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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1531

  • CINEMA • Retour sur Clint Eastwood et American sniper avec cette excellente critique, reçue de Pierre Builly dans nos commentaires

     

    Quand on a saisi que Clint Eastwood réalise la biographie filmée d'un authentique tireur d'élite qui a dégommé je ne sais plus combien de terroristes en Irak et qui a été assassiné, aux États-Unis, en février 2013 (c'est-à-dire il y a fort peu de temps) par un ancien Marine tourneboulé et dépressif, on comprend pourquoi le réalisateur ne fait grâce au spectateur d'aucune séquence.

    Je suppose que l'image du héros national Chris Kyle, plutôt bien interprété par un certain Bradley Cooper (avec qui il a une réelle ressemblance physique, d'après les photos) devait être sculptée de façon marmoréenne et qu'aucun de ses exploits et aventures ne pouvait être élidé. D'où la répétitivité des séquences qui correspondent à ses quatre séjours au Proche-Orient qui auraient tout de même pu être largement condensées, fût-ce au détriment de la précision maniaque.

    Autant le film s'étire démesurément, autant il commence bien, situe clairement ses personnages, fait quelques clins d’œil à Full Metal Jacket (entraînement des guerriers, bâtiments éventrés, flamboiement ici et là d'un arbre qui brûle, tireur dissimulé et efficace), pose clairement les enjeux, les dilemmes et les états d'âme d'un soldat qui doit, en quelques secondes décider de la vie et de la mort. Cette femme, ce gosse, qui s'avancent... de pauvres gens terrorisés qui viennent chercher du secours ou des kamikazes fous d'Allah ? Je tire (et je tue) ou non ?

    Le problème de la guerre, aujourd’hui, c'est qu'il n'y a plus de guerre, qu'il n'y a plus deux armées qui se font face à face. Ou plutôt qu’en face d'une armée qui pourrait gagner la bataille en affrontant et en défaisant l'autre parce qu'elle est plus nombreuse, mieux armée, mieux commandée, qu’elle est formée de braves gars courageux dont tous ne sont pas obtus, qui ont un équipement d'une incroyable sophistication, qui sont appuyés, au sol et dans l'air par toute la force de la première puissance du monde il y a en face des miliciens fanatisés largement plus disposés à mourir que nous ne sommes prêts à les tuer. Comment gagner lorsque toute une population accepte de lancer comme autant de bombes humaines, des enfants fanatisés sur l'envahisseur ?

    Ce qui fait un bout de polémique, dans le film de Clint Eastwood, c'est précisément que Chris Kyle et la plupart de ses compagnons d'arme n'ont pas nos délicatesses éthiques en magasin : ils mènent une guerre effarante où, de la moindre terrasse, de la moindre porte, de la moindre échancrure dans la dentelle des immeubles dévastés peut surgir la mort et le désastre. Ça rend fou, cela et nos sociétés amollies et compassionnelles n'ont plus le ressort nécessaire pour regarder en face les massacres. C'est comme ça, c'est sûrement un progrès, mais un progrès qui pourrait nous coûter cher.

    Ah, oui, le film, alors... ? Si on a aimé  Démineurs de Kathryn Bigelow, qui multiplie effets spéciaux, explosions diverses et corps hachés menu de la même façon, on pourra apprécier American sniper; mais l'un et l'autre film manquent tout de même beaucoup de dimension historique...

    Et finalement, ce qui m'a le plus touché, dans le film d'Eastwood, ce sont les images d'archives où l'on voit les voitures qui conduisent au cimetière la dépouille mortelle de Chris Kyle, saluée, au long de son périple routier par des milliers de gens déployant fièrement la bannière étoilée.

    Lorsque le convoi d'un soldat français tué en un des pays improbables où il a été criminellement envoyé par des potentats irresponsables, traverse le pont Alexandre III pour recevoir aux Invalides les honneurs militaires, je dois reconnaître que nous sommes beaucoup moins nombreux à venir lui rendre hommage. 

  • A nos lecteurs : Lafautearousseau doit grandir !

      

    D'avance, merci à tous ceux qui voudront bien participer. A partir de 5 € !

     

  • Théâtre • Péguy revisité, par Bruno Stéphane-Chambon

     

    Nous saluerons la reprise du montage poétique, consacré à des extraits de l’œuvre de Charles Péguy et à ses lettres écrites avant son départ pour le front de la Grande Guerre. Ils sont dits et interprétés par Michael Lonsdale. Cet acteur mystique, converti au christianisme à l’âge de vingt-deux ans est une sommité dans le monde du cinéma. Sa carrière théâtrale est aussi une des plus riches avec plus de 75 rôles et 16 mises en scène dont dernièrement, Yallah, Soeur Emmanuelle, spectacle créé par l’actrice Françoise Thuriès. L’acteur s’investit dans le parcours du poète qui tente d’unir le Charnel, la Terre et le Ciel. Poète qui, le 5 septembre 1914, premier jour de la bataille de la Marne, fut enlevé par la grande faucheuse, du monde des vivants, ou des survivants…

    Cette splendide interprétation est mise en scène par l’acteur Pierre Fesquet, qui depuis 2007, crée des spectacles poétiques et musicaux. Le déroulement du spectacle est accompagné par Thierry Bretonnet à l’accordéon qui mêle ses improvisations musicales à la voix des comédiens.

    On ne saura manquer d’assister à la reprise de ce spectacle en souvenir de l’auteur qui nous a laissé en testament la Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres :

    Etoile de la mer voici la lourde nappe
    Et la profonde houle et l’océan des blés
    Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
    Voici votre regard sur cette immense chape

    Michael Lonsdale, le Frère Luc Des hommes et des dieux*, nous y attend ! 

