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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1511

  • DEBATS • Abdennour Bidar et Fabrice Hadjadj : le christianisme, l'islam et la laïcité française

     

    Tous deux philosophes et écrivains, Abdennour Bidar et Fabrice Hadjadj nourrissent une réflexion approfondie sur les rapports entre les deux principales religions en France. Un échange vigoureux et profond pour Figarovox. Les religions se sont largement invitées sur tous les terrains politiques en France et dans le monde. Ainsi, le débat Abdennour Bidar - Fabrice Hadjadj peut ouvrir une discussion parmi les lecteurs de Lafautearousseau. On ne manquera pas d'y relever les passages qui constituent une remise en cause somme toute radicale des valeurs de la République.   

    Abdennour Bidar* a appris l'islam par sa mère, auvergnate convertie au soufisme, tandis que Fabrice Hadjadj se présente comme « Juif de nom arabe et de confession catholique ». Le premier veut croire à l'émergence d'un islam éclairé compatible avec les sociétés occidentales. Le second considère qu'une laïcité qui ne serait que le paravent d'un relativisme absolu débouchera forcément sur le choc des civilisations.

     

    Le vrai problème de la France, est-ce l'islam radical ou l'islamophobie ?

    Abdennour BIDAR. - On peut parler en France d'un islam radical qui revêt plusieurs formes, dont la plus inquiétante ces derniers temps est celle du djihado-terrorisme, et celle, plus répandue, d'un néo-conservatisme. Ce dernier revendique un certain nombre de pratiques religieuses qui, sans être interdites ni toujours contradictoires avec la laïcité, deviennent problématiques quand elles s'exercent sur un mode provocateur, agressif, intransigeant.

    Sans hystériser le sujet, reconnaissons qu'il y a bien en France une question de l'islam, faute d'une démonstration convaincante, à travers une évolution suffisante de la culture islamique, de sa compatibilité avec les valeurs de la République.

    Quant à l'islamophobie, je ne crois pas à un rejet généralisé de l'islam. Mais le développement de l'islam radical en France crée un climat d'inquiétude qui engendre ou attise chez certains la suspicion, l'inquiétude, voire le rejet et des actes antimusulmans. On est alors face à deux radicalités qui s'alimentent.

    Fabrice HADJADJ. - Comme vous, je reconnais le danger de l'islamisme et de l'islamophobie, qui s'excitent l'un l'autre. Mais mon alignement s'arrête là. Je crois qu'il faut cesser de se polariser sur l'islam. Le vrai problème de la France, aujourd'hui, c'est la France. Qu'y a-t-il à défendre derrière cette bannière ?

    Vous voulez parler des fameuses valeurs de la République ?

    F. H. - La République s'est développée sur le refus, en grande partie, de son passé tant royal que catholique. Elle a inventé un récit national fondé sur un progressisme qui désormais, fort de la technologie, devrait conduire vers l'avenir radieux des cyborgs… Persuadée de porter les valeurs de la civilisation, la République s'est aussi autorisée à coloniser certains pays. Le problème, c'est qu'aujourd'hui tout ce modèle s'est effondré: on est sorti du progressisme, de l'humanisme, et, Dieu merci, de la logique coloniale. Ce qui reste, c'est l'autoflagellation de notre passé impérial, un laïcisme démesuré et, du fait du règne de l'expertise et de la consommation, notre incapacité à porter une espérance nationale. Le signe de cette incapacité, c'est la dénatalité. Aussi bien Raymond Aron que Michel Rocard insistaient sur le «suicide démographique» de la France.

    Pour parer à cela, on fait appel à l'immigration. Le danger n'est pas dans l'immigration en tant que telle mais dans ce que nous proposons aux nouveaux venus pour les intégrer. Le supermarché techno-libéral ne suffit pas pour insuffler l'élan d'une aventure historique. Or c'est cela que les jeunes attendent. Non pas de devenir «modérés», mais d'entrer dans une vraie radicalité (ce mot renvoie aux racines, lesquelles ne sont pas pour elles-mêmes, mais pour les fleurs, les fruits et les oiseaux). Ils ont envie d'héroïsme. Mais les actuelles «valeurs d'échange» de la République ne proposent rien de cela, et ce vide nourrit le terrorisme aussi bien que la xénophobie. Aujourd'hui, nous devons repenser à la France et à l'essence de la République en les mettant en perspective dans une histoire et un héritage qui portent sa radicalité judéo-chrétienne, de sainte Geneviève à de Gaulle, ou de Jeanne d'Arc à Bernard Lazare.

