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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1461

  • Ce soir 9 février à Grenoble : Pierre de Meuse invité de l'Alliance royale du Dauphiné

    Symbole de la royauté française par excellence, le collier de l’Ordre du Saint-Esprit 


    4172691570.jpgCe mardi 9 février, 

    Pierre de Meuse,

    collaborateur de la Nouvelle Revue d'Histoire

    sera l'invité du Cercle Dauphinois de Documentation et de Communication Culturelle,  Alliance Royale du Dauphiné, pour une conférence sur 

    « LA LEGITIMITE DYNASTIQUE EN FRANCE »

    A 20h15, Salle paroissiale de l’église Arménienne St Augustin, 1 rue Dupleix, Grenoble.

  • Ce soir, à Paris • Conférence de Jacques Trémolet de Villers : le procès de Jeanne d’Arc

     

    Les mardis de Politique magazine

    Conférence le 9 février 2016

    Jeanne d’Arc révélée par son procès

    par Jacques Trémolet de Villers,
    avocat à la cour, auteur de Jeanne d’Arc, le procès de Rouen

    Rendez-vous à partir de 19h00 - Conférence à 19h30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen
    3, rue de la Trinité  75009 Paris  Métro: La Trinité, Saint-Lazare

    Renseignements :  Politique magazine, 1, rue de Courcelles, 75008 Paris - Tél. 01 42 57 43 22

     

    Jeanne d’Arc, Le procès de Rouen … par Les Belles Lettres

     

  • Huit mille deux cent cinquante

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Ils seraient donc 8250, d’après Le Figaro, lequel fait état d’un « bilan officiel » : 8250 « radicalisés ». Soit une hausse de 100% en moins d’un an. On appréciera, sachant que « radicalisé » signifie musulman fortement suspecté et de repli identitaire (donc d’un retour à l'essence même de l’islam) et d’hostilité profonde à la France (par principe et sous toutes ses formes) et, comme conséquence logique, d’apologie du terrorisme (donc d’actions meurtrières pour combattre « les mécréants »). Evidemment, les bonnes consciences, en l’occurrence celles du Monde, ont immédiatement cherché à minimiser l’information en recourant à des sophismes peu convaincants : il ne faudrait pas confondre « signalements » avec « radicalisations » et la hausse de 2015 serait simplement tributaire du contexte des attentats. En fait, ce nombre reste certainement inférieur à la réalité : ainsi, à titre d’exemple, le jeune agresseur turc de Marseille n’avait fait l’objet d’aucun signalement préalable.  

    Existe donc sur notre territoire un nombre considérable d’ « individus » dangereux - susceptibles de commettre une agression à la machette, de se faire exploser sur un marché ou d’ouvrir le feu sur n’importe quelle foule. Pis : existe aussi une nébuleuse de recruteurs islamistes qui a des ramifications dans les prisons, dans les écoles, dans les clubs et salles de sport, dans les mosquées, etc., puisque, dans 95% des cas, la « radicalisation » résulte d’un contact humain, direct, avec un propagandiste. La préméditation et l’organisation sont donc avérées et le « loup solitaire », concept tellement commode pour tous ceux qui crient volontiers à l’amalgame et à l’islamophobie reste une exception. 

    Cette nouvelle armée secrète séduit par ailleurs des gens qui ne sont pas forcément des paumés en rupture de ban. Un récent dossier de L’Obs sur le sujet, commenté dans le « 7-9 » de France Inter, souligne - enfin - les limites de l’explication simpliste par le fanatisme ou le nihilisme : la plupart des aspirants-jihadistes ont, au sens propre, la foi; la foi de ceux pour qui la mort n’est pas un échec mais, dans certaines conditions, une victoire qui leur ouvre les portes du paradis. Cette foi transmise ou fantasmée (celle des convertis, notamment) correspond à un besoin de transcendance que ne sauraient assouvir les misérables « valeurs », purement matérialistes et individualistes, de la société contemporaine. Ce qui signifie en clair que la responsabilité de notre société existe mais pas forcément là où on la cherche. 

    Dès lors, qu’importent les pourcentages (les statistiques chiffrent les mineurs à 20% et les femmes à 30%; les convertis seraient 25%) ? Chaque radicalisé(e) est un soldat ennemi potentiel. Or, on semble plutôt se satisfaire d’avoir créé cette nouvelle catégorie (« citoyenne » ?), les « radicalisés », que lon considère comme des victimes, voire des malades à soigner, alors qu’il faudrait, sans les mépriser pour autant, les empêcher de nuire, eux et leurs recruteurs, en ne s’interdisant aucun moyen (…). Sinon, proclamer que nous sommes en guerre et déployer la troupe au coin des rues n’est plus qu’une opération de communication. 

     

  • Aix-en-Provence : Louis Martinez, un grand universitaire et un ami, nous a quittés

     

    Le professeur Louis Martinez est mort, à Aix-en-Provence, samedi matin 6 février et nous serons nombreux, non seulement à Aix, à Marseille et dans le Midi mais aussi, sans-doute, dans la communauté universitaire dont il était un membre éminent, et dans celle des Français d'Algérie à laquelle, né à Oran, il appartenait, à porter son deuil.

