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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1522

  • Les mouvements royalistes • Activités • Nouvelles annonces

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    Nouvelles annonces :  

    FEDERATION D'ILE DE FRANCE (Restauration nationale) 

    PARIS
     

    ♦ Dimanche 10 mai 2015, jour de la fête nationale de Jeanne d’Arc, nous participerons au cortège traditionnel en l’honneur de la Sainte de la Patrie. Rendez-vous à 10 heures place de l’Opéra à Paris, en face de l’entrée du théâtre.  Le cortège défilera ensuite de l’Opéra à la place des Pyramides, où aura lieu le dépôt des gerbes et les discours.

     

    ♦ Mardi 12 mai 2015 à 20h : Conférence mensuelle du Cercle Histoire, Culture et Patrimoine à l’ASIEM  6, rue Albert de Lapparent, Paris 7ème. Maitre Jacques Trémolet de Villers, avocat à la Cour, parlera de : « La vraie leçon de Jeanne d’Arc ». Participation aux frais.
     
    ♦ Samedi 30 mai 2015, de 9h00 à 17h00, réunion annuelle des Cadres de la Restauration Nationale. Si vous n’avez pas reçu une invitation, veuillez vous adresser à la Restauration Nationale   1, rue de Courcelles, 75008  Paris. Téléphone : 09 67 34 21 42.
     
    NICE 

     

    ♦ Dimanche 10 mai 2015, Hommage à Sainte Jeanne d'Arc

    Messe suivie d'un déjeuner 

    Renseignements : M. Jean-Pierre Thouvenin

    04 93 81 22 27   ou   06 34 47 67 03 

     
    Suivez ces informations, qui sont régulièrement mises à jour. Pensez à nous transmettre les annonces de vos activités importantes. Cette rubrique est destinée à les faire connaître ! 
  • Bernard Maris, amoureux de la France, vu par Jean-Philippe Chauvin

     

    Et si on aimait la France ? Pour autant, tout n'en serait pas réglé aussitôt. Mais ce pourrait être, en effet, pour la France, le socle d'un recommencement.  LFAR

     

    arton8470-7b8cd.jpgAimer la France est une passion que certains voudraient aujourd'hui éradiquer comme une maladie honteuse : or, il n'y a pas de honte à aimer, et aucune à aimer la France en particulier, cette particulière historique qui, Français, nous est propre, nés que nous sommes sur sa terre et inscrits dans son histoire et son présent. D'autres n'ont pas cette chance natale mais viennent y frayer, parfois s'y joindre et, par leur amour nouveau qui lui redonne toujours quelques couleurs supplémentaires, confirmer la belle formule de Bainville : « Le peuple français est un composé. C'est mieux qu'une race. C'est une nation. »

    Assassiné en janvier dans les circonstances que l'on sait, l'écrivain Bernard Maris, à qui l'on doit quelques textes forts de dissidence économique et une très belle étude sur Genevoix et Jünger, laisse en héritage un livre qui va paraître ces jours prochains et qui s'intitule « Et si on aimait la France » : les longs extraits publiés dans l'hebdomadaire Marianne cette semaine (17-23 avril 2015) dévoilent quelques aspects de cet amour vrai pour une France qui, si nous n'en voyons pas tous les mêmes attraits et n'en sommes pas tous amoureux de la même manière, n'a jamais cessé d'inspirer les plus nobles sentiments et, parfois, les actions les plus folles. 

    S'il n'apprécie guère le Maurras de la « divine surprise », il n'en rend pas moins hommage à bien d'autres qui peuvent agacer les Bernard-Henri Lévy et Fleur Pellerin, par exemple, ces cuistres actuels de la « culture de gôche » qui prônent le libéral-nomadisme et refusent l'enracinement. A ceux-là, Maris préfère « les historiens dits de droite, de Bainville à Tocqueville en passant par Pierre Chaunu et Patrick Buisson ». Il poursuit : « Je lis même courageusement le Dictionnaire amoureux de la France de Tillinac, sympathique Gault et Millau de la franchouille, avec Cyrano et d'Artagnan, et Jeanne la Bonne Lorraine, et les nichons de la Pompadour qui donnèrent forme à nos coupes de champagne », et rappelle qu'il a connu « des Français pleins de gaieté. Authier, Lapaque et leur bande, par exemple ». « Et si j'écrivais pour eux ? Pour les désespérés si drôles ? Houellebecq, Cabu, Reiser, Cioran ? » En fait, Bernard Maris écrit pour beaucoup d'autres et, en particulier pour tous les Français et ceux qui, même loin d'elle, aiment la France. 

    Il nous rappelle aussi que cet amour de la France n'est la propriété privée de personne mais la possibilité publique de tous : que des anarchistes, que l'on croit parfois sans attaches, soient des passionnés de la France ne nous surprend pas, nous qui avons jadis lu Proudhon et qui savons que ce sont aussi (et entre autres) des anarchistes espagnols qui participèrent, sous les ordres du monarchiste Leclerc, à la Libération de Paris ! Ainsi, Maris évoque, par exemple, François Cavanna comme l'un des « plus grands défenseurs de la France (…), anarchiste, fils de maçon immigré italien, fondateur de Hara-Kiri puis de Charlie-Hebdo, rat d'archives et grand connaisseur de la période des rois dits fainéants, incroyable goûteur et apprêteur de la langue, ennemi radical du point-virgule que j'adore, et le meilleur conteur de l'histoire et de l'architecture de Paris. » 

    La France aimée, y compris de ceux qui n'y sont pas nés et qui valent mille fois mieux, bien souvent, que ces libéraux mondialisés de type Pascal Lamy ou Pierre Moscovici, ces salopards en costume qui méprisent notre pays, « trop petit » selon eux, ou « trop irréaliste » ! Bernard Maris vante ainsi « Mustapha, algérien, correcteur de son métier, immigré, Mustapha dont la syntaxe est tellement parfaite qu'il en remontrerait au Bon Usage – fait par un Belge, si j'ai bonne mémoire. » Et l'on pourrait y ajouter Max Gallo, Andreï Makine, ou Milan Kundera et, bien sûr, Léopold Sedar Senghor ! 

