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Il est bien vrai que nous vivons sous une République de copains, que François Hollande n'a pas tenu sa promesse d'en renier les pratiques, encore moins d'instaurer cette République irréprochable qu'il avait fait miroiter; la réalité en est même l'exact contraire.
En présentant la dernière parution de Valeurs actuelles, dans la vidéo qui suit, Yves de Kerdrel a donc toutes sortes de justes raisons pour dénoncer « la République des copains ! ». « Nominations de complaisance, recasages discrets, en trois ans, le pouvoir socialiste a fait main basse sur l’État et satisfait l'appétit de ses courtisans ».
Que le niveau des copains ait baissé, soit. Il ne cesse de baisser depuis longtemps et descend quelques crans à chaque nouvelle mandature. Ce qui rend le dit copinage toujours plus criant et plus insupportable.
Mais il serait un peu juste et tout à fait faux de laisser croire que ce système a été apporté par François Hollande; qu'il est le propre des socialistes; que leurs prédécesseurs en sont innocents. Et - pourquoi pas ? - leurs éventuels successeurs.
La vérité est que, si tout Pouvoir instaure un certain niveau de copinage, la République aggrave grandement cette inclinaison naturelle parce que le Chef de l'Etat lui-même est issu d'un clan, qu'il en est l'émanation, qu'il lui doit en partie son élection, qu'il aura besoin de lui pour son éventuelle réélection et qu'il doit donc être, pour les hommes qui le composent, reconnaissant et généreux. Et, bien-sûr, ceci ne vaut pas que pour François Hollande et ses socialistes.
On nous excusera de rappeler ces simplicités et cette évidence que la République est non pas accidentellement mais essentiellement un système de copinage; qu'elle l'est par nature, de fondation. Qu'elle l'a toujours été et le sera toujours, pour le temps qui lui reste à vivre. Pourvu que Dieu lui prête vie, comme on dit couramment et comme nous ne le souhaitons pas. Pas plus, par exemple, que Michel Houellebecq.
C'est qu'aucune autorité impartiale - au sens plein du terme - ne surplombe le système et n'y impose un minimum de retenue à la loi du copinage et un minimum de sens du bien commun.
Tel est le vice de notre République et son incomplétude, ce qui renvoie aux déclarations d'Emmanuel Macron qui, en l'occurrence, va nettement plus loin et plus profond que le propos, pourtant fort juste et sympathique, d'Yves de Kerdrel. Pourquoi n'y réfléchirait-il pas ? LFAR •
(1min 36s)
Dieu merci, il reste les livres. à la veille de la pause estivale, on aurait aimé donner des conseils de lecture et de quoi occuper l’esprit et le cœur à de saines nourritures. Hélas, l’actualité ne laisse guère de répit. Mieux encore, elle nous invite à la vigilance. Que la période qui s’ouvre soit propice à ressasser l’affaire Saal et ce qu’elle nous dit de la faillite de la gauche culturelle.
Agnès Saal est cet administrateur civil au ministère de la Culture. Encore récemment chouchou du régime socialiste, elle occupait le poste très en vue de président de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) au terme d’une carrière sans faute. Sur dénonciation, le conseil d’administration de cet établissement public industriel et commercial (Epic) prenait connaissance des dépenses de taxi somptuaires de son président. Plusieurs dizaines de milliers d’euros en quelques mois à peine ! L’affaire devenue publique, le ministre alerté, voici Agnès Saal poussée à la démission au terme d’un déchaînement de l’opinion publique sans précédent s’agissant d’un haut fonctionnaire. La polémique s’est encore amplifiée lors de la réintégration dans un poste en administration centrale, procédure normale et ne marquant pas un traitement de faveur, loin de là, mais un passage obligé avec le déclenchement de poursuites disciplinaires et – sans doute – pénales.
Dans une affaire de ce genre, nous nous en voudrions de hurler avec les loups. Car elle possède nécessairement une dimension humaine, même si elle n’excuse pas tout et encore moins de tels écarts. En l’espèce, il est de notoriété que ce haut fonctionnaire était un bourreau de travail et que sa situation personnelle était – en raison du handicap d’un proche – très difficile. Mais cela n’explique pas pourquoi les moyens mis à son service pour l’exercice de ses fonctions par la collectivité aient pu être apparemment détournés et mobilisés à des fins privées.
Ainsi, l’irrésistible ascension d’Agnès Saal est désormais arrêtée. Elle a commencé au milieu des années 80 à la sortie de l’ENA. La jeune fonctionnaire, dans la bonne moyenne de sa promotion, rejoint le ministère de la Culture comme chef de bureau. Un poste pas très glamour, il est vrai, car les comptables sont rarement bien vus au pays des saltimbanques. Une volonté de fer, l’envie dévorante de parvenir et sa carrière s’accélère véritablement après avoir été membre de deux cabinets ministériels socialistes. La voilà placée au poste de n°2 du plus grand établissement culturel.
