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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1508

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Famille de France • Une famille qui a construit la nation et fabriqué l'Etat français au fil des siècles, ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle la famille de France

      

    frederic-rouvillois.jpg« Une famille qui a construit la nation et fabriqué l'état français au fil des siècles, ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle la famille de France. Quand le prince Jean, qui sera le chef de cette maison à la mort de son père, se promène dans Paris, il parcourt en quelque sorte la galerie de ses ancêtres. Le Palais Bourbon est pour lui, non seulement un bâtiment public, mais aussi une maison qui fut construite pour l'un de ses grands-oncles. Lorsqu'il admire la Sainte Chapelle, il peut penser à l'un de ses aïeux qui l'a fait édifier. Notre-Dame de Paris lui rappelle cet ensemble de rois, ses ancêtres, qui y ont entendu la messe. Si cette famille ne possède pas matériellement ou juridiquement les « palais de la République » - qui sont en réalité d'anciens palais royaux - elle est réellement chez elle en France. Elle n'est pas une famille comme les autres et se trouve à cet égard dans une situation absolument singulière. »

     

    Frédéric Rouvillois,

    Professeur de droit public et écrivain , Le Figaro

     

    Frédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011). Son dernier livre Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion.

     

  • Lobby socialo-algérien et beaux-arts, par Péroncel-Hugoz

    Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille (MUCEM).

     

    Depuis Marseille, Péroncel-Hugoz donne un coup de dent au lobby anti-marocain de Paris dont les basses intrigues contrastent avec le haut niveau des échanges culturels franco-chérifiens…

    peroncel-hugoz 2.jpgC'est un fait : depuis février 2014, à force de manœuvres souterraines mais efficaces, le lobby socialo-algérien, assez puissant actuellement en France, a multiplié chausse-trappes et coups d'épingle pour entraver la bonne marche des relations Rabat-Paris. En contraste, brille en même temps avec une intensité particulière, la coopération artistique entre Royaume alaouite et République française. 

    Depuis plus d'un an et demi, les manifestations culturelles de Marseille, Paris, Rabat et, en cet été 2015, derechef la cité phocéenne, ne cessent de voir s'épanouir les beaux-arts d'hier ou d'aujourd'hui, entre Sud et Nord de la méditerranée, entre États et peuples de France et du Maroc. Afin sans doute de mettre de l'huile dans les rouages politiques, Rabat n'a pas lésiné sur le niveau de ses représentants aux principales expos: la princesse Lalla-Meryem à Paris puis l'émir Moulay-Rachid à Rabat et, le 3 juin 2015, au fameux MUCEM, à Marseille, le conseiller royal André Azoulay, s'exprimant à propos des « Lieux saints partagés », thème d'une nouvelle manifestation déjà très courue. 

    Pèlerin international depuis des décennies en faveur de la mise en lumière des points communs, plutôt que des divergences, entre les trois monothéismes dits « du Livre » (ou plutôt « des Livres » : Thora, Évangile, Coran), le conseiller palatin a dû revoir ou découvrir avec satisfaction une superbe suspension de synagogue marocaine (vers 1900), une tablette scolaire coranique en bois (Marrakech, vers 1900) mais aussi un vitrail de Salagon (Haute-Provence), une rare icône serbe, une Jument Bourâq tunisienne très enlevée, une Vierge Marie perse, un Mahomet voilé et même – ô surprise dans cette expo vouée en principe aux croyances abrahamiques ! – un très serein Bouddha laotien, comme un pied-de-nez au reste de cet univers divin… 

    Plus loin, un dessin animé moderne montre les « fleuves de vin » (et de miel) du Paradis très concret promis aux bons mahométans, mais aussi, sans précaution oratoire, « éphèbes et vierges » annoncés aux mêmes croyants dans l'au-delà… Tout cela est en effet écrit noir sur blanc dans les textes sacrés islamiques. 

    Ce qui, en revanche, a pu surprendre, agréablement ou non, certains visiteurs c'est, au milieu de ces salles toutes nimbées de foi traduite en beaux-arts, la vitrine absolument vide consacrée à l'agnosticisme par le plasticien italien Michelangelo Pistoletto… Au final, des œuvres belles et diverses inspirées par Moïse, Jésus, Marie, Mahomet ou Ali mais aussi un fond audiovisuel un peu trop « tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil »… Eh ! Oui Marseille l'Orientale est quand même ancrée également au pays des «Charlie» et des « Bisounours »…  

     

    Péroncel-Hugoz  - Le 360

  • SOCIETE • Kermesse en Corse : ces parents qui refusent de faire chanter leurs enfants en arabe, par Fabrice Robert*

     

    Fabrice Robert est président du bloc identitaire et n'appartient pas à notre école de pensée, dont chacun sait qu'elle est, à Lafautearousseau, dans la suite et l'esprit de l'Action française. Cela implique un corps de doctrines défini auquel n'adhèrent ni le bloc identitaire ni Fabrice Robert. Mais nous n'avons pas la religion de l'ostracisme qui est la méthode du Système pour exclure du débat public qui n'entre pas dans ses catégories. Quand l'un quelconque de nos compatriotes s'élève contre le fait que sous couvert d'intégration, on nous demande plutôt, chaque jour, de nous intégrer aux autres et se demande si le vivre ensemble est synonyme de reniement de soi, si l’intégration est un concept destiné à favoriser la désintégration de l’identité française, alors, dans le contexte actuel, nous partageons son souci, nous sommes solidaires. LFAR   

     

    4073fe4d4d950765a22034c7136ec4ff.jpegÀ Prunelli-di-Fiumorbu, en Corse, deux enseignantes ont eu une bien curieuse idée pour la fête de l’école : les élèves devaient chanter « Imagine » de John Lennon en cinq langues, dont l’arabe. C’était sans compter sur la réaction salutaire de certains parents qui ont manifesté, de manière virile, leur désaccord. Pour eux, hors de question que leurs enfants puissent chanter ne serait-ce qu’un couplet d’une chanson en arabe. Le recteur d’académie, Michel Barat, a alors dénoncé une « attitude inqualifiable contre les valeurs que représente l’école ». Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, a, pour sa part, dénoncé « le racisme au quotidien dans toute la splendeur de sa bêtise et de sa violence ».