    Le Café actualités d'Aix-en-Provence où il intervenait, auquel il participait régulièrement, nous a transmis quelques lignes d'hommage de Catherine Rouvier qui méritent d'être citées : « ... Louis Martinez est mort ce matin. C'est un homme à la fois immensément érudit et très bon qui nous quitte. Il a de plus toujours combattu : pour libérer la Pologne des 1984 et sans relâche depuis, contre les idéologies matérialistes athées. [...] Que ceux qui peuvent se libérer viennent lui manifester leur gratitude pour cette courageuse défense de la liberté de penser et de croire dans un monde ou être politiquement incorrect est pire qu'être un assassin. Traducteur de Soljenitsyne, il savait ce qu'est une chape de plomb idéologique et lutta  contre, partout où il pouvait. Mais sa grande bienveillance naturelle et son immense érudition lui évitèrent toujours tout sectarisme et tout jugement hâtif ou injuste. Il nous manque déjà

    Quant à nous, nous le revoyons dans les repas-conférences du 21 janvier, à Marseille, auxquels il venait, au Café actualités d'Aix-en-Provence, et, plus récemment, à Marseille, pour une réunion-débat sur la crise ukrainienne où il avait brillamment débattu avec le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme, défendant un point de vue qui n'était pas en tous points le nôtre, mais nous apprenant, du même coup, de nombreuses et précieuses choses sur la Russie et le monde slave. Il était, par surcroit, un merveilleux et chaleureux pédagogue. On ne se lassait pas de l'interroger. Inutile d'ajouter qu'il était un ami de l'Action française, de la Fédération Royaliste Provençale en particulier. Et c'est à l'honneur de l'Action française que d'avoir toujours suscité des amitiés d'une telle qualité.

    Nous exprimons à Madame Jacqueline Martinez, toujours très présente elle aussi, toutes nos condoléances, notre soutien dans cette douloureuse épreuve, et notre attachement fidèle au souvenir de Louis Martinez. Lafautearousseau 

     

    * Les obsèques de Louis Martinez auront lieu vendredi 12 février à midi en l'église Saint-Jean-de-Malte à Aix.

    ** Nous mettrons en ligne dans quelques jours la vidéo où Louis Martinez débat assez longuement avec le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme et ses amis pourront ainsi le retrouver plein de vie, d'intelligence et de cette sorte de charme qu'il avait éminemment dans tout échange. Ce sera notre façon de lui rendre hommage, selon nos moyens.

  • Les lundis de Louis-Joseph Delanglade

     

    2930543338.jpg

    Les Lundis de Louis-Joseph Delanglade ce sont des réflexions - hebdomadaires (hors vacances) - sur l'actualité politique (politique intérieure et politique étrangère généralement alternées) qui synthétisent ou définissent les positions - la ligne politique - de Lafautearousseau.

    C'est pourquoi ces chroniques sont regroupées depuis leur origine (20.11.2012) et toutes consultables dans une annexe de Lafautearousseau :  

    Les lundis de Louis-Joseph Delanglade

    Elles forment aujourd'hui une somme de plus de 120 articles traitant de différentes sortes de sujets, d'importance nationale ou internationale.   

    Vous pouvez donc consulter l'ensemble des chroniques déjà parues, en cliquant sur l'icône les lundis de Louis-Joseph Delanglade. (Page d'accueil, colonne de droite)

  • Algérie : une police politique omniprésente…

    Constantine en Algérie 

    Par Péroncel-Hugoz 

    Sur la lancée algérienne de sa précédente chronique, Peroncel-Hugoz passe cette semaine de la culture à la politique, et donne son coup de dent à ce qui est, selon lui, depuis ses débuts, l’un des travers majeurs du régime d’Alger : l’espionnite … Vétéran des grands-reporters du « Monde », Péroncel-Hugoz a travaillé dans plusieurs pays arabes avec une longue halte en Algérie où il eut sérieusement maille à partir plusieurs fois avec les autorités. Il poursuit une série de chroniques consacrées à ses « années algériennes ». Elles nous diront aussi quelque chose de l'Algérie d'aujourd'hui.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgParmi mes manies figure l’ordre, y compris quand je ne suis que de passage dans une chambre d’hôtel. « L’air de rien, l’ordre et la méthode ont fait la force de la Vieille Europe », devait me dire un jour le président-poète sénégalais Léopold Senghor, sans doute pour me décomplexer.

    En tout cas à mon niveau, ce trait m’a toujours simplifié la vie, notamment dans mon métier de journaliste. 

    Tout ça afin de vous dire qu’au fil de ma tournée pour le premier recensement industriel de l’Algérie indépendante avec une dizaine de jeunes enquêteurs algériens, en 1965-1966, je me rendis compte à plusieurs reprises d’un désordre inexpliqué parmi mes affaires, notamment dans un hôtel de Constantine ou, deux jours de suite, après une absence de plusieurs heures, je trouvai mes affaires déplacées voire mélangées, notamment mes livres et papiers. Je me rassurai un moment en pensant que ça devait être dû au tout jeune garçon d’étage assez rustaud, affecté au service. 

    Le bruit circulait alors en Algérie que les autorités surveillaient de près des allogènes venus dans l’intention de convertir des indigènes au christianisme, mais il s’agissait de missionnaires évangéliques états-uniens et je n’ai rien, vraiment rien de commun avec ces gens-là… En outre, à l’époque, on m’aurait plutôt soupçonné d’être passé à l’islam car pour tester la résistance du corps humain au jeûne de Ramadan, durant lequel on se trouvait, je m’étais mis à jeûner … J’ai déjà raconté cette expérience personnelle sur ce blog le 11 juillet 2014. 

    Nouveau en Algérie, connaissant encore mal les pratiques policières du pouvoir local, je me rendis naturellement et chez le consul de France dans le chef-lieu de l’Est algérien et chez Mgr Pinier, alors évêque de Constantine et d’Hippone pour les informer et leur demander conseil. Tout deux, séparément, bondirent sur leur fauteuil : « Mais que vous êtes naïf, M. Péroncel-Hugoz, tout étranger est suspect aux yeux de ce régime soupçonneux et pratiquement tout visiteur se voit mis au moins un temps sous surveillance et ses bagages ont droit à une ou plusieurs fouilles quant il s’absente de sa chambre … Chacun sait cela ici ». Je me  le tins pour dit. 

