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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1509

  • Robert Redeker : l'utopie progressiste débouche sur l'enfer

    Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

    Robert Redeker a une vision très pessimiste, puisque, au fond, elle débouche sur l'enfer. Travaillons à ce que, par delà la situation actuelle, après les cycles qu'il décrit ou qu'il prévoit, sans-doute à juste raison, l'épuisement des Lumières nous ramène sur le chemin qui conduit chez nous (Platon, cité par Jean-François Mattei en conclusion de son Regard vide) plutôt que de nous maintenir indéfiniment dans cet enfer que prévoit Redeker. Que Maurras avait annoncé, lui aussi, et qu'il nommait l'âge de fer, ou âge barbare. Il avait même envisagé comment et au nom de quoi, nous pourrions en sortir. LFAR   

     

    L'idée de progrès, expliquez-vous, n'est plus le moteur des sociétés occidentales. Partagez-vous le constat de Jacques Julliard qui explique que le progrès qui devait aider au bonheur des peuples est devenu une menace pour les plus humbles ?

    Robert REDEKER. - Le progrès a changé de sens. De promesse de bonheur et d'émancipation collectifs, il est devenu menace de déstabilisation, d'irrémédiable déclassement pour beaucoup. Désormais, on met sur son compte tout le négatif subi par l'humanité tout en supposant que nous ne sommes qu'au début des dégâts (humains, économiques, écologiques) qu'il occasionne. Le progrès a été, après le christianisme, le second Occident, sa seconde universalisation. L'Occident s'est planétarisé au moyen du progrès, qui a été sa foi comme le fut auparavant le christianisme. Il fut l'autre nom de l'Occident.

    Aujourd'hui plus personne ne croit dans le progrès. Plus personne ne croit que du seul fait des années qui passent demain sera forcément meilleur qu'aujourd'hui. Le marxisme était l'idéal-type de cette croyance en la fusion de l'histoire et du progrès. Mais le libéralisme la partageait souvent aussi. Bien entendu, les avancées techniques et scientifiques continuent et continueront. Mais ces conquêtes ne seront plus jamais tenues pour des progrès en soi.

    Cette rupture ne remonte-t-elle pas à la seconde guerre mondiale et de la découverte des possibilités meurtrières de la technique (Auschwitz, Hiroshima) ?

    Ce n'est qu'une partie de la vérité. L'échec des régimes politiques explicitement centrés sur l'idéologie du progrès, autrement dit les communismes, en est une autre. L'idée de progrès amalgame trois dimensions qui entrent en fusion: technique, anthropologique, politique. Le progrès technique a montré à travers ses possibilités meurtrières sa face sombre. Mais le progrès politique -ce qui était tenu pour tel- a montré à travers l'histoire des communismes sa face absolument catastrophique. Dans le discrédit général de l'idée de progrès l'échec des communismes, leur propension nécessaire à se muer en totalitarismes, a été l'élément moteur. L'idée de progrès était depuis Kant une idée politique. L'élément politique fédérait et fondait les deux autres, l'anthropologique (les progrès humains) et le technique.

    Les géants d'Internet Google, Facebook, promettent des lendemains heureux, une médecine performante et quasiment l'immortalité, n'est-ce pas ça la nouvelle idée du progrès ?

    Il s'agit du programme de l'utopie immortaliste. Dans le chef d'œuvre de saint Augustin, La Cité de Dieu, un paradis qui ne connaît ni la mort ni les infirmités est pensé comme transcendant à l'espace et au temps, postérieur à la fin du monde. Si ces promesses venaient à se réaliser, elles signeraient la fin de l'humanité. Rien n'est plus déshumanisant que la médecine parfaite et que l'immortalité qui la couronne. Pas seulement parce que l'homme est, comme le dit Heidegger, «l'être-pour-la-mort», mais aussi pour deux autres raisons.

    D'une part, parce qu'un tel être n'aurait besoin de personne, serait autosuffisant. D'autre part parce que si la mort n'existe plus, il devient impossible d'avoir des enfants. C'est une promesse diabolique. Loin de dessiner les contours d'un paradis heureux, cette utopie portée par les géants de l'internet trace la carte d'un enfer signant la disparition de l'humanité en l'homme. Cet infernal paradis surgirait non pas après la fin du monde, comme chez saint Augustin, mais après la fin de l'homme. Une fois de plus, comme dans le cas du communisme, l'utopie progressiste garante d'un paradis déboucherait sur l'enfer.

    La fin du progrès risque-t-elle de réveiller les vieilles religions ou d'en créer de nouvelles ?

