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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1252

  • Théâtre & Cinéma • Adieu Rochefort !

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    par François-Xavier Ajavon

     

    ajavon_francois_xavier.jpgLa mort n’est pas sympa. On avait pourtant dit à la Camarde qu’elle pouvait emporter n’importe qui, mais pas Jean Rochefort. Approchant les 90 ans, il donnait l’illusion d’être immortel, à l’instar de ses moustaches qui ont imprimé leur marque pour l’éternité dans l’imaginaire des Français. Ce long visage, ce long nez, ce sourire malicieux, cette silhouette élégante, ce regard moqueur où passaient parfois quelques cumulonimbus de mélancolie, tout le monde les connait. Rochefort faisait partie de la bande d’amis, il était membre de la famille, il faisait partie du décor. Non, la mort n’est vraiment pas sympa…

    Manque le grand Claude Rich

    Chacun son Rochefort. Le mien passe d’abord par Le Crabe-tambour (1977), chef d’œuvre de Pierre Schoendoerffer où l’acteur incarne un officier supérieur de la Marine qui, rongé par un cancer, fait une dernière mission en mer à la tête d’un escorteur d’escadre.

     

     

    Rochefort, habité par ce personnage de militaire hanté par son passé et « sa » guerre d’Indochine, donne toute la mesure de son talent, tout en profondeur et avec une gravité toujours pleine de grâce. Dans ce film, il donne notamment la réplique au grand Claude Rich, disparu aussi cette année. Il ne reste plus grand monde sur le pont du Jauréguiberry… Ah ça non, la mort n’est vraiment pas sympa…

    Les années Giscard

    Mon Rochefort c’est aussi bien entendu celui d’Yves Robert. L’inoubliable Étienne Dorsay d’Un éléphant ça trompe énormément (1976), emporté par un tourbillon romantique dans le sillage de l’irrésistible Anny Duperey. On retiendra plusieurs images de ce film : celle de Jean Rochefort fumant avec nonchalance sur le toit d’un immeuble, obligé de fuir l’appartement de son amante à l’arrivée du mari ; celle de l’acteur – qui était un fin cavalier – aux prises avec un équidé récalcitrant ; celle enfin de Rochefort parmi la bande de copains la plus célèbre de l’histoire du cinéma, entre Bedos, Brasseur et Lanoux. Un film qui est une excellente comédie, que nous devons à la plume de Jean-Loup Dabadie, mais aussi un témoignage plein de grâce et de poésie sur la France des années 1970, ses mœurs, son esthétique, son âme. Et Rochefort incarnait à merveille ces années Giscard…

     

     

    La Régence avec Noiret

    Mon Rochefort c’est aussi l’abbé Dubois de Que la fête commence (1975) de Bertrand Tavernier. Dans ce film en costumes, narrant une tranche de la Régence autour du personnage complexe de Philippe d’Orléans – Rochefort incarnait un premier-ministre dévoré d’ambition qui jouait sa propre partition dans l’ombre du Régent. L’acteur réussissait l’exploit de n’être pas écrasé par les acteurs de poids, et amis, à qui il donnait la réplique : Noiret et Marielle. Avec son jeu plein de finesse, Rochefort arrivait même à nous intéresser à son personnage – sombre et antipathique. Il arrivait à nous faire toucher ce que Dubois avait de touchant et d’humain, derrière le masque grimaçant des ambitions.

     

     

    Il y aurait tant d’autres films à citer. Il ne faudrait pas négliger le très subtile Ridicule(1996) et Tandem (1987) de Patrice Leconte.

     

     

    De Winnie à Don Quichotte

    Il ne faudrait pas oublier que Rochefort a été à l’aise dans le registre cap et épée, tout autant que dans le film d’aventure ou historique. Pour toute une génération (la mienne) c’est aussi un monsieur qui venait chaque dimanche dans le poste de télévision pour présenter Les Aventures de Winnie l’ourson. Et – entre Winnie et Bouriquet !  – l’acteur parvenait à toujours conserver une grande élégance. Ce qui est une gageure. 

    Gardons une ultime image : celle de Rochefort en Don Quichotte au début des années 2000. On connaît le destin du film-fantôme de Terry Gilliam, frappé par mille malédictions. Avec sa longue silhouette et son visage émacié Rochefort incarnait à merveille le personnage de Cervantès.

     

     

    Il semblait faire corps avec lui. Il nous reste de ce tournage avorté un making-of troublant, où l’acteur devenait peu à peu Don Quichotte, habité par sa folie, sa naïveté et son espérance. Aujourd’hui les Français perdent un copain, un père, un frère, un proche parent. Ah ça non, la mort n’est vraiment pas sympa… 

    François-Xavier Ajavon

  • Ça continue à grimper pas mal sur Lafautearousseau !

     

    Courbe du nombre de visites - Période du 30 septembre au 6 octobre 2017 

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  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Famille de France • Le prince Jean de France à l’inauguration de la foire Saint Denis à Dreux

     

    Le samedi 7 octobre, Son Altesse Royale, le prince Jean de France, duc de Vendôme, a inauguré avec le maire de Dreux, Gérard Hamel, la 838ème édition de la foire Saint-Denis.

    En l’année 1179, la foire Saint-Denis est ouverte grâce au Comte Robert 1er de Dreux (fils du roi Louis VI « Le Gros »). Elle devient alors l’une des foires les plus importantes du royaume de France.

    Elle est aujourd’hui encore un rendez-vous incontournable de l’activité commerciale du pays drouais. (Photo Jean Cardoso)  

    La Couronne

  • Histoire & Patrimoine • Louis-Philippe et le château d’Eu

    Le roi Louis-Philippe, la reine Victoria et le prince Albert

     

    Voici un plaisant et intéressant webdocumentaire intitulé « Un temps d’avance », réalisé par Maxime Patte et son équipe.

    Maxime Patte est professeur d’histoire-géographie à Chantilly. Sa série de documentaires est diffusée sur internet, à destination du grand public et de ses élèves.

    Le dernier numéro, que voici, disponible depuis quelques jours, est consacré à Louis-Philippe et au château d’Eu.  

     

     

    Signalons que le théâtre de la ville d’Eu présentera prochainement un autre aspect de la Monarchie de Juillet. Le Mardi 17 octobre à 20h, sera joué « Lacenaire et le Journal d’un condamné », spectacle de La Clique des Lunaisiens. Cette compagnie était déjà à l’origine de « Votez pour moi », un très bel événement, fondé sur le répertoire de chansons politiques du XIXe siècle, joué à Eu la saison dernière.

