerranée (au fait, où en sommes nous ?), qui devait être une clé de voute de la diplomatie sarkozienne.

    Mais cela n’explique pas que trois ans plus tard notre chef de l’État décidait de s’en prendre ainsi à un gouvernement qui ne menaçait en rien les intérêts français. En déclarant une guerre qui montrait à l’évidence que la légende du «printemps arabe» (volatilisée deux ans plus tard) avait supplanté toute analyse stratégique, faisant fi de notre Histoire, de nos connaissances centenaires de ces régions, nourris d’irremplaçables archives, tant chez les diplomates que chez les militaires, ou les financiers. Le total a donné l’impression sur l’instant d’une décision prise à l’aveuglette, ou ce qui est tout aussi grave, pour obéir à un donneur d’ordre extérieur (on voit bien lequel …).

    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/la-photo-kadhafi-sarkozy-introuvable-sur-le-site-de-l-elysee_964940.html

    Reconnaissons objectivement que le résultat de notre action fut, de façon irrationnelle, d’ouvrir les pistes à des islamistes là où Kadhafi leur avait barré le chemin depuis au moins deux décennies. Les Américains se sortent très bien de ce genre de contradictions, la France y perd sa crédibilité, et contrairement aux apparences, son âme. (à suivre...)

  • SOCIETE • Fabrice Hadjadj : les djihadistes, le 11 janvier et l'Europe du vide

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    Maxime Hauchard, un jeune français converti à l'islam venu rejoindre l'EI. Crédits photo: AFP

     

    Un magnifique texte, une très belle intervention, devant un auditoire romain, qui n'étonnera pas, parmi nous, ceux qui ont participé au Colloque du Cercle Vauban, le 6 décembre dernier à Paris, et y ont écouté Fabrice Hadjadj. De quoi méditer, au cours de ce week-end ... Lafautearousseau

    Fabrice Hadjadj est écrivain et philosophe, directeur de l'Institut européen d'études anthropologiques Philanthropos. Son dernier essai, « Puisque tout est en voie de destruction », a été publié chez Le Passeur Éditeur (avril 2014). Ce texte est celui d'une intervention donnée en Italie à la Fondation de Gasperi devant les ministres italiens de l'Intérieur et des Affaires étrangères, le président de la communauté juive de Rome, le vice-président des communautés religieuses islamiques de la ville.

     

    Chers Djihadistes - c'est le titre d'une lettre ouverte publiée par Philippe Muray  - un de nos plus grands polémistes français - peu après les attentats du 11 septembre 2001. Cette lettre s'achève par une série d'avertissements aux terroristes islamiques, mais ceux qu'elle vise en vérité, par ricochet et par ironie, ce sont les Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché. Je vous cite un passage dont vous allez tout de suite capter l'heureuse et cinglante raillerie : « [Chers Djihadistes], craignez la colère du consommateur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis?  Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. […] Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n'ont plus de sens et pour la vie qui va avec. » Et l'on peut ajouter aujourd'hui: nous nous battrons spécialement pour Charlie Hebdo, journal hier moribond, et qui n'avait aucun esprit critique - puisque critiquer, c'est discerner, et que Charlie mettait dans le même sac les djihadistes, les rabbins, les flics, les catholiques, les Français moyens - mais nous en ferons justement l'emblème de la confusion et du néant qui nous animent !

    Voilà à peu près l'état de l'État français. Au lieu de se laisser interpeler par les événements, il en remet une couche, il en profite pour se payer sa bonne conscience, remonter dans les sondages, se ranger du côté des victimes innocentes, de la liberté bafouée, de la moralité outragée, pourvu qu'on ne reconnaisse pas le vide humain d'une politique menée depuis plusieurs décennies, ni l'erreur d'un certain modèle européocentrique selon lequel le monde évoluerait fatalement vers la sécularisation, alors qu'on assiste presque partout ailleurs, et au moins depuis 1979, à un retour du religieux dans la sphère politique. Mais voilà : cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l'Europe.

    La première chose qu'il faut constater, c'est que les terroristes des récents attentats de Paris sont des Français, qu'ils ont grandi en France et ne sont pas des accidents ni des monstres, mais des produits de l'intégration à la française, de vrais rejetons de la République actuelle, avec toute la révolte que cette descendance peut induire.

    En 2009, Amedy Coulibaly, l'auteur des attentats de Montrouge et du supermarché casher de Saint-Mandé, était reçu au palais de l'Élysée par Nicolas Sarkozy avec neuf autres jeunes choisis par leurs employeurs pour témoigner des bienfaits de la formation par alternance : il travaillait alors en contrat de professionnalisation à l'usine Coca-Cola de sa ville natale de Grigny — Les frères Kouachi, orphelins issus de l'immigration, furent recueillis entre 1994 et 2000 dans un Centre d'éducation en Corrèze appartenant à la fondation Claude-Pompidou. Au lendemain de la fusillade au siège de Charlie Hebdo, le chef de ce Centre éducatif marquait sa stupéfaction : « On est tous choqués par l'affaire et parce qu'on connait ces jeunes. On a du mal à s'imaginer que ces gamins qui ont été parfaitement intégrés (ils jouaient au foot dans les clubs locaux) puissent comme ça délibérément tuer. On a du mal à y croire. Durant leur parcours chez nous, ils n'ont jamais posé de problème de comportement. Saïd Kouachi […] était tout à fait prêt à rentrer dans la vie socio-professionnelle. » Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux du maire de Lunel - petite ville du Sud de la France - qui s'étonnait que dix jeunes de sa commune soient partis faire le djihad en Syrie, alors qu'il venait de refaire un magnifique skate park au milieu de leur quartier…

    Quelle ingratitude ! Comment ces jeunes n'ont-ils pas eu l'impression d'avoir accompli leurs aspirations les plus profondes en travaillant pour Coca-Cola, en faisant du skate board, en jouant dans le club de foot local ? Comment leur désir d'héroïcité, de contemplation et de liberté ne s'est-il pas senti comblé par l'offre si généreuse de choisir entre deux plats surgelés, de regarder une série américaine ou de s'abstenir aux élections ? Comment leurs espérances de pensée et d'amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l'euthanasie ? Car c'était précisément le débat qui intéressait le gouvernement français juste avant les attentats : la République était toute tendue vers cette grande conquête humaine, la dernière sans doute, à savoir le droit d'être assisté dans son suicide ou achevé par des bourreaux dont la délicatesse est attestée par leur diplôme en médecine…

    Comprenez-moi : les Kouachi, Coulibaly, étaient « parfaitement intégrés », mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c'est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n'était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide, avec sa logistique de déracinement mondial, de perte de la transmission familiale, d'amélioration technique des corps pour en faire de super-instruments connectés à un dispositif sans âme…

    Un jeune ne cherche pas seulement des raisons de vivre, mais aussi, surtout - parce que nous ne pouvons pas vivre toujours - des raisons de donner sa vie. Or y a-t-il encore en Europe des raisons de donner sa vie ? La liberté d'expression ? Soit ! Mais qu'avons-nous donc à exprimer de si important ? Quelle Bonne nouvelle avons-nous à annoncer au monde ?

    Cette question de savoir si l'Europe est encore capable de porter une transcendance qui donne un sens à nos actions - cette question, dis-je, parce qu'elle est la plus spirituelle de toutes, est aussi la plus charnelle. Il ne s'agit pas que de donner sa vie ; il s'agit aussi de donner la vie. Curieusement, ou providentiellement, dans son audience du 7 janvier, le jour même des premiers attentats, le pape François citait une homélie d'Oscar Romero montrant le lien entre le martyre et la maternité, entre le fait d'être prêt à donner sa vie et le fait d'être prêt à donner la vie. C'est une évidence incontournable : notre faiblesse spirituelle se répercute sur la démographie; qu'on le veuille ou non, la fécondité biologique est toujours un signe d'espoir vécu (même si cet espoir est désordonné, comme dans le natalisme nationaliste ou impérialiste).

    Si l'on adopte un point de vue complètement darwinien, il faut admettre que le darwinisme n'est pas un avantage sélectif. Croire que l'homme est le résultat mortel d'un bricolage hasardeux de l'évolution ne vous encourage guère à avoir des enfants. Plutôt un chat ou un caniche. Ou peut-être un ou deux petits sapiens sapiens, par inertie, par convention, mais au final moins comme des enfants que comme des joujoux pour exercer votre despotisme et vous distraire de votre angoisse (avant de l'aggraver radicalement). La réussite théorique du darwinisme ne peut donc aboutir qu'à la réussite pratique des fondamentalistes qui nient cette théorie, mais qui, eux, font beaucoup de petits. Une amie islamologue, Annie Laurent, eut pour moi sur ce sujet une parole très éclairante : « L'enfantement est le djihad des femmes. »

    Ce qui détermina jadis le Général de Gaulle à octroyer son indépendance à l'Algérie fut précisément la question démographique. Garder l'Algérie française en toute justice, c'était accorder la citoyenneté à tous, mais la démocratie française étant soumise à la loi de la majorité, et donc à la démographie, elle finirait par se soumettre à la loi coranique. De Gaulle confiait le 5 mars 1959 à Alain Peyrefitte : « Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! ».

    Il y a certes une libération de la femme dont nous pouvons être fiers, mais lorsque cette libération aboutit au militantisme contraceptif et abortif, la maternité et la paternité étant désormais conçus comme des charges insupportables pour des individus qui ont oublié qu'ils sont d'abord des fils et des filles, cette libération ne peut que laisser la place, après quelques générations, à la domination en nombre des femmes en burqa, car les femmes en mini-jupes se reproduisent beaucoup moins.

    Nous avons beau jeu de protester: « Oh! la burqa ! quelles mœurs barbares ! » Ces mœurs barbares permettent, par une immigration compensant la dénatalité européenne, de faire tourner notre civilisation du futur - enfin, d'un futur sans postérité…

    Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique : en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu'à ralentir l'islamisation douce de l'Europe, celle que présente Michel Houellebecq dans son dernier roman (paru aussi le 7 janvier), et qui s'opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle. À moins que notre insistance à « ne pas faire d'amalgame », à dire que l'islam n'a rien à voir avec l'islamisme (alors qu'aussi bien le président égyptien Al-Sissi que les frères musulmans nous disent le contraire), et à nous culpabiliser de notre passé colonial - à moins que toute cette confusion nous livre avec encore plus d'obséquiosité vaine au processus en cours. 

    Il est en tout cas une vanité que nous devons cesser d'avoir - c'est de croire que les mouvements islamistes sont des mouvements pré-Lumières, barbares comme je le disais plus haut, et qui se modéreront sitôt qu'ils découvriront les splendeurs du consumérisme. En vérité, ce sont des mouvements post-Lumières. Ils savent que les utopies humanistes, qui s'étaient substituées à la foi religieuse, se sont effondrées. En sorte qu'on peut se demander avec raison si l'islam ne serait pas le terme dialectique d'une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne : comme cette Europe ne peut pas vivre trop longtemps sans Dieu ni mères, mais comme, en enfant gâtée, elle ne saurait revenir à sa mère l'Église, elle consent finalement à s'adonner à un monothéisme facile, où le rapport à la richesse est dédramatisé, où la morale sexuelle est plus lâche, où la postmodernité hi-tech bâtit des cités radieuses comme celles du Qatar. Dieu + le capitalisme, les houris de harem + les souris d'ordinateur, pourquoi ne serait-ce pas le dernier compromis, la véritable fin de l'histoire ?

    Une chose me paraît certaine: ce qu'il y a de bon dans le siècle des Lumières ne saurait plus subsister désormais sans la Lumière des siècles. Mais reconnaîtrons-nous que cette Lumière est celle du Verbe fait chair, du Dieu fait homme, c'est-à-dire d'une divinité qui n'écrase pas l'humain, mais l'assume dans sa liberté et dans sa faiblesse ? Telle est la question que je vous pose en dernier lieu: Vous êtes romains, mais avez-vous des raisons fortes pour que Saint-Pierre ne connaisse pas le même sort que Sainte-Sophie ? Vous êtes italiens, mais êtes-vous capables de vous battre pour la Divine Comédie, ou bien en aurez-vous honte, parce qu'au chant XXVIII de son Enfer, Dante ose mettre Mahomet dans la neuvième bolge du huitième cercle ? Enfin, nous sommes européens, mais sommes-nous fiers de notre drapeau avec ses douze étoiles? Est-ce que nous nous souvenons même du sens de ces douze étoiles, qui renvoient à l'Apocalypse de saint Jean et à la foi de Schuman et De Gasperi ? Le temps du confort est fini. Il nous faut répondre, ou nous sommes morts: pour quelle Europe sommes-nous prêts à donner la vie ? 

  • Ephémérides du mois d'août : Table des matières...

     

     

     

     AOUT 

     

    : 10 Avant JC : Naissance à Lyon du futur Claude, quatrième Empereur romain. 10 : L'empereur Auguste inaugure l'Autel des Trois Gaules, à Condate. 314 : le Concile d'Arles condamne le Donatisme. 1744 : Naissance de Lamarck. 1785 : Départ de La Pérouse pour son tour du monde. 1793 : Première Loi de Lazare Carnot organisant le génocide vendéen. 1798 : Désastre naval d'Aboukir. 1813 : Naissance d'Evariste Huc. 1913 : Création de la P.J, 36 Quai des Orfèvres. 1924 : Naissance de Georges Charpak. 2010 : Le Parc national de la Réunion, 35ème site français inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.

