TRADITIONS • En Camargue, Manuel Valls défend les traditions taurines ... Il a raison !
Manuel Valls à Vauvert, le 11 août 2015. Crédits photo : PASCAL GUYOT/AFP
Ce n'est pas sur un sujet politique, encore moins politicien, que nous sommes d'accord ici avec Manuel Valls. C'est sur sa défense des traditions taurines. Et sur les arguments qu'il utilise. Bien-sûr, l'on peut diverger. Nos lecteurs jugeront. Ils se partageront sans-doute à leur gré entre partisans et adversaires de la corrida, dite espagnole ou camarguaise. Mais nous avons assez souvent répété ici que « tout ce qui est racines est bon » - ce qui n'est que relativement vrai et non absolument - pour que l'auteur de ces lignes se sente autorisé à dire tranquillement toute sa sympathie - une fois n'est pas coutume - pour la position de Manuel Valls sur ce brûlant sujet. D'autres s'aligneront sur les combats de Brigitte Bardot. Et qu'en pensera-t-on au Grand-Orient, où racines et traditions ne sont pas forcément, si l'on peut dire, en odeur de sainteté ? Bref, pour l'instant, quant à nous, nous donnerons raison à Manuel Valls. Cela fera plaisir - ce qui n'est pas rien - à nos amis du Languedoc et aux aficionados de toutes régions. LFAR •
Ce qu'en a dit Arthur Berdah, journaliste au Figaro
En déplacement dans le Gard, le premier ministre a loué mardi les qualités de la course camarguaise. « Un équilibre qu'il faut garder », a même plaidé ce fervent amateur de tauromachie.
La condition animale nouvel atout des politiques pour capitaliser en sympathie ? Très peu pour Manuel Valls. Après la proposition de loi du député LR Frédéric Lefebvre contre les abandons d'animaux et la mobilisation de 36 parlementaires contre le broyage des poussins, le premier ministre a, lui, pris le contre-pied en s'exprimant en faveur de la tradition taurine. « C'est une belle habitude », s'est-il réjoui auprès du quotidien régional Midi Libre.
« Moi je suis français, il y a les traditions catalanes et il y a les traditions camarguaises, il faut les respecter, elles vivent ensemble. C'est ça la France, être capable de faire vivre toutes ses traditions. Et j'aime beaucoup la Camargue parce que c'est ce mélange, cette capacité à avoir plusieurs cultures différentes qui se complètent », a encore estimé, très politique, le natif de Barcelone interrogé sur sa préférence entre la corrida espagnole et la course camarguaise.
Le chef du gouvernement en a profité pour rappeler son attachement aux traditions taurines: « Il faut la garder parce que c'est un équilibre, pour la nature, pour le territoire, pour l'économie et pour l'homme », a-t-il ainsi martelé, depuis le Gard, au micro du journal local. Un éloge qui rappelle celui de 2012, quand le ministre de l'Intérieur d'alors était monté au créneau pour défendre la corrida quelques heures avant l'examen par le Conseil constitutionnel d'un recours présenté par deux associations anti-tauromachie.
Une sortie qui lui avait à l'époque valu les foudres de nombreux opposants à la « torture animale », Brigitte Bardot en tête. L'actrice s'était alors insurgée, dans une lettre ouverte à la garde des Sceaux Christiane Taubira, qu'un « lobby gouvernemental », emmené par un « afficionado catalan », «empêche tout débat démocratique en bloquant les initiatives parlementaires visant à abolir la corrida ». Initiative qui avait poussé l'hôte de Matignon à sommer ses ministres de se tenir à l'écart des arènes et de leurs spectacles tauromachiques durant l'été 2014. •
On réédite un Michel Déon pour l’été. C’est toujours une bonne idée de rééditer un Déon, surtout avec un joli bandeau de Loustal. Déon nous rappelle l’époque, pas si lointaine, où le succès public n’était pas forcément contradictoire avec la qualité littéraire. Et comme tout allait ensemble, cela donnait de très bons films quand on adaptait au cinéma un roman de Déon: Un taxi mauve de Boisset avec Noiret, Rampling, Fred Astaire et l’Irlande dans le rôle principal, vous vous souvenez? En plus, il y avait quelque chose de plaisant à voir un cinéaste de gauche adapter un écrivain de droite. Si vous voulez trouver l’équivalent aujourd’hui, vous pouvez toujours chercher. Le goût vécu comme manière de dépasser les clivages politiques, c’est une idée qui a dû mourir à l’orée des années 80, la décennie où tout le monde est devenu très moral tout en choisissant le pognon et la réussite comme valeurs cardinales.

