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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1525

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    1584417371_2.jpgQuoi que disent les appareils, les hommes et leurs discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs, ... partageons les fondamentaux !

    MAGISTRO vous invite à lire : 

    Du côté des "élites"

    •  Eric ZEMMOUR  Journaliste politique, écrivain   Changer le peuple ou changer de gauche ?
    •  Xavier GUILHOU   Directeur du Cabinet XAG Conseil (pilotage des crises, intelligence stratégique)  Géopolitique des frontières mentales 
    •  Philippe BILGER     Magistrat honoraire, Président de l'Institut de la parole     Le problème, c'est l'homme, pas la loi !
    •  Maxime TANDONNET  Haut fonctionnaire, ancien conseiller à la Présidence de la République   Contre les primaires
    •  Ivan RIOUFOL    Journaliste politique     Ceci n’est pas un choc de civilisations…

    En France

    •  Henri HUDE   Philosophe   Après les élections de mars 2015
    •  Jean-Marie FAUGERE   Officier, général d'armée (2S)   VIGIPIRATE, questionnement légitime sur le rôle des armées ?
    •  Françoise THIBAUT     Professeur des universités     Le Musée FRANCE flotte sur sa dette

    Transmettez, faites suivre ... 

  • Républicain, moi-même ! Pour Causeur, République, un mot-valise, vide de sens, qui épuise le citoyen ?

    Gare à la leguénisation des esprits ! (Photo ZIHNIOGLU KAMIL/SIPA)

     

    L'auteur des lignes qui suivent, bien troussées et pleines d'esprit, est Daoud Boughezala, rédacteur en chef de Causeur. Sans-doute ne partage-t-il pas la critique que nous faisons ici du régime républicain à la française. Mais il s'agace de l'usage immodéré de cette invocation à la République et à ses valeurs qui s'est emparé de la totalité de la classe politique. Il est ainsi de la cohorte de ceux que désormais le mot agace. Le mot, puis, parfois, aussi la chose. Elle-même. Comme si la République était en danger, comme si elle était une forteresse assiégée de toutes parts ! Alors que - n'étant plus au temps ni des Ligues ni du Komintern - rien d'extérieur ne la menace et qu'elle n'a plus grand chose d'autre à redouter que de s'effondrer sur elle-même ... Nous partageons d'ailleurs à cet égard l'avis de Houllebecq qui dit qu'en pareil cas, nous n'aurons rien à regretter ... Lafautearousseau

    Le grognard du gouvernement a encore frappé. Interrogé ce matin sur Sud Radio, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement s’en est vivement pris à l’UMP. Pour une fois, ce ne sont pas les frondeurs socialistes qui sont l’objet de son courroux social-démocrate n’admettant pas d’autre ligne à la gauche du vallsisme. Non, la pomme de discorde entre cet ex-strauss kahnien et ses adversaires de droite porte sur une simple expression, en l’occurrence « Les Républicains », nouveau nom que Nicolas Sarkozy voudrait proposer à l’UMP. Verdict du ministre : « C’est évidemment un abus de pouvoir. Non pas qu’il n’y ait pas une droite qui ne soit pas républicaine, moi personnellement je sais faire la différence entre des idées d’extrême-droite et la droite » mais « ce qui est vrai – on l’a vu avec cette affaire du ni-ni -, c’est qu’elle n’est pas toujours au clair », a-t-il expliqué en désignant la droite avec la répétition du sujet si chère à François Hollande. Et la sentence de tomber : « Donc il y a à mon avis un abus de position que de vouloir se réclamer républicain de la part de l’UMP ». Certes, on ne sache pas que la hargne de l’ancien médecin, très engagé dans la lutte contre l’obésité, ait fait dégrossir les scores mirobolants du Front national, mais seule l’intention compte…

    Explication de texte. L’UMP refusant de faire barrage au Front national par tous les moyens, y compris d’appeler à voter pour un candidat de gauche au second tour, le parti post-gaulliste ne peut se prévaloir de l’épithète de « républicain ». Clair comme de l’eau de roche : pour avoir droit au label AOC, encore faut-il respecter le sacrosaint « pacte républicain » et passer avec succès l’inspection des troupes qu’impose le brigadier chef Le Guen. Qu’un parti socialiste, dont le slogan était encore « pas un canton pour le FN » en 2011 puisse poser en arbitre des élégances républicaines surprendra les naïfs. Mais quoi, comme son n+1 Valls, Jean-Marie Le Guen a toute légitimité pour distribuer les bons points et décider qui est républicain et qui ne l’est pas. Je me répète ? C’est que vous n’avez pas saisi l’axiome de base du leguénisme : la République, c’est moi !