    2 : 1589 : Mort d'Henri III, blessé la veille, avènement de la dynastie des Bourbons. 1686 : Consécration de la Chapelle de la Maison royale de Saint Louis1754 : Naissance de Pierre-Charles L'Enfant, concepteur du plan d'urbanisme de Washington. 1830 : Charles X abandonne le pouvoir. 1914 : Le caporal Jules-André Peugeot, premier mort de la Grande Guerre. 1936 : Mort de Blériot. 1937 : Le Normandie bat le record de vitesse de la traversée Europe/États-Unis.

    : 1108 : Sacre de Louis VI. 1347 : Épisode des Bourgeois de Calais. 1753 : Mort de Louis-Henri de la Tour d'Auvergne, qui fit bâtir l'Elysée. 1763 : Louis XV pose la première pierre de l'église de la Madeleine. 1788 : Horace de Saussure effectue sa première randonnée scientifique au Mont Blanc. 1936 : Mort de Fulgence Bienvenüe. 1940 : Otto Abetz nommé Ambassadeur d'Allemagne à Paris...

    : 1297 : Boniface VIII proclame la sainteté de Louis IX. 1443 : Fondation des Hospices de Beaune. 1789 : Nuit du 4 Août. 1859 : Mort du Curé d'Ars. 1934 : Rassemblement royaliste de Roquemartine. 1962 : Loi Malraux sur la préservation du coeur historique des villes... 1984 : Premier lancement réussi pour la fusée Ariane III.

    5 : 58 Avant JC : Fin de la bataille de l'Ochsenfeld. 1676 : Mort de Pierre Patel. 1873 : Entrevue de Froshdorf, et réconciliation officielle des deux branches orléaniste et légitimiste. 2015 : Dédicace de Notre-Dame de Longefont : le prieuré fontevriste du XIIème siècle retrouve son église...

    : 1223 : Couronnement de Louis VIII et de Blanche de Castille. 1361 : Jean d'Orléans, Maître du Parement de Narbonne, devient peintre officiel de Charles V. 1656 : Naissance de Claude de Forbin. 1685 : Le conseil souverain de Martinique, premier en France à "enregistrer" le Code noir... 1747 : Mort de Vauvenargues.  1870 : Charge des cuirassiers de Reischoffen. 1970 : Première édition de La Solitaire du Figaro. 1977 : Mort de Michel Mourre.

    : Evocation : 1169 : Louis VII lance les travaux de Fontainebleau, qui deviendra le Palais des siècles. 

    8 : 1534 : Jacques Cartier découvre l'embouchure du Saint Laurent. 1786 : Jacques Balmat réussit la première ascension du Mont Blanc. 1793 : Début du siège de deux mois de la ville de Lyon, insurgée contre la Convention. 1819 : "Tout soldat porte dans sa giberne le bâton de maréchal"... 1918 : Foch lance la dernière offensive alliée, qui amènera, trois mois plus tard, la capitulation allemande. 1988 : Mort de Félix Leclerc.

    : 870 : Louis le Germanique et Charles le Chauve se partagent la Lotharingie. 1564 : Édit de Roussillon, fixant au premier janvier le début de l'année civile pour tout le Royaume. 1902 : Couronnement d'Edouard VII d'Angleterre, qui a commandé 27 diadèmes à Jacques Cartier, qu'il appelle "le roi des joailliers et le joaillier des rois". 1946 : Mort de Léon Gaumont.

    10 : 1539 : Ordonnance de Villers-Cotterêts. 1557 : Désastre de Saint Quentin, aux origines de L'Escorial. 1792 : Journée du 10 Août, et massacre des Gardes Suisses. 1915 : Parution de l'Histoire de deux peuples, de Jacques Bainville. 

    11 : Évocation : Le Mont Saint Michel.

    12 : 1271 : Couronnement de Philippe III, le Hardi. 1527 : Supplice de Semblançay à Montfaucon. 1674 : Mort de Philippe de Champaigne.

    13 : 1532 : Les États de Bretagne votent le Traité d'union avec la France. 1624 : Richelieu nommé à la tête du Conseil du Roi. 1792 : Louis XVI et sa famille enfermés à la prison du Temple. 1826 : Mort de Laënnec. 1854 : Aux origines de la Place de l'Etoile... 1863 : Mort de Delacroix. 1912 : Mort de Jules Massenet. 2015 : Annonce de la découverte du méga-site de stockage de grains gaulois de Corent...

    14 : 1714 : Naissance de Claude-Joseph Vernet. 1823 : Inauguration de la statue de Louis XVI, à Nantes. 1893 : Le permis de conduire et l'immatriculation des véhicules deviennent obligatoires. 1941 : Mort de Paul Sabatier. 1945 : Philippe Pétain condamné à mort. 1952 : Alfred Sauvy emploie pour la première fois l'expression Tiers-monde. 1958 : Mort de Frédéric Joliot-Curie. 1962 : Fin du percement du Tunnel sous le Mont Blanc.

    15 : 357 : Julien l'Apostat écrase les Alamans à Strasbourg. 778 : Bataille de Roncevaux. 1461 : Sacre de Louis XI. 1534 : Fondation des Jésuites. 1723 : Achèvement des travaux de Peterhof, bâti par le Tsar Pierre 1er, et inspiré de Versailles... 1761 : Signature du Pacte de Famille. 1769 : Naissance de Napoléon. 1892 : Naissance de Louis de Broglie. 1901 : Naissance de Pierre Lépine. 1944 : Débarquement Allié en Provence...

    16 : 1509 : Mort de Philippe de Comines. 1845 : Naissance de Gabriel Lippmann. 1877 : Première ascension de la Meije, dernier sommet alpin encore inviolé. 1984 : Premier vol de l'ATR 42.

    17 : 1424 : Mort de John Stuart de Buchan; aux origines de la Maison du Roi... 1544 : Aux origines du Canal de Craponne... 1645 : Naissance de La Bruyère. 1661 : Somptueuse réception de Louis XIV à Vaux le Vicomte par Fouquet. 1737 : Naissance de Parmentier. 1820 : Louis XVIII donne son Blason à la ville de Saint-Germain-en-Laye. 1826 : Fondation de la Société Hachette. 1832 : Mort de Daumesnil. 1908 : Le premier Dessin animé.

    18 : 1239 : Saint Louis dépose les reliques de la Passion à Notre-Dame de Paris. 1563 : Mort de La Boëtie. 1615 : Mort de Louis Métezeau. 1674 : Première d'Iphigénie. 1850 : Mort de Balzac. 1855 : La Reine Victoria à Paris. 1868 : Découverte de l'Hélium. 1901 : Naissance de Jean Guitton.

    19 : 1524 : Les "Dames" de Marseille repoussent l'assaut des Impériaux... 1662 : Mort de Pascal. 1839 : Daguerre présente le Daguerréotype. 1842 : Mort d'Alexandre du Sommerard. 1862 : Naissance de Barrès. 1935 : Robert de Joly découvre l'Aven d'Orgnac. 1949 : Tempête de feu dans les Landes. 1984 : Première Transat Québec - Saint Malo. 2010 : Trois médaillés pour la Recherche française.

    20 : 2 : Mort de Lucius Caesar, l'un des deux "Princes de la Jeunesse", successeurs désignés de l'empereur Auguste. 1153 : Mort de Bernard de Clairvaux. 1350 : Mort de Philippe VI. 1451 : Le "Signe de Bayonne". 1694 : L'Académie française remet à Louis XIV la première édition de son Dictionnaire. 1775 : Le Comte d'Artois, futur Charles X, acquiert la propriété de Bagatelle.... 1785 : Mort de Jean-Baptiste Pigalle. 1860 : Naissance de Raymond Poincaré.

    21 : 1165 : Naissance du futut Philippe Auguste. 1271 : Mort d'Alphonse de Poitiers, "refondateur" du château de Najac. 1567 : Naissance du futur saint François de Sales. 1670 : "Madame se meurt, Madame est morte !..." . 1725 : Naissance de Greuze. 1789 : Naissance d'Augustin Cauchy. 1809 : Tout incendiaire sera fusillé !... 1815 : Élection de la Chambre introuvable. 1911 : Vol de la Joconde. 1979 : Création du Parc national du Mercantour.

    22 : 1647 : Naissance de Denis Papin. 1764 : Naissance de Charles Percier. 1806 : Mort de Fragonard. 1862 : Naissance de Debussy. 1866 : Parution de La Coumtesso poème politique allégorique contre le centralisme jacobin, de Frédéric Mistral. 1914 : 27.000 tués, le jour le plus meurtrier de l'Histoire de France...

    23 : 1296 : Mariage de Blacasset de Blacas. 1540 : Mort de Guillaume Budé. 1614 : Inauguration de la statue d'Henri IV, première statue équestre de Paris. 1741 : Naissance de La Pérouse. 1747 : Première Distribution des Prix du Concours Général. 1753 : Naissance du duc de Berry, futur Louis XVI. 1769 : Naissance de Georges Cuvier. 1793 : La Convention décrète la "levée en masse"... 1806 : Mort de Charles Coulomb. 1942 : Protestation de Mgr Salièges. 1957 : Mort d'Eugène Schueller, aux origines de l'Oréal.

    24 : 1572 : Massacre de la saint Barthélemy. 1780 : Louis XVI abolit la Torture. 1883 : Mort du Comte de Chambord. 1902 : Naissance de Fernand Braudel. 1943 : Mort de Simone Weil. 1968 : Première Bombe H française. 1997 : Dernière journée des JMJ de Paris (1997). 2015 : Annonce de la découverte du "Trésor de Martigues"...

    25 : 218 Avant JC : Hannibal franchit le Rhône. 383 : Assassinat de l'empereur Gratien. 1270 : Mort de Saint Louis. 1664 : Aux origines du mot "Salon"... 1718 : Fondation de la Nouvelle Orléans. 1820 : Mort de Précy. 1829 : Inauguration du Bassin Charles X, à Cherbourg. 1908 : Mort d'Henri Becquerel. 1939 : L'Humanité soutient le pacte de non-agression Germano-Soviétique : elle sera interdite deux jours plus tard... 1944 : Libération de Paris. 1985 : Premières Fêtes de la Saint Louis à Aigues-Mortes. 1995 ; Premier vol de l'Airbus A-319.

    26 : 1346 : Désastre de Crécy. 1743 : Naissance de Lavoisier. 1837 : Première ligne de Chemin de fer transportant des voyageurs. 1850 : Mort de Louis-Philippe. 1850 : Naissance de Charles Richet. 1856 : Naissance de Paul Marmottan. 1880 : Naissance de Guillaume Apollinaire. 1977 : Le Québec adopte le français comme Langue officielle.

    27 : 543 : Mort de Saint Césaire d'Arles. 1214 : Retour triomphal de Philippe Auguste à Paris, après Bouvines. 1644 : Création de la Compagnie des Indes orientales. 1783 : Envol du premier ballon à hydrogène. 2007 : Découverte du buste de César dans le Rhône.

    28 : 1248 : Départ de Louis IX pour la Septième Croisade. 1706 : Inauguration de l'Église des Invalides. 1800 : Napoléon en visite au tombeau de Rousseau... 1940 : L'Humanité célèbre la paix avec Hitler... 1994 : Clôture de la décade des Fêtes du Bi-millénaire du Trophé de la Turbie. 

    29 : 1141 : Louis VII installe les changeurs sur le Pont au Change, à Paris. 1532 : Mort de Martin Chambiges. 1619 : Naissance de Colbert. 1780 : Naissance de Jean-Dominique Ingres. 1799 : Enlevé par la République, le pape Pie VI meurt d'épuisement à Valence. 1938 : Mort de Joseph Bédier. 1941 : Honoré d'Estienne d'Orves, premier résistant français à être fusillé.

    30 : 1483 : Mort de Louis XI. 1523 : Première date officielle du début de la grande braderie de Lille... 1540 : Création de la première Bourse française à Lyon. 1755 : Début de la querelle épistolaire entre Voltaire et Rousseau. 1772 : Naissance d'Henri du Vergier, comte de La Rochejacquelein. 2002 : Le château de Dampierre-sur-Boutonne est la proie des flammes.

    31 : 1779 : Naissance d'Alexandre du Sommerard. 1801 : Reddition du Général Menou, marquant la fin de l'expédition d'Egypte. 1823 : Prise du fort du Trocadéro, à Cadix. 1828 : Charles X entame un voyage de vingt jours en Alsace, qui se révèlera très vite triomphal. 1867 : Mort de Baudelaire. 1933 : Création d'Air France. 1937 : Création de la S.N.C.F. 2011 : La première Hydrolienne.

     

     

     

    SEPTEMBRE 

     

    : 1250 : Ouverture de la Sorbonne. 1557 : Mort de Jacques Cartier. 1637 : Naissance de Catinat. 1715 : Mort de Louis XIV. 1715 : Mort de Girardon. 1796 : Revente de l'Abbaye de Leffe. 1854 : Martyre des missionnaires Nicolas Krick et Augustin Boury, au Tibet. 1929 : Apparition du Commissaire Maigret. 1949 : Fondation d'Emmaüs. 1970 : Mort de François Mauriac.

    2 : 1792 : Massacres de septembre. 1870 : Défaite de Sedan. 1903 : Naissance de Gustave Thibon. 1930 : Premier vol Paris New York sans escale. 1930 : Création du parc national des Cévennes. 1937 : Mort de Pierre de Coubertin.

