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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1504

  • Les Lundis de Louis-Joseph Delanglade

    3574013872.jpgCe sont des réflexions - hebdomadaires (hors vacances) - sur l'actualité politique (politique intérieure et politique étrangère généralement alternées) qui synthétisent ou définissent les positions - la ligne politique - de Lafautearousseau.

    C'est pourquoi ces chroniques sont regroupées depuis l'origine (20.11.2012) et toutes consultables dans une annexe de LafautearousseauLes lundis de Louis-Joseph Delangladeen permanence à votre disposition.  Vous pouvez donc consulter l'ensemble des chroniques déjà parues, en cliquant sur l'icône les lundis de Louis-Joseph Delanglade. (Page d'accueil, colonne de droite)

  • Couple franco-allemand : Madame porte la culotte

     

    par Dominique Jamet dans Boulevard Voltaire 

    Dominique Jamet met ici le doigt sur un obstacle majeur à la poursuite du projet de construction européenne : la séparation de plus en plus marquée du couple franco-allemand, dont la cohésion était pourtant la toute première condition. Certes, pour les besoins de son argumentation, Dominique Jamet simplifie beaucoup. Sur plusieurs points. Jamais, même au temps du traité de l'Elysée, l'entente franco-allemande ne fut une idylle, l'atlantisme de la République Fédérale contrecarrant la politique d'indépendance européenne que voulait De Gaulle; sous François Mitterrand, qui s'en était d'abord effrayé, la réunification des deux Allemagnes avait déjà largement commencé de rompre l'équilibre entre les deux pays; la création de l'Euro devait en compenser les effets : on sait que ce fut l'inverse qui advint ... Sur un autre plan, Dominique Jamet force aussi le trait : certes au sein du couple franco-allemand et de l'Union Européenne, c'est Angela Merkel qui porte la culotte mais est-elle réellement cet homme fort du Vieux-Continent que l'on voit en elle ? Il est souvent fait reproche à l'Allemagne d'Angela Merkel de rester couchée devant l'hyperpuissance américaine malgré sa puissance industrielle, et de n'avoir de politique et d'ambition qu'économique... Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ... Dominique Jamet force aussi le trait lorsqu'il écrit qu'il y a aujourd’hui entre la France et l’Allemagne la même différence et la même distance qu’entre un porte-avions et un pédalo suiveur. Mais globalement, Dominique Jamet a raison : il est vrai que la puissance retrouvée et la prospérité exceptionnelle de l'Allemagne d'aujourd'hui, ajoutée au décrochage industriel et commercial de la France des trente dernières années, ont disjoint le couple et rendu bien plus difficile qu'autrefois la construction européenne.  LFAR

     

    3312863504.jpgVaincue, pire que vaincue, défaite, occupée, ravagée, humiliée, haïe, morcelée, mise au ban de l’humanité, tandis que la France, après avoir été admise in extremis à la table des vainqueurs, prenait rang parmi les Cinq Grands, qui, en 1945, aurait parié un mark sur le retour de l’Allemagne dans le concert des nations ?

    Lorsqu’en 1962 le général de Gaulle, fort de sa stature historique, de la grandeur retrouvée de la France, de sa prospérité, de sa force de frappe et conscient des données permanentes de la géopolitique, tendit la main de la réconciliation à Konrad Adenauer, chancelier de la RFA, l’initiative et la supériorité étaient de notre côté.

    Quelques années plus tard, entre Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, puis entre François Mitterrand et Helmut Kohl, l’avantage démographique était du côté de l’Allemagne, l’influence internationale du côté de la France, la taille économique comparable et le tandem franco-allemand fonctionnait à merveille sur la base d’une entente personnelle et politique et d’un équilibre entre les deux peuples voisins, amis et alliés.

    Vinrent les années Chirac et Sarkozy. Le couple, nous disait-on, était toujours en pleine lune de miel, l’Europe s’organisait et ne fonctionnait qu’autour de lui. Le moteur franco-allemand était toujours incontournable et déterminant, et l’Allemagne faisant de louables efforts pour ménager notre susceptibilité et se garder de tout orgueil, elle n’insistait pas sur le fait que dans la voiture, c’était elle qui tenait de plus en plus souvent le volant.

    La crise grecque, entre autres mérites dont on se passerait, a celui de nous mettre en face de la vérité. Femme forte du Vieux Continent, Angela Merkel n’a tenu aucun compte du désir de compromis affiché par la France et son président. Elle a rassemblé derrière elle, sur une position intransigeante, ignorant les bêlements plaintifs de notre diplomatie, tous les États membres de la zone euro, sans même regarder derrière elle ce qu’il en était de la France, assurée qu’elle était que, comme d’habitude, Paris suivrait. S’il est encore permis de parler d’un couple franco-allemand, il est clair que c’est Madame qui y porte la culotte.

    Le Parisien publiait hier les résultats d’un sondage plus cruel et plus éclairant que n’importe quel commentaire ou analyse. A la question : « Parmi les personnalités suivantes, laquelle a, selon vous, le plus d’influence sur les décisions prises par l’Union européenne », 67 % des personnes interrogées répondaient Angela Merkel, 14 % Mario Draghi, 10 % Jean-Claude Juncker 4 % Donald Tusk, président du Conseil de l’Europe. Et François Hollande ? 2 %.

