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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1520

  • Ils sont fous, ces Anglais ! Retour sur le Royal Baby mais surtout sur la spécificité anglaise, avec Dominique Jamet ...

    La Grande-Bretagne a, ces jours-ci, une double actualité : la naissance du royal baby et l'engouement paradoxal qu'il suscite - dont Frédéric Rouvillois a analysé les causalités hier, ici-même - et la très incertaine consultation qui se déroule aujourd'hui pour élire le 56e Parlement du Royaume-Uni. Dans le billet politico-humoristique qui suit, Dominique Jamet a donné, dans Boulevard Voltaire, sa perception de la spécificité anglaise. Laquelle se caractérise d'abord par ce fait, difficilement exportable chez nous, que le peuple anglais, de façon très naturelle et spontanée, n'a jamais accepté que sa souveraineté et son indépendance puissent être si peu que ce soit amoindries. Dans ou hors de l'Europe n'a pour lui, en ce sens, qu'une relative importance ... LFAR     

     

    3312863504.jpgIls sont fous, ces Anglais. Et pas du chocolat Lanvin, comme feu Salvador Dalí, qui avait dû toucher de substantielles royalties pour se fendre de cette déclaration immortelle et feindre de s’en pourlécher les moustaches. Non, fous d’un royal baby de trois kilos sept cents grammes né sans complications, en toute simplicité, dans une clinique à 7.000 euros la nuit, de la princesse Charlotte Diana Elizabeth, qui pourrait bien devenir un jour leur reine si son arrière-grand-mère, son grand-père, son père et son frère aîné venaient à faire défaut, et qui, à défaut de jamais les gouverner, règne déjà sur leurs cœurs et donne un coup de fouet bien venu à l’économie nationale. Complètement gagas de ce petit bout de chou et prêts à se ruer sur les magazines, les layettes, les mugs, les théières, les assiettes, les robes et les napperons qui rappelleront le considérable événement dont Kate ex-Middleton et duchesse de Cambridge vient d’accoucher.

    Peuple bizarre qui n’hésita pas à décapiter son roi un siècle et demi avant que nous en fissions autant au nôtre mais qui entoure d’une dévotion fétichiste les représentants de la dynastie germano-germanique dont les hasards matrimoniaux ont fait le symbole vivant de l’unité nationale. Peuple curieux qui roule à gauche et vote à droite. Peuple étrange où l’usage est qu’un Premier ministre, s’il vient à être battu aux élections, quitte à jamais la scène politique (une exception, de taille : Winston Churchill). Peuple qui ne fait rien comme tout le monde.

    Il y a des décennies qu’outre-Manche comme de ce côté du Channel, l’Europe, plus exactement l’adhésion à l’Union européenne, avec les abandons de souveraineté, les servitudes, à proprement parler, qu’elle a entraînés, fait débat. Il y a quelques années que les sondages font ressortir régulièrement qu’une majorité de citoyens britanniques sont plutôt partisans de distendre, de renégocier, voire de rompre les liens qui attachent leur pays à la construction boiteuse et bancale dont le siège est à Bruxelles.

    Or, figurez-vous que, de la même manière que l’an dernier le gouvernement de Sa Majesté avait invité les électeurs écossais à dire en toute liberté et en toute sérénité s’ils voulaient demeurer dans le Royaume-Uni ou s’en séparer, sachant que, quelle que fût leur réponse, celle-ci serait prise en compte, le Premier ministre sortant, David Cameron, s’est engagé, s’il est reconduit jeudi à son poste, à consulter ses concitoyens, au plus tard en 2017, par référendum, pour leur demander de décider souverainement et tranquillement s’ils entendent diluer l’indépendance britannique dans la soupe fédéraliste ou redevenir maîtres de leur destin, étant entendu, quelle que soit leur réponse, que le pouvoir exécutif s’inclinera devant le verdict de son peuple. À n’y pas croire…

    C’est bien la peine d’avoir conservé la monarchie pour donner des leçons de démocratie à la terre entière, à commencer par un pays que nous connaissons bien et qui passe son temps à prétendre qu’il lui a donné naissance en 1789.