    3 : 1120 : Mort de Gérard Tenque. 1783 : Indépendance des États-Unis.  1792 : Le major Karl von Bachmann, commandant des Suisses lors de l'insurrection du 10 août, est guillotiné... 1792 : Assassinat de la princesse de Lamballe, et scènes d'anthropophagie révolutionnaire... 1883 : Mort de Tourgueniev, à Bougival. 1939 : Début de la Seconde Guerre mondiale.

    4 : 1768 : Naissance de Chateaubriand. 1784 : Mort de Cassini. 1911 : Roland Garros bat le record du monde d'altitude. 1965 : Mort d'Albert Schweitzer. 1989 : Mort de Simenon.

    : 1534 : Jacques Cartier rentre

  • Sur le site officiel de l'Action française : une leçon d’unité nationale, l’éditorial de François Marcilhac.

    Le comte et la com­tesse de Paris ont hono­ré de leur pré­sence les céré­mo­nies du bicen­te­naire de la mort de Napo­léon, le 5 mai, en assis­tant à la messe à Saint-Louis des Inva­lides, en sa mémoire et en celle des sol­dats de la Grande Armée. 

    françois marcilhac.jpgDans sa tri­bune du 28 avril der­nier au Figa­ro, le pré­ten­dant au trône de France avait dit le prin­ci­pal en décla­rant : « Quoi qu’on pense de lui, il est une des grandes figures de notre his­toire. […] Napo­léon, c’est aus­si l’un des noms fran­çais les plus connus dans le monde avec celui de Vic­tor Hugo ou de Jeanne d’Arc, un nom dont la puis­sance nous aide encore à rayon­ner mal­gré notre déclin rela­tif. C’est aus­si un nom admi­ré par les peuples même qui l’ont vain­cu. Le com­mé­mo­rer, c’est s’unir. Lui rendre hon­neur, c’est rendre hon­neur au peuple fran­çais, se rendre hon­neur à soi-même. » Les pro­pos du Prince tran­chaient avec la médio­cri­té du débat qui a entou­ré les com­mé­mo­ra­tions de ce bicentenaire.

    Ce même 28 avril, cette fois sur Cau­seur [1], inter­ro­gé par Fré­dé­ric de Natal, il avait encore décla­ré : « Il faut accep­ter le fait que nous sommes les héri­tiers d’une his­toire com­plexe, héri­tiers de la Gaule romaine, de nos 40 rois de France, mais aus­si de la Révo­lu­tion fran­çaise ou des cinq répu­bliques. L’épopée napo­léo­nienne fait par­tie de notre his­toire et a contri­bué à for­ger notre conscience natio­nale, quelles que soient ses zones d’ombres. » Ajou­tant, à pro­pos de Louis-Phi­lippe, qui avait fait rame­ner par son fils Join­ville les cendres de Napo­léon de Sainte-Hélène, en 1840 : « La volon­té poli­tique du roi Louis-Phi­lippe a tou­jours été moti­vée par l’unité natio­nale et la néces­si­té d’une syn­thèse entre deux modèles, pré-révo­lu­tion­naire et post-révo­lu­tion­naire. Je pense que ce retour des cendres pro­cède du même état d’esprit. […] N’oublions pas que Louis-Phi­lippe a fait entiè­re­ment res­tau­rer Ver­sailles, qu’il en a fait le châ­teau que l’on connaît aujourd’hui et qu’il l’a doté d’une gale­rie des batailles qui est dédiée à toutes les gloires de la France y com­pris celles de Napoléon. »

    Oui, c’est bien dans les traces de son aïeul que se situe le comte de Paris, comme, du reste, éga­le­ment dans celles de Louis XVIII qui, en 1815, se fit trans­por­ter sur le pont d’Iéna que les « Alliés » vou­laient faire sau­ter comme évo­ca­tion d’un mau­vais sou­ve­nir. On sait avec quel cou­rage il sau­va le pont face au géné­ral Blü­cher. Aver­ti par Decazes, qui raconte la scène, Louis XVIII lui répon­dit : « Vous, mon­sieur le pré­fet, faites savoir aux sou­ve­rains que dans peu d’instants je serai sur le pont qu’on veut détruire, et qu’il sau­te­ra, moi des­sus, si cette odieuse vio­la­tion du droit des gens et des trai­tés n’est pas arrê­tée à temps. » Et Decazes de pré­ci­ser : « Le roi ren­tra aux Tui­le­ries aux accla­ma­tions d’un foule immense que son héroïsme avait élec­tri­sée. » C’est que, avant d’être une vic­toire napo­léo­nienne, Iéna était aux yeux de Louis XVIII une vic­toire française.

    On ne sera pas éton­né non plus que le petit-fils de Louis-Phi­lippe, Phi­lippe VIII, fasse la syn­thèse de ce XIXe siècle de troubles en décla­rant, à la Jeu­nesse roya­liste de Paris, le 9 juin 1897, qui lui avait appor­té un dra­peau : « Ce dra­peau mar­qua au siècle der­nier l’union de la Mai­son de France et de la ville de Paris. Il est entre mes mains le sym­bole de l’apaisement social et de la concorde civique ; nous nous incli­nons tous devant lui. […] toutes les vic­toires fran­çaises me sont éga­le­ment chères, dra­pées aux cou­leurs de Rocroi, ou à celles de Val­my, ou à celles d’Iéna. » Rocroi, vic­toire de la monar­chie ; Val­my, vic­toire pré­cé­dant de peu l’instauration de la Ière Répu­blique, vic­toire, aus­si, à laquelle par­ti­ci­pa le jeune Louis-Phi­lippe d’Orléans, futur roi des Fran­çais (comme il par­ti­ci­pe­ra à Jem­mapes) ; Iéna, enfin, vic­toire impé­riale. Phi­lippe VIII ne pou­vait pas mieux mon­trer sa volon­té d’incarner l’histoire de France dans son ensemble, à la suite de Louis XVIII et de Louis-Philippe.

    C’est dans cet héri­tage que s’inscrit Jean IV, décla­rant tou­jours sur Cau­seur : « L’unité du pays ne peut se main­te­nir sans l’attachement à cet héri­tage mil­lé­naire qui nous apprend à regar­der vers l’avenir en le façon­nant pas à pas, dans un esprit de civi­li­sa­tion et avec un sens pro­fond de l’homme. Si le génie de la France est de tendre à l’universel, comme le veut notre pacte natio­nal, alors célé­brons avec nos dif­fé­rences la fier­té et la joie d’être fran­çais, et don­nons à nos enfants le goût de la vie et la foi en l’avenir. Oui, nous devons com­mé­mo­rer Napo­léon. Oui, le chef de l’État, chef des armées, doit aller s’incliner sur la tombe du vain­queur d’Austerlitz. C’est le des­cen­dant d’un com­bat­tant de Jem­mapes qui vous le dit, mais aus­si de Bou­vines et de bien d’autres batailles. La pre­mière bataille que doit livrer notre France aujourd’hui est un com­bat sur elle-même, c’est le désir d’ÊTRE… »

    Quelle belle leçon d’unité natio­nale, tour­née vers l’avenir, nous donne ain­si le Prince. Com­bien elle est loin, aus­si, du dis­cours de Macron à l’Institut, moins ver­beux, certes, que d’ordinaire, mais dont la gran­di­lo­quence, mani­fes­te­ment nom­bri­liste, a, par­fois, frô­lé le ridi­cule : « De l’Empire, nous avons renon­cé au pire, de l’Empereur nous avons embel­li le meilleur. » Il était bien la peine d’évoquer juste aupa­ra­vant Hugo. Mais lais­sons au poète Macron la res­pon­sa­bi­li­té de ses faux alexan­drins et de ses rimes si riches. Tout en mar­chant sur des œufs, vou­lant en même temps satis­faire tout le monde, les décons­truc­teurs, les nive­leurs, les des­truc­teurs de sta­tues, comme un public patriote qu’il ne veut pas frois­ser dans la pers­pec­tive de 2022, il a, semble-t-il, tou­te­fois, per­çu l’essentiel du per­son­nage, dans lequel il se retrouve : « La vie de Napo­léon est d’abord une ode à la volon­té poli­tique. » Il a rai­son : c’est bien le volon­ta­risme qui carac­té­rise l’idéologie impé­riale, de l’oncle comme du neveu, un volon­ta­risme qui s’est affran­chi de la réa­li­té, et de la pre­mière d’entre elles, celle du pré car­ré, pour le plus grand mal­heur de la France et de l’Europe. Comme le disait encore Louis-Phi­lippe, oppo­sant la sagesse capé­tienne, « sachant rai­son gar­der », au volon­ta­risme qui carac­té­rise le bona­par­tisme : « La poli­tique qui a pour fin la conser­va­tion de la paix, ou en d’autres termes, la poli­tique de la paix, abs­trac­tion faite de la ques­tion de droit, est en soi la plus haute et la plus vraie ; car elle pour­suit un but qui est cer­tain, pré­cis. Au contraire, la poli­tique des conquêtes tend vers un but qui s’é­loigne à mesure qu’on l’ap­proche. C’est un mirage trom­peur. Un peuple conqué­rant voit s’a­gran­dir sa tâche sou­vent au-delà de ses res­sources. Ses conquêtes sont un abîme qui l’appelle. »

    C’est une leçon que reprit Hen­ri VI : « L’empire veut la domi­na­tion uni­ver­selle mais, faute de pou­voir tout étreindre, finit par suc­com­ber sous le poids de ses conquêtes. […] L’empire est bel­li­queux par nature, la nation par acci­dent. L’empire ne connaît pas de bornes, la nation peut se savoir ache­vée, et sait se don­ner des limites. » Mali­cieu­se­ment, il notait aus­si : « André Mal­raux, qui n’était pas roya­liste, fai­sait remar­quer au géné­ral de Gaulle qu’aucune défaite mili­taire n’avait détruit la légi­ti­mi­té monar­chique. On sait ce qu’il advint de nos deux empires, et de la IIIe République… »

    C’est une leçon que reprend éga­le­ment l’actuel comte de Paris. Tout d’abord, dans Un Prince fran­çais : « Je ne crois pas que la France soit un empire. C’est l’erreur de Napo­léon. Il a dit, d’ailleurs, qu’il n’avait pas suc­cé­dé à Louis XVI mais à Char­le­magne. Pas aux Capé­tiens mais aux Caro­lin­giens. C’est dire qu’il ne conce­vait pas la France comme une nation patiem­ment édi­fiée, mais comme le centre d’un conglo­mé­rat qu’elle aurait domi­né. Or les empires sont des colosses aux pieds d’argile : ils ne durent pas et, quand ils s’effondrent, les peuples mettent des années à s’en rele­ver. » Aujourd’hui : si le Prince accorde la gloire à Napo­léon, il ajoute : « D’après moi, la France est plus un royaume qu’un empire et le modèle monar­chique capé­tien me semble plus per­ti­nent. » C’est pour­quoi, en effet, à ce volon­ta­risme, il convient, avec « le des­cen­dant d’un com­bat­tant de Jem­mapes […], mais aus­si de Bou­vines et de bien d’autres batailles », d’opposer « le désir d’ÊTRE ».

    On pense alors à ce mot de Bain­ville, que cha­cun connaît : « Sauf pour la gloire, sauf pour l’art, il eût pro­ba­ble­ment mieux valu que Napo­léon n’eût pas exis­té. » Aujourd’hui, on pour­rait dire : « Sauf pour la gloire, sauf pour l’art, il n’y avait pro­ba­ble­ment aucune bonne rai­son de com­mé­mo­rer ce bicen­te­naire. » Mais à condi­tion d’ajouter aus­si­tôt, pour répondre aux détrac­teurs de la France : « Il n’y en avait, en revanche, que de mau­vaises de ne pas le faire. »

    Ce « désir d’ÊTRE », le comte de Paris l’exprimera de la façon la plus haute en se ren­dant, ce same­di 8 mai, avec la com­tesse de Paris, à la céré­mo­nie reli­gieuse célé­brée chaque année à Orléans en l’hon­neur de Jeanne d’Arc, la sainte de la Patrie. C’est la pre­mière fois que le pré­ten­dant au trône de France assiste à cet office reli­gieux, remarque l’As­so­cia­tion uni­ver­selle des amis de Jeanne d’Arc, qui l’a invité.

    FRANÇOIS MARCILHAC

    [1] https://www.causeur.fr/prince-jean-orleans-napoleon-bicentenaire-197628

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • L’Arménie, un pays chrétien et martyr, par Antoine de Lacoste

    Arménie: situation générale

    En 314, sous l’influence de Saint Grégoire l’Illuminateur, le roi Tiridate se convertit au christianisme en même temps que son épouse et toute sa cour. L’ensemble de son armée et de ses sujets suivirent son exemple et tous se firent baptiser. L’Arménie devint officiellement le premier royaume chrétien au monde.

    L’Edit de Milan datant de 313, l’Arménie, au fond, accompagnait le mouvement général du passage du paganisme au christianisme, ce qui aurait pu lui valoir une histoire chrétienne heureuse à l’ombre de son puissant voisin byzantin. C’était compter sans la présence du grand empire perse, appelé alors Empire sassanide. Soucieux de ne pas entrer en guerre contre une telle puissance, et au fond ravi d’annexer un nouveau territoire, Byzance accepta de partager la malheureuse Arménie : aux Perses les deux tiers du pays, à l’est, et à Byzance le dernier tiers à l’ouest. On l’appela le partage de 387. Il faudra attendre 1920 pour que l’Arménie retrouve une brève indépendance.

    antoine de lacoste.jpgDes siècles d’épreuves et de malheurs allaient s’abattre sur le pays, mais il ne renierait jamais sa foi chrétienne.

