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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1516

  • ART DE VIVRE • Tartines d'hypocrisie et malbouffe en pot ... Par Natacha Polony *

    Natacha Polony revient sur la polémique suscitée par les propos de Ségolène Royal sur le Nutella. Entre « tartines d'hypocrisie » et « malbouffe en pot » Natacha Polony n'a pas tellement envie de choisir ... Ni d'établir une hiérarchie ... A notre avis, elle a raison. Qu'on lise sa chronique !

     

    Il est assez rassurant de penser que nous pouvons, en ces temps de crise économique, sociale, civilisationnelle, nous offrir le luxe d'une polémique aussi éclatante que dérisoire. Un drame diplomatique, un scandale international: la ministre de l'Écologie, invitée d'une émission à haute teneur politique, a osé critiquer le Nutella, fleuron du patrimoine italien, par ces mots dénotant une analyse économique pointue: il faudrait, selon Ségolène Royal, cesser d'en manger « parce que c'est l'huile de palme qui a remplacé les arbres et donc c'est des dégâts considérables ». Devant le tollé, elle a fini par s'excuser et saluer les « progrès » faits en la matière.

    Il ne faut jamais négliger les grands émois collectifs. Ils révèlent souvent que le sujet est moins anodin qu'il n'y paraît. En l'occurrence, la polémique Nutella nous parle non seulement d'écologie, mais aussi de responsabilité politique, de patriotisme économique, de liberté individuelle et de fonctionnement médiatique. Rien que ça !

    « Mais vous pouvez couler une boîte avec ça », répond Yann Barthès narquois à la ministre amatrice d'exemples chocs. Personne, bien sûr, n'a de crainte pour la firme Ferrerro. Mais il est étonnant de voir une ministre affirmer puis se rétracter aussi vite. D'autant que, malgré tous les arguments sur l'amélioration de la filière, sur le fait que cette huile végétale consommerait moins de surface agricole que les autres, la question de la destruction de la forêt primaire dans les pays en développement ne saurait être évacuée si facilement. Comparer la couverture forestière de la France (29 %) et celle de la Malaisie (60 %) pour en conclure que nous n'avons pas de leçons à donner n'a aucun sens : les forêts de feuillus d'Europe n'ont rien à voir avec le poumon végétal que constituent les jungles d'Asie ou d'Amérique centrale. Surtout si l'argument suivant consiste à défendre pour ces régions du monde un développement calqué sur le nôtre sous prétexte qu'il serait générateur de croissance. C'est au contraire aux pays occidentaux qu'il reviendrait de revoir leur modèle de développement pour cesser de vivre au crédit des populations pauvres de la planète et des générations à venir. Un pape l'a d'ailleurs souligné récemment… L'assertion de Ségolène Royal était parfaitement caricaturale, ce n'est pas pour cela qu'elle avait tort.

    Deuxième sujet soulevé par cette polémique en forme de poupée russe: l'Italie, qui s'est insurgée contre l'insulte faite au Nutella, a ceci d'intéressant qu'elle est un pays qui pratique le plus naturellement du monde un protectionnisme alimentaire salvateur. Dans les épiceries de la péninsule, vous chercherez en vain des produits français. Les Italiens ont gardé un mode d'alimentation qui fait la part belle aux produits locaux et reste, surtout - et sans doute à cause de cela - parfaitement hermétique à la toute puissance de la grande distribution. Un lien, sans doute, avec la permanence des identités régionales dans un pays où la langue même est multiple. La France, pays sinistré sur le plan alimentaire (et sur celui du petit commerce), serait bien inspirée d'y regarder de plus près.

    Mais le plus amusant est de voir ressurgir le chœur de ceux qui hurlent à l'infantilisation, comme si Tocqueville s'était réincarné dans un pot de pâte à tartiner. La prétendue pâte à tartiner aux noisettes en contient à tout casser 13 % (goûtez-en donc une vraie, avec 50 % de noisettes…). Les 20 % d'huile de palme (derrière les 55 % de sucre) pourraient être bien plus que 20 %? Peu importe, nous sommes des consommateurs adultes et il nous appartient de faire nos propres choix. C'est oublier que la liberté ne vaut que pour l'individu qui peut exercer son libre arbitre. Est-ce le cas des gamins gavés de publicités dans lesquelles une mère prétend donner à ses enfants ce « délicieux petit déjeuner plein de bonnes choses » ? Est-ce le cas de consommateurs peu à peu habitués à ne même plus savoir ce qu'ils ingurgitent et que la réclame flatte dans leurs pulsions les plus archaïques ?

    Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du FMI, a récemment alerté sur l'épidémie mondiale d'obésité, n'hésitant pas à prôner des mesures radicales comme l'interdiction de certains aliments industriels. S'est-il attiré les sarcasmes de la planète médiatique ? Pas plus que le pape François quand il a tenu un discours assez proche de celui que tiennent la plupart des penseurs de la décroissance. Mais de même que les adorateurs du Pape se garderont de suivre le modèle économique qu'il préconise, les chantres du FMI ne mettront en danger la grande distribution et l'agro-industrie par des mesures de protection de populations vulnérables comme les enfants de milieux défavorisés, premiers touchés par le fléau de la malbouffe. Ça vaut une petite polémique. 

    Natacha Polony -  Le Figaro          

     

  • SOCIETE • Réforme du collège : l’Académie française aussi a parlé ! L'avis de Pierre Van Ommeslaeghe*

     

    72b1f88c2e21f409f06ce4c587f98106.jpegLa déclaration est un peu passée inaperçue. Pourtant, il est rare qu’une institution comme l’Académie française prenne position contre une réforme gouvernementale. À ma connaissance, la dernière fois qu’elle a été partie prenante d’une polémique politique, c’était en 1990, à l’occasion de la réforme de l’orthographe menée par le gouvernement Rocard, et l’Académie était plutôt favorable à cette réforme. Jamais, en revanche, elle ne s’était prononcée sur une réforme scolaire.

    Mais lors de sa séance du 11 juin, elle l’a fait contre celle du collège menée par Mme Vallaud-Belkacem dans une déclaration adoptée à l’unanimité de ses membres. Pour que l’institution à laquelle Richelieu a donné mission de défendre la langue française prenne si solennellement position contre les projets ministériels, il faut que ceux-ci mettent à mal celle-là.