    Oui, décidément, ils sont fous, ces Anglais, comme dirait Astérix.   

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    - Boulevard Voltaire

     

  • Colloque à GAND ce samedi 9 mai 2015 : « Gand, capitale du Royaume de France. Mars-Juillet 1815 »

     

    Programme et inscriptions, cliquez sur l'image ci-dessous

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  • Royal baby : pourquoi un tel engouement ? Les réponses de Frédéric Rouvillois à Figarovox

    La Galerie des Rois au portail de Notre-Dame : 28 statues figurant les rois de Juda

     

    Qu'ils les idolâtrent ou qu'ils les critiquent, les Français, de façon générale - y compris les royalistes - n'entendent pas grand chose aux monarchies étrangères, aux systèmes politiques et sociétaux qu'elles incarnent. Leurs jugements sont presque toujours sommaires et se font, la plupart du temps, par simple comparaison avec le système français actuel ou avec ce que fut, ou ce que pourrait être, la monarchie française. L'illustration ci-dessus montre que l'archétype du Roi ne date pas d'hier; qu'il traverse, sous des formes toujours diverses, les temps et les lieux. Y compris les nôtres ce que Frédéric Rouvillois développe ici de façon très pertinente. A noter qu'il sera l'un des intervenants au colloque « Dessine-moi un roi » qui se tiendra à Paris, samedi prochain, 9 mai. 

    frederic-rouvillois.jpgFIGAROVOX. - La famille royale britannique s'est agrandie ce vendredi, avec la naissance du deuxième enfant du Prince William. Pages Facebook dédiées à l'évènement, paris sur le prénom, centaines de journalistes venus du monde entier massés devant la clinique, merchandising lié à la nouvelle petite princesse… Comment expliquer un tel battage médiatique ?

    Frédéric Rouvillois. - Plusieurs causalités se combinent pour faire de cette naissance un évènement de portée internationale.

    La plus visible réside dans le caractère people que revêt cette naissance. Cette fascination envers les célébrités est, au fond, très ancienne : elle correspond à la fascination éprouvée par le « bon peuple » envers ceux d'en haut, qu'il s'agisse de princes et de princesses ou actuellement de certains artistes à la mode. Chanteurs, comédiens et acteurs se sont, d'une certaine manière, substitués à la haute aristocratie et jouent le même rôle dans l'imaginaire populaire. Un peu de snobisme s'y rajoute d'ailleurs très probablement. 

    Cette fascination envers les people, qui existe depuis toujours, a été démultipliée par le développement de l'image et des médias. L'utilisation de la photo, notamment dans les journaux, a ainsi accentué le phénomène : un journal comme Point de vue s'est lancé grâce à de nombreux reportages photographiques. Les innombrables modes de diffusion actuels de l'image donnent ainsi un retentissement inouï aux événements, qui prennent une dimension planétaire.

    Dans le cas de cette naissance, la fascination exercée est accentuée par l'image renvoyée par le jeune couple, qui conjugue une histoire d'amour de cinéma à une dimension princière. L'effervescence médiatique s'explique donc en partie par cette fascination envers les people et tout particulièrement envers la monarchie anglaise qui est l'une des dernières à conserver véritablement ses us et coutumes.

    Mais l'intérêt suscité par cet heureux évènement contient également une dimension de psychologie politique. Dans un monde où les repères disparaissent, il est rassurant de constater qu'il existe des choses qui perdurent. La naissance de la fille du Prince William sera célébrée un peu de la façon que fut célébrée celle d'Elisabeth II ou de la reine Victoria en 1819. Dans une société qui évolue vite, et même trop vite pour la plupart des gens, de tels éléments de stabilité complète servent de cadres et de bases pour des individus qui en manquent cruellement. A l'instar de la principauté de Monaco, la monarchie anglaise donne le sentiment qu'il y a une pérennité des institutions qui se traduit par le principe monarchique. À chaque fois que celui-ci se trouve rappelé par une naissance, c'est alors le monde entier qui se réjouit, ce qui est assez sympathique ! 

