« Valeurs actuelles » a raison !

En avant-première la couverture du numéro de Valeurs actuelles, de ce jeudi 17 décembre.
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En avant-première la couverture du numéro de Valeurs actuelles, de ce jeudi 17 décembre.
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Ces gens qui aident le prince
Certains viennent de Grenoble, de Marseille, d'autres de Toulouse, les plus jeunes arrivent de Paris… Ils sont une cinquantaine, mardi soir, dans le petit salon de la famille du prince Jean d'Orléans, au fond du parc de la chapelle royale.
Ils forment l'association Gens de France présidée par la princesse Philomena et sont venus pour l'assemblée générale.
250 membresL'occasion pour la princesse de remercier ces fidèles à la famille de France : « Ils nous soutiennent et nous permettent de poursuivre un projet cher au c'ur de Jean de France. Celui de tendre la main à la jeunesse. »
Le prince Jean, depuis son retour en terre drouaise, cherche à ouvrir les portes de la chapelle royale et à transmettre le goût de l'histoire de France aux jeunes. « Il a déjà reçu huit classes de collégiens et des classes de l'Institut Saint-Pierre pour des visites guidées. »
Le prince Jean se plaît à faire la visite lui-même et à raconter l'histoire de Louis Philippe. Un goûter est offert ensuite à son domicile aux jeunes visiteurs.
« Pour financer ces visites, le concours de l'association et ses 250 membres est essentiel », poursuit la princesse ravie du bon accueil que Wassim Kamel, le sous-préfet, a réservé à ces initiatives pédagogiques et culturelles.
L'idée du prince Jean et de l'association Gens de France n'est pas d'aller frapper aux portes des établissements scolaires.
« Nous avons fait savoir que nous proposions ces visites. On répond aux sollicitations mais on ne les impose pas. »
Valérie Beaudoin
valerie.beaudoin@centrefrance.com
Le futur Hassan II pique-niquant avec des chrétiens à Toumliline en 1957 © Copyright : DR
par Péroncel-Hugoz
A l’heure où le fossé se creuse entre Islam* et Chrétienté, Péroncel-Hugoz revient sur une expérience oubliée de rapprochement interreligieux qui se déroula jadis au Maroc. Nos lecteurs apprécieront cette remarquable évocation.
Le dialogue islamo-chrétien est au plus bas, en lambeaux même. D’un côté acrimonie et ressentiment, de l’autre méfiance et soupçons. Le climat est lourd. Il n’en a pas toujours été ainsi, notamment au Maroc de 1952 à 1965, pourtant à une époque de grandes turbulences entre Arabo-berbères et Européens, entre République française et Empire chérifien puis Royaume du Maroc. Une remarquable exposition rbatie, très concrète, très parlante, peu visitée hélas, démontre sans conteste possible, avec documents rares ou inédits à l’appui, en particulier les précieuses photos en noir et blanc de Belin, qu’en Chérifie, le fameux « dialogue islamo-chrétien » a connu une décennie en or au mitan du XXe siècle. Une expérience prometteuse qui a tourné court pour d’obscures raisons, alors qu’elle aurait peut-être pu, sur sa lancée marocaine, gagner d’autres espaces géopolitiques et promouvoir ainsi cet « Islam du Juste Milieu » qui reste une spécificité du Royaume alaouite, défendue avec discrétion mais constance depuis le règne de Moulay-Youssef (1912-1927) et sous ses trois successeurs, par le Makhzen politique et diplomatique ; spécificité qui, à notre époque, fait rêver quelques mosquées françaises, belges ou hollandaises ainsi que des courants mahométans raisonnables à Dakar, Bamako, Niamey, Abidjan ou Moroni.
Un site à la beauté sauvage dans l’Atlas
Donc, à la veille du millésime 1950, le pape Pie XII nomma vicaire apostolique à Rabat (l’archevêché ne date que de 1955) Mgr Lefèvre (un quasi homonyme de Mgr Lefebvre, cet archevêque de Dakar qui devait créer en Suisse romande une célèbre dissidence « intégriste » de l’Eglise catholique). Ce vicaire apostolique favorisa une entreprise spirituelle inédite au Maroc, et très réfléchie, de rencontres intellectuelles entre musulmans et chrétiens, plus quelques israélites. La base matérielle de ce projet fut installée non loin d’Azrou, dans le site atlassique à la sauvage beauté de Toumliline (écrit aussi parfois Tioumliline) où fut construit un monastère, en accord avec le Palais et la Résidence, pour une vingtaine de religieux bénédictins, membres d’un ordre vieux de 1500 ans, fondé par l’Italien saint Benoît de Nursie (480-547) et mis à jour en 1952 par Pie XII. Le mot d’ordre de Mgr Lefèvre fut d’emblée : « Respecter la religion musulmane et faire tomber les barrières ! ». Cependant, il semble que la politique politicienne et des jalousies personnelles s’en mêlèrent, faisant d’un lieu voué à la spiritualité des deux principales fois révélées, une aire de discussions politiques entre libéraux français et nationalistes marocains, dont Mehdi Ben-Barka. L’engagement idéologique de certains moines fut tel qu’en 1956 on vit flotter sur Toumliline l’emblème du Front algérien de libération nationale…
Néanmoins d’actifs échanges culturels et spirituels, moins politisés, se développèrent quand même à « Toum », avec la bénédiction affichée du Palais, surtout après le recouvrement de sa souveraineté par Rabat en 1956. On vit défiler chez les bénédictins de larges échantillons de l’univers islamo-chrétien, et jusqu’au prince héritier, le futur Hassan II, et également la plus énergique de ses sœurs Lalla-Aïcha. Reçu à Rabat en 1957 par le sultan-roi Mohamed V, l’omniprésent prieur de « Toum », Dom Denis Martin, poussa sa sympathie pour la dynastie alaouite jusqu’à baiser** publiquement la main de Sa Majesté chérifienne, comme le fit aussi Henryane de Chaponay, descendante directe de Louis-Philippe 1er, roi des Français (1830-1848) et alors agricultrice à Sidi-Bouknadel, au nord de Rabat.