    Entre Péguy et Lonsdale
    Théâtre de poche Montparnasse
    75, Boulevard du Montparnasse, 75006 Paris
    01 45 44 50 21
    www.theatredepoche-montparnasse.com
    Places : Plein tarif, 24 € / Tarif réduit : 18 € / Tarif jeune, moins de 26 ans : 10 €
    Dimanche 29 mars à 15h ; Mercredi 1er avril à 19h ; Jeudi 2 avril à 19h ; Samedi 4 avril à 19h ; Dimanche 5 avril à 15h ; Mardi 7 avril à 19h ; Mercredi 8 avril à 19h ; Jeudi 9 avril à 19h ; Vendredi 10 avril à 19h.

    * Des hommes et des dieux, film français réalisé par Xavier Beauvois, inspiré de l’assassinat des moines de Tibhirine en Algérie en 1996. Présenté le 18 mai 2010, au Festival de Cannes, il a obtenu le César du meilleur film.
    Pour son rôle de Frère Luc, Michael Lonsdale a reçu :
    Le César 2011 : Meilleur acteur dans un second rôle ;
    Les Globes de Cristal 2011 : Meilleur acteur ;
    Le Prix Henri-Langlois 2011 : Meilleur acteur ;
    Le Prix Lumière 2011 : Meilleur acteur.

    Source : Politique magazine

     

  • VIDEO • Hilaire de Crémiers, à la veille du scrutin départemental : Pour quoi les Français votent ils ?

     

    H D C - Copie.jpg« Le peuple français est en recherche d’un salut. Il le trouvera le jour où il comprendra que le système où il est enchaîné, ne peut pas lui en offrir. L’électoralisme induit des postures qui évitent d’aborder les problèmes de fond. Postures, contre-postures et impostures.

    Que peuvent-ils faire, tous ? Ces prétendus sauveurs qui cherchent à gagner les suffrages des Français en s’imaginant ou en faisant croire qu’ils ont des solutions. Or, dans le système politique actuel français, il n’y a pas de solution. »  Hilaire de Crémiers  

     

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  • ECONOMIE • Timeo danaos, par Alain Pélops

     

    Il est loin le temps où les Grecs faisaient des cadeaux, mêmes empoisonnés. C’était celui des guerres en jupes courtes et jambières. Les dentelles sont venues plus tard. Mais, à bien y regarder, les menées d’Alexis Tsipras ne sont-elles pas un cadeau empoisonné ? Dénonçant le vrai problème mais appelant de leurs vœux les mauvaises solutions. 

    Au risque de caricaturer – c’est à la mode –, résumons la situation. Au commencement des années 2000, les Grecs, mal conseillés par quelque rusé Ulysse, falsifient leurs comptes pour s’introduire dans la zone Euro, moderne Cipango (le pays où tout se transforme en or). Une fois dans la place, la confusion des dettes d’état – et des investisseurs – leur permettait de s’endetter au même taux que l’Allemagne. Ils ne s’en privèrent pas et, entre 2000 et 2010, le produit intérieur brut grec doubla, le taux de chômage baissant de moitié. Pendant le même temps, le déficit annuel des paiements courants montait à 15 % du PIB.  

    La découverte de l’affaire déclencha une crise dont la monnaie unique ne sortit pas indemne. Les autorités européennes, pourtant coupables de négligence, imposèrent une cure d’austérité. La Grèce, qui avait péché par orgueil, était prise au piège : impossible de dévaluer sans sortir de l’euro et donc de « laisser filer » la monnaie, de renchérir les importations tout en rendant meilleur marché les exportations et de rétablir l’équilibre des comptes extérieurs. Restait la dévaluation interne.  

    Une bonne vieille saignée 

    Pour cela, on doit faire comme si on dévaluait… Mais on ne le fait pas, puisqu’on n’a plus la main sur la monnaie désormais gérée par des gens sérieux qui sont à Francfort. L’opération consiste à rétablir la compétitivité en abaissant la valeur du travail dans la zone considérée. Elle entraîne chômage massif et faillites en chaîne. La « main invisible », conceptualisée par Adam Smith, fait le reste : pour retrouver un emploi, les chômeurs acceptent un salaire inférieur et intègrent les entreprises  intéressées par ces travailleurs bon marché – à condition, bien sûr, qu’il y ait encore des entreprises... La méthode, popularisée sous le nom « d’austérité », est longue à porter ses fruits. Comme pour une saignée, il s’agit de souffrir un bon coup, mais c’est pour du mieux – sauf, bien entendu, si le malade meurt pendant l’intervention…  

    C’est la potion avalée par la Grèce depuis 2010 : touchant aujourd’hui 25 % de la population active, le chômage a triplé, tandis que le produit intérieur brut a baissé de 30 %. En revanche, budget et compte courant sont à nouveau équilibrés. Petit couac : malgré un abandon de créance de 50 %, la dette est montée à 175 % du PIB...  

    Mais le peuple grec vit mal. Il proteste et a voté pour Alexis Tsipras qui leur a vanté les mérites d’un programme de relance fondé sur les déficits publics et la reflation monétaire. Ce programme a marché aux états-Unis et en Grande-Bretagne, pourquoi ne marcherait-il pas en Grèce ?  

    C’est oublier que la Grèce est un petit pays, qui demande que tout soit comme avant. Que les gens aient de nouveau de l’argent à dépenser, tout en restant dans la zone euro, si confortable.  