    Toute personne ayant lu le projet de réforme et les programmes qui l’accompagnent ne doute pas que le français y est mis en danger. Le jargon, voire le charabia, dans lequel ils sont rédigés montre le peu de respect de leurs auteurs pour la langue de Racine, Molière et Hugo. En comparaison, la langue des académiciens est d’une clarté que tout enseignant rêverait de trouver dans une circulaire de rentrée. On n’en attend certes pas moins des immortels, mais cela prouve qu’il est possible d’être compréhensible par tous même sur des sujets complexes.

    Cette déclaration est terrible sur le fond pour le ministre de l’Éducation nationale. S’intitulant « Pour une vraie égalité des chances », elle montre de manière irréfutable que, contrairement à ses ambitions affichées, le projet du ministre aggravera les inégalités scolaires. Que pour les réduire, il faut, au contraire de l’esprit de la réforme, renforcer les disciplines et mettre l’accent sur la maîtrise du français. Citons l’avant-dernier paragraphe :

    « L’Académie a la certitude que le redressement du système scolaire, si impatiemment attendu par la nation tout entière, devra, d’une part, s’inscrire dans la continuité de notre culture, faite d’enrichissements successifs et respectueuse de ses origines, et, d’autre part, résister à la tentation de la facilité, qui n’a jamais eu d’autre résultat que l’aggravation des inégalités. L’exigence constitue le principe fondateur de l’école de la République ; elle doit le rester ou le redevenir. »

    Qui ne serait d’accord avec une telle conclusion, sinon d’aveugles idéologues ? Madame le Ministre osera-t-elle taxer les académiciens de « pseudo-intellectuels » ?

    Quatre-vingt pourcent des professeurs sont contre cette réforme ; la plupart des intellectuels également ; maintenant l’Académie française. Autrement dit tout ceux dont le métier ou la vocation est la transmission et l’accroissement de notre patrimoine culturel. Madame Vallaud-Belkacem, vous ne pouvez pas avoir raison contre tous ces gens. Foin d’orgueil et d’entêtement, revenez à la raison et abandonnez votre projet.  

     

    , professeur de philosophie - Boulevard Voltaire

  • CINEMA • Boboland fait du kayak ... Par Raphaël de Gislain

     

    Cannes s’est achevé dans un grand vent d’euphorie. Récompensé à outrance, le cinéma français s’y est autoproclamé « d’une extraordinaire vitalité » et toute la clique habituelle de la grande famille du septième art – dont Vincent Lindon, distingué pour son rôle dans La loi du marché est l’archétype « engagé » d’une rive très à gauche qu’aucune contradiction ne gêne – n’a cessé de s’émerveiller d’elle-même.

    Pourtant, le spectateur souffre toute l’année d’un cinéma hexagonal globalement nul, verbeux et sans scénario… La nouvelle comédie de Bruno Podalydès a au moins un mérite : elle est sans la moindre prétention. On suit le périple assez drôle de Michel, un bobo cinquantenaire d’un type répandu à Paris ; plutôt gentil et materné, foncièrement citadin. Il cache des rêves d’aventurier, d’aviation et… de kayak.

    Encouragé par sa femme (Sandrine Kiberlain), le voilà qui s’élance vaille que vaille sur les rivières de Bourgogne. Evidemment, les héroïsmes tournent court… L’acteur et réalisateur excelle à rendre grandiloquente la minuscule destinée d’un homme typique de notre époque. Malgré quelques trous d’air et une fin qui pique du nez, Comme un avion est porté par un souffle libertaire plutôt sympathique.

    Comme un avion, de Bruno Podalydès, en salles.  •

     

      Politique magazine

     

  • Retour à l'actualité, demain lundi ...

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Famille de France • Une famille qui a construit la nation et fabriqué l'Etat français au fil des siècles, ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle la famille de France

      

    frederic-rouvillois.jpg« Une famille qui a construit la nation et fabriqué l'état français au fil des siècles, ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle la famille de France. Quand le prince Jean, qui sera le chef de cette maison à la mort de son père, se promène dans Paris, il parcourt en quelque sorte la galerie de ses ancêtres. Le Palais Bourbon est pour lui, non seulement un bâtiment public, mais aussi une maison qui fut construite pour l'un de ses grands-oncles. Lorsqu'il admire la Sainte Chapelle, il peut penser à l'un de ses aïeux qui l'a fait édifier. Notre-Dame de Paris lui rappelle cet ensemble de rois, ses ancêtres, qui y ont entendu la messe. Si cette famille ne possède pas matériellement ou juridiquement les « palais de la République » - qui sont en réalité d'anciens palais royaux - elle est réellement chez elle en France. Elle n'est pas une famille comme les autres et se trouve à cet égard dans une situation absolument singulière. »

     

    Frédéric Rouvillois,

    Professeur de droit public et écrivain , Le Figaro

     

    Frédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011). Son dernier livre Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion.

     

  • Lobby socialo-algérien et beaux-arts, par Péroncel-Hugoz

    Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille (MUCEM).

     

    Depuis Marseille, Péroncel-Hugoz donne un coup de dent au lobby anti-marocain de Paris dont les basses intrigues contrastent avec le haut niveau des échanges culturels franco-chérifiens…

    peroncel-hugoz 2.jpgC'est un fait : depuis février 2014, à force de manœuvres souterraines mais efficaces, le lobby socialo-algérien, assez puissant actuellement en France, a multiplié chausse-trappes et coups d'épingle pour entraver la bonne marche des relations Rabat-Paris. En contraste, brille en même temps avec une intensité particulière, la coopération artistique entre Royaume alaouite et République française. 

    Depuis plus d'un an et demi, les manifestations culturelles de Marseille, Paris, Rabat et, en cet été 2015, derechef la cité phocéenne, ne cessent de voir s'épanouir les beaux-arts d'hier ou d'aujourd'hui, entre Sud et Nord de la méditerranée, entre États et peuples de France et du Maroc. Afin sans doute de mettre de l'huile dans les rouages politiques, Rabat n'a pas lésiné sur le niveau de ses représentants aux principales expos: la princesse Lalla-Meryem à Paris puis l'émir Moulay-Rachid à Rabat et, le 3 juin 2015, au fameux MUCEM, à Marseille, le conseiller royal André Azoulay, s'exprimant à propos des « Lieux saints partagés », thème d'une nouvelle manifestation déjà très courue. 