    Le piquant de cette affaire, c’est que Sarkozy n’a évidemment pas choisi ce label par hasard. Las de s’entendre amalgamés à l’intérieur du monstre « UMPS », ses militants le pressaient de changer de nom, afin d’échapper aux imprécations verbales de Marine Le Pen. Voilà pour le flanc droit du parti, que l’association avec le PS insupporte. Mais Sarkozy, qui n’a rien d’un idéologue et tout du parfait opportuniste, avait également pour souci de satisfaire son hémisphère gauche en apposant un brevet de républicanisme au logo de l’UMP. La République comme ADN, nom et prénom, avec comme supplément d’âme un clin d’œil à l’Amérique, que demander de plus ? « Je suis républicain parce que je le dis » : horreur, malheur, le principe élémentaire du leguénisme a infusé à droite !

    République, république, république : une telle avalanche de mot-valise vide de sens finit par épuiser ce qu’il reste de citoyens. Pendant ce temps, un petit parti qui monte, qui monte, qui monte capitalise sur le projet d’une république sociale, à la laïcité intransigeante, malgré ses casseroles et son passé de cancre de la classe politique. Sarkozy et Le Guen auront beau faire tourner les tables en tous sens, j’en connais une qui a le front de se définir comme la seule femme politique républicaine, nationale et sociale. Diable, le leguénisme aurait-il contaminé le FN ? 

    Daoud Boughezala

  • La pensée française et le sentiment de la fin d'un monde ... Par Mathieu Bock-Côté*

     

    Nous avons déjà cité Matthieu Bock-Côté, figure, nous dit-on,  de la vie intellectuelle québécoise, attaché, comme nous-mêmes, à la cause de la diversité des peuples. Il ne s'oppose dans le texte qu'on va lire à aucun des trois auteurs dont il traite. Simplement, il donne quelques raisons de bon sens de ne pas perdre confiance avant l'heure dans le devenir de notre civilisation, si malade soit-elle. Pourquoi ne pas l'en remercier ?  Lafautearousseau   

    La formule avait quelque chose de crépusculaire sans pour autant être morbide. Michel Onfray, au terme d'un entretien avec François-Xavier Bellamy récemment paru dans Le Figaro, a annoncé la fin de notre civilisation. Il l'a fait sans drame mais avec une forme de droiture antique teintée de mélancolie. Notre monde tombe. Il importe moins de le sauver que de se tenir droit, de ne pas flancher. La formule frappe: « Le bateau coule, restez élégant. Mourez debout ». C'est ce qu'on pourrait appeler la dignité des vieux Romains. Onfray, et cela rajoute une noblesse tragique à son propos, se rallie finalement à cette civilisation au moment de sa perte.

    Les mauvais esprits pourraient voir dans cette déclaration une pose littéraire. N'est-il pas commode de disserter sur la fin d'un monde en philosophe, et peut-être aussi en esthète. Ne faut-il pas pleurer, secrètement peut-être, la civilisation dont nous sommes les héritiers ? On rétorquera qu'il y a peut-être là une forme de lucidité supérieure, qui n'est pas sans grandeur, à la différence de ceux qui sont incapables de penser le déclin et ne veulent voir dans ses symptômes que des évolutions n'agaçant que les grincheux professionnels. Elle vaut mieux aussi qu'une fascination morbide devant notre déclin.

    Une chose est certaine : le sentiment de la fin d'un monde traverse aujourd'hui la pensée française. D'un livre à l'autre, Houellebecq y revient, avec le sentiment que la civilisation occidentale rêve tout simplement de s'abolir, qu'elle n'est plus capable d'assumer le fardeau de l'histoire. Éric Zemmour, quant à lui, a cru voir dans les quarante dernières années un suicide français, même si certains ont dit son livre qu'il faisait le récit d'un assassinat. On a assimilé cette inquiétude, il y a quelques années, au déclinisme, comme s'il suffisait de changer de perspective pour apercevoir une France radieuse. Encore heureux qu'on n'ait pas parlé de déclinophobie.