    Considérant qu’ils ne peuvent plus exercer leur métier sereinement, les enseignants de l’école primaire ont déploré – dans un communiqué – « l’amalgame entre langue et religion » (sic). Sauf que ce type d’initiatives démontre, avant tout, que le Grand Remplacement est tout sauf une théorie. Il s’agit d’une réalité insupportable pour de très nombreux Français de souche qui vivent et constatent le Grand Remplacement dans leur immeuble, dans leur quartier, dans l’école de leurs enfants… Surtout lorsqu’on découvre la déclaration de cette enseignante : « Des parents ont précisé qu’ils ne voulaient pas que leur enfant parle arabe. Nous étions prêts à l’entendre. Sauf que certains ne voulaient même plus qu’ils viennent à l’école lors de cette demi-heure dédiée à la prononciation en arabe. Et ça, ce n’est pas possible. » La vocation de l’école républicaine est-elle donc d’enseigner à nos enfants comment prononcer des phrases en arabe ? Quoique dans certains quartiers, cela pourrait malheureusement s’avérer bien utile…

    Il faut surtout avoir conscience que tout ceci rentre dans une stratégie plus globale. Ainsi, nombreuses sont aujourd’hui les écoles élémentaires qui proposent à nos enfants de suivre des cours d’arabe gratuits. Dans une circulaire diffusée par la Direction générale de l’enseignement scolaire, on apprend que l’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises fait partie d’un programme national du ministère de l’Éducation nationale.

    Mais ce n’est pas tout. Au nom du vivre ensemble, certaines écoles décident aussi de faire découvrir les joies de l’islam aux enfants. Récemment, à Chalon-sur-Saône, les élèves de CM2 de l’école du Devoir se sont rendus en visite à la mosquée du centre-ville, où ils ont été reçus par l’imam Ahmed Belghazi. Pour la presse locale, « cette rencontre a été riche d’échanges, d’écoute et de partage. Pour ces jeunes, les mots connaissance, respect et tolérance ont pris un sens encore plus fort. » On appréciera, au passage, cette logorrhée en mode Bisounours qui tend à nous faire croire que l’islam est compatible avec les valeurs de la société française. D’ailleurs, lors de la première réunion de l’instance de dialogue avec l’islam en France, qui s’est tenue le 15 juin, Manuel Valls a été très clair : « L’islam est en France pour y rester. Il faut donc mener le combat des consciences, et faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Message reçu par Amar Lasfar, le président de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), qui a demandé, dès le lendemain, que l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Adha soient fériés en France.

    Ils nous parlent d’intégration mais on nous demande plutôt, chaque jour, de nous intégrer aux autres. Le vivre ensemble est-il donc synonyme de reniement de soi ? L’intégration est-elle un concept destiné à favoriser la désintégration de l’identité française ?

    En Corse, des enseignants avaient prévu de faire chanter un couplet d’une chanson de John Lennon en arabe. Et demain, va-t-on leur demander d’interpréter un appel du muezzin ? 

     

    - Boulevard Voltaire
     
     
  • LIVRES • Vers la paix des ménages ... Par Grégoire Arnould

     

    Face à l’émancipation des femmes, quel nouveau rôle pour les hommes ? Une nouvelle conception de l’altérité entre les sexes est-elle à définir ? Ces questions, parmi d’autres, sont celles que se posent Chantal Delsol et Martin Steffens dans Le nouvel âge des pères, un essai rédigé à quatre mains. S’ils se complètent et se retrouvent souvent, il n’y a pas, chez les deux auteurs, de discours univoque. Chacun dispose de sa partie : la philosophe et membre de l’Institut propose une réflexion sur l’évolution du rôle de la femme et la récente fin de son « infantilisation » par les hommes, terme qu’elle préfère à celui d’« émancipation ». Le professeur de philosophie traite, lui, de la nécessaire adaptation des hommes à cette évolution sociologique.

    Comme le titre du livre le laisse suggérer, la place et la fonction des pères sont au cœur de leur questionnement, eux qui ont, trop souvent, démissionné de leur rôle. Ainsi, Martin Steffens propose une nouvelle conception de la virilité – ou de la masculinité – dans laquelle l’homme se doit d’ « être » et de « consister ». Autrement dit, d’exister et d’affirmer son existence. Le grand danger qui le guette, en raison de la fin programmée de sa domination, serait que le rapport de force s’inverse – c’est-à-dire que l’homme n’ait à offrir que ses faiblesses – au lieu de s’équilibrer. Chantal Delsol ne dit pas autre chose. La complémentarité homme-femme dans les familles est, pour elle, essentielle. Ils sont « deux membres différents d’une même espèce humaine faits pour collaborer ». Nos deux auteurs offrent, à rebours du projet postmoderniste, de bien précieuses réflexions aux inspirations chrétiennes sur l’avenir de notre société occidentale.

     

    le_nouvel_age_des_peres-192x300.jpg

    Le nouvel âge des pères, de Chantal Delsol et Martin Steffens, éditions du Cerf, 247p., 19 euros.

     

      - Politique magazine

  • Yann Raison du Cleuziou, dans La Croix : « Esprit du 11 janvier, es-tu là ? »

     

    L'on pourra très certainement débattre sur tel ou tel point ou paragraphe de la réflexion qui suit, menée sous l'angle des religions et publiée dans La Croix, le 12 juin dernier. Outre qu'on peut, de notre point de vue, la considérer comme globalement pertinente, nous en retiendrons que le scepticisme à l'endroit de la République et de ses valeurs, gagne peu à peu tous les milieux intellectuels. Ici, l'auteur constate « l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine » à incarner ses propres valeurs et sa conclusion, en forme de réponse à la critique d'Emmanuel Todd est que « le zombie du 11 janvier, c’est peut-être la République. » Nous ne saurions mieux dire. LFAR

     

    Les cortèges du 11 janvier 2015 n’avaient rien de particulièrement républicain : peu de drapeaux, peu de Marseillaises (comment chanter « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » ?), peu d’identifications à la France frappée. Au contraire, un silence de marche blanche compassionnelle brandissant le portrait des victimes, des pancartes « tweets » d’individus mobilisés par solidarité avec d’autres : « Je suis Charlie » ; « Je suis Mohamed » ; « Je suis juif ». Il y avait indéniablement des valeurs affirmées et une forme manifeste d’universalisme : mais pas l’universalisme républicain du « Nous citoyens » disqualifiant toute autre forme d’identification. Il s’agissait de l’universalisme libéral des « Je » coalisés pour mieux garantir leurs droits naturels : chacun avec son identité propre doit être libre de poursuivre son bonheur sous la protection de l’État. Et dans les policiers embrassés s’exprimait ce besoin de sécurité.

    Bien sûr, une foule si diverse est ambivalente. Le président Hollande a hésité dans son discours entre « le rassemblement de tous » et le « rassemblons-nous », entre le pluralisme libéral et l’unité républicaine. Mais cette nuance a vite été effacée par l’invocation de l’« Esprit du 11 janvier » : le souhait d’une Pentecôte laïque qui ferait redescendre la flamme républicaine dans le cœur des Français ; l’espérance d’une religion civile née de l’effervescence du peuple en marche, avec son credo laïque, ses blasphèmes éclairés, son diable « l’obscurantiste », l’hérésie des « je ne suis pas Charlie » et son crime de sacrilège : le refus de la minute de silence.

