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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1514

  • Dostoïevski : « L'amour de l'humanité est une abstraction »

     

     

    « Peut-on aimer tous les hommes sans exception, tous ses semblables ? Voilà une question que je me suis souvent posée. Certainement non ; c'est même contre nature. L'amour de l'humanité est une abstraction à travers laquelle on n'aime guère que soi. »

     

    Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski

    L'Idiot - 1874

  • Dans les archives de Lafautearousseau, voyez nos « grands auteurs », retrouvez leurs réflexions ...

     

    Grands auteurs ou acteurs de l'Histoire s'enrichit, chaque semaine, en principe le vendredi, de pensées et réflexions particulièrement pertinentes. Vingt-huit Français, neuf grands esprits européens, anglais, allemand, espagnol, russe et tchèque. et trois non-européens, Edgar Poe, le Dalaï Lama et le pape François. Bien d'autres grands auteurs éclectiques et profonds sont à venir. « Du bonheur d'être réac ? » C'est, entre autres, en termes très simples et dans des sens divers, ce qui les rassemble. N'hésitez pas à consulter cette bibliothèque qui s'étoffe et se construit !

    Accès : Icône en page d'accueil, colonne de droite. 

     

    Déjà cités : Edgar Poe, le Dalaï Lama, Tocqueville, Baudelaire, Vaclav Havel, Claude Lévy-Strauss, Charles Péguy, Dostoïevski, Goethe, Anouilh, Malraux, Unamuno, la Satire Ménippée, George Steiner, Shakespeare, Frédéric II, Jacques Perret, Georges Bernanos, Anatole France, Auguste Comte, Balzac, Racine, Pierre Manent, Louis XIV, Charles Maurras, Alexandre Soljenitsyne, le Pape François, Wintson Churchill, Alfred de Musset, Michel Houellebecq, Jean Giraudoux, Gustave Thibon, Choderlos de Laclos, Jacques Ellul, Simone Weil, Jacques Bainville, Albert Schweitzer interpelant Charles De Gaulle, Maurice Barrès..

  • Jacques Sapir : « Un abandon de souveraineté n’est pas définitif »

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    Jacques Sapir nous aide ici à faire le point sur les abandons de souveraineté de la France, essentiellement entre les mains des Etats-Unis et de l'Union européenne. Comme nous-mêmes, il ne croit pas à leur irréversibilité. Telle est, d'ailleurs, sa conclusion au terme de cet entretien. LFAR

    Économiste connu pour ses prises de position en faveur de l’abandon de la monnaie unique européenne, Jacques Sapir est aussi un essayiste réputé, auteur de livres de référence sur la démondialisation et sur le retour des nations. Des publications qui l’ont amené à défendre la souveraineté nationale, aujourd’hui fragilisée.

    Pour vous, quelle est la plus grande menace qui pèse sur la souveraineté française ?

    Sans aucun doute, celle qui provient de l’Union européenne qui se substitue de plus en plus aux gouvernements nationaux en négociant directement, en leur nom, des traités avec d’autres puissances étrangères. Le problème de souveraineté nationale qui se pose là est donc évident. D’autres menaces pèsent également sur les souverainetés des états. L’ingérence des Etats-Unis dans les affaires européennes par exemple, ou l’attitude de certains partis politiques nationaux, généralement ceux qui sont aux affaires, qui font souvent preuve d’une docilité coupable face aux injonctions bruxelloises.

    Ces défenseurs de l’UE aimeraient instiller une sorte de souverainisme européen. Est-ce crédible ?

     Les défenseurs de l’Union européenne adoptent généralement deux positions, distinctes l’une de l’autre. La première consiste à dire que la souveraineté politique n’est plus le fondement de la démocratie, elle-même réduite à la simple question de l’Etat de droit. Pour eux, la souveraineté est une question qui ne se pose même plus. La seconde prétend que l’Union européenne est le nouvel échelon de la souveraineté nationale. Autrement dit, la France étant trop petite, vive l’Europe ! Mais pour qu’il y ait souveraineté, il faut un peuple, une nation. Pour ma part, je ne vois rien de tel à l’échelon de l’Europe. Bien sûr, différents peuples y partagent une culture commune. Mais cela ne suffit à valider l’existence d’un peuple européen. L’idée d’une nationalité européenne me semble donc totalement illusoire.

    On taxe souvent les souverainistes de « populistes »…

    Ce sont pourtant deux notions très différentes. On peut être populiste sans être souverainiste et souverainiste mais pas populiste. En réalité, ces critères renvoient à des considérations très différentes. Il faut commencer par bien définir le terme. Qu’est-ce qu’on appelle les idées populistes ? Des idées populaires au sein du corps électoral ou des idées démagogiques ? Suivant la réponse, le sens change radicalement. En revanche, le terme « populiste » est pertinent si on le conçoit comme une notion relevant à la fois du « pouvoir charismatique » et du « pouvoir démocratique » pour reprendre la terminologie de Max Weber. Mais, sur la scène politique française, personne n’est en mesure de réaliser cette synthèse. Même parmi les souverainistes.

    Existe-t-il encore une souveraineté française ?

    On ne peut nier l’abandon de certains pans de souveraineté même s’il faut nuancer le jugement. Car, non seulement cet abandon reste circonscrit à certains domaines, mais, surtout, il n’est en rien définitif ! L’un des conflits qui oppose les souverainistes à la Commission européenne se cristallise ainsi sur cet aspect de la temporalité. En principe, si l’on suit les textes, une cession de souveraineté est toujours temporaire et susceptible d’être remise en cause si c’est la décision des peuples souverains. Or, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a récemment expliqué que ces cessions de souveraineté étaient définitives. C’est l’exemple d’un hiatus entre deux conceptions de la souveraineté au sein même des institutions européennes.

    La souveraineté est-elle compatible avec le droit d’ingérence qui a émergé ces dernières années ?

    Le concept de droit d’ingérence renvoie au drame de la Seconde Guerre mondiale. Si, avant 1939, les puissances occidentales avaient décidé d’intervenir en Allemagne pour non-respect des droits de l’homme ou pour les mesures discriminatoires prises dès 1933 par le IIIe Reich, n’aurait-on pas évité à l’humanité l’horreur du nazisme ? La réflexion sur le droit d’ingérence est née de cette interrogation, posée depuis plusieurs dizaines d’années déjà.

    En général, on admet que la souveraineté est le principe selon lequel chaque peuple est responsable de son destin. Au nom de quoi, si un gouvernement va à l’encontre des intérêts de son peuple, il perd sa légitimité démocratique, ce qui justifie une intervention extérieure. Il n’en reste pas moins que l’utilisation du droit d’ingérence reste sujet à caution. Notamment, depuis que se pose la question de savoir s’il n’a pas provoqué plus de problèmes qu’il n’en a résolus.

    L’ingérence a été en effet très largement utilisée ces dernières années, souvent au mépris des souverainetés nationales…

    Il a été appliqué en Serbie et au Kosovo dans les années 90 et, plus récemment, en Libye. En principe, il faudrait le feu vert du Conseil de sécurité de l’Onu pour ce type d’intervention militaire. Malheureusement, certains pays, je pense évidemment en particulier aux États-Unis, s’en sont trop souvent passés, avec les conséquences que l’on sait sur la scène internationale… En Libye, par exemple, l’intervention a eu lieu, sans mandat de l’ONU, pour des motifs qui restent obscures. Ainsi, sous prétexte du droit d’ingérence, on a déstabilisé toute une région dont on connaissait pourtant l’équilibre fragile.

    Clairement, nous sommes aujourd’hui face à une crise du droit d’ingérence. Nombreux sont les pays à le remettre ouvertement en cause et, dans cette perspective, ils cherchent à se doter d’armes de destructions massives pour obtenir la sanctuarisation de leur territoire. L’obtention de l’arme nucléaire confère au pays qui la détient une souveraineté absolue.

    La négociation en cours du Traité transatlantique, dont les grandes lignes sont désormais connues, inquiète beaucoup les souverainistes. Qu’en pensez-vous ?

