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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1248

  • Affaire Théo • Théo est en garde à vue : si l’on en tirait les leçons ?

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Cette excellente chronique [Boulevard Voltaire, 5.06] revient sur la désormais sulfureuse affaire Théo avec un talent, des aperçus perspicaces et justes, qui font, décidément, de Gabrielle Cluzel l'un des excellents auteurs et journalistes de sa génération. Laquelle, d'ailleurs, fort heureusement, en compte un nombre non négligeable. Tel Jean-Christophe Buisson que cite cette chronique. Il faudra suivre les publications de Gabrielle Cluzel avec attention comme nous en suivons et reprenons quelques autres avec cet esprit d'ouverture et de dialogue que Lafautearousseau pratique avec profit. C'est même là, nous semble-t-il, une condition du progrès, non seulement de nos idées, mais des idées de salut en général. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

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    « Aulnay-sous-Bois : Théo et ses frères en garde à vue », titre sobrement Le Parisien ce matin. Le célèbre slogan « Justice pour Théo » prend soudain une résonance sardonique. C’est en quatre lettres assassines – « Oups ! » – que le journaliste Jean-Christophe Buisson résume le sentiment général sur son compte Twitter.

    « Plusieurs membres de la famille de Théo et lui-même ont été interpellés ce mardi matin au domicile familial par les enquêteurs du SDPJ 93 et placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d’escroquerie aux aides d’État. » Bien sûr, jugement n’a pas été encore rendu. Bien sûr, comme le dit son avocat, il ne faut pas mélanger deux affaires qui n’ont « rien à voir ». Il parle de « coup médiatique ». De contre-coup médiatique, veut-il dire sans doute. De boomerang, qui vous revient en pleine face avec autant de force qu’il a été lancé. Car la vérité est que son visage ne ferait pas la une des journaux, cette affaire ne connaîtrait pas de plus grande notoriété que tous les dossiers s’entassant actuellement sur le bureau des juges français si Théo n’avait pas été, il y a quelque mois, ultra-médiatisé, veillé par le président de la République lui-même, canonisé santo subito, inscrit dans le martyrologe des nouveaux grands prêtres qui nous gouvernent, posé sur un virtuel piédestal avec une matraque policière, telle sainte Agnès portant les instruments de sa torture. Si son prénom – relayé à l’infini sans nom de famille, tel un adolescent de quand même 22 ans – n’était pas ainsi passé à la postérité.

    Il aurait été si simple, les blessures (bien réelles) du jeune homme constatées, de laisser faire, alors, le travail de la Justice, de regarder les enquêteurs démêler les responsabilités éventuelles des uns et des autres.

    Il aurait été si facile de se taire et d’attendre. De faire montre de prudence et de discernement… toutes choses aussi étrangères, il est vrai, à François Hollande qu’à moi le kitesurf et la danse rythmique sur patins.

    L’instrumentalisation de l’émotion est le principal outil de domination de la gauche, et elle n’a pas le temps de s’embarrasser de vérification, car le buzz est comme un soufflé : il n’attend pas. Une fois tombé, plus rien à en tirer. Il vaut bien qu’on lui sacrifie la vérité. Et lorsque celle-ci, à son train de sénateur, arrivera enfin, tout le monde s’en fichera, l’effet final recherché aura été atteint.

    On se souvient de l’affaire Sébastien Nouchet. En 2004, cet homme d’une trentaine d’années avait affirmé avoir été l’objet d’une agression homophobe. Il avait dit avoir été injurié, aspergé d’un liquide inflammable et brûlé. Tollé dans le pays. Des manifestations anti-homophobies furent organisées, Jacques Chirac, alors président, envoya une lettre de soutien à l’intéressé et à son compagnon. À l’Assemblée, une loi contre l’homophobie fut votée dans la foulée, sous l’impulsion du ministre de la Justice Dominique Perben, qui reconnut avoir été bouleversé par cette affaire : « Cette loi, c’est, au fond, quelque part, la loi Nouchet.». En 2007, un non-lieu définitif fut rendu dans cette affaire. Le parquet avait évoqué la possibilité d’une nouvelle tentative de suicide (par immolation), le plaignant dépressif en ayant, par médicaments, 19 à son actif. Mais la loi Nouchet est restée.

    Il n’y a pas eu de loi Théo, mais il pourrait y avoir une leçon Théo. Quand t’es président de la République, Théo… bligé de résister à la tentation de la sur-réaction et à la pression de ton service de communication qui flaire un bon coup. Théo… obligé de laisser les événements se décanter si tu ne veux pas courir le risque de discréditer ta fonction en même temps que ridiculiser ta personne. Au vu de récents événements, il n’est pas certain qu’Emmanuel Macron l’ait retenue.   

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Éric Zemmour : « Mélenchon, un indécrottable  représentant du monde ancien »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - La manifestation populaire du samedi 26 mai, organisée par la CGT et la France insoumise, n'a pas déplacé les foules. En cause, selon Éric Zemmour : Jean-Luc Mélenchon, qui reste figé dans sa stratégie.  [RTL 29.05]. Ce que l'on devra retenir, peut-être, de plus utile et de plus pertinent dans ce billet, c'est une exacte définition du personnage politique singulier qu'est Jean-Luc Mélenchon.   LFAR 

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Un échec. Un bide. Un ratage. Il n'y a pas de mots pour décrire l’impression laissée par la manifestation contre la politique sociale du pouvoir. L'année dernière, Mélenchon avait accordé un point à Emmanuel Macron. Cette fois-ci, il faudra qu'il lui accorde le set et le match.

    Jean-Luc Mélenchon a perdu une bataille et la guerre. Non seulement il n'a pas réussi à bloquer la réforme de la SNCF ; mais sa faiblesse est si manifeste que déjà, le pouvoir macroniste plastronne en préparant une nouvelle vague de réformes libérales. 

    Son changement d'attitude vis-à-vis de la CGT n'a rien changé. Son lyrisme historique, que ce soit avec la grande grève de 1995 contre le plan Juppé, ou le Front populaire de 1936, a laissé de marbre ses auditeurs. 