    Cela traduirait-il une aspiration à une préservation des traditions ?

    Cela traduit probablement le fait que ces traditions nous manquent, que leur absence serait plutôt ressentie comme une lacune. Certains d'entre nous ont certainement envie de les préserver ou de les reconstituer tandis que d'autres ne le souhaitent pas. Ce qui est sûr, c'est que cette effervescence autour des naissances royales traduit quelque chose : il n'y a pas de fumée sans feu. En l'occurrence, ce feu est celui de quelque chose qui a disparu et que l'on aimerait retrouver.

    La tour de communication de Londres a affiché «it's a girl», une étude de la London School of Marketing indiquait que les retombées économiques de la naissance royale se solderaient à plus de 300 millions de livres. Finalement, ne serait-ce pas juste une histoire de communication et de « gros sous » ?

    Les « gros sous » en sont la conséquence et non la cause. C'est parce que le public se passionne pour cet évènement que des hommes d'affaires avisés l'utilisent pour développer leur business. Autrement, cet enthousiasme aurait été présent pour chaque naissance princière. Or cela n'a pas été le cas pour des monarchies européennes toutes aussi importantes, comme les monarchies espagnole, hollandaise ou scandinave.

    Comment expliquer une telle popularité de la famille royale britannique ?

    Avec Monaco, elle est l'une des seules à avoir maintenu pleinement les rites de la royauté, à « jouer encore le jeu », où les institutions traditionnelles sont encore présentes. 

    Que ces monarchies qui ont préservé leurs traditions suscitent un tel enthousiasme, non seulement local mais aussi mondial, fait réfléchir… Petits garçons et petites filles aiment les princes et princesses, et ils apprécient que ces princes et princesses continuent à ressembler à des princes et princesses. On ne s'ampute pas en quelques instants de siècles d'histoire et de coutumes.

    La monarchie anglaise a ainsi su conserver pleinement les apparences - ça n'est pas la Reine d'Angleterre qui prend les décisions prises en son nom. Et ce sont ces apparences auxquelles sont attachés les gens qui ne manifestent, en général, que peu d'intérêt pour les rapports de force politiques.

    À propos d'apparence, dans Le roi au-delà de la mer, Jean Raspail dénonce les « princes de magazine » de notre époque, cantonnés à une fonction de représentation. Le rôle des monarchies européennes est-il devenu seulement symbolique ?

    Ces apparences ne sont pas nulles et sans portée car elles ne sont pas de simples illusions : dans le domaine politique, au sens large du mot, les symboles conservent une immense importance. Ainsi, quand bien même il ne s'agirait que de monarchies d'apparence, celles-ci conserveraient leur intérêt dans le sens où ces symboles, c'est déjà, c'est encore quelque chose. Ils sont des éléments de stabilité, et la présence de tels repères - même s'ils sont en partie effacés et en partie illusoires - ne sont pas négligeables, comme le souligne leur succès dans les médias. Les monarchies signifient encore quelque chose pour les gens. Certains d'entre eux qui possèdent une famille royale à la tête de leur pays ont d'ailleurs le sentiment de faire un peu partie de cette famille. Cette idée est particulièrement présente en Angleterre. 

    Un tel scénario aurait-il pu être possible en France ?

    La France n'est pas indifférente envers son passé monarchique. En 1957, quand l'actuel Comte de Paris s'est marié, le général de Gaulle - qui n'était plus au pouvoir - avait envoyé une lettre étonnante au père du marié et au marié lui-même, dans laquelle il expliquait que ce mariage qui allait avoir lieu était un événement très important pour la France et pour tous les Français. Sous la IVe république l'un des Français les plus importants du XXe siècle a ainsi souligné l'importance que revêtait l'union d'un descendant des rois de France. De même, lorsque le prince Jean d'Orléans, futur représentant de la Maison de France s'est marié, il y a eu une certaine médiatisation de la cérémonie.