    S’il est ratifié, ce traité entraînera d’importantes pertes de souveraineté pour les États-membres de l’Union européenne. Mais il est encourageant de voir que le gouvernement français va finalement le soumettre au vote du Parlement, ce qui n’était pas acquis au départ. Un débat public sera donc possible ; de plus, s’il est ratifié, le Traité transatlantique devra être inscrit dans la loi française. Une bonne nouvelle, puisque la juridiction nationale sera, en définitive, l’instance supérieure. En d’autres termes, ce qu’une loi va peut-être faire, une autre pourra le défaire. Répétons-le : aucun abandon de souveraineté n’est définitif ! Encore faut-il que les peuples le souhaitent. 

    Toutes les analyses de Jacques Sapir sur son blog : russeurope.hypotheses.org

    Entretien :  - Politique magazine

  • HISTOIRE • Pierre Nora : « Vers une sorte de réaction conservatrice »

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    Pierre Nora appartient à ce que Régis Debray appelle la « haute intelligentsia », qui tend aujourd'hui, sinon vers la droite politique, du moins, selon ses propres termes, vers une sorte de réaction conservatrice. Il convient, à travers un ensemble d'intellectuels somme toute assez différents, d'en saisir toutes les nuances. Pierre Nora en est l'un des acteurs importants. Il est l'un des protagonistes de cet avenir de l'intelligence française dont parlait Maurras et dont, nous savons l'influence qu'il peut exercer sur le destin national. National et au delà. LFAR.   

    L'académicien Pierre Nora revient sur la polémique autour des nouveaux programmes d'histoire. Une controverse qui traduit, selon lui, une profonde crise identitaire.   

    LE FIGARO: Le débat sur la réforme du collège a été très tendu. Que révèle-t-il de notre société ?

    Pierre NORA: Ce qui frappe, c'est l'emballement progressif à partir d'une mesure qui paraissait un simple ajustement à la société déjà décidé de longue date. En fait, cette réforme du collège a été une étincelle qui a mis le feu aux poudres. Un peu comme la décision du mariage pour tous (qui paraissait aussi une mesure « évidente ») a réveillé un volcan dans les profondeurs de la société. Entre ces deux épisodes du quinquennat de François Hollande, il y a quelque chose de semblable. Le mariage pour tous concerne la famille, la réforme du collège a fait prendre conscience aux Français du naufrage où plongeaient l'école et l'enseignement depuis vingt ou trente ans. Or la famille et l'école sont ce qui reste quand il n'y a plus rien. Malgré la décision d'application destinée à couper court, le problème demeure. C'est la grande vertu de cette réforme du collège et de la polémique qu'elle a déclenchée : une prise de conscience collective.

    Vous êtes depuis longtemps l'un des acteurs et observateurs de la vie intellectuelle en France. Considérez-vous qu'elle s'est détériorée ces dernières années ?

    Peut-être le débat s'est-il déplacé des enjeux idéologiques et politiques vers des enjeux biologiques, scientifiques, et climatiques, mais pour ce qui est de la vie intellectuelle en général, on ne peut malheureusement que constater un rétrécissement des horizons et des curiosités. Depuis le déclin et la fin des grandes idéologies rassembleuses. Il y a aussi certainement une atomisation de la vie de l'esprit, où chacun travaille dans sa discipline, sans qu'aucun courant ne réunisse les milieux de pensées isolés. Il y a aussi, à coup sûr, une provincialisation nationale, qui résulte du recul de la langue française à travers le monde, comme en témoigne le nombre très faible des traductions à l'étranger.

    Ma discipline, l'histoire, qui, il y a trente ans, était la curiosité du monde entier, est devenue la cinquième roue de la charrette internationale. Nous payons l'effondrement du système universitaire, qui était le terreau de la vie intellectuelle. Cela nous ramène à la question du collège. C'est-à-dire la grande incertitude sur le message éducatif. Cela étant, s'il n'y a plus de grands courants unificateurs, il me semble que l'on observe deux orientations principales de la vie intellectuelle. Une radicalisation à gauche, dans ce que Régis Debray appelait « la basse intelligentsia », et une orientation de la « haute intelligentsia », sinon vers la droite politique, du moins vers une sorte de réaction conservatrice. 

    Le culte de l'instant est le contrairede la mémoire. Sommes-nous en train de perdre la mémoire ?

    Je dirais tout l'inverse. Nous vivons au contraire sous l'empire de la mémoire et même la tyrannie de la mémoire. Ce phénomène est lié à la dictature du présent. À quoi est-ce dû ? Essentiellement à ce qu'on a appelé « l'accélération de l'histoire ». Le changement va de plus en plus vite dans tous les domaines et nous coupe de tout notre passé. Cela ressemble à ce qui s'est passé au lendemain de la Révolution française, le basculement qui a fait baptiser tout le passé de la France sous le nom d'« Ancien Régime ». La coupure du monde contemporain dans les années 1970-1980 a été plus sourde, mais plus radicale encore. L'arrivée d'un monde nouveau nous a brutalement arrachés au passé, aux traditions, au sentiment de la continuité, à une histoire avec laquelle nous étions de plain-pied, dont on héritait et qu'on cherchait à transmettre. Ce régime a disparu au profit du couple présent-mémoire. Nous sommes dans tous les domaines sollicités, pour ne pas dire condamnés à la mémoire. Un exemple entre mille : ces chefs d'entreprise qui ne voulaient entendre parler que de l'avenir se sont mis à engager des archivistes, à collectionner leurs produits anciens. Les archives elles-mêmes sont moins fréquentées par les historiens que par les familles en quête de leur généalogie. Toutes les institutions de mémoire se multiplient, à commencer par les musées. Les expositions temporaires débordent de visiteurs. Et nous vivons une inflation de commémorations, qui sont l'expression ultime de cette transformation de l'histoire en mémoire.

    Les « panthéonisations » de grandes figures (comme celles qui ont eu lieu mercredi 27 mai) participent-elles de l'histoire ou de la mémoire ?

    De la mémoire, bien sûr, et typiquement, puisqu'elles relèvent de la décision politique. Mais la panthéonisation charrie en général beaucoup d'histoire dans son contenu. Du reste, une fois que l'on a établi la différence entre les deux instances, l'histoire et la mémoire, il faut inversement montrer comment elles se nourrissent l'une de l'autre.

    Pourtant, l'histoire attire les foules (parcs d'attractions, émissions de radio et de télévision, livres, séries télévisées, patrimoine), comment expliquez-vous ce paradoxe ?

    Justement, ce qui se met en place et surtout chez les jeunes, c'est un rapport tout nouveau au passé. L'histoire se cherche et même se perd, mais le passé est partout, écrasant. Dans la littérature, Les Bienveillantes, de Jonathan Littell, en sont un exemple majeur, suivi par beaucoup d'autres. Au cinéma, de Gladiator, par exemple, à Marie-Antoinette, et jusque dans les séries télévisées sur Rome, les Borgia ou bientôt sur Versailles. L'histoire, qui était un lien collectif, se transforme en une mémoire individuelle, affective. Elle subit une appropriation par chacun d'entre nous qui entretient avec le passé un rapport parfois accusateur (dans le culte de la repentance), parfois imaginatif et merveilleux (comme en témoigne l'explosion de la fantasy, qui va du Seigneur des anneaux à Game of Thrones). Le passé est appréhendé comme le merveilleux ou le diabolique de nos sociétés démocratiques. Peut-être même que ce rapport ludique et subjectif au passé est l'une des marques de l'infantilisation du monde. Le passé épouse chaque jour un peu plus les caractéristiques du jeu vidéo.

    « La France traverse une crise identitaire profonde, une des plus graves de son histoire » avez-vous affirmé. Pourquoi ?  

    Cette crise est grave, justement, parce qu'elle n'apparaît pas à l'œil nu. C'était, en revanche, le cas des guerres de Religion, de la Révolution, des autres phénomènes bruyants de notre histoire. La crise contemporaine va plus loin. Quelques éléments très simples en témoignent. La France a été pendant des siècles un pays profondément paysan et chrétien. Le taux de la population active dans l'agriculture est aujourd'hui de moins de 2 %. Vatican II a signalé et accéléré une déchristianisation évidente.

    La France était un pays attaché à sa souveraineté. Elle a éclaté depuis une trentaine d'années vers le haut et vers le bas : insertion difficile dans un ensemble européen, forte poussée décentralisatrice. La fin de la guerre d'Algérie a mis un terme à la projection mondiale de notre pays. La faiblesse de l'État central a fait le reste. En outre, la pression migratoire alimente l'inquiétude de nos concitoyens. Ce n'est pas en soi l'immigration qui fait problème, mais l'arrivée massive d'une population pour la première fois difficile à soumettre aux critères de la francité traditionnelle. Enfin, la France a constamment été en guerre, c'était une nation militaire ; elle est peut-être aujourd'hui « en danger de paix ». Bref, nous vivons le passage d'un modèle de nation à un autre.