    Que faire ? La question peut sembler simpliste, exagérément prosaïque, mais elle ouvre pourtant un vaste champ de possibilités à quiconque ne se résigne pas à être le témoin d'une triste agonie. Dans L'écriture du monde et La croix et le croissant, deux livres magnifiques, François Taillandier se l'est posée, en méditant sur la fin de Rome et la naissance de l'Europe chrétienne. « Les hommes véritablement utiles sèment ce qu'ils ne verront pas fructifier. L'arbre qu'ils ont planté donnera de l'ombre à leurs descendants, ils le savent, et se résignent de gaieté de cœur, ayant labouré et semé, de n'être plus là quand viendra le temps des moissons ».

    Autrement dit, la cité qui meurt n'emporte pas tout avec elle. Sa part la plus précieuse peut être conservée par des hommes renonçant au prestige social et politique pour conserver dans les marges de la cité certains trésors précieux. Encore faut-il avoir une certaine idée de la transcendance pour transmettre au fil du temps ce que l'on croit sacré. Mais cette réponse exige aussi une forme de renoncement civique: l'homme de savoir n'entend plus féconder le monde commun des principes fondamentaux et des œuvres vitales. Il entend les mettre à l'abri de la destruction pour qu'un jour, ils contribuent à une renaissance.

    Il y a une grandeur admirable dans ce choix. Mais le commun des mortels peut-il vraiment se satisfaire de cette stratégie de l'arche ? Chose certaine, on sent la politique ordinaire de plus en plus traversée par cette angoisse existentielle, que peinent à traduire les partis, lorsqu'ils ne se contentent pas d'y voir une peur irrationnelle. Certains évoquent l'insécurité culturelle, d'autres se désolent de l'identité malheureuse ou d'un pays qui se morcelle. En fait, c'est l'existence même du monde commun qui semble compromis. De mille manières, on souhaite se déprendre de l'alternance devenue aliénante entre sociaux-libéraux et libéraux-sociaux.

    À sa manière, le peuple appelle au secours. Il sent bien qu'il fera les frais de cet effondrement. Il a le sentiment intime de ce déclin historique. Si ce terme n'était pas aujourd'hui à peu près proscrit, il parlerait peut-être même de décadence. Il cherche alors l'homme providentiel ou se laisse tenter par la révolte populiste. À travers cela, il espère qu'une volonté immense puisse renverser le cours des choses. Il entend moins du politique qu'il n'adoucisse le déclin de nos sociétés qu'il ne restaure les cadres politiques et culturels sans lesquels la cité n'est plus protectrice, sans lesquels, en fait, elle se retourne contre l'homme.

    On en revient au point de départ. C'est une chose de craindre la fin de la civilisation occidentale. C'en est une autre de la décréter inéluctable. Mais la chute du communisme nous rappelle qu'un monde trop en contradiction avec les aspirations profondes de l'homme peut s'affaisser sans prévenir. Après coup, chacun dira avoir prophétisé la chute. Mais avant qu'elle ne survienne, qui s'y serait vraiment risqué ? Ne peut-on dire la même chose de la société actuelle qui déracine les peuples, brouille les repères de civilisation, enraye les mécanismes de la transmission culturelle et condamne le politique à l'impuissance ?

    Il se pourrait que le vieux monde fasse encore valoir ses droits. 

     

    * Mathieu Bock-Côté est sociologue. Il est chargé de cours à HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu'à la radio de Radio-Canada. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels « Exercices politiques » (VLB, 2013), « Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois » (Boréal, 2012) et «L a dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire » (Boréal, 2007).

    FigaroVox

  • Des institutions à l’encan, par Hilaire de Crémiers

     

    H D C - Copie.jpgLes élections donnent lieu à des commentaires infinis et la plupart sans intérêt. Car la vraie question est de savoir si la guerre électoraliste et partisane est bonne pour la France. 

    A quoi servent les élections ? Dans le cadre actuel de nos institutions, à exacerber la lutte des partis. Tel est le résultat le plus évident des élections dites départementales qui viennent de se dérouler. 