    Mais il faut prendre en compte le degré de médiatisation exercé. Si le prince Jean développait davantage sa communication personnelle, la naissance de ses enfants ne serait peut-être pas aussi médiatisée que celle de la petite princesse anglaise mais pourrait renouveler cette histoire d'amour des Français avec la famille qui les a gouvernés pendant plusieurs siècles. 

    Frédéric Rouvillois est né en 1964. Il est professeur de droit public à l’université Paris Descartes, où il enseigne le droit constitutionnel et s’intéresse tout particulièrement à l’histoire des idées et des mentalités. Après avoir travaillé sur l’utopie et l’idée de progrès (L’invention du progrès, CNRS éditions, 2010), il a publié une Histoire de la politesse (2006), une Histoire du snobisme (2008) et plus récemment, Une histoire des best-sellers (élu par la rédaction du magazine Lire Meilleur livre d’histoire littéraire de l’année 2011).

  • Hollande au pays de l’or noir : la juste analyse d'Hadrien Desuin dans Causeur*

    Nos intérêts immédiats sont [peut-être] à Riyad. Mais quid de notre stratégie ?

    L'analyse qui suit est à deux paramètres : nos intérêts les plus immédiats circonscrits à quelques contrats - importants - et nos intérêts stratégiques de long terme. En quelques lignes de conclusion, l'auteur relativise à juste titre le premier des deux termes : en s'alliant à ses pires ennemis, les théocraties sunnites, Paris, faute d'une vision stratégique d'ensemble, ne sert pas les vrais intérêts de la France. Analyse qui est aussi la nôtre.  LFAR.  

    C’est incontestablement un nouveau succès de prestige pour la France. François Hollande est le premier chef d’État occidental a être reçu à l’occasion d’un conseil extraordinaire des monarchies du Golfe. Couronnée par la vente des Rafale au Qatar et peut-être aux Émirats arabes unis, la diplomatie française semble renouer avec les ambitions d’une politique arabe d’envergure.

    Des réussites diplomatico-militaires qui n’auraient pas été obtenues sans la position intransigeante affichée par le couple Hollande-Fabius sur les dossiers syrien et iranien. Les monarques du désert ont invité François Hollande, non seulement pour signer des contrats d’armements mais surtout pour signifier leur colère au seul allié qui compte, les États-Unis. À quelques jours d’une réunion importante à Washington, le tapis déroulé devant le chef de l’Etat est un chiffon rouge frénétiquement secoué par les princes arabes en direction d’une Amérique infidèle.

    L’émergence des hydrocarbures de schiste et la guerre des prix qui en découle ont redonné aux États-Unis une liberté d’action et de ton au Moyen-Orient. Au point que l’Amérique, pour contrer le terrorisme international et déjouer l’influence de la Russie, rééquilibre sa politique moyen-orientale en direction des pays chiites. En guerre contre les milices djihadistes en Irak et en Syrie, et sur le point de conclure un accord nucléaire historique avec Téhéran, Barack Obama et John Kerry remettent en cause une alliance vieille de soixante-dix ans. Initié par Franklin Roosevelt et Ibn Seoud au sortir de la guerre, le pacte du Quincy sombre inexorablement dans les profondeurs de l’Histoire.

    La France, opportuniste, s’engouffre dans la brèche. Parce qu’à l’image des pétromonarchies, elle est isolée dans sa propre région. En Europe, face à la Russie et à l’Allemagne, elle ne parvient pas à relancer son grand projet d’unification européenne de l’Atlantique à l’Oural. À l’Ouest, les Etats-Unis et le Royaume-Uni regardent ailleurs, vers l’Asie. Au sud, laMéditerranée n’est plus qu’un cimetière pour clandestins. La France n’a d’autre choix que de se vendre aux plus offrants : les pétromonarchies du golfe.