    Si le parti de Macron s’appelle en marche, celui de Mélenchon devrait s'appeler désormais « On ne marche pas ». Bien sûr, le leader maximo de la France insoumise cherchera noise aux médias et à leur présentation ostentatoire des violences ou de Macron grimé en nazi. Il sait mieux que personne que ce n'est là qu'excuses bidon de mauvais joueur.  

    Éric Zemmour

  • Marseille, mercredi 6 juin : une conférence à laquelle il est important d'assister. Et c'est ce soir.

     

    LIEU HABITUEL DE NOS CONFERENCES

    CONTACT :  provence@actionfrancaise.net

  • Espagne : trop peu de monarchie et excès de parlementarisme ...

    Pedro Sanchez et Mariano Rajoy aux Cortes

     

    En deux mots.jpg

    L'Espagne souffre des pires inconvénients de la démocratie dans un contexte qui leur confère une puissance destructrice extraordinaire. Voilà ce qui caractérise le plus clairement la situation espagnole et ses  tout derniers rebondissements dont les échos inquiétants nous parviennent de Madrid et de Barcelone.

    Ce n'est pas que Mariano Rajoy qui vient d'être renversé, aura été un grand chef de gouvernement. Il quitte le pouvoir accusé de participer des pratiques de corruption qui touchent et discréditent la totalité de la classe politique espagnole, indépendantistes catalans compris. Et même orfèvres en la matière.

    Rajoy a affronté la crise catalane avec une apparente rigueur, parfois avec fermeté, mais une fermeté toujours tardive et singulièrement insuffisante. Sa politique s'est limitée à la mise en œuvre des dispositifs légaux et constitutionnels à sa disposition pour faire face aux crises qui se sont succédé à Barcelone, sans jamais en traiter les causes - qui rongent la Catalogne et l'Espagne de longue date et qui les amènent au bord d'une crise majeure. 

    Est-il permis ou non d'enseigner la haine de l'Espagne à la jeunesse catalane, dès l'école primaire et jusqu'à l'université ? Les maîtres d'école, les professeurs des facultés y sont-ils autorisés ? C'est ce qu’ils font depuis deux ou trois décennies. Les grands moyens de communication ont-ils le droit de marteler la même haine à longueur de temps auprès de la population catalane ? Fallait-il laisser les séparatistes catalans déclarés s'emparer sans contrôle de tous les postes clé de la société catalane, alors qu'ils n'y sont pas majoritaires ? Et même l’eussent-ils été ? Enseignement, administrations, municipalités, moyens de communication : était-il raisonnable qu'ils soient autorisés à les « noyauter » et à les diriger sans partage ? En bref, fallait-il leur reconnaître la liberté de mettre la main sur tous les leviers de commande, à la manière des coups de force des minorités agissantes ? Il ne semble pas que Madrid s'en soit jamais souciée, qu’elle ait jamais prononcé la moindre interdiction, pris la moindre mesure. Elle en a les conséquences.

    Et ces conséquences sont celles du jeu démocratique lui-même, règle suprême du système espagnol. Les jeux parlementaires en particulier, car Mariano Rajoy a été renversé par une majorité de députés qui ne se sont trouvés d'accord que pour son éviction. Le jeune Pedro Sanchez qui lui succède à la Moncloa est le chef du parti socialiste, sorti très affaibli des dernières législatives nationales et bien incapable de former à soi seul une majorité. Il lui faudra nouer des alliances. Ce sera sans-doute avec les cryptocommunistes de Podemos, et, comme ça ne suffira pas, ce sera aussi avec les indépendantistes basques et catalans. Et ce sera donc au prix de concessions à eux consenties, dont on ne sait ce qu'elles seront... Ainsi, comme dans les années 30 du siècle dernier, les effets pervers du parlementarisme jouent-ils de façon déterminante contre l'unité de l'Espagne.

    65547f00b476e17b221c3050b0e33243-espagne-le-gouvernement-catalan-investi-fin-de-la-tutelle-de-madrid.jpgPedro Sanchez succède à Mariano Rajoy le jour même où Quim Torra est investi à Barcelone, place Sant Jaume, en tant que président de la Généralité. Son programme n’est pas de faire reconnaître les droits légitimes du peuple catalan à préserver et développer les riches facettes de son identité historique. Ces droits lui sont déjà largement reconnus et sont amplement exercés. Au delà du raisonnable, sans-doute. Son programme est de conduire la Catalogne vers une impossible indépendance.

    L'on sait en Espagne et ailleurs que la Catalogne ne sera très probablement jamais indépendante. Elle ne l'a jamais été dans l'Histoire et Madrid ne l'admettra pas. L’appartenance de la Catalogne à l'Espagne ne dépend pas d'un vote de circonstance qui pourrait être bientôt contredit par un autre. Elle est d'un ordre supérieur. Intangible autant que les choses humaines peuvent l'être.

    Voilà ce que pense l'Espagne et que personne n'a eu le courage de dire avec franchise et clarté aux Catalans.

    Pas même le roi. L'Espagne souffre en effet de trop peu de monarchie et d'un excès, sinon de démocratie, car le roi est la personnalité politique la plus populaire du royaume, du moins de parlementarisme.

    Sachons que ni la France ni l’Europe n’auraient intérêt à ce que l’Espagne, une fois de plus, s’offre le luxe délétère d’entrer dans de nouvelles convulsions.  ■ 

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • La tyrannie de l’image ... Selon Mathieu Bock-Côté

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    Mathieu Bock-Côté n'est pas à l'âge où l'on ronchonne, où l'on s'épuise à penser et à dire que « c'était mieux avant ». Mais il n'est pas non plus de ceux qui croient qu'il n'y a rien à faire, rien à opposer aux dérives de notre temps qui seraient comme une fatalité. Faut-il croire aux fatalités ? Cette chronique du Journal de Montréal [2 juin] est simplement un cri d'alarme. Elle signale le « désastre psychologique à grande échelle » à quoi conduit l'emprise infantilisante des réseaux sociaux. LFAR 

     

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    Le Devoir nous confirmait hier que Facebook, le réseau social iconique de notre temps, est de plus en plus largué par la jeune génération, qui préfère d’autres réseaux sociaux davantage centrés sur l’image et la vidéo.

