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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1519

  • Nuit, Silence et Amulettes… par Champsaur

    A Fort Meade, au plus près des oreilles de la NSA

     

    Etonnements, indignations, imprécations, tartufferie et cris d'orfraies ont suivi les pseudo « révélations » de Libération et Médiapart, Edwy Plenel et Laurent Joffrin réunis. Et dans cette affaire, tout est posture et gesticulation. Les grandes oreilles ne se sont pas ouvertes d'hier, pour les besoins de la communication et de la réclame des protagonistes.

    Le jeudi 14 novembre 2013, nous avions publié dans Lafautearousseau une note fort intéressante signée Champsaur et qui avait pour titre : « Nuit, Silence et Amulettes…  ».

    L'actualité nous y ramène. Extraite des riches archives de notre site, cette étude nous paraît tout aussi pertinente qu'elle l'était il y a deux ans. LFAR 

     

    L’auteur a passé une quinzaine d’années dans les Services Spéciaux français, dans des activités opérationnelles, SDECE nom changé en DGSE. C’est donc perplexes et éberlués que nous sommes nombreux à avoir observé le déluge sur des activités de la NSA, sigle ne signifiant nullement Nuit, Silence et Amulettes, mais National Security Agency.

     

    Ce département de la communauté du renseignement américain est très connu des professionnels ainsi que de la littérature spécialisée, ce qui représente au niveau international beaucoup de monde. Même s’il ne l’est pas du grand public …

     

    Et donc cette vague d’étonnements, de surprises feintes, d’indignations théâtrales, d’affabulations accusatrices ont certes occupé des pages et des heures de média, mais sans que l’on perçoive le but de cette agitation, qui de toute évidence ne modifiera pas l’utilisation intensive de moyens techniques sophistiqués pour la promotion des intérêts des États Unis d’Amérique.

      

    http://www.liberation.fr/monde/2013/06/26/a-fort-meade-au-plus-pres-des-oreilles-de-la-nsa_914019

     

    Les Services Spéciaux ont toujours cajolé des devises ronflantes. La DGSE affiche un Nox generat lumen, ou Ad augusta per angusta. La NSA américaine « They serve in silence ».

    Il est très cocasse de lire ou d’écouter des anciens des Services français, ayant vaguement tenu des postes de responsabilités, venir doctement offrir des explications, alors qu’ils furent plutôt inexistants lorsqu’ils étaient en fonction… 

    Un peu de vocabulaire

    Une série de synonymes : codage et code secret, chiffrement et chiffre, encryptement, cryptologie, les mêmes mots pour désigner l’action rendant illisible un message. Une fonction d’un service d’écoute est de « décrypter » le signal intercepté. C’est donc la course entre l’épée et le bouclier. Il est important de souligner que la France possède depuis l’origine de cette fonction (vers 1900) les meilleurs spécialistes des codes secrets, spécifiquement en la personne des mathématiciens des laboratoires de mathématiques de Normale Sup et de l’X, tel Jacques Stern.  

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     Jacques Stern

     

    http://www2.cnrs.fr/presse/communique/947.htm 

     

    Classifié : c’est la mention attribuée à une information qui décide de son niveau de confidentialité et du droit à son accès, protégé par la Loi. Les échelles de classification sont variables selon les pays. Peu d’industries en sont pourvues.

    Les natures du signal à transmettre, il n’y en a que trois : voix, texte ou image.

    Les supports : il n’y en a que deux, le fil (aujourd’hui la fibre optique), et les ondes, transitant majoritairement par satellites.

    Il n’y a que trois manières de récupérer du renseignement, ce que Richard Nixon appelait les Arts de la nuit :

      Par source humaine (donc un agent qui trahit; un de nos maîtres nous enseignait que recruter un agent, c’est fabriquer un traitre);

      Par intrusion clandestine dans des locaux;

    •  Enfin par moyens techniques, autrement appelés interceptions.

    En dernière analyse, il n’y en a pas d’autres. 

    Un peu d’histoire

    La NSA américaine fut créée formellement en Novembre 1952, en agrégeant plusieurs services d’écoutes qui fonctionnaient depuis l’entrée en guerre des États-Unis.

    (Lienhttp://fr.wikipedia.org/wiki/National_Security_Agency)

     

    1367797017.jpgAvec le Projet Manhattan (fabrication de l’arme atomique), la nécessité apparut de renforcer la protection du secret contre l’espionnage soviétique dès le début des recherches (1942). Un des résultats le plus connu fut l’arrestation et l’exécution des espions soviétiques Julius et Ethel Rosenberg (photo), les États Unis préférant essuyer une violente campagne des relais de Moscou plutôt que de dévoiler la source de leurs informations (en l’espèce les interceptions radio).

    Notons que la NSA n’a jamais réellement caché la puissance de ses moyens et son efficacité. L’action la plus spectaculaire vers le public ayant été en Juillet 1995 la déclassification de quelques archives (autour de 2.900 télégrammes soviétiques du KGB vers des illégaux aux USA, une goutte d’eau) de l’opération Venona, avec parfois des pseudonymes transparents (confirmation que Pierre COT était un agent soviétique), et d’autres conservant leur mystère (un ou une collaboratrice immédiate de De Gaulle à Alger en 1943, source soviétique, et identité connue des seuls Américains).