    Nostalgie du récit national, de la chronologie, des grands hommes, un peuple a-t-il besoin de mythes ?

    Le système d'information dont la dialectique binaire interdit toute nuance réduit le partage des historiens entre, d'un côté, les partisans du roman national à restaurer et, de l'autre, l'ouverture à une histoire que la pression de la mémoire coloniale a rendue culpabilisatrice. Je ne me reconnais dans aucun de ces deux camps. On assiste aujourd'hui, c'est un fait, à une offensive des avocats d'une restauration du « roman national ». Ce « roman national », dont on m'attribue généreusement la paternité de l'expression, est mort, et ce ne sont pas des incantations qui le ressusciteront. Il exprime une histoire qui ne se fait plus depuis trois quarts de siècle, depuis les Annales. Si roman il y a, il lui faut une belle fin, un happy end. Or, si l'on suit Lavisse, « le maître » du roman national, ce dernier s'achève après la victoire de 1918. Depuis, l'histoire de France a connu nombre de défaites militaires, une baisse d'influence à travers le monde, un chômage envahissant, un avenir d'inquiétude. Inversement, l'histoire globalisée est nécessaire à l'heure de la mondialisation, mais elle dissimule le plus souvent la revendication d'une histoire écrite seulement du point des vues des victimes, et purement moralisatrice, puisqu'elle déchiffre le passé à travers la grille des critères moraux du présent. Ce qu'illustrent les mots choisis dans le programme d'histoire en 4e et 3e « Un monde dominé par l'Europe : empires coloniaux, échanges commerciaux et traites négrières.» La « domination », condamnable, a remplacé l'« expansion », dont la domination n'est que l'un des effets. Les empires coloniaux sont nés des rivalités entre nations européennes ; quant aux traites négrières, si atroces qu'elles aient été, elles ne sont pas le trait principal des XVIIe et XVIIIe siècles ; mais leur étude est un des effets de la loi Taubira… Nous sommes face au péché de moralisme et d'anachronisme où Marc Bloch voyait la pire dérive du métier d'historien.

    Que répondre à un jeune de 20 ans qui considère que l'histoire ne sert à rien ?

    Lui dire que l'histoire a l'air de ne servir à rien parce qu'elle sert à tout. Qu'elle est au collectif ce que la mémoire est aux individus. Si vous perdez la mémoire, vous savez ce qui arrive. L'Alzheimer historique ne vaut pas mieux que l'Alzheimer cérébral. 

     

    Pierre Nora est un historien français, membre de l'Académie française, connu pour ses travaux sur le « sentiment national » et sa composante mémorielle. Il a notamment dirigé l'ouvrage collectif: Les lieux de mémoire.

    Entretien par Vincent Tremolet de Villers - Figarovox    

     

  • Où l'écrivain algérien Kamel Daoud recadre sèchement Bernard Guetta sur France Inter

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    Dialogue sur France Inter, hier matin, mercredi, entre Bernard Guetta et Kamel Daoud :

    Bernard Guetta : « Les islamistes, à part quelques irréductibles qui sont restés les armes à la main dans les maquis du passé, ont été largement dissous dans la corruption du pouvoir ...»

    Kamel Daoud : « Pour leurs masses, leurs forces, leurs sympathisants, vous vous trompez lourdement. La stratégie d'un islamiste, ce n'est pas de composer, mais c'est de prendre la totalité d'un pouvoir et de dominer, et de conquérir, et de posséder. (...) Si vous voulez le confort de votre vision, je vous la laisse. Mais ce n'est pas la réalité. »  

    Le réalisme face aux nuées !

     

  • PARIS • Pprochaine conférence d'Yvan Blot, lundi 15 juin

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    Il y a toujours eu des pôles d’influence : avant 1914, un pôle révolutionnaire libéral, dominé par la France et le Royaume Uni, s’oppose au pôle « réactionnaire » dominé par l’Allemagne prussienne et l’Autriche. En 1939, trois pôles idéologiques s’opposent : le pôle libéral à l’ouest, le pôle fasciste au centre avec l’Allemagne et l’Italie et le pôle communiste dirigé par l’URSS. Après 1945, et la chute des régimes fascistes, le monde devient « bipolaire ». L’Amérique représente idéalement un pôle conservateur, libéral, anticommuniste, patriote, chrétien et pacifiste. L’URSS apparait comme révolutionnaire, totalitaire, communiste, internationaliste, antichrétienne et belliciste.   

    Aujourd’hui, tout est pratiquement inversé.  Les Etats-Unis sous l’influence de la révolution culturelle des années soixante, sont devenus individualistes libertaires (donc anti-conservateurs), égalitaristes, hostiles au patriotisme des autres, de plus en plus hostiles aux traditions chrétiennes, et bellicistes. 

    La nouvelle Russie est libre du politiquement correct, démocratique car patriote, non communiste, libérale au point d’adopter le « flat tax », conservatrice et chrétienne, et attachée à l’ordre international et à la paix.  

    L’Europe est requise par les Etats-Unis de faire son choix. Les Américains ne veulent pas d’un rapprochement entre la première Rome, celle de l’Occident catholique et la 3ème Rome orthodoxe issue de l’Empire byzantin. Elle cherche à imposer une nouvelle religion séculière de type juridique, celle des droits de l’homme, qu’elle veut imposer après l’échec des religions séculières communistes et fascistes. 

    Tout se passe comme si la tragédie antique « Rome contre Carthage » se reproduisait sous nos yeux. Les Etats-Unis autrefois très unifiés sous des valeurs communes chrétiennes comme le montrait Tocqueville, sont désormais fort divisés. Le livre « One nation, Two cultures » de Gertrude Himmelfarb, montre l’Amérique divisée entre une oligarchie gauchisante, égalitariste style « mai 68 » représentée notamment par Mme Hillary Clinton, qui fait la politique étrangère, et un petit peuple resté très conservateur et chrétien, mais qui n’a pas son mot à dire sur la place du pays dans le monde (courant « isolationniste »).   

    Les Etats-Unis oligarchiques, alliés aux oligarchies européennes, défendent le modèle antique des phéniciens contre Rome. La Russie, défend le modèle romain en quelque sorte. Qu’est-ce-à-dire ? 

    Le modèle phénicien, qui inspira de grandes cités antiques comme Tyr ou Carthage, est fondé sur la primauté des valeurs marchandes, de la domination des mers, de l’artisanat et du droit. Les dirigeants étaient des juges, les « suffètes » élus par des assemblées oligarchiques dans un climat de corruption. La politique et le droit se confondent, les valeurs religieuses et militaires sont marginalisées. La morale pharisienne est mise en avant, ce qui n’empêche pas un lucratif commerce d’esclaves et le culte orgiaque et féministe d’Astarté avec ses hétaïres. L’Amérique, protestante  religieusement, est sensible à ce juridisme politique proche de l’Ancien testament. Le modèle européen serait plutôt Rome : une tradition aristocratique met l’armée en valeur et remet l’esprit mercantile à sa place. Le droit est important mais la religion le transcende totalement. Le modèle éducatif du kalos kagathos, de l’honnête homme ou du gentleman, l’emporte sur l’avidité financière du parvenu. Le conflit Amérique/ Russie où l’Europe devra un jour faire son choix n’est pas qu’un conflit politique mais un conflit entre deux modèles de civilisation. Un sociologue allemand, Werner Sombart, avait déjà montré cette opposition dans son livre « Händler und Helden » : les marchands et les héros, où il opposait l’idéal du businessman anglo saxon matérialiste à celui de l’aristocrate prussien idéaliste. Pour lui, c’était le sens véritable de la guerre de 1914/1918. Sombart regrettait que la France se soit alliée à l’époque à l’Angleterre.  