    Le roi est nu, et il a perdu sa couronne. Il y a aujourd’hui entre la France et l’Allemagne la même différence et la même distance qu’entre un porte-avions et un pédalo suiveur. Ces dernières années, le président français a pris du poids et la France n’a cessé d’en perdre. On aurait mieux aimé l’inverse. 

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    Dominique Jamet - Boulevard Voltaire

    Journaliste et écrivain. Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication.

     

  • Dernière livraison de La nouvelle REVUE UNIVERSELLE : Printemps 2015 ...

     

    Prenez connaissance du sommaire  détaillé de cette nouvelle et excellente livraison de la Revue universelle (ci-dessus). A lire absolument, à ne pas manquer.

    Commentaire relevé dans le blog :

    « Dans ce rayonnement d’intelligence qu’est le Revue Universelle, où l’on peut picorer au hasard, une mention spéciale à la contribution d’Antoine de Crémiers qui rend limpide une matière aussi hermétique et aride, que le finance internationale, et surtout la composition du tonneau de poudre sur lequel le monde est assis. Avec la même inconscience des dirigeants de la planète, que lorsqu’une banque comme UBS dut rayer 34 milliards USD de ses actifs en une semaine, en 2008. La mère de famille ne peut pas se permettre une telle erreur dans son budget. Ici les administrateurs de la banque avaient inscrit au fil des ans des actifs qui n’existaient pas … Un détail quoi … »

    Jean Louis FAURE, mercredi, 15 octobre 2014 

     

    Abonnements : La nouvelle revue universelle, 1 rue de Courcelles, 75008 PARIS - 4 numéros par an - Tarif :  m Normal, 1 an, 70 €  m Soutien, 1 an 100 €  m Normal, 2 ans, 130 € m Réduit, 1 an (étudiants, chômeurs) 40 €. Étranger et DOM-TOM : 77 €

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  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • HISTOIRE & ACTUALITE • Madagascar, vous y croyez encore, vous ?

     

    Alain Foulon, directeur de ECO AUSTRAL, la revue économique de référence dans l'Océan Indien. où les lignes qui suivent sont parues, réfléchit ici sur l'histoire aussi bien que sur la situation actuelle de Madagascar. Alain Foulon représente le Partenariat Eurafricain (PE) pour l'ensemble de la région. ECO AUSTRAL, basé à Maurice a une liberté de ton et d'analyse que nous vous laissons le soin d'apprécier

     

    348195-1.pngCeux qui connaissent bien Madagascar et son Histoire (peut-on d'ailleurs connaître un pays sans connaître son Histoire ?) ont pu se rendre compte de l’étrange rapport entre l’enthousiasme  que peut susciter cette île-continent, avec ses énormes ressources inexploitées, et les désillusions et déceptions qu’elle peut susciter chez les mêmes personnes. On ne peut s’empêcher de penser à la boutade du général de Gaulle : « Madagascar est un pays d’avenir ... et qui le restera ».

    Ma réflexion est évidemment alimentée par les derniers événements politiques avec ces 115 députés sur 151 (soit plus des deux tiers prévus par la Constitution) qui ont voté, dans la nuit du 26 mai, en faveur de la déchéance du président Hery Rajaonarimampianina. Le pays et ses bailleurs de fonds - qui commencent à rire jaune - sont maintenant suspendus à la décision de la Haute cour constitutionnelle. Mais le président pourrait aussi ne pas attendre et prononcer dissolution de l’Assemblée nationale. Nul doute qu’il consulte ses réseaux, dont ceux de la franc-maçonnerie et imagine un maximum de coups à l’avance en bon joueur d'échecs ou de fanoroma, cette espèce de jeu de go malgache. Dissoudre l’assemblée, c'est donner l’opportunité à l’ancien président Marc Ravalomanana, qui est déjà revenu sur la scène, d’y prendre plus de poids à l'occasion de nouvelles élections. Ce dernier veut de toute évidence revenir au pouvoir le plus vite possible ... et sans doute régler leur compte à ceux qui l'ont fait partir ou ont profité de son départ. Cela ne peut qu'inquiéter les bailleurs de fonds et les investisseurs. Mais cela montre aussi les choix irréfléchis de la soi-disant communauté internationale ou plutôt de certaines puissances occidentales qui, au nom de la « démocratie », pratiquent un véritable néo-colonialisme. Et, comme ces néo-colonialistes ne comprennent pas grand-chose à l’histoire et à la culture d'un pays comme Madagascar, le résultat est bien souvent désolant.

    Cette réflexion est d'autant plus opportune qu'il y a exactement I20 ans, en 1895, la République française faisait officiellement de la Grande Île un protectorat, sous la contrainte militaire, après dix ans de protectorat déguisé contre lequel luttait la reine Ranavalo III. Deux ans plus tard, cette dernière était déportée à La Réunion, puis en Algérie où elle mourra, alors que la Gonade Île était devenue une colonie en 1896. La République française mettait fin à un mouvement d'unification du pays sous l’impulsion des Mérinas (l’ethnie la plus importante à laquelle appartenait Ranavalo) qui ressemblait fort à la façon dont s'était construite la France. Si je dis la «  République française »  et non la France à propos de l’auteur de cette œuvre funeste, c'est qu’une monarchie n'aurait pas eu la mauvaise idée de renverser et de déporter une reine, et puis, surtout, ce sont les républicains et plus précisément la gauche française qui soutenaient le colonialisme à l’époque, alors que la droite y voyait surtout du gaspillage d’argent. Mais les républicains socialistes, persuadés de leur supériorité, voulaient apporter la « Lumière » au reste de l’humanité et, en particulier, à ces peuples « archaïques » du Sud. Une reine, avec suffisamment de fortune personnelle pour se prémunir contre la corruption, et avec un pouvoir absolu entre les mains c'est sans doute ce qu'il faudrait aujourd'hui à Madagascar pour enfin décoller. Et non pas une démocratie occidentale qui ne fait que générer toujours plus de califes.