    Comme je n’avais aucunement l’intention de renverser le gouvernement algérien et que j’estimais n’avoir rien à me reprocher vis-à-vis du pays, je continuai mes activités sans plus me soucier de fouilles ou filatures, abandonnant ces messieurs à leurs soupçonnite et espionnite maladives … J’avais mon enquête nationale à conduire de Tizi-Ouzou à Tamanrasset, de La Calle à Zouj-Beghal. J’avais aussi à terminer un mémoire pour l’Université de Genève sur « la politique du Royaume arabe de Napoléon III en Algérie », mémoire pour lequel j’avais bénéficié d’une bourse de la Confédération suisse. 

    Les bonnes manières de Si Mahmoud Bouayed, directeur de la Bibliothèque nationale d’Alger, me firent vite oublier les tripotages de la terrible « SM » dans mon innocente valise. Cela dit, j’avais compris la vraie nature de la « République algérienne démocratique et populaire », résumée en ces deux initiales, « SM », qui ne furent bientôt plus prononcées qu’à voix basse par l’Algérien moyen ; SM = Sécurité militaire, alors principal instrument de surveillance de la population, allogènes compris, par le régime opaque vers lequel avait bifurqué la jeune Algérie, à son corps défendant, par la faute de quelques « flics » algériens formés à la soviétique en Allemagne de l’Est ou en Tchécoslovaquie et qui, par leurs manœuvres sans scrupules, avaient vite mis la main sur le noyau décideur du gouvernement d’Alger. Et cela, autant que je sache, dure encore en 2016.

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 05.02.2016

  • Nicolas Sarkozy, Christiane Taubira, Alain Juppé, Jean-François Copé : j'écris, donc je suis...

     

    De nombreux ouvrages signés d'hommes politiques paraissent dans les librairies ces derniers mois. Pour André Bercoff, les dirigeants cherchent ainsi à échapper aux flux incessants de l'info en continu et des réseaux sociaux. D'où, dans Figarovox, une salutaire et revigorante humeur, dans le style que l'on sait ... D'autant qu'il n'est ni inutile ni désagréable de voir ainsi relativisés, ou mieux dévalorisés, ces Messieurs de la politique et de la presse qui ne méritent pas meilleur traitement.  LFAR

     

    photo.jpgJ'écris, donc je suis. Jamais autant qu'aujourd'hui, les politiques n'avaient si minutieusement détourné le postulat cartésien. Certes, le pacte séculaire qui lie les Français à l'imprimé, faisait depuis longtemps en sorte que tout représentant du peuple qui se respecte, publiât, un jour ou l'autre, un essai polémique, une vibrante profession de foi, un programme pour Pâques ou la Trinité, et enfin - exercice incontournable - ses Mémoires à l'automne de sa vie. La plupart des ouvrages précités se vendaient peu ou point, mais qu'importait le tirage, pourvu qu'on ait son quart d'heure de célébrité : l'ivresse des micros et des caméras pour commenter, s'étendre et se répandre sur l'immortel produit de ses précieux neurones. A chaque parution, le récipiendaire expliquait pourquoi il faisait don de son cerveau à la France : il était en effet indispensable, pour sauver ce cher et doux pays, que les citoyens connaissent les fulgurantes analyses, les étonnantes prédictions ou les non moins sulfureuses révélations qu'un politique digne de ce nom se doit de mettre à la connaissance de tous. Les grenouilles ont toujours voulu se faire aussi grosses qu'un bœuf : le passage en librairie donnait l'illusion, le temps d'une saison, de passer pour un homme d'État. Rien de nouveau sous le soleil de l'édition.

    Aujourd'hui, cependant, force est de reconnaître, dans ce domaine comme dans tant d'autres, l'accélération de l'Histoire, fille des nouvelles technologies et des récentes crises économiques et identitaires. Et surtout, de celle du pouvoir. Depuis la rentrée de septembre dernier, il n'est de semaine sans qu'un élu ne fasse paraître l'état présent de son encéphale sous forme de quelques dizaines, voire quelques centaines de pages. De Villiers à Fillon, de Copé à Taubira, de Juppé à Sarkozy, de Le Maire à Valls, tous sont passés, passent ou passeront par la case écriture. Qu'ils fassent appel à des « nègres» , ou pondent eux-mêmes leur œuf, nul, désormais, ne peut échapper aux fourches caudines de ce vice impuni. Levez-vous, ô lecteur désiré… Et peu importe si certaines publications ne se vendent qu'à quelques centaines d'exemplaires : la petite pierre blanche sera toujours là, sur Amazon ou dans les lignes de Wikipédia.

    Paradoxe ? Non : instinct de survie. À l'heure où le public se méfie de plus en plus des médias comme de leurs représentants, des politiques comme de leurs promesses, les réseaux sociaux passent leur temps à contredire, à démentir ou à contester une parole qui, jadis, au bon vieux temps, passait par le tamis d'une presse omniprésente et encore puissante, et qui a perdu peu à peu sa légitimité et sa force. Quand gauche et droite ne savent plus où elles habitent, quand la plus récente joute télévisée efface immanquablement la précédente, où peut encore se nicher le dur désir de durer ? Dans le livre. Celui dont on rêve qu'il restera, quand on aura tout oublié. 

    André Bercoff

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.

  • Ce soir, 8 février à Grenoble : conférence de Pierre de Meuse

     

    Les débats sur la politique d’immigration, sur la place que tiennent le christianisme ou l’islam dans notre nation, sur le rôle des institutions européennes ou encore sur les récentes controverses sur la déchéance de nationalité pour les binationaux, mettent l’identité de la France en question. Pierre de Meuse nous invite à réfléchir sur les présupposés des positions respectives.