    Les phéniciens ou l’Empire romain : voilà le choix qui nous est offert à nouveau aujourd’hui. Le monde du « Gestell » de Heidegger avec ses idoles, l’ego, l’argent, les masses et la technique ou le monde de la tradition centré sur Dieu, le sens de l’honneur, la personne humaine et le culte des racines. La Russie a fait son choix au moment où l’Amérique, subvertie par les valeurs des années soixante, pétries d’égalitarisme et de freudisme, se tourne contre son héritage européen. Cette destinée américaine était annoncée dans le poème d’Emma Lazarus, qui se trouve sur le socle de la statue de la Liberté à New York : le poème jette l’opprobre sur le faste des vieilles civilisations aristocratiques (l’Europe est visée) et appelle les foules déracinées à suivre la Lumière du flambeau qui éclaire « la porte d’or » (sic). La Statue de la liberté érige la liberté comme moyen suprême pour se tourner vers le culte de Mammon, le culte de l’or ! Face à ce matérialisme, nous opposerons la statue de la Mère patrie à Volgograd, érigée sur les lieux où l’armée nazie fut vaincue. Cette statue n’appelle pas à gagner de l’argent mais à sacrifier sa vie en héros pour défendre la mère patrie. La statue de New York a été inspirée par un modèle égyptien rigide. La statue de Volgograd est une réplique de la déesse de la victoire chez les anciens Grecs (Niké). Deux façons de voir l’existence !    

    Au 15 juin ! Amicalement 

    Ivan Blot

     

  • Famille de France • Les 50 ans du duc de Vendôme célébrés à Dreux

     

    Nous avons peu de choses à ajouter à l'excellent reportage qui suit. Si ce n'est que la journée à laquelle invitait la princesse Philomena pour fêter les cinquante ans du prince Jean a été, en effet, pour l'ensemble des participants, une journée heureuse et même joyeuse comme il est dit dans ce reportage. L'extrême gentillesse, l'attention, l'amitié chaleureuse avec lesquelles les Princes ont reçu leurs invités, y ont été pour beaucoup. Il nous est seulement possible de les en remercier.  LFAR

     

    Le prince Jean de France, Duc de Vendôme a célébré son cinquantième anniversaire en présence de sa famille, sa mère la Duchesse de Montpensier, ses quatre frères et sœurs : la princesse Marie accompagnée de son époux le prince Gundakar de Liechtenstein et leurs filles aînées les princesses Leopoldine et Maria-Immaculata de Liechtenstein, le prince François, Comte de Clermont, la princesse Blanche et le prince Eudes, Duc d’Angoulême venu avec la princesse Marie-Liesse et leurs enfants, la princesse Thérèse et le prince Pierre. Le prince Jean avait placé  cette fête sous le signe de l’amitié et de la fidélité puisque les amis et les proches du Prince étaient également  conviés à participer à cette fête particulièrement joyeuse. 

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    Après la messe célébrée en l’église Saint Pierre de Dreux, les invités de la Duchesse de Vendôme sont conviés au Domaine Royal pour une réception dans le parc. A la sortie de la messe, les invités sont témoins d’un geste touchant de la part des « Monarchs de Dreux », l’équipe de football américain de la ville qui se s’est  déplacée pour faire une Haie d’Honneur au Duc et à la Duchesse de Vendôme à la porte de l’église sous les applaudissements des invités et des paroissiens ébahis. On reconnaît au centre, parmi les invités, l’archiduc Rudolf d’Autriche coiffé d’un chapeau de paille.

     

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    Lors du cocktail le Duc d’Angoulême converse avec le prince Guillaume et la princesse Sibilla de Luxembourg, amis proches du Duc et de la Duchesse de Vendôme.

     

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    Les enfants du Duc d’Angoulême, le prince Pierre et la princesse Thérèse d’Orléans conversent avec un cousin, Maurice de Rambuteau.

     

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    Le prince Gaston et la princesse Antoinette sont ravis de souffler sur les bougies du gâteau d’anniversaire, un délicieux vacherin aux armes du prince Jean.

     

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    Après avoir soufflé ses 50 bougies, le Duc de Vendôme, ici au côté de la princesse Philomena et des princesses Antoinette et Louise-Marguerite, découvre le cadeau de ses amis : un superbe fusil de chasse fabriqué sur mesure et gravé à ses armes. Le prince Jean, chasseur émérite, est ému et heureux par ce cadeau qui lui va droit au cœur.

     

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    Le Duc de Vendôme remercie chaleureusement sa famille et ses amis pour leur présence, leurs attentions et pour les cadeaux qui s’accumulent au coté du fusil de chasse.

     

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    Venus de Bordeaux pour l’occasion, le Duc et la Duchesse d’Angoulême posent dans le parc de Dreux avec la princesse Thérèse âgée de 14 ans et le prince Pierre, filleul du Duc de Vendôme, qui va célébrer ses 12 ans le 6 août prochain.

     

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    Dans le parc de Dreux, la princesse Leopoldine de Liechtenstein se repose au côté du prince François de France, de la princesse Blanche de France et du prince Pierre d’Orléans.

     

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    Le Duc et la Duchesse d’Angoulême et Stéphane Bern, qui revenait du Prix Eurovision spécialement pour féliciter le Duc de Vendôme, sourient lors du discours humoristique d’un prince Jean heureux et particulièrement en forme en cette journée anniversaire. Vers 18 h 30, les invités prennent congé des princes avec regret après avoir bu une dernière coupe de champagne en l’honneur du prince Jean. 

    Source : Noblesse et Royautés

     

  • « Vu du Kremlin, la France n’a plus de politique étrangère… » L'analyse d'Alain de Benoist *

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    En matière de politique étrangère, nous sommes, de façon générale, en accord avec les analyses toujours pertinentes d'Alain de Benoist. Celle qui suit relève tout à fait de cette convergence. Précisons simplement que cet effacement de la France qu'Alain de Benoist constate à juste titre, nous ne le considérons pas comme irréversible. LFAR 

     

    1530443371.jpgPlusieurs vidéos tournent actuellement en boucle sur Internet. L’une du général Wesley Clark, ancien patron de l’Otan, l’autre de George Friedman, président de Stratfor, une société privée de renseignement basée au Texas et notoirement liée à la CIA. Le premier est bouleversé par le cynisme de la Maison-Blanche, l’autre le revendique fièrement. Difficile dans ces conditions de savoir quelle politique les États-Unis entendent mener en Europe…

    Elle a pourtant le mérite de n’avoir jamais changé. Depuis 1945, l’objectif des États-Unis est de favoriser l’Europe-marché au détriment d’une Europe-puissance qui pourrait devenir leur rivale. À cela s’ajoute, depuis la dislocation du système soviétique, un autre objectif vital : empêcher l’Europe occidentale d’établir un partenariat avec la Russie. George Friedman l’a rappelé après Brzezinski : en tant que grande Puissance de la Mer, l’intérêt primordial des États-Unis est d’empêcher l’unification de la grande Puissance de la Terre, c’est-à-dire de l’ensemble géopolitique eurasiatique. Les USA contrôlent tous les océans du monde, ce qu’aucune puissance du monde n’avait fait avant eux (« Maintenir le contrôle de la mer et le contrôle de l’espace est la base de notre pouvoir »), mais ils n’ont pas la capacité d’occuper l’Eurasie. Ils doivent donc diviser pour régner.

    Dans un premier temps, ils ont suscité en Europe de l’Est toute une série de « révolutions colorées » à la faveur desquelles ils ont tenté d’étendre l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie. Aujourd’hui, ils cherchent créer un “cordon sanitaire” tourné contre Moscou, coupant l’Europe en deux depuis la Baltique jusqu’à la mer Noire. Ce projet de “zone-tampon” a le soutien des États baltes, de la Pologne, de l’Ukraine et de la Bulgarie, mais se heurte aux réticences ou à l’opposition de la Hongrie, de la Serbie et de l’Autriche. L’instrumentalisation du coup d’État intervenu à Kiev en février 2014 entre évidemment dans ce cadre, tout comme l’actuelle tentative albano-islamo-mafieuse de déstabilisation de la Macédoine, qui vise à mettre en échec le projet « Turkish Stream », déjà approuvé par le nouveau gouvernement grec, qui permettrait aux Russes d’acheminer leur gaz vers l’Europe occidentale sans avoir à passer par l’Ukraine.

    C’est également dans cette optique qu’il faut situer le projet de Traité transatlantique, dont le but principal est de diluer la construction européenne dans un vaste ensemble inter-océanique sans aucun soubassement géopolitique, de faire de l’Europe de l’Ouest l’arrière-cour des États-Unis et d’enlever aux nations européennes la maîtrise de leurs échanges commerciaux au bénéfice de multinationales largement contrôlées par les élites financières américaines.