    Concentration

    Certains n’y verront qu’une mode. On se lasse d’un réseau, on en adopte un autre. Ainsi va la vie dans une société qui a le culte du changement. 

    Mais il y a peut-être autre chose dans ce basculement, soit une régression infantilisante qui nous pousse à penser de moins en moins avec des mots et des concepts et de plus en plus avec des images en mouvement.

    Lire un statut Facebook, apparemment, c’est encore trop compliqué. Mais faire défiler des milliers d’images jusqu’à l’hypnose, c’est plus simple.

    Autre piste à suivre : notre société accélère sa démocratisation – illusoire – du star-system. Chacun veut mettre en scène sa vie, de manière glamour. Chacun veut briller, se vivre comme une vedette et sentir le désir de tous qui s’exprimera par la multiplication des « likes » et autres gratifications symboliques du même genre.

    La révolution technologique de notre temps crée les conditions d’une généralisation fascinante du narcissisme. L’individu n’habite plus le monde, mais son propre monde fantasmé et veut qu’on l’admire en permanence. On le voit avec la dépendance aux réseaux sociaux : la moindre alerte suffit pour que l’individu se jette sur son écran avec une réaction pavlovienne.

    Désespoir

    Mais avec cette obsession de la représentation, l’écart entre la vie virtuelle et la vie réelle se creuse. Entre l’image projetée sur les réseaux sociaux et la vérité d’une vie, on trouve de moins en moins de points de contact. Qui sait encore jouir d’une belle vue sans la gâcher par un selfie ? Et si une photo ne suscite pas assez de réactions, le désespoir vient vite.

    Un désastre psychologique à grande échelle nous attend.      

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).  

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Le « scandale Facebook » - dit aussi « scandale des données »

  • Vu du Maghreb [Maroc] : Pourquoi l’Algérie inquiète la France

    Marée de jeunes Algériens agglutinés devant les services consulaires français pour décrocher le visa-sésame ! © Copyright : DR

     

    Par M'Hamed Hamrouch

    Une analyse documentée publiée par notre confrère le journal marocain en ligne Le360 [28.05], analyse qui ne fait que confirmer la gravité de la situation algérienne et nos inquiétudes pour la France, souvent exprimées dans ces colonnes. LFAR   

    le360-2016.jpgL’Algérie compte le deuxième plus grand nombre de ressortissants en situation irrégulière en France et plus de dix mille Algériens sont interpellés chaque année par les services hexagonaux, alerte le directeur central de la Police aux frontières française, devant le Sénat français. Les raisons.

    Le malaise de la jeunesse algérienne parvient jusqu’aux rivages français. Et pour cause, «la jeunesse algérienne veut quitter l’Algérie et désire se rendre en France», s’inquiète le directeur central de la Police aux frontières française, lors d’une récente intervention devant le Sénat de son pays. 

    Les chiffres sont aussi alarmants qu’édifiants sur le haut degré de désespoir qui tenaille une jeunesse algérienne livrée en pâture au chômage (12,3%), à la faveur d’apparatchiks octogénaires toujours aux commandes d’un pays pourtant très riche en hydrocarbures (98% des exportations et 60% des recettes de l’Etat). 

    « L’Algérie compte le deuxième plus grand nombre de ressortissants en situation irrégulière» en France et «plus de dix mille Algériens sont interpellés chaque année», s’alarme le patron de la Police aux frontières française (PAF), exhortant les autorités consulaires françaises à «durcir les modalités de délivrance des visas pour les (jeunes) Algériens ». 

    Pour précision, le haut sécuritaire français répondait à la question d’une sénatrice d’origine algérienne, dénommée Samia Ghali, qui relevait «la difficulté de certains Algériens à se faire délivrer le visa». 

    « Beaucoup d’Algériens entrent légalement en France, mais ne quittent plus le territoire français », a rétorqué le patron de la PAF, expliquant que le directeur général des étrangers en France « suit ce dossier en personne ». 

    « Un grand nombre d’Algériens qui se rendent en France par voie maritime n’ont pas le visa», assène-t-il encore, appelant les autorités françaises concernées à «être extrêmement vigilantes quant à la délivrance des visas aux Algériens». «Nous avons proposé aux services consulaires français des formations car des demandeurs de visa peuvent l’obtenir en fournissant des documents falsifiés», a-t-il encore affirmé, estimant qu’«il existe en Algérie des opérations de trafic et de falsification évidentes ». 

    Aux origines du désespoir (algérien)

    « Le taux de chômage a augmenté de près de 1,5 point de pourcentage, en raison de la croissance léthargique du secteur hors hydrocarbures. Il était de 11,7 % en septembre 2017, soit un niveau plus élevé que celui de 10,5 % enregistré en septembre 2016 », a constaté amèrement la Banque mondiale dans son dernier rapport publié le 16 avril dernier concernant le suivi de la situation économique des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. 

    « Le chômage est particulièrement important parmi les personnes instruites, les jeunes et les femmes et, dans certains cas, tient au désir d’attendre de trouver un emploi dans le secteur formel », a relevé encore ce rapport qui démontre l’échec retentissant des dernières mesures prises par le gouvernement d’Ahmed Ouyahia. 

    Des bulles sonores sans aucun réel impact sur la société puisque rien n’arrête pour le moment la spirale du chômage, épargnant toutefois les enfants de l’oligarchie au pouvoir, notamment les fils de hauts galonnés accumulant des fortunes colossales sur les ruines d’une Algérie sans réelles perspectives en dehors de l’économie de rente, les passe-droits, le favoritisme et une corruption quasi institutionnalisée. Les fils de Gaid Salah (chef d'état-major de l'ANP), de Khaled Nezzar (ancien ministre de la Défense), du général "Tewfik", ex-patron du DRS (renseignement)... font partie de ces nouveaux parvenus de l'ère Bouteflika, au détriment de l'écrasante majorité des « fils du pauvre », pour paraphraser un titre du romancier Mouloud Feraoun. 