    (Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Venona)

    Au cours des cinquante dernières années la proportion de renseignements obtenus par moyen techniques a considérablement augmenté, représentant par exemple 90% de la production de la DGSE. La raison en est la facilité, moins dangereux que les deux autres procédés. De surcroit intercepter des ondes ne relève pas de l’atteinte à la vie privée. D’où la considérable montée en puissance de la NSA. Qui se chiffre par son budget. On répertorie seize services de renseignement américains pour un budget de 53 milliards $ (soit presqu’exactement la totalité du budget de la défense français; à noter que l’activiste américain Steve Aftergood avance le montant de 75 milliards $ …). Dans cette enveloppe la NSA pèse 11 milliards $, ce qui est absolument considérable (soulignons la disproportion avec le budget total de la DGSE soit 780 millions $, plus 73 millions $ de fonds spéciaux)

    La France est suspendue aux Services américains pour son propre renseignement, autant qu’elle est une cible.

    4179073374.jpgLa lutte contre le terrorisme avancé par Washington, est un prétexte éventé depuis longtemps. Les quelques affaires dites françaises, proposées au public par nos Services dans ce domaine (DCRI) viennent de chez eux. Nous savons depuis bien longtemps que la mission de la NSA est le renseignement politique et économique dans le seul intérêt des États Unis d’Amérique, avec une surveillance tout azimut. En Mars 2000 le patron de la CIA, James Woosley (photo), déclarait dans le Wall Street Journal que le renseignement américain espionnait tous les concurrents pour des raisons économiques.

    Une bonne synthèse du bond technologique accompli ces dernières années par la NSA est toute entière dans la revue « Wired » de Mars 2012, détaillant la construction d’un gigantesque centre de stockage et de traitement dans l’Utah :

    http://www.wired.com/threatlevel/2012/03/ff_nsadatacenter/all/ 

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Utah_Data_Center

     

    Il faut être très clair qu’il n’y a aucune possibilité de légiférer pour contrôler cette activité qui n’empiète qu’à la marge sur la vie privée. Un appel via un téléphone portable suit un circuit très complexe dont une branche est par nature en transmission radio, donc ouvertement accessible.

    Cette montée en puissance considérable de la NSA va de pair avec le développement des « data centers » où la France et l’Europe ont un retard dommageable, voire auront d’énormes difficultés à en retrouver la maitrise, si jamais…

     

    La réponse de la France à cette situation est médiocre et relève du coup de menton. Ce fut à partir de 2003 une agitation pusillanime autour du concept foireux de « l’intelligence économique », et du « patriotisme économique », beaucoup de salive, beaucoup de papiers, beaucoup de temps perdu. Alors que les Américains ont créé les structures simples pour distribuer au mieux le produit du renseignement industriel et commercial vers leur tissu économique, la France n’a cessé de se pénaliser en s’interdisant de fournir la maigre moisson de ses Services à ses entreprises. Les plus acharnés à organiser cette frontière sectaire entre l’activité économique privée et l’État, n’ont pas eu la décence de se taire depuis que les media glosent abondamment sur les activités de la NSA. Sans le talent de John Le Carré.

    Les cris de chat huant poussés par certaines autorités de la France peuvent laisser penser que les fonctionnaires ne lisent pas les journaux ! Alors qu’est public le budget de la défense américain qui est égal à la somme des budgets de la défense de tous les autres pays du monde.

    Rien n’est confidentiel dans ce qui est écrit ici et la littérature professionnelle à la disposition du public est particulièrement copieuse.   • 

     

  • Hervé Juvin : « L'union européenne, une entreprise à décerveler les peuples »

     

    D'après les révélations de Wikileaks, les trois derniers présidents français auraient été mis sur écoute par la NSA. Hervé Juvin voit dans ce scandale le symbole de l'hégémonie américaine et de la naïveté des Européens.

     

    HerveJuvin.jpgVotre livre s'intitule Le mur de l'ouest n'est pas tombé. Comment analysez-vous l'affaire Franceleaks ?                     

    Ne nous faites pas rire ! L'affaire des écoutes américaines des Présidents français, dont il est promis juré qu'elles se sont arrêtées en 2012, en dit plus sur l'état de la France que sur la réalité des écoutes. Partons du principe que tout le monde écoute tout le monde, suggérons avec le sourire que les Français ne sont pas les derniers à le faire, ajoutons que l'explosion de l'espionnage de données par les systèmes américains ne leur assure pas des triomphes stratégiques bien marquants, et regardons-nous !

    Les Français veulent croire que nous vivons dans un monde de bisounours. L'Europe est une entreprise à décerveler les peuples européens, ceux du moins qui croiraient que les mots de puissance, de force, d'intérêt national, ont encore un sens. C'est l'étonnement général qui devrait nous étonner; oui, l'intérêt national américain n'est pas l'intérêt français ! Oui, entre prétendus alliés, tous les coups sont permis, et les entreprises françaises le savent bien ! Oui, les Américains ne manquent pas de complices européens qu'ils savent diviser pour mieux régner ! Oui encore, l'exceptionnalisme américain leur permet d'utiliser tous les moyens pour dominer, pour diriger ou pour vaincre, et la question n'est pas de protester, c'est de combattre !

    Édouard Snowden est en Russie et ces révélations servent objectivement les adversaires des États-Unis. N'est-ce pas tout simplement de la géopolitique ?

    Le premier fait marquant de l'histoire Snowden, c'est que des pays qui se disent attachés à la liberté d'expression et indépendants n'ont pas souhaité l'accueillir, voire se sont alignés sur l'ordre américain visant à le déférer à la justice américaine. Il n'y a pas de quoi être fiers, quand on est Français, et qu'on a été l'un des champions des non-alignés ! Nous sommes rentrés dans le rang ; triste résultat de deux présidences d'intérim, avant de retrouver un Président capable de dire « non ! ».