    Le temps historique des religions comme forces de structuration générale de la société est passé. Cette caducité est ce que Nietzsche appelle la mort de Dieu. La foi dans le progrès - qui voyait dans le progrès l'alpha et l'oméga de l'existence humaine - a été quelques décennies durant une religion de substitution accompagnant le déclin politique et social du christianisme. Du christianisme, elle ne gardait que les valeurs et la promesse d'un bonheur collectif qu'elle rapatriait du ciel sur la terre. Bref, elle a été une sorte de christianisme affaibli et affadi, vidé de toute substance, le mime athée du christianisme. Les conditions actuelles - triomphe de l'individualisme libéral, règne des considérations économiques, course à la consommation, mondialisation technomarchande -, qui sont celles d'un temps où l'économie joue le rôle directeur que jouaient en d'autres temps la théologie ou bien la politique, sont plutôt favorables à la naissance et au développement non de religions mais de fétichismes et de fanatismes de toutes sortes. L'avenir n'est pas aux grandes religions dogmatiquement et institutionnellement centralisées mais au morcellement, à l'émiettement, au tribalisme du sentiment religieux, source de fanatismes et de violences.

    Peut-on dire que vous exprimez en philosophie ce que Houellebecq montre dans Soumission: la fin des Lumières ?

    Il doit y avoir du vrai dans ce rapprochement puisque ce n'est pas la première fois qu' l'on me compare à Houellebecq, le talent en moins je le concède. Ceci dit dans ma réflexion sur le progrès je m'appuie surtout sur les travaux décisifs de Pierre-André Taguieff auquel je rends hommage. Ce dernier a décrit le déclin du progrès comme « l'effacement de l'avenir ». Peu à peu les Lumières nous apparaissent comme des astres morts, dont le rayonnement s'épuise. Rien n'indique qu'il s'agisse d'une bonne nouvelle. Cependant, cet achèvement n'est non plus la revanche des idées et de l'univers vaincus par les Lumières. Elle n'annonce pas le retour des émigrés ! Cette fin des Lumières n'est pas la revanche de Joseph de Maistre sur Voltaire !

    Le conservatisme, vu comme « soin du monde » va-t-il remplacer le progressisme ?

    Les intellectuels ont le devoir d'éviter de se prendre pour Madame Soleil en décrivant l'avenir. Cette tentation trouvait son origine dans une vision nécessitariste de l'histoire (présente chez Hegel et Marx) que justement l'épuisement des Lumières renvoie à son inconsistance. Pourtant nous pouvons dresser un constat. Ce conservatisme est une double réponse : au capitalisme déchaîné, cet univers de la déstabilisante innovation destructrice décrite par Luc Ferry (L'Innovation destructrice, Plon, 2014), et à l'illusion progressiste. Paradoxalement, il s'agit d'un conservatisme tourné vers l'avenir, appuyé sur une autre manière d'envisager l'avenir : le défunt progressisme voulait construire l'avenir en faisant table rase du passé quand le conservatisme que vous évoquez pense préserver l'avenir en ayant soin du passé. La question de l'enseignement de l'histoire est à la croisée de ces deux tendances : progressiste, l'enseignement de l'histoire promu par la réforme du collège est un enseignement qui déracine, qui détruit le passé, qui en fait table rase, qui le noie sous la moraline sécrétée par la repentance, alors que l'on peut envisager un enseignement de l'histoire qui assurerait le « soin de l'avenir » en étant animé par le « soin du passé ». 

    Figaro.vox

  • François Hollande en Algérie : entre realpolitik et auto humiliation : L'analyse de Bernard Lugan

    A la veille du déplacement de François Hollande à Alger, Bernard Lugan a publié le communiqué qui suit. Chacun sait qu'il est actuellement l'un des meilleurs connaisseurs de l'Afrique. Son analyse documentée rejoint notre souci s'agissant de la situation en Algérie et de ses évolutions prévisibles. Toute explosion politique et sociale en Algérie aurait en effet pour La France, au plan intérieur comme extérieur, de gravissimes et incalculables conséquences. LFAR 

    46878456-jpeg_preview_large.jpgLundi  15 juin, durant quelques heures, François Hollande sera en Algérie, pays en état de pré-faillite, "dirigé" par un président moribond et gouverné par l'« alliance des baïonnettes et des coffres-forts »[1].

     
    L'Algérie est en effet au bord du précipice économique, politique, social et moral. Elle est dévastée par des avalanches successives  de scandales comme ceux des détournements de fonds du programme de l'autoroute trans-algérienne (5 milliards de dollars de dessous de table pour un chantier de 17 milliards...), de la Sonatrach ou encore de la banque Khalifa; or, il ne s'agit là que des plus médiatisés.
     