    Un épisode historique typique atteste de cet enracinement chrétien dans l’âme arménienne. Après le partage de 387, les souverains sassanides s’étaient mis en tête de convertir l’Arménie au Zoroastrisme, religion païenne symbolisée par les autels du feu. Le clergé zoroastre s’installaprogressivement dans le pays et chassa les prêtres des églises. Sous la pression populaire, les princes arméniens se révoltèrent mais furent écrasés à la bataille d’Avaraïr en 451. Déterminé, le peuple se lança dans une guérilla qui finit par décourager le tyran sassanide. L’Arménie était toujours occupée mais pouvait rester chrétienne grâce à l’opiniâtreté des fidèles.

    LA RUPTURE DE CHALCEDOINE

    Les multiples controverses et hérésies qui affectèrent les premiers siècles de l’Eglise entraînèrent la rupture entre l’Arménie et Byzance.

    En 431, le Concile d’Ephèse avait condamné le nestorianisme qui niait partiellement la nature divine du Christ. Vingt ans plus tard, au Concile de Chalcédoine, c’est l’hérésie monophysite qui fut condamnée pour avoir nié la nature humaine du Christ.

    L’Eglise arménienne n’accepta pas la nouvelle rédaction de Chalcédoine sur les deux natures du Christ. A sa décharge, il semble bien qu’un problème de traduction ait joué un rôle et entretenu une confusion entre les mots nature et personne qui n’avaient pas tout à fait le même sens en Grec et en Arménien. De plus, certains historiens affirment que des Nestoriens envoyés en Arménie jouèrent un rôle de désinformateurs sur les véritables intentions du Concile de Chalcédoine. Quoi qu’il en soit, l’Eglise arménienne déclara s’en tenir à la rédaction d’Ephèse proclamant « l’unique nature du Verbe incarné. »

    Byzance (Constantinople) essaya de faire rentrer l’Eglise arménienne dans le rang, en vain. En 506, le chef de l’Eglise arménienne se proclama « catholicos », c’est-à-dire chef d’une église nationale indépendante. On l’appelle l’Eglise apostolique arménienne C’est cette église qui perdure toujours en Arménie, rassemblant 90% des fidèles. Les 10% restant se partagent entre catholiques romains et protestants.

    La rupture était consommée. Elle n’empêcha toutefois pas l’Arménie d’envoyer des milliers de soldats combattre les Sassanides aux côtés de l’Empereur byzantin Héraclius. Ce dernier était parti envahir le pays sassanide afin de récupérer la relique de la Vraie Croix volée à Jérusalem en 614 par les armées païennes. La bataille de Ninive en 627vit la victoire des armées chrétiennes et le retour triomphal de la Vraie Croix à Jérusalem.

    Cette alliance eut d’heureuses répercussions et un accord fut signé entre l’Eglise byzantine et l’Eglise arménienne, semblant mettre un terme au schisme.

    Mais l’arrivée des Arabes musulmans et leur victoire contre les Byzantins à Yarmouk en 636 allait tout bouleverser.

    L’ARRIVEE DE L’ISLAM

    Dans un premier temps, les conquérants musulmans traitèrent convenablement les Arméniens. Ils n’étaient pas si nombreux et ne voulaient pas rajouter le front du Caucase à leurs autres objectifs : l’Empire byzantin, l’Empire sassanide et l’Afrique du Nord.

    Le VIIe siècle vit alors un développement architectural et religieux de grande ampleur dans toute l’Arménie. Ce sera « L’Age d’or » avec de nombreusesconstructions d’églises superbes. Beaucoup sont encore debout et leur visite constitue un enchantement.

    Cependant, comme toujours, la paix de l’islam n’était que ruse et au VIIIe siècleune poigne de fer enserra l’Arménie.

    Cela commença avec le massacre de la cavalerie des princes, brûlés vifs dans une église, sous prétexte d’une rencontre avec l’émir du Nakitchévan. Révoltes et répressions se succédèrent et les Arabes allaient habilement jouer des divisions entre les grandes familles arméniennes.

    Mais l’Empire byzantin s’était repris après ses défaites initiales et reconquitdes territoires à l’est. Les Arabes étaient affaiblis et l’Arménie en profita pour établir deux royaumes : le premier au nord, issu de la famille Bagratouni, qui se donna Ani comme capitale, « la ville aux mille et une églises ». Le second au sud, avec la famille Arstrouni qui installa sa capitale sur le lac de Van. Ani et le lac de Van sont aujourd’hui situés à l’est de la Turquie et non plus en Arménie.

    Ceci se passait au IXe siècle et l’Arménie disposait alors d’une indépendance de fait qui s’accompagna d’un grand renouveau monastique.

    L’empire byzantin, revigoré par l’affaiblissement du califat arabe,reprit malheureusement  son expansion vers l’est au détriment des Arméniens. C’est alors qu’ils furent battus à Mantzikert en 1071 par de nouveaux venus : les Seldjoukides. Ces turcomans, venus des steppes d’Asie centrale, allaient progressivement conquérir tout l’empire byzantin. Une branche familiale, les Otmans, fonderait ensuite l’Empire ottoman.

    L’AVENTURE DU ROYAUME DE CILICIE

    La Cilicie, région située au sud de la Turquie actuelle face à Chypre, fut colonisée par les Arméniens dès le Xe siècle. Ils agissaient pour le compte des Byzantins et avaient conquis ces terres au détriment des Arabes, en pleine déroute.

    Après la défaite de Mantzikert, de nombreux Arméniens s’y installèrent pour fuir les Seldjoukides. Ils passèrent des alliances avec les croisés et la Cilicie, devenant la plaque tournante du commerce chrétien de l’est de la Méditerranée, connut une grande période de prospérité.

    Les villes de Tarse (celle dont Saint Paul est originaire) et d’Adana rayonnaient et les différents rois de Cilicie étaient reconnus par Rome et le Saint-Empire. L’activité religieuse fut également remarquable avec de nombreuses traductions de pères grecs mais aussi latins, ce qui était nouveau. L’art de l’enluminure atteignit son apogée.

    Cependant l’arrivée des hordes de Gengis Khan au XIIIe siècle puis celle des mameluks égyptiens eurent raison du petit royaume chrétien. Le dernier roi de Cilicie, Léon VI de Lusignan fut fait prisonnier en 1375. Racheté, il finit ses jours à la Cour de France, à Paris.

    LES TURCS SEULS MAITRES A BORD

    Les Ottomans chasseront progressivement les autres forces musulmanes et, au XVIIe siècle, seront seuls aux commandes.

    L’Arménie était devenue une petite province du nord-est de la Turquie et subit les exactions de son maître. De très nombreux jeunes étaient enlevés pour en faire des janissaires et l’émigrationfrappa durement le pays. Les Arméniens s’en allèrent vers l’Europe, la Thrace ou l’ouest de l’Asie Mineure.

    C’est donc à l’extérieur que les Arméniens brillèrent. Leurs grands talents commerciaux firent merveille et de très nombreux navires battant pavillon à l’Agneau pascal parcouraient la Méditerranée allant même jusque dans l’océan Indien.

    Le XVIIIe siècle vit une intéressante tentative de ramener l’église apostolique arménienne dans le giron de Rome. De nombreux jeunes arméniens vinrent étudier à Paris dans une école créée pour eux par Colbert. Un prêtre arménien, revenu au catholicisme, fonda le monastère San Lazzaro au large de Venise où vit toujours une communauté de moines arméniens catholiques.

    Petit à petit, subissant un affaissement progressif, l’Empire ottoman desserra l’étau autour des Arméniens. Une élite urbaine se forma et à partir de 1856les chrétiens bénéficièrent des mêmes droits que les autres habitants de l’Empire, au bord de l’effondrement.

    Ce fut le moment choisi par la Russie pour reprendre sa marche vers Le Caucase, freinée par sa défaite lors de la guerre de Crimée qui avait vu la victoire de l’alliance contre-nature anglo-franco-turque.En 1877, les troupes du Tsar occupèrent (libérèrent en réalité) l’ensemble de l’Arménie, y compris sa partie occidentale. Tous les espoirs étaient alors permis pour l’indépendance d’une grande Arménie sous la protection de la Russie.

    Mais les Britanniques, soucieux de contrer la Russie par tous les moyens, passèrent un accord secret avec la Turquie pour, en échange de la cession de Chypre, empêcher la mainmise russe sur l’ensemble du territoire arménien. Ils parvinrent à provoquer la tenue du Congrès de Berlin en 1878 où, malgré les supplications des Arméniens, décision fut prise de confier à l’Empire ottoman la partie occidentale de l’Arménie d’où les troupes russes se retirèrent. Elles restèrent seulement dans la partie orientale, qui correspond aux frontières de l’Arménie actuelle. L’acceptation russe à ce plan reste un mystère.

    LE GENOCIDE DE 1915

    Les réformes prévues dans la partie occidentale ne seront jamais appliquées : les pièces du drame sont en place. Alors que les Arméniens s’organisaient pour créer des partis politiques, les premiers massacres se produisirent. Entre 1894 et 1896, 300 000 Arméniens furentexterminés par les Ottomans. En 1908 le mouvement des Jeunes-Turcs prit le pouvoir. Leur programme islamo-nationaliste prévoyait clairement la destruction du peuple arménien, censé empêcher le renouveau de la nation turque.

    Le déclenchement de la Première guerre mondiale sera l’occasion d’organiser le génocide arménien. Après les arrestations massives de prêtres, de notables et d’intellectuels qui furent systématiquement exécutés, la grande déportation fut organisée secrètement dans tout le pays ottoman. Les malheureux furent envoyés vers le désert syrien, près de Deir es-Zor. Mais la plupart moururent en route d’épuisement ou assassinés par les gendarmes ou les Kurdes, serviteurs zélés du génocide.

    Ce génocide, que la Turquie refuse toujours de reconnaître, fit environ 1 500 000 morts. Plusieurs centaines de milliers d’Arméniens réussirent à fuir vers l’est, à destination du Liban ou de Damas. A Constantinople, il y eut également de nombreux survivants car la ville était trop exposée aux regards occidentaux pour que les Turcs y fussent libres de perpétrer leurs crimes.

    Les cas de résistance furent rares car les malheureux ignoraient le sort qui les attendait. Il y en eu tout de même mais un seul fut couronné de succès, celui du Musa Dagh. On peut lire à ce sujet le beau roman de Franz Werfel, Les Quarante jours du Musa Dagh.

    La guerre de 14-18 avait vu la victoires des Russes sur les Turcs, mais la révolution bolchévique changea tout et les troupes russes se retirèrent pour participer à la guerre civile qui commençait.

    La Turquie en profita et lança une vaste offensive contre ce qui restait de l’Arménie. Les troupes turques arrivèrent près d’Erevan mais furent finalement repoussés par des Arméniens héroïques et inférieurs en nombre. Du 21 au 25 mai 1918 plusieurs victoires furent remportées et les Turcs reconnurent l’indépendance de l’Arménie.

    LA PERIODE SOVIETIQUE

    Cette indépendance ne dura guère : les Soviétiques et la nouvelle Turquie de Mustapha Kémal se mirent d’accord sur le tracé des frontières et l’Arménie intégra l’URSS naissante en 1922 à l’instar de ses voisins caucasiens, la Géorgie et l’Azerbaïdjan.

    De nombreux Arméniens adhérèrent avec enthousiasme aux idéaux marxistes. Dans ce pays si chrétien, cela reste une énigme mais il faut bien reconnaître ce fait. D’ailleurs, une partie non négligeable de la diaspora arménienne en France fut membre du parti communiste. Toutefois la majorité resta chrétienne et soutint courageusement l’église dans sa lutte contre les persécutions de Staline.

    Symbole de cette lutte qui ne cessa jamais, le catholicos fut assassiné par la Tchéka en 1938. La seconde guerre mondiale contraignit Staline à suspendre ces persécutions et de nombreux arméniens moururent sous les coups de l’armée allemande : entre 150 000 et 200 000.

    L’après-guerre sera moins douloureux et si la république soviétique d’Arménie subit la poigne de fer commune à toute l’URSS, aucune grande vague de persécutions ne se produisit.

    Cette période fut le théâtre d’une avancée culturelle importante pour l’Arménie avec la construction du Maténadaran à Erevan. Plus de 15 000 manuscrits anciens rédigés en arménien y sont conservés : c’est toute la mémoire chrétienne qui est exposée, assurant la transmission de l’histoire antique puis paléochrétienne dont les orignaux grecs ont disparu dans les destructions successives de la bibliothèque d’Alexandrie.

    1991 INDEPENDANCE ET GUERRE

    A la suite immédiate de la chute de l’Union soviétique, l’Arménie proclama son indépendance le 21 septembre 1991. Peu de temps auparavant, en 1988, le Haut-Karabagh avait réclamé son rattachement à l’Arménie. Cette province est une enclave chrétienne située en Azerbaïdjan. Staline avait décidé qu’il en serait ainsi, contre toute logique culturelle, ethnique et religieuse. Logiquement, les chrétiens du Haut-Karabagh proclamèrent également leur indépendance en septembre 1991.

