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MEDAS • L’Evangile selon Plenel... Ce qu'en a pensé Benoît Rayski, dans Causeur

Que les puristes se rassurent : l'on n'est pas obligé d'être toujours d'accord avec Benoît Rayski. Dans ce cas - les lignes qui suivent, parues dans Causeur - nous le sommes. Sa critique nous a paru parfaite ... Par contre, il y a fort peu de chances que nous soyons jamais d'accord sur quoi que ce soit avec Edwy Plenel.  LFAR

 

Edwy Plenel n’a guère apprécié le discours de François Hollande au Panthéon. Non pas qu’il l’ait trouvé médiocre et convenu, ce qu’il était d’ailleurs. Ce n’est pas ça. Plenel estime que dans ce discours il y a un absent de taille : le peuple. Déjà au fronton du Panthéon figure une phrase assurément détestable pour lui : “Aux grands hommes, la patrie reconnaissante”. Patrie ? Plus réac, plus fasciste que ça, il n’y a pas.

Le peuple donc manquait et tout était dépeuplé. Mais quel peuple ? Celui que le directeur de Médiapart chérit et affectionne est métissé. Pas le peuple français, beaucoup trop blanc à son goût. De toute façon, avec le mot “peuple”, il y a dans notre langue un problème d’interprétation.

Un seul et même mot pour exprimer deux notions totalement différentes. Le peuple au sens populaire. Le peuple au sens d’une appartenance commune. Dans de nombreuses langues et notamment les langues slaves, il y a deux mots qui permettent de distinguer ce qui est national de ce qui est populaire. Ca évite bien des confusions.

Quiconque irait sur Mediapart s’apercevrait très vite qu’en général (sauf une exception chaleureuse pour le peuple palestinien) le mot “peuple” se décline toujours au pluriel. On s’apitoie sur la souffrance des peuples indigènes ou autochtones victimes de l’exploitation occidentale. On s’indigne du sort fait aux peuples opprimés : Amérindiens, Inuits, tribus amazoniennes, Papous, etc. Mais quand même pas sur les Kurdes qui ont eu l’affreuse idée de lutter contre les djihadistes.

Pour revenir au Panthéon, Edwy Plenel a recours à une sémantique proche de celle de Todd, qui n’a pas vu non plus le peuple – celui des banlieues – lors de la manifestation du 11 janvier. À Médiapart, les “quartiers sensibles” ont été remplacés par les “quartiers populaires”. On en déduira donc que c’est le peuple qui habite au Mirail, à Bobigny, aux Minguettes et à Trappes. Ainsi, ce sont des fils du peuple qui partent égorger en Syrie et en Irak. Chacun son peuple…

Saint Plenel, priez pour la banlieue souffrante! Rendez aussi à Saint Badiou, quand même plus grand dans la hiérarchie que vous, ce qui revient à Saint Badiou. Ce dernier, orfèvre en vitupérations philosophiques, a en effet rédigé un nouveau Manifeste communiste saluant la messianique mission du “prolétariat d’origine étrangère” en France ! Ça promet une bien sale gueule aux lendemains radieux annoncés par Plenel et Badiou. Le lumpenprolétariat, concept forgé par Karl Marx, n’est pas le peuple. Tout au mieux, la populace.

Quant au peuple, soyons sérieux. Il n’existe pas sauf pour du lyrisme de circonstance. Une bête de foire exhibée par des charlatans et des illusionnistes. Chacun l’accommode à sa façon, sauce hollandais, sauce pleneliène, sauce mélenchonienne. Le peuple n’est qu’un exercice de vocalise pour Castafiore d’extrême gauche. Tu es le peuple, et sur ce peuple je bâtirai mon imposture…

En juillet 1968, une délégation soviétique, Brejnev en tête, arriva à Prague pour tenter de ramener Dubcek à la raison. Le malheureux crut bien faire en amenant ses hôtes visiter les usines Škoda, fleuron de l’industrie tchèque. Sur place, des milliers d’ouvriers l’acclamèrent : “Vive Dubcek, vive la liberté !” Il se tourna vers Brejnev : “Tu vois camarade, le peuple est avec moi”. Le chef du PC soviétique le toisa d’un regard hautain. Et il lui dit en se montrant du doigt : “Le peuple, c’est moi !”. Cette scène me fait, va donc savoir pourquoi, irrésistiblement penser à Plenel. 

 

Benoît Rayski- Causeur

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