    L’équilibre politique algérien repose sur un modus vivendi entre plusieurs clans régionaux et politiques qui se partagent les fruits du pouvoir au sein des deux piliers de l’Etat qui sont l’ANP (Armée nationale populaire) et la DRS (Département du renseignement et de la sécurité). Quant à l'ordre social national, il résulte d'un singulier consensus :
     
    • à l'intérieur, les dirigeants  qui vivent de la corruption et des trafics en tous genres achètent le silence d'une population qui n'ignore rien de leurs agissements, par de multiples subventions,
     
    • à l'extérieur, ils entretiennent des mercenaires, journalistes et hommes politiques stipendiés, qui font fonctionner d'efficaces réseaux de communication permettant de donner une image rassurante du pays.
     
    Or, ce système qui fonctionnait grâce à la rente pétrogazière est aujourd'hui bloqué par l'effondrement des cours du pétrole. En un an, le prix du Sahara blend algérien est ainsi passé de 110 dollars le baril  à moins de 60; or, selon le FMI (mai 2015), dans l'état actuel de l'économie de l'Algérie, le prix d'équilibre budgétaire de son pétrole devrait être de 111 dollars le baril.
     
    Résultat: au premier trimestre 2015, les recettes cumulées du budget de l'Etat  ont baissé de 13% par rapport à la même période de 2014; quant aux recettes de la fiscalité pétrolière, leur recul fut de 28%. Dans ces conditions, les 200 milliards de dollars de réserves de change dont disposait l'Algérie avant la chute des cours du pétrole fondent comme neige au soleil et  le Fonds de régulation des recettes (FRR) alimenté par les ventes des hydrocarbures et dans lequel l'Etat puise pour tenter de prolonger la paix sociale n'est plus alimenté.
     
    La situation est donc gravissime[2]. D'autant plus que les parts de marché de la Sonatrach en Europe  vont baisser en raison de la concurrence de Gazprom qui fournit le gaz russe entre 10 à 15% moins cher que celui produit par l'Algérie. Sans compter que depuis 2014, devenu autonome grâce à ses gisements non conventionnels, le client américain qui représentait  entre 30 et 35% des recettes de la Sonatrach a disparu...
     
    Autre phénomène angoissant pour les autorités algériennes, le prix du gaz naturel liquéfié lié au prix du pétrole et des produits raffinés va de plus en plus être aligné sur le prix du gaz naturel américain, ce qui, selon les experts devrait mettre le GNL algérien entre 30 et 40% de ses prix antérieurs. L'Algérie est donc bien au bord du précipice.
     
    Dans ces conditions, face au double phénomène de baisse de la production et de baisse des cours, l'Etat-providence algérien est condamné à prendre des mesures impopulaires: suspension des recrutements de fonctionnaires, abandon de projets sociaux indispensables, de projets transport comme de nouvelles lignes de tramway ou la réfection de voies ferrées. Il est également condamné à  rétablir les licences d'importation afin de limiter les achats à l'étranger, ce qui va encore amplifier les trafics. Le coût des produits importés n'est en effet plus supportable; d'autant que, même les productions traditionnelles (dattes, oranges, semoule pour le couscous) étant insuffisantes, leur volume d'importation est toujours en augmentation. Pour ce qui est des seuls  biens de consommation, la facture est ainsi passée de 10 milliards de dollars en 2000 à une prévision de plus de 65 milliards de dollars pour 2015. Quant aux subventions et aux transferts sociaux, ils atteignent 70 milliards de dollars par an, soit environ 30% du PIB.
     
    L'Algérie va donc devoir procéder à des choix économiquement vitaux mais politiquement explosifs. Le matelas de 80 milliards de dollars de son fonds de régulation (FFR) et ses réserves de change  qui étaient tombées à un peu plus de 180 milliards de dollars au mois de janvier 2015, ne lui permettront en effet de faire face que durant deux années puisque les dépenses inscrites au budget 2015 sont de 100 milliards de dollars...
     
    L'Algérie est donc dans la nasse car, elle qui ne produit rien est pourtant condamnée à continuer d'importer afin de nourrir, soigner et habiller sa population. Comme dans les années 1980, l'explosion sociale semble donc inévitable. Avec en toile de fond les incertitudes liées à la succession du président Bouteflika.
     
    C'est donc dans un pays en faillite dans lequel les islamistes sont en embuscade et dont l'équilibre est vital pour notre sécurité, que se rend François Hollande, porteur d'un singulier message rédigé par des associations dont la représentativité prêterait à sourire si elles ne constituaient pas le noyau dur de l'actuel régime français. Pour l'Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (4ACG), pour l'Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA) et pour l'Association des réfractaires non violents (ARNV) " le moment est venu pour la France de reconnaître, du plus haut niveau politique (...) les crimes et les horreurs commis pendant les 132 ans que dura la colonisation de l'Algérie".
     
    Au mois de décembre 2012, lors de son précédent voyage à Alger, François Hollande était déjà allé à Canossa mais, comme les Bourgeois de Calais, il avait tout de même gardé sa chemise. La conservera-t-il aujourd'hui alors que, candidat aux prochaines élections présidentielles, il est prêt à tout afin de tenter de regagner les précieux suffrages des électeurs franco-algériens qui s'étaient détournés de lui avec le « mariage pour tous » ?
      