    En version moderne, nous dirons qu'il faudrait à Madagascar un Lee Kum Yew, cet homme de poigne qui a fait d'un petit village de pêcheurs - Singapour - ­une puissance économique de premier plan. Dommage que Marc Ravalomanana ait raté le coche en se perdant dans les conflits d’intérêts et dans un appétit pour les affaires qu'il aurait dû faire taire en venant au pouvoir. En a-t-il tiré des leçons qu'il appliquera s’il revient à la tête de l’Etat ? Ou bien sera-t-il guidé seulement par le désir de se venger ?  Peut-il d’ailleurs revenir au pouvoir ? L’armée, qui l'a fait tomber, le laissera-t-elle faire ? Et si oui, quand et comment y reviendrait‑il ? À l’occasion d'une crise ou de l’élection présidentielle de de 2018, sachant qu'Andry Rajoelina n'a pas dit son dernier mot et s’est déjà positionné pour cette élection et qu'Hery Rajaonarimampianina est un bon joueur d’échecs ? Avant de répondre à ces questions, on devrait s’arracher bien des cheveux et perdre des illusions. Pour ceux qui en ont… 

    (Cet article nous a été signalé par Joël Broquet que nous remercions).

     

  • HISTOIRE • Pourquoi le comte de Chambord renonça-t-il, en 1873, à une restauration alors annoncée comme imminente ?

    Le comte de Chambord, par le baron Louis-Auguste Schwiter. Photo © AFP

    L'analyse de Christian Brosio, dans Valeurs actuelles 

     

    Pourvu que leur motivation ne soit pas la nostalgie, le folklore, une sorte de jeu sans conséquence, ce qui est parfois le cas, la véritable grande affaire des royalistes, ceux d'aujourd'hui, comme ceux de toutes les époques, ce fut toujours, selon l'expression des plus anciens des Camelots du Roi, de faire le Roi. D'établir la monarchie. Les occasions ont existé, même si, jamais encore, elles n'ont abouti. Les plus sérieuses, dans un pays comme le nôtre, sont celles qui se seraient passées selon ce que De Gaulle appelait un processus régulier. Naturellement dicté par les circonstances et les nécessités. Du temps du Comte de Chambord, il se fût encore agi d'une restauration. Christian Brosio nous dit ici comment et pourquoi elle fut ratée. Et son explication nous paraît être plutôt à l'honneur du Comte de Chambord. Ceux parmi nos lecteurs qui sont historiens feraient oeuve uile s'ils nous donnaient leur avis ...  LFAR

     

    Tout semblait prêt, en cet automne 1873, pour une restauration.

    Le 8 février 1871, cinq mois après le désastre de Sedan, le suffrage universel avait élu une Assemblée comptant 400 royalistes. Mais ceux-ci étaient divisés entre “orléanistes”, tenants des Bourbons-Orléans, représentés par Philippe, comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe, et “légitimistes”, fidèles à la branche aînée des Bourbons, incarnée par Henri, comte de Chambord, petit-fils de Charles X et sans descendance.

    L’obstacle de cette division paraissait aplani depuis que, lui ayant rendu visite, le 5 août 1873, dans son exil de Frohsdorf, en Autriche, le comte de Paris avait salué en son cousin Chambord « le représentant du principe monarchique en France ». Arrivé secrètement à Paris le 9 novembre, Henri s’est installé à Versailles où siégeait l’Assemblée. Avec l’intention, le moment venu, de se faire acclamer par elle sous le nom d’Henri V. Ce moment ne vint jamais. Pourquoi ?

    Selon une opinion largement admise, la faute en reviendrait au comte de Chambord lui-même. Notamment en refusant le drapeau tricolore au profit du drapeau blanc. Ce “grand refus” a laissé de lui l’image d’un prince passéiste. Une image fausse, forgée par ses ennemis. Autrement dit par les “conservateurs”, le “parti de l’ordre” incarné par une grande bourgeoisie et une fraction de l’aristocratie imprégnées des “valeurs” du capitalisme manchestérien. Thiers, le fusilleur de la Commune, fut l’un de leurs hérauts. Leur modèle : un régime oligarchique —monarchique ou républicain — tenant le peuple à distance par le suffrage censitaire. Voilà ce qu’ils mettaient derrière le drapeau tricolore. Voilà ce que refusait Henri V, promoteur, au contraire, du suffrage universel et d’une monarchie renouvelée, sociale, fédérative et décentralisée. Salué par Proudhon, le comte de Chambord s’était vu, en revanche, reprocher par Guizot ses « liens d’intimité avec les factions anarchiques ». C’est ainsi que, le 20 novembre 1873, l’Assemblée, manoeuvrée par Albert de Broglie, prorogea de sept ans le mandat de Mac-Mahon à la tête de l’État plutôt que d’acclamer Henri V.   

                

    Christian Brosio - Valeurs actuelles

  • Retour à l'actualité, demain lundi ...

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • CULTURE & HISTOIRE • Le Puy du Fou, des racines et des rêves, saga ...

