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Tout va très bien… Par François Reloujac

 Si Mario Draghi dit que tout va bien ...

 « Tout va très bien… », chantait Ray Ventura en 1935. Ainsi, la croissance française a été plus importante que prévue au cours du premier trimestre 2015 alors même que la Bourse gagnait près de 20 % ; le 12 mai, la Grèce a honoré l’échéance du crédit accordé par le FMI et Mario Draghi a pu se vanter de l’efficacité de son plan. Bref, tout va très bien, « mais, cependant, il faut que l’on vous dise… »

D’après les chiffres publiés par l’Insee, la croissance du PIB de la France a été de 0,6 % au premier trimestre 2015. Plus importante que celle de l’Allemagne, elle aurait ainsi tiré vers le haut la croissance européenne. Mais que cachent ces statistiques ? Un poste a augmenté plus que les autres : celui des dépenses d’énergie. Cela, malgré un hiver relativement doux et un prix du pétrole en baisse. Comme si les Français en avaient profité pour remplir leurs cuves. Dans l’industrie, ce sont les voitures qui ont bénéficié de l’embellie, mais pas les voitures fabriquées en France. La croissance a aussi été tirée par l’augmentation du niveau des stocks – invendus – des entreprises. Les autres secteurs économiques sont restés atones quand ils n’ont pas régressé. La construction a continué à reculer malgré des taux d’intérêt nominaux très faibles. Les investissements sont demeurés en panne, malgré des aides gouvernementales sous forme d’amortissements accélérés. Le commerce extérieur s’est encore détérioré malgré un euro faible qui aurait dû décourager les importations et doper les exportations. Il en résulte ce que les économistes appellent une « croissance sans emploi », autrement dit une augmentation de la dépense mais pas de l’activité. Où est la fameuse croissance censée inverser la courbe du chômage ?

L’embellie de la Bourse

Depuis le début de l’année, le CAC 40 se promène de sommets en sommets, entrecoupés, il est vrai, de mouvements que l’on aurait autrefois qualifiés d’« erratiques ». Or cette hausse est totalement déconnectée d’un quelconque accroissement de l’activité des entreprises, d’une amélioration de leurs perspectives annoncées et, même, de leurs demandes de financement à long terme. Alors, ne faut-il pas chercher une explication de cette évolution dans la faiblesse de l’euro qui rend l’acquisition des entreprises françaises peu onéreuse ? D’autant que certains « investisseurs » étrangers bénéficient de liquidités abondantes. On les trouve notamment dans les pays exportateurs de pétrole, chez les fabricants de produits de grande consommation vendus à bas prix dans les grandes surfaces, et aussi parmi les bénéficiaires de la création en grande quantité de liquidités dans une monnaie, le dollar,  qui sert d’étalon au monde entier. Remarquons que ces « investisseurs » préfèrent rechercher des plus-values sur les actions que les improbables revenus des emprunts obligataires.

Le succès du plan « non conventionnel » de la BCE

C’est Mario Draghi lui-même qui l’a expliqué au FMI à la mi-mai. Ce plan, a-t-il dit, a fait preuve d’une plus grande efficacité que « bien des observateurs ne l’avaient anticipé ». La BCE a donc racheté aux banques commerciales les titres émis par les états pour financer leurs déficits publics. Elle s’est donc substituée aux dites banques pour alimenter la cavalerie financière des états. Dans le Figaro du 12 mai, Bertille Bayard remarquait que cette politique conduit « la planète financière » à se confronter « à l’incongru (des taux d’intérêt négatifs) et à l’incertain ». Selon elle, « l’absurdité des taux négatifs, l’euphorie des marchés d’actions, l’abondance de liquidités dessinent un drôle de paysage financier dont les acteurs semblent évoluer toujours plus vite sur une glace dangereusement mince ». Ce qu’elle n’ose pas écrire, c’est que personne ne sait ni comment ralentir le mouvement ni comment consolider la mince couche de glace.

Les négociations entre la Grèce et ses créanciers avancent

Que ce soit le ministre grec des Finances ou les négociateurs européens, tout le monde l’affirme : les positions se rapprochent. La Grèce a même réussi à honorer, le 12 mai dernier, l’échéance de 756 millions d’euros qu’elle devait au FMI. Oui, mais au premier trimestre 2015, le PIB de la Grèce a encore perdu 0,2 %, confirmant que le pays était bien entré dans une récession durable. La BCE, qui craint de ne pas être remboursée en juillet des 6,7 milliards d’euros qui lui sont dus, a décidé de se montrer intransigeante. Tous les créanciers exigent désormais une capitulation sans condition de ce gouvernement qui n’entre pas dans les standards européens. S’il veut continuer à être aidé, il va notamment devoir faire de nouvelles coupes dans le montant des retraites versées et faire voler en éclats les dernières barrières qui s’opposent aux plans de licenciements collectifs. Ce qui met Manuel Valls en colère lorsqu’il s’agit d’entreprises installées en France devient donc incontournable quand cela concerne le marché grec du travail.

« La situation est grave, mais pas désespérée ! »

Comme la France est quand même tenue de faire un effort pour maîtriser ses dépenses publiques et respecter les accords européens qu’elle a soutenus, le gouvernement a décidé de faire des économies sur les dotations aux budgets des collectivités locales. Malheureusement, ces dernières sont terriblement endettées et les augmentations des impôts locaux projetées ne suffiront pas à combler leur déficit. Or, il se trouve que la plupart des emprunts contractés par ces collectivités locales auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations sont indexés sur le taux du Livret A. Un bon moyen de faire diminuer la charge de ces emprunts est donc de faire baisser le taux de rémunération dudit Livret A. Pour dédouaner les hommes politiques de toute responsabilité, on a fait monter au créneau des banquiers – y compris le gouverneur de la Banque de France – qui sont désormais à quelques semaines de la retraite ! Reste un point plus difficile à traiter et qui aura des conséquences plus longuement durables : le vieillissement de la population européenne qui est tel que les besoins de l’activité économique risquent de ne plus être satisfaits d’ici une dizaine d’années. La Commission européenne a trouvé la parade : il suffit d’ouvrir grand les portes de l’immigration. à taux de chômage inchangé, les besoins ont été estimés par la Commission à plus de… 40 millions de personnes !

Commentaires

  • Quel est le"plan" de François Reloujac ?

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