    L’Azerbaïdjan envoya aussitôt des troupes dans l’enclave et la guerre éclata entre ces deux voisins qui ont si peu en commun. Ce conflit, qui fera 30 000 morts, tourna à l’avantage de l’Arménie laquelle conquit les territoires azéris menant au Haut-Karabagh. Des mouvements de population se produisirent alors : des milliers d’Arméniens quittèrent l’Azerbaïdjan où ils n’étaient plus en sécurité tandis que les Azéris furent chassés des territoires situés entre l’Arménie et le Haut-Karabagh.

    LA GUERRE PERDUE CONTRE L’AZERBAÏDJAN

    Mais chacun savait que l’affaire n’en resterait pas là. L’Azerbaïdjan a patiemment

  • Éphéméride du 7 février

    Écu de Robert de Clermont, aux origines de la Maison de Bourbon

     

    1317 : Mort de Robert de Clermont, aux origines de la 3ème maison de Bourbon, aujourd'hui Famille de France 

     

    7 fevrier,françois premier,le havre,normandie,salamandre,henri iv,lyonPendant plusieurs siècles, le titre de Maison de Bourbon fut porté par celles et ceux qui possédaient la seigneurie de Bourbon l'Archambault et du Bourbonnais, ensuite appelée Duché de Bourbon, dans le nord de l'Auvergne, coeur de l'ancienne province du Bourbonnais.

    Il y eut d'abord deux premières familles de Bourbon, qui s'éteignirent assez rapidement et n'eurent jamais une grande importance, avant que le titre de sire de Bourbon n'entrât dans la famille des Capétiens directs, par le mariage de Robert de Clermont avec Béatrice de Bourgogne, dernière héritière de la deuxième famille propriétaire du duché :

    la première famille de Bourbon, qui s'éteignit du côté des mâles en 1171, puis du côté des femmes en 1216; par le mariage de la dernière descendante de cette famille, Mahaut de Bourbon, avec Guy de Dampierre, la seigneurie de Bourbon passa à une branche de la famille de Dampierre, en 1196;

    • fondant la deuxième famille de Bourbon, le fils de Guy de Dampierre et de Mahaut de Bourbon, Archambaud VIII, ajouta le nom (et les armes) de sa mère à ceux de son père; mais cette Maison de Bourbon-Dampierre s'éteignit à son tour assez rapidement : du côté des mâles, en 1249 puis, du côté des femmes vers 1287. Par le mariage de la dernière héritière de cette famille, Agnès de Bourbon-Dampierre (morte vers 1287), avec Jean de Bourgogne, la seigneurie de Bourbon passa à leur unique enfant, leur fille Béatrice de Bourgogne. C'est cette dernière qui fit entrer le nom et titre de "Bourbon" dans la famille capétienne;

    • fondateur, par son mariage avec Béatrice de Bourgogne, de la 3ème famille de Bourbon, Robert de Clermont était le dixième et avant-dernier des onze enfants de Louis IX (futur saint Louis) et Marguerite de Provence, et leur sixième et dernier garçon; il fut reconnu sire de Bourbon en 1283, possédant la terre de Bourbon par "le droit de la femme" ("de jure uxoris").

    Cette troisième Maison de Bourbon accédera au trône de Navarre en 1555, puis au trône de France en 1589, avec Henri IV.

    La famille que fonda Robert de Clermont est donc ainsi, aujourd'hui encore, la Famille de France, et elle essaima également à l'étranger : Espagne, Parme, Naples (ou Sicile), et - par les femmes, et le jeu des alliances matrimoniales - Belgique, Luxembourg, Brésil... 

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    Forteresse de Bourbon l'Archambault :

    http://www.forteressebourbon.fr/

    Des origines à nos jours : de l'humble seigneurie de Bourbon à la Famille de France...

     

    7 fevrier,françois premier,le havre,normandie,salamandre,henri iv,lyonDans leur acharnement "rattachiste", les plus enragés des généalogistes pensent pouvoir faire remonter la famille de Bourbon à... Childebrand, frère cadet de Charles Martel (c'est-à-dire à la première moitié du VIIIème siècle) ! Laissons les chercheurs chercher, et tenons-nous en à ce qui est avéré : comme l'écrit Michel Mourre : "Le premier membre de la famille connue dans l'Histoire est Adhémar, sire de Bourbon (début XIème siècle)". Pour le reste, pas grand-chose de réelle importance, jusqu'à la date de 1272 : cette année-là - comme on l'a vu plus haut - alors que la maison n'a plus d'héritiers mâles, la dernière représentante de la lignée, Béatrix de Bourbon, seule et unique héritière du nom et des biens, épouse Robert de Clermont, le dernier garçon du roi Louis IX et de son épouse, Marguerite de Provence.

    (Illustration : "d'azur semé de fleurs de lys d'or et à la bande de gueules", les armoiries du Bourbonnais sont celles de Robert de Clermont, qui a brisé les lys de France en ajoutant une bande de gueules.)

    Toujours de Michel Mourre : "De ce mariage naquit Louis, premier duc de Bourbon (1327), qui mourut en 1341 en laissant deux fils : Pierre 1er, sire de Bourbon, et Jacques, comte de la Marche, qui furent la tige de deux branches" :

    1 : la branche aînée, fondée par Pierre 1er, dura environ deux siècles, et s'éteignit, faute de postérité, avec Suzanne de Bourbon, épouse de son cousin Charles, mort en 1527, le couple n'ayant pas eu d'enfant. Un membre de cette branche fut tué au désastre de Poitiers; sa fille épousa le roi Charles V; un autre membre de cette branche combattit les Anglais avec du Guesclin; un autre, fait prisonniers lors du désastre d'Azincourt, mourut, captif, à Londres; le membre le plus important de cette branche fut peut-être Pierre II : sire de Beaujeu, il épousa Anne, fille du roi Louis XI, et, à ce titre participa à l'excellente régence qu'exerça, pour le plus grand bien de la France, son épouse Anne de Beaujeu. C'est ce couple qui n'eut qu'une fille, Suzanne (voir plus haut), laquelle épousa son cousin Charles mais n'eut pas de postérité, ce qui marqua, donc, après deux siècles, l'extinction de la branche aînée...

    7 fevrier,françois premier,le havre,normandie,salamandre,henri iv,lyon2 : la branche cadette : à la différence de celle que fonda son frère Pierre, et qui ne dura que deux siècles, la deuxième branche de Bourbon fondée par Jacques, comte de la Marche - le deuxième enfant du premier duc de Bourbon, Louis premier - s'est perpétuée jusqu'à nos jours, atteignant la puissance et la grandeur que l'on sait, et débordant même très largement le cadre du seul territoire national.

    C'est dans cette branche que naquit - et mourut sans héritier - le Connétable de Bourbon (ci contre), qui devait trahir François premier et la France : après avoir largement contribué à la victoire de Marignan, le Connétable s'allia à Charles Quint et Henri VIII, fut le principal artisan de la victoire de nos ennemis à Pavie, et envahit la Provence, qu'il avait conquise presque entière lorsqu'il échoua devant Marseille (voir l'Éphéméride du 19 août); il se retira alors, mais en désordre, en Italie, et trouva une fin sans gloire dans Rome, alors qu'il mettait à sac la Ville éternelle... (sur la trahison du Connétable de Bourbon, voir l'Éphéméride du 18 juillet)...

    À la mort - sans héritier - de l'ex-Connétable (en 1527), Charles de Bourbon (1489-1537) devint chef de toute la Maison : François 1er le titra duc de Vendôme.

    C'est à partir de ce moment-là que les choses s'accélérèrent, pour la Maison de Bourbon, et que la roue de l'Histoire se mit à tourner, de plus en plus vite, en sa faveur.

    7 fevrier,françois premier,le havre,normandie,salamandre,henri iv,lyonDix-huit ans à peine après la mort de Charles, Antoine de Bourbon, par son mariage avec Jeanne d'Albret, devint roi de Navarre (1555). Le mariage fut, d'abord, très heureux, et les époux eurent un premier fils, qui vécût très peu, puis un second, qu'ils appelèrent Henri. Peu à peu, cependant, les liens se distendirent dans le couple : de fait, Antoine de Bourbon était roi de Navarre par sa femme (devenue Jeanne III à la mort de son père, la "loi salique" n'existant pas en Navarre) qui détenait donc le pouvoir réel, lui-même n'étant que le prince consort; ensuite, la France étant entrée dans l'épisode tragique des Guerres de religion, la rupture fut définitivement consommée lorsque Jeanne choisit la réforme, Antoine restant fidèle au catholicisme...

    Mais Henri de Navarre était né, au château de Pau, et sous un jour favorable, malgré les épreuves qu'il eut à subir. D'abord, à la différence de son père, il fut pendant quelques années, à la mort de sa mère, roi véritable de Navarre, et non roi nominal ou roi consort, sous le nom de Henri III de Navarre. Ensuite, le fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, devait devenir roi de France, cette fois sous le nom d'Henri IV, après l'assassinat d'Henri III de France en 1589 (et c'est pourquoi on l'appellera "Roi de France et de Navarre") : voir l'Éphéméride du 2 août...

    Cette année-là, pour les Valois, se reproduisit exactement le même scénario qui avait mis fin à la branche des Capétiens directs : de même qu'après Philippe le Bel ses trois fils lui succédèrent l'un après l'autre sans descendance, de même les trois fils de Henri II - François II, Charles IX et Henri III - régnèrent à tour de rôle, sans postérité. Même éloigné, le parent qui se rapprochait le plus du dévoué Henri III était... le descendant du sixième et dernier garçon de Saint Louis : Henri de Navarre...

    Ainsi donc, si, durant cinq siècles, le nom et titre de Bourbon ne fut jamais attaché à une grande prospérité, il devait, en cinquante-deux ans et comme d'un coup, atteindre les sommets...

    Henri IV fut le père de Louis XIII, lui-même père de deux garçons : Louis (le futur Louis XIV) et son frère Philippe, titré du beau nom historique - et qui éveille tant de grands souvenirs de notre roman national... - de duc d'Orléans.

    C'est de ce frère de Louis XIV, fils de Louis XIII et petit-fils d'Henri IV, que descendent les représentants actuels de notre Famille de FranceJean, comte de Paris et son fils Gaston Dauphin, de France... (pour l'histoire plus détaillée de la branche d'Orléans, voir l'Éphéméride du 21 septembre).

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    Du sixième fils de Saint Louis à nos jours : le défunt Comte de Paris (à gauche) et l'actuel, le prince Jean, à droite, le prince Gaston dans ses bras : huit siècles d'Histoire de France qui se perpétuent...

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    Le prince Jean, à côté de son fils, le prince Gaston, Dauphin de France, au château d'Amboise...

      

    À propos de la Navarre, de ses Armes et de l'expression "Roi de France et de Navarre"...

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     "de gueules aux chaînes d'or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d'une émeraude au naturel"

    L'écu de Navarre se rattache aux armoiries que le roi navarrais Sanche VII le Fort adopta après l'immense victoire de Las Navas de Tolosa (près de Jaén, en Andalousie), remportée sur l'Islam par la chrétienté de l'Europe toute entière, venue au secours des Espagnols menacés d'être écrasés par la puissante invasion des Almohades, venus d'Afrique du Nord et de Mauritanie. C'était en 1212, un an avant la bataille de Muret (décisive pour le Royaume de France, car elle ouvrait la voie à une réunion prochaine des provinces du Sud-Ouest à la Couronne...), et deux ans avant la non moins décisive journée de Bouvines, dont on sait l'importance capitale...

    Lors de cette bataille de Las Navas de Tolosa, des chaînes défendaient la tente du sultan musulman Miramamolin, entouré (dit-on...) d'une garde personnelle de dix mille noirs farouches... Imité par les chevaliers chrétiens - qui puisaient leur énergie furieuse dans la parfaite connaissance du fait que l'issue du combat ne pouvait être que la mort ou la libération de l'Espagne chrétienne - l'une et l'autre définitives... - Sanche le Fort rompit les chaînes du camp retranché de Miramamolin avec sa propre épée. Le sultan vaincu portait (là-aussi, dit-on...) une émeraude verte sur son turban : elle figure au centre du blason...

    De Michel Mourre : "...Le royaume de Navarre se constitue obscurément vers 830 et entre dans l'histoire avec Sanche 1er Garcia ( 905/925). Sous le règne de Sanche III le Grand (1000/1035) la Navarre s'étendit des Pyrénées vers le sud jusqu'à Tudela, sur l'Èbre supérieur, et au-delà des Pyrénées sur la région de Saint-Jean-Pied-de-Port (qui signifie "au pied du col, de la montagne, ndlr), qu'on appellera plus tard Basse Navarre ou Navarre française. Après Sanche IV, la Navarre se réunit à l'Aragon (1076/1134), puis redevint un royaume séparé. En 1234 la couronne passa à Thibaut de Champagne, fils de l'héritière de Navarre et fondateur de la dynastie champenoise dont la dernière descendante Jeanne 1er, reine de Navarre, épousa en 1234 Philippe le Bel. La Navarre se trouva ainsi réunie à la France jusqu'en 1328; à cette date, Jeanne, fille de Louis le Hutin, et petite-fille de Philippe le Bel, exclue du trône de France par la loi salique, garda la Navarre. Celle-ci passa successivement par mariages aux comtes d'Évreux (1329), à Jean II d'Aragon (1425), aux comtes de Foix (1479), enfin à la maison d'Albret (1484). Mais en 1512 Ferdinand le catholique enleva à Henri II d'Albret toute la haute Navarre, restée depuis à l'Espagne. La maison d'Albret ne conserva plus que la basse Navarre, située au nord des Pyrénées. À la suite du mariage de Jeanne III d'Albret et d'Antoine de Bourbon, la Navarre passa à la maison de Bourbon, et Henri III de Bourbon, roi de Navarre, devenu roi de France en 1589, réunit définitivement la basse Navarre à la France...."

