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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1520

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • MEDIAS • Chantage au roi, vu du Maroc

     

    Eric Laurent – Catherine Graciet : les journalistes prédateurs !

    Les médias ont déjà largement évoqué cette ténébreuse affaire où deux journalistes français n'ont pas le beau rôle. Se sont-ils simplement livrés à un vulgaire chantage envers le roi du Maroc, ou, comme l'a envisagé maître Dupond-Moretti, l'avocat du royaume, ont-ils aussi été instrumentalisés par quelque entreprise terroriste ou autre de déstabilisation du royaume chérifien ? L'affaire serait alors beaucoup plus grave. Voici, en tout cas, ce qu'en dit le 360, le plus important média francophone du Maroc, sous la signature de Mohamed Chakir Alaoui. 

     

    cateteric.jpgIls ont tenté de faire chanter Mohammed VI en brandissant la menace de publier un livre à charge contre le royaume, mais sont tombés dans leur propre piège. Les détails d’une affaire qui décrédibilise complètement ces journalistes qui s’autoproclament spécialistes du Maroc.

    L’affaire d’Eric Laurent, interpellé cet après-midi, en flagrant délit de tentative d’extorsion de fonds au roi Mohammed VI commence à livrer ses secrets. Le360 a pu avoir accès à plus de détails concernant cette histoire inédite où un duo de journalistes a poussé l’audace jusqu’à tenter de faire chanter un chef d’Etat. 

    « Le 23 juillet dernier, Eric Laurent a pris contact avec le secrétariat particulier de Sa Majesté », nous confie une source proche du dossier. Et d’ajouter : « Il a annoncé qu’il détenait des informations explosives concernant le royaume et a insisté pour décrocher un rendez-vous ». 

    Le palais a mandaté alors un avocat pour rencontrer le journaliste. Rencontre qui a effectivement eu lieu le 11 août dernier et durant laquelle Eric Laurent est allé droit au but. « Vous savez que Catherine Graciet ne porte pas particulièrement le Maroc dans son cœur », a lancé Eric Laurent à l’avocat marocain. « Elle détient des informations cruciales concernant le Maroc qui vont être révélées dans un livre que nous écrivons ensemble. S’il vient à être publié, ce livre risque de déstabiliser le royaume », a-t-il poursuivi avant de proposer de convaincre Graciet d’abandonner ce projet moyennant la somme faramineuse de 3 millions d’euros. 

    Bien évidemment, il n’était pas question d’acheter le silence de quiconque pour les autorités marocaines « et encore moins de céder au chantage de deux raquetteurs ». Une plainte a été alors déposée suite à laquelle le parquet de Paris a autorisé une enquête en mobilisant les moyens de surveillance. 

    C’est ainsi que la deuxième rencontre du 21 août entre l'avocat du palais et Eric Laurent, qui s’est déroulée sous surveillance policière sur ordre du parquet de Paris, a été totalement enregistrée et filmée. Et les propos tenus par l’auteur de « Les mémoires d’un roi » ne laissaient aucune ambiguïté quant à sa tentative de racketter le chef de l’Etat. « Dans l’enregistrement, on voit et on entend clairement le journaliste réitérer son offre de mettre de côté ce projet de livre contre 3 millions d’euros, nous confie notre source. En le visionnant, le parquet de Paris n’a pas hésité un seul instant à ouvrir une information judiciaire ». Il ne restait alors plus que de tendre le piège pour établir le flagrant délit… 

    Rendez-vous a été ainsi donné à Eric Laurent et à sa complice Catherine Graciet, ce mardi 27 août, au restaurant de l’hôtel Raphael à Paris, une des tables les plus courues du 16ème arrondissement. Pour les appâter, l'avocat a expliqué à Eric Laurent que le Maroc était prêt à payer à condition de discuter le prix et de signer un engagement non seulement pour abandonner la publication du livre, mais de ne plus écrire un mot au sujet du royaume. 

    Les deux journalistes ont alors accepté l’invitation et ont passé leur temps à marchander, comme le ferait un marchand de tapis, avec l’avocat marocain. Ce dernier joue le jeu à la perfection comme le ferait un agent infiltré. Il fait parler les co-auteurs de « Le roi prédateur » pendant que le magnéto autorisé par la justice française enregistre une nouvelle fois toute la conversation. Il se met d’accord avec les deux journalistes prédateurs sur la somme de 2 millions d’euros, leur fait signer le document où ils s’engagent de ne plus parler du Maroc et leur remet chacun une enveloppe blanche contenant la somme de 40.000 euros. Autant de pièces à convictions qui sont saisies sur le duo Laurent – Graciet quand ils sortent du restaurant. 

    Désormais les deux journalistes sont poursuivis pour « chantage et tentative d'extorsion de fonds » et risquent gros. Pour défendre les intérêts du royaume, le dossier a été délégué à Maître Eric Dupond-Moretti. C’est lui d’ailleurs qui a révélé cette affaire au micro de RTL. 

    Mohamed Chakir Alaoui

     

  • CULTURE & HISTOIRE • Luminessences d'Avignon : quand les murs parlent

     

    Par Richard de Seze*

    Richard de Seze partage son émerveillement pour la ville d'Avignon, narrée par le spectacle de son et lumière Luminessences qui a lieu du 12 août au 3 octobre 2015 au Palais des Papes d'Avignon. Allez-y donc, vous qui habitez la Provence et les terres voisines ou vous qui y passez. C'est notre conseil.  LFAR  

    En Avignon, les murs du Palais des Papes parlent. Ils racontent leur histoire : les Papes et Jean Vilar, Mistral et les Rois, Avignon et la Mort. Ils racontent ce qu'ils ont vu et abrité, du plus magnifique au plus sordide, du plus incroyable au plus beau. Loin de mettre à plat l'histoire, de niveler les époques, d'effacer les références, ils parlent avec la tranquille assurance de leurs sept siècles d'existence, sacrifient volontiers l'écume des dernières années pour se concentrer sur ce qui doit être inoubliable, sur ce qui doit être sauvegardé. Comme le dit Jaccottet,