En ces années bénies, « Toum » reçut étudiants et savants, religieux et laïcs, hommes et femmes, le cheikh Ben-Larbi Alaoui, l’orientaliste Louis Massignon, le journaliste Moulay-Ahmed Alaoui, etc. sans compter penseurs ou curieux d’une douzaine de nations, du Japon à l’Ibérie via les Indes. Août 1957 connut l’apogée de cette période faste avec un discours œcuménique in situ du futur Hassan II, lequel se restaura assis par terre avec des chrétiens tandis que Driss M’hamedi, ministre de l’Intérieur, jouait du tambourin et que Mahjoubi Aherdane, gouverneur de Rabat, esquissait une danse berbère…
Une palme d’or à Cannes
Régnait alors un climat non seulement fraternel et chaleureux mais aussi et surtout confiant et égalitaire, et donc propice à cette intercompréhension d’où aurait pu sortir un durable rapprochement entre chrétiens et musulmans. Hélas le bouillonnement culturel de « Toum » ne plaisait pas à tout le monde, notamment, dit-on, à certains membres de l’Istiqlâl. En 1965, le monastère ferma ses portes, ne revivant qu’à notre époque, le temps que le Français Xavier Beauvois y tourne le film de haute volée « Des hommes et des dieux » (2010), palme d’or à Cannes, inspiré par la tuerie des moines de Tibarine, en Algérie (1996). A ce sujet, notons que le dernier rescapé de ce massacre est venu se réfugier à Midelt, dans l’unique congrégation monastique contemplative de tout le Maghreb, Notre-Dame-de-l’Atlas, où certains croyants des deux bords voient parfois un potentiel second Toumliline, pour que puisse enfin s’accomplir le vœu de Mohamed V, exprimé en août 1956, à Rabat, de voir le Maroc devenir « un lien entre civilisations d’Orient et d’Occident ». Inchallah… •
* Rappelons qu’en français Islam prend une majuscule quand il désigne la civilisation, la communauté humaine (comme Chrétienté, Occident, etc.) et une minuscule lorsqu’il concerne la religion (comme on dit le shintoïsme, le catholicisme, etc.).
** En principe ce ne serait plus possible sous Mohamed VI lequel, en tournée africaine, a fait savoir que seuls ses sujets (musulmans ou juifs) avaient la possibilité, s’ils le désiraient, de pratiquer le baisemain royal.
A voir
« Toumliline 1956-1957 », exposition de textes et photos inédits à la galerie des Archives du Maroc, près Bab-Rouah, Rabat. Jusqu’au 31 décembre 2015. Catalogue illustré bien conçu.
A lire
• Elisabeth des Allues, « Toumliline. A la recherche de Dieu au service de l’Afrique ». Ed. du Cerf, Paris, 1961.
• Y. Knibiehler, G. Emmery, F. Leguay, « Des Français au Maroc », Denoël, Paris, 1992.
• Jamaâ Baïda et Vincent Féroldi, « Présence chrétienne au Maroc. XIXe-XXe siècles », préface de Brahim Boutaleb, Ed. Bouregreg, Rabat, 2005.
Repris du journal en ligne marocain le 360 du 12.12.2015
PAR CHRISTIAN FRANCHET D’ESPEREY
Il y a un an – c’était le 6 décembre 2014 – se tenait, salle Rossini à Paris, le premier colloque du Cercle Vauban. « Vauban I » en quelque sorte… comme on dirait d’un concile ! À ses trois cents participants, il a laissé un souvenir marquant. Son programme s’était donné un air de slogan : « Pour un nouveau régime ». Mais, précédant cet appel au changement de système, et au fil d’une suite serrée d’interventions, on put y assister à une rigoureuse démonstration : non seulement la France était en voie de décomposition, « en lambeaux », mais elle était politiquement dans une impasse, le régime se révélant incapable de remettre en cause ses propres bases. Pas d’autre issue, donc, qu’un bouleversement politique radical.
Un an plus tard, diagnostic et remède – s’en étonnera-t-on ? – n’ont pas pris une ride. Et leur évidence ne fait pas un pli… C’est pourquoi le Cercle Vauban a décidé de pérenniser sur le papier ce moment privilégié de vérité politique qu’a été son premier colloque en demandant à la Nouvelle Revue universelle de lui consacrer un numéro entier.
Les Actes de « Vauban I » : un instrument de travail et un message particulier à transmettre.
En publiant les Actes de « Vauban I », le Cercle Vauban n’entend évidemment pas s’accorder un brevet d’autosatisfaction. Son intention est de proposer un instrument de travail qui explicite où se situe l’axe central de sa réflexion. Dans l’ensemble de notre paysage politique et culturel, les objectifs qu’il s’est fixé présentent en effet, un caractère tout à fait spécifique. Sans du tout contredire les diverses et souvent superbes initiatives prises ailleurs – mouvements, associations et lieux de réflexion ou de formation animés par le même esprit de révolte, surtout depuis le succès de la Manif pour tous –, le Cercle Vauban est convaincu d’avoir un message particulier à transmettre.