    Le second fait, c'est que Snowden a révélé un système de pouvoir réellement impérial, qui tend à assurer de fait un empire mondial américain. Nous sommes face au premier nationalisme global. Le point crucial est l'association manifeste d'une surpuissance militaire, d'une surpuissance d'entreprise, et d'un universalisme provincial - une province du monde se prend pour le monde et veut imposer partout son droit, ses normes, ses règles, ses principes, en recrutant partout des complices. Ajoutons que l'affaire des écoutes, celle de la livraison des frégates « Mistral », comme celle des sanctions contre la Russie, éclairent la subordination absolue de ceux que les États-Unis nomment alliés, alors qu'ils les traitent comme des pions ; est-ce la manifestation de la stratégie du «leading from behind» annoncée par Barack Obama dans un célèbre discours à West Point ?

    Le troisième fait est au cœur de mon livre, Le Mur de l'Ouest n'est pas tombé. Les États-Unis attendent la guerre, ils ont besoin de la guerre extérieure qui seule, va les faire sortir de la crise sans fin où l'hyperfinance les a plongés. Seul, un conflit extérieur les fera sortir du conflit intérieur qui monte. D'où la rhétorique de la menace, du terrorisme, de la Nation en danger, qui manipule l'opinion intérieure et qui assure seule l'injustifiable pouvoir de l'hyperfinance sur une Amérique en voie de sous-développement.

    Quel est, selon vous, le jeu américain vis-à-vis de la Russie ?

    La Russie est l'un des pôles de la résistance à l'ordre américain. Et c'est, à ce jour, la seule puissance militaire réellement capable de faire échec à une agression américaine. Cantonner, encercler, affaiblir la Russie, vient donc en tête de l'agenda effectif des États-Unis. Le général Wesley Clark l'a dit sans ambages ; « il faut en finir avec les États-Nations en Europe ! » Voilà pourquoi, entre autres, l'idéologie américaine nous interdit toute mesure pour lutter contre l'invasion démographique qui nous menace, promeut un individualisme destructeur de nos démocraties et de notre République, veut nous contraindre à une ouverture accrue des frontières, notamment par le traité de libre-échange transatlantique, et nous interdit de réagir contre les atteintes à notre souveraineté que représente l'extraterritorialité montante de son droit des affaires.

    Les États-Unis réveillent le fantôme de la guerre froide pour couper le continent eurasiatique en deux. C'est le grand jeu géopolitique des puissances de la mer qui est reparti ; tout, contre l'union continentale eurasiatique ! Bill Clinton a trahi les assurances données à Gorbatchev par George Bush : l'Otan ne s'étendra jamais aux frontières de la Russie. Les États-Unis accroissent leur présence militaire dans l'est de l'Europe, dans ce qui s'apparente à une nouvelle occupation. Que font des tanks américains en Pologne et dans les pays baltes? Le jeu géopolitique est clair ; l'Eurasie unie serait la première puissance mondiale. Les États-Unis, on les comprend, n'en veulent pas. On comprend moins leurs complices européens. Et moins encore ceux qui répètent que la puissance, la force et les armes ne comptent pas !

    Poutine ne cède-t-il pas au défaut (autocratie, volonté expansionniste) que l'Occident lui prête ?

    Critiquer la volonté impériale des États-Unis n'est pas encenser Monsieur Poutine ! Quand je critique la confusion stratégique américaine, je n'écris rien que des élus américains, comme Elizabeth Warren, comme Rand Paul, comme Jeb Bush lui-même, qui vient de déclarer qu'il n'aurait jamais envahi l'Irak, ont déclaré !

    Je constate simplement que les États-Unis ont eu peur du rapprochement entre l'Union européenne et la Russie, qui aurait menacé le privilège exorbitant du dollar, et qu'ils se sont employés à la faire échouer, comme ils s'étaient employés à affaiblir l'euro. Je constate ensuite que le Président Poutine a tourné la page du communisme pour renouer avec la tradition des tsars ; il a un confesseur, il favorise l'orthodoxie et redonne prestige et autorité à la troisième Rome, il discute avec le Pape François, etc. tout ceci dans un contexte où les États-Unis utilisent les droits de l'individu, sans origine, sans sexe, sans race, sans quoi que ce soit qui le distingue, sauf l'argent, pour dissoudre les sociétés constituées et en finir avec la diversité des cultures et des civilisations, qui n'est rien si elle n'est pas collective. Je salue le fait que la Russie soit un pôle de résistance à l'individualisme absolu, comme l'Inde, comme la Chine, comme l'Islam à sa manière, et qu'elle garde le sens de la diplomatie, qui est celui de reconnaître des intérêts contraires, pas d'écraser ses opposants. La France ne l'est plus. On n'est pas obligé d'être d'accord avec eux sur leur manière singulière d'écrire l'histoire de leur civilisation, pour être d'accord sur le fait que leur singularité est légitime, puisqu'ils l'ont choisie, et mérite d'être préservée !

    La chute de la diversité des sociétés humaines est aussi, elle est plus grave encore que la chute de la biodiversité animale et végétale. Car c'est la survie de l'espèce humaine qui est en danger. Il n'y aura plus de civilisation, s'il n'y a pas des civilisations. Et la Russie orthodoxe, comme l'Islam chiite, comme l'hindutva de Narendra Modi, sont des incarnations de cette merveille : la diversité des formes que l'homme donne à son destin.

    Les Russes savent aussi écouter leurs partenaires et leurs adversaires ?

    Un peu d'histoire. L'invention, l'entraînement, le financement d'Al Qaeda, des talibans, a enfoncé une épine dans le pied de l'URSS, dont elle ne s'est pas relevée. Brzezinski l'a dit avec une rare franchise ; « Al Quaeda a produit des dégâts collatéraux (side effeects) sans importance dans la lutte que nous avons gagnée contre l'URSS ». Partout, y compris pour justifier l'intervention armée en Europe et pour défendre l'islamisation de l'Europe, les États-Unis derrière leur allié saoudien, se sont servis de l'Islam. Ils s'en servent en Inde, en Chine, ils s'en sont servis en Tchetchénie. Et ils se préparent à renouveler l'opération au sud de la Russie, en déstabilisant les États d'Asie centrale et l'extrême-est de la Chine.