Des amis et beaucoup d’ennemis
Après avoir passé au chaud les longues années où la droite est au pouvoir, les plus grandes espérances se forment pour elle. Elle est annoncée comme directrice de cabinet du ministre de la Culture de François Hollande, Aurélie Filipetti. Hélas, à la dernière minute, le château impose une autre femme, plus jeune, plus introduite. Agnès Saal n’a pas que des amis à gauche. La vieille mitterrandie, en la personne d’un Jean-Noël Jeanneney, la soutient. Mais le temps a passé, une nouvelle génération monte. Des amis, Agnès Saal en a aussi à droite. Barrée des listes de la légion d’honneur où l’administration complaisante l’avait glissée (« depuis quand décore-t-on les socialistes ? » aurait glissé un conseiller outré), elle voit son nom rétabli par l’Elysée chiraquienne !
Numéro deux, elle le restera pendant dix ans avant de devenir, enfin, la première à l’Ina. Les brillants seconds ne font pas toujours d’excellents premiers. Et c’est peut-être ce sentiment de liberté éprouvé tout à coup, la solitude aussi qu’implique une position de pouvoir aussi haut placée, qui peut expliquer ce naufrage. « Tomber pour ce motif, c’est affreux », chuchote-t-on en haut lieu. Tout un symbole, en effet. •
Née en France mais emmenée par ses parents à 16 ans en Algérie pour être mariée de force avec un cousin, Zohra K. a vécu l’horreur dans un petit village de Kabylie. Subissant brimades, coups et viols, elle finira par s’échapper au bout de vingt ans de captivité. Dans Jamais soumise, publié chez Ring, elle raconte sa tragique histoire.
De quelle manière vous êtes-vous retrouvée en Algérie ?
Ce sont mes parents – vivant et travaillant en France – qui m’ont emmenée là-bas. Il s’agissait de me punir de mon comportement – j’étais un peu une adolescente « rebelle », qu’ils ne jugeaient pas acceptable. Mais quand j’ai pris l’avion, je n’avais aucune idée de ce que m’y attendait. Ma mère me disait que nous partions pour quelques semaines. à aucun moment, je ne me suis dit que j’allais y rester vingt ans et être mariée de force.
Quel était ce village de Kabylie où vous êtes resté captive pendant vingt ans ?
Cinq familles y résidaient : nous étions tous cousins germains. Ce village était éloigné de tout et de tous. On vivait en autarcie.
Vous expliquez que vous pardonnez à vos « ravisseurs ». Un pardon, d’ailleurs, que vous semblez avoir transmis à vos filles…
Je les ai élevées avec ce souci. Je leur ai même demandé de garder des contacts avec leur père. Ce n’est pas à moi de les priver de toute relation avec lui. Elles n’ont pas à subir les conséquences de ma vie : elles n’ont pas choisi de naître, comme je n’ai pas choisi leur père. Je n’éprouve plus de haine.
Autre fait marquant dans votre livre : votre solitude sur place. Personne ne semblait en mesure de vous aider…
C’est ce qui était le plus dur. Tout le monde voyait ma détresse, mais personne n’y pouvait rien, même le médecin ! Alors que je cherchais à m’échapper, il me manquait une certaine somme pour le faire. J’ai sollicité un oncle qui avait des moyens et qui me soutenait moralement. Mais le jour où je lui ai demandé cette fameuse somme, il m’a répondu : « Je les ai et je peux te les prêter mais je ne le ferai pas. Tu es mariée à cette famille et je ne veux pas avoir affaire avec eux ».
Sont-ils capables de changer leur manière de penser ?
La famille à laquelle j’ai été intégré de force a greffé l’islam sur une tradition, sans forcément le pratiquer d’ailleurs. Les préceptes du Coran n’étaient pour eux qu’un prétexte. De toute manière, là-bas, ils ne font que reproduire indéfiniment les mêmes schémas. Les parents éduquent comme ils ont eux-mêmes été éduqués, les violeurs sont d’anciens violés… Bref, ils n’ont pas d’autre modèle d’éducation. Cela étant, ce que j’ai vécu est exceptionnel et n’est pas le quotidien de toutes les femmes de Kabylie. Il ne s’agit pas de s’en prendre à une religion ou à un pays en particulier. L’inceste, la pédophilie ou les violences contre les femmes sont des faits qui ont cours partout dans le monde.
En plus de l’écriture, vous avez une autre passion : la peinture…
Oui, je peins depuis toute petite. Après une pause – contrainte – pendant ma captivité, je m’y suis mise à nouveau, ce qui m’a permis d’éliminer la haine que je portais. Aujourd’hui, il s’agit de l’une de mes principales activités : j’expose et vends mes œuvres, toutes inspirées de mon histoire. •
Jamais Soumise, Vingt ans dans l’Enfer de l’Obscurantisme de Zohra K. Ed. Ring. 17 euros.
Grégoire Arnould - Politique magazine
PRESENTATION OFFICIELLE "JAMAIS SOUMISE" (ZOHRA K.) par Editions_Ring
L’encyclique pontificale, Laudato si’, fait de la préservation de notre planète un impératif. Contre la finance irresponsable qui gouverne le monde quel qu’en soit le coût à supporter pour l’homme et l’environnement, elle invite à des réformes radicales de nos modes de production et de consommation. C’est ce que François appelle la « conversion écologique » et qui lui vaut d’être chaudement félicité par le monde politico-médiatique. Mais elle fait aussi – elle fait surtout – la part belle à ce qu’il est convenu d’appeler « l’écologie intégrale » ou « l’écologie humaine ».