    « Lacenaire et le Journal d’un condamné » fait revivre les textes de ce singulier personnage, guillotiné en 1836. Particulièrement actif durant le règne de Louis-Philippe, Pierre-François Lacenaire fut à la fois criminel sans pitié et poète, auteur de mémoires, poésies, tragédies et chansons.

    Les réservations et renseignements sont à prendre auprès du Théâtre du Château : sur place, les mercredi et jeudi de 14 h 30 à 17 h 30 et le vendredi de 10 h à 13 h et de 14 h 30 à 17 h 30 ; par téléphone au 02 35 50 20 97 ; ou par courrier adressé au Théâtre du Château, place Isabelle d’Orléans et Bragance, 76260 EU.

    (Remerciements à Antoine Lazinier)

  • Livres • « Antoine Mauduit, une vie en résistance »

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    La biographie d’un résistant influent mais méconnu qui fit entrer Mitterrand en résistance et qui fut l’un des premiers fondateurs de maquis.

    Antoine Mauduit (1902-1945) aurait pu jouir d’une confortable vie bourgeoise. Au lieu de cela, mû par un désir de conversion personnelle, il devient vagabond, légionnaire, avant d’être fait prisonnier de guerre en Allemagne.

    Libéré et installé dans les Hautes-Alpes, inspiré par une foi ardente, il crée alors un réseau d’anciens prisonniers qui aide aux évasions puis prépare à la lutte armée. Il trouve ses soutiens parmi le milieu que l’on a appelé vichysto-résistant. Il convainc ainsi le jeune évadé François Mitterrand de passer à l’action clandestine. Mais, peu à peu, Mauduit s’éloigne de Vichy et accueille des juifs persécutés et des réfractaires au STO pour fonder l’un des premiers maquis. Trop confiant en sa mission, il est arrêté et déporté dans les camps nazis où il meurt au lendemain de la victoire.

    L’ouvrage, basé sur une documentation fournie et inédite, montre le rôle important de Mauduit dans une résistance ni gaulliste ni communiste : pourquoi et comment mobilise-t-il des groupes sociaux partageant le respect du chef de l’État français et la haine de l’ennemi nazi ?

    Trois années de recherche ont permis à Philippe Franceschetti d’établir le parcours de ce résistant ayant développé une conception originale de son action avant et durant la guerre, ayant des soutiens à Vichy mais oeuvrant pour la lutte contre l'ennemi. Il a, entre autres, fait entrer Mitterrand en résistance et a même accueilli la famille de Serge Klarsfeld alors traquée...

    Une vie passionnante retracée grâce à des archives inédites, avec illustrations, cartes, index...   •

    visuel_2_antoine_mauduit_une_vie_en_resistance - Copie.png

     Antoine Mauduit, une vie en résistance 1902- 1945, de Philippe Franceschetti - PUG - 2017 - 19 €

  • Cinéma • Le Jeune Karl Marx

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Le Jeune Karl Marx, un biopic de Raoul Peck avec August Diehl, Stefan Konarske, Olivier Gourmet 

     

    Oui, j’ai osé y aller !

    Le spectacle était d’abord dans la salle où se retrouvaient, apparemment, si je me permets ce délit de sale gueule, le Parti Communiste de La Ciotat et la section locale de la MGEN… 17 personnes exactement… à côté desquelles mon épouse et moi-même avions pris place, 17 personnes dont certaines ont applaudi ce film élogieux, panégyrique, à la gloire de Karl Marx et du communisme !

    Ils ont osé applaudir ! alors que le scénario fait un silence total sur les cent millions de morts de cette idéologie totalitaire, à laquelle continuent de faire allégeance encore cinq pays dans le monde  : la Chine, Cuba, le Vietnam, le Laos et la Corée du Nord dont on ne parle que trop actuellement.

    Commençons évidemment par regretter ce fait : je n’avais certainement pas la culture nécessaire et suffisante pour ce film…  Je n’ai pas tout compris, je n’avais jamais entendu parler de certains intervenants et je ne peux pas y distinguer le vrai du faux… Le film m’a néanmoins intéressé et j’aimerais sans doute pouvoir en lire les dialogues « en même temps » (comme dirait Macron) qu’une analyse critique, que j’espère bien trouver, dans les jours ou semaines qui viennent, dans la presse écrite, ou internet, de ce que les bobos appellent la « réacosphère » ou la « fachosphère ».

    Je me suis toujours affirmé anticommuniste primaire, mais j’ai quand même apprécié la scène du putsch à l’intérieur de la Ligue des Justes pour devenir la Ligue communiste ; j’ai surtout donné raison à Engels (pardonnez-moi !) lorsqu’il harangue la foule en disant qu’on ne fait pas la guerre avec des bisounours…

    Je suis de ceux, par exemple, qu’insupportent les bougies, les larmes, les « marches blanches », les minutes de silence  et les mots doux, alors qu’il est urgent de déclarer véritablement  la guerre aux islamistes, en commençant par rétablir la peine de mort pour les terroristes.

    Je pense, de la même façon, que l’échec de La Manif Pour Tous vient précisément d’une attitude insuffisamment belliqueuse… Elle a eu tort notamment de ne pas envahir les Champs Élysées. 

    En ce centenaire de la révolution de 1917, ce film hagiographique sur Karl Marx mériterait une riposte : quand réalisera-t-on, en vrai, et filmera-t-on, un Nuremberg du communisme ? Un biopic sur Soljenitsyne et l’archipel du Goulag ?  

  • Michel Onfray : « Michel Houellebecq a diagnostiqué l'effondrement spirituel de notre époque »

     

     

    Entretien par Alexandre Devecchio

     

    A l'occasion de la parution de son dernier livre, Miroir du nihilismeHouellebecq éducateur, Michel Onfray décrypte, dans ce long et remarquable entretien,  la philosophie de l'auteur de Soumission [Figarovox, 30.09]. Une philosophie qui a pour toile de fond la situation de notre civilisation, de notre société. Bien-sûr, sa certitude que « nous allons mourir » n'est pas la nôtre. Mais sur le diagnostic porté par Onfray à travers l'oeuvre de Houellebacq, on ne peut qu'être presque en tous points d'accord. Pour qui ne veut pas mourir - et ni Houllebecq ni Onfray n'en forment le souhait - il y a là d'importantes analyses, de profondes réflexions et quelques maximes superbes.   LFAR   

     

    XVM1af2a674-a53a-11e7-b619-f944cd28c6f6.jpgVous publiez aux éditions Galilée, Miroir du nihilisme, un essai consacré à Soumission de Michel Houellebecq. Vous êtes longtemps passé à côté de l'œuvre de ce dernier. Pourquoi son dernier roman vous a-t-il fait changer de point de vue ? 