    Les images de milliers de jeunes Algériens souhaitant étudier en France et attroupés en novembre dernier devant l'Institut français d'Alger illustrent parfaitement le malaise de cette jeunesse abandonnée à son triste sort par un régime vorace, en rupture de ban et très peu soucieux de son peuple.  

    M'Hamed Hamrouch

  • La Une du Figaro de ce jour : un euphémisme révélateur en titre ... La crise migratoire est bien la grande affaire explosive !

  • Café Actualité d'Aix-en-Provence, prochaine réunion mardi 5 juin. A ne pas rater ... C'est ce soir !

       

    18 h 45 : accueil. Entrée libre.

    19 h : conférence et débat animé par Antoine de Crémiers

    20 h 30 : fin de la réunion.

    Participation sous forme de consommation.

    Consommations à commander et régler au bar en arrivant. Merci !

    Inscriptions et renseignements: 06 16 69 74 85

  • Réalisme et illusions

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    Mardi 29 mai, M. Macron réussit l’exploit de réunir à Paris les quatre hommes forts d’une Libye en principe libérée et certainement « exsangue » - à savoir les deux potentats de Tripoli et Benghazi et le président de chacune des deux assemblées de Tobrouk et Tripoli -, ainsi qu’une pléiade de représentants des deux douzaines de pays impliqués dans la crise libyenne et des organisations internationales (Onu et Ligue arabe notamment) : cela fait beaucoup de gens pour une discussion sérieuse et un accord solide.

    Tout ce beau monde a quand même souscrit, mais sans signer de document et avec quelques réticences pour certains, à l’organisation, le 10 décembre prochain, d’élections présidentielles et législatives « dignes de foi ». Cette espérance démocratique a de quoi laisser sceptique, étant donné l’état actuel d’un pays re-tribalisé et complètement morcelé. M. Macron n’aura eu en cas d’échec probable que le mérite d’essayer. Pour parler net, c’est à coup sûr un excellent « coup de com’ » mais guère plus. 

    sans-titre.pngLe lendemain, mercredi 30 mai, il prononce à la tribune de l’OCDE un discours qui tourne vite au plaidoyer utopique et idéologique pour la paix, le multilatéralisme et une mondialisation régulée. On a, presque en même temps, confirmation des nouvelles taxes américaines sur l’acier (25%) et l’aluminium (10%) importés d’Europe mais aussi d’ailleurs. Du coup, l’Union européenne porte plainte auprès de l’OMC et annonce des taxes de rétorsion ciblées et proportionnées - taxes à l’effet improbable -, tandis que Mme Merkel s’inquiète d’une « escalade » dangereuse pour tout le monde, mais surtout pour l’Allemagne dont les Etats-Unis sont le premier partenaire à l’exportation. Et que dit M. Macron ? Que la mesure américaine est « illégale » et que « le nationalisme économique  c’est la guerre ». Quelle est donc cette loi qui s’imposerait à la première puissance économique de la planète si celle-ci n’en veut pas et qui a jamais pu croire sérieusement que les relations économiques soient mutatis mutandis autre chose qu’une sorte de paix armée ? Sur ce coup, M. Macron semble faire preuve d’une grande naïveté, de peu de poids face à la froide décision états-unienne. 

    En revanche, jeudi 24 mai, à St Petersbourg, M. Macron avait su donner un exemple d’opportunisme et de réalisme conjugués. Pas d’effusions, ni illusions ni envolées oratoires, mais une longue discussion (1h de plus que prévu) avec M. Poutine. M. Macron espérait convaincre son hôte d’oeuvrer de concert pour un règlement de paix en Syrie et pour que s’ouvrent des négociations internationales avec l’Iran. Malgré les évidentes divergences que l’on sait entre Paris et Moscou, un accord a été trouvé qui répond aux intérêts des deux parties : concernant la Syrie, on admet que la Russie et ses « alliés » (Turquie et Iran) d’une part, le camp « occidental » (Etats-Unis, France et Grande-Bretagne, Arabie Séoudite et Jordanie) d’autre part sont bien contraints de s’entendre ; concernant l’Iran, on se fixe comme objectif un processus commun devant conduire à des négociations régionales dont le but serait de déterminer, voire de réguler, le rôle reconnu à Téhéran. La France joue là une belle carte diplomatique, tandis que la Russie voit son rôle conforté. 

    Ainsi, en moins d’une semaine, le chef de l’Etat aura, sur le plan international, montré ses qualités et ses faiblesses. On le voit tout à la fois obnubilé par les mêmes chimères à la mode que ses prédécesseurs immédiats et soucieux, selon le mot de M. Guetta, de « renou[er] avec la volonté d’indépendance gaullo-mitterrandienne ». Ce n’est pas de l’ambiguïté, c’est de la confusion : il lui faudra  bien en sortir, si possible par le haut.   

  • La France menacée de perdre son industrie

     

    Par Ronan Wanlin (mai 2018)
    Spécialiste d'intelligence économique

    Un article remarquable parce qu'il ne se contente pas d'analyser la situation désastreuse, mais parce qu'il formule un ensemble de propositions pour restaurer l’héritage industriel de la France.  C'est là un sujet qui touche à l'intérêt supérieur du pays 

     

    LogoOEG2.jpgL’industrie peut se résumer à l’ensemble des activités socio-économiques orientées vers la production en série de biens, grâce à la transformation de matières et à l’exploitation des sources d’énergie. D’un point de vue purement fonctionnel, l’activité industrielle est assurée par des entreprises évoluant sur deux terrains qui peuvent se superposer ou au contraire s’opposer : le terrain de l’économie, et un terrain plus politique. 