    Maurras parlait de la déesse France : elle est, en tout cas, notre éternelle passion, et nous aimons qu'elle soit aimée des nôtres et des autres... 

     

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Le Grand Remplacement de l’Histoire de France, vu par Julien Langard* dans Boulevard Voltaire

     

    Jean Sévillia a été l'un des premiers et initialement l'un des rares, à analyser les méthodes du politiquement correct, moralement correct, historiquement correct, etc. Nombreux sont ceux qui s'attachent aujourd'hui à réaliser le même travail critique et l'actualité leur en fournit de nouveaux motifs. Exemple : la réflexion que livre ici Julien Langard à propos de l'Histoire. 

    54a913395ee69a35a830d1860b9f1a09 vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv.pngPlus un mensonge est gros, plus il passe… Cet adage illustre à merveille la manière dont ont été présentés par le Conseil supérieur des programmes (CSP) les projets de nouveaux programmes d’histoire au collège.

    En effet, le préambule des nouveaux programmes dévoilés le 13 avril dernier précise que ce projet ne fait pas « disparaître le cadre national, ni la perspective chronologique propre à l’histoire » et que « dans un ordre chronologique, le programme permet de mieux lire et comprendre le monde d’aujourd’hui en insistant sur des moments forts, des traits marquants des sociétés du passé et des problématiques indispensables à la formation du citoyen ».

    Il s’agit là d’un mensonge grossier, d’un véritable déni de la réalité.

    Déjà supprimée au lycée (rappelons, pour mémoire, que les élèves de 1re étudient aujourd’hui la Seconde Guerre mondiale avant même d’avoir étudié le totalitarisme nazi et soviétique), l’histoire chronologique parvenait jusqu’à présent à survivre tant bien que mal au collège. Ce temps est révolu. Ainsi en 5e, le programme se divise non pas en période chronologique – comme, par exemple, les Mérovingiens, les Carolingiens, les Capétiens – mais par thèmes – la Méditerranée, un monde d’échange, Sociétés, Église et pouvoir politique dans l’occident chrétien, Nouveaux mondes, nouvelles idées.

    Mais ce n’est pas tout. Le CSP a décidé qu’environ les 2/3 de l’Histoire de France seraient désormais traités selon « le libre choix des professeurs » en créant une distinction arbitraire entre des thèmes obligatoires et des thèmes facultatifs. Par exemple, en classe de 5e, l’étude de l’islam devient obligatoire mais l’Occident chrétien au Moyen Âge, l’Empire carolingien ou l’Empire byzantin deviennent facultatifs, de même que l’humanisme, la Réforme protestante et les guerres de religion.

    En classe de 4e, la traite négrière est obligatoire mais l’étude de la société du XVIIIe siècle, les Lumières et la révolution américaine deviennent facultatives. L’histoire politique du XIXe s’interrompt, quant à elle, à la fin du Premier Empire en 1815 pour reprendre sous la IIIe République ; exit la Restauration, la monarchie de Juillet et le Second Empire.

    Enfin, en classe de 3e, la Seconde Guerre mondiale n’est principalement étudiée que sous le prisme du génocide des Juifs et des Tsiganes, des déportations et de l’univers concentrationnaire. Pearl Harbor, Stalingrad et le débarquement de Normandie vont donc rejoindre le catalogue des grandes batailles dont vos enfants n’entendront jamais parler aux côtés de Marathon, Salamine, Actium, les champs Catalauniques, Poitiers, Bouvines, Azincourt, Marignan, Lépante, Fontenoy, Valmy, Trafalgar, Camerone, la Marne, etc.

    Ces nouveaux programmes finissent donc de dynamiter les vestiges d’une histoire nationale déjà en partie ruinée par trente années de pédagogisme démagogique. D’un collège à l’autre, les élèves apprendront une Histoire de France différente selon les choix programmatiques du professeur et le socle commun sera largement dominé par une histoire « venue d’ailleurs », marquée par le culte perpétuel de l’excuse et de la repentance.

    Alors que l’Histoire fut au XIXe siècle la pierre angulaire de l’élaboration de notre « roman national », elle est aujourd’hui utilisée comme une véritable arme de sabotage pour spolier les jeunes générations de leur identité et de leur droit le plus légitime au « sentiment d’appartenir à une nation ».   

    Sur ce sujet, l'on pourra aussi écouter utilement Laurent WETZEL sur le thème «Ils ont tué l'Histoire-Géo », traité lors d'un Café Politique de Lafautearousseau, à Marseille, le 15.12.2012. Pour lire la vidéo, cliquez

    ICI

  • No Way par Louis-Joseph Delanglade

     

    C’est dans la nature des choses : la succession ininterrompue de « tragédies humanitaires » en Méditerranée provoque, dans le petit monde du politiquement correct, une indignation croissante et militante. Mieux vaudrait commencer par les causes : le chaos régional, aggravé, sinon créé, par d’intempestives interventions militaires « occidentales »; la poussée islamiste, qu’elle soit conjoncturelle ou structurelle; la misère paradoxale d’une Afrique noire dont la population croît très (trop ?) vite; mais aussi l’idéologie humanitariste et droit-de-lhommiste qui imprègne l’Europe et la fait apparaître comme un eldorado. 

    Pour l’instant, la sourde hostilité que l’on sent monter un peu partout dans les opinions publiques européennes, semble contenir les velléités des dirigeants politiques. Le bon sens le plus élémentaire commande en effet de ne plus accabler des pays déjà trop généreux mais dont la situation socio-économique est plus que préoccupante. On se propose donc, au plus haut niveau de l’Union européenne, de prendre des mesures de lutte contre le trafic humain, d’attaques ciblées de bateaux, de dissuasion des migrants et…de meilleur accueil des réfugiés. Mais, outre qu’il est contradictoire de continuer à rendre attractive une immigration dont on voudrait par ailleurs tarir la source, l’ensemble est assez irréaliste, dans la durée, pour une union de façade, sans armée et sans  politique étrangère commune. 