    Pèlerin international depuis des décennies en faveur de la mise en lumière des points communs, plutôt que des divergences, entre les trois monothéismes dits « du Livre » (ou plutôt « des Livres » : Thora, Évangile, Coran), le conseiller palatin a dû revoir ou découvrir avec satisfaction une superbe suspension de synagogue marocaine (vers 1900), une tablette scolaire coranique en bois (Marrakech, vers 1900) mais aussi un vitrail de Salagon (Haute-Provence), une rare icône serbe, une Jument Bourâq tunisienne très enlevée, une Vierge Marie perse, un Mahomet voilé et même – ô surprise dans cette expo vouée en principe aux croyances abrahamiques ! – un très serein Bouddha laotien, comme un pied-de-nez au reste de cet univers divin… 

    Plus loin, un dessin animé moderne montre les « fleuves de vin » (et de miel) du Paradis très concret promis aux bons mahométans, mais aussi, sans précaution oratoire, « éphèbes et vierges » annoncés aux mêmes croyants dans l'au-delà… Tout cela est en effet écrit noir sur blanc dans les textes sacrés islamiques. 

    Ce qui, en revanche, a pu surprendre, agréablement ou non, certains visiteurs c'est, au milieu de ces salles toutes nimbées de foi traduite en beaux-arts, la vitrine absolument vide consacrée à l'agnosticisme par le plasticien italien Michelangelo Pistoletto… Au final, des œuvres belles et diverses inspirées par Moïse, Jésus, Marie, Mahomet ou Ali mais aussi un fond audiovisuel un peu trop « tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil »… Eh ! Oui Marseille l'Orientale est quand même ancrée également au pays des «Charlie» et des « Bisounours »…  

     

    Péroncel-Hugoz  - Le 360

  • SOCIETE • Kermesse en Corse : ces parents qui refusent de faire chanter leurs enfants en arabe, par Fabrice Robert*

     

    Fabrice Robert est président du bloc identitaire et n'appartient pas à notre école de pensée, dont chacun sait qu'elle est, à Lafautearousseau, dans la suite et l'esprit de l'Action française. Cela implique un corps de doctrines défini auquel n'adhèrent ni le bloc identitaire ni Fabrice Robert. Mais nous n'avons pas la religion de l'ostracisme qui est la méthode du Système pour exclure du débat public qui n'entre pas dans ses catégories. Quand l'un quelconque de nos compatriotes s'élève contre le fait que sous couvert d'intégration, on nous demande plutôt, chaque jour, de nous intégrer aux autres et se demande si le vivre ensemble est synonyme de reniement de soi, si l’intégration est un concept destiné à favoriser la désintégration de l’identité française, alors, dans le contexte actuel, nous partageons son souci, nous sommes solidaires. LFAR   

     

    4073fe4d4d950765a22034c7136ec4ff.jpegÀ Prunelli-di-Fiumorbu, en Corse, deux enseignantes ont eu une bien curieuse idée pour la fête de l’école : les élèves devaient chanter « Imagine » de John Lennon en cinq langues, dont l’arabe. C’était sans compter sur la réaction salutaire de certains parents qui ont manifesté, de manière virile, leur désaccord. Pour eux, hors de question que leurs enfants puissent chanter ne serait-ce qu’un couplet d’une chanson en arabe. Le recteur d’académie, Michel Barat, a alors dénoncé une « attitude inqualifiable contre les valeurs que représente l’école ». Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, a, pour sa part, dénoncé « le racisme au quotidien dans toute la splendeur de sa bêtise et de sa violence ».

    Considérant qu’ils ne peuvent plus exercer leur métier sereinement, les enseignants de l’école primaire ont déploré – dans un communiqué – « l’amalgame entre langue et religion » (sic). Sauf que ce type d’initiatives démontre, avant tout, que le Grand Remplacement est tout sauf une théorie. Il s’agit d’une réalité insupportable pour de très nombreux Français de souche qui vivent et constatent le Grand Remplacement dans leur immeuble, dans leur quartier, dans l’école de leurs enfants… Surtout lorsqu’on découvre la déclaration de cette enseignante : « Des parents ont précisé qu’ils ne voulaient pas que leur enfant parle arabe. Nous étions prêts à l’entendre. Sauf que certains ne voulaient même plus qu’ils viennent à l’école lors de cette demi-heure dédiée à la prononciation en arabe. Et ça, ce n’est pas possible. » La vocation de l’école républicaine est-elle donc d’enseigner à nos enfants comment prononcer des phrases en arabe ? Quoique dans certains quartiers, cela pourrait malheureusement s’avérer bien utile…

    Il faut surtout avoir conscience que tout ceci rentre dans une stratégie plus globale. Ainsi, nombreuses sont aujourd’hui les écoles élémentaires qui proposent à nos enfants de suivre des cours d’arabe gratuits. Dans une circulaire diffusée par la Direction générale de l’enseignement scolaire, on apprend que l’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises fait partie d’un programme national du ministère de l’Éducation nationale.

    Mais ce n’est pas tout. Au nom du vivre ensemble, certaines écoles décident aussi de faire découvrir les joies de l’islam aux enfants. Récemment, à Chalon-sur-Saône, les élèves de CM2 de l’école du Devoir se sont rendus en visite à la mosquée du centre-ville, où ils ont été reçus par l’imam Ahmed Belghazi. Pour la presse locale, « cette rencontre a été riche d’échanges, d’écoute et de partage. Pour ces jeunes, les mots connaissance, respect et tolérance ont pris un sens encore plus fort. » On appréciera, au passage, cette logorrhée en mode Bisounours qui tend à nous faire croire que l’islam est compatible avec les valeurs de la société française. D’ailleurs, lors de la première réunion de l’instance de dialogue avec l’islam en France, qui s’est tenue le 15 juin, Manuel Valls a été très clair : « L’islam est en France pour y rester. Il faut donc mener le combat des consciences, et faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Message reçu par Amar Lasfar, le président de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), qui a demandé, dès le lendemain, que l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Adha soient fériés en France.

    Ils nous parlent d’intégration mais on nous demande plutôt, chaque jour, de nous intégrer aux autres. Le vivre ensemble est-il donc synonyme de reniement de soi ? L’intégration est-elle un concept destiné à favoriser la désintégration de l’identité française ?

    En Corse, des enseignants avaient prévu de faire chanter un couplet d’une chanson de John Lennon en arabe. Et demain, va-t-on leur demander d’interpréter un appel du muezzin ? 