    Parmi les catholiques et les musulmans, cet « Esprit » a mis mal à l’aise beaucoup de personnes. Car il plaçait en porte-à-faux tous ceux qui n’étaient ni barbares ni Charlie et refusaient cette partition caricaturale faisant le jeu de la guerre des civilisations. Pour ces musulmans, la mobilisation de la République ou de la laïcité est, depuis la loi sur le voile de 2004, une rhétorique d’exclusion chargée d’ambiguïtés. Par ailleurs, ils perçoivent une inégalité de traitement entre ceux qui critiquent Israël et ceux qui critiquent Mohamed ; sont frappés par la schizophrénie d’un gouvernement qui proclame l’inaliénable liberté d’expression et poursuit en justice le moindre ado qui refuse la minute de silence ; ne se sentent pas libres de ne pas « être Charlie » de peur des amalgames. Pour ces catholiques, l’asymétrie entre la valorisation du « droit au blasphème » et la suspicion dont est frappée toute parole confessionnelle dans l’espace public laisse amer. Ils sont divisés entre une peur de l’islam et une peur d’une laïcité de plus en plus exclusive. L’« Esprit du 11 janvier » leur semble un « revenant » de la guerre des deux France.

    Ce qui s’est manifesté en janvier 2015, c’est donc un peuple rejetant la violence et l’intolérance ; et l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine à incarner, pour tous, ces valeurs. Les six mois qui ont suivi semblent avoir parachevé cette décomposition. Lors des élections départementales, Manuel Valls a mobilisé les « valeurs de la République » contre une partie de l’électorat. Dernièrement, la transformation de l’UMP en Les Républicains repose sur la même stratégie : se faire juger sur ses ennemis plutôt que sur son bilan. Depuis plus d’une décennie, les références aux « valeurs de la République » ou à la laïcité semblent devenues des instruments d’exclusion d’un « eux » plus que d’intégration à un « nous ». Pour les croyants qui, comme bien d’autres Français, se sentent moins « égaux » que d’autres, le « zombie » du 11 janvier, c’est peut-être la République. 

     

    Yann Raison du Cleuziou, maître de conférences en science politique, centre Émile-Durkheim, université de Bordeaux

    (Cet article nous a été signalé par Joël Broquet que nous remercions).

  • DE L’HUILE SUR LE FEU... par François Marcilhac

     

    500021990.jpgComme un marronnier dans la presse, la question du « droit du sol », stupidement opposé au « droit du sang » — la France connaît les deux — revient à intervalles réguliers dans le débat politique à la faveur des raz-de-marée migratoires que subit le pays sur son sol non seulement métropolitain, mais aussi ultra-marin.  

    Sarkozy, qui n’est pas à une indécence prêt, y est même allé de son petit couplet, à la faveur du déplacement de Manuel Valls, le 13 juin dernier, à Mayotte, notre 101e département. Les Mahorais auraient souhaité que le Premier ministre prononçât des paroles fortes sur la question des clandestins. Les pouvoirs publics les estiment en effet à 70 000, soit un tiers de la population, essentiellement des Comoriens qui, contrairement aux Mahorais, ont choisi l’indépendance en 1975. C’est ainsi que Mamoudzou, la capitale de l’île, est devenue la première maternité de France, l’indépendance ne s’étant pas traduite pour les Comoriens par une élévation de leur niveau de vie... Mais peut-être le refus de traiter la question des clandestins n’a-t-elle pour seul objectif, partagé par une droite qui fit tout pour exclure en 1975 Mayotte-la-Française de la communauté nationale, de créer une situation irréversible de submersion de la population de souche, justifiant à terme le largage d’une île où les Mahorais seraient devenus minoritaires... On sait que les Comores n’ont jamais renoncé à l’annexion de Mayotte. 

    Quoi qu’il en soit, Valls n’a pas répondu à l’attente des Mahorais. Et ne s’est même que fort peu intéressé à la question des clandestins sur une île, rappelons-le, conservée à la France grâce à l’Action française et à la détermination de Pierre Pujo — ce qu’Olivier Stirn, le ministre de Giscard chargé à l’époque de brader nos territoires ultra-marins, reconnut publiquement. Faut-il s’en étonner quand le gouvernement accepte l’arrivée en métropole chaque année de dizaines de milliers de clandestins dont aucun, ou presque, n’est reconduit à la frontière ? Quand il est prêt à encourager l’appel d’air que constituerait, par dérogation au Règlement Dublin II, la répartition entre les différents Etats membres de l’Union, à la demande du président de la Commission européenne, des migrants qui atteignent, toujours plus nombreux, l’ « Eldorado » européen via la Méditerranée et l’Italie ? Quand, une fois arrivés en Europe, Schengen leur permet d’y voyager librement et de s’installer là où les prestations sont les plus avantageuses, avant d’y être — c’est du moins le cas en France — naturalisés par brassées ? Quand, enfin, nos politiques, de droite comme de gauche, font du droit du sol un sacro-saint « principe républicain », alors qu’il remonte à un arrêt du Parlement de Paris de 1515, voire à l’édit du 3 juillet 1315 de Louis X le Hutin ? Encore faut-il qu’il y ait un « sol », c’est-à-dire un Etat souverain, maître de ses frontières, ce qui n’est plus le cas de la France. Dès lors le « droit du sol » est devenu le droit d’être envahi. Remettre en cause, au moins pour mieux l’encadrer, ce qui n’est pas un dogme, mais une pratique historique correspondant à une période de maîtrise des flux migratoires, est devenu une nécessité vitale. 