    Alexis Tsipras, aidé d’un ministre des finances à profil de parachutiste, a donc promis une embauche massive de fonctionnaires et une augmentation massive du salaire minimum. Des promesses qui ne sont pas sans rappeler le programme commun de la gauche en 1981. On sait comment cela s’est terminé : il avait presque fallu appeler le FMI à la rescousse.  

    Ainsi, si le diagnostic posé par le nouveau gouvernement grec est juste, le remède est inopérant. De plus, fort de comptes externes désormais équilibrés, sa menace de suspendre le paiement de sa dette revêt quelque substance. Alors que faire ? 

    Pas de sentiment national européen 

    L’urgence est à l’arrêt de la schizophrénie : il faut accepter la logique de ce qui est entrepris, ou changer de logique pour retrouver des moyens d’actions. La zone euro est une union douanière sur laquelle a été plaquée la monnaie unique. L’illusion est de penser que ses membres sauront faire preuve d’une solidarité à toute épreuve. Au contraire, leurs comportements restent égoïstes. En outre, ils se heurtent à un paradoxe : avant d’intégrer un nouveau membre, la Commission européenne pose l’orthodoxie financière comme prérequise à des pays souvent incapables d’y parvenir, en tous cas rapidement. Principe absurde. Comme il n’existe pas de « sentiment national » européen, tout naturellement, les pays refusent de payer les uns pour les autres – même pour un petit pays comme la Grèce ! Et puis cela risque de donner des idées à d’autres… 

    L’Allemagne a consenti des sacrifices pour sa réunification, avec l’aide de ses partenaires européens. En fera-t-elle autant pour l’Europe du Sud ? Rien n’est moins sûr. Les Allemands ne se déplacent plus, sauf pour affaires. C’est un changement. Ceux qui font remarquer que les Allemands ont bénéficié de moratoires financiers en 1953 et 1990 sont des esprits chagrins ou superficiels qui ont trop lu la fable du loup et de l’agneau. L’Europe du Sud veut-elle devenir allemande, qu’elle aille en Prusse. 

    Le manque de ressources des Grecs 

    Les demandes d’Athènes sont légitimes, mais les contreparties offertes sont inaudibles. Comme si les Grecs ne savaient que demander, parce qu’ils ont peu à offrir. Ont-ils les moyens et la volonté d’entreprendre ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler des « réformes » ? La Grèce, contrairement à l’Argentine, qui a fait défaut en son temps, a peu de ressources, à part le tourisme. De même, le niveau de l’euro la gêne, même après 20 % de baisse. Pourtant, le problème est à peu près réglé. Mais pas à un niveau qui satisfasse les Grecs : la perte de pouvoir d’achat est trop forte. 

    C’est pour ses origines qu’on a accepté la Grèce dans le club fermé de la monnaie unique ; mais on ne veut plus fermer les yeux sur les expédients. On a oublié qu’Europe était fille du roi de Phénicie et non de Prusse. On préfère désormais le sérieux au chic et on ne souhaite plus faire les fins de mois des cousins éloignés, avec ou sans quartiers de noblesse.

    Source : Politique magazine

  • GRANDS AUTEURS • Où Jacques ELLUL définit la souveraineté du peuple comme un mythe étiologique sans incarnation possible

     

    Les hommes de ce temps, avec plus de passion encore qu'au XIXe siècle, chargent le politique de leurs passions et de leurs espoirs, mais vivent dans un état d'hypnose singu­lièrement inquiétant. Malgré les expériences passées, il ne semble pas que l'on ait acquis une vue tant soit peu réelle de la chose, et l'interposition de mythes rend toujours aussi vaine la pulsion politique, aussi retardataire la pensée. Sans doute les circonstances nous ont conduits à remettre en question nos certitudes politiques d'hier, nous savons aujourd'hui la fragilité de l'opinion publique la plus forte­ment affirmée dans un glorieux plébiscite, nous savons que la souveraineté du peuple est un mythe étiologique sans incarnation possible, nous savons que « le suffrage universel n'est pas un procédé efficace pour contrôler et juger le pouvoir, ni un moyen de modérer réellement le combat entre les forces politiques et sociales opposées, ni un processus de sélection des gouvernants les plus aptes* ».

     

    Jacques ELLUL 

     

    L'Illusion politique, Paris, Robert Laffont, 1965

    * Citation du Club Jean Moulin, L'Etat et le Citoyen, Ed. du Seuil, 1961

     

  • Table ronde en hommage à Jean-François Mattéi ce vendredi 20 mars à Marseille, présentation de son ouvrage posthume « L'Homme dévasté »

     

    de2ec42a65f25e9c3697a1b7845d46fb_Mattei.jpgPour adhérer à l'Association des Amis de Jean-François Mattéi, veuillez cliquer ici : Bulletin d'adhésion JFM.doc.

    Par ailleurs, nous participerons, bien entendu, à la table ronde qui est annoncée ci-dessus, à laquelle nous avons été aimablement invités.

    Et d'autre part, nous n'oublions pas que Jean-François Mattéi faisait partie du Comité de Parrainage de Politique magazine; qu'il avait participé à nos rassemblements royalistes des Baux de Provence; qu'il assistait chaque année non seulement à la Messe du 21 janvier, à Marseille, mais qu'il est intervenu dans presque tous les dîners-conférences qui ont suivi; qu'il était présent, en septembre 2012 à la journée d'hommage à Charles Maurras, organisée à Martigues par les Amis de la Maison du Chemin de Paradis et que, précisément, il y était intervenu pour traiter du premier des livres de Charles Maurras, ouvrage qui, justement a pour titre Le Chemin de Paradis; nous n'oublions pas que Jean-François Mattéi a écrit dans Lafautearousseau; qu'il a donné de nombreuses et remarquables conférences dans nos Cafés politiques de Marseille et d'Aix-en-Provence; enfin qu'il est aussi intervenu dans plusieurs colloques de la Restauration Nationale et dans une réunion du CRAF*, à Paris.