     

    - Boulevard Voltaire
     
     
  • LIVRES • Vers la paix des ménages ... Par Grégoire Arnould

     

    Face à l’émancipation des femmes, quel nouveau rôle pour les hommes ? Une nouvelle conception de l’altérité entre les sexes est-elle à définir ? Ces questions, parmi d’autres, sont celles que se posent Chantal Delsol et Martin Steffens dans Le nouvel âge des pères, un essai rédigé à quatre mains. S’ils se complètent et se retrouvent souvent, il n’y a pas, chez les deux auteurs, de discours univoque. Chacun dispose de sa partie : la philosophe et membre de l’Institut propose une réflexion sur l’évolution du rôle de la femme et la récente fin de son « infantilisation » par les hommes, terme qu’elle préfère à celui d’« émancipation ». Le professeur de philosophie traite, lui, de la nécessaire adaptation des hommes à cette évolution sociologique.

    Comme le titre du livre le laisse suggérer, la place et la fonction des pères sont au cœur de leur questionnement, eux qui ont, trop souvent, démissionné de leur rôle. Ainsi, Martin Steffens propose une nouvelle conception de la virilité – ou de la masculinité – dans laquelle l’homme se doit d’ « être » et de « consister ». Autrement dit, d’exister et d’affirmer son existence. Le grand danger qui le guette, en raison de la fin programmée de sa domination, serait que le rapport de force s’inverse – c’est-à-dire que l’homme n’ait à offrir que ses faiblesses – au lieu de s’équilibrer. Chantal Delsol ne dit pas autre chose. La complémentarité homme-femme dans les familles est, pour elle, essentielle. Ils sont « deux membres différents d’une même espèce humaine faits pour collaborer ». Nos deux auteurs offrent, à rebours du projet postmoderniste, de bien précieuses réflexions aux inspirations chrétiennes sur l’avenir de notre société occidentale.

     

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    Le nouvel âge des pères, de Chantal Delsol et Martin Steffens, éditions du Cerf, 247p., 19 euros.

     

      - Politique magazine

  • Yann Raison du Cleuziou, dans La Croix : « Esprit du 11 janvier, es-tu là ? »

     

    L'on pourra très certainement débattre sur tel ou tel point ou paragraphe de la réflexion qui suit, menée sous l'angle des religions et publiée dans La Croix, le 12 juin dernier. Outre qu'on peut, de notre point de vue, la considérer comme globalement pertinente, nous en retiendrons que le scepticisme à l'endroit de la République et de ses valeurs, gagne peu à peu tous les milieux intellectuels. Ici, l'auteur constate « l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine » à incarner ses propres valeurs et sa conclusion, en forme de réponse à la critique d'Emmanuel Todd est que « le zombie du 11 janvier, c’est peut-être la République. » Nous ne saurions mieux dire. LFAR

     

    Les cortèges du 11 janvier 2015 n’avaient rien de particulièrement républicain : peu de drapeaux, peu de Marseillaises (comment chanter « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » ?), peu d’identifications à la France frappée. Au contraire, un silence de marche blanche compassionnelle brandissant le portrait des victimes, des pancartes « tweets » d’individus mobilisés par solidarité avec d’autres : « Je suis Charlie » ; « Je suis Mohamed » ; « Je suis juif ». Il y avait indéniablement des valeurs affirmées et une forme manifeste d’universalisme : mais pas l’universalisme républicain du « Nous citoyens » disqualifiant toute autre forme d’identification. Il s’agissait de l’universalisme libéral des « Je » coalisés pour mieux garantir leurs droits naturels : chacun avec son identité propre doit être libre de poursuivre son bonheur sous la protection de l’État. Et dans les policiers embrassés s’exprimait ce besoin de sécurité.

    Bien sûr, une foule si diverse est ambivalente. Le président Hollande a hésité dans son discours entre « le rassemblement de tous » et le « rassemblons-nous », entre le pluralisme libéral et l’unité républicaine. Mais cette nuance a vite été effacée par l’invocation de l’« Esprit du 11 janvier » : le souhait d’une Pentecôte laïque qui ferait redescendre la flamme républicaine dans le cœur des Français ; l’espérance d’une religion civile née de l’effervescence du peuple en marche, avec son credo laïque, ses blasphèmes éclairés, son diable « l’obscurantiste », l’hérésie des « je ne suis pas Charlie » et son crime de sacrilège : le refus de la minute de silence.

    Parmi les catholiques et les musulmans, cet « Esprit » a mis mal à l’aise beaucoup de personnes. Car il plaçait en porte-à-faux tous ceux qui n’étaient ni barbares ni Charlie et refusaient cette partition caricaturale faisant le jeu de la guerre des civilisations. Pour ces musulmans, la mobilisation de la République ou de la laïcité est, depuis la loi sur le voile de 2004, une rhétorique d’exclusion chargée d’ambiguïtés. Par ailleurs, ils perçoivent une inégalité de traitement entre ceux qui critiquent Israël et ceux qui critiquent Mohamed ; sont frappés par la schizophrénie d’un gouvernement qui proclame l’inaliénable liberté d’expression et poursuit en justice le moindre ado qui refuse la minute de silence ; ne se sentent pas libres de ne pas « être Charlie » de peur des amalgames. Pour ces catholiques, l’asymétrie entre la valorisation du « droit au blasphème » et la suspicion dont est frappée toute parole confessionnelle dans l’espace public laisse amer. Ils sont divisés entre une peur de l’islam et une peur d’une laïcité de plus en plus exclusive. L’« Esprit du 11 janvier » leur semble un « revenant » de la guerre des deux France.

    Ce qui s’est manifesté en janvier 2015, c’est donc un peuple rejetant la violence et l’intolérance ; et l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine à incarner, pour tous, ces valeurs. Les six mois qui ont suivi semblent avoir parachevé cette décomposition. Lors des élections départementales, Manuel Valls a mobilisé les « valeurs de la République » contre une partie de l’électorat. Dernièrement, la transformation de l’UMP en Les Républicains repose sur la même stratégie : se faire juger sur ses ennemis plutôt que sur son bilan. Depuis plus d’une décennie, les références aux « valeurs de la République » ou à la laïcité semblent devenues des instruments d’exclusion d’un « eux » plus que d’intégration à un « nous ». Pour les croyants qui, comme bien d’autres Français, se sentent moins « égaux » que d’autres, le « zombie » du 11 janvier, c’est peut-être la République. 

     

    Yann Raison du Cleuziou, maître de conférences en science politique, centre Émile-Durkheim, université de Bordeaux

    (Cet article nous a été signalé par Joël Broquet que nous remercions).