    En fait, les pays qui se sentent - et qui sont - menacés sont ceux qui bordent la Méditerranée. Pour ceux-là, et donc pour la France, ce ne sont pas des décisions bruxelloises qui régleront le problème. Il conviendrait plutôt de conclure, au plus vite, des accords de défense d’une grande fermeté avec les Etats du pourtour méditerranéen, européens mais aussi non européens. En effet, les pays d’Afrique du Nord sont les premiers exposés à l’explosion du phénomène migratoire actuel. Pour la France, ce serait une belle opportunité de resserrer ses liens avec le Maroc et la Tunisie, et - pourquoi pas ? - de renouer enfin avec l’Algérie - sur la base d’un intérêt et d’un avenir communs évidents. 

    Il est vain de se poser la question des responsabilités. Le pouvoir politique n’a pas à s’assigner des objectifs moraux. Aider ? Peut-être, mais dans la mesure du raisonnablement possible et certainement pas au détriment de notre sécurité et, à terme, de notre existence même. « Vous ne ferez pas de l'Australie votre maison »: le message adressé par les autorités australiennes aux envahisseurs potentiels est clair, les résultats évidents. Certes, dans ce cas, la géographie facilite bien des choses. Il nous faudrait cependant faire preuve de la même volonté politique. On pourrait commencer par l’abolition du « protocole compassionnel » dénoncé par M. Camus dans Boulevard Voltaire : « Vous voulez en finir avec l’hécatombe en mer ? Traitez les flottes qui se présentent pour ce qu’elles sont : les instruments d’une invasion. » No way !  

     

  • Nos archives sont faites pour être consultées

    2930543338.jpgLes Lundis de Louis-Joseph Delanglade

    Ce sont des réflexions - hebdomadaires (hors vacances) - sur l'actualité politique (politique intérieure et politique étrangère généralement alternées) qui synthétisent ou définissent les positions - la ligne politique - de Lafautearousseau.

    C'est pourquoi ces chroniques sont regroupées depuis l'origine (20.11.2012) et toutes consultables dans une annexe de LafautearousseauLes lundis de Louis-Joseph Delangladeen permanence à votre disposition.  Vous pouvez donc consulter l'ensemble des chroniques déjà parues, en cliquant sur l'icône les lundis de Louis-Joseph Delanglade. (Page d'accueil, colonne de droite)

  • Entretien avec le père Jean-Marie Benjamin, dans Boulevard Voltaire

    La politique des pays dits occidentaux dans le monde arabe, au moins depuis la première guerre du Golfe, justifie pleinement la critique du connaisseur qu'est le père Jean-Marie Benjamin. C'est des erreurs tragiques de cette politique que nous supportons aujourd'hui les conséquences.

    Jean-Marie Benjamin, de son vrai nom Guillaud-Benjamin, né le 11 avril 1946 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), frère de l’actrice Joëlle Guillaud, est un compositeur de musique, chef d’orchestre, écrivain, réalisateur et producteur de films français. Fonctionnaire des Nations unies auprès de l’UNICEF de 1983 à 1988, il devient prêtre catholique en 1991 et milite contre la guerre d’Irak depuis 1998. Il réside en Italie depuis 1975.

    Durant vos nombreux voyages en Irak, entre 1997 et 2003, vous avez maintes fois rencontré le vice-Premier ministre chrétien de Saddam Hussein, Tarek Aziz et vous lui avez organisé une rencontre avec le pape Jean-Paul II, le 14 février 2003. Vous dites dans votre livre qu’il y a eu des pressions au Vatican pour empêcher cette rencontre. Lesquelles ?

    La visite de Tarek Aziz au Saint-Père s’est en effet heurtée à de forts obstacles de la part du gouvernement de Silvio Berlusconi et de Washington. Plusieurs monsignori de la Secrétairerie d’État bénéficiaient alors des « faveurs » de Washington et ne voulaient surtout pas les perdre. Mais le pape n’en a pas tenu compte et l’audience a eu lieu. D’autres pressions ont été exercées : quand Tarek Aziz est arrivé à Rome, il devait participer à une importante émission télévisée sur la RAI. Non seulement sa participation a été annulée, mais les directeurs de toutes les chaînes publique ont reçu des instructions formelles pour lui interdire l’accès aux plateaux.

    Aujourd’hui, Tarek Aziz est emprisonné sous le coup d’une peine capitale. La DGSE, la Direction générale de la sécurité extérieure, vous a contacté en 2003 pour proposer l’asile politique à Tarek Aziz. Pourquoi celui-ci a-t-il refusé ?

    Tarek Aziz m’a répondu : « Veuillez remercier le président Chirac, mais je ne peux pas laisser mon peuple mourir sous les bombes et me réfugier tranquillement à l’étranger. J’ai le devoir de rester aux côtés du peuple irakien et de ma famille. » Aujourd’hui, Tarek Aziz est emprisonné depuis douze ans. Transféré depuis le mois d’août dernier dans le sud de l’Irak, il est malade, sans assistance médicale. Il a subi plusieurs ictus, parle difficilement et a perdu 35 kg. En fait, il est mourant, sous le regard indifférent de la Communauté internationale. Vous verrez que lorsqu’il décédera, l’on entendra les hommes d’État déclarer qu’Aziz était un « homme modéré, un grand diplomate » et que le traitement qu’il lui a été infligé « était injuste ». Ce sera le chœur larmoyant des défenseurs des droits de l’homme et autres exportateurs de démocratie !

    Devant le chaos qui règne aujourd’hui en Irak, en Syrie, au Yémen, l’impression domine que les gouvernements occidentaux ne savent plus comment gérer la situation ? Mais qui se trouve derrière l’État islamique ?