    A. B. - Une remarque: attention au terme de «radicalité» dont il est très hasardeux de vouloir se servir «positivement». Dans mon dernier livre, je vous rejoins en soulignant que l'islam agit comme un puissant révélateur de notre propre désarroi de civilisation, ici en Occident. Mais je maintiens que nous avons deux systèmes de valeurs profondément en crise. En face de la sacralité essoufflée des idéaux républicains français et des idéaux de la modernité occidentale, il y a, du côté de certains musulmans, trop nombreux, un sacré fossilisé pour lequel la religion est un totem intouchable. Cette représentation anhistorique, inadaptable, de l'islam va à l'encontre du sens historique de la modernité. L'islam n'a pas actuellement le moteur culturel nécessaire pour être une fabrique de civilisation. Aussi, dire, comme certains le disent, que les musulmans ont «déjà gagné» me paraît faux. Pour gagner, il faut un système de valeurs en bon état, sinon prêt à l'emploi.

    Pour se moderniser, l'islam doit-il prendre des distances par rapport à son passé ?

    A. B. - Face aux épisodes passés de la colonisation et de l'impérialisme occidental, l'islam en est trop longtemps resté à une posture de réaction et de repli sur soi. Nous devons lui demander bien plus aujourd'hui, en matière d'autocritique, pour qu'il entre dans une période de transition.

    F. H. - Je ne peux pas laisser dire cela. C'est l'islam qui dès le départ s'est propagé à travers l'expansion guerrière en Afrique du Nord, en Espagne… Mahomet fait des guerres, des razzias, le Christ n'en fait pas. C'est pour cela d'ailleurs que les guerres faites au nom de la Croix sont bien plus graves que celles faites au nom du Croissant.

    A. B.- Ne faisons pas de l'objet historique de l'islam une entité métaphysique. L'islam n'est pas par essence conquérant, guerrier ou incompatible avec ceci ou cela. Certes, le mot «islam» est réputé signifier soumission à Dieu, mais il est aussi de même racine que le mot arabe qui veut dire paix. Une religion peut évoluer, en enfantant par exemple, à l'image du christianisme, une civilisation de la sécularisation, de la liberté de conscience compatible avec la vie spirituelle. Certains pays musulmans ont tenté de se transformer ainsi lors des printemps arabes.

    F. H. - Vous voyez l'histoire comme une nécessaire sortie de la religion. Quitte à me répéter, le sens de l'histoire est, selon moi, à l'opposé du modernisme qui croit pouvoir faire «du passé table rase». L'invention de l'histoire se fait dans la tradition, la nouveauté prenant corps à partir d'un héritage. L'islam ne doit pas refuser son historicité. Or, dans son principe, il s'oppose à un aspect très profond du judéo-christianisme qui est la notion de révélation progressive. Le génie juif est de dire que la révélation de Dieu s'opère à travers des événements historiques, non en se détachant de la chair et du temps, mais en y descendant profondément. Ainsi insiste-t-on dans la Bible et les Évangiles sur les événements, les généalogies, les noms propres. Cela n'existe pas dans le Coran, qui tend à court-circuiter l'histoire de la Révélation. Pour preuve: Marie, mère de Jésus, y est confondue avec la sœur d'Aaron et de Moïse.

    Mohammed ne prétend pas venir après et assumer tout l'héritage précédent. Il affirme restaurer la religion adamique, et donc sauter par-dessus les siècles vers une origine anhistorique. C'est pourquoi le Coran rejette les Écritures juives et chrétiennes comme étant falsifiées (aussi la Bible est-elle interdite dans la plupart des pays musulmans). C'est un rapport pour le moins curieux à l'histoire.

    Dans les religions juive et chrétienne, il y a dès le départ un rapport critique à l'observance religieuse. Chez les juifs, comme vous le savez, il y a une primauté de l'interprétation. Et, chez les chrétiens, à partir d'une critique des docteurs de la Loi, une primauté de la charité. L'Église catholique affirme en conséquence le développement du dogme, la multiplicité des sens de l'Écriture, le travail de la raison, d'où viennent les très catholiques Rabelais, Montaigne, Descartes, Pascal…

    La seule manière de restaurer le sens de l'histoire en France est d'admettre l'origine de notre foi en l'histoire, et donc d'affirmer la primauté culturelle du judéo-christianisme. Ou plus précisément que la France s'est constituée à travers des racines gréco-latines et des ailes juives et chrétiennes.