« L’écologie humaine, expliquait l’évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Dominique Rey dans le journal La Croix, désigne, d’une part, les interactions de l’homme avec son environnement naturel et social et, d’autre part, une approche de la personne vue comme un écosystème à protéger ». Projet global de société, elle développe une vision « intégrale » de l’homme. Vision intégrale ? Autrement dit, une anthropologie où la préservation de la nature est nécessairement liée à la sauvegarde des « conditions morales » sans lesquelles l’homme lui-même court à sa destruction.
On comprend alors l’urgence d’une « conversion écologique ».
Car nos contemporains, nous dit le pape, se sont laissés asservir par la technologie dont les ressources sans fins rendent possible la destruction de la nature, une nature que l’humanité est censée transmettre intacte aux générations futures. Par individualisme exacerbé, ils se sont laissés dévoyer par un consumérisme débridé. Cet individualisme, étroitement lié à l’idée prométhéenne d’un « progrès » infini, les a coupés des réalités concrètes de la création. Dans sa volonté de tout maîtriser, notre folle modernité prétend même dépasser les limites imposées par la finitude humaine !
L’apport le plus original de cette encyclique, la première publiée par ce pape inclassable, se situe dans cette mise en perspective éclairante : la crise écologique, explique-t-il en substance, est l’expression la plus visible d’une profonde crise éthique et spirituelle. Au fond, elle est une crise de civilisation.
On le lira dans le vaste dossier de ce numéro d’été de Politique magazine : dénonçant une crise de civilisation, dont il donne à voir les causes, le pape ne fait que décrire une réalité brutale. Après les attentats en Isère, Manuel Valls, lui-même, a évoqué une « guerre de civilisation ». Mais de quelle civilisation parle le Premier ministre ? Celle qui autorise les femmes à louer leurs ventres comme les ouvriers louent leurs bras ? Celle qui produit des enfants aux filiations impossibles ? Au nihilisme on n’oppose pas le nihilisme, semble lui répondre François.
La France accueillera la prochaine conférence sur le climat, fin 2015. Chacun a conscience qu’il nous faut désormais préserver nos écosystèmes mis à mal par des dizaine d’années de productivisme incontrôlé. Puissions-nous tirer du constat de ce saccage environnemental, les conclusions éthiques, et donc politiques, qui s’imposent. •
Aujourd'hui, c'est la question des prix de la viande et du lait qui jette les éleveurs dans la rue, ou plutôt sur les routes. Mais, au-delà, c'est ce sombre désespoir et cette peur de mourir qui animent la colère des éleveurs, victimes d'un système absurde et mortifère pour les plus faibles, ce système agroalimentaire mondialisé et libéralisé qui privilégie l'argent et la manipulation des cours et des prix plutôt que le labeur et la peine des hommes : est-il normal que des agriculteurs qui travaillent parfois plus de 70 heures par semaine soient réduits à mendier des subventions et ne puissent pas vivre des produits de leur ferme ?
Surprise par la vivacité d'un mouvement qui embrase tout l'Ouest et bien au-delà, le gouvernement de la République cherche d'abord à éteindre l'incendie mais il avoue vite son impuissance devant des règles économiques qui le dépassent et dont il ne peut pas se déprendre, prisonnier d'une Union européenne trop libérale pour être favorable aux travailleurs de la ferme et d'une société de consommation qui privilégie toujours le bas coût et le court terme à la qualité, autant des produits que de la vie des campagnes et de ses bras. La grande distribution n'a guère de sentiment quand il s'agit de faire des affaires (à quelques exceptions près, certains directeurs de magasins privilégiant des produits locaux et des producteurs proches), et elle favorise des méthodes de production indignes de notre civilisation et du nécessaire respect autant de la nature que des hommes !
Quand j'entends un éditorialiste télévisuel déclarer qu'il faut « moderniser l'agriculture française », je bondis ! Car, après tout, n'est-ce pas ce que l'on a fait depuis les années 1950, pour le meilleur mais aussi (et au final, surtout...) pour le pire ? Et il faudrait continuer sur cette voie d'une agriculture qui, désormais, sacrifie les agriculteurs aux profits de quelques grandes sociétés, et qui ne voit la nature que comme une source de revenus financiers alors qu'elle est d'abord nourricière, vivante mais aussi fragile et digne d'être respectée, aimée et non violée !