    CONTACT

    Centre Lesdiguières -  Le Buissert  38340 Pommiers-la-Placette

    centrelesdiguieres@laposte.net

     

    arton10035-948b6.pngA noter que le lendemain, mardi 9 février, Pierre de Meuse sera l'invité du Cercle Dauphinois de Documentation et de Communication Culturelle,  Alliance Royale du Dauphiné, pour une conférence sur : « LA LEGITIMITE DYNASTIQUE EN FRANCE », à 20h15, Salle paroissiale de l’église Arménienne St Augustin, 1 rue Dupleix, Grenoble.

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Culture & Littérature • Alain Finkielkraut : un néo-réac sous la coupole

     

    Par Henri BEC

     

    2015-03-20_155205_bec-village.jpgAlain Finkielkraut a prononcé son discours de réception à l’Académie française (on dit son « remerciement »), où il avait été élu en avril 2014. On se souvient que cette élection avait été accompagnée des cris d’orfraie du petit monde médiatico-bobo, scandalisé de l’élection d’un pareil réactionnaire.

    D’une part elle nous a donné le plaisir d’assister à l’effondrement d’une pensée, et peut-être même d’un système qui ne séduit plus les esprits. Les mouvements de l’histoire sont toujours lents nous a appris Jacques Bainville, ceux de la pensée également. Mais l’Académie s’est une fois de plus honorée de résister au mauvais air du temps.

    D’autre part, le discours prononcé sous la coupole n’en fut pas moins éminent : « Le nationalisme, voilà l’ennemi : telle est la leçon que le nouvel esprit du temps a tirée de l’histoire, et me voici, pour ma part, accusé d’avoir trahi mon glorieux patronyme diasporique en rejoignant les rangs des gardes-frontières et des chantres de l’autochtonie. Mais tout se paie : ma trahison, murmure maintenant la rumeur, trouve à la fois son apothéose et son châtiment dans mon élection au fauteuil de Félicien Marceau. Les moins mal intentionnés eux-mêmes m’attendent au tournant et j’aggraverais mon cas si je décevais maintenant leur attente » .

    Alors il a répondu à leur attente mais il les a déçus.

    La France s’oublie elle-même

    Dans de nombreux ouvrages dont le très controversé L’identité malheureuse, Alain Finkielkraut n’a cessé de déplorer la disparition progressive de notre culture, notre langue, notre littérature, notre religion, nos traditions et tout simplement notre art de vivre, pour en arriver à l’être désincarné dont rêve tout dictateur, notamment le dictateur consumériste américain. Et de regretter que la France « semble glisser doucement dans l’oubli d’elle-même ».

    « Notre héritage, qui ne fait certes pas de nous des êtres supérieurs, mérite d’être préservé, entretenu et transmis aussi bien aux autochtones qu’aux nouveaux arrivants. Reste à savoir, dans un monde qui remplace l’art de lire par l’interconnexion permanente et qui proscrit l’élitisme culturel au nom de l’égalité, s’il est encore possible d’hériter et de transmettre » .

    Fils d’un juif déporté, son remerciement, au terme duquel il devait, selon une belle tradition, faire l’éloge de son prédécesseur, Félicien Marceau, homme de lettres belge, condamné par contumace à 15 ans de travaux forcés pour collaboration avec l’ennemi, condamnation qu’Alain Finkielkraut juge « exorbitante » , était très attendu. « Il n’y a pas de hasard, pensent nos vigilants, et ils se frottent les mains, ils se lèchent les babines, ils se régalent à l’avance de cet édifiant spectacle ».

    Mais il eut été étonnant que Finkielkraut s’abaissât à un jeu malsain.

    Rappelant Richelieu, fondateur de l’Académie, il cite Pierre Gaxotte, l’historien de l’Action française, évoquant Blum : « Comme il nous hait ! Il nous en veut de tout et de rien, de notre ciel qui est bleu, de notre air qui est caressant, il en veut au paysan de marcher en sabots sur la terre française et de ne pas avoir eu d’ancêtres chameliers, errant dans le désert syriaque avec ses copains de Palestine ». Il reprend Simone Weil (la philosophe, pas l’autre) et affirme, comme elle l’avait écrit dans L’enracinement, avoir été étreint par le « patriotisme de compassion » … « non pas donc l’amour de la grandeur ou la fierté du pacte séculaire que la France aurait noué avec la liberté du monde, mais la tendresse pour une chose belle, précieuse, fragile et périssable. J’ai découvert que j’aimais la France le jour où j’ai pris conscience qu’elle aussi était mortelle, et que son « après » n’avait rien d’attrayant » .

    L’hommage à Félicien Marceau

    Puis c’est tout en nuances qu’il analyse l’évolution intellectuelle de Louis Carette, le véritable nom de Félicien Marceau.

    Celui-ci occupait le poste de chef de section des actualités au sein de Radio-Bruxelles, placé sous le contrôle direct de l’occupant. Lorsque la connaissance des mesures prises contre les juifs commence à se répandre, il écrit  « Je puis concevoir la dureté. Je suis fermé à la démence. Je résolus de donner ma démission » .

    « Ce geste ne lui est pas facile » commente Finkielkraut. « Deux hontes se disputent alors son âme : la honte en restant de collaborer avec un pouvoir criminel ; la honte, en prenant congé de laisser tomber ses collègues et de manquer ainsi aux lois non écrites de la camaraderie » . Il explique longuement sa démarche, « révulsé par la guerre immonde qui suscite tout ce qu’il y a d’immonde dans le cœur déjà immonde des braillards » et rappelle que De Gaulle lui a accordé la nationalité française en 1959 et que Maurice Schumann a parrainé sa candidature à l’Académie française.