Ailleurs en Europe, de ce que je vois ou entends dire, la vie politique ne donne pas ce sentiment de vaudeville, d'impuissance et de prétention tournant au ridicule, qui se dégage de la situation en France. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, par exemple, la vie publique fonctionne, tourne plus ou moins bien mais avance, des décisions sont prises, des choix parfois douloureux accomplis, un gouvernement existe. Les citoyens n'éprouvent pas cette sensation d'une fuite des dirigeants dans l'imposture de la communication à outrance, les polémiques, les manipulations, postures, mises en scène dans la seule perspective de la préservation ou de la conquête des postes.
La distribution de préservatifs par une formation politique, quel que soit le slogan imprimé sur le sachet, entrera dans les manuels d'histoire comme un symptôme de la médiocrité démocratique au temps de la publicité triomphante, c'est à dire dans les dernières années de la Cinquième république.
L’an dernier, au moins d’août, Le Figaro révélait l’existence d’une note confidentielle de la police aux frontières, alertant sur l’entrée en France, par la frontière italienne, de nombreux immigrés illégaux originaires d’Érythrée. Les services de la police aux frontières, le préfet des Alpes-Maritimes et des responsables locaux de la gendarmerie, des douanes ou de la SNCF avaient alors tenu une réunion exceptionnelle. Leur conclusion était sans appel : le flux de l’immigration clandestine devenait insoutenable pour la France et l’Italie (entre le 1er janvier et le 30 juin 2014, 61.951 migrants irréguliers avaient débarqué en Italie, quand ils n’étaient « que » 7.913 en 2013).
« Nous rejetons l'universalisme du modèle occidental et affirmons la pluralité des civilisations et des cultures. Pour nous, les droits de l'homme, la démocratie libérale, le libéralisme économique et le capitalisme sont seulement des valeurs occidentales, en aucun cas des valeurs universelles. » L'homme qui a prononcé ces mots est Alexandre Douguine, intellectuel néo-eurasiste de la droite radicale russe, dans un entretien accordé à la revue Politique internationale en 2014. Au fil des années, il s'est lié d'amitié avec un certain nombre de dignitaires du Kremlin et de la Douma. Depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, il est omniprésent dans les médias, appelant ni plus ni moins à « la prise de Kiev » et à la guerre frontale avec l'Ukraine. « L'Ukraine de l'Est sera russe », assure-t-il. Contrairement à ce qu'affirment certains intellectuels anti-Poutine en France (Bernard-Henri Lévy notamment), Douguine n'est pas « le penseur de Poutine », la relation directe entre les deux hommes étant difficile à établir. Cependant, force est de constater qu'on retrouve, dans certains discours du président russe, une même vision du monde qui est celle d'un monde multipolaire, où la dimension cardinale est la souveraineté nationale et où « universalisme » est l'autre mot pour désigner l'ambition hégémonique occidentale.
Il y a un climat général, politique, médiatique, et des attitudes qui laissent, en effet, penser qu’il y a de l’enfance attardée dans notre démocratie. Je ne méconnais pas, cependant, le caractère artificiel de quelques rapprochements mais ils me semblent tout de même révélateurs d’une tonalité dominante.