    Est-ce là une superbe leçon de pragmatisme? La France progressiste, héritière des Lumières et de la Révolution, se livre à des rois de droit divin mais brise son isolement stratégique. En Arabie saoudite, les récentes décapitations au sabre illustrent les mœurs moyen-âgeux de nos alliés désormais les plus proches. Le printemps arabe s’est noyé dans le bain de sang de Bahreïn mais la vente d’un Rafale vaut bien un prêche wahhabite…

    L’alliance que la France célèbre ces jours-ci à Doha et à Riyad n’est certes pas morale mais reste vitale si l’on considère nos intérêts immédiats. La France est économiquement exsangue et voilà que quelques bédouins enrichis viennent lui offrir un sursis de puissance et d’influence. À long terme pourtant, Paris renforce ses pires ennemis; les théocraties sunnites. Celles-ci nourrissent partout de leurs pétrodollars un islam radical que nos soldats tentent par ailleurs de contenir. En vain, parce que sur le temps long la France renonce à ses valeurs et donc à ses vrais intérêts. Pour construire une politique étrangère, plus que des contrats, il faut une vision stratégique. 

    * Hadrien Desuin - Causeur

    Photo : YOAN VALAT/POOL/SIPA. 00702761_000001.

     

  • Pour une contre-révolution européenne : une réflexion de Claude Bourrinet*

     

    Nous souhaitons, nous aussi, bien-sûr, cette contre-révolution que Claude Bourrinet prône dans cette excellente chronique que Boulevard Voltaire vient de publier. Nous l'avons parfois appelée alter-révolution pour marquer qu'elle ne peut pas être un simple retour en arrière, mais une autre révolution, pour retrouver - ou restaurer - ce que Pierre Boutang nommait l'ordre légitime et profond. Ou encore une métamorphose selon le terme que Claude Bourrinet emploie ici (comme Edgar Morin ...) ou une metanoïa que Boutang préférait. Nous ne contesterons pas que celle-ci doive s'accomplir, si elle survient, à l'échelle européenne; peut-être, d'ailleurs, est-elle déjà commencée ... Nous pensons simplement qu'elle devra prendre corps au travers des peuples divers du Vieux-Continent et des Etats qui le composent et ont seuls, pourvu qu'ils le veuillent, que les peuples les y poussent, les moyens politiques de cette autre révolution. Nous ne méconnaissons pas non plus les risques de triomphe de cette barbarie intérieure (et collective) mondialisée dont parle Claude Bourrinet. Mais nous ne pensons pas qu'on doive pour autant la considérer comme inéluctable : nous voyons en effet se créer ou se recréer de par le monde quantité de pôles de résistance au déracinement et à l'aplatissement. Observons bien : les deux tendances coexistent et il n'est pas sûr, selon nous, que les racines de ce monde, dans la diversité de leurs modalités, voire de leurs oppositions, aient dit leur dernier mot.  LFAR  • 

     

    1a509934c914f41577f64636bc0580d3 LFAR.jpgLa philosophe Simone Weil, morte en 1943, en rappelant l’impérieux besoin d’enracinement, combattu de toutes leurs armes par tous les pouvoirs qui se sont succédé depuis l’avènement de ce que les historiens appellent la « période contemporaine », considérait comme nécessaire la suppression des partis, perçus comme des factions, des parasites prospérant sur un grand corps vivant. Les organisations politiciennes sont, en effet, des prismes par lesquels la réalité est déviée, déformée, trafiquée, pour servir à des causes qui n’ont rien à voir avec l’intérêt de la communauté. C’est là le résultat néfaste d’une « table rase » révolutionnaire, qui a arraché le peuple à ses racines millénaires, pour le faire entrer, volens nolens, dans la modernité individualiste, utilitariste, et amnésique. Encore au milieu du XIXe siècle, la plupart des Français parlaient encore leur langue régionale, avant d’user du français. Depuis, l’École républicaine, la presse, puis la télévision, enfin le « nomadisme », ont éradiqué les restes d’identités liées aux patries charnelles.