    J'avais aimé la performance littéraire d'Extension du domaine de la lutte qui était vif et bref, rapide et percutant. Les autres romans m'avaient paru techniquement moins rapides. J'aime les stylistes et les textes qui vont vite. Voilà pour la forme.

    Pour le fond, j'avais commis l'erreur de croire que le diagnosticien du nihilisme consentait au nihilisme, s'en réjouissait même, voire, s'y complaisait… C'était une erreur. C'est confondre le cancérologue qui diagnostique la pathologie avec le cancer, la pathologie qu'il a diagnostiquée. J'étais, selon l'image bien connue, l'imbécile qui regarde le doigt quand le sage lui montre la lune !

    Soumission m'a plu parce qu'il renoue avec la vitesse d'Extension. Il m'a éloigné du doigt et ramené à la lune quand j'ai constaté chez Michel Houellebecq la grande souffrance qui était la sienne à se savoir, se voir, se constater, s'expérimenter corporellement et spirituellement tel un sismographe de notre époque en cours d'effondrement.

    v_9782718608577.jpgEn termes hégéliens, il est le grand homme choisi par l'Histoire pour qu'il en fasse la narration. Il est au cœur nucléaire du processus de Ruse de la raison. Le savoir, ce qui est son cas, car il est d'une redoutable lucidité, c'est affronter les plus grands tourments.

    En quoi Houellebecq est-il le romancier du nihilisme ?

    En tant que sismographe, il enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques civilisationnelles : il a diagnostiqué l'effondrement spirituel des générations produites par des parents soixante-huitards, l'écœurement d'une sexualité indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des carrières et des pensées, la contamination de l'art contemporain par le snobisme et le marché, la tyrannie de l'argent en régime libéral, la fin de la France depuis l'abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht.

    Mais aussi la veulerie du tourisme sexuel en Asie, le caractère inéluctable de l'engagement de nos civilisations occidentales vers le projet transhumaniste, l'effondrement de la religion judéo-chrétienne et des valeurs qui l'accompagnaient, et, avec Soumission, le processus de collaboration des élites avec les idéologies liberticides - ici un islam francisé.

    Depuis 1994, Michel Houellebecq dépèce minutieusement le Veau d'or - c'est en cela qu'il est le grand romancier du nihilisme occidental.

    Houellebecq s'inscrit volontiers dans la filiation d'Auguste Comte qui était positiviste…

    Mais aussi de Schopenhauer - ou de Huysmans. Il n'est pas homme à s'enfermer dans des cases, à aimer l'un, donc pas l'autre, à choisir celui-ci, donc à écarter celui-là… Il est un homme authentiquement libre.

    Ce qu'il aime chez Auguste Comte, c'est sa réflexion sur la place de la religion dans la société, sur la possibilité d'une liaison d'un certain type de sacré avec le social. Qui dira qu'il ne s'agit pas d'une question essentielle si l'on veut aujourd'hui penser la question politique ?

    Le positivisme n'est pas la philosophe un peu bêtasse de Monsieur Homais, mais la pensée mal connue d'un homme qui estimait que la religion sociologique des Hommes pouvait remplacer la religion théologique de Dieu.

    La question de la religion est un leitmotiv dans la pensée de Michel Houellebecq : que faire dans un monde vidé de toute transcendance ? Lui qui décrit dans le détail le désespoir qu'il y a à vivre dans un monde de pure immanence (ce qui n'est pas mon cas : je crois que la sagesse tragique permet de vivre dans la seule immanence sans désespoir…) , il est normal qu'Auguste Comte lui parle.

    Votre livre est sous-titré Houellebecq éducateur. Comment peut-on être à la fois nihiliste et éducateur ?

    En enseignant la nature tragique du monde, autrement dit, en évitant deux chose : la lecture optimiste du monde et… la lecture pessimiste ! L'optimiste voit le meilleur partout et ne veut pas entendre parler du pire ; le pessimiste voit le pire partout et ne veut pas entendre parler du meilleur.

    Le tragique quant à lui sait qu'il y a du pire et du meilleur partout… Michel Houellebecq nous enseigne où est le pire, ce qui n'a pas besoin d'être démontré, mais aussi le meilleur - qui provient chez lui, paradoxalement, de Schopenhauer pour qui il existe des solutions à ce monde sombre dans la pitié et la contemplation esthétique.

    N'oublions pas que Schopenhauer a aussi écrit un Art d'être heureux… On connaît sa vision du monde animal, elle est d'une grande compassion. Il y a dans sa conversation en tête à tête la même présence attentive à l'autre. On n'ignore pas non plus qu'il trouve dans l'art un sens à sa vie: il a produit des romans, des essais, des poèmes, des films, des photographies, des performances d'art contemporain…

    En tant qu'il dit le monde tel qu'il est, sans faux-semblants, et qu'il vit une vie poétique sans l'imposer ou la conseiller à qui que ce soit, il invite chacun à construire sa propre existence dans un temps de détresse.

    Beaucoup ont vu dans Soumission une critique de l'islam radical. Vous y voyez plutôt un grand roman de la collaboration. Qui sont les « collabos » d'aujourd'hui ?

    Ceux qui estiment que l'Islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et ne veulent pas entendre parler d'un Islam de guerre, d'intolérance et de haine.

    Certes, il existe un islam pratiqué par des gens qui voient en cette religion une coutume familiale ou un signe d'appartenance dans laquelle dominent effectivement la tolérance, la paix et l'amour.

    Mais il y a aussi, dans le Coran et dans l'histoire de l'islam, terrorismes inclus, une autre voie qui est celle de la misogynie, de la phallocratie, de l'homophobie, de l'antisémitisme, du bellicisme, de la guerre qui constituent des valeurs à exporter par le djihad guerrier.

    Le collaborateur ne veut voir que le premier islam en estimant que le second n'a rien à voir avec l'islam. Le Coran est un livre dont les sourates justifient aussi bien le premier que le second islam.

    Concrètement, ces collaborateurs sont les islamo-gauchistes qu'on trouve ici ou là au NPA, dans la France Insoumise, dans l'aile gauche du PS, au PCF, ou à EELV. Il y en a également dans l'aile gauche des Républicains - chez les juppéistes par exemple.

    C'est aussi une critique acerbe du monde universitaire. Un monde avec lequel vous avez toujours pris vos distances …

    Michel Houellebecq se contente de décrire cette institution qui fonctionne à la cooptation, au piston, donc au phénomène de cour ; avec retard, elle suit les modes qu'elle ne crée jamais ; elle se prétend du côté de la science alors qu'elle est le lieu de l'idéologie ; elle est un lieu de rituels d'écriture scrupuleux et de reproduction institutionnelle - comme l'a bien vu Bourdieu ; elle dit être un lieu de recherche mais on y cherche ceux qui y trouveraient - précisons que je parle des seuls secteurs littéraires, sociologiques, philosophiques…

    C'est pour ma part un monde contre lequel je n'ai rien puisque j'ai refusé de l'intégrer après ma soutenance alors que ma directrice de thèse me proposait d'y faire carrière et que j'ai préféré rester professeur de philosophie dans un lycée technique.