    Soit, la plupart des départements sont repassés à droite, mais qui ne voit ce qui se passe au vrai, au-delà de ce basculement. Il ne s’agit plus de représenter les Français, leurs territoires, leurs intérêts ; mais alors plus du tout ! D’ailleurs, dans l’état présent du projet de loi sur la nouvelle organisation des territoires de la République, il est impossible de rien prévoir : le texte est illisible comme maintenant toutes les lois, tant elles sont mal rédigées, et, de fait, personne, sauf les quelques élus spécialisés, n’a lu ce salmigondis technocratique et démagogique dont les tours et les détours compliquent encore plus les échelons et les compétences de l’imbroglio territorial français.   

    Et Hollande ose parler de « choc de simplification » et le gouvernement a appelé les électeurs à voter alors que la loi est en cours d’élaboration et de remaniement. C’est littéralement grotesque, mais peu leur chaut. Car la seule chose qui les occupe et les préoccupe, c’est la lutte des partis. Voilà leur unique passion. La mécanique institutionnelle est telle que la Ve République est maintenant pire que la IVe et la IIIe ; et faut-il évoquer les précédentes qui s’achevèrent dans l’épuisement des factions ? Mourantes, toutes s’en sont remises à un pouvoir personnel : encore faut-il qu’il y ait une personne. 

    La France livrée aux partis 

    La Ve République en est là. Sous son nom règnent non pas des hommes d’état, mais de médiocres politiciens. Les partis se partagent la France, du Conseil constitutionnel jusqu’à la moindre commission culturelle, sociale, administrative. Le département est un lieu de pouvoir qui n’échappe pas à la mainmise des partis. Serait-il possible un jour de choisir des représentants en fonction d’autres critères que l’étiquette d’un parti, la compétence, le dévouement par exemple ? 

    Ainsi n’a-t-il été question dans les commentaires, avant, pendant et après le dernier scrutin départemental, que de savoir quel parti l’avait emporté, jusque dans le moindre canton. Non pas les personnes, mais le parti. Car c’est le parti qui « empoche », qui « rafle » les cantons, les départements. Il en était déjà ainsi en 2014 aux élections municipales : les villes, les communes, les moindres villages sont quasi dans l’obligation d’appartenir à un parti. Bientôt, en fin 2015, il en sera de même aux élections régionales – et de manière vraisemblablement plus violente avec le scrutin de liste à la proportionnelle et la prime majoritaire. 

    Sortir un jour du système 

    Tout n’est donc plus politiquement que calcul en vue des présidentielles. Les états-majors partisans, après chaque scrutin, font leur compte en public et sur les plateaux de télévision : les déclarations, les altercations ne roulent que sur les villes prises, les départements conquis, les régions emportées ou conservées ; on parle de bastions, de résistances, de percées, d’alliances, de ruptures, de stratégies, de contournements. Chaque camp mobilise, explique, se fait pédagogue auprès des troupes rétives, calcule, suppute, crie enfin victoire : ils ont tous gagné ! C’est dérisoire ! 

    Comment se fait-il que les Français supportent un tel régime et s’habituent à de telles mascarades ? Car une telle analyse relève du simple bon sens. La malfaisance est éclatante et personne n’ose la dénoncer. Il est pourtant d’une évidence aveuglante que nos institutions sont totalement corrompues par le régime des partis, ce régime qui fut toujours, à toutes les époques, même sous l’Ancien Régime, le vice des Français et qui ne leur valut que des malheurs et des revers. Tous les grands hommes de France l’ont réprouvé. La grandeur française, les renouveaux français ne furent possibles qu’en rupture avec un tel régime. Pas un Français sérieux et quelque peu éduqué qui ne le sache.    

    Il faut noter, d’ailleurs, que ce qui fait si peur aux partis dits de gouvernement dans l’incontestable montée du Front national, ce n’est pas le fait qu’un troisième larron viendrait réclamer des places et un jour pourrait accéder à son tour au pouvoir. C’est qu’il est clair, pour tout analyste objectif, que derrière le vote FN, il y a, en fait, non pas tant un vote d’adhésion à Marine Le Pen, à des personnes ou à un programme, qu’un rejet profond de la classe politique existante, de ses pompes et de ses œuvres, comme, d’une manière générale, de la classe dirigeante qui s’acoquine avec le système, journalistes, financiers, conseillers, hommes d’affaires formant l’entourage des hommes de pouvoir. 