    Abdennour Bidar, vous voulez sans doute répondre à ces attaques…

    A. B. - Hors du judéo-christianisme, point de salut donc! Quel impérialisme absolument inaudible! Au moment où toutes les civilisations du monde se rencontrent, et cherchent de l'universel partageable, construit ensemble, je vous souhaite bon courage pour aller convaincre les musulmans mais aussi les Chinois et les Indiens que seuls le judaïsme et le christianisme ont un sens de l'histoire !

    Sur le fond, je ne peux que réagir. Certes, le Coran contient, et je le déplore, des versets extrêmement violents et problématiques qui continuent aujourd'hui à nous empoisonner. Mais il existe des musulmans capables de prendre leurs distances vis-à-vis de ces versets, de refuser qu'ils servent de prétexte à la violence ou à une prétendue «guerre sainte» et de réclamer plus généralement un droit d'interprétation des textes.

    F. H. - Ils sont très minoritaires.

    A. B. - Je vous rassure, ils sont plus nombreux que vous semblez le penser. Et l'islam a une histoire. J'en veux pour preuve le schisme entre les chiites et les sunnites, la diversité des écoles et les batailles ou échanges continuels avec les différents bassins de civilisation. Il existe aussi dans l'islam un certain nombre de grands noms, comme Ibn Khaldoun, qui ont posé de façon très précoce les fondements de la science historique et qui ont influencé un grand nombre de penseurs d'autres civilisations.

    Un mot, enfin, sur la généalogie. Étant des trois monothéismes la dernière religion révélée, l'islam reconnaît que nous sommes tous les fils d'Abraham.

    Comment articuler laïcité, racines chrétiennes de la France et fraternité ?

    F. H. - Vous ne pouvez ignorer que ce truc des «fils d'Abraham» est un passe-passe nominal, puisque l'Abraham dont parle le Coran n'a pas la même histoire que celui de la Bible, et qu'on y substitue Ismaël à Israël… Mais soit. Revenons sur les conditions d'un vrai dialogue. Sans entrer dans la logique du choc des civilisations, je mets en garde contre les risques du relativisme. Soit chacun rentre dans sa bulle, soit, puisqu'il n'y a plus de vérité, ce n'est pas le plus sage, mais le plus séduisant, le plus habile, le plus menaçant ou le plus argenté qui l'emporte. L'enjeu n'est pas la modération mais la reconnaissance envers cette vérité de l'histoire apportée par l'héritage chrétien de la laïcité. Aussi, la France, dans le rapport aux religions, ne peut pas traiter avec équivalence ce qui relève de sa propre ascendance - et de la production de la laïcité même - et ce qui n'est pas du même lieu de civilisation. Vous savez très bien qu'une fleur coupée de ses racines et mise dans un vase est très jolie, mais, lorsqu'elle fane, elle commence à sentir mauvais. C'est le sort actuellement en France d'une laïcité coupée de ses racines.

    Quant à la notion de fraternité mise à la fin de la devise républicaine, je dirais comme Régis Debray qu'elle a été largement occultée. Après avoir reproché au roi son paternalisme, la République a cherché à inventer une société de frères sans père, et elle n'a réussi qu'à fabriquer des individus sans patrie.

    Les religions chrétienne et musulmane en France sont-elles alors vouées à s'ignorer ?

    A. B. - Je suis d'accord pour reconnaître l'héritage judéo-chrétien, évidemment, mais il faut aller plus loin en intégrant l'islam. Certes, l'islam vient d'une autre civilisation, mais il convient de reconnaître la valeur de l'altérité.

    Or notre différence, semble-t-il, est que j'ai confiance en vous, en nous tous, avec votre culture et avec la mienne. Je voudrais qu'il en soit de même pour vous à l'égard des musulmans. L'importance de la population musulmane en France nous fait un devoir de nous entendre.

    C'est pour cela que je plaide pour la fraternité. La laïcité, qui à la base avait le génie de rassembler, est devenue un facteur de division, et je le déplore. Par contre, j'estime que la fraternité a encore, elle, une virginité qui pourrait conduire au ressaisissement collectif dont la France a bien besoin.

    Nous y travaillons au ministère de l'Éducation nationale, avec la mise en place d'un nouvel enseignement moral et civique qui remettra dans la culture commune un certain nombre d'héritages humanistes - comme la fraternité - qui se retrouvent tant dans le judaïsme, le christianisme que dans l'islam.

    Cette responsabilisation de la société civile ne relève évidemment pas seulement de l'État. Elle doit se faire dans toutes les sphères, et en priorité familiales. Que dit-on dans les familles musulmanes du petit juif? Et vice versa ?