    « L'ouvrage d'un regard d'heure en heure affaibli

    N'est pas plus de rêver que de former des pleurs,

    Mais de veiller comme un berger et d'appeler

    Tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort. »

    Réveillés en 2013, sortis de leur torpeur, les murs ne rêvent plus mais font pleuvoir sur les spectateurs un déluge d'images et de sons, comme s'ils avaient décidé de restituer en à peine trois quarts d'heure la quintessence des siècles où Avignon florissait. Dans la cour, chaque mur se fait écran mais aussi fenêtre ouverte sur ses trésors. Ils racontent leur construction, ils montrent les manuscrits, ils évoquent les fantômes, ils peuplent chaque mètre carré de figures, de couleurs, d'animaux qui bondissent, d'arbres qui s'épanouissent et d'immenses queues de paon ; les étoiles pleuvent, le feu jaillit, les eaux montent. Un bleu céleste qui n'a rien à envier à Chartres transforme chaque paroi en page cependant que chaque fenêtre est soulignée d'arabesques et supporte un saint, un archer ou un lion: des partitions dorées relient les miniatures qui ont pris vie et la musique éclate.

    Les Luminessences sont un spectacle immersif d'une qualité rare. La technique de la projection vidéo est transcendée, avec des images d'une précision stupéfiante, appliquées avec minutie sur des reliefs de quelques centimètres. L'inventivité est permanente: les murs sont présents ou s'effacent, révèlent ce qu'ils contiennent ou s'amusent à devenir une architecture fantastique à la Piranèse, le fleuve du récit prenant plaisir à toujours surprendre en mobilisant rarement deux fois les mêmes effets. “Féérique” serait parfait s'il n'était pas galvaudé car toute la démarche ressemble à un conte, où les objets sont animés, où les visions surgissent, où les génies agissent. L'idée même d'un monument prenant la parole pour se raconter, fantasque à souhait, s'incarne dans cette narration si spéciale, qui tient à la fois de l'exposition et du film pédagogique, de l'évocation historique et du témoignage.

    Les quatre murs sont indépendants, le récitatif unifiant la perception pendant qu'on tourne sur soi-même, attentif à suivre la course d'un motif ou à découvrir ce qui se passe dans son dos. Plongés dans un bain d'images, réellement au cœur de l'action, les spectateurs passent d'Avignon sous le soleil à une bibliothèque fantastique ou à des murs qui s'écroulent. Le commentaire souligne ce qui doit être compris, n'hésite pas à être mélodramatique et insiste avec sagesse sur un devoir de mémoire, sur la nécessité de s'inscrire dans une histoire qui dépasse les spectateurs et leur présent. Un enseignement et une émotion que peuvent partager cette année les touristes étrangers puisque le spectacle leur est proposé en anglais trois fois par semaine, une attention rare et pourtant si nécessaire.

    Les spectateurs - les participants, plutôt, car on ne peut se contenter d'être spectateur - comprennent tous la leçon et ce qui a été réveillé et suscité ne risque plus de se perdre. Ils portent désormais en eux le Palais qui les a accueillis, la France, Avignon, sa foi et ses papes. C'est ce que vise explicitement le créateur, Bruno Seillier, attentif à souligner le ciment spirituel de cette aventure de pierres. Cofondateur d'Amaclio, qui produit et réalise ce spectacle, il vise toujours à toucher le cœur et à solliciter l'intelligence. Au total, avec La Nuit aux Invalides et Les Ecuyers du Temps à Saumur, dont il est également l'auteur, il a séduit et convaincu plus de 330 000 spectateurs en 3 ans. Car la sensation d'émerveillement ne doit pas s'arrêter (et ne s'arrête pas) aux effets, elle doit en pénétrer les causes. Embrassant sept siècles, le texte d'Avignon réussit à exposer les racines, historiques et religieuses, sans pour autant en figer le développement: la magie du lieu, révélée en 1947 par Jean Vilar, est présentée comme le juste prolongement de son génie spécifique, lentement distillé et transformé pourvu que les hommes en aient conscience. Chesterton évoquait « La tradition [qui] signifie donner des votes à la plus obscure de toutes les classes, à nos ancêtres. C'est la démocratie des morts. La tradition refuse de se soumettre à la petite et arrogante oligarchie de ceux qui n'ont fait que de naître .» Les Luminessences retissent un lien social aussi précieux qu'oublié: celui qui nous lie à notre passé et peut étoffer notre présent.

    Les Luminessences d'Avignon, tous les soirs du 12 août au 3 octobre 2015 au Palais des Papes d'Avignon, www.lesluminessences-avignon.com 

    * Richard de Seze    

    Richard de Seze, consultant en communication dans une agence parisienne, fait partie du groupe Jalons. Il est le co-auteur, avec Basile de Koch, du Cahier de vacances catho, paru en 2015 aux éditions du Cerf.       

     

  • HISTOIRE • 20 h 55 MARDI, SECRETS D'HISTOIRE : Louis XIV, l'homme et le roi

     

    Ce sont deux émissions de Stéphane Bern que l'on pourra regarder mardi prochain sur France 2. Deux évocations successives de Louis XIV à l'occasion du trois-centième anniversaire de sa mort. Il y en aura d'autres, dans les semaines et mois qui viennent, par exemple sur Arte qui en annonce une série. L'on apprécie plus ou moins les réalisations de Stéphane Bern selon qu'on considère l'ampleur de son travail de vulgarisation - indéniablement positive - de notre Histoire, particulièrement celle de l'Ancien Régime, ou que l'on s'agace de ce qu'il apparaisse superficiel, qu'il ait le don de peopleliser tout ce qu'il touche, bref, que son style et ses façons déplaisent. Chacun jugera. Mais nous ne pouvons que conseiller à nos lecteurs de regarder les deux émissions dont voici la bande-annonce et les présentations. 

     

     

    Dans une première émission "Louis XIV, l'homme et le Roi", Stéphane Bern nous fait découvrir pas à pas l'itinéraire fascinant du Roi-Soleil, son enfance, sa prise du pouvoir, sa conception de l'Etat et de la monarchie absolue de droit divin qu'il entend incarner, ses batailles, nombreuses, ses amours, tumultueuses, et son goût tout aussi passionné pour les arts, l'architecture, les jardins, la musique ou la danse...