    Son discours stigmatise tous ceux qui, sans nuance mélangent les époques et les hommes pour ne juger qu’à l’aune d’un moment : « Aux ravages de l’analogie, s’ajoutent les méfaits de la simplification. Plus le temps passe, plus ce que cette époque avait d’incertain et de quotidien devient inintelligible. Rien ne reste de la zone grise, la mémoire dissipe le brouillard dans lequel vivaient les hommes, le roman national qui aime la clarté en toutes choses ne retient que les héros et les salauds, les chevaliers blancs et les âmes noires » …

    … « Car les hommes prennent pour l’être vrai le système formé par la rumeur, les préjugés, les lieux communs, les expressions toutes faites qui composent l’esprit du temps. Cartésiens et fiers de l’être, ils ont le cogito pour credo. « Je pense, donc je suis » disent-ils alors que, le plus souvent, au lieu de penser, ils suivent « Les démocrates, les modernes que nous sommes, prétendent n’obéir qu’au commandement de leur propre raison, mais ils se soumettent en réalité aux décrets de l’opinion commune ».

    Et de déclarer solennellement sous cette coupole, devant les représentants de l’intelligence et de la culture française, protecteurs de la langue : « Je ne me sens pas représenté mais trahi et même menacé par les justiciers présomptueux qui peuplent la scène intellectuelle » …

    Il analyse enfin longuement l’œuvre littéraire de Félicien Marceau : « Félicien Marceau appartient à cette période bénie de notre histoire littéraire, où les frontières entre les genres n’étaient pas encore étanches. Les auteurs les plus doués circulaient librement d’une forme à l’autre et savaient être, avec un égal bonheur, romanciers, essayistes, dramaturges« .

    Contre le prêt-à-penser

    Sa conclusion résume, dans un magnifique raccourci, les pensées distillées quotidiennement par les penseurs-censeurs enfermés dans leurs certitudes, leurs caricatures et finalement leurs erreurs, grands prêtres satisfaits du penser correct :

    « C’est la mémoire devenue doxa, c’est la mémoire moutonnière, c’est la mémoire dogmatique et automatique des poses avantageuses, c’est la mémoire de l’estrade, c’est la mémoire revue, corrigée et recrachée par le Système. Ses adeptes si nombreux et si bruyants ne méditent pas la catastrophe, ils récitent leur catéchisme. Ils s’indignent de ce dont on s’indigne, ils se souviennent comme on se souvient » .

    La place manque ici pour évoquer la magnifique réponse de Pierre Nora. Le directeur des Débats a rendu un hommage appuyé à Alain Finkielkraut après le départ de quelques grincheux. Dans Marianne (oui, oui Marianne !) Laurent Nunez se demande si ces « idiots » (sic) ont bien tout compris.

    Il entretient avec le nouvel académicien, dit-il, « une amitié distante » faite de « tout ce qui nous rapproche et nous réunit : une sensibilité attentive au contemporain, un judaïsme de génération et d’enracinement décalé, un souci de l’école et de la transmission, un rapport intense à la France, à sa culture, à sa langue, à son histoire. »

    Il formule le même constat sur « la désintégration de l’ensemble national, historique et social et même sur le naufrage d’une culture dans laquelle nous avons tous les deux grandi » .

    Mais : « À mon sens, le mal vient de plus loin, de la transformation douloureuse d’un type de nation à un autre que tout mon travail d’historien a cherché à analyser. Ses causes sont multiples et l’immigration me paraît avoir joué surtout un rôle d’accélérateur, de révélateur et de bouc émissaire. En un sens, je suis, en historien, encore plus pessimiste que vous. L’identité nationale, vous disais-je, serait peut-être aussi malheureuse s’il n’y avait pas un seul immigré, car le problème principal de la France ne me paraissait pas la puissance de l’Islam, mais la faiblesse de la République » .

    Et pour finir : « L’Académie française représente, sachez-le, le conservatoire et le condensé de tout ce qui vous tient le plus à cœur : une tradition historique vieille de près de quatre siècles, la défense de la langue dans son bon usage, le respect de la diversité des personnes dans l’unité d’un esprit de famille et le maintien, par-delà l’abîme de nos différences, d’une éternelle courtoisie. La Compagnie vous a ouvert les bras, vous allez connaître avec elle ce que c’est qu’une identité heureuse » .

    Déception bien sûr de ceux qui attendaient une condamnation sans appel, sinon une exécution, de Félicien Marceau d’abord, d’Alain Finkielkraut ensuite. Aussitôt les écrans et les radios se sont fermés, les patrons de la pensée manipulée sont partis pratiquer leur terrorisme intellectuel sur une autre victime, la discrétion s’est abattue sur cette brillante entrée à l’Académie où, faut-il le rappeler, la famille d’Orléans a son siège attitré sous la coupole. Ce fut, pour l’occasion, une fille de feu le comte de Paris qu’une limousine noire aux vitres teintées a amenée jusqu’à la cour intérieure pour respecter cette règle multiséculaire. Il est plaisant de constater que l’Académie n’entend pas rompre le fil de l’histoire. 

    Politique magazine

  • Langue française • Réformer l'orthographe ? Ce qu'en pensait Jacques Bainville ...

    Les nénuphars, peints par Claude Monet 
     
     
    2227883577.jpg20 juillet 1906
     
    Somme toute, que reproche-t-on à l'orthographe usuelle ? D'être difficile à apprendre ? Que propose-t-on de lui substituer ? Une orthographe simplifiée et mise à la portée des instructions les plus négligées ?
     
    C'est ici que réside ce qui n'est pas seulement une erreur mais une sottise. Qui ne voit aussitôt que, si l'on raisonne pour les paresseux ou pour les pauvres d'esprit, il n'y aura jamais de simplification suffisante ?
     