     

     

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    1517 : Fondation du Havre

     

    François Premier donne commission à l'Amiral Guilllaume Gouffier de Bonnivet, pour construire un port au lieu dit "de Grâce" (une antique chapelle de Notre-Dame de Grâce se trouvant à proximité).

    Ainsi le port du Havre, en Haute Normandie, fut-il le premier port national d'État créé de toutes pièces, et ce dans une perspective tant militaire et politique que commerciale et économique.

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    On l'appela d'abord Franciscopolis, ou Ville Françoise, en hommage à François Premier, avant que ne prévale Le Havre de Grâce, puis Le Havre.

    Mais l'emblème personnel de François Premier, la salamandre, orne toujours le blason de la Ville, depuis sa fondation :

  • GRANDS TEXTES (34) : Raymond Poincaré célèbre le cinquième centenaire de Jeanne d'Arc.....

    Certes, il y a cette phrase, que nous rejetons absolument : "la Révolution a achevé cette oeuvre séculaire en faisant du peuple Français une association libre de citoyens solidaires". Nous ne croyons évidemment pas un seul instant une chose pareille, et nous tenons au contraire la Révolution pour le pire évènement de notre Histoire, et même de celle du monde, vu les Totalitarismes qu'elle a engendrés, et les monstruosités inédites jusqu'alors qui en ont découlé. Mais, d'une part, un Président de la République pouvait-il prononcer un discours entier sans prononcer, au minimum, une phrase malheureuse ? Et, d'autre part, pour cette courte phrase malheureuse, devrait-on se priver de la très belle envolée lyrique et politique qui clôt ce très beau texte, et dont l'inspiration, qu'on le veuille ou non, est tout sauf "révolutionnaire" ? Faisons donc preuve de largeur d'esprit, et montrons que nous rejetons tout sectarisme en acceptant tout ce qui est bon dans ce texte, c'est-à-dire, l'essentiel...

     

     

     DISCOURS PRONONCÉ à ROUEN PAR MONSIEUR RAYMOND POINCARÉ 

    PRÉSIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES

     A L’OCCASION DE LA FÊTE DE JEANNE D’ARC

    POUR LE CINQUIEME CENTENAIRE (1412-1912)

     

    poincare jeanne d'arc.JPGC’est moins, sans doute, le Président du Conseil des Ministres que le représentant de Vaucouleurs au Sénat que vous avez bien voulu convier à cette pieuse et émouvante cérémonie. Il y a sept ans déjà, la ville de Rouen a fait un chaleureux accueil au regretté général de Maudhuy, gouverneur de Metz, qu’accompagnaient ici, à l’occasion des fêtes de Jeanne d’Arc, les élus des provinces recouvrées. Vous les receviez aux accents de la « Marche Lorraine » éxécutée par votre musique municipale et, dans le discours qu’il prononçait, mon ami, M. Bignon, me rangeait aimablement parmi les bons chevaliers de la Pucelle.

    Voilà longtemps, en effet, que je suis un de ses fidèles. C’est moi, qui en 1893 , ai eu, comme ministre de l’Instruction Publique, l’honneur de classer au nombre des monuments historiques  la chapelle castrale de Vaucouleurs, où Jeanne d’Arc, au témoignage de Jean le Fumeux, avait passé des heures si longues en méditations solitaires. La population de la petite ville Meusienne venait, pour la troisième fois déjà, de me réélire député, lorsqu’au nom du Gouvernement d’alors, j’allais officiellement célébrer, dans la crypte restaurée, l’immortalité de Jeanne.

    C’est à Vaucouleurs, en effet, qu’à commencé vraiment la mission de la Pucelle. C’est là qu’elle s’est fait conduire dès le 13 mai 1428, par son cousin Durand Laxart, ce brave cultivateur qui s’était laissé subjuguer par l’enthousiasme de la jeune fille et dont l’affection complaisante la protégeait en secret contre l’opposition du reste de sa famille.

    C’est là que le Sire de Baudricourt a d’abord accueilli d’un sourire ironique les explications candides de Durand Laxart et lui a conseillé de ramené Jeanne à Domremy « bien souffletée ». C’est là que, par un terrible froid d’hiver, en Janvier ou Février 1429, Jeanne, qui ne s’était pas rebutée, est venue s’installer chez le charron Henri Le Roger, résolue a écouter docilement ses voix et a triompher de toutes les résistances. C’est là, dans la chapelle souterraine, qu’elle a fait ce que M. Siméon Luce a appelé sa veillée des larmes. C’est là que sa conviction débordante a peu à peu entraîné les gens de guerre, tels que Jean de Metz et Bertrand de Boulengy. C’est là que, malgré la défiance du Capitaine de Baudricourt, les habitants, les femmes surtout, eurent le vague pressentiment que cette jeune villageoise était destinée à sauver la France. Vous comprendrez, Messieurs, que la population Meusienne soit fière de ces grands souvenirs. Avoir deviné Jeanne à l’heure où elle était encore inconnue des uns et méconnue des autres ! Avoir eu foi dans cette fille du peuple, avoir été des premiers à sentir auprès d’elle, avec elle, par elle, la « grande pitié qu’il y avait alors au royaume de France », n’est-ce pas avoir collaboré à l’oeuvre héroïque de Jeanne d’Arc ?

     

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    Et notez que les habitants de Vaucouleurs ne se sont pas contentés d’admirer la Pucelle. Ils l’ont encouragée, ils ne se sont pas contentés de l’encourager : ils l’ont aidée, reconnue, équipée. Ils se sont cotisés pour lui procurer des vêtements. C’est grâce à eux qu’elle a pu partir pour Chinon et, pendant que le Sire de Baudricourt, demeuré incrédule, lui adressait cet adieu indifférent et banal : « Va, et advienne que pourra ». Ce sont eux, hommes et femmes de la petite ville Lorraine qui, se pressant en foule sur les pas de son cheval, l’ont entourée jusqu’à la porte de France d’un cortège de sympathies spontanées.

    Leur coeur était vraiment à l’unisson de celui de Jeanne, et elle avait su échauffer en eux toutes les ardeurs du sentiment national. Dans aucune région de France, les âmes ne pouvaient être mieux préparées à vibrer avec la sienne. La marche de Lorraine et de Champagne était restée une sorte de carrefour où se rencontraient sans cesse les partisans de Charles VII et les Bourguignons, dont le Duc avait reconnu les droits de la dynastie anglaise à la couronne de France.

    La vallée de la Meuse était le théâtre d’escarmouches et de pillages audacieux. Les populations connaissaient la guerre par une expérience quotidienne et demeuraient sur un perpétuel qui-vive. Elles avaient appris à aimer la France à la Grande École de la Douleur !

    En ces temps de brigandage et de misère, la Normandie était, du reste, aussi malheureuse que la Lorraine. Le 13 Août 1415, le roi Henri V d’Angleterre avait débarqué aux environs de Harfleur, avec un petit nombre de chevaliers, d’archers, de mineurs et de canonniers. Mettant à profit les divisions des Armagnacs et des Bourguignons, ces faibles troupes avaient rapidement envahi le pays. Les bailliages normands étaient partagés entre les partisans de Jean-sans-Peur et ceux de la Cour de France. La discorde ouvrait partout les voies aux Anglais, et ils devenaient bientôt maîtres de toute la Normandie. Néanmoins, dans la profondeur des bois, se cachaient encore d’intrépides défenseurs de l’Indépendance Nationale : nobles bourgeois, prêtres ou paysans. L’inquiétude régnait dans toutes les campagnes, la France vendue, déchirée, semblait expirante. En 1420, un traité conclu à Troyes, au nom de Charles VI, avait prétendu la livrer à la maison de Lancastre (Lancaster)

     

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    On avait abusé de la folie d’un roi pour trafiquer d’un peuple. En 1422, à la mort de Charles VI, le héraut d’armes de France prononçait à Saint-Denis, ces paroles sinistres : « Dieu accorde bonne vie à Henri, par la grâce de Dieu, roi de France et d’Angleterre, notre souverain seigneur ». Le dauphin se trouvait, par la volonté du Parlement, déshérité et déchu. Paris était aux Bourguignons et aux Anglais ; la moitié de la France était captive, le reste s’abandonnait. Tout conspirait contre l’unité de la Nation ; les subtilités  des juristes, les intrigues féodales, la lassitude et les souffrances des populations épuisées. C’est à ces heures d’infortune et de découragement que Jeanne était apparue et avait dressé, au-dessus de toutes ces obscurités et de toutes ces tristesses, l’image radieuse et immaculée de la Patrie. Rien n’est plus juste et plus vrai que le mot de Michelet : « Souvenons-nous que la Patrie, chez nous, est née du coeur de Jeanne d’Arc, de sa tendresse, de ses larmes et du sang qu’elle a donné pour nous ».

    Mais pour que Jeanne achevât sa mission, il ne suffisait pas qu’elle fît lever le siège d’Orléans, ni qu’elle gagnât la bataille de Patay, ni qu’elle conduisit le gentil Dauphin à la cathédrale de Reims et l’assistât à la cérémonie du sacre ; il fallait qu’à l’auréole de la victoire elle ajoutât l’auréole du martyre, et qu’après avoir combattu pour la France elle lui donnât sa vie.

    Et voilà qu’après avoir été prise par les Bourguignons, le 23 Mai 1430, sous les murs de Compiègne, elle devient l’otage du Sire Jean de Luxembourg ; voilà que l’Université de Paris adresse au Duc Philippe de Bourgogne, sommation de la remettre au Vicaire général du grand Inquisiteur de France ; voilà qu’elle est traitée de relapse et d’hérétique, revendiquée par l’Evêque de Beauvais dans le diocèse duquel elle a été faite prisonnière, transportée de Compiègne à Beaulieu, de Beaulieu à Beaurevoir, de Beaurevoir à Arras, livrée aux Anglais et transférée de nouveau d’Arras au château de Drugy, de Drugy au Crotoy, du Crotoy à Saint-Valéry, de Saint-Valéry à Dieppe et de Dieppe à Rouen.

     

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    Elle est enfermée dans une tour du vieux château sur la pente de la colline de Bouvreuil, gardée par cinq hommes d’armes anglais, et mise aux fers. Elle répète à ses geoliers : « Quand ils seraient cent mille godons de plus qu’ils sont à présent, ils n’auront pas le royaume ». C’est seulement après de long mois que, le 3 Janvier 1431, des lettres royales, signées du timide enfant qui s’appelait Henri VI, ordonnaient de céder la Pucelle à l’Evêque et comte de Beauvais, l’Angleterre se réservant de la reprendre au cas où elle serait mise hors de cause par la juridiction ecclésiastique.

    Et le procès commence.

    Après une instruction sommaire, Jeanne est citée à comparaître devant toute une Assemblée de conseillers et d’assesseurs. Aux questions qui lui sont posées, elle répond avec une franchise qui n’exclut  pas la finesse et qui déconcerte quelques-uns de ses juges. Deux clercs normands, Maître Jean Lothier et Maître Nicolas de Houpeville, quittent Rouen pour ne pas être appelés à l’audience. D’autres : Jean Pigache, Pierre Minior, Richard de Grouchet, avouent plus tard qu’ils ont été également tentés de s’enfuir. Il n’importe. Le procès préparatoire se poursuit, puis le procès qualifié d’ordinaire. Les juges résument en douze articles les propositions qu’ils prétendent avoir tirées des réponses de Jeanne aux interrogatoires et qu’ils déclarent condamnables. Ils soumettent ces articles de l’Université de Paris, qui donne son approbation solennelle au jugement et Jeanne est menée en charrette dans les aîtres Saint-Ouen. Là, deux estrades ont été dressées contre le beau vaisseau de l’Eglise abbatiale, à l’ouest du portail des Marmousets. Sur l’une, s’installent les juges et d’importants personnages ; sur l’autre, monte Maître Guillaume Erard pour admonester Jeanne devant la foule des spectateurs. Pendant que le Seigneur Evêque de Beauvais commence à lire la sentence de condamnation, Jeanne est pressée par l’huissier, Messire Jean Massieu, de signer une cédule d’abjuration. Sans savoir exactement sans doute ce que les bourreaux veulent d’elle, elle appose une croix sur le papier qu’on lui tend et, au milieu des insultes d’une soldatesque en délire, elle est ramenée à la tour du château.

     

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    Deux jours après, sous prétexte qu’elle a remis des vêtements d’homme, l’évêque et les docteurs viennent la voir dans sa prison, constatent qu’elle est de nouveau en état de damnation et la traduisent derechef devant ses juges, qui la déclarent relapse et hérétique.

    C’était le 29 Mai 1431 ; il y a, jour pour jour, quatre cent quatre-vingt-seize ans. Le lendemain mercredi 30, dans la matinée, dominicain Martin Ladvenu et frère Isambert de la Pierre se rendaient auprès de Jeanne et lui annonçaient qu’elle allait être brûlée. « J’en appelle, dit-elle, devant Dieu, le grand Juge, des grands torts et ingravances qu’on me fait ».