    La grande presse nous dit que l’État islamique et les groupes djihadistes sont financés par les monarchies du Golfe. Curieusement, les noms de ces pays ne sont jamais mentionnés. Or, tous sont des alliés de l’Occident et tous y investissent par dizaines de milliards de dollars. Au-delà des hypocrisies sémantiques, chacun sait qu’Al-Qaïda, Al-Nosra et l’État islamique sont soutenus, armés et financés par de riches Saoudiens. Que les takifiristes qui opèrent en Syrie et sur d’autres fronts anti-chiites sont soutenus par Riyad. Bref, ceux qui financent le terrorisme islamique dans le monde et aussi en Europe sont principalement des Saoudiens et le Koweït. Tous les gouvernements le savent pertinemment. Le grave problème des hommes politiques occidentaux, malgré leurs myriades d’experts, est qu’ils ne comprennent quasiment rien au monde arabe. Tous demeurent radicalement étrangers aux mentalités, aux traditions et aux aspirations de ces populations, sans parler d’une profonde méconnaissance de l’islam. Leurs conseillers sont restés des années les fesses collées sur les bancs des universités pour accumuler des titres. Diplômés jusqu’aux oreilles, ils n’ont en réalité aucune connaissance réelle de l’Orient arabe.

    La France ne fait évidemment pas exception ?

    Le Président français se rend à Riyad pour y recevoir l’accolade du roi… et un beau chèque ! Après quoi l’on nous raconte que la France lutte contre l’État islamique terroriste, mais elle fait la guerre à Bachar el-Assad, qui est pourtant en guerre contre Al-Nosra, Al-Qaïda et Daech. Cela fait désordre. A contrario, les États-Unis se démarquent de plus en plus de Riyad et traitent avec Téhéran alors que les chiites sont en passe de prendre le contrôle du Yémen. À telle enseigne que l’Arabie saoudite se retrouve maintenant encerclée par l’Irak, l’Iran et le Yémen chiites. On imagine quel vent de panique commence à souffler à Riyad… Pendant mes années passées en Irak, j’ai connu nombre de hauts gradés de la Garde républicaine de Saddam Hussein, des dirigeants du parti Baas. Beaucoup ont aujourd’hui rejoint l’État islamique, même s’ils en désapprouvent l’extrême brutalité, l’exécution de civils ou la persécution des chrétiens… Pourtant, au lendemain de la pendaison de Saddam Hussein, George Bush déclarait : « Le monde sans Saddam Hussein est maintenant plus sûr. » Certes, nettement plus sûr !  • 

    Propos recueillis par J.-M. Vernochet

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Rire ou sourire un peu ...

     

    L'or noir à la baisse - Signé Nicolas Vial - Figaro magazine

  • CULTURE • Pro lingua latina par Dominique Jamet *

     

    3312863504.jpgUn ordinateur et un téléphone portables, une calculette, un vocabulaire français de cinq cents mots, quelques notions de verlan et de globish, le mépris de la culture, le culte de la réussite, la religion de l’argent, c’est plus qu’il n’en faut pour faire son chemin dans l’existence et pour que nous ressemblions entièrement et définitivement à des porcs.

    Courage, Madame le Ministre ! Encore un effort, encore une réforme pédagogique, encore un coup de hache et ça y est. Soyons de notre temps, soyons de notre monde, l’avenir et la raison sont si évidemment de votre côté. Il y a des luxes que nous ne pouvons plus nous permettre. Ce ne sont pas seulement les charges des entreprises, c’est notre encombrant bagage culturel, ou ce qui en reste, qu’il faut alléger d’urgence. Parce qu’enfin, à quoi bon tout ce fatras ? Quel besoin pour être trader, quelle nécessité pour être chômeur, ou député, ou présentateur de télé, ou commissaire de police, ou technicien de surface, ou caissière de Monoprix, ou président de la République, ou informaticien, ou aide-soignant, ou préretraité, ou emploi-jeune, ou jardinier-paysagiste, de se frotter si peu que ce soit à Cicéron, à César, à Salluste, à Virgile, à Catulle, à Tacite, à Eschyle, à Sophocle, à Euripide, à Platon, à Aristote, à Homère ? A quoi ça sert, je vous le demande !

    Et comment ne pas comprendre, et comment ne pas prévoir, et comment ne pas constater que ce qui est vrai du latin et du grec l’est tout autant de l’histoire, de la géographie, de la littérature, du dessin, de la musique, de la philosophie, des langues étrangères, à l’exception naturellement de l’anglais commercial, de tout ce qui élargit notre horizon, de tout ce qui embellit notre vie, de tout ce qui nous distingue des animaux, de tout ce qui nous élève, de tout ce qu’on a ou qu’on avait la chance, quelques chances d’aborder, d’apprendre, d’aimer à l’école, au collège, au lycée, en faculté, de tout ce qui, transmis par nos aînés à leurs cadets, était transmis par ceux-ci à leurs enfants, de tout ce qui était gratuité et qu’il y a si peu de chances, si l’on n’y est pas initié avant l’âge adulte, que l’on croise de nouveau une fois entrés dans « la vie » ?

    Un ordinateur et un téléphone portables, une calculette, un vocabulaire français de cinq cents mots, quelques notions de verlan et de globish, le mépris de la culture, le culte de la réussite, la religion de l’argent, c’est plus qu’il n’en faut pour faire son chemin dans l’existence et pour que nous ressemblions entièrement et définitivement à des porcs.

    Les insensés ! Ils n’ont pas compris ou ils ont oublié la formule sublime du Cyrano de Rostand : « Non, non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! »  

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    - Boulevard Voltaire

     

  • HISTOIRE • Jean-François Solnon : « Le goût, un miroir du pouvoir » Par Raphaël de Gislain

    Et si l’exercice d’un goût personnel ou d’une passion aidait à l’exercice du pouvoir ? Avec Le Goût des rois, Jean-François Solnon, agrégé d’histoire et docteur ès-lettres, nous emmène dans les jardins secrets des souverains, pour tenter de comprendre les hommes derrière les monarques.