    Ce n’est pas la provocation du recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, appelant sur Europe 1 le lundi 15 juin à « utiliser des églises vides pour servir au culte musulman », c’est-à-dire au grand remplacement d’un culte par un autre, qui favorisera le « vivre ensemble » si cher à nos élites. Nos églises devraient-elles faire les frais des dissensions internes à l’ « islam de France » et de la peur de Dalil Boubakeur de se voir dépasser par les fondamentalistes ? Il avait déjà appelé le 5 avril dernier, au cours du rassemblement annuel des musulmans de France, organisé chaque année lors des fêtes pascales, à doubler le nombre des mosquées. A-t-il cette fois cherché, pour montrer son intransigeance, à saborder la première réunion, organisé ce même jour, de l’instance de dialogue avec l’islam de France voulue par Manuel Valls ? Selon ce dernier, « l’islam suscite encore des incompréhensions, des a priori, du rejet chez une partie de nos concitoyens, des amalgames. [...] Il faut donc [...] faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Il n’est pas certain que par sa provocation Dalil Boubakeur ait aidé Valls à lever les « incompréhensions » et à « faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France », du moins dans le sens souhaité par le Premier ministre. « Les églises ne sont pas des bâtiments multi-usage », a rappelé l’évêque de Pontoise, Mgr Lalanne, également représentant de la Conférence des évêques de France, qui s’est dit, sur RTL, ce même lundi, « totalement opposé » à ce projet. Et de rappeler que « les églises sont des lieux sacrés, qui [...] ne peuvent être utilisées à un autre dessein qu’à l’expression de la foi chrétienne. [...] on ne doit pas jouer avec les symboles. » Il est dommage que Dalid Boubakeur n’apparaisse plus comme cet interlocuteur dans lequel Pierre Pujo, voyait un « grand musulman français » (L’AF du 12 février 1995) préconisant « un islam modéré, respectueux des mœurs et des traditions françaises » (L’AF du 6 novembre 2003). Dans nos propres colonnes (L’AF du 12 juin 1997), le recteur souhaitait, après avoir évoqué le sacrifice des musulmans français lors des deux conflits mondiaux, « gagner l’estime et la sympathie » de nos lecteurs et « améliorer une situation psychologique actuellement défavorable aux musulmans de France » en rappelant que, « dans l’Islam, l’amour de la Patrie est un élément de la foi ». Dans son commentaire de la Charte du culte musulman en France de 1994, n’avait-il pas du reste souligné « l’attachement tout maurrassien des musulmans à la France » avant de se réclamer (Le Point du jeudi 20 avril 2006) d’ « un amour de la patrie aussi fort que celui de Maurras ou de Barrès » ? 

    Un islam français acculturé, c’est-à-dire respectueux de l’identité nationale, qui est indéfectiblement chrétienne, est non seulement possible mais nécessaire. Encore faut-il que ses représentants les plus écoutés ne jettent pas de l’huile sur le feu des passions identitaires en justifiant, par des provocations inutiles, des craintes qu’il est facile d’instrumentaliser en ces temps troublés.  

    PS : Le fait que la mosquée de Paris ait par la suite envoyé un communiqué de presse aux médias, dans lequel le président du CFCM revient sur ses propos, ne change rien au nôtre.

     

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

     

  • Paul Valéry : Regard critique sur le monde actuel

     

    « Le résultat des luttes politiques est de troubler, de falsifier dans les esprits la notion de l'ordre d'importance des questions et de l'ordre d'urgence.

    Ce qui est vital est masqué par ce qui est de simple bien être. Ce qui est d'avenir par l'immédiat. Ce qui est très nécessaire par ce qui est très sensible. Ce qui est profond et lent par ce qui est excitant.

    Tout ce qui est de la politique pratique est nécessairement superficiel ».

     

    Paul Valéry 

    Regards sur le monde actuel (Stock, 1931)

  • Point de rupture, en effet ...

     

    Nous publierons, après le weekend, l'analyse de Thierry Baudet donnée au Figaro. Mais son titre traduit une évidence.

  • Bicentenaire... Patrice Gueniffey : « Waterloo a déterminé tout le XIXe siècle »

    Waterloo, aujourd'hui, la reconstitution du siècle

     

    À l'occasion du bicentenaire de Waterloo, l'historien Patrice Gueniffey*, spécialiste de Napoléon, a analysé pour Figarovox, les enjeux de cette bataille (18 juin 1815). Par delà les aperçus historiques fort intéressants, les lecteurs de Lafautearousseau, relèveront les points forts - très actuels - du paragraphe de conclusion : « Notre pays n'a pas été uni par le consensus mais par l'autorité et par l'État (longtemps monarchique). (...) L'histoire de France est l'histoire de ses divisions. Mais le problème a empiré depuis 1792 car la monarchie était un verrou, un principe d'unité qui s'opposait aux forces centrifuges. Aucun régime n'a été tout à fait légitime depuis. (...) Aujourd'hui encore, si la République n'est plus contestée, elle ne suscite pas forcément d'adhésion active. » Il s'agirait, en effet, pour la France d'aujourd'hui de réinstaurer un Pouvoir qui soit légitime - et perçu comme tel. LFAR

     

    Peut-on dire que la bataille de Waterloo a déterminé le destin de l'Europe ?

    Patrice GUENIFFEY. - Les contemporains l'ont perçu d'emblée. Tout contribuait au caractère dramatique de cette bataille. Napoléon est dos au mur. Il n'a pas de réserves. Ses ennemis le savent. C'est la première fois que les armées des deux principales puissances de l'époque, la France et la Grande-Bretagne, se retrouvent face à face pour un affrontement de cette ampleur. Le choc a lieu sur un terrain de quelques kilomètres carrés seulement. La visibilité sur le théâtre d'opération est faible. C'est une bataille brève, violente et incertaine.

    Pour la mémoire nationale, elle fut bien sûr une humiliation terrible, mais aussi une défaite glorieuse. L'Europe tout entière avait dû se liguer contre la France seule pour pouvoir la vaincre. De Musset à Stendhal, de Chateaubriand et Dumas à Victor Hugo, les écrivains français du XIXe ne vont cesser de magnifier Waterloo. Ils méditeront sur le génie du grand homme, la gloire nationale, la laideur et la grandeur de la guerre. Il reste que la défaite de Napoléon signe la vraie fin de la Révolution française. L'événement clôt le cycle politique commencé en 1789. La Révolution appartenait pleinement au XVIIIe siècle par ses idées et par les hommes qui les avaient incarnées. Waterloo, c'est le premier jour du XIXe siècle, comme le 1er août 1914 est le premier jour du XXe siècle.

    En quoi Waterloo décide-t-il des grands traits du XIXe siècle en Europe ?

    La défaite et l'exil de l'Empereur ouvrent une ère de paix sans précédent pour le Vieux Continent. La Grande-Bretagne, la Prusse, l'Autriche et la Russie sortent renforcées d'une épreuve qui a failli les perdre. À court terme, la réaction antifrançaise a partout raffermi le sentiment national et les monarques qui l'incarnent. Pour autant, parmi les idées de la Révolution française, celles en accord avec l'état de la civilisation européenne se sont diffusées à la faveur des guerres. Le Code civil a été appliqué dans tout l'Empire, dont la Belgique et une partie de l'Italie faisaient alors partie. Les sociétés des pays occupés par Napoléon sont sorties de cette épreuve modernisées et plus libérales. La tension entre le principe monarchique et les idées démocratiques devient palpable partout en Europe. Au Congrès de Vienne, Londres, Berlin, Vienne, Saint-Pétersbourg et la France de Louis XVIII vont convenir de s'allier contre les mouvements libéraux et nationaux. Des réunions périodiques de souverains sont instituées pour régler les crises du moment. La neutralité de certaines parties de l'Europe est proclamée (la Suisse, le Rhin). Le Congrès de Vienne va permettre d'éviter une guerre générale en Europe pendant un siècle. Certes, il y aura des conflits, mais limités. La civilisation européenne du XIXe a été le sommet de l'histoire du Vieux Continent. C'est la plus brillante du point de vue du progrès, des sciences, des arts et des lettres. Le XIXe siècle a pourtant mauvaise réputation. Il est sous-estimé et peu aimé, victime de son image de siècle « bourgeois ».