    Exemple concret : un pétrolier comme Total évolue sur le marché du pétrole et de l’énergie à échelle mondiale et se trouve représentant de facto d’intérêts français et doit donc rendre des comptes à la France

    Il faut être clair, précis, et surtout lucide. La mondialisation n’est pas heureuse. Le vaste marché autorégulé n’a jamais existé, » la main invisible » du marché d’Adam Smith n’a pas gagné. La mondialisation est en revanche une réalité, et la stopper peut être considéré, à tort ou à raison, comme une utopie. Un pragmatisme nécessaire oblige à prendre en compte cette réalité : les échanges et les flux sont mondiaux, ainsi que le sont, par définition, les rapports entre les Nations. Il appartient donc à la France d’exister, de reconstruire et d’affirmer sa puissance dans cette mondialisation. A ce moment seulement il sera opportun de discuter d’un autre système politico-économique mondial : on n’impose aucune vision sans puissance. Il faut ainsi penser à l’accroissement de puissance par l’économie. L’activité industrielle est donc un secteur clef privilégié pour penser cet accroissement de puissance.

    Une situation désastreuse

    Mais, la situation industrielle française est hélas désastreuse, et le rôle du politique est réduit au minimum. À vrai dire, d’un État traditionnellement colbertiste, la France est passée à un État régulateur; et encore cela est-il de plus en plus vague.

    Le constat est sans appel : il y a encore quelques dizaines d’années, l’industrie représentait 20% du PIB, aujourd’hui elle n’en représente que 10% ! Fermetures d’usines, restructurations, plans sociaux, faillites, rachats par des entreprises étrangères, en dix ans environ, la France a perdu 850.000 emplois dans l’industrie, et la part de marché mondiale des exportations françaises a fondu de 40% depuis 15 ans. C’est l’échec d’un modèle économique qui ne sert plus la puissance française et qui a choisi l’automatisation et les délocalisations. On peut parler de désindustrialisation.

    Afin de protéger au mieux les PME française, certaines pistes sont à explorer. Adoption d’un « Buy French Act » sur le modèle du « Buy American Act », c’est à dire réserver une large proportion d’achats publics (75% minimum) aux entreprises produisant encore en France lors des marchés publics ; ou encore la valorisation du « Made in France » par un étiquetage rigoureux tout en renforçant le développement des labels régionaux. Les pistes ne manquent pas. La France devrait également reconnaître et favoriser ses intérêts en abrogeant par exemple la traduction française de la directive européenne sur les travailleurs détachés qui légalise le travail à bas prix (low-cost) , la concurrence déloyale des pays européens de l’est et du sud, et qui pèse à la baisse sur les exigences des conditions de travail.

    Le cas d’Alstom

    Des cas concrets parlent mieux que des chiffres et à ce propos, le cas d’Alstom est emblématique. Il permet de comprendre le monde dans lequel évoluent les acteurs industriels, mais également ce que représente l’industrie pour l’indépendance, l’autonomie, la résilience française.

    En 2015, Alstom a été racheté à 70% par le géant américain de l’énergie General Electric. En effet, les Etats-Unis faisaient pression sur Alstom, impliqué dans des affaires de corruption dans le monde, en utilisant son « Foreign Corrupt Practices Act » qui permet aux Etats-Unis de juger n’importe quelle société ayant un lien avec eux (via l’utilisation du dollar par exemple). Or, le nucléaire représente 75% du mix énergétique français. Dans le processus de production énergétique, Alstom Energie fournissait la turbine Arabelle, qui est une technologie indispensable, on parle de technologie industrielle critique. Outre un très complaisant transfert de technologie, c’est une perte de savoir-faire immense, qui pose un double problème stratégique : commercial et décisionnel, puisque c’est tout le parc énergétique français qui pourrait se retrouver sous le coup d’un embargo américain sur la fourniture de pièces de maintenance des dites turbines. La France a donc perdu un pan entier de souveraineté énergétique, un leader national dans le commerce de l’énergie nucléaire et sa future capacité à exporter son savoir-faire.

    Les entreprises françaises évoluent sur un marché mondial asymétrique. Les Etats-Unis se sont dotés d’un arsenal de guerre économique, à la différence de la France et les pays de l’Union européenne.

    En l’espèce, l’État français n’a pas assuré son rôle de stratège : il n’a pas détecté - ou il ne l’a pas voulu- la menace qui pesait sur Alstom, ni les conséquences qu’un rachat entraînerait, et il n’a donc pas assuré la survie d’une entreprise stratégique.

    Une guerre économique mondiale

    Autre leçon de l’affaire Alstom : les industries portent des savoir-faire qui sont à la fois des outils concurrentiels, et donc des sources de richesses, mais aussi des leviers stratégiques internationaux. Lorsqu’une entreprise française est la seule à produire des biens avec une haute technicité, la France peut assurer son exportation mondiale. L’exportation de produits français est un atout diplomatique majeur permettant de peser sur ses clients. En 2003, devant le refus français d’intervenir en Irak, les Etats-Unis avaient décidé un embargo sur la France en ce qui concerne les matériels militaires, nous privant ainsi des catapultes utilisées sur le Charles de Gaulle pour lancer nos avions de guerre. La France perdait ainsi sa capacité de projection militaire dans le monde. C’est de cela que nous sommes privés aujourd’hui : d’une capacité à être résilients, à peser dans le monde à travers nos savoir-faire industriels.

    L’industrie française donc est ballotée au grès des courants d’une guerre économique mondiale qu’elle ne domine pas. Aux États-Unis, l’industrie est considérée comme un enjeu de sécurité nationale. Des empires industriels ont ainsi réussi à mettre au pas les entreprises en leur faisant comprendre qu’un pays fort profite nécessairement aux industries fortes et vice versa. Il faut donc comprendre l’asymétrie implacable qui règne. Sans cela, rien n’est envisageable. Il faut ensuite doter notre politique industrielle d’une vision, qui sera servie par diverses actions que j’exposerai ensuite. Cette vision s’appuie sur un postulat de base indispensable : l’intérêt national.

    La France devrait mener sa politique industrielle dans une double logique : une logique d’accroissement de puissance ainsi qu’une logique sociale et écologique.