    NB : Les rentiers de l'indépendance qui forment le noyau dur du régime prélèvent, à travers le ministère des anciens combattants, 6% du budget de l'Etat algérien, soit plus que ceux des ministères de l'Agriculture (5%) et de la Justice (2%)... 
     
    Bernard Lugan
    14.06.2015
     
  • Vu sur les murs du métro à Paris, sur les bus à Marseille : Non pas Joyeux Ramadam, mais Ramadan béni de Dieu

    Nous sommes ici en plein délire de soumission, en plein Houellebecq. Qu'attendent les cathos pour exiger des affiches « Saintes fêtes de Pâques ou de Noël » ? Ce serait plus positif que de s'insurger contre la proclamation de la foi de l'Islam.

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    1584417371_2.jpgQuoi que disent les appareils, les hommes et leurs discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs, ... partageons les fondamentaux !

    MAGISTRO vous invite à lire :

    Françoise THIBAUT  Professeur des universités Sainte RATP
    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique, écrivain  Arnaud Montebourg, autruche parmi d'autres
    Philippe BILGER  Magistrat honoraire, Président de l'Institut de la parole  N. Vallaud-Belkacem ou la caricature en politique
    Maxime TANDONNET  Haut fonctionnaire, ancien conseiller au Cabinet de l'l'Elysée  "Les droits de l'Humanité" : une dérive symptomatique de la politique française
    Christine SOURGINS   Essayiste, historienne de l'art   Versailles "lupanart" de l'Art contemporain
    Roland HUREAUX  Essayiste  Mme Najat Vallaud-Belkacem, stade suprême de la réforme idéologique
    Chantal DELSOL   Professeur de philosophie politique, membre de l'Institut  Panthéonisation, une spécificité française
    Christophe GEFFROY   Directeur fondateur de La Nef   Revenir au rôle de l'école
    Charles GAVE   Econmiste, financier  La Terre, elle, ne ment pas…     

    Jacques BICHOT  Economiste, Professeur émérite à l'Université Lyon 3  Malheureuse politique familiale

    Transmettez, faites suivre ... 

     

  • Bien commun et idéologie partisane par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    Où s’arrêtera la progression de Daesh ? En s’emparant de l’oasis de Palmyre, situé sur un axe reliant ses conquêtes syriennes à ses fiefs en Irak, l’État islamique (EI), que l’on disait affaibli, déploie encore un peu plus son rêve millénariste de califat sur le théâtre proche-oriental. Avec la prise de ce joyau antique dont la destruction semble programmée, l’EI est désormais maître de la moitié du territoire de la Syrie. Il contrôle l’ensemble des champs pétroliers et gaziers du pays et la route vers Damas. Damas qui serait sans doute déjà tombée sans l’aide de ses alliés chiites du Hezbollah et de l’Iran.

    Affaibli par quatre années de guerre, le régime al-Assad n’en est pas moins en train de se replier sur ses derniers bastions. Il lui faut se résoudre à une partition de facto du pays en limitant ses ambitions à la « Syrie utile ». Dans ces zones côtières ouvertes sur la Méditerranée, il doit en plus faire face aux insurgés regroupés dans une nouvelle coalition dominée par les jihadistes du front al-Nosra, la branche locale d’al-Qaida.

    Triste réalité du Proche-Orient où rien ne semble pouvoir résister aux forces de destruction qui éliminent tout ce qui ne leur ressemble pas. Il y a quelque chose de navrant à voir les Occidentaux, si prompts à délivrer des leçons de morale, incapables de s’opposer à cette tragédie humaine qui se double d’un désastre architectural. Seule, la campagne aérienne menée par les Etats-Unis et ses alliés – plus de 3 000 raids en Irak et en Syrie depuis un an – se révèle insuffisante pour enrayer la progression des hordes sauvages du calife auto-proclamé Abu Bakr al-Baghdadi.

    Mais, sans engagement de troupes au sol, ce qui ne serait pas forcément la solution, quelle stratégie pourraient-ils mettre en œuvre ? Partout dans le monde arabe, la dite « communauté internationale » paie le prix de ses interventions irréfléchies. Motivée par un pseudo-humanitarisme manichéen, la diplomatie des droits de l’homme, qui consiste à plaquer le « modèle » démocratique occidental dans des pays sans culture étatique, vire à la loi du plus fort et à la catastrophe humanitaire. En Syrie, à seule fin de faire tomber le « dictateur » Bachar al-Assad – un Assad qui ne demandait pourtant qu’à normaliser ses relations avec les capitales occidentales –, les dirigeants américains et leurs alliés ont financé et armé des groupes islamistes radicaux qui se sont empressés de mettre en pièces les forces rebelles « modérées » avant de se déverser sur l’Irak pour mettre le pays à feu et à sang. Les Américains savent pourtant mieux que personne que la créature islamiste finit toujours par échapper à ses maîtres ! Ils l’ont vécu en Iran, en Afghanistan, en Irak… et maintenant en Syrie.