    Cependant, le coup mortel fut donné par ce véritable génocide culturel que fut, après la guerre, l’exode rural. La « modernisation » accélérée du pays acheva de transformer la France en canton du monde. Le mondialisme pouvait y pondre ses œufs, sans gêne, comme un coucou. Le gaullisme ne fut qu’un vain sursaut, avant le saut. Les Français, « américanisés » à outrance, se ruèrent sur les gadgets et les mirages du nouvel ordre libéral global. Un nouveau communautarisme, comme le préconise Julien Rochedy, et comme l’excellent dernier numéro de la revue Éléments l’analyse, est sans doute la dernière solution, avant la disparition totale.

    L’immigration massive a, au moins, eu cette vertu qu’elle nous mit devant notre propre vide existentiel. Si ces populations allogènes ne s’intégreront jamais à notre civilisation, elles nous obligèrent à nous regarder. Ne soyons pas stupides : le prétendu « Français de souche » n’est plus qu’un singe de ses maîtres anglo-saxons. Comme disaient les marxistes, sa « praxis », nonobstant ses incantations « nationales », le place de plain-pied dans l’univers postmoderne du « dernier homme », mû par des stimuli narcissiques, des simulacres empoisonnés, et des besoins grotesques.

    La « contre-révolution » est aussi une révolution. Tenter de sortir du puits est quasi désespéré, mais invoquer les mânes des ancêtres, comme au Tibet on fait tourner les moulins à prière, est vide de sens, si la métamorphose de l’ectoplasme actuel en être de chair et de sang ne s’effectue pas jusque dans les tripes, jusque dans son cœur, jusque dans ses habitudes les plus intimes. Le reste n’est que littérature. 

    * - Professeur de Lettres  

     
     
     
  • Polémique : Ploërmel et la statue de saint Jean-Paul II, par François Reloujac*

     

    Le Tribunal administratif de Rennes, saisi par l’association la Libre pensée, vient de rendre une décision grave de conséquence le 30 avril dernier. La statue de saint Jean-Paul II qui a été érigée à Ploërmel, ne peut pas rester sur le domaine public ; la croix et l’arche qui la surplombent, doivent être démontées car ce sont des « symboles ostentatoires de la religion ». Passons sur le fait que cette œuvre est protégée par la loi sur la propriété intellectuelle et que cette décision du tribunal administratif peut donc avoir des conséquences pécuniaires non négligeables.

    Ce qui doit être examiné ici, ce sont les conséquences logiques de cette décision si elle était appelée à faire jurisprudence. Plus aucune croix ne devrait donc, en France, rester sur le domaine public. D’où, deux solutions : soit on les enlève toutes, au nom de la laïcité ; soit l’État les vend, avec le bout de terrain sur lequel chacune est implantée. Mais qui aura l’argent nécessaire pour les acheter, d’autant que, Bruxelles et l’Autorité de la concurrence veillant, l’État – ou les collectivités locales – sera tenu de les vendre au plus offrant !

    Compte tenu de la motivation, les conséquences ne s’arrêtent pas là : puisque ce qui est visé ce sont les « symboles ostentatoires de la religion », il est indispensable de faire disparaître les croix, les croissants et les étoiles de David de tous les cimetières de France. Peut-être que cela fera baisser le nombre des profanations. Le gouvernement avait déjà réussi ce qu’aucun dialogue interreligieux n’avait obtenu jusqu’à présent : réunir sous une seule bannière catholiques, juifs et musulmans… contre ce que l’on a appelé abusivement le « mariage pour tous ». Le tribunal administratif de Rennes ouvre donc ainsi la voie à un nouveau rapprochement entre les hommes – et les femmes – de bonne volonté.

    Mais, les conséquences ne s’arrêtent pas là. Car les « symboles ostentatoires de la religion » comprennent aussi les basiliques, les cathédrales, les monastères – le Mont Saint-Michel –, les synagogues et les mosquées… sans compter la pagode de Chanteloup ! Comment peuvent-elles rester sur le domaine public ? L’État va-t-il devoir rendre à l’Église les lieux de culte nationalisés en 1905 ? Ou devra-t-il détruire les monuments les plus fréquentés de France. Au moins, il pourra faire des économies sur le plan Vigipirate puisqu’il n’aura plus à protéger aucun lieu de culte. Cela sera certes insuffisant pour satisfaire les demandes de Bruxelles concernant la réduction des dépenses publiques, mais cela ira du moins dans le bon sens.