    Accroissement de puissance donc. Il faut penser cet accroissement notamment à travers l’économie, ce qui implique une subordination de l’économie au politique. Un exemple simple : la Russie qui a développé sa puissance notamment autour du gaz qui lui assure non seulement une source de richesses, mais également des éléments de puissance diplomatique et militaire. Pour cela, nos industries doivent être concurrentielles afin de se positionner au mieux dans leurs secteurs respectifs. Le politique doit donc prendre en compte les intérêts stratégiques des entreprises. Enfin le politique se doit de prendre en compte et d’anticiper le contexte diplomatique.

    Des solutions visant à satisfaire cette vision sont nombreuses. Il serait nécessaire, par exemple, d’entamer une troisième extension de la protection des domaines sensibles, laquelle est prévue initialement par le Traité de Rome, mais réservée qu’aux domaines régaliens, élargis par Arnaud Montebourg aux transports et à l’énergie. Protéger les entreprises en matière de propriété intellectuelle, lutter contre la contrefaçon qui détruit 30.000 emplois par an sans compter les effets indirects à moyen et long terme s’avère également nécessaire ; tout comme mettre en place un système d’actions préférentielles pour protéger les entreprises stratégiques des prises de contrôle étrangères. Pourquoi même ne pas considérer un droit de réquisition de ces entreprises stratégiques en cas de rachat étranger ?

    Redonner la main à l’État

    Le secteur industriel a besoin de main d’œuvre et de matière grise. L’exonération de charges pendant cinq ans sur le recrutement en CDI d’un chômeur longue durée (1,2 million selon l’INSEE) permettrait justement au secteur industriel de recruter à des prix raisonnables. Surtout, parce qu’une vision stratégique implique d’avoir des coups d’avance, il faut favoriser la Recherche et Développement (R&D), en la faisant passer de 2,2% à 3% du PIB.

    En Allemagne, la R&D atteint 2,9% du PIB. De manière urgente, la France se doit de développer de nouvelles sources d’énergie comme l’hydrogène, car l’uranium sera épuisé dans 60 ans, ainsi que le stockage de l’énergie. De même il nous faut renforcer et développer de nouveaux secteurs sur lesquels nous pourrons développer des positions d’excellence, tels que l’économie de la mer ou de l’espace. Le monde connaît un tournant technologique et maitriser l’intelligence artificielle, travailler sur les utilisations de l’ordinateur quantique et des supercalculateurs est d’une grande importance.

    Les propositions ne manquent pas. En revanche, les lois issues de la législation de l’Union européenne, notamment celles régissant le marché intérieur, s’opposent à toute forme de d’intervention étatique, et de valorisation des produits. De même, le TTIP et CETA ne laissent pas présager une amélioration en ce sens.

    Un autre obstacle à la revalorisation de nos filières industrielles est l’idéologie. La vision libérale de la mondialisation prétendument « heureuse » semble occuper la tête de la plupart des dirigeants politiques, les privant de toute volonté nationale. Emmanuel Macron expliquait lors de la vente d’Alstom à General Electric que l’Etat n’avait pas à intervenir dans une relation entre deux entreprises privées. Pourtant, l’État, garant de l’intérêt général, ne devrait -il pas suppléer aux circonstances en ce cas ?

    Même s’il faut saluer quelques initiatives qui vont, au moins partiellement, dans le bon sens comme la récente loi Sapin II, la loi sur le secret des affaires ou encore la commission d’enquête parlementaire sur les décisions de l’Etat en matière de politique industrielle, la situation avance trop lentement. A côté de propositions techniques, il est nécessaire de restaurer la primauté de l’intérêt national et de l’accroissement de la puissance par le levier industriel. Il s’agit tout à la fois de restaurer cet état d’esprit, mais aussi de redonner la main au politique, c’est à dire à l’État-nation.

    En vérité, la mondialisation-globalisation et l’autorégulation du marché sont le vieux monde. A contrario le nouveau monde est celui de ceux qui ont compris que la scène mondiale reste faite de rapports de forces. C’est pourquoi, il faut défendre avec lucidité – et restaurer - l’héritage industriel de la France.  ■ 

  • Où le site Atlantico soulève une vraie question .. A méditer ...

     

    « L'Allemagne est critiquée de toute part en Europe pour sa politique économique. A tel point que derrière la question de la sortie de l'Italie de la zone euro pourrait pointer celle de la possibilité d'une sortie de l'Allemagne.»

     

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    Dimanche 3 juin 2018
  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Société • Charles Saint-Prot : Mai 68 la révolution des imbéciles

     

    L'invité de Yannick Urrien *

    Pour l'équipe de Lafautearousseau, l'occasion de retrouver un ami de longue date, avec qui nous partageons de riches expériences, et qui nous est cher. LFAR

    Charles-Saint-Prot-810x579.jpg...Charles Saint-Prot : « Mai 68, c’est la destruction de nos sociétés traditionnelles, c’est la destruction des nations et c’est l’individualisme. » En finir avec le mythe soixante-huitard pour remettre les idées à l’endroit…

    Charles Saint-Prot est docteur en science politique, universitaire, habilité à diriger des recherches (HDR) et directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques. Il fait partie des rares intellectuels qui ne s’en laissent pas conter sur les prétendus « apports de Mai 68 » et qui osent le dire. Son dernier ouvrage n’est guère tendre à l’égard de ce qu’il qualifie de « chamboulement abject, un mouvement littéralement antisocial conduisant à l’institution d’un individu abstrait livré à la domination du Marché mondialisé… ». Il souligne : « Sous couvert d’un gauchisme de façade qui ne fut rien d’autre que la maladie sénile du crétinisme, Mai 68 fut le terreau d’un nouveau totalitarisme qui s’épanouit aujourd’hui avec un rare cynisme. Moins qu’une révolution, ce fut le début d’un long processus de pourrissement, de renversement des valeurs ». Charles Saint-Prot répond aux questions de Yannick Urrien.