     

    Nous avons aimé cet excellent reportage de Valeurs Actuelles sur le Puy du Fou. Plus qu'un reportage en vérité. Il s'agit, ici, de rendre un compte exact de l'esprit, de l'âme, de ce lieu unique. En piste pour l'aventure ... Il faut y aller !   

     

    Malheur à celui qui, devant Philippe de Villiers, parle de "parc d'attractions" à propos de "son" Puy du Fou. L'oeil tournoie comme celui de ces rapaces que l'on aperçoit, au loin, survoler les spectateurs pétrifiés du "Bal des oiseaux fantômes". Puis il vous fixe, comme prêt à foncer sur sa proie. « Parc d'attractions ? On n'est pas chez Mickey Mouse ! » Ici, pas dé manèges mais des « spectacles vivants ». Et surtout, insiste-t-il, « une âme ». Ce mot lui plaît. Il y revient : « Nous sommes des donneurs d'âme. » C'est, selon lui, au-delà des performances techniques inouïes qui ont valu au Puy du Fou d'être consacré à deux reprises meilleur parc du monde, ce qui explique, dans ses profondeurs, l'extraordinaire succès de ce qui n'était, il y a trente ans, qu'un banc de terre abandonné faisant face à un château en ruine du XVIe siècle devant lequel Villiers, alors âgé de 28 ans, avait un jour garé sa 4L. Puis s'était mis à rêver...

    Ses près de 2 millions de visiteurs annuels (le deuxième parc français en termes de fréquentation après Disneyland Paris), le Puy du Fou les doit en effet aussi, et peut-être d'abord, à cet amour glorifié de la France éternelle que l'on n'apprend plus dans les livres d'histoire et qui, ici, est entré fièrement et joyeusement en résistance contre les fausses idoles, les dérives et les effacements volontaires de ce temps. « Nous sommes le "Malet et Isaac" en lutte contre les déconstructions, scolaire et autres, explique son fondateur, un verre de pastis à la main, avant de passer à table. Le Puy du Fou, c'est le parc de l'enracinement. La mondialisation sauvage déracine les peuples, mais il y a une chose que l'on ne peut pas déraciner, c'est justement notre besoin vital d'enracinement. Sans racines, pas de sève, donc pas de vie. Et sans passé, pas d'avenir. » Peu lui chaut, comme on disait autrefois, l'hostilité furieuse des "pseudo-modernes", dénonçant dans les 50 hectares du parc, comme le fait le Monde diplomatique, « une vision passéiste et une mémoire qui est loin d'être innocente ». Villiers assume. En bloc. « En venant ici, dit-il, les Français viennent retrouver la grandeur perdue de la France.» Manière de résumer, en une phrase, sa vision de l'histoire et celle du présent...

    C'est d'abord la Vendée, son peuple et sa mémoire sacrifiée que le Puy du Fou a voulu célébrer.

    Avant même les spectacles consacrés aux Gaulois fondateurs, à Jeanne d'Arc boutant les Anglais, aux mousquetaires de Richelieu ou aux poilus de 1914-1918 ; avant, aussi, de rendre hommage, dans leurs villages dédiés du parc, à cette France du rude Moyen Âge, de l'éblouissant XVIIIe et du nostalgique XIXe, c'est d'abord la Vendée, son peuple et sa mémoire sacrifiée que le Puy du Fou a voulu célébrer.

    Dans sa Lettre ouverte aux coupeurs de têtes (Albin Michel, 1989), Villiers, fils d'un Lorrain et d'une Catalane, tombé amoureux de cette terre et de son histoire, s'en était longuement expliqué : « La Vendée, écrivait-il n'a pas eu droit à des obsèques... Mais à faire silence, on prend un risque : le risque du temps. Pas le temps officiel, très court, celui-là, qui recouvre les exactions, mais le temps officieux, le temps des familles qui découvrent les charniers, le temps des médaillons qui piste les mensonges, le temps qui crie justice et porte plainte devant la mémoire collective, le temps qui recompose les filiations et reconstitue les chemins de traverse de l'histoire chuchotée à la veillée... »

    Pour "Les amoureux de Verdun", les visiteurs deviennent eux-mêmes des poilus. 

    Au commencement de tout, en 1978, fut donc Jacques Maupillier, le paysan vendéen héros de la fameuse "Cinéscénie" (plus de 10 millions de spectateurs depuis sa création !) inventée par Villiers pour conter à travers les siècles, avec la voix de Philippe Noiret, la tumultueuse et glorieuse destinée française. « Son patronyme, explique Villiers, c'est celui de nos coteaux : Mau-léon, Mau regard, Mallièvre, Maulé-vrier... Maupillier, ce n'est pas un métayer, c'est un mythe. Ce n'est pas un état civil, c'est un état d'âme... Jacques Maupillier se réincarne à chaque génération. Il rassemble en lui le père et le fils, les joies et les peines, les rêves et les deuils de la même famille.» 

    C'est sur lui, et les désormais 3 200 figurantsde la "Cinéscénie", presque tous bénévoles, qu'a été bâti ce qui allait devenir l'incroyable saga du Puy du Fou. Onze ans plus tard, en 1989, le Grand Parc ouvre ses portes. Il accueille aujourd'hui dix-sept spectacles, du colossal "Signe du triomphe" dans des arènes gallo-romaines, clôturé par une course de char digne de Ben Hur, , au plus intimiste "Monde imaginaire de La Fontaine", dont les textes sont dits par Lorànt Deutsch et Gérard Depardieu. La saison prochaine verra un retour aux sources vendéennes avec l'ouverture d'une nouvelle attraction (même si Villiers n'aime pas le mot) : "Le dernier panache", consacré à l'épopée du général Charette, le chef-martyr des chouans.  