    Quel regard portent les Britanniques sur les Français au XIXe siècle ?

    Waterloo marque la victoire de la Grande-Bretagne sur la France pour l'hégémonie mondiale. C'est la fin d'un conflit en trois étapes qui a opposé les deux pays des années 1750 à 1815, entrecoupées de simples trêves.

    La première manche, la guerre de Sept Ans, a été gagnée par les Anglais. La France a pris sa revanche pendant la guerre d'indépendance américaine. Et, au terme d'un conflit très long et incertain, les Anglais l'ont finalement emporté en 1815. Waterloo consacre la puissance britannique pour un siècle. Désormais, la Grande-Bretagne contrôle les routes du commerce international. Au XIXe siècle, Londres va rester fidèle à sa politique d'équilibre. Dans les années 1840, les Britanniques se rapprochent de la France, qui n'est plus une menace pour eux, et lancent «l'Entente cordiale». L'expression naît à cette époque, sous la monarchie de Juillet. Louis-Philippe a favorisé ce rapprochement. Il avait vécu en Angleterre pendant l'émigration et était resté anglomane. Le symbole de cette réconciliation, c'est le retour de la dépouille de Napoléon en France, en 1840, qui donne lieu à une cérémonie grandiose. Après Louis-Philippe, Napoléon III puis la IIIe République ne feront que poursuivre cette politique d'entente avec Londres. Certes, il y eut des moments de tensions (sur la question d'Orient vers 1840, à Fachoda plus tard) où le patriotisme blessé des Français se réveille. Mais l'entente entre les gouvernements l'emportera.

    Quels sont les sentiments des Allemands envers la France au XIXe siècle ?

    Napoléon a bouleversé et simplifié la carte de l'Allemagne. De l'occupation napoléonienne de l'Allemagne est née la possibilité de l'unification du pays sous l'égide de la Prusse. En 1806, Napoléon écrase les Prussiens lors d'une campagne éclair de trois semaines. Berlin décide alors de collaborer avec Napoléon tout en reconstituant son armée pour préparer la revanche: cette politique portera ses fruits en 1813. Dans l'intervalle, les Français avaient une nouvelle fois traversé l'Allemagne, en 1809, cette fois pour attaquer l'Autriche. Ces manœuvres furent ressenties comme une humiliation et c'est à ce moment que le nationalisme allemand prend vraiment son essor. Discours à la nation allemande(1807) de Fichte en avait marqué la naissance; il s'épanouira au cours de ce que les Allemands appellent « la guerre de libération nationale » (1813) contre l'occupant français.

    Au soir de Waterloo, Wellington était enclin à ne pas poursuivre l'armée française en déroute. Mais le Prussien Blücher, lui, insiste et s'emploie à massacrer autant de soldats français que possible les jours suivants. Il y avait là une haine antifrançaise - dont les populations civiles souffrirent elles aussi - qui pèsera lourd en 1870 et lors de la Première Guerre mondiale. Or, sous la monarchie de Juillet et le Second Empire, les milieux dirigeants français n'avaient nullement conscience de l'hostilité des Prussiens envers notre pays. Il faut dire que les intellectuels français du XIXe siècle - Renan, Taine, Cousin - étaient fascinés par l'Allemagne. Ils considéraient ce pays comme la patrie de la philosophie, de la science, de la culture et des valeurs libérales, telle que l'avait décrite Madame de Staël dans De l'Allemagne (1810). D'où l'ahurissement qu'a représenté la guerre franco-allemande de 1870-1871.

    Quel est le bilan des pertes humaines des guerres de la Révolution et de l'Empire pour la France ?

    La France comptait entre 28 millions et 30 millions d'habitants en 1789. Et le bilan probable des vingt-trois ans de guerre qu'a connus la France de 1792 à 1815 est d'environ 1 500 000 morts. Cette évaluation additionne les pertes des guerres civiles pendant la Révolution (Vendée, insurrection fédéraliste), des campagnes de la Révolution de 1792 à 1799 et des conflits du Consulat et de l'Empire. Les deux tiers des tués le furent pendant l'Empire. À partir d'Eylau (1807), les batailles de Napoléon sont de plus en plus meurtrières. En cause, notamment, l'intervention de plus en plus massive de l'artillerie. Le bilan humain de ces guerres est donc lourd. Cette époque marque le début du ralentissement de la croissance démographique. La stagnation de la démographie dans notre pays sera un des traits majeurs du XIXe siècle.

    Waterloo a-t-il condamné par avance l'expérience de la monarchie constitutionnelle en France ?

    Waterloo l'a compromise. Lors de la première Restauration, en 1814, le rejet de l'Empereur était réel et Louis XVIII avait agi avec habileté. Une réconciliation nationale n'était pas à exclure à moyen terme. Mais en mars 1815, lorsqu'il débarque de l'île d'Elbe, Napoléon revient « à gauche ». Il se présente comme le bouclier de la Révolution et réveille l'esprit jacobin, minoritaire dans le pays mais vivant. Son retour était une folie, directement contraire à l'intérêt de la France. Après sa deuxième abdication, la Terreur blanche et la Chambre introuvable, dominée par les ultras, sont une réaction aux Cent-Jours. Les bonapartistes et les républicains les plus radicaux fonderont bientôt des sociétés secrètes. Un climat de guerre civile larvée est perceptible jusqu'en 1830 et même au-delà, chez les déçus des Trois Glorieuses.

    Dans quelle mesure le souvenir de Napoléon Ier va-t-il dicter les choix de son neveu, Napoléon III, empereur de 1852 à 1870 ?

    Le nom de Bonaparte fait partie de ses titres à la légitimité. Le prince Louis-Napoléon, président de la République de 1848 à 1851 puis empereur des Français, se présente comme celui qui va garantir, à l'intérieur, l'ordre et le progrès et, au-dehors, affirmer la grandeur nationale et réparer les traités de 1815. Contrairement à son oncle, qui a perpétré un coup d'État sans victimes ni proscrits le 18 Brumaire (1799), Napoléon III prend le pouvoir dans le sang le 2 décembre. Il traînera ce handicap pendant tout son règne.

    Pour autant, le neveu ne manquait ni de projets ni d'idées pour la France. À partir de 1804, une fois le pays remis en ordre, Napoléon Ier avait tourné le dos à la France, il s'était consacré avant tout à la guerre et à la politique étrangère. Ce n'est pas le cas de Napoléon III. Le bilan intérieur du Second Empire est loin d'être négligeable: croissance économique, industrialisation, amélioration des conditions de vie. De surcroît, à la différence de son oncle, il libéralise son régime dans les années 1860. Sans la catastrophe de Sedan, l'empire aurait pu s'enraciner et la couronne passer à l'héritier du trône impérial. Une synthèse de la monarchie et de la démocratie, c'est la formule que cherchaient à tâtons les Français depuis 1789. Malheureusement, Napoléon III a fait oublier son bilan intérieur par sa politique étrangère aventureuse et chimérique. Il a été écrasé par son nom. La personnalité de Napoléon III reste difficilement déchiffrable.