    Il faudra aussi faire disparaître de tous les musées publics français les « symboles ostentatoires de la religion ». Comment exposer au public des œuvres de Raphaël, Michel-Ange, Philippe de Champaigne ou même Claude Monet ou Salvador Dali ? On a déjà fait disparaître de l’enseignement de la littérature les œuvres de Racine, alors pourquoi s’arrêter en chemin ?

    Quant à l’Opéra Bastille, il devra désormais faire tomber le couperet sur le final de Faust. Comment accepter en effet qu’une salle subventionnée par un État laïc puisse laisser Marguerite prier « Anges purs, anges radieux, portez mon âme au sein des Cieux » avant que le chœur ne vienne couronner l’œuvre en chantant la conclusion : « Christ est ressuscité » ?

    Reste un autre problème. Comment ne pas être obligé de changer la dénomination des Saint-Etienne, Saint-Raphaël, Saint-Tropez ou encore Saint-Malo, villes dont le nom sont là aussi des « symboles ostentatoires de la religion » ?

    Non, décidément, la décision du tribunal administratif de Rennes ne saurait s’arrêter à la seule statue de saint Jean-Paul II à Ploërmel. Et, puisque la Turquie est un pays laïc à l’image de la France, gageons que demain la Mosquée bleue et Sainte Sophie disparaîtront du ciel d’Istanbul. 

     - Politique magazine

     

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    1584417371_2.jpgDépassons les appareils et les discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs  ...  partageons les fondamentaux !

    MAGISTRO vous invite à lire : 

    • Christohe GEFFROY   Président fondateur de La Nef  "Tu ne tueras pas" ?
    • Françoise THIBAUT   Professeur des universités  Retraite… mon beau souci…
    • Christine SOURGINS  Historienne de l'art   Petits trafics culturels entre amis...
    • Maxime TANDONNET   Haut fonctionnaire, ancien conseiller à l'Elysée sur l'immigration  Maryvonne, victime d’une vraie saloperie française
    •  Eric ZEMMOUR Journaliste politique, écrivain    Le petit président de la Vème République  
    • Eric DENECE   Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R)   Les victimes françaises du terrorisme depuis 2001
    • François JOURDIER   Officier, amiral (2S)  Arrêtons l’invasion
    • Gérard-François DUMONT  Géographe, Professeur d'université à la Sorbonne   Faut-il se résoudre à l’impuissance européenne face à la pression migratoire ? 
    • Paul RIGNAC     Essayiste, historien     Impressions de voyage en pays d’immigration 

                                                                                                    
    Transmettez, faites suivre ... 

  • Retour de l’Intelligence ? par Louis-Joseph Delanglade

     

    Belle unanimité contre le projet de réforme du Collège avec la mobilisation de très nombreux représentants de « lIntelligence » française : MM. Luc Ferry, Régis Debray, Laurent Joffrin, Pascal Bruckner, etc. Cela fait beaucoup de monde et surtout beaucoup de gens aux arguments pertinents et tous daccord pour dénoncer « un désastre ». Les principales critiques concernent la mort programmée du latin-grec (mais aussi de lallemand), une vision a-chronologique et culpabilisante de lHistoire, et  surtout lusage dun galimatias fortement suspecté de masquer la vacuité de prétendus « enseignements ». 

    Cette réaction est certes salutaire. Cest oublier quand même un peu vite que les réformes, réelles ou avortées, se sont succédé depuis mai 68 et que la présente nest quune énième mouture. Mais aussi, et ce nest pas un paradoxe, quelles ont été concoctées sous des ministères de droite et de gauche : les ministres Haby (1975), Jospin, (1989), Bayrou (1993), Allegre (1998), Fillon (2005) et Darcos (2008) ont tous cherché, sans toujours y parvenir, à laisser leur empreinte. Une succession de projets et parfois de réformes plus ou moins démagogiques et idéologiques, allant toujours dans le même sens pour lessentiel, la philosophie de base restant denseigner et dexiger de moins en moins, danimer et de faciliter de plus en plus. 