    Un roi se doit-il d’avoir du goût pour exercer son métier ?

    On a vu des chefs d’État à travers le monde avoir le goût des arts et être des tyrans ! Le goût n’est pas indispensable à l’exercice du métier de roi. Mais on peut penser comme Pompidou qu’en se nourrissant intellectuellement, on devient plus à même de traiter les problèmes d’un pays. Le goût est à la fois une ouverture sur le monde et une façon de saluer l’héritage du passé, en tentant de l’égaler, de le surpasser. Obsédée par l’Antiquité, la Renaissance a été guidée par cet esprit d’imitation et de dépassement, dans un mouvement d’élan de la civilisation. Les souverains qui ont, à des degrés divers, manifesté un goût pour les arts ou les sciences, sans posséder forcément la clé pour gouverner au mieux, ont pu bénéficier d’une envergure, d’une ampleur bénéfique à leur politique.

    Vous montrez un Henri III fou de danse, un Louis XIII mélomane, un Louis XIV guitariste, un Napoléon III historien… Ces visages sont parfois à l’opposé des masques que nous leur connaissons. Le pouvoir a-t-il contrarié la nature des souverains ?

    En se tenant au plus près de certains souverains, on découvre en eux des richesses insoupçonnées. Prenons l’exemple de Louis XIII, roi ombrageux et discret, dominé par la figure de Richelieu. On s’aperçoit que sa vie était vouée à la musique et qu’il composait… De même pour Louis XVI, que l’on présente comme un roi immobile, presque paralysé ; il aimait par-dessus tout la géographie et les grands voyages !

    Ainsi, lors d’un déplacement à Cherbourg, fait-il montre d’une connaissance de la mer et des navires qui épate les officiers de marine. Que l’on se souvienne de ses dernières paroles sur l’échafaud, qui laissent entendre toute sa passion pour les lointaines expéditions : « Avez-vous des nouvelles de monsieur de La Pérouse ? » Le roi exprime là sa nature profonde, celle d’un homme ouvert et cultivé, que l’on prend pourtant pour un aimable benêt… Le cas de Napoléon III est peut-être encore plus flagrant. Malgré sa réhabilitation depuis déjà presque un siècle et le fait que tous les historiens soulignent l’importance de son règne, son image demeure modelée par les pamphlets de Victor Hugo ; on ne reconnaît rien de son rôle fondamental en matière de culture, de lecture, de sciences, d’archéologie. Ces exemples nous enseignent que l’exercice du pouvoir ne contrarie pas les natures. Au contraire, il met à la disposition du souverain tous les moyens nécessaires pour pratiquer une passion, pour la magnifier, ce qui profite à son règne.

    Les rois donnent le ton, leurs goûts sont suivis… Peut-on dire que leurs choix souvent personnels ont forgé, sinon le bon goût, le goût français ?

    Qui pourrait juger du bon ou du mauvais goût rétrospectivement ? Qu’est-ce que le bon goût à l’époque de Louis XIII ou de François Ier ? L’idée que nous pouvons nous en faire ne peut être que faussée par les temps. Ainsi, l’ouverture à l’art italien apparaît-elle aujourd’hui comme la marque du bon goût vers 1500. Mais à l’époque, personne n’en a conscience. On reste attaché à des formes familières, médiévales et gothiques… Lorsque les hommes de Charles VIII ou de Louis XII découvrent l’Italie, c’est la chartreuse de Pavie qu’ils admirent, dont la luxuriante façade leur rappelle le style flamboyant. Ils n’ont rien vu de l’art épuré de Brunelleschi, que nous considérons pourtant comme le point de départ de la Renaissance et l’expression du goût a posteriori… D’un point de vue historique, la question du bon goût n’a donc pas vraiment sa place.

    En revanche, on peut dire que la succession des souverains a permis l’édification d’un goût français. Nombre d’entre eux ont favorisé ou même imposé le développement d’activités artistiques ou scientifiques. Prenons l’exemple de Louis XIV. Malgré une formation intellectuelle peu théorique, il a été capable de protéger Racine, Boileau et surtout Molière contre l’avis de la Cour et de sa mère. En ce sens, il a participé incontestablement à la formation du goût français. Il est d’ailleurs, avec Napoléon, celui qui s’est passionné pour le plus grand nombre de disciplines. Ce qui est remarquable, c’est que chaque souverain a contribué à l’élaboration de cet esprit, selon ses centres d’intérêt, qu’il se soit agi de musique, de peinture ou de tout autre domaine.

    Le goût se révèle-t-il une arme politique ?

    Oui, il peut l’être. Le goût est un moyen politique quand il s’exprime par la voie d’un mécénat officiel. C’est la dimension que l’on connaît le mieux et c’est précisément celle que j’ai voulu éviter. La tâche n’est pas aisée : lorsqu’un souverain crée des bâtiments, on ne sait jamais s’il agit pour son image de marque, pour la postérité ou bien si c’est véritablement une passion à laquelle il s’adonne. Il existe tout de même des critères : un Henri IV, un Louis XIV ou un Louis XV sont capables de lire des plans, de les dessiner. Ils se rendent sur les chantiers pour voir comment s’élabore une œuvre, pour débattre avec les architectes… Ils se tiennent au plus près de la création. Ce sont des hommes de l’art. On touche-là au goût personnel, même si un doute peut toujours subsister…

    Votre ouvrage s’arrête au second Empire… Le goût est-il incompatible avec les républiques qui suivent?