    Quel regard la IIIe République porte-t-elle sur Napoléon Ier ?

    La IIIe République se fonde contre le régime qui l'a précédée. Déjà, Michelet, ardent républicain, considérait que Napoléon Ier avait confisqué la Révolution. Michelet aimait ce mot du révolutionnaire Anarchasis Cloots: «France, guéris-toi des individus!» Le mot «individu» signifie ici «sauveur». La quête de l'homme providentiel est un legs de la monarchie: Robespierre, Napoléon Ier, Napoléon III… Michelet voyait dans l'engouement périodique des Français pour les «sauveurs» un signe d'immaturité. De même, pour Jules Ferry, Napoléon, c'est le despotisme, l'aventure personnelle, la guerre permanente. Mais la préoccupation principale de ce grand lecteur de l'historien Edgar Quinet reste de dissocier l'idée républicaine de toute complaisance envers la Terreur, très perceptible encore en 1848. Ce sera la tâche des historiens républicains, de Lavisse à Aulard. Dans la mémoire collective, toutefois, Napoléon demeure une gloire nationale, tantôt héritier de la Révolution, tantôt principe d'ordre, et toujours «professeur d'énergie» comme disait Barrès.

    D'où vient cette hantise du déclin qui s'exprime dans notre pays depuis Waterloo ? L'idée de «La France qui tombe», pour reprendre le titre d'un essai à succès, correspond-elle à une réalité ?

    Ce sentiment du déclin se développe surtout après la défaite de 1870-1871. Le traumatisme de l'invasion et de la Commune est profond. Bouvard et Pécuchet, c'est, pour Flaubert, une façon de s'interroger sur les causes du désastre. Taine écritLes Origines de la France contemporainepour répondre à cette question, et Renan La Réforme intellectuelle et morale. La rupture de 1870-1871 ouvre une période de conflits intérieurs permanents: République contre monarchie, crise boulangiste, affaire Dreyfus, séparation de l'Église et de l'État. Après la parenthèse de la Grande Guerre et de l'Union sacrée, les querelles intestines reprennent de plus belle, dans les années 1930 comme pendant la guerre froide. Après 1945, Bernanos écrit que les Français ont renoncé à tout et que c'est fini. La France connaît une crise permanente et le sentiment d'être arrivée au bout de son histoire.

    La France souffre-t-elle d'un « surmoi napoléonien » qui l'épuise?

    La France est une civilisation brillante, « mieux qu'un peuple, une nation », disait Bainville, mais sans aucune cohésion politique. Notre pays n'a pas été uni par le consensus mais par l'autorité et par l'État (longtemps monarchique). D'où la prédilection nationale pour les grands hommes, de Jeanne d'Arc à de Gaulle, qui, dans les temps de crise, lui confèrent une unité qu'il n'a pas. La France n'est pas l'Angleterre, unie autour de ses droits et de ses libertés, ni l'Allemagne, unie par sa langue et sa culture. Ce trait culturel a toujours existé. L'histoire de France est l'histoire de ses divisions. Mais le problème a empiré depuis 1792 car la monarchie était un verrou, un principe d'unité qui s'opposait aux forces centrifuges. Aucun régime n'a été tout à fait légitime depuis. 1830 et 1848 sont davantage des émeutes que des révolutions. Le pouvoir cède très vite. Aujourd'hui encore, si la République n'est plus contestée, elle ne suscite pas forcément d'adhésion active. Il n'y a pas de consensus profond autour d'un projet politique pour la France. C'est l'une des «exceptions françaises» qui étonnent tant nos voisins. 

     

    * Grand historien de la Révolution française et de l'Empire, Patrice Gueniffey, ancien élève de François Furetest, est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il a également dirigé le Centre de recherches politiques Raymond-Aron. Son dernier ouvrage, «Bonaparte» (Gallimard, 862 p., 30 €), a reçu le grand prix de la biographie historique 2013. Parmi ses ouvrages qui ont le plus marqué figurent La Politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire, 1789-1794 (Fayard, 2000) et Le 18 Brumaire (Gallimard, collection Les journées qui ont fait la France, 2008).

    Par Guillaume Perrault Le Figaro  

     

  • Affaire Vincent Lambert et Cour Européenne des Droits de l’Homme, par Jacques Trémolet de Villers

     

    jacques%20tremolet%20de%20villers%203.jpgLe 5 juin 2015, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a refusé de condamner la France, à raison de l’arrêt du Conseil d’Etat qui autorisait la mise à mort de Vincent Lambert. Cette décision est lourde de conséquences, qui ne sont pas toutes négatives. Sur les dix-sept juges composant la grande Chambre, cinq, exprimant une opinion dissidente, ont dit l’essentiel. D’abord que cet arrêt enlevait à la Cour le droit de se prévaloir de son titre « Droits de l’homme » et d’être « la conscience de l’Europe ». Ensuite, de façon très pragmatique mais très exacte « nous ne comprenons pas… pourquoi le transfert de Vincent Lambert dans une clinique spécialisée (la mission de Santé Bethel où l’on pourrait s’occuper de lui et donc soulager l’Hôpital universitaire de Reims) a été bloqué par les autorités ».

    La Cour Européenne des Droits de l’Homme n’a pas été, et ne sera jamais « la conscience de l’Europe ». Elle n’est pas non plus, malgré son ambition excessive, la super Juridiction plus souveraine que nos instances portant ce qualificatif « Conseil d’Etat et Cour de Cassation ». A l’image de l’Union Européenne, elle est une institution sans âme, sans histoire, sans autorité – que cinq juges le proclament souligne cette réalité. Si la Cour Européenne des Droits de l’Homme avait eu le courage de trancher les questions qui lui étaient soumises en se faisant le défenseur de la vie humaine, elle aurait gagné cette autorité. Elle ne l’a pas fait. C’est douloureux pour ceux qui l’ont saisie, mais c’est dans l’ordre des choses. Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes et des fonctionnaires internationaux pour une cour de justice souveraine.

    Mais ces juges dissidents ont souligné l’incroyable excès de pouvoir qui, aujourd’hui, en France, interdit à la famille d’un malade le libre choix de l’établissement où seront prodigués les soins nécessaires. On a écrit à juste titre que la peine de mort avait été rétablie pour Vincent Lambert. Il faut ajouter que c’est la peine de mort en prison.