    L’implacable logique de parti 

    Un nombre de plus en plus grand de Français – en fait une majorité comme l’ont révélé les enquêtes – n’a plus confiance en ses dirigeants. Un certain nombre d’entre eux, en raison du langage du FN sur quelques sujets cruciaux, accordent leur bulletin à cette formation politique qui tranche avec les autres. En réalité, il est facile de déceler sous ce vote un refus du régime des partis ; et le paradoxe de la situation tient au fait que plus le FN engrange ce genre de voix, plus il se croit obliger, pour rassurer, de se montrer « normal » et donc « républicain », c’est-à-dire adepte du régime que les Français qui votent pour lui, récusent. La fureur d’un Valls s’explique par la compréhension qu’il a du phénomène : d’où ses injures. La défaite électorale le met tout à coup en présence d’une France qu’il croyait disparue. 

    Il a raison de s’inquiéter. Toutefois, malgré la stratégie de ses dirigeants, le FN s’illusionne s’il croit que le système lui laissera une place. Toutes les expériences passées prouvent le contraire. 

    L’implacable logique de parti entraîne Sarkozy sur les pas de Valls. Mais c’est pour lui une grave erreur, car l’UMP compte dans ses rangs nombre de militants qui ne demandent qu’à sortir des visées de parti. Il apparaît, de plus en plus, qu’au-delà des divisions partisanes de droite comme de gauche, comme le disent et le montrent des Guilluy, des Zemmour, des Bercoff, des Delsol et comme le démontre l’analyse des chiffres électoraux, les Français se retrouvent sur des sentiments communs de frustration, de trahison, de destruction de leur être et de leur nation. 

    Au fond, que veulent-ils ? Retrouver leur souveraineté, leur patrie, leur nationalité, leur fierté, leurs libertés réelles et, dans un monde dangereux, la sécurité intérieure et extérieure, tout ce dont le régime des partis les a privés. Ils seraient heureux surtout  de se retrouver eux-mêmes. Il leur faudrait un état simple mais fort qui assure les pouvoirs régaliens, de manière concentrée, avec une armée, une justice, une police de plein exercice et une réorganisation de la représentation nationale sur d’autres bases que ce système partisan qui rend impossible toutes les solutions humaines et durables (Lire la plaquette du cercle Vauban : Des Institutions pour la France, 7 € franco de port, Regalia 1, rue de Courcelles 75008, Paris, chèque à l’ordre de Regalia) 

    Comment ne pas y songer ? Cela viendra comme une nécessité le jour où ce régime funeste, devant la catastrophe financière, économique sécuritaire, morale qu’il aura provoquée, sera obligé de céder la place. Il vient un temps où il n’est plus intéressant d’avoir le pouvoir ; ce jour-là les parasites déguerpissent.

     

  • L’Inde et le Rafale : leçons de souveraineté selon Aymeric Chauprade

     

    Nous publions cette fort intéressante analyse d'Aymeric Chauprade, lue sur l'excellent site Realpolitik (on excusera ces superlatifs successifs qui sont en l'occurrence justifiés) parce qu'elle contraste avec le déclinisme ambiant ou, plus grave, avec le french bashing à la mode. Elle les contredit même, valablement, et donne à penser à ce que pourrait être la puissance de la France si elle avait un Etat digne de ce nom. En tout cas, merci à Aymeric Chauprade d'avoir donné cet éclairage à l'événement en question. Lafautearousseau   

     

    Aymeric-Chauprade.jpgLes annonces décisives que M. Modi, Premier ministre indien, a faites à l’Élysée à Paris le 10 avril portent en elles une leçon essentielle. La France n’est grande aux yeux du monde que lorsqu’elle remplit sa mission historique : celle d’une nation souveraine et d’exception.

    Souveraineté diplomatique tout d’abord : c’est en raison de son siège au Conseil de Sécurité aux Nations-Unies que la France peut aujourd’hui proposer à l’Inde son aide pour qu’elle intègre cette instance internationale de règlements des conflits mondiaux; quelle valeur ajoutée aurait eu à offrir la France si elle avait bradé cette position diplomatique majeure à l’Union européenne ? Son domaine maritime propre en Océan Indien en fait un partenaire-clé pour la politique de l”Acting East” de M. Modi dans les domaines de la sécurité maritime, du renseignement et du maintien de la paix.

    Souveraineté culturelle ensuite : La France n’est pas ce pays “moisi” si souvent décrit par tous ceux qui la haïssent tout en bénéficiant de sa générosité, mais au contraire, une nation millénaire dont l’identité culturelle (des monuments historiques au cinéma) séduit au point que l’Inde souhaite engager des partenariats-clés dans ces domaines.