    En outre, j'ai déjà exprimé mon jugement très sévère à l'égard du Conseil français du culte musulman (CFCM), dont l'appellation elle-même invite à s'interroger. Pourquoi considérer que la population musulmane en France est obligatoirement liée à l'islam par le culte? C'est nier, aujourd'hui, la diversité profonde de la culture musulmane, qui regroupe à la fois des personnes attachées aux cultes, d'autres moins et des non-croyants.

    Je sais que mes propos, comme les vôtres, peuvent être un peu durs à entendre, mais il est de notre devoir de se solidariser tous pour que la balance penche du bon côté. La grâce et le génie de la situation actuelle, c'est que nous sommes tous dans la même galère, de réinventer ensemble un humanisme partageable, avec tous nos héritages sacrés et profanes.   

    * Dernier ouvrage  d'Abdennour Bidar: Plaidoyer pour la fraternité, Albin Michel, 2015 ; de Fabrice Hadjadj: Puisque tout est en voie de destruction. Réflexions sur la fin de la culture et de la modernité, Le Passeur, 2014.

    Entretien par Marie-Laetitia Bonavita et Alexandre Devecchio

     

  • L'idéologie du Progrès : définition et déclinaisons, par Frédéric Rouvillois *

    Fréderic Rouvillois a donné ce fort intéressant entretien sur l'idéologie du progrès, au Cercle Henri Lagrange. Il y expose, en dernière partie, comment le clivage n'est plus aujourd'hui entre droite et gauche parlementaires - que presque plus rien ne différencie - mais, si l'on veut, entre « progressistes » et « traditionnalistes », ou mieux, entre modernes et antimodernes. Et de toute évidence, comme beaucoup d'intellectuels de sa génération, Frédéric Rouvillois ne se range pas parmi les modernes. Cela signifie-t-il ne pas être de son temps ? Lorsqu'il définissait cette monarchie qu'il voulait pour la France d'aujourd'hui, Pierre Boutang parlait d'« une monarchie moderne, ou affrontée au monde moderne ». Cette apparente opposition ou pour mieux dire cet affrontement, lui paraissait sans-doute, comme à nous-mêmes, la façon la plus haute d'être de ce temps.    

     

     

    Source : CHL.TV - Cercle Henri Lagrange 

    * Frédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011). Son dernier livre Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion.

     

  • Rencontres autour du livre d'hommage à Jen-François Mattéi, en librairie depuis le 4 juin

     

    LogoJFM ;;;;;.pngL'association Les Amis de Jean-François Mattéi a le plaisir d'annoncer que le livre d'hommage à Jean-François Mattéi intitulé De Platon à Matrix, l'Âme du Monde, aux éditions Manucius, est en librairie depuis le 4 juin.

    A cette occasion vous êtes invités à l'une des trois tables rondes rencontres organisées autour de l'ouvrage :

    le 11 juin au Collège des Bernardins à Paris à 18H30, en présence de Chantal Delsol et Jean-Pierre Dupuy,

    Le 16 juin à l'Institut d'Études Politiques d'Aix-en-Provence à 18H, avec Hervé Casini, Bernard Martocq et Jean-Yves Naudet,

    Le 17 juin à la bibliothèque de l'Alcazar à Marseille à 17H30, avec Hervé Casini, Philippe Granarolo et Bernard Martocq.

    Venez nombreux.

  • Idéologie mortifère, par Louis-Joseph Delanglade

     

    En géographie, rien ne vaut une bonne carte. Celle de lactuel Proche-Orient  est explicite : lEtat Islamique contrôle désormais un vaste territoire à cheval sur Syrie et Irak. Sa progression est si rapide que certains le voient déjà aux portes de Damas et de Bagdad. M. Lévy propose maintenant darmer les Kurdes « pour casser les reins de Daesh ». Du fait même quil est tout à fait improbable, car on voit mal la Turquie laccepter, ce scénario illustre bien lirréalisme et par conséquent l’éventuel pouvoir de nuisance des idéologues qui gravitent autour du pouvoir. 