    Bref, Jean-François Mattéi nous honorait de son amitié et nous nous sommes largement nourris de sa réflexion et de ses travaux, comme en témoignent les nombreux documents écrits ou audiovisuels qui sont conservés dans nos archives.

    Nous en donnerons d'ailleurs quelques-uns à lire ou relire, voir ou revoir, dans les semaines et les mois qui viennent.

    En tout cas, le souvenir et l'amitié de Jean-François Mattéi demeurent très vivants et très présents dans nos pensées et nos mémoires. Ils ne s'effaceront pas. Lafautearousseau  •

     * C.R.A.F. : Centre Royaliste d'Action Française 

  • Nous avons semé le vent, mangé des raisins verts, nous en avons les dents agacées, nous récoltons la tempète ...

     

    Compte non tenu de leur soutien quasi inconditionnel envers Israël - sauf les quelques périodes ou circonstances où la France fit exception - les pays occidentaux, au cours des vingt-cinq dernières années, sont intervenus militairement au Proche-Orient et dans le monde musulman, à de multiples reprises et dans une perspective telle, fondée à la fois sur l'idéologie et la supériorité écrasante de leurs armes, que des conséquences graves ne pourraient manquer de survenir. Les dirigeants des Etats et coalitions d'Etats qui ont mené ces opérations ne se sont pas soucié de leurs suites. Hormis d'installer partout la démocratie, ils n'ont pas prévu les lendemains d'intervention; sans plan sérieux de reconstruction des structures, institutions, groupes dirigeants qu'ils détruisaient, ils s'y sont partout enlisés, ils y ont partout échoué (Irak, Afghanistan, Libye) ils ont installé partout le chaos. Au contraire, au lieu de se réduire, ce chaos, comme il était prévisible, s'est répandu très au delà des théâtres d'opération initiaux. A vrai dire, dans tout le Proche-Orient, tout le Levant, toute l'Afrique du Nord et dans de nombreux Etats africains après que l'intervention française en Libye eût ouvert et livré aux djihadistes les riches arsenaux que détenait et contrôlait Kadhafi ... Dans l'anarchie des Etats détruits a surgi Daech et l'ordre islamiste. Quant à l'Europe, elle subit, aujourd'hui, à la fois les attentats, les risques et les conséquences du terrorisme, un surcroît d'immigration du fait des guerres et du chaos du Proche-Orient, d'Afrique et même d'Asie qui poussent les populations à la fuite, et, pour ce qui est de la France, la charge lourde et difficile des opérations extérieures. L'armée française les mène brillamment malgré ses moyens limités - très diminués au cours des dernières décennies- mais avec des chances de résultats à l'évidence aléatoires. 

    Voilà, au lendemain des attentats du Bardo à Tunis, le constat et, en quelque sorte, le bilan que l'on peut dresser, selon nous, des vingt-cinq dernières années d'errements diplomatiques et géopolitiques, où les Etats-Unis ont sans-doute la part la plus importante, mais où les cercles dirigeants et médiatiques européens, français notamment, ne sont pas en reste. La fable des Printemps arabes montée et entretenue de toutes pièces par nos politiques et les médias, notamment français - qu'ils ne se décident pas, d'ailleurs, à mettre en sourdine - aura coûté cher aux intéressés comme aux occidentaux. Et comme il n'en existe et subsiste qu'un fragile vestige à Tunis, les attentats d'hier prennent une résonance, une importance particulières.  

    En somme, tout le monde paye aujourd'hui l'addition des illusions et des erreurs du dernier quart de siècle et d'un certain nombre d'hommes - pas si nombreux qu'on pourrait croire - qui ont tout simplement manqué de culture et de sagesse politiques, de réalisme et de bon sens. Qui plus est nous ignorons à ce jour à combien cette addition se montera ni jusqu'à quand elle continuera d'augmenter. 

     

  • « Z » comme Zemmour : C'est au tour de Maxime Tandonnet de lancer un rappel à l'ordre aux journalistes ...

    Nous ne sommes pas nécessairement en tous points d'accord avec Maxime Tandonnet (haut fonctionnaire, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République). En particulier, nous ne croyons pas que le rôle d'Eric Zemmour puisse être réduit à « l'expression dans les médias de cette sensibilité ou souffrance populaire, nostalgie de la France d'autrefois ». Souffrance et nostalgie ... Maxime Tandonnet ne cède-t-il pas à la facilité et à la simplification, sans compter un rien de condescendance ? Néanmoins sa défense justifiée d'Eric Zemmour et son rappel à l'ordre aux journalistes, parus dans FigaroVox, nous paraissent particulièrement bienvenus. Et donc à saluer !  Lafautearousseau  

     

    131.jpg« Je regrette d'avoir donné la parole à Éric Zemmour pendant 5 ans, je me rends compte que j'ai banalisé ses idées » a déclaré Laurent Ruquier, à propos de l'émission On n'est pas couché de France 2. Ce remord tardif ne manque pas de surprendre. Eric Zemmour a été en effet pendant cinq ans l'un des piliers de cette émission, avec son ami Naulleau. L'un exprimait le point de vue de droite et l'autre celui de gauche. Tous deux jouaient, avec beaucoup de talent et de complémentarité, un rôle de provocation à l'égard des invités politiques. Cette émission leur doit beaucoup de son succès. Laurent Ruquier donne ainsi le sentiment de renier son ancien compagnon d'émission, sous la pression du politiquement correct. La repentance qu'il exprime, plusieurs années après, est particulièrement ambigüe. Ainsi, pendant cinq ans, Eric Zemmour aurait proféré des propos inadmissibles, sans que l'animateur n'en ait eu conscience. Il ne s'en rend compte qu'aujourd'hui, soudain, des années après... Ce lynchage rétrospectif, sans précédent, souligne la puissance du conformisme qui pèse aujourd'hui sur le monde médiatique et politique.