    Parmi les preuves multiples, regardons la prise de Palmyre par l'État islamique. Admettons qu'un vent de sable ait effectivement empêché toute intervention aérienne pour la prise de Ramadi, quelques jours plus tôt. Mais Palmyre ! Dans une zone désertique, sans grand relief, Palmyre qui ne peut être atteinte que par des pistes ou des routes droites sur des kilomètres, en terrain découvert ; une armée qui dispose de l'exclusivité aérienne, comme celle de la coalition, peut empêcher toute entrée ou sortie d'un seul véhicule de Palmyre ! L'inaction de la coalition est inexplicable. La diplomatie française, sidérée par les néo-cons qui l'ont envahie, ne semble plus savoir lire une carte de géographie. Mais une France devenue pauvre en monde, livrée à la confusion des valeurs et des intérêts, une France qui n'incarne plus la résistance à l'intérêt mondial dominant qu'est l'intérêt national américain, qui sera peut-être demain l'intérêt chinois, est-elle encore la France ?  

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    Hervé Juvin est un écrivain et essayiste français. Il poursuit un travail de réflexion sur la transformation violente de notre condition humaine qui, selon lui, caractérise ce début de XXIè siècle. Il est par ailleurs associé d'Eurogroup Consulting. Il est l'auteur de Pour une écologie des civilisations (Gallimard) et vient de publier aux éditions Pierre-Guillaume de Roux Le Mur de l'ouest n'est pas tombé.

    Figarovox

     

  • De Benoist a raison !

     

    Lire son analyse, en cliquant  ICI

    (Boulevard Voltaire)

  • Chers Djihadistes, craignez le courroux de l'homme en bermuda

     

    Nous conseillons la lecture intégrale du très beau texte qui suit, en un sens prophétique, de Philippe Muray, publié en janvier 2002.

    Vincent Trémolet de Villers en a fait hier matin la trame d'un important article du Figaro en réaction aux propos de Manuel Valls qui, après les attentats sanglants de vendredi, a évoqué « une guerre de civilisation ». 

    Le texte de Philippe Muray a été lu intégralement dans la revue de presse de France Inter et cité par tous les médias. Ce texte pose avec force la question de notre civilisation, ou du moins, de ce qu'elle est concrètement devenue aujourd'hui, en contradiction avec tout ce qu'elle fut, fondamentalement, que Vincent Trémolet de Villers évoque dans son propre article.

    On peut juger très pessimiste la conclusion de Philippe Muray qui paraphrase une absurde prédiction de victoire du chef du gouvernement français peu de temps avant que la France de 1940 ne s'effondre face à l'ennemi. Sans-doute, nous ne sommes pas morts, mais nous y tendons non moins sûrement si nous ne savons pas retrouver les sources profondes de la civilisation dont nous sommes héritiers et n'a pas grand chose à voir avec cet « Occident » décadent que fustige Philippe Muray, à fort juste et exacte raison.  

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  • Manuel Valls, la guerre de civilisation et Philippe Muray, vus par Vincent Tremolet de Villers

     

    Après les attentats sanglants de vendredi, Manuel Valls a évoqué « une guerre de civilisation ». Vincent Tremolet de Villers s'interroge sur le sens du mot « civilisation » et invite le Premier ministre à lire Philippe Muray.

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpg« Guerre de civilisation » : les mots du premier ministre claquent de leur force belliqueuse et transportent avec eux un imaginaire où se mêlent Soliman le Magnifique, la bataille de Lépante, Samuel Huntington, Oussama Ben Laden et George W. Bush. Si le mot « guerre » est difficilement discutable - comment qualifier autrement une froide décapitation signant l'allégeance à un groupe, Daech, qui a appelé à tuer les Français par tous les moyens (couteaux, pierres, automobiles…) -, celui de « civilisation » est moins évident. Et même, disons-le, inapproprié.

    Si l'on regarde vers l'État islamique, une telle barbarie peut-elle porter le nom qui évoque le rayonnement des nations et des empires à travers les siècles, le génie des sociétés à protéger ce qui fait, en l'homme, l'humain ?

    Si l'on regarde vers l'Occident, de quelle civilisation parle le premier ministre ? S'agit-il de la « certaine lumière spirituelle » chère à Saint-Exupéry ? « La civilisation, disait-il, est un lien invisible, parce qu'elle porte non sur les choses mais sur les invisibles liens qui les nouent l'une à l'autre. » Ce peut être Haendel comme le déjeuner à la ferme sous les oliviers. Le grand Dante et le chevrier que le petit Marcel Pagnol croisait sur les sentiers du Garlaban.

    Manuel Valls songe-t-il à Homère, Virgile, saint Augustin, Érasme, Cervantès, Michel-Ange, Shakespeare, Pascal, Bach, Goya, Hugo, Pasteur, Marie Curie, Proust, Simone Weil, Camus, qui ont porté au plus haut le génie occidental : la liberté intérieure, l'exigence de l'esprit, l'élévation de l'âme, la galanterie, le soin du plus faible ? Ou a-t-il en tête un club de consommateurs, de « déambulateurs approbatifs » (Muray), qui applaudit Conchita Wurst devant le Parlement européen, qui a remplacé la sociabilité par « le vivre ensemble », la morale commune par le tri sélectif, et dont la seule fierté réside dans le mépris vis-à-vis de tout ce qui le précède et l'adoration de lui-même ?