    Sur le terrain, lEtat islamique profite au mieux des contradictions dans lesquelles sont empêtrés ses ennemis coalisés. Le fiasco de la toute récente Conférence de Paris ne peut que les conforter : incapables de se mettre daccord sur quoi que ce soit, hormis sur lacceptation du fait sunnite (Turquie, Qatar, Arabie Séoudite), les membres de la coalition - dont la France - ont acté le statu quo, cest-à-dire lacceptation pure et simple de lavancée pour linstant irrésistible des troupes de lEtat islamique et de linstauration sur les territoires quil contrôle dun début dadministration en bonne et due forme. Non seulement aucune décision sérieuse naura été prise mais, comble du ridicule et de limpuissance assumée, les membres de la « coalition » sinterdisent lusage des armes chimiques dites « incapacitantes » pour ne pas contrevenir à une recommandation de lONU.

     

    Existe pourtant bien la possibilité de contrebalancer le poids dangereux de lalliance sunnite par celui de lIran et de ses « clients » chiites, seule force capable, à ce jour, de sopposer au sol aux troupes de « Daesh ». Mais, au vu de ses ambitions nucléaires, lIran constitue, paraît-il, une grande menace. Pis : il est de fait allié de MM. Assad et Poutine, chacun étant persona non grata - et aucun des deux présent à Paris. Voilà bien la véritable faute du pouvoir socialiste, digne continuateur en cela de son prédécesseur : que lapocalypse sabatte sur la région plutôt que de « reconnaître » un quelconque rôle à M. Assad car le faire serait renier les idéaux démocratiques du feu printemps arabe. 

     

    Lincendie géopolitique qui a pris naissance avec la déstabilisation de la région en Irak puis en Syrie risque fort, à terme, de déboucher sur la reconfiguration complète dune région aux frontières jusque là héritées de la période des mandats. Si les choses continuent, il ny a dailleurs pas de raison que Le Liban et la Jordanie échappent au cataclysme. Ce que constate M. Zemmour quand il dit qu’« un nouveau Moyen-Orient est en train de naître dans le sang et la fureur » ( R.T.L., 21 mai). Sil devait advenir que lEtat islamique sinstallât pour durer, il faudrait alors bien en tenir compte et « reconnaître » le fait accompli. 

     

    Cest à cela que conduit lidéologie mortifère de MM. Fabius et Lévy. Il nest cependant pas interdit de penser que rien nest encore définitif. 

     

  • Valls, l’ambianceur de Poitiers, vu par Dominique Jamet*

     

    Dominique Jamet raille à bon droit le rôle et le discours de Manuel Valls au semblant de congrès socialiste de Poitiers. Nous n'avons plus en effet qu'un semble-Etat, selon l'expression que Pierre Boutang utilisait naguère. Et de même des semblants d'Institutions ou de partis. Le Système, même s'il perdure, largement par inertie, est réduit à l'état gazeux, comme on dit en Espagne. Le clivage n'est plus aujourd'hui entre droite et gauche parlementaires que presque plus rien ne différencie, mais, si l'on veut, entre « progressistes » et « traditionnalistes », ou mieux, entre modernes et antimodernes. C'est ce que Frédéric Rouvillois vient, entre autres choses, d'exposer au cours d'un intéressant entretien donné récemment au Cercle Henri Lagrange. Et c'est autrement fondamental que les propos de Manuel Vals. Une vidéo en a été réalisée. Nous la diffuserons dans les jours qui viennent.  LFAR

     

    3312863504.jpgÀ congrès sans enjeux, ennui sans limites. Quand les jeux sont faits et que rien ne va fort, difficile de se passionner pour la partie en cours. Les frondeurs rentrés dans le rang, Martine Aubry ayant fait le déplacement pour montrer qu’elle peut bouder ailleurs que dans son coin, la motion A largement votée, les postes répartis entre les courants au prorata de leur influence, le premier secrétaire reconduit dans ses fonctions à sa satisfaction générale, l’hypothèse d’une primaire écartée, celle d’un changement de cap refusée, celle d’un débat de fond, par exemple sur le socialisme, son passé, son présent, son avenir, ou sur le bilan de trois années au pouvoir, n’étant pas inscrite à l’ordre du jour, que restait-il aux délégués d’un parti dont l’image nous parvient encore du fond de la galaxie politique alors qu’il n’est plus qu’un astre mort, une fois épuisés les plaisirs de la buvette et de la visite rituelle à l’admirable Notre-Dame-la-Grande ? Poitiers morne butte…

    Il revenait au Premier ministre, en l’absence du président virtuel candidat réel qui ne se mêle jamais, comme on sait et comme il s’y est engagé, à la petite cuisine que font les grands partis sur leurs petits réchauds, de chauffer la salle et de donner à ses camarades l’illusion qu’ils n’étaient pas venus pour rien. Manuel Valls a donc joué les ambianceurs avec sa fougue habituelle – sa furia espagnole.