Il vise tous ceux pour qui l’amour de la France est d’abord un sentiment inné, spontané, sorti du cœur, mais aussi une perception raisonnée, fondée sur l’héritage reçu, l’éducation, l’expérience et la culture. De son histoire millénaire, la France a, Dieu soit loué, hérité des reins solides. Il en fallait pour résister à des gouvernements qui, depuis des décennies, suscitent un esprit de guerre civile permanente allant jusqu’aux guerres de religion déclenchées par un laïcisme fanatique ; qui, de 1870 à 1940, ont en moins de 70 ans provoqué trois invasions de la France ; qui, en Algérie, ont engagé une guerre gagnée militairement et perdue politiquement ; qui ont sacrifié l’indépendance et la prospérité nationales à des chimères pseudo-européennes et mondialiseuses ; qui ont laissé s’installer sur le territoire des populations entières dans des conditions suicidaires avec les conséquences dramatiques que l’on connaît aujourd’hui ; qui, enfin, à bout d’idées nocives, en viennent à vouloir liquider, en toute inconscience, les fondements même de notre culture et de notre civilisation.
Avec l’offensive contre l’institution conjugale, par cette trop fameuse loi Taubira issue d’un lobby au pouvoir d’influence inversement proportionnel à son importance numérique, la spirale du déclin paraissait en effet sans appel. Pour beaucoup, la France semblait en voie de dissolution inéluctable. Penser la disparition de la France, disait Bainville, serait impie, mais pas absurde. Nous y étions…
C’est alors qu’a surgi le Printemps 2013 ! Divine surprise, printemps de grâce, jaillissement inespéré d’un renouveau, la France de toujours descendait dans la rue pour crier son refus de mourir. Ces foules joyeuses, familiales, détendues, ces jeunes de tous âges, sans haine mais déterminés, ont révélé à la face du monde que la France pouvait encore se tenir debout, crier sa révolte et son indignation. Révolte vraie, authentique indignation qui ne devaient rien aux boursouflures d’un système médiatique aligné, aseptisé, robotisé.
La déception qui suivit fut cruelle. La loi scélérate, dénoncée et rejetée par le déferlement populaire, aurait dû être révisée, ou retirée, comme Mitterrand l’avait fait pour l’école en 1984. On sait qu’il n’en a rien été. S’arc-boutant sur deux piliers qu’il contrôlait l’un et l’autre, la force policière et l’institution parlementaire, le pouvoir est passé en force. Assumant cyniquement l’image d’un nouveau totalitarisme.
Réforme des institutions et réforme intellectuelle et morale vont de pair
Tout ceci, direz-vous, est bien connu. Oui. Mais ce rappel est l’occasion de discerner ce que le caractère extrême de la situation de 2013 a ouvertement révélé. Est apparue d’une manière éclatante cette réalité demeurée, en général, latente : sous couvert d’une alternance droite/gauche d’apparence, un pouvoir qui sacrifie délibérément le bien commun aux intérêts particuliers qu’il sert peut parvenir à rester indéfiniment aux commandes. Et donc à assurer indéfiniment le blocage de toute réforme profonde, qu’elle concerne la famille, l’enseignement, la monnaie, la politique européenne, la défense ou les problèmes sociétaux. Pour assurer la continuité de ce monopole et de cette capacité de blocage, le pouvoir doit systématiquement empêcher toute remise en cause des institutions qui en garantissent le maintien. Tous ses efforts et toute son habileté consistent à préserver le système institutionnel de tout risque de transformation en profondeur qui ouvrirait la porte à l’indispensable réforme intellectuelle et morale.
C’est ce goulot d’étranglement sur la voie de notre salut, pas toujours clairement perçu, que le Cercle Vauban entend mettre en pleine lumière.
Que l’on ne s’y trompe pas. Il ne s’agit pas du tout de renoncer à rappeler la nécessité d’une réforme intellectuelle et morale. Les racines de la société française, aujourd’hui négligées, oubliées ou bafouées, la fonction des corps intermédiaires et le respect du principe de subsidiarité, le rôle du spirituel et de la religion dans notre équilibre politique, économique et social ou encore la place centrale du bien commun dans notre vie collective, ne quittent pas un instant le champ de nos préoccupations.
En réalité, réforme des institutions et réforme intellectuelle et morale sont indissolublement liées. Mais l’une doit-elle passer avant l’autre ? Éternelle question de l’œuf et de la poule. Dans l’univers marxiste, Gramsci l’avait tranchée en privilégiant la conquête des esprits, la prise de pouvoir culturelle, sans d’ailleurs parvenir à prouver une plus grande efficacité de sa méthode pour faire la révolution.
Certains de nos amis se demandent s’il n’y a pas du bon grain à y prendre pour servir notre propre cause. Ils ont sûrement raison d’y réfléchir, la question est importante. Le Cercle Vauban, pour sa part, est convaincu que de reconnaître la priorité pratique conférée au combat institutionnel n’obère en rien l’indispensable retournement de l’esprit public dans le sens du droit naturel et du souci primordial du bien commun : le « politique d’abord » n’a jamais rien signifié d’autre et, par la diversité de ses travaux, le Cercle Vauban prouve qu’il est le dernier à l’oublier.
Mais en France, dans les conditions présentes, l’expérience montre que c’est par la voie politico-institutionnelle que le mal – le mal français dénoncé dans la conclusion du colloque – s’est imposé. Et c’est par la même voie qu’il perpétue son emprise. Notre tâche est de le faire comprendre, et de le dénoncer, avec tous les moyens que nous sommes en mesure de mobiliser.