    Il faut aller tout de suite à l'extrémité, et l'extrémité c'est l'orthographe phonétique, le droit donné à chacun d'écrire comme son oreille entend. Du moment qu'il y a une orthographe, elle sera toujours trop compliquée, il faudra toujours l'apprendre.
     
    On voit mal où est l'avantage. Pour le voir, pour soutenir qu'il existe et que les simplifications proposées abrégeraient des études inutiles, il faut admettre que les enfants ont un mal considérable à retenir la figure de chaque mot. Les réformateurs proposent, par exemple, de terminer uniformément par les lettre èle tous les mots qui contiennent ce son. On écrira hirondèle, èle, quèle, èle, je me rappèle comme stèle et fidèle.
     
    Vous souvenez-vous d'avoir eu la moindre peine à retenir qu'on devait mettre : hirondelle, aile, quelle, elle, rappelle ? Tel n'est pas mon cas. Et j'imagine qu'on apprendrait fort vite à ne pas confondre l'èle de l'oiseau avec èle, pronom personnel. Mais il faudrait l'apprendre encore, et je ne vois donc pas trop où est l'avantage, sinon de rendre obscure et lointaine l'origine du second mot et difficilement compréhensibles les dérivés (je ne sais en ce moment s'il en existe de très usuels, mais il y en a à coup sûr) où se retrouve la forme originale du latin ala.
     
    S'il s'agit d'apprendre pour apprendre, mieux vaut continuer d'enseigner ce qui est conforme à la fois aux habitudes et à l'étymologie. Aile, c'est ala, comme ellle c'est illa. S'il y a difficulté, au moins est-elle logique et permet-elle de se débrouiller, tant bien que mal, dans la forêt des mots savants. L'orthographe actuelle est, à y bien regarder, plus utile que nuisible aux personnes médiocrement instruites : son accord, même quelquefois un peu lâche, avec l'étymologie, ce sont les humanités du pauvre, c'est le latin des études primaires. L'orthographe compliquée est par là plus "démocratique" que l'orthographe simplifiée.
     
    Il est surprenant que les réformateurs n'aient pas pensé à cela. 
     
    Journal, Tome I (années 1901 à 1918), Plon, pages 37 à 38.
     
     

  • Civilisation & Société • Faut-il douter de l’art contemporain ?

     

    par Aloysia Biessy

    Le jeune blog Le Rouge & Le Noir répond sans ambiguïté et en débat : il faut douter de l'Art contemporain. Avis partagé, bien-sûr ! LFAR

     

    rn.pngLes Historiens de l’art ont une fâcheuse tendance à créer des catégories systématiques pour cataloguer les mouvements artistiques suivant des périodes de l’Histoire… L’Histoire ne peut se défaire de la période artistique qui l’influence, guide le geste de l’artiste, tant à à l’échelle organique (constitution de la matière) que dans la qualité essentielle (sens profond) de l’œuvre qu’il créée. Mais déconstruite, l’Histoire est désormais jaugée à l’aune de son échéance immédiate ; depuis la fin de la seconde guerre mondiale, une sorte d’irrésistible mouvement pousse le spectateur à adopter une « posture consciente » vis-à-vis de l’ouvrage, réflexion factice imposant un examen ontologique obligé, plein d’une vanité mortifère. C’est dans ce cadre, s’abritant docilement à l’ombre d’un prêche humaniste dénué de sens, que l’art « contemporain » prend corps.

    La désertion du sens : une dialectique usée

    Sans plus s’interroger sur la nature de l’art, seul son caractère actuel autorise la reconnaissance de l’ouvrage. Abandon de son sens profond, de cette manne de transcendance immortalisée dans la matière par la seule virtuosité de l’artiste… A l’heure où la vieille dialectique (usée) de la désertion du sens n’en finit plus d’essaimer son poison, le progrès fait loi : la légitimité de l’innovation tant répétée depuis Duchamp, mais privée de l’acte de subversion ultime du fou génial, est devenue inaudible. La subversion passéiste est devenue désormais systématique. L’aboutissement de deux siècles de projection nihiliste est grossièrement illustrée… C’est une sorte de manifeste, sommant le spectateur de se plier à une inéluctable « interaction » avec l’œuvre - un « dialogue » (sic) - imposé par le devoir de bonheur auquel on n’a d’autre choix que de se conformer. Désormais, on « interroge l’œuvre » plutôt que d’être happé par ces puissants traits de génie des artistes, fruit d’une émulation exprimée à l’échelle tant sensible qu’essentielle… L’indiscipline duchampienne ne pouvait être estampillée. La reprise qu’en fait depuis une centaine d’années « l’artiste » contemporain relève au mieux de l’ignorance crasse, au pire de l’opportunisme malléable du « créateur », obéissant au bon gré d’un mécène s’évertuant toujours à distinguer un Degas d’un Warhol…

    Un art subventionné... par le secteur privé

    De fait,  quiconque s’intéresse à cet « art » actuel ne peut honnêtement ignorer le marché sous-jacent qui l’anime ; « Murakami est un artiste Arnault », lance insidieusement Jean-Jacques Aillagon au détour d’une émission de télévision… [1] On entend déjà les concerts de voix s’insurger : « au même titre que Le Brun ou le Sueur étaient des ‘’artistes Louis XIV’’ ! ». A cette différence : les peintres d’alors œuvraient pour le Beau et à l’expansion de la magnificence royale… Là où les concepteurs d’ouvrages contemporains éludent la nature figurative de l’art - reflet de la nature, relativisent la nécessaire prouesse technique dont elle se doit de faire preuve et ne sont, désormais, qu'uniquement tributaires du degré de maîtrise technique d’un intervenant tiers, reflètent les goûts de castes élitistes, ignorantes, dont la vulgarité ne semble avoir d’égale mesure que la vénalité.