    La grande inconnue, c’est l’Allemagne. La plus grande hantise des Américains est l’alliance de la technologie et du capital allemands avec la main-d’œuvre et les ressources naturelles russes. « Unies, dit Friedman, l’Allemagne et la Russie représentent la seule force qui pourrait nous menacer, et nous devons nous assurer que cela n’arrive pas ». Pour l’heure, l’Allemagne semble s’incliner devant les diktats de Washington. Mais qu’en sera-t-il demain ?

    Au Proche-Orient, les choses se sont tellement compliquées depuis quelques mois que beaucoup de gens n’y comprennent plus rien. Là encore, quel est le jeu des Américains ?

    Les États-Unis ont de longue date mis en œuvre au Proche-Orient une « stratégie du chaos », visant à abattre les régimes laïcs au bénéfice des mouvements islamistes, afin de démanteler des appareils étatico-militaires qu’ils ne pouvaient contrôler, puis à remodeler toute la région selon des plans arrêtés bien avant les attentats du 11 Septembre. L’État islamique (« Daesh ») a ainsi été créé par les Américains, dans le cadre de l’invasion de l’Irak, puis s’est retourné contre eux. Les USA ont alors commencé à se rapprocher de l’Iran, ce qui a suscité l’inquiétude des monarchies du Golfe qui redoutent par-dessus tout l’influence régionale de Téhéran (d’où l’opération actuellement menée au Yémen contre les rebelles chiites). On a donc aujourd’hui trois guerres en une seule : une guerre suicidaire contre la Syrie, dans laquelle les Occidentaux sont les alliés de fait des djihadistes, une guerre des Américains contre l’État islamique, et une guerre des dictatures du Golfe et de la Turquie contre l’axe Beyrouth-Damas-Téhéran-, avec la Russie en arrière-plan.

    Et la France, dans tout ça ?

    Elle ne compte plus pour grand-chose. Elle se réclame de la laïcité, mais privilégie ses relations avec les pétromonarchies les plus obscurantistes. Concernant les migrants qui affluent par milliers depuis la Méditerranée – fuyant, non pas la misère ou la dictature, comme on le répète ici et là, mais la guerre civile et le chaos que les Occidentaux ont apportés chez eux –, elle se soucie plus de les empêcher de se noyer que de ne pas faire naufrage elle-même, plus de la façon des les accueillir que de les empêcher d’entrer. Les Allemands la regardent désormais de haut, les Espagnols et les Italiens n’en attendent plus rien, et les Anglais continuent à considérer le French bashing comme un sport national.
    Quant au Kremlin, il ne se fait plus d’illusions : la France ne peut plus avoir de politique étrangère digne de ce nom, puisqu’elle s’est aujourd’hui couchée devant les Américains. En témoignent de manière éloquente le refus de la France de livrer aux Russes les navires « Mistral » que ceux-ci avaient déjà payés, et le scandaleux boycott des cérémonies qui se sont déroulées à Moscou pour le 70e anniversaire de la défaite du Troisième Reich. De ce point de vue, la continuité de Sarkozy à Hollande est parfaite. L’UMP va devenir « les Républicains », tandis que le PS n’est déjà plus qu’un « parti démocrate » à l’américaine. Il n’y a plus qu’à rebaptiser « Maison blanche » le palais de l’Elysée, et tout sera parfaitement clair ! 

    * Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

  • Dossier syrien : Ce n'est pas d'aujourd'hui que les démocraties oeuvrent au triomphe des pires... Lire le parallèle historique que dresse Antiquus

    Abou Bakr Al-Baghdadi, le "calife" de Daech face à Bachar El Assad 

     

    L'attitude des "occidentaux" d'aujourd'hui ressemble trait pour trait à celle des "démocraties" lorsque Hitler commença à menacer l'Autriche, s'appuyant sur les SA de Seyss-Inquart. A l'époque, l'Autriche était dirigée par le chancelier Dollfuss, qui fut assassiné par les hitlériens, et remplacé par le chancelier Schussnigg. Ils demandèrent de l'aide contre l'invasion qui se préparait ; mais la France et l'Angleterre la lui refusèrent obstinément. Pourquoi ? Parce que ces deux gouvernants représentaient une tendance de la droite monarchiste et corporatiste. La troupe sur laquelle ils s'appuyaient était la Heimwehr, dirigée par le prince de Starhemberg. C'est ainsi que Léon Blum ne manqua pas de déclarer, dans un texte bien enseveli aujourd'hui, que le national socialiste valait mieux que la dictature réactionnaire et cléricale. Les « démocraties » ont payé leur aveuglement idéologique. Mais bien plus encore les peuples qui avaient le malheur d'être dirigées par elles. Elles n'ont rien appris depuis. On ne peut même pas dire qu'elles ont tout oublié car elles n'ont pas de mémoire. 

    Antiquus

    lundi 25 mai 2015

    (Commentaires de Lafautearousseau)

     

  • Pourquoi la gauche a perdu les intellectuels, selon Vincent Tremolet de Villers *

     

    Nous avons maintes fois évoqué ce sujet important dans Lafautearousseau. Et, sans-doute, n'en aurons-nous pas fini de longtemps. Vincent Tremolet de Villers dresse ici de l'évolution d'une bonne partie des intellectuels français un tableau synthétique brillant, saisissant et utile.  LFAR

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpg« Pseudo-intellectuels ! » On croyait que Najat Vallaud- Belkacem était une élève appliquée, on a découvert la plus affranchie des anarchistes. Il lui aura fallu une formule prononcée le 30 avril sur RTL pour faire trembler tout ce qui, à Paris, fait la vie de l'esprit. Le Collège de France, l'Académie française, la revue Le Débat, l'Ecole des hautes études… Au bowling, ça s'appelle un strike, au tennis un grand chelem. Marc Fumaroli, Pierre Nora, Jacques Julliard, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Luc Ferry, Pascal Bruckner, Patrice Gueniffey : son tableau de chasse ferait pâlir d'envie le dernier des Enragés de 68. « Professeurs, vous êtes vieux… votre culture aussi », écrivaient-ils sur les murs ; « Intellectuels, imposteurs », leur a-t-elle dit en substance. Depuis, la bonne élève a repris le dessus et elle fait mine de trier le bon grain (Nora, Julliard) de l'ivraie (Finkielkraut, Ferry, Bruckner). Le gouvernement dans son ensemble s'est souvenu que le maître d'œuvre des Lieux de mémoire n'était pas un vulgaire porte-parole de l'UMP. Mais il est trop tard, le mal est fait. La confrérie des « pseudos », partagés entre la colère et l'effarement, épargne Najat Vallaud-Belkacem, mais le propre d'un universitaire, d'un chercheur ou d'un savant est d'avoir la mémoire longue.

    D'autant que le Premier ministre a pris, lui aussi, la mauvaise habitude de cibler penseurs et essayistes. En six mois, il a réussi le tour de force de se mettre à dos quatre auteurs à très grands succès. Il a d'abord affirmé que le livre d'Eric Zemmour ne devait pas être lu. A expliqué que celui de Houellebecq le méritait peut-être. Avant de tomber sur Michel Onfray dans une démonstration embrouillée (Manuel Valls lui reprochait en substance de préférer avoir raison avec Alain de Benoist plutôt que tort avec BHL) puis sur Emmanuel Todd (qui n'en demandait pas tant), coupable, par les considérations abracadabrantesques que l'on peut lire dans son dernier essai Qui est Charlie? (Seuil), de désespérer le canal Saint-Martin. « Crétin ! », « Pétain ! » a reçu Manuel Valls en retour.

    Tout fout le camp ! La gauche avait déjà perdu le peuple, voilà les intellectuels qui la désertent. Ils y étaient pourtant plus chez eux qu'un banquier à la City, à tel point que l'on apposait naturellement, comme un poing sous une rose, les mots « de gauche » à celui d'« intellectuel ». Las ! Les images de philosophes à cheveux longs, belles gueules, clope au bec, dans un cortège de mains jaunes illustrent désormais les livres scolaires. SOS Racisme est une petite entreprise en difficulté, François Hollande, un Mitterrand de poche et la jeunesse de France, atomisée. La planète de l'intelligence s'éloigne chaque jour un peu plus de celle de la politique et, si le divorce n'a pas été prononcé solennellement, la séparation est un fait. « Où sont les intellectuels ? Où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture qui doivent monter au créneau. Où est la gauche ? » a lancé Manuel Valls, en meeting dans la petite ville de Boisseuil, près de Limoges (Haute-Vienne). C'était le 5 mars, avant les départementales. Nul, sinon l'écho, n'a répondu à sa plainte.