    Souveraineté industrielle enfin : c’est uniquement en raison de l’investissement massif de l’État régalien dans les industries de souveraineté (défense, nucléaire) que notre pays peut se poser en partenaire fiable de l’Inde dans la durée (de l’Ouragan au Rafale en passant par le Mirage 2000) ; l’investissement dans nos filières aéronautique (derrière Dassault Aviation) et nucléaire (avec Areva) est non seulement stratégique mais rentable pour notre économie et nos emplois. C’est pour ne pas avoir consenti de pareils efforts financiers et technologiques que d’autres pays européens, comme l’Allemagne, ne peuvent prétendre à de tels partenariats stratégiques, avant-hier avec le Brésil, hier avec l’Égypte, aujourd’hui avec l’Inde et demain, espérons-le, avec les Émirats arabes unis et la Malaisie.

    Ce n’est pas l’Eurofighter, mais le Rafale, que M. Modi a choisi ; ce n’est pas vers l’Europe de la défense ou l’OTAN que M. Modi s’est tourné pour assurer sa propre défense, mais vers la capacité française à lui transférer la technologie de ses propres systèmes d’armes (aviation de chasse, missiles et sous-marins); ce ne sont pas les usines à charbon allemandes polluantes mais les centrales nucléaires françaises que M. Modi souhaite acquérir pour garantir l’indépendance énergétique de son pays; ce n’est pas un Disneyland apatride mais une nation chargée de monuments historiques que M. Modi a voulu visiter en premier.

    C’est donc une grande leçon de souveraineté que M. Modi est venu nous apporter et la preuve, du même coup, que seul un projet tourné vers l’indépendance nationale, qu’elle soit diplomatique ou technologique, peut de nouveau rendre à la France le rang qu’elle mérite.  

    Realpolitik

  • Sortir de l’impasse par Louis-Joseph Delanglade

     

    « Il faut sen tenir aux faits. Cela ne veut pas dire que nous soyons daccord sur tout » déclare M. Obama lors de sa rencontre avec M. Castro au Panama. Cest bien cet état desprit, empreint de réalisme, qui semble prévaloir dans les négociations avec lIran, négociations dont lenjeu dépasse le seul problème nucléaire et dont le résultat pourrait changer la donne politique dans toute la région. 

     

    Laccord « définitif » ne devrait pas être signé avant fin juin mais le seul fait quune telle date ait été programmée lors de la réunion de Lausanne sur le nucléaire iranien est déjà un signe. Il faut bien admettre que, quelles que soient leurs motivations, les Etats-Unis dAmérique, puissance impériale encore dominante sans laquelle rien nest possible, donnent limpression de vouloir rebattre les cartes au Proche-Orient. Peut-être exaspéré par lintransigeance israélienne ou la duplicité des royaumes du Golfe, sans doute conforté par une moindre dépendance pétrolière grâce à lexploitation du gaz de schiste, M. Obama souhaite de façon évidente renouer avec lIran, marché potentiel de quatre-vingt millions de consommateurs et contrepoids idéal au bloc arabo-sunnite.  

     

    Bien entendu, cela suppose que les « clients » de l’état perse - Chiites dIrak, du Liban, du Yemen et dailleurs, mais aussi Syrie de M. Assad - bénéficieront, à terme et en tant que tels, du même traitement. Faut-il y voir un paradoxe de la part du pays qui aura le plus œuvré pour mettre à feu et à sang toute une région avec ses interventions militaires répétées en Irak et Afghanistan notamment ? En tout cas, quelle leçon pour nos Fabius, Juppé et consorts, toujours droits dans leurs bottes, imperturbablement accrochés à leur lecture idéologique des événements, prétendant juger du Bien et du Mal, sans considération aucune pour nos intérêts les plus élémentaires ! On ose espérer que notre bien pâlotte diplomatie saura saisir lopportunité qui lui sera ainsi offerte de reconsidérer son modus operandi au Proche-Orient. 