    Là encore, plus que jamais, c'est l'ancien président du conseil général du département qui est à la manoeuvre. À ses côtés, deux incontournables : son fils Nicolas, qui lui a succédé à la présidence de l'association du Puy du Fou, et son directeur général, Laurent Albert, ex-premier salarié du site. Trois ans, en moyenne, sont nécessaires pour faire aboutir un projet. Pour "Les amoureux de Verdun", le dernier-né, les visiteurs deviennent eux-mêmes des poilus en traversant la plus grande tranchée du monde secouée par les bombardements et en assistant, à côté d'eux, aux assauts plus vrais que nature des soldats reconstitués en images 3D.

    L'esprit qui souffle sur ce petit bout de terre est un drapeau qui claque au vent frais.

    Près d'un siècle et demi d'écart entre le martyre vendéen et la boucherie des tranchées, mais, pour Villiers, une leçon commune à toutes les époques : « Même lorsqu'on marche dans des paysages désespérés et calcinés, il reste l'espérance française. » Il faut, pour le comprendre, l'entendre parler, quelques instants plus tard, comme un enfant émerveillé des centaines de brevets d'innovation déposés par le Puy du Fou, de ses 24 écoles (gratuites) de cavaliers, d'acrobates, de cascadeurs, ou encore de ses projets à l'étranger (Pays-Bas, Russie, Chine...) qui le font s'envoler, chaque semaine, à l'autre bout du monde. L'esprit qui souffle sur ce petit bout de terre générant aujourd'hui un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros par an (entièrement réinvestis) n'a rien de la molle bannière en berne ou du triste chant du cygne décrit par certains ; c'est un drapeau qui claque au vent frais, un clairon qui sonne dans le matin.

    Révérer le passé n'est pas être passéiste. Comment, sans cela, expliquer le succès acquis sans la moindre subvention publique depuis trente ans ?

    Résolument moderne, à des années-lumière des caricatures, la "Cinéscénie" fondatrice l'était déjà. Sur un petit carnet, rêvant devant les débris du château du Puy du Fou incendié sous la Révolution, et aujourd'hui entièrement rebâti, le jeune Villiers avait déjà fixé ses objectifs : « Rompre avec la philosophie du"son et lumière". En finir avec ces récits désuets et langoureux qui se contentent de passer un pinceau sur les donjons et vous expliquent d'une voix chevrotante sur fond de ruine : "Cette année-là, en 1292..."». Tout un symbole : des drones, l'année prochaine, permettront de fixer dans les airs de nouveaux décors. Mais l'âme, elle, restera la même. 

    Arnaud Folch et Claire Brulon

     

    Pratique : En piste pour l'aventure

    Horaires

    Grand Parc : 10 à19 heures ou 10 à 21 heures.

    Cinéscénie : début à 22 h 30 en juin et juillet, à 22 heures en août et septembre.

    Tarifs

    Grand Parc : à partir de 30 euros (adulte) et à partir de 20 euros (enfant).

    Grand Parc + Cinéscénie : à partir de 47 euros (adulte) et à partir de 29 euros (enfant).

    Pour 10 euros supplémentaires, profitez du Pass Émotion et bénéficiez d'un placement préférentiel dans les tribunes des six grands spectacles du Grand Parc.

    Séjour parc + hôtel : à partir de 54 euros à La Villa gallo-romaine et à partir de 59 euros aux îles de Clovis. 

    Y aller

    En voiture : autoroute A87, sortie n° 28.

    En train : gare TGV d'Angers (une heure et demie de Paris) + navette (environ une heure et demie). Aller-retour : 20 euros par personne ; aller simple :12 euros.

    Rens. : www.puydufou.com - Tél. : 0.820.09.10.10.

     

  • Expositions • Héros de jeunesse : La bande dessinée belge s’invite cet été à Paris

    Tintin au Tibet 

     

    Ce sont de bien agréables images, un bien intéressant reportage, que nous propose (01.07.2015) l'excellent site de TV Libertés  et que nous avons plaisir à soumettre aux lecteurs de Lafautearousseau ce week-end d'été. Elles nous ramènent à nos enfances, du moins une partie d'entre elles. Redde mea principa ...   

    Anne-Laure Blanc a visité deux expositions familiales en compagnie de David Miège, dessinateur de presse :

    « Le Musée imaginaire de Tintin », au Musée en herbe (75001), jusqu’au 31 août

    « L’âge d’or de la bande dessinée belge » au Centre Wallonie – Bruxelles (75004), jusqu’au 4 octobre.

     

     

    TV Libertés

     

  • MEDAS • Les Guignols : Bolloré en faveur d’un Canal Peluche

     

    Par Jany Leroy, auteur pour la télévision

     

    La vague de protestation suscitée par la menace de disparition des « Guignols » est motivée par une sorte de nostalgie du temps où les regarder faisait du bien. Aujourd’hui, qui pourrait citer un sketch ou une réflexion de marionnette ? 