    Mais, en effet, l'Université est une institution et, en tant que telle, elle est un lieu où la liberté, l'autonomie et l'indépendance soufflent peu ! Ni Montaigne ni La Boétie, ni Descartes ni Voltaire, ni Nietzche ni Proudhon, ni Alain ni Camus n'ont eu besoin de l'université pour penser - et leurs pensées furent vraiment libres…

    Presque aussi intéressant que le livre lui-même a été son accueil au moment même où la réalité rejoignait la fiction avec les attentats de janvier 2015. Comment analysez-vous son rejet par une partie des médias ?

    J'ai repris le dossier de presse de l'accueil de ce livre pour essayer de voir comment on avait lynché l'homme sans avoir lu l'œuvre pour ne pas avoir à la lire et à la commenter - parce qu'elle mettait le doigt dans la plaie…

    Il est intéressant de constater combien les instruments et les personnes de la pensée dominante dans les médias de l'islamo-gauchisme ont sali l'homme Michel Houellebecq en lançant une polémique comme ils savent le faire pour souiller l'homme afin de discréditer l'œuvre.

    Il est également intéressant de mettre en perspective ceux qui ont écrit ou parlé en faveur de Mehdi Meklat (blogueur islamophile, antisémite, phallocrate, misogyne, antisémite, belliciste ) dans Libération , Le Monde , Les Inrockuptibles ou France-Inter et de rappeler ce que les mêmes ont écrit contre Houellebecq.

    Ce travail a été riche d'enseignements pour moi sur le fonctionnement du dispositif collaborationniste français… Je vous renvoie au détail de l'analyse (noms, lieux, citations, analyse de tweets, etc) dans mon livre…

    C'est aussi un livre sur la perte de sens dans notre civilisation occidentale. Le christianisme et l'idéologie totalitaires ont laissé la place à la religion du marché et à l'islam conquérant. En tant qu'athée et matérialiste, que cela vous inspire-t-il ? Pourquoi la raison a-t-elle échoué à être le ciment d'une nouvelle civilisation ?

    Une civilisation n'est possible qu'avec une spiritualité qui la soutient et qui, elle-même, découle d'une religion. Depuis que le monde est monde, c'est ainsi. L'Histoire témoigne.

    Elle témoigne également qu'il n'y eut pas de civilisation construite sur l'athéisme et le matérialisme qui , l'un et l'autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d'une civilisation - je le sais au premier chef puisque je suis athée et matérialiste… On ne lie pas les hommes sans le secours du sacré.

    J'en profite pour m'opposer à cette scie musicale chantée par un certain nombre de philosophes pour lesquels la religion serait ce qui relierait les hommes entre eux - sur le principe du religare, relier… C'est une vision étroite de… matérialiste, voire… d'athée !

    Car, si la religion relie bien, elle ne relie pas les hommes entre eux, sur le terrain de l'immanence, mais avec le sacré, sur le terrain de la transcendance. Elle n'est pas un lien des hommes entre eux, mais des hommes avec ce qui les dépasse. Or nous sommes dans une civilisation qui a congédié toute transcendance.

    XVMdcf717aa-a5da-11e7-8269-811617cc40e3-200x250.jpgVous publiez également, Thoreau le sauvage, un livre sur Henry-David Thoreau. Qui était ce « penseur de champs » ?

    C'est un homme qui montre qu'il existe une philosophie américaine loin de la philosophie européenne - et qui, ostensiblement, lui tourne le dos… L'Europe philosophique aime les Idées éthérées et les concepts purs, elle chérit plus que tout le beau raisonnement même s'il est faux, elle aime les cathédrales utopiques même si elles sont inhabitables.

    Thoreau se moque des concepts et des idées, des beaux raisonnements et des cathédrales utopiques : il veut que la philosophie soit l'art de parvenir à une sagesse qui est connaissance de la nature et invitation à y trouver sa place.

    Thoreau est un marcheur, un herboriste, un géologue, un nageur, un chasseur, un pécheur, un jardinier qui mène une vie philosophique. Il n'imagine pas une seule seconde une idée découplée de ce qu'elle doit produire : une action concrète, un comportement, une pratique. C'est un penseur existentiel comme je les aime…

    Sa philosophie ne peut-elle être une alternative au nihilisme que vous décrivez ?

    C'est une solution, oui. Pas forcément la seule.

    Il faudrait ajouter que ce sympathique naturaliste invitant à se plier aux lois du cosmos pour y trouver une place qui génère la sérénité fut également le militant engagé contre l'esclavagisme et qu'on lui doit un fameux De la désobéissance civile qui, certes, a inspiré Tolstoï, Gandhi, Martin Luther King, et qui connaît un succès formidable dans l'Amérique trumpienne, mais qui a également dit qu'il fallait prendre les armes pour faire triompher les idées auxquelles on croit - comme l'abolition de l'esclavage.

    C'est donc un penseur plus complexe que ce qu'en disent les habituelles cartes postales sur son compte…

    Vous vous décrivez comme un tragique qui observe le bateau couler. Pourtant vous consacrez une énergie prodigieuse à transmettre à travers vos nombreuses publications, votre télé ou encore l'Université populaire de Caen. Cela ne témoigne-t-il pas finalement d'une certaine foi en l'avenir malgré tout ?

    Vous avez raison de pointer cette apparente contradiction!

    Mais, de la même manière qu'une civilisation obéit à son tropisme, j'obéis au mien qui me conduit à faire ce que je ne peux pas ne pas faire : autrement dit : rendre ce que j'ai restitué quand mon vieux maître Lucien Jerphagnon me faisait découvrir à dix-sept ans que la philosophie antique, Lucrèce en particulier, peut sauver celui qui cherche un sens à sa vie sans avoir besoin du sacré, de la transcendance , du divin ou de Dieu.

    Nietzsche fait du terme médical d'idiosyncrasie une idée philosophique majeure : elle lui permet de dire que chacun obéit à un tempérament contre lequel il ne peut pas lutter et que la grande liberté c'est d'accepter, voire de vouloir et d'aimer, ce qu'on ne peut éviter. Nietzsche propose une version moderne du stoïcisme - j'y souscris.

