SPORT • Complaisance footbalistique algéromane ...
KAMEL DAOUD. ECRIVAIN ET JOURNALISTE ALGERIEN D'EXPRESSION FRANCAISE
Par Péroncel-Hugoz
Cette semaine Péroncel-Hugoz ne peut s’empêcher de donner un coup de dent dans le milieu du football algérien …
Quelques lignes dans « France-Football », en août, ont lâché une info qui, si elle avait concerné la France ou l’Espagne, aurait déclenché un tintamarre « antiraciste », « antidiscrimination », avec pétitions et indignations, bref une de ces tempêtes médiatiques dont les « démocraties » occidentales ont le secret …
Rien de tout cela ne s’est produit car, figurez-vous, l’info de FF concernait l’Algérie, laquelle tout benoîtement venait de déclarer – discrètement mais néanmoins avec un aplomb superbe – que les étrangers étaient désormais indésirables dans ses équipes de ballon rond ! Actuellement, une trentaine de joueurs non algériens appartiennent à ces équipes : leurs contrats ne seront pas renouvelés et aucun étranger ne sera plus engagé ( déjà pas plus de deux d’entre eux ne pouvaient paraître ensemble dans un stade algérien …) Raison officiellement invoqué : des « difficultés financières » ! … Quoi, la richissime Algérie, la propriétaire des gisements de naphte et gaz sahariens, qui dépense sans compter pour s’armer et pour sa propagande politique, avait soudain les poches vides ? La baisse conjoncturelle des cours du pétrole a bon dos car la réserve de devises d’Alger reste celle d’un Etat nanti (mais dont le peuple est pauvre).
Après tout, le sport algérien est libre chez lui, xénophobie ou pas, mais ce qui est remarquable en cette petite affaire, c’est une fois de plus la complaisance médiatique occidentale envers les affaires algériennes : en matière de foot, comme de libertés publiques, de voisinage, d’exploitation de la question sahraouie ou de manipulations souterraines des mouvements armés au Sahel, le complexe militaro-politique au pouvoir depuis une génération en Alger continue d’avoir à sa main une partie de la communication politique internationale. Timorés, les « spécialistes » en science politique de Boston, Paris, Aix-en-Provence, Barcelone ou Montréal se gardent bien d’essayer d’analyser les causes profondes de cette sorte d’immunité dont bénéficie le régime algérien, y compris désormais, en matière sportive …
Devant cette stagnation algérienne, rappelant la glaciation brejnévienne ayant précédé la chute du communisme, une voix parfois donne à espérer, celle, par exemple, d’un audacieux confrère algérien, Kamel Daoud, Prix Goncourt 2015 de la nouvelle et qui, là, s’exprime dans l’« International New-York Times » : « L’Algérie a réussi à se vendre à l’étranger comme un modèle alors qu’elle n’est même pas une démocratie, la situation y est intenable. (…) les islamistes gagnent du terrain. L’exception algérienne ne peut plus durer ». •
Péroncel-Hugoz - Le 360