  • DE L’HUILE SUR LE FEU... par François Marcilhac

     

    500021990.jpgComme un marronnier dans la presse, la question du « droit du sol », stupidement opposé au « droit du sang » — la France connaît les deux — revient à intervalles réguliers dans le débat politique à la faveur des raz-de-marée migratoires que subit le pays sur son sol non seulement métropolitain, mais aussi ultra-marin.  

    Sarkozy, qui n’est pas à une indécence prêt, y est même allé de son petit couplet, à la faveur du déplacement de Manuel Valls, le 13 juin dernier, à Mayotte, notre 101e département. Les Mahorais auraient souhaité que le Premier ministre prononçât des paroles fortes sur la question des clandestins. Les pouvoirs publics les estiment en effet à 70 000, soit un tiers de la population, essentiellement des Comoriens qui, contrairement aux Mahorais, ont choisi l’indépendance en 1975. C’est ainsi que Mamoudzou, la capitale de l’île, est devenue la première maternité de France, l’indépendance ne s’étant pas traduite pour les Comoriens par une élévation de leur niveau de vie... Mais peut-être le refus de traiter la question des clandestins n’a-t-elle pour seul objectif, partagé par une droite qui fit tout pour exclure en 1975 Mayotte-la-Française de la communauté nationale, de créer une situation irréversible de submersion de la population de souche, justifiant à terme le largage d’une île où les Mahorais seraient devenus minoritaires... On sait que les Comores n’ont jamais renoncé à l’annexion de Mayotte. 

    Quoi qu’il en soit, Valls n’a pas répondu à l’attente des Mahorais. Et ne s’est même que fort peu intéressé à la question des clandestins sur une île, rappelons-le, conservée à la France grâce à l’Action française et à la détermination de Pierre Pujo — ce qu’Olivier Stirn, le ministre de Giscard chargé à l’époque de brader nos territoires ultra-marins, reconnut publiquement. Faut-il s’en étonner quand le gouvernement accepte l’arrivée en métropole chaque année de dizaines de milliers de clandestins dont aucun, ou presque, n’est reconduit à la frontière ? Quand il est prêt à encourager l’appel d’air que constituerait, par dérogation au Règlement Dublin II, la répartition entre les différents Etats membres de l’Union, à la demande du président de la Commission européenne, des migrants qui atteignent, toujours plus nombreux, l’ « Eldorado » européen via la Méditerranée et l’Italie ? Quand, une fois arrivés en Europe, Schengen leur permet d’y voyager librement et de s’installer là où les prestations sont les plus avantageuses, avant d’y être — c’est du moins le cas en France — naturalisés par brassées ? Quand, enfin, nos politiques, de droite comme de gauche, font du droit du sol un sacro-saint « principe républicain », alors qu’il remonte à un arrêt du Parlement de Paris de 1515, voire à l’édit du 3 juillet 1315 de Louis X le Hutin ? Encore faut-il qu’il y ait un « sol », c’est-à-dire un Etat souverain, maître de ses frontières, ce qui n’est plus le cas de la France. Dès lors le « droit du sol » est devenu le droit d’être envahi. Remettre en cause, au moins pour mieux l’encadrer, ce qui n’est pas un dogme, mais une pratique historique correspondant à une période de maîtrise des flux migratoires, est devenu une nécessité vitale. 

    Ce n’est pas la provocation du recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, appelant sur Europe 1 le lundi 15 juin à « utiliser des églises vides pour servir au culte musulman », c’est-à-dire au grand remplacement d’un culte par un autre, qui favorisera le « vivre ensemble » si cher à nos élites. Nos églises devraient-elles faire les frais des dissensions internes à l’ « islam de France » et de la peur de Dalil Boubakeur de se voir dépasser par les fondamentalistes ? Il avait déjà appelé le 5 avril dernier, au cours du rassemblement annuel des musulmans de France, organisé chaque année lors des fêtes pascales, à doubler le nombre des mosquées. A-t-il cette fois cherché, pour montrer son intransigeance, à saborder la première réunion, organisé ce même jour, de l’instance de dialogue avec l’islam de France voulue par Manuel Valls ? Selon ce dernier, « l’islam suscite encore des incompréhensions, des a priori, du rejet chez une partie de nos concitoyens, des amalgames. [...] Il faut donc [...] faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Il n’est pas certain que par sa provocation Dalil Boubakeur ait aidé Valls à lever les « incompréhensions » et à « faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France », du moins dans le sens souhaité par le Premier ministre. « Les églises ne sont pas des bâtiments multi-usage », a rappelé l’évêque de Pontoise, Mgr Lalanne, également représentant de la Conférence des évêques de France, qui s’est dit, sur RTL, ce même lundi, « totalement opposé » à ce projet. Et de rappeler que « les églises sont des lieux sacrés, qui [...] ne peuvent être utilisées à un autre dessein qu’à l’expression de la foi chrétienne. [...] on ne doit pas jouer avec les symboles. » Il est dommage que Dalid Boubakeur n’apparaisse plus comme cet interlocuteur dans lequel Pierre Pujo, voyait un « grand musulman français » (L’AF du 12 février 1995) préconisant « un islam modéré, respectueux des mœurs et des traditions françaises » (L’AF du 6 novembre 2003). Dans nos propres colonnes (L’AF du 12 juin 1997), le recteur souhaitait, après avoir évoqué le sacrifice des musulmans français lors des deux conflits mondiaux, « gagner l’estime et la sympathie » de nos lecteurs et « améliorer une situation psychologique actuellement défavorable aux musulmans de France » en rappelant que, « dans l’Islam, l’amour de la Patrie est un élément de la foi ». Dans son commentaire de la Charte du culte musulman en France de 1994, n’avait-il pas du reste souligné « l’attachement tout maurrassien des musulmans à la France » avant de se réclamer (Le Point du jeudi 20 avril 2006) d’ « un amour de la patrie aussi fort que celui de Maurras ou de Barrès » ? 

    Un islam français acculturé, c’est-à-dire respectueux de l’identité nationale, qui est indéfectiblement chrétienne, est non seulement possible mais nécessaire. Encore faut-il que ses représentants les plus écoutés ne jettent pas de l’huile sur le feu des passions identitaires en justifiant, par des provocations inutiles, des craintes qu’il est facile d’instrumentaliser en ces temps troublés.  

    PS : Le fait que la mosquée de Paris ait par la suite envoyé un communiqué de presse aux médias, dans lequel le président du CFCM revient sur ses propos, ne change rien au nôtre.