    Certes, nous allons mourir, notre civilisation aussi, mais, en attendant, « vivons droit » comme disait Marc-Aurèle… Donc vous ne trouverez pas chez moi une foi en l'avenir mais un pari dans le présent: il n'y a aucune raison pour s'avachir !

    Comme Houellebecq êtes-vous « un éducateur » ?

    Je fais ma part…  

    Michel Onfray philosophe et essayiste. En septembre, il publie deux livres consacrés à des auteurs qu'il admire: Vivre une vie philosophique: Thoreau le sauvage et Miroir du nihilisme. Houellebecq éducateur..

     

    1630167502.jpgXVM8d8b71a4-8f2b-11e7-b660-ef712dd9935a-150x200.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

    Alexandre Devecchio

  • La BCE nous annonce des faillites bancaires à venir

     

    Par Marc Rousset

     

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    Mise à part l’erreur grotesque de Macron dans la fusion Alstom/Siemens, tout va toujours très bien en matière économique selon les médias… Cependant, une dépêche du 27 septembre de l’agence Reuters, retransmise par l’AGEFI (Agence économique et financière), nous informe « que le secteur bancaire européen est surdimensionné et pourrait avoir besoin d’une cure d’amaigrissement, probablement à travers des fusions ou des fermetures ».  

    Ces propos ont été tenus par madame Danièle Nouy, qui n’est autre que la responsable de la supervision bancaire au sein de la Banque centrale européenne. Et d’ajouter : « Au final, il semblerait que le secteur bancaire européen soit devenu trop gros. Et nous pouvons en voir au moins l’une des conséquences : de nombreuses banques dans la zone euro ne gagnent pas leurs coûts du capital. Il semble que beaucoup trop de banques se font concurrence pour attirer des clients. Il y a de bonnes chances que la taille du secteur bancaire doive en effet diminuer. » Propos de vérité mais propos lénifiants de haut fonctionnaire européen qu’il importe de traduire aux Européens : ça va « barder » dans le secteur bancaire, des faillites sont à venir. 

    Il suffit de voir la vérité en face et d’écouter son bon sens : pourquoi la directive BRDD de l’Union européenne qui permet de chypriser et de ponctionner les comptes des clients ? Pourquoi la loi Sapin 2, qui permet de bloquer les comptes de l’assurance-vie s’il n’y a pas des dangers imminents ou des risques d’incendie un de ces jours prochains à la demeure ? 

    Les premiers feux annonciateurs se sont, en fait, déjà subrepticement déclarés : la Deutsche Bank qui a été sauvée par des fonds d’investissement des pays du Golfe, des rumeurs de rachat de la Commerzbank par la BNP, le rachat de deux banques vénitiennes par Intesa Sanpaolo avec 4.000 suppressions d’emploi et 17 milliards d’euros d’engagements pour l’État italien, le sauvetage de Monte Paschi avec sa perte abyssale de trois milliards d’euros, les 350 milliards d’euros de créances douteuses dans les actifs des banques italiennes.

    En Espagne, Banco Popular avait renforcé à trois reprises son capital pour cinq milliards d’euros et cela n’a pas empêché son sauvetage en hâte par Banco Santander. Et voilà que maintenant, nonobstant les problèmes en Catalogne qui augmentent les risques économiques, bancaires et financiers, on parle de Liberbank comme d’une nouvelle banque en difficulté ! Or, Liberbank, créée en 2011, n’est rien d’autre que le mariage forcé de trois « cajas » (banques d’épargne) : Cajastur, Caja de Extremadura, Caja Cantabria. Le titre, qui valait encore 1,7 euro à fin août, ne vaut plus aujourd’hui que quelques centimes. 

    Quant à la Grèce, pays en faillite qui ne tient que par des prêts nouveaux européens, son système bancaire détient des titres de la dette souveraine grecque, ce qui fait que les banques grecques seraient immédiatement en faillite si l’État grec devenait insolvable.

    Le comble, c’est le Crédit agricole, qui a fait une expérience catastrophique en Grèce et a essuyé de très lourdes pertes pour se retirer à tout prix de ce pays. Attiré par l’appât du gain, il recommence la même erreur en Italie ! Il vient d’acheter, le 29 septembre 2017, trois caisses d’épargne italiennes pour 130 millions d’euros après que le Fonds interbancaire de garantie des dépôts italiens a décidé de prendre à sa charge trois milliards d’euros de créances douteuses.

    C’est Napoléon qui disait : « L’argent n’a pas de patrie ; les financiers n’ont pas de patriotisme et n’ont pas de décence ; leur unique objectif est le gain. »  41LRKbfMFHL._SL300_.jpg

    Économiste
  • Che Guevara 50 après

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgY a-t-il encore beaucoup d’adolescents ou de jeunes gens pour afficher le poster de Che Guevara dans leur chambre ? On peut se poser la question en ce cinquantième anniversaire de sa mort. Ils sont sans doute beaucoup moins nombreux chez nous que lorsque le mythe de la révolution castriste dominait l’imaginaire d’une foule de jeunes dans les années soixante. Mais il y en a encore certains, à l’instar d’Olivier Besancenot qui parlent de lui comme « une braise qui brûle encore ». Certes, le militant admet que le Che avait ses faiblesses, ses aveuglements, ses erreurs et ses maladresses. « Mais il avait cette qualité rare chez les acteurs de la scène politique : la cohérence entre les paroles et les actes. » En 2015, le même Besancenot conseillait au président François Hollande de visiter le musée Che Guevara, lors d’un voyage à Cuba.

    L’aura romantique qui a entouré le compagnon de Fidel Castro s’est toutefois plutôt estompée, depuis que l’on sait comment l’homme pouvait être dur, impitoyable. Sa rigueur révolutionnaire ne faisait grâce de nulle indulgence aux complaisances libertaires. Sa vision manichéenne du monde n’admettait nul compromis, jusqu’à ce que le capitalisme disparaisse totalement de sa surface. Cela supposait une haine absolue de l’ennemi à détruire. Régis Debray, qui l’a accompagné jusqu’à la veille de sa mort en Colombie, a pu, par la suite, analyser en quoi la stratégie guévariste avait été prise en défaut, notamment du côté du peuple paysan qu’elle entendait rallier et qui se dérobait à son enrôlement.

    Il n’empêche que, pendant longtemps, le Che s’est imposé comme recours contre un monde injuste. Notre pape François, lorsqu’il était provincial des jésuites en Argentine, eut fort à faire avec certains religieux qui s’étaient laissés prendre à cette dialectique et à l’espoir d’une révolution imminente. Mais le père Bergoglio ne se laissait pas abuser, préférant la proximité vraie avec son peuple argentin, avec les pauvres, pour s’engager en vue d’une justice concrète, loin du mythe de la violence et de la résignation au désordre établi.   