    Quant à la France, qui avait l’occasion de se rapprocher de la Russie dans la recherche d’une solution diplomatique crédible, elle a préféré surjouer, même par rapport au jeu de Washington, sans retenir la leçon de la Libye où son interventionnisme stupide a abouti à la division du pays en factions irréconciliables. Et ouvert la voie aux flots ininterrompus de migrants qui viennent s’échouer sur les côtes méridionales de l’Europe.

    Pendant ce temps, les volontaires français partis faire le djihad en Syrie et en Irak – ils seraient actuellement 1500 à 2000 – reviennent aguerris dans notre pays. Situation explosive qu’une loi sur le renseignement est censée prévenir. Encore faudrait-il, comme on le lira dans notre dossier, que le gouvernement cesse de confondre bien commun et idéologie partisane. Est-ce trop lui demander ?

    Politique magazine

  • Laïcité : la propagande subventionnée

    Jérôme EHO/ASS, LES PETITS CITOYENS

    Mercredi dernier, à Marseille, au cours d'un débat, Eric Zemmour était interrogé par un jeune homme impatient : « Nous sommes tous d'accord avec vous. Maintenant que faut-il faire ? ». La réponse a été sans détour : « Hé bien, non, justement nous ne sommes pas tous d'accord. Je suis ravi de l'être avec vous, sans-doute même avec la majorité de cette assemblée. Mais ne vous y trompez pas : la gauche, parce qu'un certain nombre d'intellectuels souvent venus de ses rangs réagissent contre la pensée dominante, se répand en lamentations et prétend qu'elle est en train de perdre l'hégémonie idéologique et culturelle. Mais ce n'est pas vrai, c'est un leurre, sa pensée continue de dominer la société française; elle en conserve tous les moyens; la bataille des idées est loin d'être gagnée; les partis - y compris ceux de droite - sont bien incapables de la mener. Elle doit l'être sur le terrain culturel et nous avons bien du chemin à faire, encore, avant de pouvoir chanter victoire ». Le texte qui suit, publié par Valeurs actuelles sur son site (11.06.2015) atteste par l'exemple de la clairvoyance d'Eric Zemmour. Les nombreux signes d'une réaction conservatrice de beaucoup d'intellectuels français, hors des partis politiques, est encore loin de signifier leur victoire. Travaillons ! LFAR     

     

    Document. Et si on s’parlait de la laïcité ? C’est sous ce titre, en apparence anodin, qu’est publié un petit livret à destination des enfants (photo).

    Véritable exemple de novlangue socialiste, le fascicule a été distribué à la presse en marge du congrès du PS à Poitiers. L’association Les Petits Citoyens édite de nombreux livrets à destination des écoles primaires. Au téléphone, elle l’affirme : « Ce sont les communes qui nous les commandent. On n’envoie rien automatiquement. » En apparence ludique, le contenu du livret n’a rien à envier à la propagande de certains pays communistes. Entre deux chapitres sur « le vivre ensemble » et « les citoyens du monde », on peut voir une Marianne noire brandir un drapeau français où il est écrit « laïcité ». Plus loin dans l’ouvrage, on apprend « qu’il ne faut pas avoir peur d’être différent des autres », ou que « faire du sport, c’est aussi vivre ensemble ». Chaque petit chapitre est illustré par un dessin. Là, une jeune fille métisse en costume de superhéros rêve de devenir « Super Égale ». Ici, sur une autre vignette, une jeune fille fait un cauchemar. Elle rêve d’une Marianne poursuivie par des hommes au crâne — forcément — rasé. Et son ami métis de dire : « Elle nous fait un cauchemar antirépublicain ! » Ces petits livrets de propagande socialiste sont soutenus par la Fédération Léo-Lagrange, fondée, en 1950, par Pierre Mauroy. Mais l’association, qui édite également Et si on s’parlait de l’égalité filles-garçons, est aussi financée par l’argent public. Ainsi, l’année dernière, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a versé 100 000 euros à l’association. En 2013, c’est Bruno Le Roux, président du groupe socialiste, qui avait soustrait 150 000 euros de sa réserve parlementaire…         

    valeursactuelles.com

     

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

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  • CULTURE & PHILOSOPHIE • Présence, actualité, importance de Jean-François Mattéi

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    Un peu plus d'un an après sa disparition, Jean-François Mattei, son œuvre, sa pensée ne cessent de nous être très présents, d'occuper notre réflexion et de l'enrichir.