Alors, quelles solutions à la crise actuelle ? Certes, des mesures conjoncturelles sont nécessaires, tout d'abord, pour éviter le drame d'une faillite massive d'exploitations agricoles en France et, à terme, le déclassement de l'agriculture française : des aides financières, des hausses de prix agricoles et des remises de dettes et de charges, entre autres. Mais il faut surtout repenser rapidement et sûrement l'agriculture en France, pour éviter d'autres crises et redonner à ce secteur du souffle tout en le pérennisant : un néocolbertisme agricole est possible en France, pratiqué par un État qui doit permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier tout en produisant en quantité et de bonne qualité pour de multiples marchés et, d'abord, ceux qui concernent les consommateurs français eux-mêmes. Favoriser au maximum les circuits courts ; aider les producteurs à diversifier leurs sources de revenus en privilégiant, au-delà de leurs grandes spécialités, des formes de polycultures locales ainsi que l'agroforesterie ; mettre en place, avec les producteurs locaux, de véritables aires de production autour des villes, aires qui fournissent les commerces de bouche locaux (y compris de la grande distribution, avec obligation pour celle-ci d'acheter une part significative de la production agricole locale à de bons prix) ; pratiquer une politique de « redéploiement rural » pour accompagner un mouvement plus général de revitalisation agricole et villageoise... Voilà quelques propositions, et c'est une liste bien incomplète assurément (ce ne sont pas les idées qui manquent !), mais rien ne peut se faire de concret et de durable sans une politique d’État qui rappelle celle de Sully quand, au sortir des guerres de religion, il fallait reconstruire l'agriculture en France. Une politique sur le long terme, audacieuse et ferme face aux grands acteurs financiers de la mondialisation, aux multinationales de l'agroalimentaire et aux pressions des partisans d'un Libre marché globalisé qui n'est rien d'autre qu'un vaste champ de bataille de tous contre tous... Un État qui soit actif sans être intrusif, qui soit ferme sans être dictatorial, qui soit fédéral sans être dispersé...
Il ne s'agit pas de faire de l'étatisme (qui serait aussi dévastateur et vain que le libéralisme sans limites) mais de promouvoir, de soutenir, d'arbitrer, de protéger l'agriculture française et ses acteurs, tout en leur laissant « libre voie » pour s'organiser eux-mêmes pour mieux s'intégrer (et, cette fois, dans de bonnes et justes conditions) aux circuits économiques contemporains sans en être les esclaves ou les victimes.
La République a toujours été ambiguë avec le monde paysan : les amis de Jules Ferry employaient un terme d'origine coloniale, la « cambrousse » pour désigner la campagne, tout en faisant les yeux doux aux agriculteurs électeurs pour gagner les élections... Aujourd'hui, cette même République ne sait comment résoudre la « question agricole », par fatalisme, acceptation totale du libéralisme, ou simple impuissance politique. Là encore, la République n'est pas la mieux placée pour préserver l'agriculture française tout en la rendant à ses fonctions et ses qualités premières : une monarchie qui romprait avec les féodalités financières et l'esprit d'abandon, qui retrouverait le souffle et la pratique d'un Sully et valoriserait l'agriculture « à taille humaine » sans négliger les enjeux de l'économie, serait plus efficace que cette République aux abois qui ne sait que faire des agriculteurs... •
Le blog de Jean-Philippe Chauvin
Source : site Valeurs actuelles
Comme souvent, ici, Denis Tillinac parle d'or
Si la presse régionale s’émancipait de la monochromie gauchisante, elle perdrait sans doute moins de lecteurs !
Chaque fois que je fais escale dans une de nos provinces, je me plonge dans le quotidien local. Les noms de lieux et l’intitulé des rubriques m’intronisent peu ou prou dans un terroir ; il est question de pêche dans Presse Océan, de rugby dans Sud Ouest, c’est instructif et dépaysant. Mais je constate que partout les plumes des localiers sont trempées dans la même encre.
Que les médias nationaux, écrits ou audiovisuels, soient très majoritairement d’imprégnation gauchisante, nul ne l’ignore. Que leurs réflexes, leur sémantique, leurs partis pris moralisants soient repris à l’identique dans la presse régionale, c’est plus choquant, car ces journaux, souvent en situation de monopole, affectent une neutralité de façade. Seule la Dépêche du Midi, où j’ai fait mes débuts, annonce la couleur : historiquement, elle est radsoc et entend le rester. Rien à redire, donc.
Mais dans un pays où, tout de même, le champ des idées n’est plus monochrome, comme l’atteste entre autres symptômes la bonne santé de… Valeurs actuelles, on s’étonne de n’en trouver aucun reflet dans la presse quotidienne régionale. Les scores électoraux des Républicains et du FN ont beau être supérieurs à ceux du PS et de ses alliés, les tournures d’esprit des localiers restent alignées sur des clichés soixante-huitards.
Mimétisme de provinciaux toujours fascinés par les éditorialistes de la capitale ? Sans doute. Mais ces trentenaires ou quadras qui récitent benoîtement le catéchisme au demeurant fort respectable du Monde, de Libé, de l’Obs, de Télérama ou de France Info sortent des différentes écoles de journalisme. Il faut croire que leurs enseignants ont tous été formatés par la Rue de Solferino, la Fondation Jean-Jaurès ou le think tank Terra Nova.
Lors du dernier scrutin présidentiel, on invita les étudiants des trois principales écoles à émettre un vote. Au premier tour, Hollande obtint une franche majorité, le reste des bulletins se dispersant entre les autres candidats de gauche. Au second tour, 100 % de voix pour Hollande (sic). Or, on se souvient que dans la France “réelle”, Sarkozy recueillit presque la moitié des suffrages. Conclusion : les journalistes de la nouvelle génération sont calibrés comme des soldats sous l’uniforme. Le pluralisme démocratique n’y trouve pas son compte.