    Ce conformisme procède d'une certaine forme de déni de la réalité qui caractérise la France politique et médiatique, la France dite « d'en haut ». En effet, une atmosphère particulièrement lourde pèse en ce moment sur notre pays dans sa profondeur, que nul ne veut voir. Un sondage récent, des plus sérieux (CEVIPOF janvier 2015), montre que l'état d'esprit des Français est à la méfiance (32%), à la morosité (32%), à la lassitude (29%). 61% pensent que la démocratie ne fonctionne pas bien. 59% n'ont confiance ni en la gauche ni en la droite. 76% ressentent envers la politique soit du mépris, soit de la méfiance, soit de l'ennui. 85% pensent que les dirigeants politiques ne tiennent pas comptent de ce que « pensent les gens comme eux ». 82% sont fiers d'être français et 68% se sentent Français seulement ou plus Français qu'Européens. Enfin 50% pensent que la France doit se protéger du monde et 18% s'ouvrir davantage.

    Or, Eric Zemmour n'y est strictement pour rien. Il n'est pas responsable des 5,5 millions de chômeurs, de l'inquiétude qu'inspirent le communautarisme, le jihadisme et le terrorisme; de la ghettoïsation des banlieues; des paroles de mépris ou comportements scandaleux de certains dirigeants politiques, en particulier depuis quatre ou cinq ans, qui ont tant révulsé la France. Les propos du journaliste, dans leur ensemble (pas tous), reflètent sans aucun doute une sensibilité qui est forte dans l'opinion, bien au-delà de toute considération partisane, une nostalgie du passé, un malaise réel et largement répandu. Il exprime un malaise mais il n'en est évidemment pas la source, l'origine. Lui faire porter le chapeau des angoisses et de la morosité ambiante, le tenir pour responsable de la montée, en réaction, du sentiment national - au point de le chasser rétroactivement d'une émission de télévision qui lui doit tant - est une attitude qui relève à l'évidence de la quête du bouc émissaire.

    Eric Zemmour n'est pas non plus responsable de la poussée lepéniste dans les sondages et les élections locales. Les seuls vrais responsables en sont les dirigeants politiques qui ont donné le sentiment aux Français de les abandonner comme le souligne l'enquête de CEVIPOF, et pire, bien souvent, de les mépriser. Nous assistons d'ailleurs à un gigantesque matraquage en faveur du courant lepéniste, une obsession qui s'est emparée du discours politique - à droite, à gauche, on ne parle plus que de lui -, des émissions de télévision et de radio. Accuser Eric Zemmour d'en faire la promotion, dans un contexte où toute la France médiatique assure cette promotion en permanence, revient là aussi à traiter le journaliste en coupable idéal.

    La vraie question posée est celle de l'expression dans les médias de cette sensibilité ou souffrance populaire, nostalgie de la France d'autrefois, qu'exprime, à sa manière Eric Zemmour. La télévision doit-elle être aseptisée, purifiée, apurée de toute parole ou vision discordante ? Doit-elle se contenter de relayer un discours officiel: tout ne va pas si mal dans la France socialiste; l'insécurité, l'immigration, l'exclusion massive des jeunes, les zones de non droit et les ghettos des banlieues, sont pour l'essentiel des vues de l'esprit, voire divagations populistes. Le droit de s'exprimer à la télévision et à la radio doit-il, à l'avenir, bénéficier avant tout aux tenants de l'idéologie dominante - et à quelques épouvantails en guise de repoussoir ? La télévision et la radio doivent-ils être des instruments de propagande, de formatage des esprits, ou bien une source d'information, respectueuse de la pluralité des opinions, de tous les points de vue, incluant la sensibilité de la France populaire ?

    Il existe un principe simple qui a été totalement négligé et ignoré: la neutralité qui s'attache à tout service public, organisme bénéficiant de subventions publiques, financé par les contribuables quelles que soient leurs opinions. Faut-il le rappeler ? Le service public de l'audiovisuel, ses animateurs et journalistes, ont en principe un devoir d'impartialité et d'égale ouverture à toutes les opinions tant qu'elles restent dans les limites de la légalité. Les médias font partie des trois institutions dans lesquelles les Français ont le moins confiance (30%), juste devant les syndicats et les partis politiques, d'après le sondage CEVIPOF. Il est temps que les médias balayent devant leur porte plutôt que de se donner des boucs émissaires.

     

    Maxime Tandonnet est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Au coeur du volcan, Flammarion 2014. Il tient un blog.

     

  • Aymeric Chauprade devant le parlement européen : La femme réduite au statut de victime ...

     

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  • Départementales... mais nationales, par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgL'actuelle campagne électorale pour les Départementales n'a rien de très local, au regard des déclarations politiques des uns et des autres, partis et médias : en fait, il n'est question que du Front National, de son possible score hexagonal, des réponses que les autres partis veulent lui apporter, mais aussi des intellectuels qui prépareraient le terrain à une présidence Marine Le Pen en 2017 ! En somme, c'est « pour ou contre le FN », et (presque) rien d'autre... Cela serait risible si ce n'était pas tristement révélateur de l'impasse démocratique d'une République qui, à force de se regarder dans un miroir qui lui répétait inlassablement « Tu es la plus belle », ne supporte pas l'idée qu'elle puisse être conquise par un parti qualifié de populiste et qui, pour être indéniablement républicain, n'en a pourtant pas tous les codes et toutes les habitudes.  