    Cette question, la seule qui vaille, un de nos esprits les plus acérés se l'est posée en 2002, un an après les attentats du 11 Septembre. Dans un texte prophétique, Chers djihadistes (Mille et Une Nuits), Philippe Muray voyait venir non pas une guerre de civilisation, mais plutôt un choc entre deux incultures, deux barbaries. Inconsolable et gai, il faisait mine d'abord de s'amuser de cette impasse. « L'Occident s'achève en bermuda », écrivait-il, avant de lancer aux djihadistes cette menace : « Craignez le courroux de l'homme en bermuda. Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car ! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien, nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement.»

    Quelle civilisation ?

    Lorsqu'elle a présenté son projet de loi pour le mariage entre personnes de même sexe, Christiane Taubira avait évoqué, avec un réel enthousiasme oratoire, « une réforme de civilisation ». On ne saurait mieux dire. La décision de la Cour suprême d'autoriser le mariage gay dans les cinquante États américains a confirmé son discours. C'est le monde ancien que cet arrêt enterre. Celui de la génération. Un monde nouveau vient de naître. Ils furent nombreux à s'en féliciter sur les réseaux sociaux, à opposer le drapeau arc-en-ciel colorant la Maison-Blanche au drapeau noir du Califat.

    Quelle civilisation ? Muray, encore une fois. « Chers djihadistes, chevauchant vos éléphants de fer et de feu, vous êtes entrés avec fureur dans notre magasin de porcelaine. Mais c'est un magasin de porcelaine dont les propriétaires de longue date ont entrepris de réduire en miettes tout ce qui s'y trouvait entassé.» L'essayiste poursuit : « Vous êtes les premiers démolisseurs à s'attaquer à des destructeurs. Les premiers incendiaires en concurrence avec des pyromanes. (…) À la différence des nôtres, disait-il aux djihadistes, vos démolitions s'effectuent en toute illégalité et s'attirent un blâme quasi unanime. Tandis que c'est dans l'enthousiasme général que nous mettons au point nos tortueuses innovations et que nous nous débarrassons des derniers fondements de notre ancienne civilisation.»

    Et Muray de conclure avec le sourire du désespoir : « Chers djihadistes, nous triompherons de vous. Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. »   

        

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages débats/opinions du Figaro et du Figarovox.

    Le Figaro

  • Pauvre Juncker ! Faut-il le plaindre ?

     

    L'Europe de Bruxelles a nié nos racines, politiques, spirituelles, culturelles, ethniques.

    Elle n'a voulu se bâtir que sur l'économie, la finance, les règlements, des commissions et des fonctionnaires.

    Elle ne peut incarner aucune forme de conscience européenne. C'est ce que les difficultés actuelles font et feront de plus en plus ressortir clairement. Ce que nous affirmons, ici, depuis huit ans  LFAR  •

  • Grandes oreilles, scandales et NSA .... A lire demain !

     

    Etonnements, indignations, imprécations, tartufferie et cris d'orfraies ont suivi les pseudo « révélations » de Libération et Médiapart, Edwy Plenel et Laurent Joffrin réunis. Et dans cette affaire, tout est posture et gesticulation. Les grandes oreilles ne se sont pas ouvertes d'hier, pour les besoins de la communication et de la réclame des protagonistes.

    Le jeudi 14 novembre 2013, nous avions publié dans Lafautearousseau une note fort intéressante - au même titre que les autres - signée Champsaur et qui avait pour titre : « Nuit, Silence et Amulettes…  ».

    L'actualité nous y ramène et, extraite de nos archives, nous la publierons demain matin, mercredi.

     

  • Et si l’Islam était « insoluble » ? par Louis-Joseph Delanglade

     

    M. Valls souhaite, après tant dautres, avoir un interlocuteur représentant de « lislam de France », de façon à pouvoir organiser les rapports que lEtat doit entretenir avec ce dernier. Mais ce nest pas si simple. Certains évoquent à ce sujet deux précédents : celui de Napoléon qui, en 1806, a pu établir, grâce à la création du Consistoire, un nouveau modus vivendi avec le judaïsme; et celui, plus connu, de la loi de séparation des Eglises et de lEtat de M. Briand, un siècle plus tard. Mais lislam, en France, nest pas le judaïsme, religion très minoritaire et présente depuis toujours dans diverses provinces. Il est encore moins le christianisme dont il na pas la légitimité historique et culturelle. 

    Une « instance de dialogue avec lislam de France » réunit donc, sous la houlette de M. Cazeneuve, les prétendus représentants des cinq millions (?) de membres de la « deuxième communauté confessionnelle » du pays. On y parle de tout ce qui peut caresser ladite communauté dans le sens du poil - comme la construction projetée de trois cents (!) mosquées. Et pour se garder de toute « stigmatisation », on ne parle pas, surtout pas, de ce qui pourrait la fâcher (radicalisation, provocations, attentats). Interrogé à ce sujet, le ministère répond benoîtement : « Nous avons estimé que ce serait un mauvais message adressé aux Français et à la communauté musulmane ».  

    A celle-ci, peut-être; à ceux-là, certainement pas. En effet, que MM. Valls et tous les politiciens et idéologues de ce pays le veuillent ou pas, lislam est ressenti par une majorité de « Gaulois » comme un corps étranger, inquiétant et dangereux - son émergence massive sur le territoire métropolitain étant trop récente, trop brutale, trop liée à des problèmes de désordre, dinsécurité, de terrorisme.  

     

    Mais la faute de M. Valls est dabord de partir dun a priori idéologique : la France laïque doit porter le « message » en Europe et dans le monde d'un islam « compatible avec la démocratie et la République ». Quelle naïveté ! il est douteux que lislam se renie au point daccepter que la religion, en loccurrence musulmane, ne soit considérée que comme une simple affaire individuelle de conscience. 