     

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

     

  • Paul Valéry : Regard critique sur le monde actuel

     

    « Le résultat des luttes politiques est de troubler, de falsifier dans les esprits la notion de l'ordre d'importance des questions et de l'ordre d'urgence.

    Ce qui est vital est masqué par ce qui est de simple bien être. Ce qui est d'avenir par l'immédiat. Ce qui est très nécessaire par ce qui est très sensible. Ce qui est profond et lent par ce qui est excitant.

    Tout ce qui est de la politique pratique est nécessairement superficiel ».

     

    Paul Valéry 

    Regards sur le monde actuel (Stock, 1931)

  • Point de rupture, en effet ...

     

    Nous publierons, après le weekend, l'analyse de Thierry Baudet donnée au Figaro. Mais son titre traduit une évidence.

  • Bicentenaire... Patrice Gueniffey : « Waterloo a déterminé tout le XIXe siècle »

    Waterloo, aujourd'hui, la reconstitution du siècle

     

    À l'occasion du bicentenaire de Waterloo, l'historien Patrice Gueniffey*, spécialiste de Napoléon, a analysé pour Figarovox, les enjeux de cette bataille (18 juin 1815). Par delà les aperçus historiques fort intéressants, les lecteurs de Lafautearousseau, relèveront les points forts - très actuels - du paragraphe de conclusion : « Notre pays n'a pas été uni par le consensus mais par l'autorité et par l'État (longtemps monarchique). (...) L'histoire de France est l'histoire de ses divisions. Mais le problème a empiré depuis 1792 car la monarchie était un verrou, un principe d'unité qui s'opposait aux forces centrifuges. Aucun régime n'a été tout à fait légitime depuis. (...) Aujourd'hui encore, si la République n'est plus contestée, elle ne suscite pas forcément d'adhésion active. » Il s'agirait, en effet, pour la France d'aujourd'hui de réinstaurer un Pouvoir qui soit légitime - et perçu comme tel. LFAR

     

    Peut-on dire que la bataille de Waterloo a déterminé le destin de l'Europe ?

    Patrice GUENIFFEY. - Les contemporains l'ont perçu d'emblée. Tout contribuait au caractère dramatique de cette bataille. Napoléon est dos au mur. Il n'a pas de réserves. Ses ennemis le savent. C'est la première fois que les armées des deux principales puissances de l'époque, la France et la Grande-Bretagne, se retrouvent face à face pour un affrontement de cette ampleur. Le choc a lieu sur un terrain de quelques kilomètres carrés seulement. La visibilité sur le théâtre d'opération est faible. C'est une bataille brève, violente et incertaine.

    Pour la mémoire nationale, elle fut bien sûr une humiliation terrible, mais aussi une défaite glorieuse. L'Europe tout entière avait dû se liguer contre la France seule pour pouvoir la vaincre. De Musset à Stendhal, de Chateaubriand et Dumas à Victor Hugo, les écrivains français du XIXe ne vont cesser de magnifier Waterloo. Ils méditeront sur le génie du grand homme, la gloire nationale, la laideur et la grandeur de la guerre. Il reste que la défaite de Napoléon signe la vraie fin de la Révolution française. L'événement clôt le cycle politique commencé en 1789. La Révolution appartenait pleinement au XVIIIe siècle par ses idées et par les hommes qui les avaient incarnées. Waterloo, c'est le premier jour du XIXe siècle, comme le 1er août 1914 est le premier jour du XXe siècle.

    En quoi Waterloo décide-t-il des grands traits du XIXe siècle en Europe ?

    La défaite et l'exil de l'Empereur ouvrent une ère de paix sans précédent pour le Vieux Continent. La Grande-Bretagne, la Prusse, l'Autriche et la Russie sortent renforcées d'une épreuve qui a failli les perdre. À court terme, la réaction antifrançaise a partout raffermi le sentiment national et les monarques qui l'incarnent. Pour autant, parmi les idées de la Révolution française, celles en accord avec l'état de la civilisation européenne se sont diffusées à la faveur des guerres. Le Code civil a été appliqué dans tout l'Empire, dont la Belgique et une partie de l'Italie faisaient alors partie. Les sociétés des pays occupés par Napoléon sont sorties de cette épreuve modernisées et plus libérales. La tension entre le principe monarchique et les idées démocratiques devient palpable partout en Europe. Au Congrès de Vienne, Londres, Berlin, Vienne, Saint-Pétersbourg et la France de Louis XVIII vont convenir de s'allier contre les mouvements libéraux et nationaux. Des réunions périodiques de souverains sont instituées pour régler les crises du moment. La neutralité de certaines parties de l'Europe est proclamée (la Suisse, le Rhin). Le Congrès de Vienne va permettre d'éviter une guerre générale en Europe pendant un siècle. Certes, il y aura des conflits, mais limités. La civilisation européenne du XIXe a été le sommet de l'histoire du Vieux Continent. C'est la plus brillante du point de vue du progrès, des sciences, des arts et des lettres. Le XIXe siècle a pourtant mauvaise réputation. Il est sous-estimé et peu aimé, victime de son image de siècle « bourgeois ».

    Quel regard portent les Britanniques sur les Français au XIXe siècle ?

    Waterloo marque la victoire de la Grande-Bretagne sur la France pour l'hégémonie mondiale. C'est la fin d'un conflit en trois étapes qui a opposé les deux pays des années 1750 à 1815, entrecoupées de simples trêves.

    La première manche, la guerre de Sept Ans, a été gagnée par les Anglais. La France a pris sa revanche pendant la guerre d'indépendance américaine. Et, au terme d'un conflit très long et incertain, les Anglais l'ont finalement emporté en 1815. Waterloo consacre la puissance britannique pour un siècle. Désormais, la Grande-Bretagne contrôle les routes du commerce international. Au XIXe siècle, Londres va rester fidèle à sa politique d'équilibre. Dans les années 1840, les Britanniques se rapprochent de la France, qui n'est plus une menace pour eux, et lancent «l'Entente cordiale». L'expression naît à cette époque, sous la monarchie de Juillet. Louis-Philippe a favorisé ce rapprochement. Il avait vécu en Angleterre pendant l'émigration et était resté anglomane. Le symbole de cette réconciliation, c'est le retour de la dépouille de Napoléon en France, en 1840, qui donne lieu à une cérémonie grandiose. Après Louis-Philippe, Napoléon III puis la IIIe République ne feront que poursuivre cette politique d'entente avec Londres. Certes, il y eut des moments de tensions (sur la question d'Orient vers 1840, à Fachoda plus tard) où le patriotisme blessé des Français se réveille. Mais l'entente entre les gouvernements l'emportera.