    Tout cela constitue l'héritage de Louis XIV qui est considérable. Il va inspirer des souverains comme des artistes un peu partout dans le monde. Et certains de ses choix ou de ses décisions vont avoir des conséquences politiques bien après son règne et même jusqu'à nos jours !
    Le château de Versailles vous ouvrera ses portes pour évoquer son créateur. Mais nous ferons revivre aussi pour vous des lieux disparus et chargés de symboles comme Marly, le château de Clagny, le Trianon de Porcelaine ou la Ménagerie Royale !

    Grâce aux témoignages des historiens les plus reconnus et à la visite de ces chefs d'œuvre du patrimoine, c'est Louis XIV dans son intimité que vous allez rencontrer.

    Et pour que le portrait soit complet, le grand  comédien Jacques Sereys a accepté d'endosser les habits du monarque pour vous faire entendre tout au long de cette émission la pensée de Louis-le-Grand... Grâce à ses propres confidences, aux mémoires de Saint-Simon ou aux lettres de la Princesse Palatine, il nous est possible de restituer le raisonnement très personnel de ce roi qui va régner sur la France pendant 72 ans !

    Il y a exactement 300 ans, le 1er Septembre 1715, le roi Louis XIV rend son dernier soupir, au château de Versailles, dans l'extraordinaire monument qu'il dédie à sa gloire et au rayonnement de la France.

    Dans un deuxième épisode de SECRETS D'HISTOIRE diffusé juste après "Louis XIV, l'homme et le Roi", Stéphane Bern vous entraine au château de Versailles, le 1er septembre 1715. 

    Dans sa chambre au centre du palais, le vieux roi Louis XIV se meurt. Il a 77 ans. Avec lui prend fin, il y a exactement trois cents ans, l’un des plus longs règnes de l’histoire. 

    De ses maladies et ses médecins (c'est beaucoup dire…) à sa longue agonie et ses funérailles grandioses, de la bataille rangée autour de son testament à son bilan contesté, sans oublier les frasques de la régence qui s’annonce, Stéphane Bern et Secrets d’Histoire nous dévoilent ce qui fut le dernier grand spectacle du roi-soleil. Un moment crucial, que beaucoup considèrent comme l’un des actes de naissance de notre France moderne… 

     

  • A propos de la Lettre de Lafautearousseau

     

    Un problème d'ordre proprement technique - non encore résolu - a bloqué ces jours derniers l'envoi quotidien de la lettre de Lafautearousseau. Elle est de fait suspendue depuis le 20 août.

    Nous espérons régler la question très rapidement et reprendre au plus tôt nos envois de chaque jour. Merci aux inscrits de leur compréhension !

    Bien-sûr, il vous est de toute façon possible de lire Lafautearousseau au quotidien, quand vous le souhaitez, en l'intégrant à vos favoris ou très simplement en le recherchant sur Google. Bonne lecture à tous !

    Lafautearousseau   

     

  • Alerte rouge sur le monde ... entre réalisme et illusions

     

    Après de longues vacances, la matinale de France Inter, est de retour, avec Patrick Cohen entouré des clercs de son équipe, habiles à dire le dogme. Celui du politiquement correct, bien-sûr. Pourquoi nous y intéressons-nous ? Tout simplement parce qu'elle est en France la première du genre et touche près de quatre millions d'auditeurs.

    Bernard Guetta aussi est de retour, dans un contexte mondial qui n'est pas rose du tout et met à la peine son optimisme messianique natif. Ainsi, depuis quelques lustres, s'est-il habitué à osciller entre réalisme contrit et illusions persistantes. Et c'est ce qu'il fait avec talent dans la chronique qui suit, d'hier jeudi. Fondamentalement, on le verra, les situations dictent son réalisme. Et ses remarques ne manquent pas d'intérêt. Ses illusions ? La démocratie à l'occidentale dans le monde entier, la marche inéluctable des peuples vers elle à travers leurs révolutions obligées, l'Union (européenne), réputée elle aussi irréversible et, in fine, la prétendue communauté internationale, la gouvernance de l'ONU, l'unité du monde, dans la paix et la prospérité, naturellement partagées.

    Réaliste Guetta l'est plus qu'Alain Minc, Hollande, Merkel ou Macron, quand il analyse la crise chinoise et les répercussions intérieures et extérieures, pas seulement économiques, mais aussi politiques, et géopolitiques, très graves et très profondes qu'elle peut avoir. Il a raison de signaler le risque que se rouvrent les plaies toujours à vif de l’histoire asiatique. Peu de politiques ou d'observateurs seront capables d'envisager l'avenir dans cette dimension, ne connaissant plus l'Histoire.

    Il est réaliste lorsqu'il souligne les actuelles difficultés de la Russie qui sont patentes. Mais il redevient idéologue lorsqu'il oublie de noter que les Etats-Unis et l'Europe les ont stupidement aggravées par leur politique systématiquement hostile à la Russie. Les sanctions que nous lui avons appliquées, nous autres Français et Européens, à l'instigation pressante des Américains, sont retombées comme en boomerang sur nos industries et nos agriculteurs. Elles nous ont nui probablement plus qu'aux Russes... « La seule arme dont [la Russie disposerait] est son pouvoir de nuisance sur la scène internationale qu’elle exerce aussi bien en Syrie qu’en Ukraine. » Mais comment accepter sans discuter une proposition aussi dogmatique - qui n'est, en fait, que polémique ? Que dire de notre politique en Syrie ? Et de notre interventionnisme actif dans les pays jadis sous domination russe ?      

    Réaliste, Bernard Guetta l'est encore lorsqu'il constate l'interminable chaos dans lequel le Proche-Orient s'enfonce toujours plus. Il néglige le fait que nous avons grandement contribué à l'y installer, par nos interventions désastreuses et ratées en Irak, en Afghanistan, en Libye .. Et par le mythe largement formé en Europe des printemps arabes, que nous aurions stupidement voulu appliquer à la Syrie, après qu'il n'ait été ailleurs qu'une illusion. On en voit, partout, les résultats.  