    Son ouvrage posthume, l'Homme dévasté publié chez Grasset (février 2015) a été présenté au public, à Marseille, lors d'une soirée d'hommage, le 20 mars denier; un livre d'hommage à Jean-François Mattéi intitulé De Platon à Matrix, l'Âme du Monde, aux éditions Manucius, est en librairie depuis le 4 juin et trois tables rondes lui sont consacrées, l'une à Paris, au Collège des Bernardins, déjà tenue jeudi dernier 11 juin et deux autres qui doivent se tenir à Aix et Marseille mardi 16 et mercredi 17 juin.  

    C'est dans ce contexte de grande présence, que nous vous proposons, ce dimanche, ou plus tard, de réécouter Jean-François Mattei. Il s'agit de l'une de ses dernières interventions publiques (4 février 2014), pour le Café actualités d'Aix-en-Provence, qu'anime Antoine de Crémiers, et son contenu nous paraît si important qu'il convient de l'écouter avec tout le sérieux, toute l'attention possibles. Sur la modernité, Jean-François Mattei exprime là sa pensée, en un sens sa critique, avec une clarté, une force, une profondeur particulières. Son texte, selon nous, mériterait d'être publié. Sans-doute aurons-nous à y revenir. Nous n'en disons pas davantage et vous laissons tout à l'écoute de cette remarquable réflexion.    LFAR 

    Cafe actualite d'Aix en Provence Jean-Francois Mattei 4 02 14 from Lafautearousseau on Vimeo.

  • RELIGION & SOCIETE • le pape à des jeunes français : La France, « fille aînée de l'Eglise bien infidèle »

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    Le pape François, le 10 juin 2015 au Vatican

    Nous relayons ce récit qui court les médias, en relevant que le terme « boutade » est celui qui est partout utilisé quoiqu'il soit sans-doute inapproprié pour qualifier le propos et surtout l'intention du Pape. S'agit-il d'en minimiser la portée ? C'est, selon nous, l'évidence. LFAR

    La France "est une fille aînée de l'Eglise bien infidèle", a confié le pape François dans une boutade à de jeunes Français qu'il recevait et qui ont rapporté ses propos vendredi à l'agence spécialisée sur le Vatican I.Media.

    Jeudi soir dans la Maison Sainte-Marthe au Vatican où il réside, le Pape a en effet reçu deux lycéens français et deux groupes de rock catholiques de Lyon : Glorious et Hopen.

    Lors de cette rencontre loin de tout protocole qui a duré 45 minutes, le pape a encouragé les musiciens: « Il y a des gens en vie mais qui sont morts : il faut aller les réveiller ».

    Il a ensuite confié: « On dit que la France est la fille aînée de l’Eglise, mais c’est une fille bien infidèle ». Il parlait visiblement avec une certaine « tristesse », a raconté à I.Media un des jeunes lycéens, Edouard. Il les a encouragés à transmettre autour d’eux « la joie de l’Evangile ».

    Le pape avait déjà fait cette boutade en privé dans le passé à des évêques français.

  • CINEMA • Un Français : tout ça pour ça ! Par Fabrice Le Quintrec

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    47abb3865231375d5dde8bad2cc8ee7b.jpegTout ça pour ça ! Les polémiques qui ont précédé la sortie en salle, ce mercredi, du film Un Français auront davantage fait pour sa notoriété que ses qualités intrinsèques.

    Un mot sur le titre : peut-on imaginer les manifs, pétitions et actions en justice qu’aurait suscitées – en admettant qu’il obtienne les financements du CNC – un projet cinématographique intitulé Un Algérien et racontant incendies de voitures, agressions et trafics divers commis par un jeune immigré maghrébin ?

    Passons…

    Un Français nous permet de faire connaissance avec le skinhead Marco : front bas, regard buté, quotient intellectuel proche de zéro, vocabulaire limité à quelques dizaines de mots, jurons et onomatopées… un vrai constat de faillite pour l’Éducation nationale et pour les parents, complètement dépassés par la situation. Bien sûr, Marco est d’extrême droite, gavé de bière et il donne dans le racisme le plus abject. Quand il ne se castagne pas avec des bandes rivales, il s’en prend aux paisibles Arabes et Noirs qui lui tombent sous la main.

    Sont réunis tous les ingrédients d’une morale manichéenne qui, à partir de la rentrée prochaine (si le film tient encore l’affiche) et dans le cadre des enseignements interdisciplinaires qu’on nous annonce, devraient permettre de traîner des bataillons de lycéens en sortie scolaire et d’organiser, en classe, des débats sans surprise.
     
    Chronologiquement, le film débute vers la fin des années 1980 pour nous emmener jusqu’à l’époque actuelle ; sans surprise aussi, le Front national en prend pour son grade et, au passage, même la Manif pour tous est épinglée. L’auteur, Patrick Asté, alias Diastème, aurait dû faire une cure de « padamalgam » avant de réaliser ce film que, pour sa part, il qualifie d’« humaniste » plutôt que de politique.