    De la grande époque des « Guignols », il ne reste pas grand-chose. Au fil des années, l’ensemble de la chaîne a lentement glissé vers un consensus de bon aloi auquel les marionnettes n’ont pas échappé. Devenu politiquement correct, le programme ne crée plus l’évènement. Le temps des « tout à fait Thierry » repris par la France entière est révolu. À force de bien-pensance, Canal plus a perdu le contact avec l’homme de la rue. Trop conforme. Trop comme il faut. La pensée lisse est ennuyeuse.

    La vague de protestation suscitée par la menace de disparition des « Guignols » est motivée par une sorte de nostalgie du temps où les regarder faisait du bien. Aujourd’hui, qui pourrait citer un sketch ou une réflexion de marionnette ? Les personnages en latex ont sombré avec le paquebot Canal dans les abysses de la conformité calibrée.

    Dans cette affaire, bien plus inquiétante est la motivation de cette possible décision. Les déclarations de Vincent Bolloré sur le sujet laissent pantois. « Se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien » déclare-t-il sans rire. À ceux qui pensaient que le fond était atteint, l’homme propose donc de creuser. Forte de cette consigne, preuve d’une grave incompétence artistique, la direction de Canal Plus se doit de plancher sur un anti-Guignol dans lequel chaque homme politique sera magnifié, encensé, loué… Cirage à foison, coulée de miel sur le plateau, De Caunes déguisé en abeille… Il y a concept sous roche.

    Après le militantisme pro « Hollande-Sarko » du « Petit journal » camouflé sous l’estampille « humour moderne », voici peut-être venu le temps de la propagande à découvert. Hollande petit papa des peuples, Sarkozy mon ami comme tu es beau, Marine Le Pen tu es la haine, etc. Un refrain à chanter tous les soirs à l’unisson avec les animateurs de la chaîne rebaptisée Canal Peluche (Canal Pluche pour les puristes).

    L’homme d’argent de Vivendi ne semble pas se rendre compte que, mise en pratique, sa conception de l’humour entrainerait une chute vertigineuse d’audience et par voie de conséquence un de ces manque-à-gagner qui vous contraint de laisser le yacht au port au moins pendant deux jours sans bouger tellement le fuel est hors de prix et que là, on peut plus suivre.

    Et le plaisancier d’enfoncer le clou : « C’est parfois un peu trop de dérision. » Gratuite ! omet-il d’ajouter. La dérision pour la dérision fatigue son téléspectateur. Quitte à regarder une chaîne dite décalée, l’animal veut du vrai vent qui souffle. Du qui décoiffe. Pas une simple brise d’été pour midinette en manque d’après shampoing. Sur ce registre, la chaîne n’a fait que décevoir. Qu’aller de mal en pis. De l’Apathie béni oui-oui jusqu’à l’indigestion, de l’invité « Druckerisé », du sous Ruquier de samedi soir maussade.

    Ah non, n’en jetez plus ! Assez de dérision facile, de sourires entendus, de blagues convenues… Du neuf ! Du sol au plafond. Changez tout. Repartez de zéro. Voilà, résumé en peu de mots, tout ce que Bolloré ne fera pas. Les soirs d’été sur le pont de son bateau de plaisance resté à quai, il songera à racheter une chaîne de la Corée du Nord. Au moins des gens qui savent rigoler sans se moquer de personne…  

     

    Jany Leroy - Boulevard Voltaire

     

  • GUERRE DE CIVILISATION, par François Marcilhac

     

    500021990.jpgAlors que François Hollande, apprenant l’attentat terroriste commis vendredi 26 juin à côté de Grenoble contre une usine chimique, n’a su qu’ânonner « la nécessité de porter des valeurs et de ne pas céder à la peur, jamais »,...

     

    ... Manuel Valls, face à cette première décapitation sur le sol français — les islamistes franchissant, par cet acte culturel, un cran symbolique supplémentaire dans la guerre qu’ils mènent sur notre vieille terre chrétienne contre tout ce qu’elle représente —, a préféré, et à juste titre, parler dimanche 28 [1] de « guerre de civilisation », indisposant du reste plus son propre camp qu’une droite qui a vu dans ce propos un hommage du vice socialiste à la vertu sarkozyste. Il a eu d’ailleurs entièrement raison d’ajouter aussitôt, de peur de ne pas être compris, qu’il ne s’agit pas d’« une guerre entre l’Occident et l’islam » et qu’il n’est pas devenu un disciple d’Hutington. L’Occident, en effet, du moins en ce sens-là, loin d’être une réalité géopolitique, n’est qu’une arme idéologique de destruction massive des Etats-Unis dont la barbarie apparemment plus douce est pareillement dirigée contre la civilisation incarnée par nos vieilles nations européennes... Un « Occident » dont, néanmoins, la politique actuelle du gouvernement français favorise les entreprises, qu’il s’agisse, entre autres exemples, de son opposition à la Russie ou de sa soumission, via l’Europe, dans les négociations sur le traité transatlantique.