    Que faire quand on n’a rien à dire ? Chez les vrais gens, dans le monde réel, on n’en dit rien. Dans l’univers de la politique, ce théâtre d’ombres chinoises et de polichinelles bien de chez nous, on parle. Manuel Valls a parlé plus d’une heure.

    Le chef du gouvernement a énuméré les réformes considérables qu’il a déjà réalisées et affirmé qu’il n’allait pas s’arrêter en aussi bon chemin. Ainsi le prélèvement à la source est-il inscrit sur son agenda, pour une date qui sera précisée ultérieurement. Manuel Valls s’est dit fier de l’équipe qu’il dirige, de son action, de ses résultats, où il allait de soi qu’il n’était pas pour rien. Il a fait acclamer le nom de son chef hiérarchique, « un grand président », a-t-il déclaré sans rire et sans faire rire. Une telle performance, en France, en 2015, n’est évidemment possible que devant un public très choisi.

    En vieux routier de la politique, le Premier ministre, qui se voulait rassembleur, sait que le meilleur moyen d’unir un auditoire sceptique, démoralisé et divisé, est de lui désigner un ennemi commun. Il s’en est donc pris avec virulence au bouc émissaire tout trouvé qu’était cette semaine l’ancien président de la République aujourd’hui président des Républicains. « Un homme qui, par ses pratiques dans l’opposition, était déjà un problème pour le pays », a dit celui dont la pratique du gouvernement pose tous les jours problème. La République du chef des soi-disant Républicains est « une duperie », a poursuivi le chef d’une majorité socialiste dont les rapports avec le socialisme sont une énigme en forme de farce. Il n’a pas eu de mots assez durs, enfin, pour le positionnement politique du numéro 1 des « Républicains », « synthèse entre les fausses promesses de 2007 et le discours halluciné de Grenoble », lui dont le patron tente vainement de faire le lien entre le discours incantatoire du Bourget et les fausses promesses de 2013, 2014 et 2015.

    Valls faisant le procès de Sarkozy, c’est le lutteur de fête foraine attaquant le batteur d’estrade, l’énervé dénonçant l’agité, la charité qui se moque de l’hôpital. Un régal pour les connaisseurs.

     

     

    Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

    Signé Nicolas VIAL - Figaro magazine

    « Le risque zéro n'existe pas » et, s'il a jamais cessé de l'être, le monde actuel est dangereux.

  • MEDAS • L’Evangile selon Plenel... Ce qu'en a pensé Benoît Rayski, dans Causeur

    Que les puristes se rassurent : l'on n'est pas obligé d'être toujours d'accord avec Benoît Rayski. Dans ce cas - les lignes qui suivent, parues dans Causeur - nous le sommes. Sa critique nous a paru parfaite ... Par contre, il y a fort peu de chances que nous soyons jamais d'accord sur quoi que ce soit avec Edwy Plenel.  LFAR

     

    Edwy Plenel n’a guère apprécié le discours de François Hollande au Panthéon. Non pas qu’il l’ait trouvé médiocre et convenu, ce qu’il était d’ailleurs. Ce n’est pas ça. Plenel estime que dans ce discours il y a un absent de taille : le peuple. Déjà au fronton du Panthéon figure une phrase assurément détestable pour lui : “Aux grands hommes, la patrie reconnaissante”. Patrie ? Plus réac, plus fasciste que ça, il n’y a pas.

    Le peuple donc manquait et tout était dépeuplé. Mais quel peuple ? Celui que le directeur de Médiapart chérit et affectionne est métissé. Pas le peuple français, beaucoup trop blanc à son goût. De toute façon, avec le mot “peuple”, il y a dans notre langue un problème d’interprétation.

    Un seul et même mot pour exprimer deux notions totalement différentes. Le peuple au sens populaire. Le peuple au sens d’une appartenance commune. Dans de nombreuses langues et notamment les langues slaves, il y a deux mots qui permettent de distinguer ce qui est national de ce qui est populaire. Ca évite bien des confusions.

    Quiconque irait sur Mediapart s’apercevrait très vite qu’en général (sauf une exception chaleureuse pour le peuple palestinien) le mot “peuple” se décline toujours au pluriel. On s’apitoie sur la souffrance des peuples indigènes ou autochtones victimes de l’exploitation occidentale. On s’indigne du sort fait aux peuples opprimés : Amérindiens, Inuits, tribus amazoniennes, Papous, etc. Mais quand même pas sur les Kurdes qui ont eu l’affreuse idée de lutter contre les djihadistes.

