LIVRES • C’est la faute à Rousseau ! Mais ce sont Philippe Val et Camille Pascal qui le disent !
Article amusant - et perspicace - de Camille Pascal, dans Valeurs actuelles de cette semaine, à propos du livre, en effet stupéfiant, que Philippe Val vient de faire paraître*. A des degrés différents, ni l'un ni l'autre ne font partie de notre famille de pensée. Mais, en l'occurrence, nous n'avons pas grand chose à redire aux idées qu'ils expriment de manière assez concordante, ce qui est, évidemment, beaucoup plus étonnant de la part de Philippe Val que de Camille Pascal. Décidément, le retournement partiel ou quasi total, des intellectuels de gauche, n'a pas fini de surprendre. Et de servir l'évolution positive de nombre d'esprits. Jugez plutôt.
Tel Gavroche, Philippe Val monte aux barricades pour arracher les oeillères de son propre monde. Gare aux gardes nationaux de la bien-pensance !
Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à…! Chacun connaît ce refrain entonné par Gavroche monté sur la barricade au moment de l’insurrection parisienne de 1832 et que la mitraille de la garde nationale ne lui laisse pas le temps d’achever. Le gamin de Paris s’effondre et meurt, offrant là une scène poignante des Misérables de Victor Hugo.
Ce refrain entêtant ne m’a pas quitté tout au long de la lecture du livre stupéfiant de Philippe Val, Malaise dans l’inculture, et vous allez comprendre pourquoi.
L’homme n’est pas un habitué de Valeurs actuelles, c’est même le moins que l’on puisse dire… Il est issu de cette gauche libertaire, antimilitariste et provocatrice plus à l’aise dans les colonnes de Libération ou de Charlie Hebdo, dont il a été le rédacteur en chef, que dans les nôtres.
Même si Philippe Val n’a jamais fait mystère de son amitié avec Carla Bruni-Sarkozy, ce qui lui vaudra les pires ennuis de ses amis de gauche, dont il a pu apprécier, à cette occasion, l’esprit de tolérance et d’ouverture, il n’est pas un homme de droite ni même de centre droite. Il est très probablement de gauche, mais il est avant tout un homme libre, ce qui est bien pire aux yeux de certains, car un homme libre est un homme capable de renier en partie ce en quoi il a cru et ce qu’il a défendu, dès lors que la raison le lui commande
C’est exactement ce qui est arrivé à Philippe Val et qu’il raconte dans ce livre aux démonstrations parfois fulgurantes.
Ce que Philippe Val ne supporte plus, c’est que le discours sociologique, ce qu’il appelle le « sociologisme », vienne se substituer au discours politique en “expliquant” tous les comportements individuels par la situation des différents groupes sociaux. L’individu est “irresponsable” dès lors que la “société” est coupable, et Val d’identifier les origines du mal dans une idéologie « engendrée par Rousseau, élevée par Marx et liftée par Bourdieu ».
Nos “intelligents” de la gauche germanopratine hurlent déjà au blasphème partout où ils le peuvent encore, car c’est à une sorte de trinité gauchiste que l’auteur s’attaque, et pourtant… Il y a trente ans de cela, mon professeur de philosophie, une femme courageuse pour tenir de tels propos à l’époque, nous signalait les germes du totalitarisme contenus dans le Contrat social.
Pire encore, l’ancien directeur de France Inter dénonce ouvertement le “conspirationnisme” social qui, depuis l’affaire de Bruay-en-Artois, a gagné toutes les rédactions de ce pays. On croit rêver et pourtant on ne rêve pas. Un journaliste, et non des moindres, arrache une à une les oeillères de son propre monde.
Val devrait se méfier car, comme Gavroche, il pourrait bien se retrouver nez à nez avec les gardes nationaux du “sociologisme” qu’il attaque, mais il n’en a cure. Ses amis de Charlie Hebdo, eux, sont tombés sous les balles réelles de terroristes qui ne lisaient ni Voltaire ni Rousseau. •
* Malaise dans l’inculture, Grasset, 2015 - 20 €
Commentaires
Ce qui est le plus intéressant, c'est tout de même l'éveil à la réalité,le décillement des yeux de tas de gens qui n'ont jamais connu notre famille de pensée - celle-ci n'ayant pratiquement plus d'influence près la Guerre - et qui parviennent à des conclusions qui s'approchent de nous...
Lucchini, Houellebecq, Philippe Val...
Encore un effort, camarades !