C’est fâcheux pour ces jeunes, condamnés à regarder les choses de la vie, jusqu’à leur retraite professionnelle, avec des lunettes de vieux, et des oeillères en prime. C’est dangereux pour cette presse de province, jadis florissante et où, dans les salles de rédaction, de vifs débats opposaient conservateurs et progressistes, libéraux et dirigistes, souverainistes et européistes, jacobins et girondins, gaullistes et parlementaristes. Désormais, elle perd des lecteurs, et au train où elle relaye des postures idéologiques obsolètes, elle risque le décrochage.
Renseignements pris, Libé demeure la référence dans ces écoles où les idées de droite n’ont pas droit de cité. Le Libé de Sartre et de Serge July fut pendant trente années le vade-mecum de notre intelligentsia après sa longue compromission avec le stalinisme. Le monde a changé, les maîtres à penser de cette époque ont perdu leur crédit : Libé n’incarne plus qu’une sensibilité politique marginale. C’est une constatation.
En endoctrinant les futurs journalistes, on les prive de la capacité d’interpréter les réalités d’un monde en perpétuelle métamorphose. Par voie de conséquence, on prive le citoyen provincial de l’opportunité de retrouver dans son quotidien les débats qui agitent la conscience nationale. Du coup, il est tenté de les chercher sur les sites Internet, refuges équivoques du pluralisme.
Ayant biberonné la presse écrite, je déplore que les générations montantes s’en détournent. Mais quand j’ouvre le quotidien de ma région, ça m’agace de subodorer, même dans les pages locales, même dans les pages sportives, un fumet idéologique désuet autant que lourdingue. On voudrait supplier ces Rouletabille juvéniles d’ouvrir leurs écoutilles et d’être moins dociles aux injonctions du cléricalisme rose ou rouge. On voudrait, s’il n’est pas trop tard, qu’ils s’énamourent d’une égérie exigeante mais délectable : la liberté de penser. •
Denis Tillinac - Valeurs actuelles
L'hypothèse est de Sylvia Bourdon, chef d'entreprise, dans Boulevard Voltaire. A vrai dire, elle ne nous surprend pas. La religion de l'Euro est française, pas nécessairement allemande. D'autre part, il nous paraît assez clair que l'Allemagne, ses dirigeants, son opinion, considèrent désormais avoir atteint la limite au delà de laquelle il n'est plus question de payer pour les autres. Notamment pour les pays du Club Med comme on a pris le pli des les (nous) appeler, outre-Rhin. On les comprend. Enfin, est-il toujours si sûr que l'Allemagne redoute l'appréciation de sa monnaie qui suivrait sa sortie de l'Euro, au moins comme monnaie unique ? On peut en douter car une bonne part de l'industrie allemande a pour pratique de faire fabriquer à l'étranger, notamment chez ses voisins d'Europe Centrale, ex-communiste, les ensembles ou sous-ensembles servant à la construction de ses propres produits. L'Euro fort lui permettait de les acheter à bas coût. Un Mark ou Euro Mark réévalué lui permettrait des achats à encore meilleur compte et il n'est pas sûr que ses prix de revient s'en trouveraient augmentés de beaucoup. Ce qui est sûr c'est que l'Allemagne est excédée par un certain nombre de pays de l'Eurogroupe et qu'aucune autre voie plus favorable à ses intérêts ne lui paraît plus inenvisageable. Sans-doute au contraire. LFAR
L’humiliation de la Grèce est depuis longtemps le but de Schäuble. Il estime que l’Union européenne n’est plus viable. Son ambition est une union politique qui n’est possible, selon lui, qu’avec des États germano-compatibles. Le « Grexit » est au programme.
Schäuble s’imagine l’architecte d’une nouvelle Union européenne. Le « Grexit » est essentiel. Ce vieux cacique de parti rejette SYRIZA. Le couronnement de sa carrière serait de prouver que l’on peut y arriver, en s’appliquant avec discipline et persévérance. Il est amateur de grandes coalitions. « Son Union européenne » n’est pas composée d’associations incontrôlables, hautes en couleur, où chacun peut y trouver son bonheur.
SYRIZA, du pain béni pour Schäuble. Il n’est plus contraint de composer avec le parti ami, Néa Dimokratía. Varoufákis livre dans une interview au New Statesman certains détails. La Troïka rejetait ses propositions, sans argumentations et sans contre-propositions. Selon Varoufákis, la Troïka a mené en bateau les Grecs. Lorsque Varoufákis lançait à Schäuble qu’il n’est plus possible de négocier selon les vieilles règles, il rétorque : « Nous avons 19 pays dans l’eurozone où se tiennent des élections. Si après chaque élection nous devons changer les règles, ça n’est plus gérable. Il y a des règles auxquelles il faut se tenir, peut importe qui gouverne. » Signification : les sauveurs de l’euro veulent éjecter la Grèce.
Ambrose Evans-Pritchard, du Telegraph, écrit que Schäuble, sans y mettre les formes, est le seul politicien à apporter une alternative pour la Grèce : la sortie de l’euro, une aide humanitaire, le soutien pour une nouvelle drachme par la BCE. Ceci sonne bien, alors que Tsípras fut contraint de signer.