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 octobre 2017

  • Le monde ne s'unit pas, il se morcelle

     

    En deux mots.jpgC'est curieux la constance des intellectuels, de l'opinion, de Monsieur Tout le Monde, à dire et redire, à répéter étourdiment les sottises qui courent les rues et colonisent les esprits, malgré les démentis les plus cinglants de l'actualité ou tout simplement des réalités. 

    Ainsi rien n'y fait : l'Ecosse revendique son indépendance comme la Catalogne qui risque ces jours-ci, sous nos regards étonnés, de briser une nation aussi ancienne que l’Espagne ; la Belgique est menacée d'éclatement : Flamands, Wallons et Bruxellois ne se supportent pas ; la Corse est dirigée par des nationalistes ; les Kurdes se battent pour un Etat musulman de plus. Etc. Sans compter l'Empire russe éclaté, les Etats qui en sont issus, viables ou non ... De même, les défuntes Yougoslavie et Tchécoslovaquie d'où sont sortis des poussières d'Etat.  

    Jamais le funeste principe des nationalités n'a été aussi invoqué et appliqué ; jamais les nationalitarismes n'ont été aussi virulents. A quoi s'ajoutent les nationalismes renaissants des très grands. 

    Et l'on s'obstine à nous expliquer que, pour toutes sortes de raisons liées aux techniques nouvelles qui ne joueraient qu'à cette fin, le monde s'uniformise, qu'il marche vers son unité. Même l'Eglise, ce n’est pas nouveau, chante ce refrain. Et c'est d'ailleurs ce que nous explique le pape François tout au long des pages de son livre de dialogues avec Dominique Wolton.

    La vérité c'est au contraire que ce monde se morcelle comme jamais. Ce n'est pas forcément un progrès, c'est même plutôt l'extension assurée du désordre, la certitude d'avoir à affronter un avenir troublé, mais c'est ainsi. 

    L'aveuglement et la sottise de la pensée dominante sont affligeants.  •

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Le Qatar en passe de prendre la tête de l’Unesco

     

    par Mezri Haddad
     
    C'est la menace d'une une nouvelle avancée de l'islamosphère - cette fois-ci à la direction générale de l'Unesco - que Mezri Haddad dénonce ici [Causeur, 11.10]. Ce n'est pas que nous ayons une grande considération pour les institutions onusiennes ni que nous croyions à la réalité de la communauté internationale. Nous voyons bien en revanche la réalité des ambitions islamistes et, comme Mezri Haddad, nous la redoutons. Enfin, nous nous rappelons que nous avons organisé il y a quelques années, à Marseille, entre Mezri Haddad et Jacques Trémolet de Villers, un dîner-débat dont nous avons conservé un excellent souvenir. Nous n'avons jamais négligé ces échanges et ces relations et nous les poursuivons ici, dans ces colonnes...  Lafautearousseau.
     
     

    m.haddad.jpgLundi dernier, a démarré à l’Unesco l’interminable et rocambolesque élection du futur directeur général de cette vénérable institution onusienne dédiée, depuis novembre 1945, à l’éducation, à la science et à la culture.

    Sept candidats étaient en compétition : Audrey Azoulay pour la France, Mouchira Khattab pour l’Egypte, Hamad Bin Abdulaziz al-Kawari pour le Qatar, Vera el-Khoury Lacoeuilhe pour le Liban, Qian Tang pour la Chine, Pham Sanh Chau pour le Vietnam et Polad Bülbüloglu pour l’Azerbaïdjan.

    Le cheval de Troie de l’islamisme mondial

    Comme c’était prévisible, aucun candidat n’a pu obtenir, des 58 Etats membres du Conseil exécutif, la majorité requise de trente voix pour passer du premier coup. Mais à l’étonnement général, le premier tour de ce scrutin a placé le candidat du Qatar à la tête des favoris (avec 19 voix), devant la candidate française (13 voix), la candidate égyptienne (11 voix), la candidate libanaise (6 voix), le candidat chinois (5 voix), le candidat vietnamien (2 voix) et le candidat d’Azerbaïdjan (2 voix). En d’autres termes, n’eut été la candidature surprise et in extremis d’Audrey Azoulay, le cheval de Troie de l’islamisme mondial aurait été élu dès le premier tour.

    Une telle issue, si affligeante soit-elle pour tous ceux qui luttent contre l’obscurantisme et le terrorisme islamiste, aurait été l’aboutissement logique d’un dévoiement successif et d’une déliquescence morale, intellectuelle et politique qui a commencé voilà plus de quinze ans. Avec la « toyotisation » de l’Unesco sous le double mandat de Koïchiro Matsuura (1999-2009), qui a vidé l’institution onusienne de sa substance intellectuelle, voire de son âme philosophique, en la dirigeant comme l’on manage Toyota automobile, et après sa bureaucratisation stalinienne sous la mandature d’Irina Bokova (2009-2017), qui a méthodiquement suspendu l’élan réformateur d’Amadou-Mahtar M’Bow (1974-1987), inlassablement entretenu par son prédécesseur Federico Mayor (1987-1999), le naufrage du bateau ivre de l’Unesco sur les rives de Doha aurait été, en effet, un spectacle aussi « naturel » que l’organisation du Mondial de football 2022 !

    Le Qatar est aux antipodes des valeurs prônées par l’Unesco

    Mais l’Unesco n’est ni le Paris Saint-Germain, ni une FIFA qui se relève à peine d’une crise affectant son éthique, ni le comité international olympique, lui aussi tenté, à un moment, de confier ses jeux de 2024 à l’oligarchie gazière. Même si ces dix dernières années l’Unesco a fait sienne la devise « l’argent n’a pas d’odeur », notamment pour compenser le manque à gagner des cotisations américaines, et en dépit du fait que le candidat du Qatar promet de « sauver » l’Unesco, non guère par la force des idées ou la grandeur de la vision mais par la seule puissance de l’argent, les Etats-membres du Conseil exécutif doivent y réfléchir à deux reprises avant de déposer leurs bulletins « secrets ». Il y va de leur réputation ainsi que de la crédibilité de l’institution qu’ils représentent diplomatiquement faute d’en incarner la vocation originelle : « Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes ».