    Car, comme le dit le synopsis affiché à l’entrée du cinéma, l’histoire de Marco, c’est « le parcours d’un salaud qui va tenter de devenir quelqu’un de bien » ; bonne nouvelle : une rédemption est donc possible ! Un peu à l’instar de Marine Le Pen, qui s’efforce de faire le ménage à l’intérieur de sa propre formation politique, Marco, petit à petit, va évoluer, se purifier, sa part d’ombre va se dissiper. La bêtise et la violence qui sont en lui le faisant littéralement suffoquer, il prend conscience que les gens sont gentils, que la nature est belle, que rien ne vaut le sourire et l’amour de l’enfant dont il est privé : son ex, raciste indécrottable qui va à la messe (et un comprimé de « padamalgam », un !), est partie avec leur fille Gwendoline et c’est la mère qui, comme toujours dans ces cas-là, a obtenu la garde.

    L’acteur Alban Lenoir, qui interprète avec justesse le personnage de Marco, va même se transformer physiquement au fur et à mesure que les années passent : ses traits s’adoucissent, il se réconcilie avec son corps et avec son âme ; c’est un peu un Gran Torino à la française, en moins bien. La révolution cinématographique reste à faire : aujourd’hui, les salauds les plus dangereux ne sont pas à rechercher du côté d’hypothétiques néo-nazis davantage présents dans la rhétorique gauchisante que dans la réalité sociale ; la menace la plus directe, pour nous tous, émane de jeunes désœuvrés, en mal de repères, qui vont chercher du côté de l’État islamique des raisons de vivre et de mourir. Ce film–là attend encore le producteur et le réalisateur qui voudront bien s’y atteler, mais pour l’heure, même 007 préfère continuer à ferrailler contre le KGB, le Spectre ou les magnats mégalomanes de la finance, de la presse ou du pétrole.   

     - Boulevard Voltaire 

    Journaliste
    Journaliste à Radio France, spécialiste en revue de presse, ancien attaché culturel au Japon. 
     
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  • Famille de France • De nouvelles photos du Prince Jean de France publiées par Newscom

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    La banque d'images Newscom vient de publier sur son site internet une nouvelle série de photos du  Prince Jean de France, héritier de la Maison de France, réalisées par le photographe David Nivière. Ces photos ont été prises dans le bureau du prince au Domaine Royal de Dreux,  quelques jours avant son cinquantième anniversaire. S.A.R. le duc de Vendôme, dauphin de France, est l'héritier de la tradition royale française; il sera un jour le Chef de cette famille que l'on nomme simplement, selon un usage ancien, Maison de France ou Famille de France.  Pour ouvrir nos pages de ce week-end, nous avons choisi de mettre à la une, une photo du Prince à son bureau du Domaine Royal de Dreux mais l'on peut les regarder toutes (voir ci-dessous). •   

    (Cliquez sur les images pour les visualiser)

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    www.davidnivierephotography.com 

    Source : La Couronne

  • SOCIETE • « Comment le soldat a fait le citoyen » selon François Saint-Bonnet *

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    La qualité de Français a longtemps paru indissociable du service militaire, expose François Saint-Bonnet, agrégé d'histoire du droit, professeur à l'université Panthéon-Assas-Paris II. Sa réflexion nous paraît fondamentale. Y compris pour notre temps. Car le fait que n'existe pas, aujourd'hui, de menace à nos frontières n'exclut pas qu'il puisse en ressurgir et n'empêche pas non plus l'émergence de graves dangers intérieurs, sans-doute tout aussi redoutables. La fin de l'Histoire ne nous paraît pas une hypothèse à prendre très au sérieux.  LFAR 

    Dans l'Antiquité et au Moyen Âge, quel est le lien entre citoyen et soldat ?

    François SAINT-BONNET. - Dans l'Antiquité, l'obligation de porter les armes est consubstantielle à la citoyenneté. Perdre la guerre, c'est perdre tout et spécialement la liberté, c'est souvent être réduit en esclavage par le vainqueur. Au Moyen Âge, le métier des armes est réservé aux nobles, dans une logique de spécialisation des tâches: aux clercs la prière, aux nobles la sécurité, au tiers état le travail.

    En apparence, tout oppose ces deux périodes. L'une est basée sur la logique d'égalité entre citoyens, l'autre sur celle des ordres. En réalité, ceux qui appartiennent à la classe des «citoyens» dans l'Antiquité (ni esclaves ni «étrangers») sont une minorité largement héréditaire. On n'est pas si loin de la logique nobiliaire médiévale. Dans les deux cas, ceux qui exercent la suprématie politique sont ceux qui se battent.