     

    M. Godard, haut fonctionnaire au ministère de lIntérieur jusquen 2014, montre, dans La question musulmane en France, que l'islam est devenu « un régulateur social sur notre territoire ». M. de Montbrial dénonce, preuves à lappui, dans Le sursaut ou le chaos « l’état de communautarisation avancé de notre société » qui fragilise la cohésion nationale, la radicalisation de milliers de jeunes Français partis ou en partance pour le jihad et, surtout, le « risque réel » de guerre civile dont nous menacent ces ennemis de leur propre pays. 

    Ce sont moins les individus qui sont en cause que la revendication de lappartenance à une communauté dont les « valeurs » et les finalités ne sont pas tout à fait compatibles avec celles de la France. 

  • Matteo Renzi ne l'a pas envoyé dire à ses collègues de l'U.E. ... Il a raison !

     

    Le président du conseil italien n'a pas mâché ses mots en apostrophant ses collègues de la sorte. Il leur a même lancé : « Vous êtes indignes de l'Europe ! ». C'est, en effet, toute la question : ces gens-là, ces institutions-là sont indignes de l'Europe. LFAR  •

  • Eric Zemmour devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris : lire le texte intégral de son intervention

     

    Le 24 juin 2015, Eric Zemmour était à la barre de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, après un signalement de la Licra, partie civile aux côtés de SOS Racisme, le Cran, le Mrap et l'Union des étudiants juifs de France. pour une chronique diffusée sur RTL en mai 2014.  5 000 euros ont été requis par le parquet. On lira avec la sympathie qui s'impose - que ceux d'entre nous qui sont maurrassiens et d'Action française éprouveront presque naturellement - le texte intégral de l'intervention de Zemmour. Soutien et amitié d'esprit ! LFAR

     

    Je vous avoue que j’ai longuement hésité à venir à l’audience. Mon avocat me déconseillait plutôt de me déplacer, pour conserver, disait il, aux débats leur caractère technique. J’ai décidé pourtant d’assister à cette audience. D’abord par respect des magistrats, de la Cour, et au delà des institutions de la République. Mais aussi par curiosité. Je voulais comprendre ce qu’on me reprochait. Comprendre quelle loi ou quelle partie de la loi j’avais enfreint. Après tout, nul n’est censé ignorer la loi. Je voulais comprendre pourquoi le procureur, le représentant de l’Etat, m’attaquait pour des propos qui ne faisaient pourtant que décrire des faits, une réalité, amplement retranscrite : « des bandes étrangères venues d’Europe de l’Est écument notre pays », ça passe; mais quand on dit: « des bandes de tchétchènes, Kosovars, Roms dépècent, dévalisent, violentent, ou dépouillent », ça ne passe pas. Lui n’est pas déféré, moi, je le suis.

     Je comprends bien le point de vue du procureur : il favorise la concision. L’ellipse est préférée à la description clinique. Madame le procureur préfère la pudeur des impressions à l’impudeur du réalisme. Mais cette querelle littéraire est-elle de la compétence de ce tribunal ? Il faut alors qu’elle aille au bout de cette logique littéraire. Qu’elle m’indique les bons mots et les mauvais mots, les mots autorisés et les mots interdits. Qu’elle redéfinisse les canons de la profession de journaliste. Que celui-ci ne soit plus tenu d’informer de ce qu’il voit, mais d’abord d’informer ce qu’il ne voit pas, mais qu’il est bon de voir.

    J’avoue ma perplexité. Je n’ose penser que ce ne sont pas les mots qui comptent, mais ma personne. Il y a quatre ans, le procureur m’avait expliqué que ma notoriété fort grande avait pour corollaire une responsabilité aussi grande. Je constate qu’en quatre ans, j’ai encore pris du galon, puisque je suis davantage responsable, et donc davantage condamnable, qu’un ministre de l’intérieur lui-même.

    Mais j’ai compris en écoutant avec soin ces débats, que ce ne sont ni mes mots ni ma personne qui importaient, mais mes pensées. Même pas mes pensées, mais mes arrière-pensées. Dans le passé, nous avions ainsi le tribunal de l’Inquisition qui dénichait la persistance des pensées hérétiques chez des marranes convertis au catholicisme. Nous avons eu plus récemment les grands procès staliniens qui traquaient les intentions contre-révolutionnaires.

    A la suite de la parution de mon livre, le Suicide français, le premier secrétaire du parti au pouvoir avait dénoncé la zemmourisation de la société. Le premier ministre avait expliqué que mon livre n’était pas digne d’être lu, le ministre de l’Intérieur avait appelé à manifester contre moi, et le président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale avait sollicité de mes employeurs qu’ils mettent fin à mes collaborations à leurs medias. Marie-Anne Chapdelaine, une députée d’Ille-et-Vilaine, me chassait carrément de France : « Monsieur Zemmour, la République, on l’aime ou on la quitte ». Aujourd’hui, je vis la version judiciaire de cette offensive médiatico-politique. On prétend faire du droit, mais derrière les arguties, ce n’est qu’une bataille politique pour me faire taire.

     Il y a six mois, des millions de Français défilaient dans la rue pour défendre la liberté d’expression. Les malheureuses victimes de Charlie Hebdo avaient subi aussi une condamnation judiciaire venue d’un tribunal islamique qui les avait condamnés à mort pour blasphème. Si je comprends bien ce qui m’est reproché, la liberté d’expression, c’est bon pour les dessinateurs de Charlie, mais ce n’est pas bon pour moi. Parce qu’eux sont gentils, et moi, je suis méchant. Eux ont des bonnes arrière-pensées, et moi j’en ai de mauvaises. Si je comprends bien, nous vivons toujours sous le règne de la phrase de Saint-Just : « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Cela s’appelait la Terreur. 