    Sans s'en douter, le Premier ministre renvoyait à la première querelle, la plus profonde. Son discours reprenait, en effet, les mots de Max Gallo, alors porte-parole du gouvernement Mauroy, qui, en 1983, signait dans Le Monde une tribune sur « le silence des intellectuels ». 1983: c'était alors le tournant libéral et la première rupture. L'enjeu : l'autre politique et la sortie de la France du Système monétaire européen (SME). Après moult hésitations, Mitterrand avait choisi la ligne « orthodoxe ». « Sur l'Europe, 1983 fut pour les socialistes ce que 1992 fut pour les gaullistes », explique Eric Zemmour. Ce fut l'occasion d'un affrontement idéologique qui a creusé les premières tranchées. A gauche, les marxistes, mais aussi ce qu'on appellera beaucoup plus tard les souverainistes, les défenseurs de « l'Etat stratège », du modèle social, du soldat de Valmy, du prolo des usines que Renaud, pas encore passé de la mob au 4 x 4, chante avec talent. Pour eux, depuis 1983, «l e peuple est la victime émissaire des élus du marché libre » (Michel Onfray). A droite, les pragmatiques, et les membres de ce qu'Alain Minc appellera beaucoup plus tard « le cercle de la raison ». Ils sont progressistes, défenseurs de la construction européenne et de l'Alliance atlantique. En politique, c'est Jean-Pierre Chevènement contre Jacques Attali. Mitterrand apaisa ces courants contraires en faisant souffler « l'esprit du Bien ». Avec l'aide de Julien Dray, Bernard-Henri Lévy, Harlem Désir, il inventa l'antiracisme au moment même où il aidait le Front national à prendre son envol. La droite la plus bête du monde foncera tête baissée. Trente ans après, elle continue de tourner sans but dans l'arène. La gauche se grisera avec la lutte contre le FN pour oublier que sa pensée s'épuise. Au début, c'est caviar et champagne ! C'est nous qu'on est les penseurs ! L'intelligence, le talent, la culture, les paillettes sont de gauche. Le magistère intellectuel aussi. Le mécanisme énoncé par Régis Debray en 1979 dans Le Pouvoir intellectuel en France (Folio) - « Les médias commandent à l'édition, qui commande à l'université » - est parfaitement huilé. « Mitterrand était un homme complexe, cultivé, spontanément monarchique, se souvient Pascal Bruckner. Il y avait une cour autour de lui. »

    De Mitterrand à Hollande

    C'est « la République des bonnes blagues, des petits copains »

    Pascal Bruckner

    Près de trente ans après, un socialiste est toujours à l'Elysée, mais c'est « la République des bonnes blagues, dit Bruckner, des petits copains ». Quant à l'antiracisme, les bombes de l'islamisme conquérant l'ont désorienté. « C'est un train fou duquel de plus en plus de gens ont envie de descendre » (Finkielkraut). Le Président bichonne la société civile, mais les comédiens, les rappeurs (JoeyStarr), les comiques (Debbouze), les artistes passent avant les intellos. Bernard-Henri Lévy passe parfois en voisin, mais c'est pour prendre la défense des Ukrainiens, des peshmergas ou des chrétiens d'Orient. Régis Debray préfère dîner avec Eric Zemmour ou deviser avec son voisin de palier, Denis Tillinac. Pascal Bruckner, malgré les sarcasmes de ses amis qui moquent « un combat de droite », se rend à Erbil à la rencontre des chrétiens d'Irak. Alain Finkielkraut est élu à l'Académie française au fauteuil de Félicien Marceau. L'ancien mao Jean-Pierre Le Goff fustige avec un talent redoutable le « gauchisme culturel ». Jacques Julliard déplore le « néant spirituel et intellectuel contemporain ». Pierre Nora considère que « la crise identitaire que traverse la France (est) une des plus graves de son histoire ». Tous reconnaissent un divorce avec la gauche qui nous gouverne. Le communiste Alain Badiou voit-il sa prophétie prendre corps ? En 2007, il confiait au Monde: « Nous allons assister, ce à quoi j'aspire, à la mort de l'intellectuel de gauche, qui va sombrer en même temps que la gauche tout entière (…) (Sa) renaissance ne peut se faire que selon le partage : ou radicalisme politique de type nouveau, ou ralliement réactionnaire. Pas de milieu.» Le radicalisme politique de type nouveau pousse à la gauche de la gauche. Il regarde vers Syriza ou Podemos et dénonce, avec Jean-Claude Michéa, la complicité idéologique entre gauche et droite françaises « sous le rideau fumigène des seules questions “sociétales” ». Que reste-t-il pour le gouvernement ? Un quarteron de sociologues, le sourire de Jacques Attali et la mèche d'Aymeric Caron.

    « L'antiracisme est un train fou duquel de plus en plus de gens ont envie de descendre »

    Alain Finkielkraut

    Le 11 janvier n'est plus ce qu'il était

    Les intellos, François Hollande pense pourtant les connaître par cœur. Un déjeuner, quelques compliments, un shake-hand et le tour est joué. Le PS, c'est chez eux: ils reviendront à la maison à la première occasion. Le 11 janvier, le président de la République a cru à la grande réconciliation. « Il a vécu une lune de miel avec les intellectuels, raconte Pascal Bruckner. Et, très vite, la gauche est revenue à son péché originel : croire qu'elle est le sanctuaire inaliénable de l'intelligence et de la pensée. Hors les penseurs godillots, les intellectuels n'ont pas suivi et ceux qui ne suivent pas sont excommuniés.» L'esprit du 11 janvier a laissé la place à l'esprit de parti. Très vite, il ne s'agissait plus de combattre le terrorisme islamiste, mais le Front national et « l'islamophobie ». La défense de la liberté d'expression a laissé place à une surveillance du « dérapage », de l'amalgame, de la stigmatisation. Un détournement grossier qui a laissé des traces. « On invoque “l'esprit du 11 janvier”, tempêtait Jean-Pierre Le Goff dans FigaroVox, en même temps, le débat et la confrontation intellectuelle sont placés sous la surveillance d'associations communautaristes qui se sont faites les dépositaires de la morale publique.» Quand Laurent Joffrin célébrait le 11 janvier comme une épiphanie de la gauche morale, Alain Finkielkraut voyait naître « la division du monde politique, médiatique et intellectuel entre deux partis. Il y a d'un côté “le parti du sursaut” et “le parti de l'Autre”. La vision était prophétique. « L'antifascisme mondain » (Elisabeth Lévy) a volé en éclats et « le parti de l'Autre » a tombé le masque. Avec Edwy Plenel et Emmanuel Todd, il fait des musulmans d'aujourd'hui « les juifs des années 30 » et de la réaction des Français aux attentats la preuve de leur « islamophobie ». Après les avoir célébrées, s'en prendre aux foules du 11 janvier est devenu un must. La preuve d'«une fuite en avant dans la radicalité chic» (Finkielkraut). Sur l'autre versant de l'antiracisme, de Bernard-Henri Lévy en Philippe Val, on nomme l'ennemi prioritaire: « le drapeau noir du califat ».

    La vérité est que la folie djihadiste a mis au jour une ligne de fracture très profonde et que l'on ne peut plus enfouir : celle de l'identité ainsi qu'une question obsédante: « Qu'est-ce qu'être Français ? » L'universitaire Laurent Bouvet se souvient d'un colloque organisé en 2011, par le PS, sur le sujet. Il avait défendu l'idée d'une angoisse identitaire qui traversait le pays et développé la notion d'« insécurité culturelle ». Il fut considéré, au mieux comme un zozo, au pire comme un allié objectif de Marine Le Pen.