« Être (ou ne pas être) républicains »
En pleine Révolution, découvrant la « république », les Français ont pu croire à un avenir limpide, le principe de base du « nouveau régime » semblant transparent : tout le pouvoir au peuple. C’est-à-dire à nous tous. À nous tous ? Est-ce à dire à chacun de nous ? Difficile question, inauguratrice d’une réflexion sans fin ni fond sur la nature de la démocratie. On y tombe sur des apories comme celle-ci : si le peuple choisit la dictature, la situation est-elle démocratique ? Aporie, certes, mais devenue une effrayante réalité : elle a mis le feu au XXe siècle, celui des camps de la mort et du goulag.
D’ailleurs, on l’a souvent noté, quand on parle de l’Ancien Régime, on sait ce que c’est, mais on serait bien en peine de dire ce qu’est le « nouveau régime ». Depuis plus de deux cents ans, la France est à sa recherche. Dans une vieille chanson de notre folklore, la « femme du roulier » – les plus jeunes la découvriront sans peine sur Internet –, l’héroïne « cherche son mari de taverne en taverne, avec une lanterne »… Ainsi la République va-t-elle, les droits de l’homme à la main, à la recherche de la formule la mieux adaptée à ses « valeurs » du moment. Ses changements de numéro, IIIe, IVe, Ve, liés aux vicissitudes de l’histoire, ne traduisent aucune réalité de fond. On a vu, sous le même numéro, les situations les plus opposées : par temps d’orages (Clemenceau en 1917, de Gaulle en 1961), le rêve démocratique suspend son vol, le temps de sauver la République… Aujourd’hui, avec le quinquennat, nous sommes dans une VIe République de fait qui n’a jamais osé dire son nom. Et ceux qui réclament ouvertement une VIe République ne veulent rien d’autre qu’un retour à la IVe… D’ailleurs, à toutes les époques de turbulences et de violences latentes, les constitutions ont été soumises à des sollicitations plus ou moins brutales, voire à des viols répétitifs. Et même… en réunion. C’est Jacques Perret qui qualifiait la constitution de la Ve de marie couche-toi là !
Aujourd’hui, rien n’est plus banal que de modifier la Constitution. À la manière des poupées Barbie, on peut l’habiller au gré des utilités ou des toquades du moment. Des deux procédures prévues, la plus « démocratique » – la voie référendaire – est tombée en désuétude car suspectée de servir la cause « populiste ». On disait naguère de Giscard d’Estaing : son problème, c’est le peuple. Cela concerne maintenant tous les politiciens de l’oligarchie dominante. Leur problème, c’est le peuple… donc, exit le référendum.
Heureusement, il reste une autre procédure, celle qui permet de rester entre soi : la réunion de l’Assemblée nationale et du Sénat en Congrès. Il suffit de parvenir à y réunir une majorité. Les sujets les moins propres à figurer dans une charte institutionnelle, pour peu qu’ils correspondent aux dernières lubies des lobbys, peuvent dès lors devenir prétexte à révision.
La constitution se voit donc désacralisée au moment où s’impose une nouvelle sacralisation, celle des « valeurs de la République » et des nouveaux fétiches sociaux ou sociétaux comme la non-discrimination ou le droit à disposer de son corps. Une nouvelle sacralisation, soit dit en passant, parfaitement discriminatrice à l’égard de certains droits comme le droit à la vie, mais ceci est une autre histoire. Il demeure que la sacralisation du pouvoir, en France, a toujours eu pour objet de préserver l’intégrité de l’autorité mise au service du bien commun. C’est précisément cela que l’on désacralise aujourd’hui.
On ne doit cependant pas se dissimuler cette réalité de fait : aussi discréditées qu’elles soient, ces institutions demeurent un efficace instrument entre les mains de ceux dont l’intérêt est de bloquer tout espoir de les réformer en profondeur. Par une obscure conscience de se voir condamné par ses propres contradictions, le système a de lui-même organisé son caractère inamendable.
L’objectif de fond, essentiel, unique, est de conserver aux partis leur mainmise sur la vie politique. Mainmise sur les élections à tous les niveaux : les Français sont contraints à choisir leurs représentants locaux, régionaux ou nationaux selon des critères essentiellement partisans – et l’élection présidentielle elle-même n’a pas échappé longtemps à cette calamité. C’est là le point essentiel sur lequel nous devons porter le fer.
Le colloque Pour un nouveau régime : un essai de démonstration
Le colloque Pour un nouveau régime n’a pas été, on l’a compris, de ces colloques universitaires où chaque intervenant est essentiellement attaché à développer ses idées personnelles sur le sujet de sa spécialité, ou à faire la promotion – sûrement justifiée ! – de son dernier livre.
Ici, au contraire, les interventions successives se sont enchaînées selon une logique rigoureuse et bien perçue par tous, dans le but d’en dégager une irrécusable démonstration.Le fil en est clair : la France est « en lambeaux », l’évocation de quelques grands sujets suffit à en apporter la preuve ; on ne sortira pas de cette situation en se bornant à vouloir régler chaque problème isolément : il faut une politique d’ensemble, et donc un gouvernement qui se mette au service exclusif du bien commun, ce qui implique un changement radical de régime politique. La première partie a déroulé d’une manière rigoureusement démonstrative l’ardente nécessité d’un changement de régime. Et la seconde a exposé les quelques principes de base nécessaires au développement durable d’un nouveau régime.
Telle a été la démarche collective de nos intervenants. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient fait abstraction de leur personnalité, il eût été difficile d’attendre cela d’eux. Chacun a donné sa propre vision du sujet qui lui était proposé – mais, on le constatera, loin de nuire à la force de la démonstration, cette diversité a contribué à l’enrichir.