    La réponse est non, même si j’avoue que j’espérais pouvoir remonter jusqu’à la Ve République et que l’exercice s’est avéré compliqué… Jusqu’à ces dernières années, les hommes politiques ont été en général bien formés, le plus souvent par les Jésuites, les Oratoriens ou l’enseignement public. Ils ont appris le grec et le latin et pouvaient encore être de grande culture. Que l’on pense à Pompidou, qui citait Paul Eluard dans ses conférences de presse… On sent bien qu’un Sarkozy ou un Hollande n’ont pas suivi un tel cursus. Tout ceci semble s’être évanoui parce que la formation de nos hommes politiques n’est plus fondée sur les humanités. Aujourd’hui, il y a l’ENA… à la différence des souverains d’hier, les hommes politiques passent et cultivent des jardins qu’ils veulent le plus souvent garder secrets. J’ai un peu l’impression que dans l’expression d’un goût aujourd’hui, on veut sacrifier d’une manière systématique aux avant-gardes et à une modernité impérieuse voire impérialiste. Ce terrorisme intellectuel fait que des hommes, mêmes cultivés, n’osent plus donner leur sentiment. Il faut avoir à l’esprit que la simplicité, la pauvreté des discours actuels est peut être voulue, à des fins politiques…

    Dernier livre paru : Le Goût des Rois, de Jean-François Solnon, Perrin, 348 p., 22 euros.

     Politique magazine

     

  • EXPOSITION • Velazquez au Grand Palais : ce qu'il faut savoir avant d'y aller, par Philippe Delorme*

    Diego Velázquez Portrait de l'infant Baltasar Carlos sur son poney (1634-1635), princes des Asturies (1629-1646), fils de Philippe IV et de sa première épouse, Elisabeth de France. Madrid, Museo Nacional del Prado/RMNGP

     

    220px-Philippe_Delorme.jpgLe Grand Palais consacre jusqu'à l'été une expo à Diego Velázquez, le portraitiste favori de Philippe IV et des derniers Habsbourg d'Espagne. Point de Vue en dresse le portrait.

    "Le peintre des peintres." C'est ainsi qu'Édouard Manet qualifiait Diego Velázquez, maître absolu de l'âge d'or du baroque espagnol. Longtemps éclipsé, ce Sévillan sera redécouvert par les impressionnistes à la fin du XIXe siècle, puis magnifié comme l'un des plus grands artistes de tous les temps par Picasso, Dali ou encore Bacon.   

    Aujourd'hui, le Grand Palais lui consacre une rétrospective, la première jamais organisée dans la capitale française. Afin de réussir cet événement majeur, le Louvre, en liaison avec le Kunsthistorisches Museum de Vienne, s'est appuyé sur le Prado de Madrid. 

    La première rétrospective Velázquez en France

    À travers le monde, il n'existe guère plus d'une centaine d'oeuvres de Velázquez. Pour l'occasion, les plus grandes institutions et plusieurs particuliers ont accepté de prêter exceptionnellement leurs trésors, dont quelques-uns récemment découverts -tel L'Éducation de la Vierge, propriété de la galerie d'art de l'université de Yale, à New Haven, ou le Portrait de l'inquisiteur Sebastian de Huerta, qui appartient à un collectionneur privé.  

    Les visiteurs pourront également admirer certaines toiles parmi les plus emblématiques: de La Forge de Vulcain à La Tunique de Joseph, de La Vénus au miroir au célèbre Portrait du pape Innocent X.  

    L'exposition parisienne présente un panorama complet des oeuvres, en suivant une trame biographique. Une première section évoque donc le climat artistique de Séville où Diego Rodriguez de Silva y Velázquez voit le jour en juin 1599.  

    Un goût particulier pour la physionomie humaine

    Aîné de huit enfants d'un homme de loi d'origine portugaise et d'une demoiselle de petite noblesse, il se fera connaître sous le nom de sa mère, Velázquez, selon la tradition andalouse. Très tôt, il découvre sa vocation artistique. Séville est alors la ville la plus opulente d'Espagne, grâce à son monopole commercial avec les Amériques.  

    Le jeune Diego fait d'abord ses classes dans l'atelier de Francisco Herrera, dit le Vieux -qu'il ne tarde pas à quitter pour incompatibilité d'humeur. Il se place ensuite sous la férule de Francisco Pacheco, un admirateur de Raphaël. Mais plutôt que de tendre à la représentation de l'idéal, il étudie la nature, s'attache à rendre les jeux de la physionomie humaine et des types populaires dans une veine picaresque, avec une vérité et une vigueur extraordinaires, maniant le clair-obscur.  

    Chez Pacheco - dont il épousera la fille Juana -, Diego apprend les bonnes manières au contact de savants, d'écrivains et de gentilshommes. Par l'entremise du comte duc d'Olivares, le tout-puissant ministre et favori de Philippe IV, le jeune homme s'installe à Madrid.  

    Une carrière au service du roi

    Le roi, qui vient de succéder à son père Philippe III en 1621, l'attache à son service, moyennant un salaire mensuel de 20 ducats. Le portrait du souverain que réalise Velázquez, en armure sur un cheval andalou, est exposé dans la grand-rue de Madrid. Il déchaîne l'enthousiasme populaire et la verve des poètes. Par lettres patentes du 31 octobre 1623, Velázquez est promu "peintre ordinaire" de Sa Majesté catholique, tandis que son style, sans doute inspiré par Caravage, évolue vers des formules plus froides et solennelles, dans la tradition ibérique. 

    Pierre Paul Rubens, dont il fait la connaissance en 1628, lui conseille de se rendre en Italie. Velázquez s'embarque à Barcelone en août de l'année suivante, dans la suite du capitaine Ambrogio Spinola, gouverneur de Milan. Il découvre Venise, Ferrare, Bologne, Rome et Naples. Il s'imprègne des chefs-d'oeuvre de la Renaissance et s'initie au paysage, comme avec sa Vue des jardins de la villa Médicis, exécutée lors de son premier séjour dans la Ville éternelle.  

    De retour en Espagne au printemps 1631, l'artiste est plus que jamais l'objet des attentions de Philippe IV. Le roi lui attribue un atelier à l'Escurial, non loin de ses appartements, où il vient le voir travailler.  