Cet accord ne peut tenir. 3 mois de souffrances supplémentaires. Au plus tard en octobre, une nouvelle réunion aura lieu pour un constat d’échec. Schäuble espérait que Tsípras choisirait le « Grexit ». Tsípras est naïf, n’est pas à la hauteur des « durs à cuire » de Schäuble. En « realpolitik », ce sont les intérêts qui priment. Le « Grexit » est inévitable. L’Allemagne ne suivra plus dans une eurozone en tel dysfonctionnement. Tsípras n’a pas compris le message martelé depuis des mois. La Grèce est indésirable. Si Merkel-Schäuble avaient vu une chance minime de garder la Grèce dans l’euro, ils auraient présenté un autre accord, avec de l’argent pour les investissements, d’autres fonds des États membres, l’aide de la BEI et de la BERD, ils auraient évoqué la protection des dépôts. Schäuble veut la disparition de la Grèce de l’euro. En revanche, les banques devront être directement soumises à la BCE. Personne ne parle plus de l’union bancaire célébrée il y a quelques mois.
L’Allemagne ne sauvera pas les banques grecques, Schäuble le sait. Sa proposition à Tsípras : « Si vous sortez de l’euro, vous obtiendrez une réduction de la dette. » Avec un « Grexit », le message Schäuble aux autres pays du sud est clair : « Tout le monde sera traité comme la Grèce. Ou vous jouez selon les règles, ou vous y serez contraints. » La « généreuse » proposition de la Troïka de transformer la Grèce en euro-protectorat devra intimider. Le temps est avec Schäuble. La situation italienne est catastrophique. L’Espagne présente une situation pire qu’officiellement annoncée. Podemos est un SYRIZA en puissance. Schäuble refuse de négocier avec ces partis, adversaires de l’austérité. Il leur mettra le couteau sous la gorge.
Il veut un Parlement de l’eurozone, en estimant que l’unité politique ne pourra voir le jour que s’il traverse une crise. Restent l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Slovaquie et, si possible, la France, laquelle deviendra problématique si Marine Le Pen arrive au pouvoir. Schäuble veut cette eurozone en tant qu’union politique, avec union de transfert, budget commun, un seul ministre des Finances qui aurait tous les pouvoirs, une sécurité des fonds communs, une assurance chômage commune et un programme d’intégration. Rien ne le fera reculer pour imposer son plan. Il sait qu’une ligne rouge s’est créée dans l’Union européenne contre sa politique. Le temps presse. La destruction de l’ancienne Union européenne est engagée. Il y aura des dommages collatéraux, lesquels, selon Schäuble, seront moins importants que si l’on continue à se coltiner les Grecs, les Italiens, etc. •
Sylvia Bourdon - Boulevard Voltaire
Lire notre note du 22 juillet 2015
Pour Philippe Bilger, l'argument du candidat à la présidentielle qui y va par sacrifice car il est le seul à pouvoir sauver la France est hypocrite et urticant. Il a raison. Selon lui, « Hollande, Sarkozy et les autres sont usés jusqu'à la corde ». Il a deux fois raison.
Philippe Bilger nous apparaît comme un homme d'esprit éminemment honnête et de bon sens. Mais si son constat ne va pas au delà de l'usure trop évidente des hommes, des politiciens qu'il cite, et des autres, nous craignons fort que l'essentiel soit raté. Et cet essentiel est l'usure extrême du Système même, dont il décrit bien les vices et leur malfaisance : la compétition permanente, les clans, les ambitions, la France reléguée au second plan, avec l'aval des élites et, sinon des intellectuels, du moins des médias. De sorte que la compétition pour le poste suprême est un poison permanent dont la France fait les frais. Parfaitement surprenant, dans des déclarations à tous égards extraordinaires, Emmanuel Macron - qui n'a sans-doute pas encore eu le temps de s'user - a pointé « l'incomplétude » non des hommes mais de notre démocratie elle-même. Et, pour comble d'audace, il a ajouté qu'il manque un Roi. Telle est, ici, notre conviction.
Il y a quarante-cinq ans de cela, le Comte de Paris avait écrit ceci qui à notre sens n'a rien perdu de sa valeur, tout au contraire et que nous livrons à la réflexion de nos lecteurs, dont, peut-être, Philippe Bilger lui-même : « Dans la démocratie formelle, l'accession à la charge suprême est le fait de la compétition dans le style individualiste du siècle dernier; toutefois, il est permis d'espérer qu'un jour, pour en finir avec l’escalade permanente du pouvoir, le moyen sera trouvé d'instituer dans la République une autorité qui ne soit pas seulement légale mais légitime: ce peut être l'exigence naturelle de la société véritablement organique qui doit naître des réalités de ce temps. » Voilà qu'à près d'un demi-siècle de distance, Emmanuel Macron dit à peu près la même chose. De quoi faire réfléchir ! LFAR
Le 14 juillet, le président de la République s'est posé en bouclier de la «patrie» et on voit bien ce qui se dessine pour l'avenir: il sera de plus en plus candidat avec l'exigence de rassemblement et d'unité comme programme, en cherchant à faire oublier qu'il avait promis la concorde aussi en 2012 et qu'on en a été loin au cours de ses trois premières années.