    Parmi ces derniers, l'invasion massive de l'Europe par ceux qui fuient misère et chaos. Oh ! Guetta ne peut manquer de constater le phénomène, qui bouscule ce havre de paix qu'est l'Union. Cette chère Union qui n'en est pas une, où chacun - chacun pour soi - hérisse partout des murs, des barbelés et des contrôles.   

    Alors, on verra comment Bernard Guetta guette les lueurs d'espoir. « L’Onu vient d’imposer un accord de paix au Soudan du Sud, la diplomatie tente de reprendre la main en Syrie, l’Europe pourrait bien sortir renforcée des épreuves qu’elle accumule. »  Etc.

    La vérité est toute simple : l'ordre du monde n'est pas ce que croit Bernard Guetta. Voilà tout.   Lafautearousseau 

     

     

    Si vous préférez lire ... 

    Alerte rouge sur le monde

    « On n’aime pas dire cela. Si vacillante soit-elle, il est infiniment plus utile au débat public de montrer la lumière au bout du tunnel que son inquiétante obscurité mais tous les voyants du monde, les faits sont là, sont au rouge.

    Dans l’ordre de gravité, il y a d’abord la crise chinoise. On peut vouloir la relativiser pour ne pas alimenter la panique des marchés. François Hollande, Angela Merkel et bien s’autres s’y emploient mais cette crise va s’approfondir, lentement mais sûrement, parce que la spectaculaire phase de croissance de la Chine a pris fin et que son régime de parti unique ne dispose d’aucune soupape de sécurité, ni sociale ni politique, pour canaliser le mécontentement puis la colère qui en découleront. Au-delà même des problèmes intérieurs qui s’annoncent, la déconfiture de la deuxième économie du monde aura des répercussions sur les cinq continents et le pouvoir chinois pourrait bien avoir, un jour, à tenter de se survivre en jouant du nationalisme et rouvrant les plaies toujours à vif de l’histoire asiatique.

    La Russie, deuxième sujet d’inquiétude, n’est pas en bien meilleure forme. Le pays le plus étendu du monde n’en finit plus de voir sa bourse et sa  monnaie dégringoler car les sanctions occidentales prises après l’annexion de la Crimée ont accentué de profondes difficultés structurelles liées au manque d’investissements et à une totale dépendance au cours des matières premières dont la crise chinoise va maintenant accélérer la baisse. La Russie ne sait pas où elle va, ne sait pas ce qu’elle veut, et la seule arme dont elle dispose est son pouvoir de nuisance sur la scène internationale qu’elle exerce aussi bien en Syrie qu’en Ukraine. 

    Ensanglanté, troisième problème, par les crimes du régime syrien et ceux de l’Etat islamique, le Proche-Orient paraît toujours plus s’enfoncer dans un interminable chaos. On le sait. Inutile de s’étendre sur ce chapitre mais la nouveauté, quatrième problème, est que les ricochets de ces conflits ont maintenant atteint l’Europe. Parce qu’ils n’ont plus d’autre moyen d’échapper à la mort et que rien ne les arrêtera donc, des centaines de milliers de réfugiés, hommes, femmes et enfants, se bousculent aux portes de ce havre de paix qu’est l’Union. 

    En coordonnant ses efforts, l’Union européenne pourrait parfaitement bien relever ce défi mais force est de constater qu’il met à l’épreuve la solidarité de ses Etats, révèle la lourdeur de ses processus de décision et nourrit ses nouvelles extrêmes-droites, promptes à dénoncer des terroristes en puissance dans ces malheureux qui, pourtant, fuient la terreur. 

    Tout cela ne veut bien sûr pas dire que l’apocalypse soit pour demain. La sagesse, après tout, a fini par prévaloir dans les négociations grecque et iranienne. L’Onu vient d’imposer un accord de paix au Soudan du Sud, la diplomatie tente de reprendre la main en Syrie, l’Europe pourrait bien sortir renforcée des épreuves qu’elle accumule mais, pour l’heure, non, il y a peu de lumière au bout du tunnel. » 

     

  • Héroïsme, stress et courage

     

    Par François Reloujac

    Les médias et les hommes politiques ont, à juste titre, salué l’héroïsme des personnes qui sont intervenues dans le Thalys pour empêcher un terroriste présumé de passer à l’acte. Mais si tout a été dit et même probablement au-delà du raisonnable pratiquement personne ne s’est intéressé à ce qui a conduit des individus apparemment ordinaires à se conduire comme des héros.

    Interrogé sur une chaîne d’information par un journaliste qui lui demandait ce qu’il faudrait faire au cas où l’on se trouverait confronté à un drame de même nature, un ancien responsable du GIGN a répondu, « si l’on ne sait pas gérer son stress, surtout il ne faut rien faire ». Et il avait parfaitement raison. Confronté à ce type de situation toute personne normalement constituée a peur. Il lui faut donc du courage pour surmonter cette peur et pouvoir affronter la réalité qui se présente à elle avec des chances de succès. Si l’on n’a pas cette qualité de cœur, toute intervention risque, à l’inverse, de précipiter les catastrophes. Et quand on a la franche humilité de reconnaître que l’on n’a pas la force d’âme suffisante pour surmonter sa peur, le vrai courage peut être de surtout ne rien faire pour ne pas risquer d’entraver la réaction de ceux qui agissent. Mais, attention, car il y a du courage à ne pas agir si d’autres agissent. Si personne n’agit nous ne sommes plus en présence de courage mais à l’inverse de pusillanimité voire même de lâcheté.

    Dans le cas de l’affaire du Thalys, quatre héros ont directement ou indirectement expliqué ce qui les a fait agir et ce qu’ils ont dit mérite d’être médité.

    L’un des militaires américains a expliqué : « Je n’ai pas pensé, j’ai agi ». Nous sommes là en présence de quelqu’un de bien formé et parfaitement entraîné pour faire face aux situations les plus graves. Il est intéressant de noter qu’au moment où il est intervenu, il n’était pas personnellement et directement menacé. Il a donc agi pour défendre les autres. Mais ce vrai soldat avait une autre qualité, celle de meneur d’hommes car, si l’on en croit un de ses camarades qui l’a suivi, « il nous a dit : on y va ? » ; « on y va ! » Et les deux autres y sont allés aussi.