Les huit intervenants du colloque Pour un nouveau régime
Il est temps, maintenant de laisser la place aux Actes du Colloque Vauban I. C’est-à-dire de laisser s’exprimer nos huit intervenants : par ordre d’entrée en scène, Frédéric Rouvillois, Jacques Trémolet de Villers, François Reloujac, Fabrice Hadjadj, Jean-Baptiste Donnier, Marie-Pauline Deswarte, Pierre Chalvidan et Axel Tisserand.
Grâce à eux, de simple petit groupe de réflexion qu’il était au départ, voilà le Cercle Vauban devenu force de proposition, et appelé à toucher un large public. Ainsi ce colloque a-t-il été, pour le Cercle, un évènement fondateur. Il reviendra à Hilaire de Crémiers d’en tirer les conclusions en évoquant le « mal français » et son remède. •
Abonnements : La nouvelle revue universelle, 1 rue de Courcelles, 75008 PARIS - 4 numéros par an - Tarif : m Normal, 1 an, 70 € m Soutien, 1 an 100 € m Normal, 2 ans, 130 € m Réduit, 1 an (étudiants, chômeurs) 40 €. Étranger et DOM-TOM : 77 €
..Source FigaroVox [11.12.2015]..
ANALYSE. La guerre est là... Oui, mais la guerre suppose des décisions, des moyens, des buts, une continuité dans l'action et une unité de point de vue. Avec l'état d'urgence, Hollande essaye de répondre à l'impossible problème du régime.
par Hilaire de Crémiers
Qui pourrait se flatter de connaître l'avenir ? La vie politique française se concentrait, il y a quelques semaines encore, sur les élections. Les élections régionales prenaient une allure nationale ; les partis étaient en effervescence ; ils s'excitaient à vivre déjà une sorte de premier tour des élections présidentielles, en avant goût de 2017, l'objet de tous leurs désirs. Le cirque électoral se remplissait de clameurs. Diagnostics et pronostics allaient bon train. À qui mieux mieux, chacun se réclamait de la démocratie, invoquait la république et c'était pour mieux déclarer sa haine du concurrent, appeler à la mort politique, sociale et morale, sinon physique de l'adversaire.
LA GUERRE INTÉRIEURE
Et voilà que, soudain, tout ne fut plus qu'incertitude, attente, angoisse, étrange silence. Pour combien de temps ? La France est en deuil. Elle a été frappée sauvagement. Elle peut l'être à nouveau d'un jour à l'autre ; elle n'est plus maîtresse de ses lendemains.
Les attentats, maintenant répétitifs, qui sont perpétrés sur son sol la mettent en état de guerre. Ellecroyait cette guerre simplement extérieure et s'en souciait peu - une affaire de militaires -, et voici que cette guerre éclate chez elle, à l'intérieur de ses frontières, au centre même de sa capitale. Tirs et explosions-suicides ont été effectués, semble-t-il, au hasard des circonstances du moment ; en revanche les objectifs et les quartiers ciblés ont été délibérément choisis. Comme les fois précédentes ! Même esprit et, vraisemblablement, même organisation relevant de mêmes donneurs d'ordre : le recoupement des enquêtes le prouve. Les terroristes qui menacent la France savent ce qu'ils veulent. Nous ne sommes sur ce plan et pour le moment que dans la riposte. C'est l'ennemi qui frappe où il veut, quand il veut, comme il veut, avec les moyens et la violence qu'il veut. D'individuelles, les actions deviennent collectives et coordonnées. Il est certain que le but logique des commanditaires est de multiplier et d'intensifier les attentats. Demain encore ? Paris ? Bruxelles ? Mais aussi bien Bamako au Mali, Beyrouth, Tunis ? ... Partout dans le monde ? Chez nous sera-ce à Noël ? Dans une salle de spectacle ? Un magasin ? Un métro ? Un train ? Un avion ? Allez savoir !
OÙ EST L'ENNEMI ?
Car l'ennemi est sur notre sol, sinon dans l'espace Schengen où il se déplace comme il l'entend et d'où il sort et où il rentre à son gré, en profitant, de plus, de l'immense désordre des migrations. Comme il est aussi au Sahel qu'il ravage, au Proche et au Moyen-Orient qu'il détruit. Bref, il est maître de son action, de son temps, de son espace de déploiement. Chez nous, tout comme ailleurs, mais peut-être plus encore, car des cités, des quartiers, des territoires hors contrôle en temps ordinaire lui servent de refuges. Là, la graine djihadiste pousse drue dans un milieu propice qui vit en circuit fermé et en quasi autonomie, coupé du reste de la nation, dans un climat de brigandages et de trafics illicites permanents où banditisme et terrorisme font bon ménage. Les responsables de la sécurité et du renseignement le savent parfaitement et depuis longtemps. Mais qu'ont fait, que font les politiques ? Des discours... Les causes de cet état de fait sont connues, pour ainsi dire répertoriées : la faiblesse générale de l'État qui n'est fort que contre ses citoyens qui ne sont pas de son obédience socialisante et maçonnique ; les politiques incohérentes, absurdes et criminelles, menées depuis des décennies, qui, avec l'accord d'un certain patronat et de toute une élite politico-économique, ont alimenté en populations immigrées et privées de tout lien avec la France des territoires entiers, livrés de ce fait à eux-mêmes ; la complicité passive quasi permanente et parfois active - soit lâcheté, soit complaisance des autorités constituées, des magistrats, des services administratifs et sociaux ; la promotion militante par tout un ensemble de médias dont la plupart relèvent de l'État, d'une gauche bavarde qui se croit maîtresse et juge de tout et qui se pavane en étalant sa fausse morale qui n'a rien de moral dans son ignorance absolue et son mépris souverain du vrai et du faux, du bien et du mal.
BONNE OU MAUVAISE RÉPONSE ?