    Quels sont les sentiments des Allemands envers la France au XIXe siècle ?

    Napoléon a bouleversé et simplifié la carte de l'Allemagne. De l'occupation napoléonienne de l'Allemagne est née la possibilité de l'unification du pays sous l'égide de la Prusse. En 1806, Napoléon écrase les Prussiens lors d'une campagne éclair de trois semaines. Berlin décide alors de collaborer avec Napoléon tout en reconstituant son armée pour préparer la revanche: cette politique portera ses fruits en 1813. Dans l'intervalle, les Français avaient une nouvelle fois traversé l'Allemagne, en 1809, cette fois pour attaquer l'Autriche. Ces manœuvres furent ressenties comme une humiliation et c'est à ce moment que le nationalisme allemand prend vraiment son essor. Discours à la nation allemande(1807) de Fichte en avait marqué la naissance; il s'épanouira au cours de ce que les Allemands appellent « la guerre de libération nationale » (1813) contre l'occupant français.

    Au soir de Waterloo, Wellington était enclin à ne pas poursuivre l'armée française en déroute. Mais le Prussien Blücher, lui, insiste et s'emploie à massacrer autant de soldats français que possible les jours suivants. Il y avait là une haine antifrançaise - dont les populations civiles souffrirent elles aussi - qui pèsera lourd en 1870 et lors de la Première Guerre mondiale. Or, sous la monarchie de Juillet et le Second Empire, les milieux dirigeants français n'avaient nullement conscience de l'hostilité des Prussiens envers notre pays. Il faut dire que les intellectuels français du XIXe siècle - Renan, Taine, Cousin - étaient fascinés par l'Allemagne. Ils considéraient ce pays comme la patrie de la philosophie, de la science, de la culture et des valeurs libérales, telle que l'avait décrite Madame de Staël dans De l'Allemagne (1810). D'où l'ahurissement qu'a représenté la guerre franco-allemande de 1870-1871.

    Quel est le bilan des pertes humaines des guerres de la Révolution et de l'Empire pour la France ?

    La France comptait entre 28 millions et 30 millions d'habitants en 1789. Et le bilan probable des vingt-trois ans de guerre qu'a connus la France de 1792 à 1815 est d'environ 1 500 000 morts. Cette évaluation additionne les pertes des guerres civiles pendant la Révolution (Vendée, insurrection fédéraliste), des campagnes de la Révolution de 1792 à 1799 et des conflits du Consulat et de l'Empire. Les deux tiers des tués le furent pendant l'Empire. À partir d'Eylau (1807), les batailles de Napoléon sont de plus en plus meurtrières. En cause, notamment, l'intervention de plus en plus massive de l'artillerie. Le bilan humain de ces guerres est donc lourd. Cette époque marque le début du ralentissement de la croissance démographique. La stagnation de la démographie dans notre pays sera un des traits majeurs du XIXe siècle.

    Waterloo a-t-il condamné par avance l'expérience de la monarchie constitutionnelle en France ?

    Waterloo l'a compromise. Lors de la première Restauration, en 1814, le rejet de l'Empereur était réel et Louis XVIII avait agi avec habileté. Une réconciliation nationale n'était pas à exclure à moyen terme. Mais en mars 1815, lorsqu'il débarque de l'île d'Elbe, Napoléon revient « à gauche ». Il se présente comme le bouclier de la Révolution et réveille l'esprit jacobin, minoritaire dans le pays mais vivant. Son retour était une folie, directement contraire à l'intérêt de la France. Après sa deuxième abdication, la Terreur blanche et la Chambre introuvable, dominée par les ultras, sont une réaction aux Cent-Jours. Les bonapartistes et les républicains les plus radicaux fonderont bientôt des sociétés secrètes. Un climat de guerre civile larvée est perceptible jusqu'en 1830 et même au-delà, chez les déçus des Trois Glorieuses.

    Dans quelle mesure le souvenir de Napoléon Ier va-t-il dicter les choix de son neveu, Napoléon III, empereur de 1852 à 1870 ?

    Le nom de Bonaparte fait partie de ses titres à la légitimité. Le prince Louis-Napoléon, président de la République de 1848 à 1851 puis empereur des Français, se présente comme celui qui va garantir, à l'intérieur, l'ordre et le progrès et, au-dehors, affirmer la grandeur nationale et réparer les traités de 1815. Contrairement à son oncle, qui a perpétré un coup d'État sans victimes ni proscrits le 18 Brumaire (1799), Napoléon III prend le pouvoir dans le sang le 2 décembre. Il traînera ce handicap pendant tout son règne.

    Pour autant, le neveu ne manquait ni de projets ni d'idées pour la France. À partir de 1804, une fois le pays remis en ordre, Napoléon Ier avait tourné le dos à la France, il s'était consacré avant tout à la guerre et à la politique étrangère. Ce n'est pas le cas de Napoléon III. Le bilan intérieur du Second Empire est loin d'être négligeable: croissance économique, industrialisation, amélioration des conditions de vie. De surcroît, à la différence de son oncle, il libéralise son régime dans les années 1860. Sans la catastrophe de Sedan, l'empire aurait pu s'enraciner et la couronne passer à l'héritier du trône impérial. Une synthèse de la monarchie et de la démocratie, c'est la formule que cherchaient à tâtons les Français depuis 1789. Malheureusement, Napoléon III a fait oublier son bilan intérieur par sa politique étrangère aventureuse et chimérique. Il a été écrasé par son nom. La personnalité de Napoléon III reste difficilement déchiffrable.

    Quel regard la IIIe République porte-t-elle sur Napoléon Ier ?

    La IIIe République se fonde contre le régime qui l'a précédée. Déjà, Michelet, ardent républicain, considérait que Napoléon Ier avait confisqué la Révolution. Michelet aimait ce mot du révolutionnaire Anarchasis Cloots: «France, guéris-toi des individus!» Le mot «individu» signifie ici «sauveur». La quête de l'homme providentiel est un legs de la monarchie: Robespierre, Napoléon Ier, Napoléon III… Michelet voyait dans l'engouement périodique des Français pour les «sauveurs» un signe d'immaturité. De même, pour Jules Ferry, Napoléon, c'est le despotisme, l'aventure personnelle, la guerre permanente. Mais la préoccupation principale de ce grand lecteur de l'historien Edgar Quinet reste de dissocier l'idée républicaine de toute complaisance envers la Terreur, très perceptible encore en 1848. Ce sera la tâche des historiens républicains, de Lavisse à Aulard. Dans la mémoire collective, toutefois, Napoléon demeure une gloire nationale, tantôt héritier de la Révolution, tantôt principe d'ordre, et toujours «professeur d'énergie» comme disait Barrès.