    Le citoyen britannique a réagi différemment puisque, nous a-t-il confié, il a immédiatement pensé qu’il allait mourir, alors il s’est dit : « Quant à mourir, autant que ce soit utile ».

    Quant au professeur franco-américain qui est intervenu le premier et qui a été blessé, sa femme nous a expliqué qu’ayant aperçu ce qui se passait sur la plateforme, il lui a dit avant de passer à l’acte : « mets-toi à l’abri, cette fois c’est sérieux ». Cette réaction est remarquable car elle montre bien qu’il a agi consciemment pour protéger véritablement les autres, et notamment son épouse, et qu’en même temps il l’a fait avec une délicatesse suffisante pour ne pas l’affoler. Et d’ailleurs, dans sa courageuse lucidité, il a essentiellement cherché à désarmer l’agresseur, ce qu’il a réussi. Il ne savait pas que ce dernier avait d’autres armes sur lui.

    Oui, toutes ces personnes méritent d’être honorées, mais il n’est pas suffisant de dire qu’elles se sont bien conduites ; elles ont donné à toute la population une véritable leçon. Saurons-nous comprendre ce qui a fait leur grandeur et nous en inspirer pour notre vie de tous les jours ? Car le courage est peut-être remarquable dans des circonstances exceptionnelles, mais il se forge dans la pratique quotidienne. 

     

  • Terrorisme : Il n’y aura pas toujours des héros...

     

    Le point de vue de  Mathieu Bock-Côté* 

    Plusieurs réflexions de Mathieu Bock-Côté ont déjà été publiées dans ce blog. Elles vont toujours à l'essentiel et nous y retrouvons nos propres réactions aux évènements, aux grands problèmes de nos sociétés. Cet intellectuel québécois suit de très près les affaires françaises et européennes. Toujours avec beaucoup de réalisme et de lucidité. « Eduquer les hommes au courage » est-ce possible ? « L’individu contemporain, jouisseur hédoniste et relâché », sera-t-il capable de « faire face au tragique » ? Ce sont ces questions qui sont posées ici. Mathieu Bock-Côté a raison de rappeler qu' « on ne fait pas la guerre paisiblement » et qu' « il faudra aussi savoir réveiller les vertus nécessaires aux temps difficiles.» Mais, comme on vient de le voir, l'épreuve peut s'en charger. LFAR

      

    d36b44e4-c254-41b5-8047-372960cb8aa9_AUTHOR_PHOTO_WEB.jpgLes mois se suivent et se ressemblent : il y a quelques jours, le 21 août, dans un train reliant Amsterdam à Paris, Ayoub El Khazzani, un homme d’origine marocaine, associé à la mouvance islamiste la plus radicale, a cherché à provoquer un carnage. Dans ses bagages, il y avait un fusil d’assaut AK-47, un pistolet et les munitions nécessaires à une exécution de masse. Par miracle, il n’y a eu que des blessés. Je reviendrai un peu plus bas sur ce miracle ce qu’il révèle de nos sociétés.

    Comme d’habitude, on nous sort la même excuse : c’était un paumé, un exclu, un taré. Son avocate en a rajouté : c’était un clochard, un pauvre hère qui aurait trouvé un sac plein d’armes dans une gare et qui aurait eu soudainement l’idée de rançonner les passagers. C’est à tout le moins la ligne de défense suivie par son avocate. Un peu plus et elle en fera une victime. Les autorités belges ne se sont pas laissé bluffer par une telle rhétorique : c’est de terrorisme dont il est question. Le pouvoir socialiste, en France, s’est montré plus timoré. On ne feindra pas la surprise.

    On ne semble pas comprendre, dans la société occidentale contemporaine, que  la force d’une idéologie radicale comme l’islamisme vient justement de sa capacité à exciter et fanatiser les éléments antisociaux à son avantage, ceux qui cherchent souvent une raison de verser dans la violence. L’islamisme radical, pour emprunter les mots de Jean Baechler, excite la « canaille » et transfigure son nihilisme au service d’une cause. La révolution islamiste n’avance pas en misant sur les classes moyennes bedonnantes. Il suffirait de lire les grands stratèges révolutionnaires pour constater qu’ils en étaient les premiers conscients.

    C’est l’intervention providentielle de trois marines américains qui a permis d’éviter la catastrophe. Ils n’étaient évidemment pas en service, mais manifestement, leur entrainement n’était pas loin. En eux, le ressort civique était bien tendu. Ils ont risqué leur vie pour sauver la vie des autres. On aurait envie de chanter avec Michel Sardou: « si les Ricains n’étaient pas là…». Ce sont des héros. Dans les jours qui ont suivi, l’antiaméricanisme français était peut-être moins virulent qu’à l’habitude.

    On nous dira: rien de surprenant, les militaires sont faits pour ça. On ajoutera alors qu’un Britannique de soixante ans, qui était sur les lieux, s’est joint à l’opération improvisée. Personne ne sait exactement ce qui s’est passé dans son esprit, pourquoi il a risqué sa vie plutôt que se terrer derrière un siège. Le courage se constate davantage qu’il ne s’explique. Il touche les fibres intimes de l’être. On se réjouira quand même de constater que de tels hommes, qui répondent à un appel intime, celui de la protection de leur prochain, existent encore.

    Apparemment, les employés du train n’ont pas été aussi prompts. Tous aux abris ! On ne saurait toutefois le leur reprocher. On ne sait jamais à l’avance comment on réagirait devant un tel péril ? On a beau plastronner à l’avance et faire des rodomontades en disant qu’on aurait cherché à maîtriser le terroriste, on n’en sait absolument rien. Devant l’épreuve du feu, certains hommes tiennent debout, d’autres les suivent, justement inspirés, et les derniers tremblent jusqu’à s’effondrer. Tous ne sont pas faits pour la guerre.