C'est dire si la France est malade. Elle l'est moralement, socialement, politiquement, maintenant économiquement. Tout le monde le sait ; il suffit d'écouter les conversations sur les marchés et dans les bistrots. Et cette France malade a concédé de fait au djihadisme intérieur une liberté d'agir dont il a usé et dont il compte bien, évidemment, user encore. Le cursus des acteurs des attentats est une fois de plus effarant et révélateur de nos impérities !
La radicalisation islamique ne s'étend pas seulement sur des territoires ; elle touche des entreprises : les transports, la SNCF, la RATP, plus gravement encore les industries de haute sécurité, comme le nucléaire. Tout se découvre d'un seul coup. Il est temps. Les Français musulmans sont les premiers à attendre des signes forts d'une reprise en main. Rien ne serait plus criminel qu'une lâcheté de plus à leur égard : ce serait les livrer, comme jadis en Algérie, au couteau des égorgeurs.
Mais nos dirigeants ne sont perpétuellement que dans le factuel : jamais d'analyse des causes ; jamais de prévision des conséquences. Ils réagissent dans l'immédiateté avec leurs habitudes électoralistes et quelques idées simplistes qui leur tiennent lieu de pensée. Hollande se croit un chef de guerre en courant de Washington à Moscou, en conférant avec Cameron et Merkel, en redoublant les frappes sur Daech, mais l'ennemi est chez nous et surtout chez certains de nos prétendus alliés sur qui nous nous sommes appuyés et avec qui nous faisons affaire. La diplomatie française a été au rebours des intérêts bien compris de la France ! Mais qu'est-ce qu'un politicien, socialiste ou non, peut bien comprendre de la situation ? La radicalité islamique lui est totalement étrangère ; toute radicalité, d'ailleurs. La vie n'est pour lui qu'une suite d'élections à gagner. Sa stratégie n'est qu'électorale. Le propos d'un responsable socialiste dit tout à ce sujet : « Jusqu'à présent, on essayait de se détacher du contexte national. Là, si François Hollande gère bien l'affaire, ça peut être positif pour nous... » Propos normal dans notre république normale !
Face à une stratégie de guerre totale dont le terrorisme est une des armes de prédilection, le politicien de service pense aux gains électoraux possibles. Les militaires ne sont-ils donc déployés que dans ce but ? Et le porte-avions Charles-de-Gaulle ? Et les forces de sécurité mises en alerte maximum ? Et l'état d'urgence de trois mois n'a-t-il été voté que dans cette intention ? Et cette idée de constitutionnaliser une nouvelle forme de pleins pouvoirs entre les mains de l'autorité politique n'est-elle conçue que pour dominer la scène électorale en 2017 ?
Les Français dans leur ensemble comprennent parfaitement les nécessités impérieuses de la guerre. Encore faut-il la mener comme il faut. n
Humeur de Théophane Le Méné
Nicolas Sarkozy était dans les tribunes du Parc des Princes lors de la soirée du deuxième tour des élections régionales. Un choix étonnant dont Théophane Le Mené ne s'est toujours pas remis. Nous ne sommes pas sûrs que la circonstance mérite en soi-même tant d'attention ni d'agacement. Même si elle a fait amplement jaser le microcosme. Comme on le dit trivialement, Nicolas Sarkozy en a fait d'autres... Mais voilà justement l'occasion de le rappeler s'agissant de domaines et de circonstances d'une beaucoup plus grande importance ... Que Théophane Le Mené ne manque pas d'évoquer. LFAR
C'était plus fort que lui. Quelque chose d'incoercible et que l'on peine à expliquer. Comme cette attraction à laquelle on ne saurait résister lorsque l'âge nous exempte de tout sens de la responsabilité. Comme ce penchant dans lequel on cède lorsque la désinvolture écrase la retenue. Comme ce stupéfiant qui annihile toute forme de raison dès lors qu'on y a goûté. On peut être enfant, dilettante ou stupéfait et verser dans la poésie, la littérature, l'aventure, le voyage et dans bien d'autres champs qui convoquent tout autant la légèreté que l'obsession. Mais à ceux qui se veulent premier magistrat de France, c'est la lourde cape de la responsabilité, de l'ascèse, de la circonspection ; et seulement elle. Malgré tout cela, Nicolas Sarkozy n'aura pu s'empêcher de se précipiter au Parc des Princes pour assister au match PSG-Lyon, alors même que tombaient les premiers résultats des élections régionales. Que la Normandie et l'île de France ne savaient pas si elles étaient bleues ou roses. Que la recomposition politique était visible en direct sur les plateaux de télévision.
Par goût de la provocation, on pourrait admirer cette liberté suprême qui confine à l'indifférence. Mais on remarquera que l'ancien président en fit un usage quelque peu déplacé lorsque devenu clef de voûte des institutions, il préféra prendre villégiature dans un yacht plutôt que dans une abbaye - il l'avait pourtant promis. Par goût des passions populaires et de la France gouailleuse, on pourrait objecter que Nicolas Sarkozy signifiait ici la beauté spécifique du football et l'humanité de ses héros, convoquant Albert Camus dont il est, dit-on, un grand lecteur («Tout ce que je sais de la morale, c'est au football que je le dois») ou bien encore Pier Paolo Pasolini («Le football est la dernière représentation sacrée de notre temps»). Mais il y a le football des gradins et le football des loges. Et puis il y a ce qu'en dit Eduardo Galeano dans «Football, ombre et lumière»: «L'histoire du football est un voyage triste, du plaisir au devoir. A mesure que le sport s'est transformé en industrie, il a banni la beauté qui naît de la joie de jouer pour jouer. [...] Le football professionnel condamne ce qui est inutile, et est inutile ce qui n'est pas rentable.»