    Vers neuf heures du matin, elle est extraite de la prison où elle est enchaînée depuis soixante-dix-huit jours ; on la hisse sur une charrette et on la mène, escortée de quatre-vingts hommes d’armes, à la place du Vieux-Marché. Elle est vêtue d’une chemise longue et coiffée d’un chaperon. Sur le parcours, des centaines de soldats contiennent la foule. Jeanne s’écrie : « Rouen, Rouen, mourrai-je ici ? Seras-tu ma maison dernière ? ».

    Sur la place, resserrée entre la halle de la boucherie et les aîtres Saint-Sauveur, s’élèvent trois échafauds, l’un sur lequel Jeanne doit être exposée et prêchée, un autre sur lequel vont siéger les juges, un troisième qui est chargé de bois et qui servira de bûcher. A l’estache qui surmonte ce dernier est fixé un écriteau portant ces mots : « Jehanne qui s’est fait nommer la pucelle, menteresse, pernicieuse, abuseresse du peuple, divineresse, superstitieuse, blasphémeresse de Dieu, présomptueuse, maicréant de la foy de Jésuchrist, vanteresse, ydolâtre, cruelle, dissolue, invocateresse du diable, apostate, schismatique et hérétique ». 

    Maître Nicolas Midy, docteur en théologie, prêche Jeanne qui l’écoute en pleurant. Puis, Cauchon se lève et lit la sentence qui la livre au bras séculier. Le bailli royal, qui est présent, reçoit Jeanne des mains des juges ecclésiastiques, lui fait enlever son chaperon, ordonne qu’on la coiffe d’une grande mitre de papier portant les mots : « hérétique, relapse, apostate, idolâtre » et qu’on la conduise au bûcher. C’en est fait, le crime est consommé. 

    Mais pourquoi ont-ils tous les larmes aux yeux, ces juges qui ont quitté la place avant que fut allumé le feu de l’échafaud ? Pourquoi ces pleurs que l’Evêque de Thérouanne, chancelier d’Angleterre, et de Maître Pierre Maurice, et du Cardinal de Winchester, et de ce Jean d’Alespéo qui s’éloigne en disant : « Je voudrais que mon âme fût où je crois qu’est l’âme de cette femme. » Pourquoi ce soldat anglais, qui entend Jeanne réclamer une croix, s’empresse-t-il d’en faire une petite avec deux morceaux de bois et de la lui donner ? Pourquoi frère Isambart court-il à l’église de Saint-Sauveur pour en chercher une plus grande et la lui offrir ? Pourquoi, en voyant Jeanne enveloppée par les flammes, en l’entendant invoquer Saint-Michel et Sainte-Catherine, demander de l’eau bénite et répéter le nom de Jésus, pourquoi la multitude qui se presse sur la place du Vieux-Marché sent-elle courir en elle un frisson d’inquiétude et d’horreur ? Et pourquoi, dès 1450, la grande cité normande qui a été « la maison dernière » de Jeanne la Lorraine, va-t-elle prendre spontanément l’initiative de provoquer la révision de l’inique sentence et la réhabilitation de la condamnée ?

     

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    C’est que la douceur de Jeanne, sa résignation, son courage devant la mort, sa foi inébranlable dans les destinées de son pays, ont fini par imposer à tous l’admiration et le respect. C’est que, déjà, elle n’est plus seulement le chef de guerre qui a voulu bouter les Anglais hors de France. C’est que, même à des yeux momentanément aveuglés, elle apparaît peu à peu, dans le lointain, comme l’image vivante de la Patrie. Or, voyez ce qui est advenu depuis qu’elle a rendu l’âme : Armagnacs et Bourguignons se sont réconciliés; le pays entier a pris de plus en plus conscience de son individualité ; le fils de Charles VII, Louis XI, et après lui tous les rois ont travaillé à fortifier l’unité de la France; la Révolution a achevé cette oeuvre séculaire en faisant du peuple Français une association libre de citoyens solidaires. Comment Jeanne, qui a personnifié, dès le début du XVème siècle la France compatissante et brave, généreuse et enthousiaste, ne serait-elle pas aujourd’hui par excellence, l’Héroïne nationale ? Elle a trouvé autour d’elle la guerre civile, la guerre étrangère, le désordre et l’anarchie. Elle n’a cependant pas désespéré. Elle a eu confiance, elle a cru, elle a osé; et, lorsqu’elle est morte, elle a laissé à la France une impérissable leçon de volonté et d’action.

    En même temps, comme elle était bonne, charitable, et que jusque dans les combats, elle donnait des conseils de modération et obéissait toujours instinctivement aux lois de l’humanité, comme elle n’a jamais été animée de l’esprit de conquête, mais seulement de l’esprit d’indépendance, elle a présenté au Monde la vraie figure de la France et elle a ainsi gagné, à travers les âges, d’abord l’estime, et finalement l’affection même de ceux qui avaient été ses ennemis. Quoi de plus significatif et de plus touchant que les multiples témoignages d’admiration donnés à Jeanne d’Arc par nos amis Anglais ? C’est Shakespeare qu

  • La Libye du Boulevard Saint Germain : Une guerre civile ? (I/III), par Champsaur.

    Le terme peut sembler excessif, mais c’est celui retenu par le pertinent analyste, ex officier, Patrick Haimzadeh (Au cœur de la Libye de Kadhafi, chez J.C. Lattès). 

    LYBIE AU COEUR DE LA LYBIE DE KHADAFI.jpg 

    200 pages, 15 euros

    Que sait-on vraiment de la Libye ? Que dissimule la personnalité fantasque et mégalomaniaque du colonel Kadhafi… Pour tenter de mieux cerner les origines et les enjeux de la guerre civile, et pour comprendre comment ce régime a pu perdurer plus de quarante ans, Patrick Haimzadeh, l’un des meilleurs connaisseurs de la Libye, nous propose un tableau clair et complet de ce pays. 
    Il y est question d’histoire, des conquêtes phéniciennes jusqu’à la Libye actuelle, en passant par l’occupation italienne, de géographie humaine aussi, où l’on apprend que cette région a toujours été une interface entre Maghreb et Machreq, ainsi que de culture. 
    Cet ouvrage se nourrit d’entretiens multiples effectués ces dernières années, avec des Libyens de tous horizons, mais également d’imprégnation de terrain et de confidences recueillies au fil d’amitiés suivies. 
    C’est donc autant à un voyage livresque qu’incarné que nous convie l’auteur. On y trouvera notamment le portrait d’une ville ordinaire, Tobrouq, essence même de l’échec du système kadhafien, ou encore celui d’un jeune entrepreneur de Tripoli, et, bien sûr, des pages édifiantes sur la véritable nature du Guide, de son épopée et de son régime. 
    Mais la Libye, c’est avant tout un peuple de plus de quatre millions d’habitants dont la grande majorité n’a d’autre aspiration que de vivre dans la dignité et la paix.

     

     

    * Patrick Haimzadeh est arabisant et spécialiste de la Libye où il a été en poste diplomatique pendant plusieurs années. Outre la connaissance des organes officiels du pouvoir, ce séjour lui a permis d’aller à la rencontre du pays réel. Il a travaillé auparavant en Egypte, en Irak, au Yémen et au sultanat d’Oman, pour le compte de la France ou des Nations Unies, en tant que coopérant, analyste ou négociateur dans des contextes de crise. Il vit maintenant à Paris, dans le 18e arrondissement.

    Le 7 Avril dernier, le grand reporter du quotidien britannique The Independent, Patrick Cockburn titre un article «L’avenir de la Libye parait sombre alors que les media tournent leurs camera vers d’autres évènements. Deux ans après l’intervention de l’OTAN, les milices continuent de terroriser le pays» lien http://www.independent.co.uk/voices/comment/libyas-future-looks-bleak-as-media-focus-turns-elsewhere-8563076.html

    Sur les évènements de Libye depuis le printemps 2011 notre site est très riche en billets remarquablement documentés, archivés dans la catégorie International 2. Depuis le premier jour de cette intervention extérieure, tous allaient dans le sens d’une mise en garde sur les différentes conséquences.

    Une reprise alarmante sur le blog de Jean-Dominique Merchet le 9 Juillet, http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/libye-nouveau-centre-gravite-terrorisme-1874

    Et dans sa dernière livraison de l’Afrique réelle, Bernard Lugan parle d’embrasement.

    Nous ne répèterons pas ce que d’éminents africanistes ont déjà publié, mais la dégradation est à présent tellement visible, catastrophique et inquiétante, qu’elle mérite un nouveau point de situation dans un pays où il n’y a plus d’État.

    La France s’est positionnée en flèche de cette intervention dans des conditions politiques hasardeuses, sans que l’on détecte très bien où étaient les intérêts : ceux de l’Élysée ? ceux de la France en Libye ? étaient-ils menacés ? la feuille de vigne de l’humanitaire ? provoquer la chute du régime et pourquoi ?

    Mais les connaisseurs de ce pays et de ses voisins limitrophes, les africanistes avertis, les gens du renseignement qui suivaient Kadhafi depuis le premier jour de son coup d’État en 1969, découvrir éberlués et incrédules ce philosophe milliardaire du Boulevard St Germain, ex maoïste, que Raymond Aron appelait dans ses mémoires un érudit de pacotille (mais authentique imposteur), virevolter et dicter sa conduite au Président de la République.

    Une lecture critique des opérations militaires

    Cette aventure n’a pu que susciter de très forts soupçons, loin des coups de clairon et roulements de tambours dont on nous a abreuvés pour positionner Nicolas Sarkozy comme « chef de guerre ».

    Notons tout d’abord que ce que les militaires et leurs états-majors appellent les ODB, (pour Ordre de Bataille), c’est-à-dire la liste tant des unités constituées, que des dotations en matériels, sont suivies, connues et publics pour les trois armées, Terre, Air, Mer, et rassemblés pour chaque pays dans un document britannique en vente, le Jane’s. C’était  donc le cas pour les armées de la Libye, ajouté au fait qu’une intense assistance technique existait depuis longtemps, par tout le complexe militaro-industriel, français en particulier. Il n’y a donc eu aucune surprise en face de nos forces et le médiocre niveau des matériels libyens n’était pas en mesure de défier les moyens techniques de l’OTAN. L’insistance française un peu puérile à vouloir «tirer les premiers» n’apporta aucune valeur ajoutée à la suite des opérations. Le samedi 19 mars 2011 l’Armée de l’Air française entra en action contre quelques aéronefs libyens de facture très ancienne (héritage de l’époque soviétique) qui ne respectaient pas l’interdiction de survol de certaines zones, décidée par l’ONU (résolution 1973). La suite des opérations fut une grande classique américaine, consistant à intervenir sans l’afficher ouvertement, et laissant volontiers les media, français en particulier, claironner que les États Unis, échaudés par les coûts de l’Irak et de l’Afghanistan, ne voulaient plus conduire de guerres à l’extérieur. Pure intoxication car dans la réalité, ils étaient présents partout, ici comme ailleurs, et dès le premier jour. Comme dans n’importe quelle guerre le premier objectif est la destruction et la désorganisation des communications de l’adversaire, neutralisant ainsi les commandements et les systèmes de tirs de missiles. Le bilan de la première semaine fut ainsi de 199 missiles de croisière Tomahawk et de 455 munitions de précision, tirés depuis des sous marins. Matériels que la France ne possède pas. Les USA ont fourni les fameux avions A10 (tueurs de chars), les avions ravitailleurs (80 % des heures de vol de la coalition), les capacités de renseignement (satellites et avions, où 75% des vols de renseignement sont américains). Au total on peut affirmer que la totalité de l’armée de Kadhafi fut hors de combat au bout de la première semaine. Les gesticulations françaises ne furent en réalité qu’à destination des journaux télévisés du soir, et pour la gloire de monsieur Sarkozy. Ajoutons quelques remarques de simples bon sens. Tous les praticiens de la chose militaire savent que depuis notre retour dans le commandement intégré de l’OTAN, pas un avion ne peut décoller, pas un navire ne peut prendre la mer, sans communications de l’intégralité des ordres d’opération au commandement intégré, avec, au sommet de la pyramide, la bannière étoilée. Ce que S. A. R. le Prince Sixte Henri de Bourbon Parme a appelé «Voir l’OTAN engager nos forces aériennes».

    Selon une technique d’intoxication de masse désormais au point, arrivent très vite sur les plateaux de télévision les 6.000 tués de Kadhafi. Et la colonne de chars fonçant sur Benghazi, frissons entretenus à l’envi. L’excellent Rony Brauman eut beau s’évertuer sur les rares plateaux de télés où il était invité, il ne réussit pas à faire entendre que 6.000 cadavres ne se dissimulent pas aux yeux des photographes qui cherchent en priorité l’image « saignante ». Il parlait d’expérience en tant que médecin, ex patron de MSF (douze ans), et praticien des zones de guerre. Seuls quelques réseaux « sociaux » ont très vite réalisé la propagande qui était derrière et se sont donc efforcés d’en trouver les sources. De nombreux journalistes indépendants ont alerté sur le fait que l’intervention en Libye n’avait rien a voir avec le printemps arabe, ni avec l’idée d’y défendre les droits de l’homme. L’intervention de l’OTAN nous a été soumise au nom d’une contestation du régime de Kadhafi qui a été orchestrée en dehors des centres de décisions français. Nous nous demandions comment aucune image de « bombardements intensifs » n’était disponible et comment Benghazi semblait intact malgré les frappes. Concernant une répression féroce, très peu d’images sont arrivées jusque dans les rédactions des grands médias. Quelques vidéos prises dans les hôpitaux ont certes montré qu’il y avait eu une répression sanglante dans différentes villes de Libye. Mais de là à voir des milliers de morts et encore plus de blessés, rien.