    Y a-t-il néanmoins moyen d’éduquer les hommes au courage, de leur inculquer cette vertu, de les préparer à des événements semblables ? Peut-être que oui, peut-être que non. En un sens, le service militaire préparait l’homme à une telle éventualité. Il n’a plus la cote. Et on peut croire que l’individu contemporain, jouisseur hédoniste et relâché, n’est pas particulièrement préparé à faire face au tragique. Et pourtant, la bête humaine est compliquée. Quelquefois, ce sont des hommes de rien qui dévoilent leur meilleure part dans l’épreuve.

    Une chose est néanmoins certaine : il n’y aura pas toujours des héros. Je devine qu’il faut s’y faire : demain, après-demain ou l’an prochain, un terroriste islamiste entrera dans un wagon de train, ou dans un supermarché, puis il tirera sur tout ce qui bouge. À moins que les services de sécurité ne l’attrapent à temps et s’ajustent pleinement à la menace djihadiste. Et encore là, on sait bien que certains traverseront les mailles du filet sécuritaire, qui par-dessus tout, gâchera surtout la vie de ceux qu’il doit protéger.

    Thibault de Montbrial, dans son livre très convaincant Le sursaut ou le chaos (Plon, 2015), a dit les choses clairement : la France est en guerre. On dira la même chose de toutes les sociétés occidentales. On n’en tirera aucun slogan. Mais on comprend assurément que nous avons changé d’époque et que le sursaut espéré prendra d’abord le visage d’une grande lucidité. Il faudra savoir nommer l’ennemi. Il faudra aussi savoir réveiller les vertus nécessaires aux temps difficiles. Naturellement, personne ne sait vraiment comment s’y prendre. On ne fait pas la guerre paisiblement. 

     

    * Sociologue, auteur de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). 

    Article issu du blog de Mathieu Bock-Côté.

     

     

  • Humeur • Vidalies et les « heures les plus sombres » : halte à la mauvaise foi

     

    Une humeur légitime d'André Bercoff   *

    Le ministre Alain Vidalies a suscité une polémique lundi après avoir déclaré préférer « qu'on discrimine pour être efficace plutôt que de rester spectateur ». Pour André Bercoff, l'hypocrisie a assez duré. Il a raison

     

    photo.jpgAlain Vidalies, Secrétaire d'Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, aurait, si l'on en croit les réactions indignées d'un certain nombre de ses pairs, levé un gros poisson. L'un de ceux qui pourrissent par la tête. Il a, en effet, osé parler de contrôles discriminatoires, et partant, aux yeux des chevaliers blancs du camp du Bien, rappelant « les heures les plus sombres de notre Histoire ». Qu'un représentant officiel de la gauche gouvernante prononce un mot qui relève du vocabulaire néo-fasciste, suffit à répandre l'indignation.

    Il appert qu'en France, ces temps-ci, un certain nombre d'individus ont tendance à vouloir, pour des raisons diverses et variées, massacrer sans discrimination leurs contemporains dans un train, un supermarché, un hebdomadaire, un musée, une église, et que certains citoyens s'en sont émus, considérant que leur sécurité n'était plus assurée. Comme on ne peut mettre un policier ou un gendarme derrière chaque homme ou chaque femme habitant notre cher et doux pays, il conviendrait donc de multiplier la pose de filets de surveillance afin d'essayer d'attraper les tueurs présumés avant qu'ils ne passent à l'action. L'Europe étant ce qu'elle est et Schengen une passoire, et personne n'ayant les moyens d'étendre les mêmes règles de sécurité existant dans l'aviation, au domaine des transports ferroviaires et métropolitains, on va à la pêche en espérant qu'elle sera miraculeuse.

    C'en est déjà trop pour nos traditionnels Bisounours du pacifisme intégral. Qu'un Valls ose employer des expressions comme « islamo-fascisme » et « guerre de civilisations » est déjà insupportable ; qu'un Hollande ose évoquer les forces du Bien et du Mal en fait évidemment un néo-conservateur déchaîné. Quant à la mise en place d'un numéro vert, dont l'efficacité paraît évidente, elle encourage tout de même la dénonciation anonyme qui rappelle, une fois encore, les années, etc… Remarquons que ceux qui tonnent le plus fort contre ces timides mesures sont les mêmes qui font leurs choux gras de toute lettre anonyme dénonçant tel fraudeur fiscal ou tel conflit d'intérêt. La paille et la poutre, encore et toujours.

    Mais la palme de la lucidité désintéressée appartient comme de juste aux Jeunes Socialistes qui écrivent: « Le terrorisme n'est pas lié à une origine réelle ou supposée ». Ils ont bien raison : Mohamed Merah n'était-il point d'origine suédoise ? Mehdi Nemmouche Cambodgien ? Les frères Kouachi d'origine brésilienne ? Amédy Coulibaly natif de l'Ontario ? Sid Ahmed Glam Islandais de souche ? Ayoub El Khazzani de Vladivostok ? Prétendre le contraire, serait tomber dans le délit de faciès qui rappelle les heures les plus sombres, etc…

    Donc, que faire pour empêcher de futurs massacres, tout en gardant les mains propres ? Rien. Attendre. S'en remettre au facteur chance, aux militaires américains ou à une intervention divine qui transformerait les loups en agneaux. Un certain Albert Camus affirmait que dans des circonstances dramatiques, il préférait sa mère à la Justice. Mais chacun sait que Camus n'était qu'un fieffé réac. 

    André Bercoff     

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en 2014 chez First.

     

  • Chers Djihadistes ...

     

    Au moment où la France est à nouveau affrontée au terrorisme, nous conseillons la lecture intégrale du très beau texte qui suit. Texte en un sens prophétique, de Philippe Muray, publié en janvier 2002. Et déjà repris en deux différentes circonstances par Lafautearousseau.  

    On pourrait le juger démenti par la réaction spontanée de quelques uns des passagers du Thalys Amsterdam-Paris de vendredi dernier. On sait comment ceux-là ont sauté sur le terroriste en action, lourdement armé, lui ont arraché ses armes, l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance, l'ont ligoté et neutralisé. Avec courage, sans états d'âme. Ils n'ont été toutefois que cinq ou six, Français, Américains, Anglais, à avoir eu ce courage. Il s'agit là, sans-doute, d'une réaction d'héroïsme singulier et - malheureusement - probablement non reproductible par beaucoup d'autres ... Nous craignons donc que le message que nous a laissé Philippe Muray n'ait rien perdu de sa pertinence.