Il me semble qu'on accepte beaucoup de nos responsables publics et que sans illusion sur eux le citoyen ne peut pas faire autrement que de tolérer avec une ironie désabusée les propos conventionnels, la comédie des sacrifices et le rite obligé du devoir comme impératif suprême.
Il n'empêche qu'il y a des limites. Entendre le président déclarer: «S'il n'y a pas de baisse du chômage, je ne me représenterai pas» constitue une véritable provocation démocratique.
Il est le premier à n'être pas dupe de cet engagement puisqu'il en a déjà formulé d'autres et qu'à l'évidence il n'a jamais été ligoté par eux.
Par rapport à l'échec de ses gouvernements dans la lutte contre le chômage, sous son autorité, on devine bien qu'il parviendra à hypertrophier une embellie même minime pour justifier une candidature renouvelée.
Même si de telles promesses pieuses sont tellement traditionnelles de la part de nos présidents - Nicolas Sarkozy en 2007 n'en avait pas été avare - qu'on ne s'en indigne plus, elles sont pourtant révélatrices d'un jeu de rôles qui ne montre pas notre République et ses piliers sous un bon jour. Il y a, en effet, une sorte de connivence entre le pouvoir et les médias pour que les seconds fassent semblant de prendre au sérieux les promesses du premier.
Pourtant, dans la structure permanente du discours de conquête du pouvoir et de celui de son exercice, on retrouve les mêmes invocations: on n'aspire pas à présider par volupté ou pour abuser mais par ascèse parce que le souci du bien public est si enraciné qu'on ne s'imagine pas un autre destin, aussi éprouvant qu'il soit. On n'a absolument pas l'intention de durer pour durer et il va de soi que si les objectifs fondamentaux ne sont pas atteints, on se retirera avec une modestie exemplaire pour laisser la place à un successeur qui fera peut-être mieux que nous.
Tout cela est tellement usé, grotesque et cousu de fil trompeur que je ne m'explique pas pourquoi les médias, avec rage, sarcasme ou colère, ne contraignent pas le pouvoir à arracher le masque et à reconnaître sa supercherie.
Et, qui sait, à lui faire perdre l'habitude de ce simulacre et de cette fraude politique et humaine.
Il va de soi qu'un président, d'abord qui promettrait dans sa campagne moins qu'il ne tiendrait dans sa pratique, et qui ensuite afficherait sa seule envie de ne pas trop mal faire sans nous faire croire à une pureté impossible, aurait mes suffrages.
Ce qui crée le cynisme, ce n'est pas l'ambition ni de demeurer quand on a failli. C'est de prétendre qu'on ne se représentera pas quand on sait évidemment que sa décision est prise et qu'on fera comme tous ses prédécesseurs: on s'estimera, pour la France, plus important que la France elle-même.
Je déteste cette gauche présidentielle déjà en campagne et qui se moque de ses concitoyens. Elle nous prend pour des imbéciles.
François Hollande fera passer les intérêts supérieurs de la nation derrière des compromis qui lui assureront le soutien de son camp et lui permettront peut-être d'être présent au second tour et d'être réélu.
Pourquoi pas ?
Mais, de grâce, qu'il ne joue pas au vertueux et ne nous fasse pas prendre des vessies tactiques et opportunistes pour des lanternes magiques. •
Philippe Bilger - FigaroVox
Ces feux de la détresse - peut-être, en effet, les derniers - sur lesquels Dominique Jamet attire ici l'attention avec force et raison, ce sont ceux de nos éleveurs, de nos paysans, de nos campagnes et de nos villages. De la France charnelle. A l'inverse des Grecs qui sont au moins coresponsables de leur sort et n'ont jamais vécu que d'endettement - la Grèce a fait six fois défaut depuis son indépendance - nos agriculteurs sont surtout victimes. Victimes d'un monde, d'une idéologie, de la domination d'une concurrence qui les broie. Il n'est pas sûr qu'ils en voient la cause profonde. Et Dominique Jamet a bien raison de la dire : il n'est plus temps de pleurer les aides de l'Etat ou de l'Europe. S'ils ont une certaine responsabilité dans leur situation, elle est là : nos agriculteurs se sont habitués à vivre des aides et des subventions auxquelles on les a drogués. Ils les veulent et les réclament. A moins qu'ils ne sollicitent les grandes surfaces pour qu'elles diminuent leurs marges. Quelle naïveté ! Nous pensons ici que tant que l'on ne touchera pas au dogme du libre-échangisme globalisé, tant qu'on ne fixera aucune règle aux importations massives, de n'importe quoi, en provenance de n'importe où, notre production sera menacée d'extinction. En particulier en matière agricole. Nous pensons même qu'en cette matière, le principe de subsidiarité devrait être rendu partout impératif et que la circulation transcontinentale ou intracontinentale intense et systématique des produits alimentaires - en particulier - devrait être l'exception. Ce serait sans-doute la sagesse si les politiques le décidaient. Ce serait le retour à la qualité des produits, la limitation de la malbouffe, ce serait sauver de la désertification la campagne française et ce pourrait être un nouvel essor du monde paysan, avec le gisement d'emplois qu'il pourrait créer si on lui en assurait les conditions. Merci à Dominique Jamet d'avoir soulevé le problème de notre agriculture et de nos éleveurs dans sa pleine dimension. LFAR
La prison pour dette ? On pouvait croire que cette peine archaïque, abolie chez nous depuis plus d’un siècle, appartenait à des temps définitivement révolus. On se trompait. La conséquence immédiate la plus évidente de la conférence européenne qui s’est conclue lundi dernier à l’insatisfaction générale, celle des créanciers comme celle du débiteur, n’est rien d’autre que le placement de la Grèce sous écrou, pour cause d’insolvabilité.