    Impuissante à y répondre, sourde à ces paniques, oscillant sans choisir entre le parti de « l'Autre» et celui du «sursaut », dépourvue de marges de manœuvre économiques, la gauche Hollande, pour combler son vide idéologique, est en proie à une véritable frénésie sociétale. Le mariage, la filiation, le genre, l'IVG, la fin de vie : il faut légiférer sur tous les aspects de l'existence, de la conception jusqu'à la mort naturelle. Là encore, tous les intellos ne suivent pas. « Ils veulent changer la condition humaine », s'est exclamé Claude Lanzmann dans Le Figaro. Onfray signe avec José Bové et Sylviane Agacinski une tribune dans Libé contre la GPA. Dans Le Figaro, il qualifie Pierre Bergé, favorable à cette pratique, de « Berlusconi, la vulgarité en plus ». « Le mariage pour tous, comme la réforme du collège, devait être pour leurs promoteurs une simple mesure d'ajustement à la société d'aujourd'hui, explique l'historien Pierre Nora. Ils ont tout, pour leurs détracteurs, d'un ébranlement social profond.»

    Le collège ! Le dernier champ de bataille entre les intellos et le gouvernement. Les premiers reprochent un nivellement par le bas, les seconds veulent libérer l'élève de son ennui. « La civilisation, ça n'est pas le Nutella, c'est l'effort », a lancé Régis Debray comme un cri de ralliement. Alain Finkielkraut reconnaît avec ses pairs que droite et gauche sont pareillement coupables dans l'effondrement de l'école. Il s'inquiète cependant des déclarations martiales de Najat Vallaud-Belkacem: « L'école était une promesse, elle est devenue une menace, explique-t-il. A l'insécurité culturelle, le gouvernement ajoute une insécurité scolaire, indiquant aux parents qui veulent le meilleur pour leurs enfants qu'ils sont pris au piège et que les “resquilleurs de mixité” seront punis. Leur attitude de plus en plus compassionnelle est aussi de plus en plus totalitaire.»

    L'inculture pour tous

    « Les intellectuels peinent à trouver leur place dans un système d'information où le manichéisme et la pensée ­binaire feront toujours plus d'audience que la nuance »

    Pierre Nora

    Pour Pierre Nora, au-delà même des idées, cette rupture était inéluctable. « Les politiques se méfient des intellectuels, reconnaît-il. Ils ont en tête leurs fourvoiements d'autrefois et leur reprochent d'être déconnectés de la réalité du terrain, de la complexité des dossiers. Ils ne pèsent rien dans les formations politiques, pas plus que dans les élections.» Mais, à l'entendre, la clé est ailleurs. « Les intellectuels, poursuit-il, peinent à trouver leur place dans un système d'information où le manichéisme et la pensée binaire feront toujours plus d'audience que la nuance, où animateurs et politiques se mettront le plus souvent d'accord pour considérer “le penseur” comme un coupeur de cheveux en quatre.»

    Comment réfléchir dans la perspective étroite et desséchante de la conquête du pouvoir? Comment méditer sur les fractures françaises quand vous êtes attendu sur une radio à 8 heures, une télé d'information continue deux heures plus tard, à un déjeuner avec des journalistes avant de vous rendre à l'Assemblée et à un colloque le soir dans un lycée de lointaine banlieue sur « le vivre-ensemble » ? Le tout en ayant échangé une centaine de textos ?

    Dans l'agenda d'une politique, la vie intellectuelle est un encombrant.

    Nous sommes au début des années 2000. Le PS a pris des bonnes résolutions. Il reçoit tour à tour les grandes figures de la pensée. Ce matin, c'est Marcel Gauchet qui planche. Le thème: « La sortie du religieux ». Une quinzaine d'auditeurs sont présents avec, au premier rang, le premier secrétaire du parti, François Hollande. A peine l'orateur a-t-il commencé que le député de Corrèze commence à compulser un dossier qu'il lit avec attention page par page. Au milieu de la communication, son attachée de presse apporte, l'air affairé, un autre dossier. Tandis que Gauchet poursuit son propos, Hollande se plonge un peu plus dans ses papiers. Une fois la conférence terminée, il oublie ses dossiers sur la table. Que contenaient-ils? Des dépêches politiques du fil AFP !

    Pour Jean-Pierre Le Goff, cette inculture est de plus en plus rédhibitoire : « Une élite ? Des gens qui, par un certain nombre de conditions, sont arrivés au pouvoir. Mais ils sont totalement incultes. Dénués des oripeaux du pouvoir, ils ne sont plus rien. » « Ceux qui affirment, sans gêne, que l'on critique sans avoir étudié, que lisent-ils ? », interroge Alain Finkielkraut. Ce qu'un ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand résume en ces termes: « Les ministres d'aujourd'hui ont le niveau des attachés parlementaires des années 80.» Cette inculture, cependant, n'est pas l'apanage de la gauche. Et la droite s'illusionne si elle pense adopter ces orphelins. « Mon parti n'existe pas », confie Alain Finkielkraut. Bruckner, lui non plus, n'a pas de port d'attache. Le Goff anime le groupe Politique autrement. Régis Debray ou Michel Onfray se situent désormais en surplomb de ce qu'ils considèrent comme un divertissement de masse. Ce qui les relie les uns aux autres ? Quelques mots d'Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.» D'autres de Pierre Manent : « Je veux comprendre, ou plutôt je désire comprendre. Comprendre quoi ? Comprendre ce qui est.» Et le premier des droits de l'intelligence, plus menacé que jamais. Celui qui consiste, tout simplement, à appeler un chat, un chat. 

    Vincent Tremolet de Villers  - Figarovox   

     

  • France 4 : « Salut ! Ce soir on va parler de l'Action française »

     

    Les royalistes - qui se plaignent volontiers de la « conspiration du silence » qui les marginalise, sans toujours se demander s'il font en toutes circonstances tout ce qu'il faut pur la lever - pourront regarder avec profit l'émission qui suit, réalisée par France 4 les 9 et 10 mai et diffusée jeudi dernier, 21 mai. 

    Filmé à l'occasion du cortège de Jeanne d'Arc et du colloque Dessine-moi un roi. ce reportage a surtout pour sujet la nouvelle génération de militants d'Action française, sujet dont, manifestement, les auteurs traitent plutôt avec sympathie. en tout cas sans hostilité. Ils en donnent un jour assez favorable et les jeunes interrogés - de même d'ailleurs que les moins jeunes -  ne tiennent pas de ces propos caricaturaux que les médias se complaisent trop souvent à retenir presque exclusivement dans ce genre de reportage. Propos qui portent tort au lieu de servir et qu'il eût été pourtant possible de recueillir, comme dans toute assemblée, lors des deux manifestations dont il est question.

    Malgré quelques différences notables, (exemple : le Cortège traditionnel ressemblait beaucoup moins à une manif bruyante que celui d'aujourd'hui), les anciens retrouveront dans la nouvelle génération d'Action française que FR 4 montre ici, bien de points communs avec ce que fut l'engagement militant de leur propre jeunesse.   

    Souhaitons à ces jeunes courageux (intellectuellement et physiquement) et aux anciens qui les y aideront de trouver les voies et moyens qui leur permettront, par delà le stade du binôme formation - manifestations, de recréer un mouvement d'Action française puissant et organisé, capable d'autorité intellectuelle et d'influence politique au sein de la société française. LFAR     

     

     

  • La France désarmée, par Hilaire de Crémiers

     

    2945744152.jpgEt d’abord, politiquement. Car la classe politique ne pense qu’aux prochaines échéances électorales. C’est la seule stratégie des partis qui accaparent le pouvoir. 

    Il aurait mieux valu y penser avant. La guerre est là, omniprésente. Les guerres, devrait-on dire. Pas seulement, celles, horribles, d’Al-Quaïda, de Daech, de Boko Haram, pas seulement celles que fomentent les fous et les truands des sectes fanatisées, mais toutes les autres guerres, celles que mènent les nations, les peuples, les États, les ethnies,  pour leurs intérêts, leur vie, leur survie, leur raison même d’exister.

    Il suffit d’écouter les discours qui se profèrent sur toute la planète et jusque dans les enceintes internationales pour comprendre que rien n’a changé fondamentalement dans les rapports, les équilibres et surtout les déséquilibres qui affectent l’avenir du pauvre monde. échanger des milliards d’information en quelques secondes et se rendre d’un bout à l’autre de « la machine ronde » en quelques heures ne modifient pas les données fondamentales de la politique. 