    Portraits de cour, de Madrid à Rome

    Durant cette période féconde -qui occupe le centre de l'exposition-, Velázquez multiplie les portraits de cour, empreints d'une extrême sensibilité. Il excelle en particulier à immortaliser la figure fugitive du petit infant Balthazar-Charles. Prince des Asturies en tant qu'héritier du trône, celui-ci sera emporté par une crise d'appendicite dès 1646, à l'âge de 16 ans. C'est à la même période que Velázquez signe l'une de ses toiles les plus connues: La Reddition de Breda ou Les Lances, pour un salon du palais du Buen Retiro. 

    En 1648, le peintre effectue un second périple en Italie, sur ordre de Philippe IV pour lequel il doit acquérir des oeuvres d'art. C'est de ce séjour que date probablement La Vénus au miroir. Velázquez s'essaie aux thèmes sacrés, où il n'excellait guère. En revanche, son Portrait d'Innocent X - décliné plus tard par Francis Bacon - apparaît comme le point d'orgue magistral de sa carrière.  

    Los "Velazqueños", les disciples du maître

    Rentré à Madrid en 1651, Velázquez ne quittera plus le royaume. Philippe IV l'a nommé grand maréchal des logis -ou aposentador mayor-, une charge qui lui laisse moins de temps pour peindre. Son ultime chef-d'oeuvre, Les Ménines, date de 1656.  

    Il s'y place dans l'ombre, en retrait, derrière l'infante Marguerite-Thérèse qu'entourent ses dames d'honneur, son nain et son chien favori. Le roi venait chaque jour s'enquérir de l'avancée du travail. Et lorsque Velázquez eut fini, on raconte que Philippe IV aurait pris son pinceau pour ajouter une dernière touche à la toile: l'ordre de Santiago sur la poitrine de l'artiste. 

    Au sommet de sa gloire, le peintre officiel de la cour exerce une influence prépondérante sur un groupe de disciples que l'on surnomme Los "Velazqueños", tels l'Italien Pietro Martire Neri, son ancien esclave maure Juan de Pareja, ou encore son propre gendre, Juan Bautista Martínez del Mazo.  

    La recherche de vérité humaine

    Le 6 août 1660, après avoir épuisé ses dernières forces dans les préparatifs de l'entrevue de Philippe IV et de Louis XIV sur l'île des Faisans, à Hendaye, Diego Velázquez trépasse à Madrid. Il avait achevé sa quête de vérité humaine, qu'il n'avait cessé de mener, avec autant d'audace que de franchise. 

    Velázquez, jusqu'au 13 juillet, au Grand Palais, galeries nationales, entrée square Jean-Perrin, 75008 Paris. Tél. 01 44 13 17 17. www.grandpalais.fr 

    Philippe Delorme - Point de Vue

     

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  • SOCIETE • Fabrice Luchini et le bateau ivre de l'Éducation nationale, vus par Vincent Tremolet de Villers *

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpgPendant que nos gouvernants dépouillent les programmes des grands auteurs, Fabrice Luchini fait un triomphe au théâtre des Mathurins en disant Rimbaud, Baudelaire, Proust et Labiche.

    Entre un spectacle d'improvisation et une baignade dans un « milieu aquatique standardisé » Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem devraient aller faire un tour au Théâtre des Mathurins. Depuis des semaines, chaque soir plus de quatre cents personnes se pressent pour entendre un homme seul en scène dire Rimbaud et Labiche, Céline et Proust. Les réservations sont closes jusqu'au mois d'octobre et les demandes de prolongation se succèdent. S'ils parviennent à éteindre leur iPhone, à s'asseoir pendant deux heures, ils écouteront un ancien garçon coiffeur qui, par les mots, déploie des paysages, écrit des silences, fixe des vertiges. Fabrice Luchini leur rappellera qu'il a quitté l'école à 14 ans mais que l'aventure de son existence est née d'une découverte: une langue plus vive que le courant d'une onde pure. La Fontaine, Baudelaire, Pascal, Cioran et une pléiade innombrable ont aiguisé son esprit, nourri sa méditation, et fécondé une passion dévorante. Depuis il a fait sienne la maxime de Molière: « plaire et instruire ».  

    Dira-t-il que c'était mieux avant ? C'est tout le contraire. Le spectacle commence par une charge de Paul Valéry (nous sommes dans les années 1930) contre l'école qui force les enfants à ânonner Racine en se débarrassant de ce qui en fait la beauté : les assonances, le rythme, la chair du verbe. Valéry cependant ne conseille pas de remplacer les humanités par l'interdisciplinarité ou les travaux en groupe sur le tri sélectif et le développement durable. Il plaide plutôt pour une véritable éducation au goût, aux nuances, à la beauté. Ce trésor mal exploité par nos anciens prend désormais la poussière dans les caves du ministère. En troisième, les programmes de lecture piochent dans les rentrées littéraires les plus récentes, et l'étude approfondie de Bajazet sera bientôt considérée comme humiliante pour l'élément en voie d'apprentissage, cette chose fragile que nous appelions autrefois l'élève. Les disciples de Bourdieu verront dans le succès de Fabrice Luchini une preuve supplémentaire de la reproduction des élites.

    Les tenants du « tout est culture » refuseront malgré tout d'établir une hiérarchie entre le savoureux « Cours… Asterixsme » de Jamel Debbouze et les Illuminations de Rimbaud. Ceux qui, en entendant le comédien, sentiront battre en eux le cœur de La Fontaine ou de Baudelaire, se désoleront d'un gigantesque gâchis. Comment une succession de chefs-d'œuvre peuvent ainsi être laissés à l'abandon ? Pourquoi refuser de les faire connaître aux Français venus d'ailleurs à qui l'on ne donne qu'une équipe de football pour se sentir des nôtres ? Augustin d'Humières professeur en Seine-et-Marne et auteur de Homère et Shakespeare en banlieue (Grasset) le répète suffisamment : le génie souffle où il veut. Dans les quartiers chics comme dans les cités. Luchini raconte qu'il a eu l'idée de ce spectacle après avoir récité Le Bateau ivre dans un taxi. Son chauffeur lui aurait lâché: « C'est magnifique, mais je n'ai rien compris.» « Moi, non plus, lui a répondu le comédien, mais là n'est pas l'important. » L'important en effet était de faire vibrer quelques minutes les êtres et les choses. Rappeler aux hommes qu'ils ont en eux ce que les uns nomment l'esprit, les autres l'âme. Que la culture n'est ni un ornement, ni un snobisme, mais l'oxygène de l'intelligence et du cœur. 