    En fait, ces « 6000 morts » reposaient sur une unique déclaration reprise en boucle. Personne ne s’est intéressé à la légitimité de la personne qui avait déclaré ce chiffre. L’information a été donné par Ali Zeidan. Ce Libyen était présenté comme le «porte parole de la Ligue libyenne des Droits de l’homme», ou sur plus de 100 sites internet anglophones comme directeur ou président. Alors que le président était en réalité Sliman Bouchiguir, comme indiqué sur le site de la LLDH. Et le pire, c’est que le site ne reprennait nulle part l’affirmation de ces « 6000 morts ».

    Mais Ali Zeidan n’était pas seulement le récent porte-parole de la LLDH, il était aussi celui du Comité Nationale de Transition (CNT) en Europe, l’opposition libyenne reconnue légitime par l’État français. Ce monsieur était donc à la fois juge et partie.

    S’il s’est improvisé défenseur des droits de l’homme, il ne s’agit pas de son unique spécialité. Le 23 mars 2011 à Paris, devant les invités de marque conviés par Bernard Henri Levy, il promettait concernant le pétrole que «les contrats signés seront respectés», mais qu’un futur pouvoir «prendra en considération les nations qui nous ont aidés». Porte-parole de quoi ?

    Autre voix discordante, l’ambassadeur de France en Libye, M. François Gouyette (aujourd’hui notre ambassadeur en Tunisie depuis Août 2012), lors de son audition à l’assemblée nationale le 8 mars 2011 dit : » Nous avons certes vécu, entre le 16 et le 26 février (2011), jour de notre départ, une dizaine de jours de fortes tensions et d’affrontements – non pas tant à Tripoli que dans les autres régions –, mais leur relation a fait l’objet d’exagérations, voire de désinformation. Ainsi, l’information, reprise par les médias occidentaux, selon laquelle l’aviation aurait bombardé Tripoli est parfaitement inexacte : aucune bombe n’est tombée sur la capitale, même si des affrontements sanglants ont eu lieu dans certains quartiers. »

    En fait de colonnes de chars, six obusiers de marque italienne, certes suffisants pour faire de gros dégâts à Benghazi, mais pas le « carnage » invoqué par le plus beau décolleté du Boulevard Saint Germain. Au total la propagande servie fut du même niveau que les précédentes, armes de destruction massive de Saddam Hussein ou Afghanistan foyer du terrorisme islamique international, montrant ainsi qu’en France on ne pouvait plus accorder une once de crédibilité à nos autorités.       (à suivre...).

  • L'unité du genre humain, notamment par les mouvements migratoires, est-elle pour demain ? (2/2).

                La croyance dans l’unification de l’humanité et l’enthousiasme d’une partie non-négligeable de l’Eglise Catholique pour cette perspective hasardeuse ne datent ni l’une ni l’autre d’hier.

    Le texte que nous versons au débat est de Charles MAURRAS. Il a été publié dans l’Action française du 21 octobre 1932, en réponse au cardinal VERDIER, archevêque de Paris.

    Nous n’alourdirons pas le texte de MAURRAS par des commentaires superflus, car, qu’on l’approuve ou non, il est rédigé de façon claire. Il se suffit à lui-même. Chacun jugera.

    Il faut, bien-sûr, un certain effort de transposition de cette époque dans la nôtre. Mais cet effort ne sera pas très grand tant la profession de foi du Cardinal VERDIER dans l’unification prochaine de l’humanité et son bonheur à venir, tant ses certitudes ressemblent aux raisonnements d’aujourd’hui.

    Ajoutons seulement, sans aucune malice, mais avec la claire conscience de l’aveuglement engendré par les utopies, que 7 ans, à peine, après cet échange d’idées, se déclenchait la seconde guerre mondiale, la plus grande et la plus destructrice que l’humanité ait jamais connue.

    De quel côté était donc la clairvoyance ?

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    Vieilles nuées philosophiques

                On lit, dans la Semaine religieuse de Paris, sous la signature de Mgr Verdier :

                Le commerce, l'industrie, la finance et donc la politique elle-même ne peuvent plus s'abandonner, sans restriction, à la libre concurrence, ou organiser leur activité dans un "superbe isolement". Les conditions faites au monde moderne ne le permettent plus.

                .... Jusqu'à ce jour, l'humanité n'était que la somme des unités nationales. Elle n'avait pas d'existence propre.

                Demain elle SERA une réalité distincte, agissante, liée très explicitement au bien-être et au bonheur de tous les hommes.

               Demain, nos devoirs envers la patrie ne POURRONT plus se séparer de nos devoirs envers l'humanité.

               ... Chose étrange, en présence de cette compénétration universelle qui demain s'imposera à eux, les nationalismes s'inquiètent et s'irritent.

               Mais les faits sont plus forts que les hommes. Les découvertes modernes et les conséquences de la grande guerre ont mis l'humanité sur une pente raide où elle NE PEUT PLUS s'arrêter. Oui, redisons-le, d'un pas continu et que les évènements peuvent accélérer, ELLE VA à cet ordre nouveau où S'ATTÉNUERONT les frontières de toutes sortes, où la compénétration directe de tous les intérêts SERA la condition normale de la vie et de l'activité de tous les hommes.

               Ces perspectives créent des devoirs immédiats.

               Il va de soi que je ne conteste les droits d'aucun esprit. Chacun peut croire avec le romantisme que le progrès conduit à l'unité des races humaines.

                Le monde en s'épurant s'élève à l'unité,

                disait Lamartine en 1843. Depuis quatre-vingt-dix ans bien près d'être écoulés, l'histoire du monde, si elle comporte deux grandes unifications en Italie et en Allemagne, montre au contraire l'atomisation, la pulvérisation d'une Europe à qui manque l'unité autrichienne, l'unité ottomane, l'unité suédo-norvégienne, même l'unité du Royaume-Uni : l'effort désintégrateur ayant au moins égalé l'effort intégrateur. Ce passé récent peut être jugé sans force ni valeur devant la foi à l'unité proche et fatale, mais ce témoignage de fait établit tout au moins que la discussion reste ouverte et que, si l'on peut parler pour l'unité et croire mordicus à cette unité, il n'y a  pas lieu de mettre au futur certain des conditionnels pleins de risques....   

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    "Depuis quatre-vingt-dix ans bien près d'être écoulés, l'histoire du monde, si elle comporte deux grandes unifications en Italie et en Allemagne, montre au contraire l'atomisation, la pulvérisation d'une Europe à qui manque l'unité autrichienne, l'unité ottomane..."

                 Chacun peut rêver à sa fantaisie et, encore une fois, croire à son aise la matière enseignée par Victor Hugo dans Plein Ciel: la facilité et la fréquence des communications, particulièrement aériennes, pousserait fatalement les humains à fraterniser; nous avons reçu sur la tête assez de marmites venues de tous les points du ciel allemand pour maintenir les réserves assez formelles sur les fatalités de cet acabit.

                 Chacun peut adhérer à ce dogme, pas très frais, du romantisme saint-simonien, d'après lequel une civilisation industrielle comme la nôtre devra être forcément pacifique. Mais il suffit d'ouvrir un journal pacifiste pour y lire que les pires ennemis de la paix sont aujourd'hui les métallurgistes, parce qu'ils fabriquent et vendent des canons. L'industrie, en s'incorporant à la vie des hommes, est devenue guerrière comme eux.   

                 Nouveau refrain, nous ne donnons pas ces vues pour des révélations qu'il faille imposer : une liberté spacieuse est ouverte à tous les lieux communs de la poésie et de la philosophie révolutionnaires. Il n'est cependant pas un esprit un peu critique et cultivé qui ne sache de quelles objections de fait et de droit ces formules restent passibles. 

                  La dure expérience des "guerres d'enfer" nées avec la Révolution française a parlé. La raison analytique avait parlé avant elle.

                  L'éminent anticipateur insinue bien que ces objections proviennent de "l'inquiétude" et de "l'irritation" des nationalismes. Pas du nationalisme français, toujours ! Il est bien tranquille, le pauvre. Il n'y a personne de moins inquiet !

                 Seule existe ici une irritation de l'esprit, parfaitement légitime, celle que note Pascal : "D'où vient qu'un esprit tortu vous irrite ?..."

                 L'esprit tortu de la philosophie révolutionnaire et romantique irrite, j'en conviens, par son obstination à nier les réalités. Il y a vingt-sept ans, un des maîtres du pacifisme, M. Marc Sangnier, nous soutenait que la monarchie était devenue inutile parce que les deux éléments essentiels du régime royal, une diplomatie, une armée, étaient déjà périmées : pures "survivances", comme disait alors Anatole France ! C'était en 1905, juste à la veille de l'éclat de Tanger. La menace de l'empereur Guillaume II montra clairement que ni la politique extérieure ni la politique militaire n'étaient inutiles. La grande guerre est venue dix ans plus tard.

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    1905 : En vue de prévenir la mainmise de la France sur le Maroc, Guillaume II débarque théâtralement à Tanger, au nord du sultanat, traverse la ville à cheval, à la tête d'un imposant cortège, et va à la rencontre du sultan Abd-ul-Aziz pour l'assurer de son appui....

                 Le cardinal-archevêque de Paris écrit tranquillement que "les faits sont plus forts que les hommes". Qu'est-ce qu'il en sait ? Notre poids nous attache au sol, c'est un fait : les êtres qui inventent et pratiquent l'aviation ne sont pas des singes ; ils sont plus forts que ce fait-là. L'histoire du monde est tissue de ces victoires des hommes sur les faits. Est-il je ne dis pas d'un esprit informé, mais d'un esprit raisonnable, de méconnaître ou d'oublier ce primat ?

                 La brusque anticipation du cardinal-archevêque de Paris est fondée tout entière sur l'ensemble des intérêts matériels qu'il appelle le commerce, l'industrie, la finance ("et donc la politique", comme si la politique n'était que leur somme !)  : ces faisceaux d'intérêts matériels offrent des caractères de solidarité qu'il lui plaît d'appeler universels. Mais d'abord, répondrait le vieux Brunetière, c'est la solidarité de la gazelle et du lion. De plus, cette solidarité n'est pas d'hier, elle ne date ni de la grande guerre, ni de l'avènement du monde moderne, elle a été, dans tous les temps, exercée dans des cercles plus ou moins vastes, toujours fort étendus, débordant toujours, et de beaucoup,  les frontières des nations. Enfin, les intérêts industriels et commerciaux n'ont pas la seule vertu d'unir, ils séparent aussi : ils partagent, parce qu'ils se partagent, ils divisent parce qu'ils sont divisibles, et c'est justement leur aptitude à la division qui engendre inévitablement les conflits. On se bat pour eux, à cause d'eux, comme on s'embrasse et comme on s'aime également pour eux. Comment le Cardinal ne le voit-il pas ? Il y a là plus qu'une erreur de raisonnement, c'est l'erreur de jugement qui est flagrante, mais d'autant plus surprenante que nous la trouvons sous la plume d'un membre élevé de la hiérarchie catholique. Comment dix évêques, cent prêtres, mille séminaristes n'ont-ils pas déjà répondu à Son Éminence par le magnifique chant de la Divine Comédie où se trouve expliquée la distinction scolastique entre ces biens matériels, si essentiellement divisibles (et diviseurs), et les biens spirituels qui, au rebours du pain quand on le coupe, se multiplient quand on les partage ?

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    Domenico di Michelino, cathédrale de Florence
    Dante présente son ouvrage ouvert et se tientdevant le paysage symbolique de la divine comédie.
    A gauche, il y a
    l'Enfer, au fond, le Paradis à droite, la ville de Florence

                 Ce sont précisément les biens de l'unité spirituelle qui sont en baisse dans le monde moderne. Ils ont baissé avec Photius au IXème siècle, ils ont baissé encore avec Henri VII, Luther et Calvin, ils ont diminué encore avec la Révolution française et la propagande de la maçonnerie universelle, si vive, si profonde, que le sens des mots du langage, ce dernier lien des hommes, est allé s'obscurcissant, à peu près comme aux jours de Babel, - et c'est devant l'immense diminution de tout ce qui est lien spirituel qu'un prince de l'Église nous propose, non comme un désir, non pas même comme un espoir, mais comme certaine et prochaine la perspective de l'unité du genre humain !

                 Encore une fois, libre à lui ! Ce dont il ne me semble pas qu'il puisse âtre libre, c'est d'user d'autorité pour imposer de telles offenses aux plus sanglants résultats de l'expérience, aux plus amers retours de la réflexion désintéressée. Les intérêts publics les plus sacrés doivent en souffrir.

                 Je repense souvent à un petit livret d'histoire de l'Église qui me fut remis entre les mains il y a plus de cinquante ans. Je vois encore la page où l'épiscopat du XVIIIème siècle est blâmé d'avoir substitué, dans l'œuvre pastorale, aux instructions sur le dogme et sur la morale, les développements physiocratiques sur l'agriculture et sur l'économie. L'auteur, un jésuite, déplorait comme une déchéance cette fâcheuse transposition des fonctions et louait même un archevêque de Paris de s'être soustrait à la mode. Il s'appelait Christophe de Beaumont, si je ne me trompe.

    (Action française, 21 octobre 1932).

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