     

     

    Eric ZEMMOUR

     

  • Colloque du Cercle Vauban annoncé pour samedi 3 octobre à Paris ... Date à retenir !

     

    Nous n'en connaissons encore ni le thème ni les intervenants, mais, d'ores et déjà, La Restauration Nationale annonce la tenue d'un nouveau colloque du Cercle Vauban, à Paris, le samedi 3 octobre 2015 de 14h à 19h.

    Il est précisé que les thèmes abordés seront plus spécialement destinés aux lycéens et étudiants, ce qui ajoute à l'intérêt de ce futur colloque.

    Rappelons qu'un premier colloque dont le thème était « Pour un nouveau régime » a été organisé par le Cercle Vauban, Politique Magazine et la Nouvelle Revue Universelle, le 6 décembre 2014 à Paris, en partenariat avec le blog Le Rouge & le Noir et Lafautearousseau. 

    Plus de 300 participants s'y étaient retrouvés, pour une journée de réflexion fort utile, dont huit remarquables interventions ont été l'essentiel. Nous en avons donné le compte-rendu* et avons mis en ligne les vidéos des trois premiers exposés**, les autres devant suivre, sous quelques temps. 

    Comme le précédent, le colloque du 3 octobre prochain se déroulera 10 rue de l'Annonciation, 75116 Paris. Métro Passy (ligne 6) ou Boulainvilliers (RER C).

    Renseignements et inscriptions - Téléphone : 09.67.34.21.42 - Adresse électronique : restauration.nationale@wanadoo.fr.

    Nous préciserons dès que possible - le plus tôt sera le mieux ! - le ou les thèmes de ce prochain colloque ainsi que la liste des intervenants de sorte que nos lecteurs disposent de toutes les informations utiles qui les décideront à y participer. Nous ne doutons pas d'être nombreux à nous y retrouver.  LFAR 

    Compte-rendu du colloque du 6 décembre 2014

    Vidéo 1: Frédéric Rouvillois [L'Etat décadent] et Jacques Trémolet de Villers [La Justice à la dérive]

    Vidéo 2 : François Schwerer [Crise financière, crise morale]

     

    Une réunion des cadres de la Restauration Nationale suivra ce colloque, à la même adresse le dimanche 4 octobre 2015 de 11h à 17h, sous la présidence de Bernard Pascaud et Hilaire de Crémiers. Cette réunion a été programmée dans la même fin de semaine que le colloque du Cercle Vauban pour permettre aux provinciaux de n'effectuer qu'un seul déplacement. 

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • LIVRES & VOAGES • Rabat, nid d'espions ? Par Péroncel-Hugoz

     

    Mi-fiction mi-réalité, le récit d’espionnage garanti rbati publié par un Français de Salé, fait soudain basculer la tranquille capitale du royaume dans un univers inquiétant… Où l'on verra que cette recension de Péroncel-Hugoz, vue du Maroc, concerne la France et même la Famille de France et les royalistes français. LFAR

     

    peroncel-hugoz 2.jpgD’abord expert en café puis en finances russes, ensuite historien du Maroc protectoral, Guillaume Jobin, installé en Chérifie depuis moins de dix ans, peut-il, comme une divinité hindoue, revêtir successivement plusieurs avatars ? On a tendance à le penser en sortant de sa «Route des Zaërs», récit publié en ce début d’été 2015 et qui nous empoigne et nous plonge d’autorité dans un monde où tout bouge à 200 à l’heure, sur le rythme endiablé et diabolique d’un James Bond allié pour une fois à un Gérard de Villiers tempéré par Tintin, avec un brin de littérature Art déco, le tout bien mixé, bien pimenté jusqu’à nous rappeler certains bouquins « services secrets-polar-jolies femmes » d’un autre Français du Maroc, feu le pied-noir érudit Jean-Pierre Koffel, le « romancier de Kénitra ». Ce n’est pas tout, « Route des Zaërs » rappelle certains films faciles mais excellents du XXe siècle, type « Salonique nid d’espions » ou « Danger à Tanger ». Oui, ça fait beaucoup de références mais lisez et vous comprendrez : ce monsieur ultra-moderne a lu et voyagé et il nous en fait profiter. En plus il connaît la bonne orthographe française, traits d’union compris, même s’il abuse parfois des anglo-américanismes… 

    Donc, un faux journaliste européen, beau mec hédoniste et dynamique, devient espion franco-russe dans le Maroc de 2014-2015, sur fond de (réelle) tension entre Paris et Rabat (sans parler des tripotages états-uniens), manigancée par l’omnipotent lobby algéro-socialiste que le régime hollandiste, tout en multipliant les risettes à l’endroit du Makhzen, laisse agir à sa guise sur les bords de Seine... Où cela nous ménera-t’il ? Allah seul le sait sans doute mais, ici ou ailleurs, au final ça risque de laisser de douloureuses cicatrices. Sur ce thème sérieux, voire tragique, l’auteur fait rouler ses billes colorées dont certaines pourraient être des balles maquillées… 

    La célèbre route des Zaërs est un lieu si on peut dire prédestiné car il fut, dans les troubles années 40, le fief du prétendant royaliste français, Henri, comte de Paris (1908-1999), alors politiquement interdit de séjour en France mais ayant ses entrées dans les maisons alaouites en tant que « cousin », en vertu de la tradition, rappelée volontiers par Si Mohamed Cherkaoui, l’un des beaux-frères (et le plus savant) d’Hassan II, selon laquelle la reine Blanche de Castille, avait apporté du sang arabe chérifien dans la dynastie française… Sur cette fameuse voie rbatie, Jobin fait donc défiler de nos jours hauts flics et diplomates toutes pointures, chauffards et journaleux, personnages inventés, recomposés ou bien réels comme la gastronome de haut vol Fatima Hal ou la styliste intercontinentale Fadila El Gadi – une partie de ces « beautiful people » se retrouvant du Grand-Comptoir, au Balima et surtout dans de discrètes et moelleuses demeures du Souissi. 