    Alors que perdure le problème posé par lexistence même de lEtat dIsraël et que se durcit lopposition séculaire entre chiites et sunnites, il serait ridicule et dangereux pour la France de prétendre peser de façon décisive sur les événements en cours. En revanche, rien ninterdit à notre diplomatie de se fixer une double ligne de conduite : se tenir à l’écart de toute intervention armée directe dans quelque conflit que ce soit ce qui, jusqu’à présent, naura eu dautre résultat que de nous désigner comme une des cibles privilégiées de lislamo-terrorisme et de favoriser les flux migratoires incontrôlés en Méditerranée; considérer lIran pour ce quil est, cest-à-dire un Etat capable de jouer en faveur dun équilibre régional lui-même propice à la préservation et au développement de nos intérêts commerciaux et énergétiques. 

  • Scandale à France Inter : « Comment vivre et penser sans Radio France ? » demande Solange Bied-Charreton, dans FigaroVox

     

    Une réaction-réflexion aussi humoristique qu'intelligente au scandale de la plus longue des grèves de France Inter, qui pourtant en a fait beaucoup ... Grands prêtres du Bien et du mal, du dogme et de la morale, rien ne les arrête ! Solange Bied-Charreton s'en agace et s'en amuse. Nous aussi. LFAR

    Il y a quelques semaines, on a cru que la grève de Radio France était une bonne idée. Le début de l'année était très chargé et la Matinale de France Inter devenait anxiogène. Contre la guerre de tous contre tous, les djihadistes et le chômage, la solution de la programmation musicale, à la fois humaniste, germanopratine et tournée vers les autres cultures, s'est très vite imposée.

    Quels que soient les sujets évoqués c'était une bénédiction. Il fallait bien que les analyses émotionnelles et spectaculaires, les héroïques appels à la résistance, le découpage des cartes d'exonération de l'impôt, la défense déterminée de la liberté d'expression à sens unique, la découverte tardive et émouvante (janvier 2015) des problèmes d'identité de la jeunesse de banlieue, les demandes d'excuse en direct, la dérision autosatisfaisante à visée didactique qui culmine à ses plus hauts sommets, la téméraire psychiatrisation des déviants et les évocations inquiétantes de la France rance, prennent, elles aussi, des vacances. Dans un monde où tout va si vite, on comprend aisément qu'il faille savoir prendre un peu de recul et interroger ses propres limites. 

    Cette pause cependant, nul n'aurait pu le croire, a plongé une partie non négligeable des auditeurs réguliers de Patrick Cohen, Léa Salamé, Thomas Legrand et de Charline Vanhoenacker dans un grand désespoir. Pendant plus de quinze jours, il n'y eut pas un matin sans que ceux-ci regrettent les aberrations qu'ils professent, les fascistes qu'ils admonestent et les démocrates qu'ils encensent. A ces junkies de l'absurde, il manque une dose indispensable - le premier shoot de la journée est toujours le meilleur - de caféine mentale, de prise de conscience, d'aboiement salvateur. Comment rire sans Inter, comment parodier? Que tweeter d'amusant? La journée n'est pas encore commencée qu'ils n'ont déjà plus d'énergie. De guerre lasse, ils se rendorment lamentablement au son des plus belles jérémiades d'Alex Beaupain. La Réaction est comme l'antifascisme: créativité plagiaire, elle se nourrit sur le dos de l'ennemi. Quand l'ennemi disparaît, elle n'est plus opérante. Un matin sans Inter, c'est un réveillon sans alcool, une nuit de noce sous somnifère. Exiger le retour de sa Matinale, c'est faire un geste utile pour le retour des forces obscures.   

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    Solange Bied-Charreton

  • A propos des publications de Lafautearousseau : nos archives sont faites pour être consultées ...

    Quelques informations concernant notre fonctionnement et nos publications :

    ♦ Les lundis de Louis-Joseph Delanglade (politique intérieure et extérieure généralement alternées) vous sont proposés chaque semaine (hors vacances). Vous pouvez consulter l'ensemble des chroniques déjà parues, en cliquant sur l'icône les lundis de Louis-Joseph Delanglade. (Page d'accueil, colonne de droite). 