     

     

    Kernews : Pour ce cinquantenaire, vous publiez un livre intitulé « Mai 68 : la révolution des imbéciles ». Franchement, vous n’y allez pas avec le dos de la cuillère…

    Charles Saint-Prot : Oui, mais ce titre correspond bien à la réalité ! Je mène depuis des années une réflexion sur la politique nationale, puisque j’ai écrit « La pensée française » ou « l’État-nation » et je suis très excédé par la commémoration de ces événements qui marquent le déclin de la France. Il fallait qu’un certain nombre de gens tapent sur la table en disant que cela suffit. Il faut en finir avec Mai 68, qui était une révolution de dupes et d’imbéciles où la piétaille était totalement manipulée, ce qui est d’ailleurs le cas d’à peu près toutes les révolutions. La Révolution française était manipulée on sait par qui, tout comme la Révolution russe. Et Mai 68 a été organisé par les États-Unis et par Israël pour punir la France gaulliste d’avoir une politique d’indépendance nationale. Je l’ai écrit plusieurs fois et je n’ai jamais été démenti. Souvenons-nous qu’en 1967, le général De Gaulle avait pris la position que l’on sait pendant la guerre des Six Jours entre Israël et les Arabes. C’était le renouveau d’une politique arabe de la France, et De Gaulle c’est aussi le discours de Phnom Penh ou le discours du Québec. C’est une France debout qui s’est affirmée et je crois que les États-Unis et Israël ne veulent pas de cette France debout. Ils ont manipulé ces événements de Mai 68 avec la complicité de Daniel Cohn-Bendit et autres… Ce Cohn-Bendit est adulé par les journalistes qui l’appellent Dany, en le tutoyant, mais ce monsieur a quand même dit que le drapeau français était un torchon qu’il fallait brûler. Il est allé pisser sur la tombe du Soldat inconnu à l’Arc de Triomphe ! Il faut que les Français se souviennent que c’était la haine de la France qui s’exprimait en Mai 68, avec la manipulation de pauvres imbéciles qui ont servi de piétaille. Il est temps de dénoncer cette supercherie et de dire ce qu’était Mai 68 : un complot anti Français, mais aussi une dégradation de toutes les valeurs. À partir de Mai 68, il y a eu un recul intellectuel et moral des forces traditionnelles et, aujourd’hui, ce sont les idées de Mai 68 qui sont au pouvoir, avec la destruction de la famille, la destruction de l’autorité, la destruction de l’État et la destruction du travail. Ce sont ces idées qui ont gagné. C’est comme un cancer ! Cela a mis 50 ans à s’infiltrer et vous avez même un président de la République qui commémore cet événement avec Daniel Cohn-Bendit… On ne peut pas traiter la France avec plus de mépris !

    Vous expliquez qu’il est temps de tourner la page de Mai 68, mais on ne peut plus vraiment faire marche arrière…

    Il faut se battre et dénoncer le mythe de Mai 68 ! Ce n’était pas une révolution du bonheur et des libertés. Il faut en finir avec toute cette utopie de Mai 68 et ces slogans idiots sur les libertés car, aujourd’hui, la seule liberté, c’est celle du fric roi et de l’ultralibéralisme. On est passé du col Mao au Rotary, comme le dit Guy Hocquenghem. Mais, à côté de cela, il y a toutes ces idées qui sont encore présentes. Il ne faut pas baisser les bras, mais contester des idées qui sont des idées de mort. Cet ignoble Cohn-Bendit en est l’image typique. Entre les soixante-huitards et le libéralisme, c’est la même idéologie, je parle de l’ultralibéralisme à la Macron, c’est-à-dire ce mondialisme qui veut détruire les nations. Ce qui unit les ultralibéraux, Monsieur Cohn-Bendit et toute cette clique de gauchistes soixante-huitards, c’est la haine de la France, la haine de la tradition et la haine de l’identité française. Les Français doivent se réveiller, parce qu’ils sont un peuple qui n’est pas destiné à mourir et qui n’est pas destiné à supporter la dictature de ces gens-là.

    Votre principale critique de Mai 68 porte sur la création de ce citoyen de nulle part : n’est-ce pas un effet naturel de la mondialisation, puisqu’on le retrouve dans toutes les grandes capitales ?

    Oui et non, parce que je ne sais pas si on le retrouve réellement en Russie, en Chine ou en Turquie, y compris dans les classes dirigeantes… Je peux vous citer de nombreux pays où cette idéologie a été moins prégnante. Je pense que les Français, qui ne sont jamais en retard d’adhérer aux idées les plus loufoques, sont malheureusement au premier rang dans ce domaine. Mai 68, c’est la destruction de nos sociétés traditionnelles, c’est la destruction des nations et c’est l’individualisme. C’est la préparation à ce citoyen de nulle part, cosmopolite. On prépare ce monde de robots que prédisaient des gens comme Bernanos ou Saint-Exupéry : c’est-à-dire de parfaits abrutis consommateurs qui sont propres à adhérer à toutes les billevesées de la mondialisation, qui n’est pas, bien entendu, une mondialisation heureuse. Il faudrait être bien naïf pour croire que cette mondialisation est heureuse. C’est une mondialisation qui met sur le carreau les plus faibles, les professions les plus traditionnelles, comme les agriculteurs. Donc, c’est une mondialisation qui ne vise qu’à détruire les Nations, après avoir détruit l’État qui est quand même le protecteur des Nations. L’État est au service du bien commun, à condition d’être dirigé par des gens dignes de ce nom. L’État est là pour remettre de l’équilibre dans les choses et pour faire passer de l’équité dans les choses. Ce n’est pas le cas du système ultralibéral où le pauvre est libre de crever et le riche libre de s’enrichir.

    C’est un paradoxe de constater que la conséquence de Mai 68, c’est la puissance de l’argent…

    Bien entendu et c’est là que l’on s’aperçoit vraiment de la supercherie de ces événements. Les révolutionnaires ont donné l’impression d’être contre les forces de l’argent, alors qu’ils ont méthodiquement, par leurs idées de destruction, préparé le règne de l’argent roi.

