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Il a osé le dire ... Jean-Claude Juncker : « Les Européens n’aiment pas l’Europe »

 

Ce qu'en a pensé Gérald Andrieu, rédacteur en chef de Marianne.net.
 
On lira ces réflexions avec lesquelles, sans-doute, les lecteurs de lafautearousseau se trouveront « globalement d'accord ». Y compris avec sa juste et légitime ironie envers « la techno-globish-langue de Bruxelles ». LFAR
 
 
280px-MARIANNE_LOGO.pngPour Jean-Claude Juncker, interrogé par le journal belge "Le Soir", "les Européens n’aiment pas l’Europe". Mais s'est-il seulement demandé si l'inverse était vrai ?

« La construction européenne, née de la volonté des peuples, est devenue un projet d’élites, ce qui explique le fossé entre les opinions publiques et l’action européenne. » Jean-Luc Mélenchon a raison…

Ah, il semblerait, que ça ne soit pas le patron du PG qui parle ainsi… Vous êtes sûr ? Mais qui alors ? Jean-Claude Jun-quoi ? Le Juncker qui préside la Commission européenne ? Celui-là même qui fut président de l’Eurogroupe pendant huit ans ? Le Juncker qui assura les fonctions de Premier ministre du Luxembourg pendant plus de dix-huit ans et de ministre des Finances du Grand-Duché pendant vingt ans ? Bref, le Juncker qui devrait aujourd’hui œuvrer pour éviter qu’en Europe ne soit possible une évasion fiscale vers son pays aussi massive que celle révélée par le Luxleaks ?

Il lui en aura fallu du temps à notre homme, non pas pour comprendre — on n’en est pas là encore, la suite de l’entretien en atteste —, mais pour formuler pareille phrase ! Notre éminent représentant de « l’élite » européenne le fait dans le journal belge le Soir qui a été « reçu » pour l’occasion « dans son bureau du Berlaymont ce 21 juillet ».

Mais pour preuve que la prise de conscience n’est pas encore totale, il suffit de se pencher sur le reste de son propos. Ainsi, dans le même élan, Jean-Claude-le-nouvel-harangueur-des-barricades-anti-élites-et-proche-des-peuples-Juncker est capable de nous expliquer que « les Européens n’aiment pas l’Europe, qui est en mal d’explications. »

Reprenons point par point :

1) « Les Européens n’aiment pas l’Europe ». C’est de plus en plus vrai, sans aucun doute. Mais on est tenté de lui répliquer que l’Europe n’aime guère non plus les Européens. Ou, plutôt, si elle les aime, elle a une bien curieuse manière de leur montrer. Les Grecs en savent quelque chose…

2) « L’Europe est en mal d’explications ». Le manque d’« explications », de « communication », de « pédagogie » même, comme on dit désormais, voilà l’excuse préférée de nos politiques modernes dès qu’un projet foire, qu'une réforme patine. Selon cette logique, si les Européens ont du mal avec l’UE, ce serait parce que ces idiots ont mal compris les tenants et les aboutissants de la construction européenne. Jamais il ne viendrait à l’idée de nos chers dirigeants que c’est parce que leurs concitoyens ont, au contraire, très bien compris les desseins de l’Europe actuelle qu'ils l'apprécient si peu. Les agriculteurs français, par exemple, ont parfaitement saisi qu’ils allaient finir par crever… Par eux-mêmes ! Ce n’est pas qu’on leur a mal expliqué ! Mais voilà, Juncker ne confesse qu'« un regret » dans l'épisode grec : « J’aurais dû communiquer plus souvent. Mais parfois il suffit d’une phrase maladroite... » En effet...

De toutes façons, dans le monde de Juncker, lui et les siens ne peuvent avoir tort. Ce sont les autres — ces idiots, encore une fois — qui font fausse route. Prenez Tsipras. Nos confrères belges du Soir nous explique que Jean-Claude Juncker « salue le choix » du Premier ministre « d’avoir accepté de se mettre une partie de Syriza à dos ». Et voilà donc comment il « salue » cette décision : « Tsipras s’est “hommed’étatisé”, explique Juncker aux journalistes, parce que soudain, il a eu l’impression que s’il allait au bout de sa pensée, ce serait la fin pour la Grèce ». « S’hommed’étatiser », si vous parlez la techno-globish-langue de Bruxelles, cela signifie donc ne pas aller « au bout de sa pensée », rentrer dans le rang, courber l’échine, accepter l'austérité comme seul horizon, etc. Si seulement, doivent se dire Juncker et ses petits camarades, tous les Européens pouvaient « s’hommed’étatiser » 

 
 

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