    À partir des volontaires de 1792, et plus encore de la conscription en 1798, citoyen et soldat deviennent intimement liés en France. Tout le monde devient noble et doit payer l'impôt du sang, en quelque sorte ?

    Dès la fin de l'Ancien Régime, nombreux sont ceux qui pensent qu'une armée de citoyens serait plus efficace que des troupes soldées, c'est-à-dire rémunérées -d'où «soldat»-, car les citoyens obéissent à une logique d'autodéfense et non de quasi-mercenariat. Fin 1789, Dubois-Crancé, militaire et député, se réjouit du «droit» désormais reconnu à «tous les Français de servir la patrie». Cet «honneur d'être soldat» est celui d'une nation libre où «tout citoyen doit être soldat, et tout soldat citoyen».

    En abolissant les privilèges de la noblesse, les révolutionnaires suppriment la logique de castes d'officiers et ouvrent à tous les citoyens le loisir de s'illustrer comme citoyen vertueux et donc comme soldat. La loi Jourdan de 1798 concrétise cette logique: tous les citoyens seront inscrits sur une liste (des «conscrits» au sens strict), sur laquelle on tirera au sort les soldats. Mais le lien entre citoyenneté et service militaire est très présent dès 1795, lorsqu'on reconnaît le droit de vote aux anciens combattants qui ne seraient pas électeurs sans cette qualité, car ils ne paient pas le niveau d'impôt suffisant pour l'obtenir. La logique de l'impôt du sang est ici parfaite.

    Le droit de la nationalité n'est pas le même dans la Constitution de l'an VIII (1799) et dans le Code civil de mars 1804. Sous l'Empire, les naturalisations vont devenir plus difficiles. N'est-ce pas contradictoire avec l'idée répandue que l'Empire avait un besoin impérieux de soldats ?

    Deux conceptions s'opposent. Celle de la Constitution de l'an VIII subordonne la qualité de Français à la simple déclaration d'intention suivie de dix années de résidence. Le pouvoir est ici finalement dans les mains du demandeur. Celle du Code civil de 1804 exige l'accord de l'État pour pouvoir résider en France. Le pouvoir revient au Prince, comme sous l'Ancien Régime. Bonaparte premier consul en 1799 craint moins la venue de mauvais éléments, potentiellement subversifs, que le même, bientôt empereur, au printemps 1804. Même s'il a besoin d'hommes, il veut séparer le bon grain de l'ivraie.

    Quels changements a connus le droit du sol sous la IIe République, en 1851, et au début de la IIIe République, en 1887 ?

    La loi de 1851 instaure ce l'on appelle le double droit du sol: un étranger né en France dont le père est également né en France se voit attribuer automatiquement la nationalité française. On veut éviter que des étrangers nés et résidant en France tentent d'échapper au service militaire en s'abstenant de demander la nationalité à leur majorité. Jouir de la sécurité offerte par la France suppose de la servir en portant les armes. Le droit du sol devient un devoir du sol, en quelque sorte.

    Cette exigence est renforcée en 1887 par l'impossibilité pour ces jeunes de refuser la nationalité française à leur majorité. En effet, les employeurs en venaient à préférer recruter des étrangers non soumis au service militaire. De façon générale, la tradition française -acquisition facile de la nationalité en contrepartie du service militaire obligatoire et assimilation- se maintiendra jusqu'aux années 1960.

    La paix qui règne en France depuis 1962 a-t-elle des conséquences sur la définition de la citoyenneté ?

    La guerre d'Algérie a été, à certains égards, une guerre civile, ce qui est désastreux pour le sentiment de citoyenneté, comme l'atteste le sort douloureux des harkis, à la fois concitoyens et regardés comme étrangers par les Français et comme traîtres par les Algériens. C'est surtout la suspension du service militaire obligatoire en 1997 qui a fait évoluer la notion de citoyenneté. Elle est désormais plus regardée comme un dû (des droits et des prestations) que comme un devoir (servir son pays). Cependant, maintenir le service militaire alors que les frontières ne sont pas menacées et que le métier de soldat devient plus technique n'aurait eu aucun sens. Par ailleurs, les plaintes pénales de familles de soldats tombés en Afghanistan montrent que la mort de quiconque est jugée aujourd'hui scandaleuse, y compris pour un soldat dont le métier comporte le risque d'être tué et le droit de tuer un ennemi sans être homicide.
    En principe, un soldat mort au combat est un héros que l'on honore, non une victime que l'on déplore. Si ces familles éprouvent une frustration, il y a sans doute un déficit de rétribution symbolique et une difficulté à dépasser le légitime chagrin par de l'authentique fierté d'avoir un enfant qui est tombé pour défendre ses concitoyens. Mais est-ce le cas lorsque l'on se bat à des milliers de kilomètres ? 

    Guillaume Perrault - Figarovox