    Les États-Unis mènent une politique qui, sous couvert de grands principes libéraux, n’a en vue que la sauvegarde de leur domination, même et surtout quand ils imposent sous forme contractuelle leur conception stratégique ou commerciale comme dans l’OTAN ou dans le traité de libre-échange transatlantique. Barack Obama, tout progressiste qu’il soit, n’échappe pas à la règle.

    Le retour des nationalismes

    Il est de bon ton dans les cercles intellectuels qui  parlent de « la mondialisation heureuse » comme d’une divinité bienfaisante, d’exiger des Russes qu’ils sacrifient à cette déesse et à sa religion aussi moralisatrice que calculatrice, c’est-à-dire concrètement qu’ils cèdent tout, puissance, territoires, richesses, influences, à des adversaires déclarés qui veulent les réduire à néant ; les Russes s’y refusent ; ils connaissent leur histoire et n’y renoncent pas.

    La Grande-Bretagne dans les mois qui viennent fera parler d’elle et l’Europe aura à connaître une fois encore que l’Anglais est, d’abord, anglais et qu’au milieu des pires déliquescences son ressort ultime est son nationalisme. L’Allemagne fédérale avait fixé dans les principes de sa constitution de 1947 la règle intangible de sa réunification. Le chancelier Kohl l’a réalisée sans coup férir et sans demander l’autorisation à personne, comme il a décidé souverainement de l’équivalence du mark « est » et du mark « ouest » que les Français ont donc subie. Ce qui justifiera par la suite l’euro, monnaie fondamentalement allemande, Mitterrand et Chirac s’étant trompés lourdement sur le sujet. L’Allemagne, malgré ses déficiences, est maîtresse de l’Europe : l’euro durera tant qu’elle le voudra. Angela Merkel connaît son peuple qui se définit in principio comme souverain. La Pologne éternelle renaît, malgré le libéralisme révolutionnaire qui la ronge comme jadis : elle sait faire valoir ses intérêts et a, pour elle, face à la Russie, la voix du président de l’Europe qui est fils de la Pologne. Quelle revanche !

    L’Espagne et l’Italie, dans leurs élites, malgré des institutions défectueuses ou absurdes, savent fort bien où se situent les principes de leur prospérité. Ainsi de l’Irlande au Portugal, de la mer Baltique aux Balkans, les nations européennes face à des situations tragiques internes et externes gardent encore dans leur mémoire vivante les forces spirituelles qui les caractérisent et qui se refusent à la mort. Tel est le cas de l’Autriche et, plus encore, de la Hongrie : le passé y est garant de l’avenir.

    L’Europe apatride où se mirent les songe-creux de la politicaillerie européiste et française – Moscovici en est l’exemple type ! – a touché le terme de ses possibilités. Ni l’union bancaire ni l’union budgétaire, artificielles comme le reste, ne changeront les impératifs de souveraineté qui sont les conditions de la sortie de crise. Les monstrueux désastres des politiques migratoires, livrées maintenant – il fallait s’y attendre – à de modernes négriers, ne font que confirmer dans l’espace Schengen l’inhumanité profonde et l’irréalisme sordide de l’ensemble des directives européennes et, donc, des dirigeants européens. Une France souveraine qui traiterait avec les états, sauverait des populations perdues.

    Quant au cas grec, il risque d’être l’épreuve décisive de la construction européenne et de l’union monétaire. Dans les mois qui viennent.

     Le monde est dangereux

    Tourner les yeux vers l’Asie permet de changer le tableau mais non la réflexion de fond. Partout, malgré le ralentissement économique, malgré  les bouleversements de la modernité, les peuples prennent conscience de l’urgente nécessité de leur cohésion nationale dans un monde de plus en plus difficile. Le Japon réarme militairement et moralement. La Chine  se resserre sur elle-même et gonfle toutes ses ambitions. L’Australie a décidé d’être australienne et le fait savoir hautement. L’Inde renoue avec le nationalisme, le Vietnam aussi et ainsi de toutes les nations d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est.  

    L’Afrique va très mal, à quelques exceptions près, et tout le monde le sait, mais feint de l’ignorer. Bernard Lugan a tout dit sur le sujet (Osons dire la vérité à l’Afrique, éditions du Rocher) et c’est pourquoi, sans doute, il est interdit de parole en France. L’Afrique est retournée à ses démons. Ses populations la fuient. Ce n’est que tueries et prévarications dans l’indifférence des élites mondialisées qui en profitent. Que ne ferait ici une France souveraine, si elle avait des hommes d’état ?

    Et de même vis-à-vis du monde arabe. Les responsables musulmans qui ont le sens de l’état et de l’avenir, et qui se refusent à la barbarie, comme les présidents tunisien, égyptien, n’attendent que ce soutien de la France, ils le disent clairement. Heureusement ces pays ont encore des élites civilisées, souvent francisées, qui peuvent reprendre la main. Le chaos djihadiste qui a presque tout emporté au Moyen-Orient, au Yémen, en Libye, en Somalie, est dû en grande partie à l’impéritie des nations occidentales. Un démocratisme idiot et de mauvais aloi a jeté le feu dans des barils de pétrole et de gaz. Le Chaos syrien de Randa Kassis et d’Alexandre del Valle (Dhow Editions) montre les origines proprement islamiques de cette prétention à un Califat musulman qui était le danger qu’il fallait prévoir : un état qui ne serait pas un état et subvertirait tous les états, au nom d’un islam radical. Le Djihad à la conquête du monde de Laurent Artur du Plessis (Ed. Jean Cyrille Godefroy) décrit les procédés de cette guerre d’usure qui n’est qu’à son début, comme l’annonce également Mathieu Guidère dans son étude Terreur, la nouvelle ère (Ed. Autrement). 

    Or, tous les moyens de lutte mis en œuvre aujourd’hui, militaires, policiers, techniques, n’auront de véritable efficacité que s’ils sont coordonnés à une vision politique et diplomatique. Guerre conventionnelle, guerre terroriste, guerre de l’information, cyberguerre, tout se combine aujourd’hui pour disperser les efforts et déstructurer les plans de combat. La France a encore de remarquables services et d’excellents exécutants, mais la politique française dans ses principes et ses institutions n’est pas à la hauteur des circonstances, à l’heure où sous le regard papelard d’un François Hollande qui ne songe qu’à 2017, le ministre de la Défense Le Drian discute du bout de gras avec le ministre des Finances Michel Sapin. Nous n’avons pas plus de politique étrangère que de politique intérieure cohérente. La Ve République finissante ressemble de plus en plus étrangement à la IIIe qui a mené au désastre de 1940.  

  • Pseudo-intellectuels, par Philippe Delelis*

     

    La ministre de l’Education, défendant sa réforme du collège, a fustigé les plus prestigieux de ses opposants en les traitant de « pseudo-intellectuels ». L’expression a un petit parfum de révolution culturelle. On l’a peut-être oublié – et même sûrement, compte tenu du laminage de l’enseignement de l’histoire – mais cette glorieuse période (1966-1968) a vu la rééducation forcée de centaines de milliers d’intellectuels chinois envoyés méditer aux champs sur les bienfaits du communisme. De jeunes analphabètes, baptisés Gardes Rouges, se faisaient un plaisir à les humilier de toutes les façons imaginables.

    Heureusement, on n’en est pas là. Pour l’instant, il ne s’agit que de mépris à l’égard de personnalités aux capacités intellectuelles mises en doute par la ministre. Parmi ces sacripants un peu limités figurent notamment Pierre Nora, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Marc Fumaroli, Jean-Pierre Le Goff, Claude Hagège, Alain Bentolila… Tous coupables, ces pseudo-penseurs ! De quoi, au fait ? Ah oui, de s’en prendre à une réforme qui, elle, n’a rien de factice et qui tire les conséquences de la création du collège unique par Giscard en 1975 pour achever le nivellement par le bas. Ce n’est pas une pseudo-réforme, ça. Ce ne sont pas des pseudo-pédagogues qui l’ont inventée puisqu’ils avaient déjà créé la méthode globale d’apprentissage de la lecture, l’histoire non chronologique par vulgarisation (au sens premier) des recherches de l’Ecole des Annales, l’égalité prof-élève, les tentatives régulières de suppression des notes…

    Le niveau n’a cessé de baisser au rythme de la pénétration du pédagogisme dans l’éducation autrefois nationale, mais on peut encore descendre. Pourvu qu’un jour l’école ne produise pas un pseudo-ministre !  

     - Politique magazine

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