    La France, chrétienne en son essence, n’est pas en guerre contre l’islam, encore moins contre ses propres ressortissants musulmans, mais, comme l’affirme Aymeric Chauprade, contre le « totalitarisme islamique » et ceux « qui vivent à l’extérieur ou chez nous, profitent d’ailleurs des largesses de notre État-providence tout en étant hostiles à ce que nous sommes, à nos valeurs, à notre civilisation. » [2] Nous ne sommes évidemment pas les seuls menacés et cette guerre est mondiale, comme l’a montré, le même jour, l’attentat commis en Tunisie et visant principalement des touristes. C’est que de nombreux pays européens ont pratiqué et continuent de pratiquer la même politique, qui risque même d’aller s’aggravant sous des prétextes compassionnels, après avoir déstabilisé, à la demande de l’« Occident », une Afrique du Nord et un Proche et Moyen Orient qui n’en demandaient pas tant ! Oui, la cause des attentats est bien « à rechercher dans la mise en place d’une politique étrangère déplorable [...], dans une immigration incontrôlée et incontrôlable, dans une justice complaisante ainsi que dans la destruction de tous les repères traditionnels de notre société. » [3]

    Le terme de civilisation a un mérite : celui d’obliger à nommer les choses et à ne plus se contenter de la vaine opposition entre des « valeurs républicaines » et un « terrorisme » également hors-sol. Notre civilisation, c’est tout ce que nous sommes depuis plusieurs millénaires, même lorsque certaines de nos valeurs sont devenues folles, et cette barbarie a un visage, celui d’un fanatisme qui se réclame d’une religion et par rapport auquel les fidèles de cette même religion doivent impérativement et clairement se positionner en cessant de prétendre qu’ils sont les premières victimes. Ainsi, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a osé relativiser l’horreur de l’attentat en affirmant dans un communiqué que « le vrai danger réside du côté de ceux qui utilisent ces événements pour déverser leur haine contre une partie de la population qui est, de fait, celle qui paye le plus lourd tribut face au terrorisme. » Le Gouvernement peut-il encore considérer comme interlocuteur crédible un « collectif » qui ose prétendre que le danger n’est pas le djihadisme mais une « islamophobie » largement fantasmée et qui, fort heureusement du reste, ne compte encore aucune victime, décapitée ou non ? La désinformation à laquelle s’emploie le CCIF a-t-il pour objectif le désarmement moral de la nation ? Inutile de dire à qui profiterait celui-ci...

    Qu’importe qu’on ne puisse savoir si les propos de Manuel Valls, qui rompent avec l’éternel refrain sur LA République, expriment la conviction, toute neuve, d’une France qu’on ne peut réduire à une idéologie ou à un régime politique, ou ne sont qu’éléments de langage concoctés par ses communicants. Il avait déjà évoqué une attaque contre « l’essence même de la France » pour commenter la tentative d’attentat contre deux églises de Villejuif. L’essentiel, en effet, n’est pas que le Premier ministre soit sincère mais qu’il se soit cru obligé de parler ainsi. Que lui, ou ses communicants, comprennent qu’il se suffit plus d’évoquer les « valeurs de la république » sous forme d’incantation magique pour mobiliser les Français contre une entreprise barbare qui menace l’existence même de la nation. Ne rêvons pas ! Nous n’en avons pas fini d’en souper, de ces valeurs, et Valls sera le premier à nous les resservir lorsqu’il s’agira de politique politicienne. Mais c’est un fait : sous ce mot de « civilisation », ambigu, peut-être, mais dont l’ambiguïté même a pour mérite de sortir de la référence plavlovienne à la République, c’est de nouveau la France en son être qui perce, ou tout du moins, l’aveu que le recours à une idéologie — la République, la laïcité — ne peut plus suffire à vaincre dans une guerre cruciale.

    Les récents propos de Marion Maréchal-Le Pen, qui ne comprend pas « cette obsession pour la République » et, condamnant la tendance qui « voudrait que la République efface la France », affirme que « la République ne prime pas sur la France », constituent une divine surprise. Sommes-nous à un tournant, provoqué par la véritable indigestion que la « République » commence de provoquer chez les Français, et que seuls ne ressentent pas quelques ringards confits en dévotion ? Une indigestion qui n’est que la révélation d’une imposture : celle d’une religion de substitution ayant cru trouver dans la mondialisation un nouveau ressort pour faire disparaître définitivement un peuple français réel, trop réel. Nos compatriotes se réveillent et, avec eux, le meilleur de l’élite politique. Tant mieux ! 

     

    L’Action Française 2000

    - [1] au Grand Rendez-vous d’Europe 1, Le Monde et i-Télé
    - [2] Entretien donné à Boulevard Voltaire ce 29 juin.
    - [3] Communiqué de l’Action française du 27 juin
    - [4] Entretien à la revue Charles

  • Pourquoi l'immigration massive doit cesser

    Par Mathieu Bock-Côté*      

    Le maire de Palerme a appelé ce jeudi à l'instauration de la libre circulation des clandestins dans l'UE. Mathieu Bock-Côté rappelle que les peuples ne sont pas interchangeables et constituent des réalités historiques qu'il faut préserver.   

    Touche pas à mon pote. C'était le slogan de l'antiracisme des années 1980. Il abolissait la distinction entre le citoyen et l'étranger et résorbait le lien politique dans la simple amitié privée. L'humanité étant une, les frontières distinguant les groupes nationaux seraient arbitraires. Il faudrait saisir chaque occasion d'en finir avec elles, en les déconstruisant comme en les transgressant. Qu'importe que l'immigrant soit légal ou illégal, officiellement le bienvenu ou clandestin. Il forçait la nation à se déprendre de son ethnocentrisme, à s'examiner de l'extérieur et à célébrer la différence rédemptrice. D'ailleurs, au fil du temps, le clandestin est devenu le sans-papier. Il ne se définissait plus par sa présence illégale mais par un manque à combler. 