    Pour revenir au Panthéon, Edwy Plenel a recours à une sémantique proche de celle de Todd, qui n’a pas vu non plus le peuple – celui des banlieues – lors de la manifestation du 11 janvier. À Médiapart, les “quartiers sensibles” ont été remplacés par les “quartiers populaires”. On en déduira donc que c’est le peuple qui habite au Mirail, à Bobigny, aux Minguettes et à Trappes. Ainsi, ce sont des fils du peuple qui partent égorger en Syrie et en Irak. Chacun son peuple…

    Saint Plenel, priez pour la banlieue souffrante! Rendez aussi à Saint Badiou, quand même plus grand dans la hiérarchie que vous, ce qui revient à Saint Badiou. Ce dernier, orfèvre en vitupérations philosophiques, a en effet rédigé un nouveau Manifeste communiste saluant la messianique mission du “prolétariat d’origine étrangère” en France ! Ça promet une bien sale gueule aux lendemains radieux annoncés par Plenel et Badiou. Le lumpenprolétariat, concept forgé par Karl Marx, n’est pas le peuple. Tout au mieux, la populace.

    Quant au peuple, soyons sérieux. Il n’existe pas sauf pour du lyrisme de circonstance. Une bête de foire exhibée par des charlatans et des illusionnistes. Chacun l’accommode à sa façon, sauce hollandais, sauce pleneliène, sauce mélenchonienne. Le peuple n’est qu’un exercice de vocalise pour Castafiore d’extrême gauche. Tu es le peuple, et sur ce peuple je bâtirai mon imposture…

    En juillet 1968, une délégation soviétique, Brejnev en tête, arriva à Prague pour tenter de ramener Dubcek à la raison. Le malheureux crut bien faire en amenant ses hôtes visiter les usines Škoda, fleuron de l’industrie tchèque. Sur place, des milliers d’ouvriers l’acclamèrent : “Vive Dubcek, vive la liberté !” Il se tourna vers Brejnev : “Tu vois camarade, le peuple est avec moi”. Le chef du PC soviétique le toisa d’un regard hautain. Et il lui dit en se montrant du doigt : “Le peuple, c’est moi !”. Cette scène me fait, va donc savoir pourquoi, irrésistiblement penser à Plenel. 

     

    Benoît Rayski- Causeur

  • Aux Baux de Provence, il y a 45 ans, Jean Raspail, Gustave Thibon, Gérard de Gubernatis

    Photo : A gauche, l'insigne des Camelots du Roi qui a toujours été l'image utilisée pour les affiches, tracts et publications des rassemblements royalistes de Montmajour et des Baux de Provence (1969 - 2005). Du coup, ce graphisme devint connu et populaire dans tout le Midi. A droite, la tribune, aux Baux (vers 1980) : on t reconnaît Gustave Thibon et Pierre Chauvet, au premier rang; derrière eux deux, Jean-Marc de Montoya et Franck Lesteven; à l'extrême-droite de la photo, bras croisés, François Davin François...

     

    « Du côté des vidéos ... Ordre, classement, accessibilité pour tous » : nous avons signalé, hier, comment nous avons classé, organisé par thèmes, rendu plus accessible, une collection de 131 vidéos, où désormais l'on pourra trouver assez facilement ce que l'on cherche.

    Nous proposons, ce dimanche, de trouver, retrouver, écouter, aux Baux de Provence vers 1980, Jean Raspail prononçant un discours resté fameux, Gustave Thibon (deux différentes interventions) et Gérard de Gubernatis. Et de revoir l'Action française en Provence d'alors, réunie autour de Pierre Chauvet, son président. 

     

     

  • Retour à l'actualité, demain lundi ...

     

    A ne pas manquer !

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  • LIVRES • Vu du Maroc : La langue bien pendue de Boualem Sansal, par Péroncel-Hugoz

    Boualem Sansal au Salon du livre de Francfort 2011

     

    Le discours déroutant du romancier algérien fait hésiter Péroncel-Hugoz entre coup de chapeau et coup de dents. En tout cas, selon lui, Sansal ne manque pas de mordant… Quant à nous Français - et, plus largement, Européens - rien de ce qui touche au Maghreb, de ce qui s'y passe, de ce que l'on y pense, ne doit rester extérieur à notre souci. Pour les raisons historiques que l'on sait. Mais aussi parce qu'il en va de notre avenir politique, économique et social. De notre sécurité et, même, de notre identité. LFAR   