En définitive, par goût du réel, on se résoudra à constater que rien n'a changé chez Nicolas Sarkozy. L'homme n'a jamais réussi à épouser le sens du sacré, à assimiler le sens tragique de l'Histoire, sinon lors de la parenthèse enchantée de 2007. Sa passion pour le ballon rond un soir d'élection où l'on demande au peuple français de se prononcer en dit long sur sa conception de la politique. Et à revoir cette séquence pour le moins indécente, on ne peut s'empêcher de penser qu'à l'expression de la souveraineté populaire à laquelle on le sent décidément hermétique, Nicolas Sarkozy ne se sent dans son élément que dans le sport. Le malheur est que ce sport a été transformé par la fameuse jurisprudence de l'arrêt Bosman où la libre circulation des joueurs a bouleversé la sociologie du football, au point que les entraineurs sont devenus des coachs, les présidents de club, des nababs du pétrole ou de la finance ; les agents de joueurs, des grands frères ; et les joueurs eux-mêmes des voyous tenant d'une main l'escort et de l'autre la Ferrari. Incompréhensible donc, à moins que Nicolas Sarkozy entende toujours devenir président mais de la Ligue 1. •
Théophane Le Méné (FigaroVox)
par Louis-Joseph Delanglade
Les élections régionales auront obligé la plupart des maîtres à penser, notamment dans les médias, à monter au front. Dans ce domaine, la palme revient incontestablement à notre chaîne radiophonique nationale, France Inter pour la nommer, dont la quasi totalité des journalistes, présentateurs et intervenants - jusqu’aux prétendus humoristes - auront entre les deux tours fait circuler la rhubarbe et le séné. On se contentera ici de l’essentiel, ce fameux « sept-neuf » (presque six millions d’auditeurs !) avec en maître de cérémonie M. Cohen. On a le privilège d’y entendre officier du lundi au vendredi les deux Grands Prêtres, MM. Legrand et Guetta : celui-ci pour l’Extérieur (« Géopolitique »), celui-là pour l’Intérieur (« L’édito politique »). Tous deux cultivés et intelligents, parfois brillants, mais qui restent des militants politiques utilisant l’antenne pour distiller leur idéologie et leurs utopies gauchardes.
Il fallait donc pour chacun des deux apporter sa pierre au concert de critiques en tout genre qui ont été formulées contre le Front National. M. Legrand a donc choisi de dénoncer « la plaie identitaire », bel exemple d’incohérence intellectuelle pour celui qui, après les attentats de janvier et de novembre, ne s’est pas privé de proclamer que les victimes avaient été choisies pour ce qu’elles étaient et représentaient. Mais, s’il admet une identité de la France, c’est « l’identité choisie d’une somme d’individus solidaires et libres ». Pour lui, « la Nation n’est que le cadre politique, historique et géographique d’une communauté qui a décidé de s’organiser autour d’une langue, de règles, de valeurs ». On ne saurait pousser plus loin les dérives d’une approche uniquement « existentialiste » qui nie les évidences les plus élémentaires et ne s’appuie au fond que sur le bon vouloir de chacun. M. Legrand est le digne héritier des utopistes et des aristocrates dévoyés du XVIIIe siècle : « sa » France est celle des bobos hors sol qui n’ont que mépris pour le pays réel.
M. Guetta, quant à lui, a choisi de transposer la situation française au niveau européen : « Il y a désormais, d’un côté, [l] les nouvelles forces d’extrême-droite et, de l’autre, les gauches et les droites » : comme L.R. et P.S. en France, droites et gauches européennes ont en commun l’essentiel, à savoir une approche favorable, malgré quelques nuances, de l’Union européenne, de l’immigration et de la mondialisation, ce qui les différencie de ceux qui se complaisent dans la « négation de la réalité ». Beau tour de passe-passe intellectuel. Est-ce nier la réalité que de constater la nocivité de l’Union partout où elle s’est substituée aux Etats, de rejeter une immigration débridée et agressive, de vouloir se protéger des méfaits d’une mondialisation dévastatrice ? M. Guetta n’envisage au niveau européen d’autre recours que l’union des gauches et des droites dans des « majorités de compromis » : retour à la case magouille. Paradoxe : le même Guetta brosse un tableau sans complaisance d’un « monde en état de panique » : Russie, Turquie, Proche-Orient, Inde, Catalogne, Ecosse, etc., partout communautés, peuples et nations exaltent leur identité et leurs spécificités. Et c’est dans ce contexte que nous devrions baisser la garde ?
On le savait, mais il n’est pas mauvais de le répéter : existe toujours ce parti de l’étranger, « Anti-France » de fait, où se retrouvent tous ceux qui nous dénient le droit à une identité historique plus que millénaire et qui souhaitent que la France se dissolve dans un Euroland quelconque. Merci à MM. Legrand et Guetta d’avoir, une fois de plus, su mettre les choses au clair. •
Les Lundis de Louis-Joseph Delanglade ce sont des réflexions - hebdomadaires (hors vacances) - sur l'actualité politique (politique intérieure et politique étrangère généralement alternées) qui synthétisent ou définissent les positions - la ligne politique - de Lafautearousseau.