    Ces jours-ci, les clandestins sont devenus des migrants. Singulier euphémisme correspondant au grand récit mis de l'avant par la mondialisation selon lequel nous serions tous des immigrants. Et comme hier, nous entendrons probablement bientôt touche pas à mon migrant. Le terme masque bien mal une véritable déferlante migratoire qu'il n'est pas permis de nommer sans quoi on se fera accuser de céder au fantasme de la submersion démographique. Évidemment chaque immigré porte une histoire singulière. Mais c'est à l'échelle de l'histoire qu'il faut saisir ce phénomène, qui prend l'allure d'une révolution démographique appelée à changer le visage d'un vieux monde faisant semblant de s'en réjouir en chantant la célébration des différences. 

    Les élites européennes adhèrent à un humanitarisme qui ne veut plus voir le monde qu'à travers une vision fondamentaliste des droits de l'homme. Évidemment, aucune communauté n'est définitivement close. Chacune est transcendée par une certaine idée de l'universel. Le christianisme nous disait déjà de tous les hommes qu'ils étaient égaux devant Dieu, et les droits de l'homme ont sécularisé cette noble idée. Faut-il néanmoins rappeler que les peuples ne sont pas tous interchangeables entre eux, quoi qu'en pensent ceux qui veulent définir les peuples simplement par leur adhésion à des valeurs universelles? Un peuple n'est pas une construction juridique artificielle: c'est une réalité historique profonde qui a un droit à la continuité. 

    Il ne s'agit pas de penser, comme le suggèrent certains esprits aussi inquiets qu'excessifs, en termes de conquête de l'Europe par l'islam. À tout le moins, on parlera pour l'Europe d'une immigration de peuplement subie qui engendre des crises sociales de plus en plus nombreuses. Il faut aller au-delà de la seule crise des migrants, qui ne fait que radicaliser la question de l'immigration. Mais ces populations nouvelles ne s'assimilent ni ne s'intègrent vraiment et se constituent souvent en contre-sociétés qui deviennent aisément hostiles aux pays dans lesquelles elles s'installent. Elles arrivent dans les pays européens sans avoir l'intention d'en prendre le pli. Naturellement, les populations locales se sentent dépossédées et se crispent. 

    Nul besoin d'aller jusqu'à prophétiser un choc des civilisations pour constater que des mœurs trop fortement contrastées peuvent difficilement cohabiter sur un même territoire sans que ne s'installe une crise permanente. Évidemment, les explications de ces conflits sont aussi nombreuses que contradictoires. À droite, on a tendance à l'expliquer par l'incompatibilité culturelle entre les populations étrangères et la société d'accueil. À gauche, on accuse surtout cette dernière de ghettoïser les immigrés et d'en faire les victimes d'un système discriminatoire à grande échelle. C'était la formule aussi dangereuse que toxique de Manuel Valls qui a accusé la France de pratiquer l'apartheid contre ses immigrés. Mais plus personne ne croit vraiment que tout va bien. 

    Évidemment, il n'y a pas de solution simple, même si certains se réfugient derrière la complexité de la situation pour justifier leur inaction. Le fait est pourtant que les nations européennes devront envoyer d'une manière ou d'une autre un message clair: les vagues massives de clandestins qui entrent par effraction dans leurs frontières ne sont pas les bienvenues et sont appelées, tôt ou tard, à être refoulées. L'immigration massive doit cesser, et plus encore quand elle prend le visage de ces derniers mois. Cela ne veut pas dire qu'il faille railler toute sensibilité humanitaire en y voyant de la sensiblerie humanitariste. D'ailleurs, quoi qu'en disent les cyniques, les pays européens déploient des efforts significatifs et admirables pour sauver le plus de vies possibles. 

    Le fantasme universaliste qui pousse la civilisation européenne à se mirer exclusivement dans l'idéal d'une humanité réconciliée l'empêche de comprendre ses intérêts spécifiques. Elle en vient à se désarmer politiquement et psychologiquement pour ne plus se voir qu'à la manière d'un espace plat sans identité particulière appelé à accueillir la planète entière. Il n'est plus bien vu, aujourd'hui, d'évoquer la figure de la décadence. On veut y voir une catégorie réservée à la pensée réactionnaire et aux obsédés du déclin. C'est peut-être à sa lumière, néanmoins, qu'il faudrait penser la crise actuelle d'une civilisation renonçant à défendre ses frontières en bonne partie parce qu'elle ne voit plus au nom de quoi et en quel droit elle le ferait.

     

    * Mathieu Bock-Côté est sociologue (Ph.D). Il est chargé de cours à HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu'à la radio de Radio-Canada. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels «Exercices politiques» (VLB, 2013), «Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois» (Boréal, 2012) et «La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire» (Boréal, 2007).

    Mathieu Bock-Côté - Figarovox

     

  • Bernanos, c'était un Camelot du Roi ...

     

     

    La sensibilité française, en 1789, était déjà formée depuis longtemps, et cent cinquante ans d’apparente réaction contre le passé ne suffisent pas à modifier profondément nos réactions morales, notre conception particulière du devoir, de l’amour, de l’honneur. De sorte que le rythme profond de notre vie intérieure n’est en rien différent de celui d’un contemporain de Louis XVI.

    En ce sens on peut dire que tous les Français sont monarchistes comme moi. Ils le sont sans le savoir. Moi, je le sais.

     

    Georges BERNANOS
    Nous autres Français (1939)