    En tout cas, les débats sur la réforme territoriale, sur les pouvoirs et possibilités des départements, sur leurs rapports avec les régions nouvellement (et souvent scandaleusement) découpées ou, plutôt, regroupées, sur les projets départementaux et les perspectives de ceux-ci, tous ces débats qui ne sont pas inutiles sont pourtant négligés des médias et des forums : or, ce sont ceux-ci qui mériteraient d'être abordés, discutés, disputés ! Mais ils ne se tiendront pas, et il faudra se contenter de slogans et de diatribes jusqu'au terme de cette sorte de mascarade électorale qui verra triompher l'abstention et le dégoût de la politique telle qu'elle se présente et représente aujourd'hui...  

    Je ne me réjouis pas de cette situation et je regrette que certains candidats, de droite comme de gauche (oui, de gauche aussi, car certains n'ont pas démérité en leur mandat de conseiller général), soient les victimes collatérales d'une situation dont ils ne sont pas vraiment responsables, mais que l'actuel locataire de Matignon a contribué à aggraver en véritable pyromane, tandis que, du coup, le président de la République apparaît comme un « modéré », comme un arbitre avant que d'apparaître, d'ici 2017, comme un recours, à la fois contre M. Valls (trop excité, et trop libéral...) et contre Marine Le Pen : en digne héritier du Florentin Mitterrand, M. Hollande a su jouer des forces et failles de ses adversaires et de ses partenaires, et il sait qu'il peut désormais envisager la prochaine élection présidentielle avec un certain optimisme, confirmant l'intuition de Michel Houellebecq qui, dans son dernier livre « Soumission », imagine (devine ?) un deuxième quinquennat hollandais, ce que personne ne lui a reproché ni n'a osé démentir d'un haussement d'épaules, preuve (s'il en fallait) que l'hypothèse est sérieuse et déjà intégrée dans les perspectives futures de la République pour de nombreux analystes, journalistes comme politiques. 

    En fait, la réforme territoriale engagée l'an dernier par le gouvernement, du simple fait qu'elle reste, en ce mois de mars, inachevée et, d'une certaine manière, encore peu lisible, décrédibilise tout débat sérieux sur ces questions départementales et régionales, ce qui explique, en partie, la porosité de ces élections de la fin du mois à d'autres thèmes, beaucoup plus nationaux et généraux, sans véritable rapport avec les enjeux départementaux.  

    Tout cela laisse dans les esprits une impression désastreuse et il n'est pas certain que, là encore, la République en sorte grandie malgré tous ses discours moralisateurs et annoncés « responsables » : décidément, il apparaît de plus en plus nécessaire de la remettre en cause pour mieux remettre le pays, à travers son organisation territoriale et son aménagement et par un nouveau statut de la magistrature suprême de l’État, en ordre... 

    Le Blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Sauveurs sans salut ... par Hilaire de Crémiers

     

    H D C - Copie.jpgLe peuple français est en recherche d’un salut. Il le trouvera le jour où il comprendra que le système où il est enchaîné, ne peut pas lui en offrir. L’électoralisme induit des postures qui évitent d’aborder les problèmes de fond. Postures, contre-postures et impostures.

    Que peuvent-ils faire, tous ? Ces prétendus sauveurs qui cherchent à gagner les suffrages des Français en s’imaginant ou en faisant croire qu’ils ont des solutions. Or, dans le système politique actuel français, il n’y a pas de solution. Personne ne peut plus rien faire. Sauf sur le plan local où, pour des élus de bonne foi, il peut exister quelques marges de manœuvre qu’aussitôt, d’ailleurs, l’administration comme les groupes de pression officiels s’empressent de restreindre ou d’annihiler : les élus sans étiquette, les FN qui s’essayent à la gestion locale et les autres qui se sont créés, sous une étiquette ou sous une autre, un espace de liberté, en savent quelque chose.

    C’est une lutte continuelle et épuisante. L’appareil d’État, la puissance publique, les magistrats en service commandé, les organisations couvertes des labels républicains, qu’elles soient syndicales, sociales, administratives ou associatives, mettent en marche leurs grosses machines répressives. La dénonciation s’ajoute à la destruction systématique. Le but est clair, toujours le même : anéantir jusqu’à la moindre velléité de reconstruction de quoi que ce soit de français sur le sol de France. C’est ainsi. Il faut en prendre acte.
    Le 49.3 libéral !

    La loi « Macron » que la presse libérale a présentée comme une bonne loi alors qu’il ne s’agit que d’un « fourre-tout » sans autre ressort que financier, est typique de la mentalité actuelle : il s’agit de réglementer au prétexte de mieux déréglementer, de détruire les professions historiquement organisées pour permettre l’organisation évidemment contraignante de super-professions a-nationales et a-sociales, de bouleverser des habitudes françaises pour créer d’autres habitudes non françaises où la vie ne consistera plus qu’à gagner de l’argent et à consommer.

    Eh bien, cette loi « Macron », elle aussi, a connu les affres de l’accouchement de toute décision en France. Des socialistes jouent aux libéraux dans un cadre socialiste qu’ils veulent libéraliser et internationaliser : c’est à quoi se ramène cet épisode républicain tout à fait topique et qui n’a de paradoxal que sa formulation, tant c’est l’esprit même du système ! à aucun moment il n’a été question d’une loi française au profit des Français pour mieux garantir les intérêts français. Il n’était question que de libéralisme et de socialisme et ça discutait ferme, passionnément : il était des UMP prêts à la voter, des PS prêts à la rejeter et tout le monde politico-médiatique était en émoi.