    On célèbre Mai 68, mais dans les médias, comme dans l’opinion publique, on n’est plus dans l’idolâtrie…

    Je ne sais pas. Je me souviens quand même d’un président de la République, Nicolas Sarkozy, qui a dit que le problème de la France c’est Mai 68 et qu’il fallait sortir de Mai 68 ! Je me demande toujours si la haine qu’il a suscitée n’est pas due à cette phrase… Il a remis en question le saint évangile soixante-huitard… Nicolas Sarkozy, qui peut avoir des défauts, a quand même eu de grands moments : le discours du Latran, où il explique que le curé est plus important que l’instituteur, parce qu’il est porteur de valeurs éternelles, et sa critique de Mai 68. Je pense que ces deux discours peuvent expliquer beaucoup de la haine qu’il y a contre Nicolas Sarkozy, parce qu’en réalité il avait mis le doigt sur deux choses fondamentales. Aujourd’hui, je n’entends pas formuler par la classe dirigeante une critique très acerbe de Mai 68, y compris dans ces mouvements dits de droite ou d’extrême droite, qui sont d’un silence absolu sur cette question… Il y a un vrai problème. Bien sûr, le pays réel existe, il y a une grande partie des Français qui n’adhèrent pas du tout à cette idéologie et à cette destruction de notre Nation et de notre société. Mais ces Français ont peu la parole et ils ne sont pas, ou peu, représentés. C’est le vrai problème. Il est temps que les Français se réveillent, parce que l’on ne peut pas laisser ce piège diabolique conçu par Monsieur Macron qui nous refait le coup des gaullistes avec les communistes, puisqu’il dit qu’entre Mélenchon et lui, il n’y a rien. Mélenchon est un fou furieux, probablement très dangereux, et il est très facile de dire qu’entre les deux il n’y a rien… Bien entendu, personne n’a envie de faire le choix impossible. Il faut que les Français se réveillent et retrouvent les vraies valeurs, celles de la Nation et de la société. C’est là-dessus que l’on pourra rebâtir quelque chose et non sur des combines politiciennes qui ne sont, d’ailleurs, que de l’écume. 

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    « Mai 68 : la révolution des imbéciles » de Charles Saint-Prot est publié aux Éditions de Flore. En vente à la librairie de Flore [5 € - 20 p.]

    * La radio du littoral de Loire Atlantique - Kernews

  • Littérature • Lire avec Léon Daudet

     

    2293089609.14.jpgIl peut aussi paraître de plutôt bonnes recensions dans Les Echos. Comme celle-ci qui restitue un peu du fabuleux écrivain, polémiste, homme politique, que fut Léon Daudet. Injustement oublié il est vrai par le plus grand nombre. Son souvenir reste vivant dans les milieux d'Action française. Trop rares sont ceux qui l'ont lu. Mais redisons-le : point de culture sans lecture.  LFAR

     

    sans-titre.pngPlus grand monde ne lit aujourd'hui Léon Daudet, qui traîne derrière lui une réputation sulfureuse, et méritée, de polémiste réactionnaire, voire d'extrême droite. Le fils d'Alphonse Daudet avait pourtant une plume déliée et un sens de la critique que ses contemporains admiraient et redoutaient à la fois. Nous en avons un excellent exemple dans cette collection de textes parus entre 1927 et 1929, republiés aujourd'hui par les éditions Séguier, jamais en reste lorsqu'il s'agit d'allier originalité et audace. Il y a dans les auteurs choisis par Daudet des gens qui sont de nos jours de presque parfaits inconnus. Heureusement, on trouve aussi en grand nombre des noms fameux, de Shakespeare à Flaubert. Quand il restait sur les terres des lettres, ce lecteur compulsif oubliait ses préjugés idéologiques, comme le rappelle Jérôme Leroy dans sa préface, rapportant ce mot étonnant de la part de ce nationaliste forcené: «La patrie, je lui dis merde quand il s'agit de littérature." Daudet est remarquable dans ses exercices d'admiration comme dans les descentes en flammes qu'il réserve à quelques gloires. Palme de l'hommage le plus ému et le plus vrai: les propos sur Marcel Proust, déjà son ami de vingt ans quand celui-ci obtient le prix Goncourt pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs. Le journaliste voit aussitôt dans À la recherche du temps perduun chef-d'oeuvre de la littérature française du xxe siècle. Il le présente avec justesse comme «une fresque composée de miniatures, si paradoxal que semble ce rapprochement de mots». Même s'il note, avec un brin de misogynie très répandu à l'époque, que cette oeuvre géniale et touffue ne conviendrait sans doute pas «aux demoiselles dont on coupe le pain en tartines". Parmi les gloires incontestables aux yeux du royaliste rallié à l'Action française de Maurras figure, au sommet, Cervantès, mis sur le même plan que Shakespeare. Homme de goût avant tout, Daudet doit convenir que le décadent Baudelaire est un poète incomparable, gâché par ses addictions, tandis que l'époux malheureux de la petite-fille de Victor Hugo n'arrive pas à cacher une certaine réticence face aux envolées de La Légende des siècles.

    La dent du pamphlétaire

    Le ton monte encore d'un cran à l'évocation de Flaubert, qu'il dépeint en romancier emprunté comme un ado: «Sa vie ne fut qu'une longue puberté, avec les tourments, les erreurs, les boutons et les rêveries décevantes de cette crise sexuelle qui perturbe la sagesse et l'originalité enfantines." Ce n'est rien toutefois à côté des moments où le pamphlétaire aux 130 livres a la dent vraiment dure. Le traitement réservé à Zola en donne un échantillon: «Quand Hugo disait de Zola que le pot de chambre lui masquait le ciel étoilé, il avait parfaitement raison», tranche Daudet. Il lui reproche son «goût maladif du laid et du triste» attribué à sa personnalité de «sensuel déçu». Pour finir - et l'achever! - il conclut: «On ne peut le lire qu'à quatre pattes.» Mais ce bouillant démolisseur d'icônes était également un découvreur: il fait connaître à ses compatriotes Robert Louis Stevenson, repère le jeune journaliste Joseph Kessel, signale avant tout le monde l'immense talent de Paul Morand. «L'esprit véritable, soudain, en fusée et en flèche, est une détente indispensable à la causerie", observe-t-il dans ses notes. De fait, Daudet a un don incomparable pour détendre et faire causer.  H. G