    Vincent Trémolet de Villers en a fait le 29 juin au matin, la trame d'un important article du Figaro en réaction aux propos de Manuel Valls qui, après les attentats sanglants du vendredi 26 juin en Isère et en Tunisie, a évoqué « une guerre de civilisation ». 

    Le texte de Philippe Muray a été lu intégralement dans la revue de presse de France Inter et cité par tous les médias. Ce texte pose avec force la question de notre civilisation, ou du moins, de ce qu'elle est concrètement devenue aujourd'hui, en contradiction avec tout ce qu'elle fut, fondamentalement, que Vincent Trémolet de Villers évoque dans son propre article.

    On peut juger très pessimiste la conclusion de Philippe Muray. Il y paraphrase une absurde prédiction de victoire du chef du gouvernement français peu de temps avant que la France de 1940 ne s'effondre face à l'ennemi. Sans-doute, nous ne sommes pas morts. Mais nous y tendons non moins sûrement si nous ne savons pas retrouver les sources profondes de la civilisation dont nous sommes héritiers. Et qui n'a pas grand chose à voir avec cet « Occident » décadent que fustige Philippe Muray, à fort juste et exacte raison. Il nous invite surtout à réfléchir sur nous-mêmes. Et si l'on y réfléchit bien, c'est un texte mobilisateur.   

     

  • Philippe Muray : Chers Djihadistes, craignez le courroux de l'homme en bermuda

     

    3852009619.jpg« Chers djihadistes,

    L'Occident s'achève en bermuda […] Craignez le courroux de l'homme en bermuda. Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien,nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement.  

    Chers djihadistes, chevauchant vos éléphants de fer et de feu, vous êtes entrés avec fureur dans notre magasin de porcelaine. Mais c'est un magasin de porcelaine dont les propriétaires de longue date ont entrepris de réduire en miettes tout ce qui s'y trouvait entassé. […] Vous êtes les premiers démolisseurs à s'attaquer à des destructeurs. Les premiers incendiaires en concurrence avec des pyromanes. […] À la différence des nôtres, vos démolitions s'effectuent en toute illégalité et s'attirent un blâme quasi unanime. Tandis que c'est dans l'enthousiasme général que nous mettons au point nos tortueuses innovations et que nous nous débarrassons des derniers fondements de notre ancienne civilisation.  

    Chers djihadistes, nous triompherons de vous. Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. »

    Philippe Muray

  • Un Républicain réaliste face au Roi d'Espagne...

    © Copyright : DR

    Par Péroncel-Hugoz

    L’opinion espagnole est partagée sur l’institution monarchique mais certains républicains sont raisonnables et tiennent compte de l’existence d’un consistant royalisme populaire.

    « La monarchie figure toujours parmi les institutions les plus appréciées en Espagne (…). J’ai offert au Roi les dévédés de la série « Le trône de fer », en les lui présentant comme un outil d’interprétation de ce qui se passe chez nous… ». 

    Qui parle ainsi, avec un humour déférent, de Sa Majesté catholique, Philippe VI, né en 1968, chef de l’Etat espagnol depuis 2014 ? Eh ! bien, rien de moins que le Senor Pablo Iglesias Turrion, né en 1978, ex-communiste (1994-99), républicain notoire, prof de science politique, député européen et secrétaire général du nouveau parti hispanique d’ultra-gauche Podemos ; il s’exprimait en juillet 2015, à Paris, dans « Le Monde diplomatique », mensuel de gauche indépendant et qui est aussi la publication française la plus lue à travers la planète où elle est diffusée en 20 langues dont l’arabe, l’espagnol, le japonais, le kurde, etc.. Le jeune élu (mais à l’allure « rétro » avec sa queue-de-cheval très Mai-1968…) n’était pas connu jusqu’ici pour son réalisme et son langage « politiquement incorrect », si peu fréquents de nos jours parmi les gauches d’Europe occidentale ou du Maghreb … 

    Dans son article du mensuel parisien, Pablo Iglesias condamne le comportement non seulement contre-productif, de la majorité de la nouvelle gauche espagnole, notamment Izquierda Unida. Comportement observé en particulier, en cette année 2015, lors de la visite officielle du roi Bourbon à l’assemblée de l’Union européenne : « Nous sommes républicains ! Nous ne reconnaissons pas la monarchie [espagnole], nous n’irons donc pas à la réception en l’honneur de Philippe VI, avaient d’emblée proclamé bon nombre des élus espagnols invités à cette manifestation paneuropéenne. Ce à quoi Iglesias retorqua : « Cela nous aliène instantanément de larges couches de la population [espagnole] qui éprouvent de la sympathie pour le nouveau souverain ». 

    En revanche, le chef de Podemos s’est flatté, lui, d’être allé, quoique dans ses vêtements négligés habituels, à l’invitation où il a conversé avec Philippe VI et lui a même offert un dévédé (Voir supra). Et notre élu de conclure, dans « Le Diplo », avec une remarquable intelligence politique : « Bien sûr, c’est une posture délicate à tenir mais c’est la seule qui nous permette de maintenir le jeu politique ouvert, de manœuvrer (…) au lieu d’être relégués dans une position pure mais impuissante ». Philippe VI a bien de la chance d’avoir des adversaires comme Pablo Iglesias ! Le monarque madrilène semblant, lui aussi, jouir d’une assez consistante intelligence politique, la scène espagnole a des chances d’être particulièrement intéressante sous ce nouveau règne… 

    Un exemple récent de l’habileté royale ? Lors de sa visite d’Etat à Paris, en 2015, avec la reine Letizia, Philippe VI (après avoir rencontré les deux hauts responsables français nés espagnols : le Premier ministre Manuel Valls et Mme Anne Hidalgo, maire de Paris) a tenu à inaugurer en personne, à Paris IVe, le Jardin des Combattants-de-la-Nueve, en mémoire de républicains espagnols ayant participé en 1944 à la libération de la capitale française. Non seulement le Roi d’Espagne jouait parfaitement là son rôle monarchique d’arbitre impartial au-dessus des partis et clivages mais, en même temps, lui qui descend directement de Louis XIV, le plus célèbre des « 40 rois qui firent la France », il honorait une belle figure militaire et monarchiste française, le maréchal Leclerc, sous l’autorité suprême duquel se battirent les républicains espagnols de la Nueve… Donc coup double réussi qui n’a pas échappé, en outre, aux monarchistes du monde entier…  