    Manuel Valls, d’un coup de menton, a clos ces débats titanesques où les uns et les autres s’effrayaient par des discours de plus en plus violents et, tout autant, de plus en plus dérisoires. Il a décidé d’utiliser le fameux 49.3 qui autorise le passage en force sans vote de l’Assemblée nationale. Admirons : une loi dite libérale donne l’occasion d’une sorte de coup d’État anti-libéral pour s’imposer étatiquement et demain réglementairement. Les Français vont-ils enfin comprendre les contradictions stupides de leur régime ?

    Et dans les semaines qui viennent la même comédie se rejouera sur la loi – la nième ! – qui régentera le travail, l’organisation du travail, la représentation des travailleurs, le dialogue social ou prétendu tel, en fait les rapports de force dans l’entreprise. Les partenaires sociaux ne s’entendent pas ; le gouvernement va donc s’en mêler ! Là, pareillement, au départ, l’idée était d’assouplir, de libéraliser les contrats de travail, de favoriser l’activité économique et, par un renversement qui s’explique aussi logiquement que dans le cas précédent, il n’est plus question que de légiférer, de réglementer, d’imposer un recadrage social jusqu’aux plus infimes entreprises, de détruire tout esprit d’entente pour créer des antagonismes et les institutionnaliser en structures permanentes, car c’est sur ces rivalités que prospère le système syndicalo-politique ; et cette prétendue libéralisation s’achèvera en socialisation accrue, en pages supplémentaires dans le code du travail français, le plus lourd du monde. Et Valls, d’un même coup de menton, décidera, si c’est nécessaire, de passer encore au 49.3. Liberté oblige !

    La croissance invisible

     N’est-ce pas archi-clair ? La voix stupidement doucereuse de Hollande ne change rien à l’affaire, il mène des moutons à l’abattoir. Avec ce superbe argument : si ça ne marche pas, c’est que nous ne sommes pas allés assez loin ! Alors, poursuivons notre œuvre : la croissance viendra, elle est déjà là grâce à moi.

    Il ne faut pas s’étonner du résultat : croissance ou pas, augmentation ou léger ralentissement du chômage – 5 500 000 chômeurs réels –, le pays ne remonte pas la pente. La vente de « Rafale » à l’Egypte, c’est bien, mais en réalité la France perd sa force industrielle ; tous les analystes le savent, ce sont des pans entiers de l’économie française qui s’effondrent tous les jours. Nos fleurons sont dans une mauvaise passe. Les meilleurs du CAC 40 font affaire hors de France. L’agriculture française, l’industrie agroalimentaire sont atteintes gravement ; de premières en Europe, il y a encore 10 ans, elles perdent des places chaque année, malgré les efforts des agriculteurs.

    Reste le secteur financier qui continue à vivre des habitudes d’épargne des Français, mais les circuits sont tels que nos provinces sont vidées peu à peu de leurs ressources financières. Rien pour faire vivre les PME, pour aider ceux qui veulent travailler. Et Hollande se contente de réciter ses cours d’il y a vingt ans, tel un immature qu’il a toujours été, entouré de sa cour de journaleux médiocres qui, pires que dans les romans de Balzac, construisent artificiellement le paysage moral – ou plutôt immoral – où tout ce petit monde se complaît en se congratulant et en donnant des leçons du haut de leur chaire magistérielle souveraine.

    L’Europe de l’Allemagne

    La même niaiserie brille au niveau européen : la loi libérale s’impose par la réglementation la plus stricte et par un véritable socialisme d’État à l’européenne, sauf que l’Europe n’est pas un État et que tous ces graves messieurs qui siègent dans les différentes instances de la Commission européenne ne sont responsables de rien, sauf de leur carrière de politiciens ou de hauts fonctionnaires. Ils en sont d’autant plus arrogants. Le Moscovici, en commissaire européen chargé des affaires économiques et financières qui se permet d’un ton mièvre de rappeler la France à ses devoirs et obligations, atteint le comble de la plus ridicule hypocrisie qui est le principe vital de toute cette superstructure dont la finalité n’est que sa propre existence. Encore deux ans accordés à la France : faux suspens et soulagement pour les prochaines échéances électorales, surtout la présidentielle de 2017 !

    Et la Grèce ? Eh bien, elle doit plier : le plan de sauvetage est reconduit pour quatre mois, à condition d’offrir des garanties sérieuses – et ça se comprend ! –, étant entendu ou sous-entendu que, de toutes façons, les Allemands se réservent le droit de juger en dernier ressort, car, à Berlin, c’est le parlement qui ratifie, et la Cour constitutionnelle de Karlsruhe se réserve toujours le droit de rappeler la règle intangible de la souveraineté non négociable du peuple allemand. Comment veut-on que les Grecs réagissent ? L’euro, c’est le mark, les Allemands le savent et ils le défendront, tant qu’ils auront la certitude de cette équivalence. Pas au-delà !

    Quant à l’Union européenne, l’Angleterre s’assure le droit de la quitter quand elle veut. Et les Américains ne pensent qu’à mettre la main dessus grâce au Traité transatlantique qui se négocie loin du regard des peuples. Les Français sont des benêts, du moins ceux qui les dirigent. Ils ont beau crier : « Liberté, liberté chérie », ils sont enchaînés chaque jour de plus en plus à un sinistre destin qui leur retire peu à peu leurs vraies libertés. Le dossier de ce numéro de Politique magazine ne le montre que trop.