    C’est dans la perspective de porter un regard attentif à l’expression artistique contemporaine que le Rouge et le Noir va débattre de l’art contemporain. « Dans notre monde de certitudes, seul l’art contemporain permet de douter. Ouf ! », aime à déclarer (sérieusement ?) le ploutocrate directeur du Théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes. Laissons donc le lecteur douter… 

    [1Émission de « Ce soir ou jamais », Frédéric Taddeï, France 2, 27 septembre 2010.

    Le Rouge & Le Noir

     

  • Traditions ... • Carnavals de France

     

    6 mai,reims,henri iii,paix de beaulieu,louis xiv,versailles,le vau,le notre,louis xiii,tunnel sous la manche,eurostar,eurotunnel,francois grignardVoici bientôt le temps des carnavals, tradition diverse, sans cesse maintenue et renouvelée, mais venue du fond des âges ...

    En 1294, Charles d’Anjou, Comte de Provence, signale avoir passé à Nice "les jours joyeux de Carnaval".

    Pour être tout à fait juste, il faut bien admettre que fort peu de gens se souviendraient aujourd'hui de ce Prince, s'il n'avait, par cette brève mention, été le premier à attester de l'existence - en l'occurrence, à Nice - de ces intenses manifestations d'allégresse populaire.

    Michel Mourre lui-même reste assez discret sur le personnage, et note surtout qu'il fit "de fréquents séjours en Provence où il se montra un sage administrateur". Ce qui explique sa présence, en 1294, aux réjouissances du Carnaval de Nice, qui est donc le plus ancien connu, et reconnu, en France, même s'il n'est, bien sûr, pas le seul : le Carnaval de Dunkerque, par exemple, se signale par son exceptionnelle animation et - en plus de son "jeter de harengs" - par la très belle et très émouvante Cantate à Jean Bart, l'illustre enfant de la cité :

     

     

    Mais plusieurs autres villes en France organisent de très beaux et très joyeux Carnavals.

    Carnavals de France  -  Carnaval de Nice - Carnaval de Dunkerque

  • « Je pense à vous ce soir, Ô morts de février »

     

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     AUX MORTS DE FÉVRIER 

     

    Les derniers coups de feu continuent de briller

    Dans le jour indistinct où sont tombés les nôtres

    Sur onze ans de retard serai-je donc des vôtres

    Je pense à vous ce soir, Ô morts de février.  

     

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    Robert Brasillach, 5 février 1945

    (Poèmes de Fresnes, Minuit et demi, 1945)

  • Pourquoi le 6 février 1934 a été stérile : l'analyse de Maurice PUJO

     

    3253704197.jpgPourquoi les manifestations de janvier et février 1934, dont celle, tragique, du 6 février, n’ont pas débouché sur ce changement de régime, pour lequel l’Action française s’était toujours battue ? Maurice Pujo, après avoir conduit toute la campagne de l’Action française sur l’affaire Stavisky et dirigé l’action des Camelots du Roi, en a donné l’explication en termes simples * : sans une Action française suffisamment forte et reconnue tant sur le plan de la pensée politique que de la conduite de l’action proprement dite, l'union des patriotes est stérile. Et la leçon vaut pour aujourd’hui. LFAR

     

    18135321.jpgÀ force de le répéter, les gens du Front populaire ont fini par croire que le Six Février était le résultat d’une terrible conjuration tramée de toutes pièces par d’affreux "fascistes" contre les institutions républicaines.

    Rien ne correspond moins à la réalité. Le 6 Février a été, à son origine, le sursaut national le plus spontané, le plus pur d’arrière-pensées. Il a été la révolte de l’honnêteté et de l’honneur français contre un scandale qui était une des hontes naturelles et cachées du régime : le pillage de l’épargne sans défense avec la complicité des gouvernants qui en ont la garde. 

    Sans doute, ce scandale a été mis en lumière, développé, "exploité", si l’on veut, par des patriotes conscients qui étaient les hommes de l’Action française. Là-dessus, M. Bonnevay, président de la Commission du Six Février, ne s’est pas trompé lorsqu’il nous a désignés comme les responsables de la mobilisation de l’opinion et de la rue.

    C’est nous qui avons publié les deux fameuses lettres Dalimier qui avaient été, aux mains de Stavisky, les instruments de l’escroquerie. C’est nous qui, par nos premières manifestations, avons chassé du ministère ce Dalimier qui se cramponnait. C’est nous qui, pendant trois semaines, encadrant tous les patriotes accourus à nos appels, avons fait à dix reprises le siège du Palais-Bourbon. C’est nous qui, par cette pression sur le gouvernement et les parlementaires, avons arraché chaque progrès de l’enquête, empêché chaque tentative d’étouffement. C’est nous aussi qui avons publié la preuve de la corruption d’un autre ministre, Raynaldi, et c’est nous qui, en rassemblant des dizaines de milliers de patriotes, le 27 janvier, au centre de Paris, avons chassé le ministère Chautemps qui cherchait à se maintenir [...]

    Tenter le coup ?

    Dira-t-on que nous envisagions le renversement du régime ? Eh ! nous ne cessons jamais de l’envisager ! Nous avons, dès nos débuts, proclamé que nous formions une conspiration permanente pour la destruction de la République, cause organique de nos maux, et pour la restauration de la monarchie, qui seule pourra les guérir.

    Mais, en menant la chasse aux prévaricateurs complices de Stavisky, nous n’avions pas visé, de façon préconçue, cet heureux événement. Il y avait des services immédiats à rendre à la France ; nous les lui rendions. Si, au terme de cette crise, la restauration de la Monarchie pouvait être tentée, nous n’en manquerions certes pas l’occasion. C’est seulement un fait qu’il n’y a pas eu d’occasion parce que les conditions nécessaires ne se sont pas trouvées réunies.