    Les familles qui vivent des évènements semblables sont unanimes à témoigner du combat qu’elles doivent livrer sans cesse, non contre des médecins ou des infirmiers qui, dans l’ensemble, ont à cœur de faire leur devoir, mais contre l’invraisemblance des règlements, arrêtés, contraintes, qui ajoutent à leur souffrance déjà immense, une fatigue qui peut devenir insurmontable. Avant d’être judiciaire, comme le font remarquer ces cinq juges, le cas de Vincent Lambert appelle à une réflexion pratique à laquelle, seule, une autorité politique pourrait répondre. L’administration des choses, en tous domaines, même dans la santé publique, aboutit presque fatalement à la confection de nœuds gordiens que personne ne parvient à dénouer, les juges -fussent-ils européens ou simples nationaux- moins que tous les autres.

    On s’en souvient. Ce fut Alexandre qui trancha, d’un coup d’épée souverain, le nœud gordien.

    Les malades dont personne ne veut plus, les plus pauvres d’entre les pauvres, aujourd’hui comme toujours, en France, attendent un Prince. 

     

  • Eadem semper ! Par Hilaire de Crémiers

     

    H D C - Copie.jpgToujours les mêmes choses… jusqu’à la lassitude. La superstructure politicienne empêche toute appréhension de l’intérêt national. Les Français, qui en souffrent, se reconnaissent de moins en moins dans le régime. Avec raison. 

    Les partis se mettent en ordre de marche. Comme des armées. Pour la bataille qui se prépare, la grande, la présidentielle de 2017, comme si c’était l’ultime, le tout ou le rien. Une fois de plus ! Ce mois de juin les voit en pleine effervescence, avant la halte de l’été, en vue des universités de la rentrée, préliminaires des prochains affrontements de la fin de l’année, les élections régionales qui seront déterminantes pour les stratégies à venir, tant à l’intérieur mêmes des partis qu’entre les partis eux-mêmes. Les candidats à la candidature à la charge suprême se profilent, se projettent sur scène, s’investissent eux-mêmes de leur mission. Certains pensent déjà au tour d’après et se mettent en lice pour 2022. Les principaux protagonistes et finalistes sont connus, archi-connus ; c’est du répétitif et, pourtant, ils jouent leur va-tout : Marine Le Pen, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Hollande... Dès maintenant, Fillon ne compte plus. Hollande y croit de plus en plus, à la condition – qu’il prépare minutieusement – d’être le seul candidat à gauche : soit jouant le match au deuxième tour – et, donc, dans son esprit le gagnant – contre Marine Le Pen qui se veut, elle, la seule, vraie et totale opposante ; soit – autre scénario qui plairait à l’actuel chef de l’État – rejouant le match, en retour, à cinq ans d’intervalle, contre son adversaire personnel, l’ancien chef de l’État, Sarkozy qui, lui, rumine  sa revanche qu’il espère encore prendre, mais le pourra-t-il ? Président contre président, à celui qui sera le plus républicain ! 

    Comment ça fonctionne 

    Juppé qui, quant à lui, se veut à part – et donc dans son esprit au-dessus –, se pense gagnant à tout coup, ce qui le confirme dans sa superbe assurance. Chacun évalue ses chances selon sa martingale électorale. Fabuleux, non ? Enthousiasmant, non ? Redites et vieux trucs, direz-vous ? Vous aurez raison : les discours sont toujours calibrés aux mêmes normes, union de la gauche républicaine pour le haut motif qu’il s’agit de gagner, union de la droite républicaine… et du centre non moins républicain – ça fait si bien ! –, union nationale dans le ni gauche, ni droite, mais, néanmoins, pour le salut de la République qui, elle, ne vit que de l’opposition gauche-droite, allez comprendre ! 

    Désabusés des « valeurs de la république » 

    Depuis déjà un certain temps des enquêtes révèlent que les Français ne croient plus, mais plus du tout, aux hommes politiques – et sous le nom d’hommes, comme disait l’autre, j’embrasse aussi les femmes. 80 % ne leur font plus confiance ; aux partis politiques, non plus ; aux syndicats et aux syndicalistes, non plus. Plus intéressant encore : 60 % des Français se disent désabusés des incantations républicaines, du mot « République » invoqué à chaque instant et de ce qu’on leur présente comme « les valeurs » de la République. Il y a vraiment de quoi ! Ces Français-là ne sont donc pas représentés et sont vraisemblablement gouvernés au rebours de leurs idées. Comment est-ce possible ? C’est ainsi ! Et depuis très longtemps ! Quand vient le temps de voter, les peuples, les pauvres peuples livrés aux partis tout-puissants et tous complices, votent selon ce qu’on leur dit de voter. Un pays catholique, comme l’Irlande vient de voter ainsi pour le prétendu mariage unisexe. Les partis unanimes et la propagande officielle, nationale et internationale, ont fonctionné à sens unique. Et l’Église catholique qui s’aveugle toujours sur les questions politiques, n’a pas été à la hauteur. Un lobby arrive à faire passer les lois qui lui conviennent ; il n’est pas le seul, d’ailleurs. C’est ainsi que ça marche. C’est ce qu’on appelle « la démocratie » qui n’a, au fond, rien de démocratique quand on sait comment elle fonctionne au vrai, et qui fait le malheur spirituel, moral, politique, social du peuple manipulé. Nous sommes peu à le comprendre et surtout à le dire. Et, pourtant, telle est la vérité. Et heureusement, aujourd’hui, il est plus de gens qu’on ne le pense, à le pressentir. 

    Qu’on y songe seulement : 66 000 militants socialistes ont voté pour leurs motions A,B,C,D sur les 135 000 qui seraient à jour de leur cotisation, soit à peine 54 %. 60 % de ces 54 % ont voté pour la motion A qui permet à Jean-Christophe Cambadélis de garder son poste de premier secrétaire et de diriger le congrès du parti à Poitiers, soit à peine 40 000 personnes – et quelles sont-elles ? Or ce vote détermine la ligne du parti, qui détermine la ligne du président de la République qui se veut le candidat du parti socialiste ! C’est ça, la politique ! La politique française ! La France est dirigée par une petite bande de militants – de quelle valeur au juste ? – qui servent de faire-valoir à quelques centaines de cadres qui, eux, ne sont que des rusés et qui s’ouvrent ainsi une carrière politique rémunérée de haut vol. Tel est le régime. Du côté dit maintenant des Républicains, c’est du pareil au même. Les militants servent le parti dont se servent les dirigeants. Pour eux ! Il faut bien gagner, n’est-ce pas ? L’appétit du pouvoir est la seule véritable justification d’un tel fonctionnement. Changer les noms, faire des programmes électoraux, relèvent d’une communication qui est chargée d’attirer le chaland, l’électeur. Ça ne se situe pas très haut. Et la France n’est plus qu’un procédé de la rhétorique politicienne. Panthéoniser fait partie de la panoplie du Président qui exalte ainsi « les valeurs » dont il attend le retour électoral. Ah, les discours ! Ils s’imaginent ainsi être eux-mêmes de grands hommes et ils attendent les hommages de la patrie reconnaissante. 