    D'où vient cette hantise du déclin qui s'exprime dans notre pays depuis Waterloo ? L'idée de «La France qui tombe», pour reprendre le titre d'un essai à succès, correspond-elle à une réalité ?

    Ce sentiment du déclin se développe surtout après la défaite de 1870-1871. Le traumatisme de l'invasion et de la Commune est profond. Bouvard et Pécuchet, c'est, pour Flaubert, une façon de s'interroger sur les causes du désastre. Taine écritLes Origines de la France contemporainepour répondre à cette question, et Renan La Réforme intellectuelle et morale. La rupture de 1870-1871 ouvre une période de conflits intérieurs permanents: République contre monarchie, crise boulangiste, affaire Dreyfus, séparation de l'Église et de l'État. Après la parenthèse de la Grande Guerre et de l'Union sacrée, les querelles intestines reprennent de plus belle, dans les années 1930 comme pendant la guerre froide. Après 1945, Bernanos écrit que les Français ont renoncé à tout et que c'est fini. La France connaît une crise permanente et le sentiment d'être arrivée au bout de son histoire.

    La France souffre-t-elle d'un « surmoi napoléonien » qui l'épuise?

    La France est une civilisation brillante, « mieux qu'un peuple, une nation », disait Bainville, mais sans aucune cohésion politique. Notre pays n'a pas été uni par le consensus mais par l'autorité et par l'État (longtemps monarchique). D'où la prédilection nationale pour les grands hommes, de Jeanne d'Arc à de Gaulle, qui, dans les temps de crise, lui confèrent une unité qu'il n'a pas. La France n'est pas l'Angleterre, unie autour de ses droits et de ses libertés, ni l'Allemagne, unie par sa langue et sa culture. Ce trait culturel a toujours existé. L'histoire de France est l'histoire de ses divisions. Mais le problème a empiré depuis 1792 car la monarchie était un verrou, un principe d'unité qui s'opposait aux forces centrifuges. Aucun régime n'a été tout à fait légitime depuis. 1830 et 1848 sont davantage des émeutes que des révolutions. Le pouvoir cède très vite. Aujourd'hui encore, si la République n'est plus contestée, elle ne suscite pas forcément d'adhésion active. Il n'y a pas de consensus profond autour d'un projet politique pour la France. C'est l'une des «exceptions françaises» qui étonnent tant nos voisins. 

     

    * Grand historien de la Révolution française et de l'Empire, Patrice Gueniffey, ancien élève de François Furetest, est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il a également dirigé le Centre de recherches politiques Raymond-Aron. Son dernier ouvrage, «Bonaparte» (Gallimard, 862 p., 30 €), a reçu le grand prix de la biographie historique 2013. Parmi ses ouvrages qui ont le plus marqué figurent La Politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire, 1789-1794 (Fayard, 2000) et Le 18 Brumaire (Gallimard, collection Les journées qui ont fait la France, 2008).

    Par Guillaume Perrault Le Figaro  

     

  • Affaire Vincent Lambert et Cour Européenne des Droits de l’Homme, par Jacques Trémolet de Villers

     

    jacques%20tremolet%20de%20villers%203.jpgLe 5 juin 2015, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a refusé de condamner la France, à raison de l’arrêt du Conseil d’Etat qui autorisait la mise à mort de Vincent Lambert. Cette décision est lourde de conséquences, qui ne sont pas toutes négatives. Sur les dix-sept juges composant la grande Chambre, cinq, exprimant une opinion dissidente, ont dit l’essentiel. D’abord que cet arrêt enlevait à la Cour le droit de se prévaloir de son titre « Droits de l’homme » et d’être « la conscience de l’Europe ». Ensuite, de façon très pragmatique mais très exacte « nous ne comprenons pas… pourquoi le transfert de Vincent Lambert dans une clinique spécialisée (la mission de Santé Bethel où l’on pourrait s’occuper de lui et donc soulager l’Hôpital universitaire de Reims) a été bloqué par les autorités ».

    La Cour Européenne des Droits de l’Homme n’a pas été, et ne sera jamais « la conscience de l’Europe ». Elle n’est pas non plus, malgré son ambition excessive, la super Juridiction plus souveraine que nos instances portant ce qualificatif « Conseil d’Etat et Cour de Cassation ». A l’image de l’Union Européenne, elle est une institution sans âme, sans histoire, sans autorité – que cinq juges le proclament souligne cette réalité. Si la Cour Européenne des Droits de l’Homme avait eu le courage de trancher les questions qui lui étaient soumises en se faisant le défenseur de la vie humaine, elle aurait gagné cette autorité. Elle ne l’a pas fait. C’est douloureux pour ceux qui l’ont saisie, mais c’est dans l’ordre des choses. Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes et des fonctionnaires internationaux pour une cour de justice souveraine.

    Mais ces juges dissidents ont souligné l’incroyable excès de pouvoir qui, aujourd’hui, en France, interdit à la famille d’un malade le libre choix de l’établissement où seront prodigués les soins nécessaires. On a écrit à juste titre que la peine de mort avait été rétablie pour Vincent Lambert. Il faut ajouter que c’est la peine de mort en prison.

    Les familles qui vivent des évènements semblables sont unanimes à témoigner du combat qu’elles doivent livrer sans cesse, non contre des médecins ou des infirmiers qui, dans l’ensemble, ont à cœur de faire leur devoir, mais contre l’invraisemblance des règlements, arrêtés, contraintes, qui ajoutent à leur souffrance déjà immense, une fatigue qui peut devenir insurmontable. Avant d’être judiciaire, comme le font remarquer ces cinq juges, le cas de Vincent Lambert appelle à une réflexion pratique à laquelle, seule, une autorité politique pourrait répondre. L’administration des choses, en tous domaines, même dans la santé publique, aboutit presque fatalement à la confection de nœuds gordiens que personne ne parvient à dénouer, les juges -fussent-ils européens ou simples nationaux- moins que tous les autres.

    On s’en souvient. Ce fut Alexandre qui trancha, d’un coup d’épée souverain, le nœud gordien.

    Les malades dont personne ne veut plus, les plus pauvres d’entre les pauvres, aujourd’hui comme toujours, en France, attendent un Prince.