    Manuel Valls affirme dans une interview au mensuel L'Œil, que la culture est constitutive de la gauche. Il faudrait lui rappeler qu'elle est tout sauf le fruit de l'improvisation. « Il n'y a pas de génération spontanée » dit en substance Roland Barthes quand il parle des poètes. Rimbaud savait le latin et le grec à 14 ans. Il connaissait suffisamment Hugo et Musset pour les mépriser à 16 et jugeait à 17 Baudelaire « un peu mesquin » dans sa forme. Le feu de son génie monte cependant de braises anciennes, celles du travail, de l'effort, de la discipline, de la sélection. Ces vertus que Luchini a éprouvées aux côtés de ses maîtres Jean-Laurent Cochet ou Michel Bouquet. Depuis, l'élève est devenu l'un des leurs et donne à son tour ce qu'il a reçu. Quand il improvise, c'est prodigieux. Il n'est pas professeur, le Théâtre des Mathurins n'est pas une salle de classe, mais toutes les générations viennent y chercher ce que le pédagogisme s'acharne à enfouir et peut-être même à détruire : leur héritage. 

     

    Vincent Tremolet de Villers - FigarovoxVincent Tremolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/opinions du Figaro et du FigaroVox.

  • LIVRES • C’est la faute à Rousseau ! Mais ce sont Philippe Val et Camille Pascal qui le disent !

    Article amusant - et perspicace - de Camille Pascal, dans Valeurs actuelles de cette semaine,  à propos du livre, en effet stupéfiant, que Philippe Val vient de faire paraître*. A des degrés différents, ni l'un ni l'autre ne font partie de notre famille de pensée. Mais, en l'occurrence, nous n'avons pas grand chose à redire aux idées qu'ils expriment de manière assez concordante, ce qui est, évidemment, beaucoup plus étonnant de la part de Philippe Val que de Camille Pascal. Décidément, le retournement partiel ou quasi total, des intellectuels de gauche, n'a pas fini de surprendre. Et de servir l'évolution positive de nombre d'esprits. Jugez plutôt.

     

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngTel Gavroche, Philippe Val monte aux barricades pour arracher les oeillères de son propre monde. Gare aux gardes nationaux de la bien-pensance !

    Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à…! Chacun connaît ce refrain entonné par Gavroche monté sur la barricade au moment de l’insurrection parisienne de 1832 et que la mitraille de la garde nationale ne lui laisse pas le temps d’achever. Le gamin de Paris s’effondre et meurt, offrant là une scène poignante des Misérables de Victor Hugo.

    Ce refrain entêtant ne m’a pas quitté tout au long de la lecture du livre stupéfiant de Philippe Val, Malaise dans l’inculture, et vous allez comprendre pourquoi.

    L’homme n’est pas un habitué de Valeurs actuelles, c’est même le moins que l’on puisse dire… Il est issu de cette gauche libertaire, antimilitariste et provocatrice plus à l’aise dans les colonnes de Libération ou de Charlie Hebdo, dont il a été le rédacteur en chef, que dans les nôtres.

    Même si Philippe Val n’a jamais fait mystère de son amitié avec Carla Bruni-Sarkozy, ce qui lui vaudra les pires ennuis de ses amis de gauche, dont il a pu apprécier, à cette occasion, l’esprit de tolérance et d’ouverture, il n’est pas un homme de droite ni même de centre droite. Il est très probablement de gauche, mais il est avant tout un homme libre, ce qui est bien pire aux yeux de certains, car un homme libre est un homme capable de renier en partie ce en quoi il a cru et ce qu’il a défendu, dès lors que la raison le lui commande

    C’est exactement ce qui est arrivé à Philippe Val et qu’il raconte dans ce livre aux démonstrations parfois fulgurantes.

    Ce que Philippe Val ne supporte plus, c’est que le discours sociologique, ce qu’il appelle le « sociologisme », vienne se substituer au discours politique en “expliquant” tous les comportements individuels par la situation des différents groupes sociaux. L’individu est “irresponsable” dès lors que la “société” est coupable, et Val d’identifier les origines du mal dans une idéologie « engendrée par Rousseau, élevée par Marx et liftée par Bourdieu ».

    Nos “intelligents” de la gauche germanopratine hurlent déjà au blasphème partout où ils le peuvent encore, car c’est à une sorte de trinité gauchiste que l’auteur s’attaque, et pourtant… Il y a trente ans de cela, mon professeur de philosophie, une femme courageuse pour tenir de tels propos à l’époque, nous signalait les germes du totalitarisme contenus dans le Contrat social.

    Pire encore, l’ancien directeur de France Inter dénonce ouvertement le “conspirationnisme” social qui, depuis l’affaire de Bruay-en-Artois, a gagné toutes les rédactions de ce pays. On croit rêver et pourtant on ne rêve pas. Un journaliste, et non des moindres, arrache une à une les oeillères de son propre monde.

    Val devrait se méfier car, comme Gavroche, il pourrait bien se retrouver nez à nez avec les gardes nationaux du “sociologisme” qu’il attaque, mais il n’en a cure. Ses amis de Charlie Hebdo, eux, sont tombés sous les balles réelles de terroristes qui ne lisaient ni Voltaire ni Rousseau.

    * Malaise dans l’inculture, Grasset, 2015 - 20 €

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