     

    peroncel-hugoz 2.jpgBravo d'abord à Si Boualem, que plusieurs pays francophones accueilleraient sans doute volontiers chez eux, pour son talent de plume, mais qui persiste à vivre dans son Algérie natale, un Etat plus que jamais en proie à une gérontocratie policière, concussionnaire et stérile ; et où en plus la sécurité n'est pas garantie, surtout pour les langues bien pendues comme Sansal… Ce dernier n'est pas assuré non plus du soutien panarabe, les ambassadeurs de la Ligue s'étant insurgés contre l'attribution d'un prix du roman arabe à un livre de l'écrivain, « Un village allemand », où il ose une comparaison entre nazisme et jihadisme… Sansal ne s'est pas vu contester, en revanche, son grand prix de la Francophonie décerné par l'Académie française. 

    Un nouvel essai de l'audacieux Algérien, « Gouverner au nom d'Allah », publié récemment chez Gallimard, à Paris, vient de lui redonner l'occasion de lancer de nouveaux anathèmes contre l'islamisme armé ou médiatique, notamment dans la presse européenne, par exemple le principal quotidien marseillais, « La Provence » du 29 mars 2015, où l'auteur à la célèbre queue de cheval grise se déchaîne de nouveau: « En Algérie, les islamistes ont gagné. Ils sont dans le gouvernement et au parlement. Le pouvoir leur a abandonné la société. C'est le troc: ils règnent sur la société mais ne touchent pas aux prérogatives du président et au pétrole ». 

    Sur la Tunisie voisine, très fragile espoir des démocrates des cinq continents, Sansal est encore plus lapidaire: « Il n'y a pas d'exception tunisienne. 4000 Tunisiens ont rejoint Daech… » (voir sur la Tunisie actuelle notre coup de dents du 27 mars 2015). 

    Sur la France, notre homme va beaucoup plus loin: « Les islamistes y sont les premiers défenseurs de la laïcité. Tarik Ramadan (petit-fils du fondateur des Frères musulmans, en 1928 en Egypte, et à présent citoyen helvétique) est champion comme défenseur de la laïcité française mais il faut entendre ce qu'il ne dit pas, à savoir que lorsque l'islam (1) est installé, il agit à sa guise ». « La laïcité sera la première sacrifiée dès qu'ils auront pris le pouvoir ». 

    Au sujet du récent livre d'Houellebecq, « Soumission » (Voir notre chronique du 1er mai 2015), Sansal le juge « prémonitoire » et précise : « Les islamistes utilisent l'interprétation du Coran autorisant la possibilité de se dissimuler en adoptant les habitudes des adversaires pour mieux les vaincre. ». Et cet avertissement de l'écrivain d'Alger aux Français : « Vous êtes presque passés de la tolérance à la lâcheté. Au nom des Droits de l'Homme et du respect des autres. Ce n'est pas un Islam de France qui naît mais un Islam en France. Les islamistes n'ont pas d'âme. » Enfin sur le royaume du Maroc: « Le Maroc, pays ancien, et l'Algérie, dont l'organisation politique est très récente, ont des islams différents bien que de la même branche sunnite malékite ». 

    A bien des égards Boualem Sansal nous rappelle son compatriote et prédécesseur, l'autre fameux romancier algérien vigoureusement anti-jihadiste, feu Rachid Mimouni qui, fuyant l'Algérie, vint finir ses jours, désespéré, dans son refuge marocain. Sansal, lui, a choisi la voie, plus roborative, du pessimisme actif. Actif et courageux.  

    (1) Islam prend une majuscule quand il désigne la civilisation, la communauté humaine comme on écrit Chrétienté ou Occident ; islam prend une minuscule quand il désigne seulement la religion comme on écrit bouddhisme, judaïsme, catholicisme, etc.

     

    Péroncel-Hugoz - Le 360

  • HISTOIRE • Spécial Musée de la Grande Guerre : une émissin de TV Libertés, dans la série Passé Présent

     

    Il s'agit d'un reportage exclusif de TVLibertés qui s’inscrit dans le centenaire de la Première guerre mondiale. Catherine Gourin et Philippe Conrad se sont rendus à Meaux au musée de la Grande Guerre. Ils ont été accueillis par les responsables du mémorial. 

    Excellentes explications et intéressante visite que vous pourrez suivre ce week-end grâce à TVLibertés, non moins excellente chaîne de télévison dont nous recommandons de suivre les programmes.  LFAR 

     

     

    Source : TVLibertés