Les mots et les choses
par Louis-Joseph Delanglade
M. Tin préside le Conseil Représentatif des Associations Noires de France, créé en 2005, dont le dernier communiqué (1er octobre) prétend qu’ « il y a en France au moins trois siècles de présence noire ». Pour sa part, Mme Ernotte, présidente de France Télévisions, déclare, fin septembre : « On a une télévision d'hommes blancs de plus de cinquante ans ». Passons sur les aspects contestables de ces deux déclarations. Le CRAN n’ayant pas été interdit et Mme Ernotte pas révoquée, on peut - on doit - penser qu’existent bel et bien des « Noirs » et des « Blancs ». Ce n’est donc pas cette réalité qui pose problème à certains mais plutôt l’affirmation récemment réitérée que la France « est un pays de race blanche », sans qu’on ait bien compris si c’est le substantif « race » ou l‘adjectif « blanche » - ou les deux - qui font scandale.
Il est vrai que, si elle cherchait à faire parler d’elle, Mme Morano a réussi. En tirera-t-elle quelque bénéfice politicien ? C’est moins sûr car la voici convoquée à ce que M. Finkielkraut appelle le « tribunal de l’antiracisme ». Or le microcosme politicien et médiatique reste solidaire dans ses fondamentaux. Haro, donc, sur le baudet ! Des faux culs de la droite dite républicaine « fréquentable » - égérie : Mme Kosciusko-Morizet - au dernier carré des chroniqueurs gauchards de France Inter - porte-parole : M. Legrand - l’indignation aura été unanime et donc suspecte.
M. Valls lui-même s’est fendu à l’Assemblée d’une formule moins ridicule que révélatrice : « Marianne n'a pas de race, pas de couleur ». Il rappelle ainsi, sans doute malgré lui, que l’allégorie de la République française n’a bien entendu aucun rapport avec la France elle-même, bien mieux incarnée par une Jeanne d’Arc qu’il serait difficile de représenter autrement que blanche de peau. N’en déplaise à M. Valls, la France n’est pas la République, celle-ci n’étant qu’un régime idéologique auquel celle-là préexiste historiquement et auquel on peut espérer qu’elle survivra.
D’un point de vue historique justement, la France est incontestablement un pays « blanc » - pas vraiment concerné par les vagues migratoires avant la moitié du XIXème siècle, vagues de toute façon longtemps « blanches » pour l’essentiel. Ce n’est qu’après la fin de l’Empire colonial qu’on a assisté à une importante immigration susceptible de modifier cette caractéristique. Cela dit, personne ne peut nier qu’il y ait aujourd’hui - et d’abord dans les outre-mer - de nombreux Français qui ne sont pas « blancs ». Mais, dans l’impossibilité de connaître leur nombre avec précision, vu l’interdiction des statistiques ethniques, le simple bon sens incline à penser que les « Blancs » restent largement majoritaires.
Dès lors, parler d’ « un pays de race [mot en usage] blanche » n’a rien de scandaleux et ne saurait, de toute façon, supposer aucun racisme honteux et rampant. D’autant que, contrairement à sa voisine germanique, la France n’est pas de tradition - toujours l’Histoire - mono-ethnique. Après tout, une nation, c’est d’abord, comme le rappelle M. Zemmour, « une histoire et un passé en commun ». Etre français ce n’est pas forcément être blanc mais c’est certainement revendiquer cet héritage de mille cinq cents années. •
Le prix Nobel, c’est un peu comme le cirque Zavatta : un grand barnum où, annuellement, l’on applaudit les prouesses quasi miraculeuses des impétrants, les uns pour avoir trouvé l’anti-accord absolu en littérature, les autres pour avoir mis au jour le énième secret du nombre d’or, et certains pour leur redécouverte, jamais tarie, de la pierre philosophale en économie politique.
Qu'entend-on par modernité ? Utilisée à tort à travers, la notion est floue. En philosophie, et plus fondamentalement pour l'humanité occidentale, les temps modernes commencent au XVIIe siècle avec Descartes et, pour prendre un repère, Le Discours de la méthode qui paraît en 1637. Précisons que le philosophe met en forme un mouvement qui travaille souterrainement l'Occident depuis, disons, la Renaissance.
Pourquoi la gauche, malgré ses prétentions critiques face à l'Histoire, se montre-t-elle aujourd'hui incapable de penser le monde? A cette question déplaisante pour les grandes têtes molles du gauchisme culturel, il conviendrait d'en associer une seconde afin d'être complet. Pourquoi la droite, malgré ses prétentions patrimoniales, se montre-t-elle incapable de conserver le monde ? Les « mystères de la gauche » dont a merveilleusement parlé le philosophe Jean-Claude Michéa dans un « précis de décomposition » d'un genre un peu particulier s'appréhendent à la seule condition d'envisager en miroir ceux de la droite. Là, ceux qui ne sont plus capables de rien comprendre ; ici, ceux qui ne veulent plus rien sauver — surtout ceux qui en ont le plus besoin, à savoir ceux qui n'ont rien : les pauvres et le peuple. C'est cependant à la seule gauche postmoderne que s'en prend le philosophe Renaud Garcia dans Le Désert de la critique, déconstruction et politique (Editions l'Echappée). Un livre qui fera date, soyons en sûr, comme ont fait date Orwell anarchist tory (1995), L'enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes (1999) et Impasse Adam Smith (2002) de Jean-Claude Michéa.
Il existe en France un château en ruine à la Walter Scott où l’on se dépayse tout en renouant avec sa patrie intime : le Puy du Fou. Deux millions de visiteurs s’y sont rendus cette année. C’est dans le bocage vendéen, loin de ma Corrèze où jadis un stagiaire de l’Ena à la préfecture, haut sur pattes, précédé d’un nez important, forçait la sympathie par sa jovialité et sa faconde : Philippe de Villiers. Il avait de l’allure, et de l’allant. Chirac qui régnait alors sur nos arpents lui prophétisait une carrière politique reluisante. Par le fait, il lui ouvrit les portes de son gouvernement.

Eric Zemmour est trop fin connaisseur de l'histoire des idées, de l'histoire tout court et, naturellement, de l'actualité politique, pour ne pas pointer les faux clivages, les filiations douteuses et les positionnements de circonstances. Ainsi retrace-t-il brillamment, dans la vidéo qui suit, les origines historiques du libéralisme, l'empathie de fond de ce dernier avec le déconstructivisme révolutionnaire et donc son ancrage véritable à gauche. En cela, Zemmour donne raison à Macron, lorsqu'il définit le libéralisme comme valeur de gauche. Une idéologie peu compatible avec ce roi qui manque, selon le même Macron, et n'aurait d'autre fonction et justification que de réincarner le Pouvoir et ré-enraciner la société. Le contraire du libéralisme ... Allez savoir ! Contradiction à objecter au jeune et sémillant ministre. LFAR