    C’est ce que nous devons répondre à ceux qui, nous faisant le reproche inverse de celui de M. Bonnevay, estiment que nous aurions dû "tenter le coup". Il y avait sans doute – ce qui est important – un malaise incontestable qui, au-delà des hommes au pouvoir, était de nature à faire incriminer le régime. Il y avait même, à quelque degré, dans l’esprit public, un certain état d’acceptation éventuelle d’un changement. Il y avait aussi l’inorganisation relative et le sommeil des éléments actifs chez l’adversaire socialiste et communiste. Mais ces conditions favorables, en quelque sorte négatives, ne pouvaient suppléer à l’absence de conditions positives indispensables pour avoir raison de cette chose solide par elle-même qu’est l’armature d’un régime resté maître de son administration, de sa police et de son armée. Et il faut un simplisme bien naïf pour s’imaginer qu’en dehors des jours de grande catastrophe où les assises de l’État sont ébranlées, comme au lendemain de Sedan, le succès peut dépendre d’un barrage rompu...

    Pourquoi Monk n’a pas marché

    Ce qui a manqué au Six Février pour aboutir à quelque chose de plus substantiel que des résultats "moraux", c’est – disons-le tout net – l’intervention de ce personnage que Charles Maurras a pris dans l’Histoire pour l’élever à la hauteur d’un type et d’une fonction, l’intervention de Monk. Un Monk civil ou militaire qui, du sein du pays légal, étant en mesure de donner des ordres à la troupe ou à la police, eût tendu la main à la révolte du pays réel et favorisé son effort. Un Monk assez puissant non seulement pour ouvrir les barrages de police, aussi pour assurer immédiatement le fonctionnement des services publics et parer à la grève générale du lendemain.

    La question de ce qu’on a appelé à tort l’échec du Six Février se ramène à celle-ci : pourquoi Monk n’a-t-il pas marché ?

    Répondra-t-on qu’il n’a pas marché parce qu’aucun Monk n’existait ? Il est certain que personne ne s’était désigné pour ce rôle. Mais c’est essentiellement un domaine où le besoin et la fonction créent l’organe. Il y aurait eu un Monk et même plusieurs si les circonstances avaient été telles qu’elles pussent lui donner confiance.

    Certains s’imaginent qu’ils décideront Monk par la seule vertu de leurs bonnes relations avec lui et dans quelques conciliabules de salon. Singulière chimère ! Monk éprouve très vivement le sentiment de sa responsabilité. Ce n’est qu’à bon escient qu’il acceptera les risques à courir pour lui-même et pour le pays et il a besoin de voir clairement les suites de son entreprise. Devant apporter une force matérielle qui est tout de même composée d’hommes, il a besoin de pouvoir compter, pour le soutenir, sur une force morale assez puissante. Il ne réclame pas de civils armés – c’est là l’erreur de la Cagoule – qui doubleraient inutilement et gêneraient plutôt les soldats, mais il veut trouver autour de lui, lorsqu’il descendra dans la rue, une "opinion" claire, forte et unie.

    Et cela n’existait pas au Six Février. Si les manifestants étaient unis par le sentiment patriotique et le mépris de la pourriture politicienne, ils n’avaient pas d’idée commune sur le régime qui conviendrait à la France pour la faire vivre "dans l’honneur et la propreté". De plus, les rivalités de groupes et les compétitions des chefs empêchaient même que, séparés dans la doctrine, ils pussent s’unir dans l’action.

    Depuis le début de l’affaire Stavisky jusqu’au 27 janvier où notre manifestation des grands boulevards renversa le ministère Chautemps, il y avait eu, dans l’action, une direction unique : celle de l’Action française. C’est à ses mobilisations que l’on répondait ; c’est à ses consignes que l’on obéissait. (On lui obéit même le jour où, en raison de la pluie et pour épargner un service plus pénible à la police, nous renonçâmes à la manifestation) Mais, à partir du 27 janvier, devant les résultats politiques obtenus et ceux qui s’annonçaient, les ambitions s’éveillèrent, et les groupements nationaux préparèrent jalousement, chacun de son côté, leur participation à une action dont ils comptaient se réserver le bénéfice. Cette agitation et cette division ne firent que croître, après la démission de M. Chiappe, préfet de police, survenue le 3 février.

    Aucune entente

    La Commission d’enquête a cherché un complot du Six Février. Mais il n’y avait pas un complot pour la bonne raison qu’il y en avait cinq ou six qui s’excluaient, se contrariaient et se cachaient les uns des autres. Il y en avait dans tous les coins et sur les canapés de tous les salons. On peut se rendre compte qu’il n’y avait aucune entente entre les groupes divers en examinant les rendez-vous qu’ils avaient donné pour la soirée historique, et les dispositions qu’ils avaient prises, sans parler des manœuvres qu’ils firent et dont à peu près aucune n’était d’ailleurs préméditée.

    Si, par impossible, les patriotes l’avaient emporté dans de telles conditions, s’ils avaient chassé le gouvernement et le parlement, le désaccord entre eux n’aurait pas manqué d’apparaître presque aussitôt et les gauches vaincues n’auraient pas tardé à reprendre le pouvoir.

    C’est à quoi le Monk inconnu, le Monk en puissance, devait songer. C’est pourquoi il s’est abstenu d’une intervention qui aurait été stérile. C’est pourquoi la journée du Six Février n’a pas donné de plus grands résultats.

    Maurice Pujo

     

    * étude (extraits) publiée par la Revue Universelle du 15 juillet 1938.