    ♦ Grands auteurs ou acteurs de l'Histoire s'enrichit, chaque semaine, de pensées et réflexions particulièrement pertinentes. Déjà cités : Edgar Poe, le Dalaï Lama, Tocqueville, Baudelaire, Vaclav Havel, Claude Lévy-Strauss, Charles Péguy, Dostoïevsky, Goethe, Anouilh, Malraux, Unamuno, la Satire Ménippée, George Steiner, Shakespeare, Frédéric II, Jacques Perret, Georges Bernanos, Anatole France, Auguste Comte, Balzac, Racine, Pierre Manent, Louis XIV, Charles Maurras, Alexandre Soljenitsyne, le Pape François, Wintson Churchill, Alfred de Musset, Michel Houellebecq, Jean Giraudoux, Gustave Thibon, Choderlos de Laclos, Jacques Ellul, Simone Weil et Jacques Bainville. Vingt-quatre Français, neuf grands esprits européens, anglais, allemand, espagnol, russe et tchèque. et trois non-européens, Edgar Poe, le Dalaï Lama et le pape François. Bien d'autres grands auteurs éclectiques et profonds sont à venir. « Du bonheur d'être réac ? » C'est ce qui les rassemble. N'hésitez pas à consulter cette bibliothèque qui s'étoffe et se construit ! (Icône en page d'accueil, colonne de droite). 

    ♦ Vimeo vous offre une sélection exceptionnelle de 128 vidéos : Documents d'archives, conférences anciennes et récentes, débats, cafés politiques, évènements et activités, etc.  (Icône en page d'accueil, colonne de droite).  

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    Que les esprits pessimistes ou chagrins y trouvent du réconfort : nous ne faisons pas rien ! Nous travaillons tous les jours, sans esprit de chapelle, dans la nébuleuse lafautearousseau !

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  • LIVRES & HISTOIRE • Éric Zemmour : Les leçons à retenir de Law, premier banquier central de l'histoire de France

     

    Zemmour s'amuse, ici - et nous amuse - au jeu des comparaisons. Qui ne sont jamais tout à fait raison mais peuvent avoir leur morale. Pour nous, par exemple. En tout cas pour ceux qui aujourd'hui voient dans la planche à billets le salut économique. Lorsque Zemmour s'amuse à écrire que Law fut le premier banquier central de l'histoire de France. il nous montre surtout comment le genre d'audace dont Law et ses contemporains crurent faire preuve se terminent en catastrophe. A méditer ? Lafautearousseau 

     

    XVM6312673a-de1a-11e4-b137-20089febc440.jpgOn est dans les Mémoires de Casanova : « Une vie de dandy, un duel, une évasion, une fuite à l'étranger.» Ou dans ceux de Saint-Simon: complots de courtisans et afféteries fielleuses. Ou dans Barry Lyndon: tables de jeu pour aventuriers retors, fêtes galantes et guerres en dentelles. Ou dans Que la fête commence: régent libertin et cardinal Dubois cynique. Ou dans Le Bossu: «touchez ma bosse, Monseigneur ! »

    Magie du XVIIIe siècle : on ouvre un livre sur John Law et notre imagination vagabonde aussitôt. À l'époque, on francise tout en maître: John Law devient Jean Las (qui rime avec hélas); aujourd'hui, on se soumet en esclave à la prononciation anglaise : John Lo (qui sonne comme loi en anglais). On rêvait de retrouver Marisa Berenson dans Barry Lyndon et on retrouve Keynes avec sa théorie économique  Les courbes que l'on nous montre ne sont pas celles auxquelles on avait songé. Et les billets ne sont pas aussi doux qu'on l'avait imaginé.

    C'est la première habileté de l'auteur, Nicolas Buat : il nous fait atterrir de la salle obscure de cinéma à l'amphi d'économie avec suffisamment de douceur, pour qu'on ne soit pas trop secoué. Mais ça secoue quand même; la matière est aride et on est dans la soute. Sous les ors et dentelles, c'est la théorie économique qui naît au forceps: John Law est le premier banquier central français, qui met au point les leviers de la création monétaire et du soutien à l'économie.

    L'Écossais avait vu quelques années plus tôt l'émergence de la Banque centrale anglaise, qui avait permis de financer sans risques les guerres de la Couronne d'Angleterre contre le Roi-Soleil. « En pleine guerre de Succession d'Espagne, le contraste était éclatant entre une France pratiquant la cavalerie financière et une Angleterre maîtresse de ses taux et de son endettement. » Napoléon s'en souviendra lorsqu'il fondera la Banque de France en 1800. Mais il était dit que le génie financier serait l'apanage de la perfide Albion. En vieil allié de la France, l'Écossais nous en livra pourtant ses secrets. Mais sa déconfiture finale nous fit prendre un siècle de retard. Et coûta son trône à une monarchie surendettée. 

    John Law  de Nicolas Buat, Les Belles Lettres, 259 p., 21€.

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