La Grèce en prison, qu’est-ce à dire, et où diable se situerait cette prison? Entendons-nous. Il n’est question ici ni de la Bastille ni de la tour de Londres ni du château d’If où Edmond Dantès, futur comte de Monte-Cristo, perdit la liberté et crut bien perdre la raison. La prison dont il s’agit est une prison ultra-moderne, une prison immatérielle, une prison sans barreaux, ou plutôt dont les barreaux sont remplacés par des règlements, des interdits, des clauses obligatoires, des sanctions automatiques… Une prison, quand même, dont les onze millions de détenus, placés sous bracelet électronique, ont perdu la maîtrise de leur monnaie, de leur budget, de leurs lois, de leur destin. Indépendante depuis 1822, la Grèce a été mise sous protectorat en juillet 2015, pour une durée indéterminée, par ceux-là mêmes qui, osant se réclamer de l’idéal européen quand leur seule religion est l’euro, prétendent n’agir que pour son bien. Le feuilleton grec a-t-il pour autant trouvé son épilogue ? Qui dit prison dit geôliers, verrous, chiens policiers et surveillance permanente, mais aussi mutinerie ou évasion. À suivre…
Pendant que nous n’avions d’yeux que sur la tragédie qui était à l’affiche du théâtre de la Monnaie de Bruxelles, un autre drame, un drame économique, un drame social, un drame humain se déroulait sur notre territoire. Aux dires du ministre de l’Agriculture français, Stéphane Le Foll, ce sont entre 20 et 25.000 éleveurs de bovins et de porcs, 10 % des effectifs de la profession, qui sont actuellement au bord de ce gouffre qu’est le dépôt de bilan. 25.000 exploitations victimes de l’embargo russe, de la concurrence allemande et polonaise, des pratiques commerciales de la grande distribution, soit au total, avec les familles et l’environnement, entre 80.000 et 100.000 personnes mortellement touchées. Un coup de couteau de plus dans le tissu de la ruralité, une étape de plus vers la mort annoncée de nos villages, de nos bourgs, de toute cette France charnelle sur laquelle se sont abattus tous les corbeaux de la mondialisation.
Mais, dira-t-on, si ces agriculteurs sont menacés de faillite, l’État ne pourrait-il, substituant son aide à celles de la politique agricole commune, au cas par cas, au coup par coup, et le temps qu’il faudra, compenser leurs pertes par des subventions ? Eh bien non, de telles pratiques lui sont interdites par les règles qui régissent l’Union européenne.
Fort bien, mais une solution alternative pourrait être la limitation quantitative ou la taxation des importations de viande et de lait en provenance des pays étrangers dont la concurrence nous menace ? Cette défense naturelle est incompatible avec la libre circulation des marchandises à l’intérieur de l’espace européen.
Soit, mais est-il impossible au gouvernement de contraindre les colosses de la grande distribution, quitte à réduire leurs marges, à acheter les produits nationaux à des prix qui assurent leur rentabilité aux producteurs ? Ce serait une atteinte aux sacro-saints fondements d’une libre économie de marché.
« Achetez français », implore François Hollande, de passage en Lozère. Mais ni le Président ni l’État ni le gouvernement ne sont plus maîtres chez eux. Ils sont les spectateurs lointains de nos naufrages. Quant aux malheureux qui coulent, ils sont réduits à déverser du fumier devant les préfectures et les grandes surfaces ou à allumer sur les routes des barrages de pneus. Dérisoires et pathétiques protestations. Ce sont les derniers feux de la détresse.
L’asphyxie ou la noyade, c’est la perspective qui s’ouvre à la Grèce. La révolte, le suicide ou l’abandon, c’est le choix qui reste à nos éleveurs.
Quant à ceux qui nous gouvernent… dans quel monde vivent-ils, et quel monde nous fabriquent-ils ? •

Dominique Jamet, Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire
Couverture du numéro d'été de Politique magazine
Nous rappelons la mise en ligne il y a environ un an du site renové de Politique magazine.
Ce site - qui correspond parfaitement à ce que doit être la présence sur le Net d'un mensuel de la qualité de Politique magazine - vit, se développe et se renouvelle rapidement. Il s'agit là de toute évidence, de la réalisation d'une véritable équipe, large, jeune, intelligente et dynamique qui donne à réfléchir sur la politique, l'économie, les idées, l'art et la culture, les faits de civilisation. Bref, il en résulte un site que l'on trouve plaisir et intérêt à consulter régulièrement. Nous lui empruntons souvent ses articles qui nous ont le plus retenus.

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