    Par ses positions publiques autant que par ses actes, le régime qatari est aux antipodes des valeurs prônées par l’Unesco et de l’humanisme universel qui en constitue l’esprit. Par sa diplomatie secrète, par sa chaîne de propagande islamiste Al-Jazeera, par les fatwas criminelles de son guide spirituel Youssef Qaradawi, par ses liens troubles avec le terrorisme en Libye, en Syrie, en Irak, en Egypte, en Mauritanie, au Soudan, au Gabon, au Sénégal, au Niger, au Tchad… l’émirat du Qatar n’a jamais contribué à « construire la paix dans l’esprit des hommes ». Il a plutôt semé la haine et propagé la discorde parmi les communautés religieuses ou ethniques au Moyen-Orient et en Afrique. Nul besoin d’étayer ici toutes les indications qui impliquent le régime qatari dans la métastase de l’islamisme radical aussi bien dans le monde arabe qu’en Occident, un islamisme dont l’éventail va des Frères musulmans jusqu’aux Talibans ou Daech, en passant par Al-Qaïda et ses nombreuses ramifications.

    Diplomatie du carnet de chèque

    Ultime injure ou stade suprême dans l’insolence, le candidat du Qatar à la direction générale de l’Unesco, qui est encore arrivé en tête, hier, au second tour devant Audrey Azoulay et Mouchira Khattab, n’est pas uniquement un cheval de Troie de la nébuleuse islamiste que son pays protège. Il est aussi un zélateur décomplexé de l’antisémitisme le plus abject. C’est le centre Simon Wiesenthal qui en a apporté les preuves il y a plus de deux ans, dans une vaine tentative d’alerter les plus hautes autorités de l’Unesco sur la candidature pour le moins sulfureuse de Hamad Bin Abdulaziz al-Kawari, l’ancien ministre de la Culture de cet émirat pas comme les autres. Plutôt que de faire amende honorable, de se rétracter ou de présenter un autre candidat plus fréquentable, d’autant plus que le précédent créé par la candidature de l’Egyptien Farouk Hosni est encore dans les mémoires, le régime qatari s’est obstiné en croyant dur comme fer que par la seule force de l’argent, par sa diplomatie du carnet de chèque, il finirait par imposer son candidat à la communauté internationale et pis encore, à la conscience universelle.

    Depuis lundi, dans les coulisses labyrinthiques de l’Unesco, au milieu des manœuvres machiavéliques et des intrigues kafkaïennes, c’est ce scénario qui semble prendre forme, comme si l’apothéose du candidat qatari était une fatalité et comme si l’antisémitisme n’était plus qu’une banale opinion. Si, par caprice de l’histoire, par cupidité des Etats et par lâcheté des hommes, le Qatar venait à prendre la « Mecque » de la culture, cela signifierait que Qaradawi deviendrait le gardien du temple humaniste et les Frères musulmans la légion. Des alternatives honorables existent pourtant en la personne de Mouchira Khattab ou d’Audrey Azoulay.

    La France et l’Egypte doivent s’entendre

    Candidate féministe et esprit libre, la première représente un pays résolument opposé aux Frères musulmans et engagé dans la lutte contre le terrorisme global. Ce serait qui plus est un signe fort qu’on donnerait à un monde arabe qui attend depuis des lustres son tour d’accéder à une si prestigieuse fonction et qui ne peut en aucun cas se reconnaître dans la candidature du Qatari. Nonobstant certains stéréotypes, les arabes ne sont pas des islamistes, encore moins des antisémites.

    Indépendante, au croisement du paradigme andalou et des Lumières, porteuse d’un projet régénérateur pour l’Unesco et compatible avec les aspirations du monde arabe et du continent africain, Audrey Azoulay saura, bien mieux que le candidat qatari, incarner le désir de liberté, de paix et de connaissance chez les arabes et chez les Africains. Pour éviter le pire, pour que l’Unesco ne troque pas son humanisme séculier contre l’islamisme « modéré », un accord tacite entre la France et l’Egypte, entre l’Orient et l’Occident s’impose comme une nécessité impérieuse.

    En septembre 2009, sur l’antenne de France Inter, Elie Wiesel déclarait triomphalement : « l’Unesco vient d’échapper à un scandale, à un désastre moral. Farouk Hosni ne méritait pas ce travail ; il ne méritait pas cet honneur. Ce n’est pas quelqu’un, à mon avis, qui aurait dû même être candidat à ce poste ». En dira-t-on autant du candidat qatari dans les heures ou les jours qui viennent ?   

    Philosophe et ancien Ambassadeur à l’UNESCO.
  • Daech au sein de la police française ? Une cellule spéciale pour surveiller les policiers soupçonnés de radicalisation

    Certains sont fichés au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste) © FRED TANNEAU/AFP

     

    L'information qui suit, émanant du Figaro, a été largement diffusée hier après-midi, sur la toile. S'il est un domaine où le principe de précaution devrait s'imposer, drastiquement sans trop de réserves et de circonlocutions, c'est bien celui dont il est question ici. Le risque d'entrisme d'islamistes radicalisés au sein de la Police Nationale est extrêmement grave et sérieux. Un tel entrisme nous paraît, en effet, plus que plausible, tant il ressort d'une élémentaire stratégie.  LFAR

     

    AAnEnU.pngUne trentaine de policiers sont actuellement dans le collimateur de la police des polices, selon plusieurs médias. Une dizaine d'entre eux sont soupçonnés d'être en lien avec la mouvance islamiste.

    Militaires, surveillants de prison, agents privés de sécurité... On le sait, les métiers les plus sensibles n'échappent pas au risque de radicalisation. Il en va de même pour les policiers. Selon le Canard enchaîné, ils seraient « une trentaine » à faire l'objet d'une attention particulière. Une « cellule spéciale » de l'IGPN (la police des polices), créée en 2016, est chargée de les surveiller de près. Il s'agit aussi d'aider les chefs de service à identifier « les pratiques religieuses des agents qui sont incompatibles avec l'exercice de leur mission » ou qui « heurtent le principe de neutralité et de laïcité du service public », tout en respectant le droit des fonctionnaires d'exercer leur religion, expliquait une source policière à 20 minutes fin septembre.

    Le profil des agents suivis est varié : sur les trente fonctionnaires suspectés, une vingtaine d'entre eux présentent une « pratique religieuse un peu dérangeante » et une petite dizaine se trouvent en contact avec des réseaux salafistes identifiés. Toujours selon 20 Minutes, certains sont même fichés au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste), outil créé en 2015 qui recense les individus radicalisés religieusement. En août dernier, ce fichier affichait 18.550 signalements. Mais aucun policier ne fait l'objet d'une fiche « S » ou aurait « des contacts avec des groupes terroristes », note 20 Minutes. 

    Surveillé pour avoir mangé halal

    Ces surveillances doivent être déclenchées sur la base de « signes avérés et manifeste de radicalisation ». Pour autant, dans la pratique, il n'est pas toujours aisé de cerner les profils véritablement inquiétants. Comme le souligne Le Canard Enchaîné, certains policiers ont peut-être été « un peu vite » catalogués, à l'image de cet agent qui mangeait halal ou de cet élève gardien qui s'est amusé à crier « Allah Akbar » devant ses camarades de classe...