    D’autant plus que la guerre est là. Politique magazine l’avait annoncée ; elle est partout. à l’extérieur où la France doit engager ses forces de plus en plus, mais jusqu’où ? Et aussi bien à l’intérieur où la menace est permanente sans vrai moyen d’y faire face. Où commence et où s’arrête le Califat ? L’incantation républicaine d’un Hollande, d’un Valls, d’un Cazeneuve n’a que la force de postillons ! La France paie aujourd’hui pour les inconséquences criminelles de sa politique, de sa classe politique. Le prix risque d’être élevé, surtout s’il s’y ajoute d’autres sottises diplomatiques, en particulier en Ukraine.

    En réalité la classe politique française n’est préoccupée au premier chef que par les prochaines échéances électorales : il n’est question que des départementales de mars qui seront un succès pour le FN et une déroute pour les socialistes, puis des régionales fin 2015, qui laissent augurer les résultats de la prochaine élection présidentielle de 2017, où « le tout sauf Marine » deviendra la règle de l’univers politico-médiatique : c’est déjà parti. « Je serai le sauveur », se dit chaque candidat. De quoi ? De la République ? Mais Marine Le Pen dit la même chose ! Alors ? « La République » est-elle un salut, quand on sait comment toutes les précédentes républiques se sont achevées et quand on voit le chemin identique que prend la Ve ? Et si on parlait de la France ? 

     

    Source : Politique magazine

     

  • Rendons hommage à Hélie Denoix de Saint-Marc, par Jean-Michel Léost* (Boulevard Voltaire)

    Il était de ces héros fidèles à leurs convictions, à la parole donnée, parfois en proie au doute, toujours soucieux de l’Autre.

    C'est avec plaisir et, en quelque sorte, avec piété, que nous publions ces réflexions, non seulement pour toutes les raisons qu'indique l'auteur, mais aussi parce que nous nous souvenons que, malgré son grand âge et sa fatigue, Hélie de Saint-Marc avait accepté, dans les années 1980, d'être présent au Rassemblement Royaliste des Baux de Provence. Il n'avait pas voulu y faire de discours mais un micro lui avait été tendu à la place qu'il occupait dans l'assistance et il avait simplement dit et répété : « Je vous aime ». Ces mots tout simples qui pouvaient surprendre restent présents dans notre souvenir et nous sommes reconnaissants à Robert Ménard d'avoir rendu à Hélie de Saint-Marc l'hommage qui lui était dû.  Lafautearousseau   

    37394eb73873e00468627f10851292ab   wwww.jpgEn débaptisant la rue du 19 mars 1962 pour honorer Hélie Denoix de Saint-Marc, Robert Ménard n’a pas seulement voulu provoquer – il y a réussi, si l’on en juge par les réactions de Manuel Valls et de Stéphane Le Foll ou les appels à manifester contre « cette droite réactionnaire, révisionniste, colonialiste et raciste » et à dénoncer le comportement d’un « criminel terroriste », d’un « commandant partisan et fanatique ».

    Par cet acte symbolique, le maire de Béziers a également voulu rétablir la vérité historique. « Rue du 19 mars 1962 – Cessez le feu en Algérie » pouvait-on lire sur l’ancienne plaque. Mais la guerre a continué, sous d’autres formes que beaucoup préfèrent oublier, comme pour les effacer : oublier les milliers de Français tués, enlevés, disparus, après le 19 mars, le commerce d’otages, les dizaines de milliers de harkis abandonnés à une mort barbare, leur tête servant parfois de ballon de football ; oublier que l’armée avait reçu du gouvernement l’ordre de ne pas intervenir. Oublier : c’est commode pour s’éviter des cas de conscience – quand on en a une. Oublier aussi l’exode de centaines de milliers de pieds-noirs qui débarquèrent en France, notamment à Marseille, accueillis par cette phrase terrible de Gaston Deferre : « Qu’ils aillent se réadapter ailleurs ! » Toux ceux qui ont vécu cette période tragique se souviennent de cette terre qu’ils aimaient. Ils peuvent légitimement dire avec Robert Ménard : « L’Algérie, c’est notre paradis ». Un paradis perdu. Irrémédiablement.

    La nouvelle plaque porte l’inscription suivante : « Rue Cdt Denoix de Saint-Marc – 1922-2013 – Héros Français ». Plutôt que de polémiquer, de crier « Ménard facho, Ménard assassin! », les opposants auraient dû se pencher sur la vie de cet homme admirable, avec un brin d’honnêteté intellectuelle – on peut rêver ! Résistant à 19 ans, arrêté par la gestapo, déporté dans le camp de Buchenwald, puis de Langenstein, il intègre Saint-Cyr en 1945 et choisit la Légion étrangère. Trois séjours en Indochine. Puis la guerre d’Algérie. En avril 1961, il participe au putsch, répondant à l’appel du général Challe, « pour assurer une solution qui protègerait les pieds-noirs et les musulmans favorables à la France ». Arrêté le 25 avril, il est condamné deux mois plus tard à dix ans de réclusion criminelle. Réhabilité, il écrira plusieurs ouvrages et donnera des centaines de conférences en France et à l’étranger. Il était de ces héros fidèles à leurs convictions, à la parole donnée, parfois en proie au doute, toujours soucieux de l’Autre. Comme il le déclara à son procès, « on peut beaucoup demander à un soldat. On ne peut lui demander de se dédire, de se contredire, de mentir, de tricher, de se parjurer ».

    Le commandant Denoix de Saint-Marc était un héros qui voulait « simplement essayer d’être un homme ». En donnant son nom à une rue de Béziers, Robert Ménard a restitué un pan caché de l’histoire.   

    * Professeur honoraire

    Boulevard Voltaire