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Ce sont là, nous a-t-il semblé, d'utiles et judicieuses réflexions, en ce lendemain du deuxième tour des régionales. Sans-doute, Jacques de Guillebon n'est pas sans attaches avec le FN, parti politique dont il traite ici. Ce n'est pas notre cas. Toutefois, les réflexions d'ordre interne auxquelles il se livre nous semblent avoir leur intérêt, même pour les royalistes que nous sommes, attentifs à la vie politique nationale. Mais plus importantes sont ses remarques sur les évolutions de la société française, du peuple français, ses rejets, ses aspirations, et le rôle nouveau joué auprès de lui par de nombreux écrivains ou intellectuels à la parole libérée. Voilà qui nous paraît, pour la France, autrement porteur d'avenir à moyen ou long terme que les résultats électoraux, au soir d'une consultation régionale par ailleurs particulièrement glauque. LFAR
Les Le Pen possédaient une manière de devise familiale, « je préfère perdre sur mes idées plutôt que gagner sur celles des autres », dont on peut dire que jusqu’ici elle ne leur avait pas trop mal réussi. Ils n’avaient en effet jamais gagné. Soit que l’époque leur fût trop contraire, soit qu’ils s’y fussent mal pris. Vaste sujet qui prêterait éminemment à une dissertation de Sciences Po en 2054.
Mais chacun sait que depuis au moins cinq ans, les choses ont changé. Le Front commence à réussir son pari de s’emparer un jour du pouvoir. Nombreux sont ceux qui s’en attribuent le mérite, au premier rang desquels Florian Philippot. Son discours social, nous dit-on, aurait rameuté les masses, et amorcé la stratégie de « dédiabolisation » du Front national. Pourtant, outre que ce discours avait été tenu longtemps avant l’arrivée de Florian Philippot, notamment sous la houlette d’Alain Soral et de Philippe Péninque au cours des années 2000, il n’a pas encore été prouvé que ce soit lui qui ait attiré les électeurs vers le parti.
Le succès du FN de ces dernières années est à mettre au crédit d’autres événements concomitants : d’abord, l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du mouvement, qu’elle a rajeuni de sa seule présence, et par où elle a prouvé qu’il y avait une continuité dynastique rassurante. Le Front national était destiné à s’inscrire longtemps encore dans le paysage, et elle fit immédiatement savoir qu’elle, contrairement à son géniteur, voulait le pouvoir, et le pouvoir seul. On ne peut le nier : le lien créé entre la famille Le Pen et le peuple français est le principal moteur du Front national. On ne donnerait pas cher d’une candidature de M. Philippot sous d’autres couleurs. Nicolas Dupont-Aignan est là pour en témoigner, à son corps défendant.
Seconde raison, plus importante encore, ce n’est pas tant le FN qui s’est dédiabolisé au long des dernières années que le peuple français lui-même qui s’est « diabolisé ». L’effet Zemmour a joué à plein, soutenu par la libération de la parole de nombreux autres écrivains ou intellectuels. Si le peuple français n’avait eu d’autre souhait que de sortir de l’euro et de retrouver du travail, il aurait très certainement voté Mélenchon en 2012, et pas Marine Le Pen. Peut-être inconsciemment, mais sûrement, les électeurs du Front national voient en Marine Le Pen la possibilité d’un changement d’époque. Avec elle, même s’ils ne savent pas trop comment, un autre monde naîtrait, enfin débarrassé des vieilles querelles, des magouilles d’appareils, et son coup de balai magistral débarrasserait le plancher de France des derniers politicards dont il suppose qu’ils ont vendu la France à l’immigré, aux élites mondialisés et à tous les maitres moralisateurs qu’il ne peut plus voir en peinture.
C’est là le fond de ce vote, et c’est en quoi Marion Le Pen, contrairement à ce qu’affirme Mme Lesneley, s’inscrit beaucoup mieux dans la stratégie globale du nouveau Front que Florian Philippot. Si celui-ci est « moderne », comme on nous dit, parce qu’il se serait rallié aux thèses anthropologiques des dominants, alors Marion Le Pen est « postmoderne », et possède une longueur d’avance sur lui vis-à-vis des électeurs. Leurs scores respectifs au premier tour des régionales témoignent un tout petit peu, après le vote au Congrès du parti de l’an dernier, de ce saut quantique qui existe entre l’énarque et la nièce.
Alors qu’on lui avait violemment reproché d’avoir ouvert la boîte de Pandore avec sa remarque sur le Planning familial, elle culmine à plus de 40%, faisant quasi jeu égal avec Marine Le Pen. Florian Philippot, lui, ne devra qu’au miracle d’une triangulaire son éventuelle victoire dimanche.
La société française a changé, et elle est lasse de ce nihilisme Charlie qu’on lui fait un devoir d’adorer. Comme si sa seule identité consistait à dessiner des culs et à boire en terrasse. Elle cherche manifestement d’autres atours à son identité, et il se pourrait que Marion Le Pen incarne à merveille, pour une fraction de la population grandissante, ce possible retour à soi.
Sortir du piège européen et mondialiste avec Florian Philippot, très bien. Savoir ce qu’est la France avec Marion Le Pen, c’est mieux. •
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Du côté des 'élites' « L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime » Chateaubriand (Lettre à Madame Récamier)
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La France, taraudée par la désacralisation (ou par un sacré sectaire devenu fou), a conservé des pâtisseries consommées à l'occasion de certaines fêtes catholiques. Parmi celles-ci le Mendiant de Noël, la Crêpe de la Chandeleur, et les Œufs de Pâques sont les plus connus. Il en existe bien d'autres. Chacune a une signification populaire pieuse. Parallèlement à cette signification, il en existe une autre, qui lui est complémentaire. Elle est d'ordre symbolique, et se rattache souvent à la tradition de l'alchimie médiévale. Ces traditions catholiques et provinciales doivent être conservées et expliquées. C'est un petit bois flottant auquel s'accrochent, sans bien souvent en connaître la nature, les Français ballottés par les tempêtes issues de la perte du sens du sacré. •
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