    Péroncel-Hugoz - Le 360.ma

     

  • Chine, la puissance inquiète ... Il n’y a pas que la Grèce, dans le monde…*

     

    Nous avons publié cet article le 21 juillet dernier, il y a donc un peu plus d'un mois. Sous le même titre. Août et sa torpeur ont passé. Et voici que l'actualité rattrape notre sujet. Nous croyons utile de le remettre en ligne, de vous proposer de le lire ou relire. On nous accordera d'avoir visé juste et d'avoir posé de bonnes questions !  

    Cet article - de Jean-Luc Gréau, dans Causeur - nous a vivement intéressés. Il ouvre notre regard et notre réflexion non seulement à l'existant mais aussi à des possibles futurs, fussent-ils inquiétants et en contradiction avec ce que, jusqu'à présent, il a été convenu de penser. Ainsi de la Chine, comme puissance, ou même hyperpuissance de demain. De façon naturellement inélectable. Il suffit de prolonger les courbes, n'est-ce pas ?  

    Mais ici, nous n'avons jamais cru à la théorie de la fin de l'Histoire, ni au primat de l'Economie, ni que la mondialisation, réalité d'aujourd'hui, soit nécessairement le fait devant donner forme au monde de demain, ni qu'elle doive supprimer les peuples, les nations, leurs rivalités et leurs différences, ni qu'elle doive apporter à tous égale prospérité, niveaux comparables de développement et la paix universelle. Peut-être même est-ce tout le contraire.

    Le grain de sable grec a grippé pour longtemps - peut-être définitivement - la machinerie européenne. Qu'en sera-t-il si, démentant le conformisme des prévisionnistes, le géant chinois devait entrer en crise ? Economiquement, on peut l'imaginer. Mais d'autres domaines qui y sont corrélés, devraient appeler l'attention. Par exemple le surarmement dans lequel se sont lancées les puissances asiatiques (Chine, Inde et aujourd'hui Japon). Nous ignorons si Jean-Luc Gréau nous suivrait dans de telles considérations extra-économiques. Qu'il veuille bien nous en excuser. En tout cas, son analyse - qui plus est fort bien écrite - nous a amenés à y réfléchir.  LFAR  

     

    « La Chine m’inquiète » disait la duchesse de Guermantes dans Du côté de chez Swann. Le propos, dérisoire mais divertissant, a fini par devenir vrai quand la Chine a atteint récemment le statut de premier producteur mondial aux côtés et au grand dam des Etats-Unis, après avoir trente cinq années durant élargi et renforcé sa capacité économique.

    En juin cependant, tandis que l’imbroglio grec faisait perdre leur latin aux Européens, les bourses de Shanghai et de Pékin ont offert le spectacle d’un krach qui n’était attendu par aucun des économistes spécialisés. L’effondrement des cotes, de plus d’un tiers en deux semaines, a touché toutes les valeurs et la peur s’est emparée des entreprises qui étaient cotées ou voulaient se faire introduire en bourse.

    Il y avait deux façons d’aborder l’évènement. La première consistait à prendre le mouvement comme une profonde correction survenant après cinq mois de folie qui avaient vu, depuis janvier, les cotes s’élever de 55% environ. Il aurait fallu alors attendre la stabilisation spontanée du marché revenu à plus de réalisme. La seconde consistait à s’alarmer des répercussions du mouvement qui ont eu lieu dans sa foulée : report de toutes les introductions en bourse, report de toutes les augmentations de capital, à commencer par celles envisagées par les entreprises surendettées pour renforcer leur solvabilité. C’est ainsi qu’ont réagi les autorités de Pékin.

    D’abord, en injectant de la monnaie directement vers les brokers à partir des guichets de la banque centrale, ensuite en faisant intervenir un organisme public de marché, le Chinese Finance Securities Corp, ensuite encore en mettant en action les banques commerciales d’Etat, pour un montant de plus de 200 milliards de dollars, enfin en interdisant toute vente durant six mois aux détenteurs d’au moins 5% des actions. Le caractère massif de l’intervention en dit long sur l’inquiétude du pouvoir de Pékin.

    Un mois après la baisse initiale, la perplexité s’est installée. Personne ne sait si la hausse de la cote obtenue grâce aux mesures publiques de soutien du marché va déboucher sur une stabilisation durable. Nous pouvons dire cependant que cette stabilisation sera considérée comme acquise si le mouvement d’introductions et d’augmentations de capital reprend.

    A la faveur de l’épisode, la Chine a cessé de produire l’image d’une puissance orgueilleuse, dominatrice et sûre d’elle-même. Paraphrasant la duchesse de Guermantes, on dira « La Chine s’inquiète ». Elle s’enracine sans doute dans le fait central du surendettement qui touche d’innombrables entreprises liées aux secteurs du logement et des infrastructures. Entre 2008 et 2014, l’endettement global des Chinois a rejoint des niveaux « occidentaux », passant de 140% à 250% du PIB. L’endettement nouveau s’est concentré dans les entreprises et les collectivités locales.

    L’énoncé du problème économique chinois est désormais le suivant : ou bien les autorités de Pékin parviennent à réduire graduellement la croissance, sans la casser, pour contenir la dette des entreprises ; ou bien ils acceptent une fuite en avant consistant à doper sans cesse l’économie du pays, pour repousser l’échéance d’un « crash landing » dont le krach boursier de juin n’aurait été qu’un signal précurseur.

    Il n’y a pas que la Grèce dans le monde, il y a aussi la Chine. 

     

    Jean-Luc Gréau - Causeur

    *Photo : Zhengyi Xie/REX Shutter/SIPA/Rex_Stocks_Soar_China_4900402B//1507101258