    Cependant, et c’est sans doute l’un des attraits de cette intrigue, l’action se déplace sans cesse, au Maroc ou à l’étranger, progressant par sauts ou séquences rapides et courtes, tantôt à Moscou ou Malaga, à Feucherolles (Ile-de-France), en Seine-Saint-Denis ou à New-York, Londres etc. Et bien sûr à Paris où on assiste même à un aparté détonnant entre les deux ministres de la Justice les plus contrastés du monde : Christiane Taubira et Mustapha Ramid… 

    Tous ces lieux et ces gens volent et virevoltent tant que le lecteur moyen finit par s’égarer un peu dans ce labyrinthe géopolitique, le tournis le prend voire la panique car il finit par confondre fiction et réalité et s’imaginer que le sort des relations franco-marocaines est vraiment entre les mains de ces messieurs et dames « zaëristes » peu rassurants, souvent entre une vodka « Samir Nof » ou un whisky « Réda Label »… A la fin, qui est un peu une queue de poisson pour le lecteur trop cartésien (tant pis pour lui !), celui-ci parvient quand même à se tirer sain et sauf de ces méandres diplomatico-politico-policiers ; et il est satisfait car, outre les distractions poivrées rencontrées le long de cette « Route des Zaërs », il a échappé un moment aux rengaines « droitsdelhommistes », « democratoïdes » et « laïcardes » et même il a vu l’auteur oser égratigner cathos de gauche, snobs et bobos mondialisés voire tel ex-sportif marocain intrigant en quête de prébendes… 

    Pour Ramadan, que vous soyez jeûneurs ou pas, vous pouvez vous reposer le cerveau en empruntant cette « Route des Zaërs » (ou bien des romans de Mohamed Nédali, Jean-Pierre Koffel ou Réda Dalil). Et en tout cas rendez-vous sur « le360 », Inchallah, le 30 juillet, après l’Aïd-Srir ! 

     

     guillaume-jobin.jpg

    Guillaume Jobin au bord du Nil, à Zamalek

     

    * G. Jobin, « Route des Zaërs », Ed. de Talents, Casablanca-Paris, 190 p. 100 dh. 

     Péroncel-Hugoz - Le 360

     

  • LIVRES & HISTOIRE • Le Roi Siméon II de Bulgarie à Chantilly les 20 et 21 juin derniers

     

    A l’occasion de la sortie de son livre autobiographique « Un Destin Singulier », Sa Majesté le Roi Siméon II de Bulgarie, accompagné de la Reine Margarita a choisi de venir à Chantilly pour rappeler les liens qui unissent la France et son Pays. Chantilly est chère à son cœur, car c’est la ville de la Princesse Clémentine d’Orléans, son arrière-grand-mère, fille de Louis-Philippe, et donc sœur du Duc d’Aumale qui a légué ce magnifique Domaine de Chantilly à l’Institut de France, et dont Son Altesse l’Aga Khan préside la Fondation. 

    Après avoir été accueillis au Château pour une visite et une présentation de souvenirs familiaux, samedi, le Roi et la Reine se sont rendus dans le superbe cadre du Potager des Princes magnifiquement restauré par Yves Bienaimé. 

    Un public très nombreux et des personnalités parmi lesquelles le Comte et la Comtesse de Paris ont assisté aux activités préparées par les associations bulgares du « Club Chrétien Monarchique » et de l’association « Joie des Horizons », en liaison avec l’association cantilienne « Le Valois Monarchique ». 

    Le spectacle a débuté par la projection d’un film sur la Princesse Clémentine, puis s’est poursuivi par un concert de musiciens et de jeunes choristes, et s’est terminé par une exposition de tableaux d’enfants bulgares. 

    Dimanche, le Roi Siméon et la Reine Margarita ont assisté à la messe de l’église de Chantilly, avant de se rendre aux célèbres « Grandes Ecuries » pour le spectacle équestre « Kavallisté ». 

    La journée s’est terminée au Potager des Princes où un public à nouveau très nombreux s’était réuni pour entendre le Roi Siméon donner sa conférence sur son « Destin Singulier », et dédicacer ses livres, avant de recevoir à l’Hôtel de Ville la médaille de la ville des mains du député-maire, Eric Woerth. 

    Le Roi Siméon II de Bulgarie 

    Enfant, le Roi Siméon II de Bulgarie a régné pendant quelques années, à la suite de la mort mystérieuse de son père, avant de connaître un long exil à Madrid, pendant lequel il a vécu les grands bouleversements de l’Europe: monarchie, nazisme, communisme, et « chute du Mur » côtoyant et se liant d’amitié avec de grands dirigeants : Juan Carlos, Hassan II ou Hussein de Jordanie, l’empereur d’Ethiopie, ou le Shah d’Iran. 

    Ce qui singularise le Roi Siméon, c’est d’être toujours resté au cœur de l’action : homme d’affaire avisé, il a toujours voulu rester dans le monde du « possible » ; il a accepté d’être le premier ministre de son Pays, quelques années après l’accueil triomphal des Bulgares en1996 ; et il a essayé de le redresser par une politique axée sur le Bien Commun, avec une volonté de réduire les divisions et de recomposer au-delà des partis une unité nationale, tout en l’ancrant à l’Occident. 

    Retiré de la politique, il vit en Bulgarie où l’on vient souvent prendre des conseils auprès de lui. 

     

    La Restauration Nationale