    Même si Mme Belkacem doit lui donner son nom, le projet présenté aujourdhui prend sa source en 2013 (ministère Peillon) : il exprime avec une rare violence la pensée des idéologues fous de la pseudo-pédagogie « moderne » réunis dans le Conseil supérieur des programmes. Les enfants de France sont les premières victimes du mythe de « lEcole de la République » - refondée ou pas. On se fourvoie, ou plutôt on les fourvoie, dès lors quon fixe comme finalité à « l’éducation nationale » la promotion dun citoyen idéal à travers des objectifs comme le  suspect « vivre ensemble » ou lutopique « réussite pour tous ». La dénomination même d’ « éducation nationale » constitue une impropriété dangereuse. Sans revenir à la formulation « instruction publique », mieux vaudrait adopter le terme convenable d’ « enseignement », un enseignement fondé dabord sur une relation inégalitaire assumée maître-élève et sur des programmes justement qualifiés de « fondamentaux ». 

    Mme Polony fait remarquer, dans Le Figaro, que M. Joffrin, directeur de la rédaction du journal Libération, fait partie de ceux qui, selon le mot de Bossuet « maudissent les conséquences des causes quils chérissent ». Mais beaucoup dautres, parmi les contempteurs de Mme Belkacem, sont dans le même cas, dans la mesure où ils prétendent conjuguer, de façon contradictoire, certaines des « valeurs » de Mai 68 et les exigences dun enseignement digne de ce nom. On peut pourtant penser que le tollé provoqué par le nouveau projet est sans doute un signe, un de plus, donc la confirmation, dune prise de conscience de nombreux intellectuels : cette réaction des intelligences préfigure même peut-être le grand retour de lIntelligence.  

  • C'est une semaine remplie d'activités qui s'ouvre ...

     

    Demain mardi, ce sera, animé par Antoine de Crémiers, le Café Actualités d'Aix en Provence « L'islam, qu'en savez-vous ? » et, événement du jour, Eric Zemmour à Bordeaux.

    Samedi 9 mai se tiendra à Paris le colloque « Dessine-moi un Roi » dont le programme est particulièrement attractif. Les lecteurs de Lafautearousseau, les participants à nos cafés politiques, aux rassemblements royalistes de Provence (Montmajour, Les Baux) ou aux activités d'Action française des dernières décennies, retrouveront avec plaisir parmi les intervenants à ce colloque, des personnalités qu'ils connaissent bien (Hilaire de Crémiers, Pierre de Meuse, Gérard Leclerc, Jean-Philippe Chauvin, François Marcilhac ...) et d'autres qu'ils découvriront. A Gand, où bat le coeur de la Flandre, une rencontre historique originale est organisée le même jour : « Gand, capitale du royaume de France, mars-juillet 1815 ». Il ne sera malheureusement pas possible d'assister aux deux colloques ...

    Enfin, dimanche 10 mai, jour de fête nationale, le Cortège traditionnel ira de l'Opéra à la place des Pyramides fleurir la statue de Jeanne d'Arc.

    Rencontres, échanges, réflexion et présence d'une volonté politique qui vise à cette réaction des intelligences et même au grand retour de l’Intelligence française qu'évoque la note précédente (Retour de l’Intelligence ? par Louis-Joseph Delanglade).  

     

    Détails : voir plus loin.

     

  • UN EVENEMENT A BORDEAUX : CONFERENCE D'ERIC ZEMMOUR, DEMAIN, MARDI

     

    Cette conférence-débat aura lieu le mardi 5 Mai 2015, à l'Athénée municipal, à 20 heures.


    Renseignements : zemmourbordeaux@gmail.com

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