    La réalité les rattrape 

    Sortir du marigot où ils sont plongés toute la journée, voilà leur rêve ! Pilleurs d’État (éditions Max Milo), tel est le titre du dernier ouvrage de Philippe Pascot, ancien ami de Manuel Valls : pas de titre plus exact pour faire le tour de notre système politique. D’autant plus que l’homme est parfaitement correct et ne tombe jamais dans le trop facile « tous pourris ». Non, mais il les peint tels qu’ils sont ; le portrait de Manuel Valls dit tout. 

    Comment, dans ces conditions, s’occuper vraiment de la France ? Ils ne voient même pas le gouffre qui s’ouvre sous leurs pieds ou, pour reprendre l’image d’Agnès Verdier-Molinié, le mur sur lequel ils se précipitent. On va dans le mur (éditions Albin Michel) détaille la situation aberrante de notre pauvre pays surchargé de taxes, d’impôts, de superstructures, de lois et de règlements, de régimes différents et surtout de dettes telles qu’elles empêchent tout avenir. 

    Et cet État incapable, livré à des partis sectaires, prétend s’occuper de l’éducation des enfants, sans doute pour mieux les déstructurer, des familles pour mieux les détruire , des patrimoines pour mieux les engloutir,  d’économie et de dialogue social pour mieux les emberlificoter, les idéologiser et en écraser les entreprises, de santé pour mieux l’arracher aux médecins et aux familles, de décentralisation pour mieux prendre en main les territoires et les épuiser. Même les lois qui s’avèrent nécessaires sur le fond, sont polluées par le préjugé partisan. 

    Tout souffre de cette sottise idéologique et surtout les grandes fonctions de l’État : la justice, la défense, la sécurité intérieure et les finances nationales. Faudra-t-il attendre un grave incident sur les comptes publics ou sur notre système de défense et de sécurité – peut-être les deux à la fois – pour que les Français réalisent soudain l’effroyable gabegie et la désastreuse impéritie de leur régime politique ? 

  • Jean-Pierre Chevènement et son « rassemblement souverainiste »… Une illusion démocratique, par François Teutsch

     

    Nous sommes d'accord avec la réflexion de François Teutsch, qui, selon son habitude, ne s'en tient pas à la surface des choses. Toutefois, si nous ne nions pas que la gauche conserve toujours un fond internationaliste,  nous ne sommes pas sûrs du tout que le vieux Che y soit lui-même enclin. D'autre part, si une question fondamentale, par delà l'inaptitude des partis et toute politique politicienne, peut être qu'est-ce que l'homme ? nous trouverons plus prudent de qualifier l'homme en question et de parler de l'homme français ou européen, le reliant ainsi à son héritage. « D’un côté la France, de l’autre la République » nous paraît signaler en effet la véritable opposition des temps actuels. LFAR 

     

    57893b06c2abfa69f965a0ea10ca5721.jpegJean-Pierre Chevènement s’est appliqué à lui-même sa célèbre formule « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne » en quittant son parti, le Mouvement républicain et citoyen, après que sa motion eut recueilli seulement 16 % des voix au dernier congrès . Il affirme vouloir désormais retrouver sa liberté d’action et d’expression et plaide pour un vaste rassemblement souverainiste allant « du Front de gauche à Dupont-Aignan ». Indignation du premier, sourire ironique du second… L’idée peut paraître séduisante. Elle se heurte à un certain nombre de difficultés.

    Souverainiste, Chevènement l’a toujours été. Farouche partisan du « non » aux traités européens, favorable à une politique monétaire permettant l’évolution du taux de change, il n’a jamais ménagé ses critiques à l’encontre du monstre bruxellois. C’est une des lignes de clivage du monde politique français, mais également de l’ancien maire de Belfort avec le PS qu’il a quitté il y a fort longtemps, lui reprochant sa soumission à l’ultralibéralisme et à la finance internationale. Vue sous cet angle, sa proposition n’est pas aberrante. Ce rejet est partagé par de nombreux responsables politiques, dans tous les partis, sauf peut-être chez les diverses formations centristes. Même au PS, dont on se souvient qu’il s’est divisé lors du référendum de 2005. Mais c’est là s’arrêter à l’écume des choses.

    Ce qui rassemble Nicolas Dupont-Aignan, Christian Vanneste, Jacques Myard, Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon, c’est un rejet commun de la technostructure européenne qui étouffe nos libertés et nous impose le dogme de la concurrence pure et parfaite, du libre-échange en toutes choses, de la financiarisation de l’économie. Il manque une personne à cette liste : Marine Le Pen. Elle aussi partage cette détestation. Mais le « Che » ne semble pas le savoir. Pourtant, Florian Philippot vient du MRC, même si son ancien patron affirme ne pas s’en souvenir. Premier obstacle : l’oubli du premier parti, et sûrement du premier parti souverainiste de France.

    Second obstacle : on ne fait pas une politique uniquement sur un rejet commun. Certes, cela peut constituer une intéressante base de travail. Mais après ? Une telle coalition ne durera que le temps des cerises. Car si Chevènement n’est pas dépourvu de qualités, si ses propos ont souvent été frappés au coin du bon sens – notamment comme ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, en dépit de la régularisation en masse des immigrés clandestins -, il n’en demeure pas moins un homme de gauche. Il existe deux souverainismes. Celui de droite, fondé sur l’indépendance nationale et le patriotisme. Celui de gauche, fondé sur la mythologie républicaine et le jacobinisme le plus pur. Auquel il faut ajouter une tentation permanente – presque congénitale – à l’internationalisme anticapitaliste et à un laïcisme forcené. D’un côté la France, de l’autre la République. La différence est fondamentale, malgré les protestations de républicanisme de tous les partis, du FN au Front de gauche.

    Troisième obstacle, et non des moindres : la question des valeurs. Si le relativisme moral a envahi la société (et les partis dits de droite n’y ont pas échappé), quelques idéalistes, dont votre serviteur, persistent à penser que la matrice philosophique de la droite reste marquée, parfois à son corps défendant, par une vision de l’homme conforme à sa nature, et une conception de la société aux antipodes de « l’homme nouveau » promu par la gauche historique. Or, la question politique essentielle est là : qu’est-ce que l’homme ? Aucune politique au sens noble du terme ne peut échapper à cette question, dès lors que son objet est d’organiser la société et de tendre vers le bien commun.

    À ce jour, aucun parti politique français ne répond à cette question. Peu se la posent. C’est pourtant par là qu’il faut commencer. Une alliance des souverainistes de droite et de gauche ? Une illusion démocratique !

     

    , avocat - Boulevard Voltaire