    Au gouvernement, le sujet est pris très au sérieux. « Il faut pouvoir muter et radier un fonctionnaire radicalisé », déclarait le ministre de l'Intérieur dans une interview accordée début septembre au Parisien. « Jusqu'ici, quand nous découvrons qu'un agent s'est radicalisé, nos marges de manœuvre sont très faibles », justifiait-il. « On peut retirer l'accès à un site nucléaire pour un salarié sur lequel pèsent de tels soupçons. Paradoxalement, cela s'avère plus difficile avec les fonctionnaires et militaires les plus engagés dans le domaine de la sécurité ». 

    Une mesure dans le projet de loi antiterroriste

    Pour faciliter les prises de sanction, le gouvernement a déposé début septembre un amendement dans le cadre du projet de loi antiterroriste, qui doit de nouveau être examiné à l'Assemblée nationale ce mercredi soir. Cette mesure permet de muter, voire de radier les fonctionnaires chargés de missions de sécurité, si une enquête administrative conclut à leur radicalisation. Seront concernés les policiers, gendarmes, militaires, douaniers et le personnel pénitentiaire. Cette disposition introduit un changement notable: « Auparavant, l'enquête avait lieu en amont de la prise de poste. Avec cette mesure, en cas de doute ou de soupçons sur un agent, l'enquête pourra avoir lieu au cours de la carrière du fonctionnaire », nous dit une source au Palais Bourbon.

    En cas de radiation ou de perte d'emploi, l'intéressé pourra déposer un recours. Dès lors, « il appartiendra à l'autorité de police qui a conduit l'enquête administrative d'apporter au juge tous les éléments permettant de justifier du bien-fondé de la conclusion de cette enquête », a précisé lundi, en commission mixte paritiaire, le sénateur Philippe Bas, rapporteur au Sénat.

    Le phénomène n'est pas nouveau. Entre 2012 et 2015, 17 policiers radicalisés avaient été recencés dans les rangs de la police de proximité de l'agglomération parisienne, rapportait Le Parisien l'année dernière. Il s'agissait généralement de « transgressions au principe de laïcité ». Ce sont souvent « des fonctionnaires assez jeunes, entrés en tant qu'adjoints de sécurité à la fin des années 2000 et qui ont ensuite réussi le concours interne. Ils sont désormais policiers à part entière, gardiens de la paix ou brigadiers », expliquait l'article, tout en nuançant les faits : le parquet antiterroriste n'a jamais été saisi d'aucune procédure impliquant des policiers. Pour autant, certains ont été condamnés pour des faits de droit commun.  •

    * Où sont passés nos espions ? Eric Pelletier et Christophe Dubois, aux éditions Albin Michel.

  • Catalogne : Points d'Histoire et réalités d'aujourd'hui

    Carles Puigdemont hier soir devant le Parlement catalan 

     

    En deux mots.jpgS'il faut rechercher les sources et les responsabilités les plus déterminantes dans les graves événements d'Espagne, il serait léger de ne voir que les apparences. Peut-être un peu de recul n'est-t-il pas de trop et permettrait de les mieux comprendre.

    Ce qui se produit en Catalogne est grave parce qu'une Espagne en ébullition, en convulsion, rejouant les scénarios des années 30 mais dans le contexte postmoderne, n'empoisonnerait pas que sa propre existence. De sérieuses conséquences en résulteraient en France et en Europe. De nombreux et d'importants équilibres nationaux et transnationaux s'en trouveraient rompus. On ne sait jamais jusqu'où, ni jusqu'à quelles situations, sans-doute troublées pour la longtemps.

    L'unité de l'Espagne, on le sait, ne date pas d'hier. Elle est constante au fil des cinq derniers siècles, à compter du mariage d'isabelle la Catholique, reine de Castille, et de Ferdinand d'Aragon, les rois sous le règne desquels l'Espagne acheva de se libérer de l'occupation arabe en prenant Grenade, dernier royaume maure de la Péninsule [1492| ; et où Colomb, cherchant à atteindre les Indes par l'Ouest, découvrit l'Amérique. S'ouvrait ainsi, après le règne de Jeanne la folle, unique et malheureuse héritière des Rois Catholiques mariée à un prince flamand, le règne de Charles Quint, lui-même prince Habsbourg de naissance flamande, sur les terres duquel, après la découverte de Colomb, le soleil ne se couchait pas. Le règne suivant, celui de Philippe II, marque l'apogée de la puissance de l'Espagne et de la dynastie Habsbourg qui y règnera jusqu'au tout début du XVIIIe siècle. Ces règnes couvrent deux premiers siècles d'unité espagnole, et, malgré de multiples conflits et convulsions, deux brèves républiques, dont la seconde sera sanglante et conduira à la Guerre Civile puis au long épisode franquiste, l'unité de l'Espagne, sous le règne rarement glorieux des Bourbons, ne fut jamais vraiment brisée les trois siècles suivants, jusqu'à l'actuel roi Philippe VI.

    Mais si elle fut sans conteste toujours maintenue au cours de cette longue période de cinq ou six siècles, l'unité de l'Espagne, surtout pour un regard français, ne fut non plus jamais tout à fait acquise, tout à fait accomplie. Et si la monarchie a toujours incarné l'unité, la république, effective ou fantasmée, a toujours signifié la division de l'Espagne. Ainsi aussitôt qu'en avril 1931, la seconde république fut instaurée à Madrid, l'Espagne, de fait, en connut deux, l'une à Madrid et l'autre à Barcelone. Ce que vit l'Espagne d'aujourd'hui, l'Espagne d'hier l'a déjà connu.

    L'Histoire - le passé - mais aussi la géographie, liées l'une à l'autre, y ont conservé un poids, une présence, inconnus chez nous. L'Espagne n'a pas vraiment vécu d'épisode jacobin ...

    Bainville a raison, hier comme aujourd’hui, lorsqu’il observe que la péninsule ibérique se divise d'Est en Ouest en trois bandes verticales, définissant trois « nationalités » qui sont aussi zones linguistiques : la catalane, la castillane et la portugaise. Curieusement, le Portugal accroché au flanc Ouest de l'Espagne n'a jamais pu lui être durablement rattaché. Partout ailleurs, les particularismes sont restés vivants, jusqu'à, parfois, l'agressivité et la haine, comme on l'a vu au Pays Basque et comme on le voit encore en Catalogne. 

    De ces particularismes, la langue est le premier ciment ; Dans l’enclave basque, en Catalogne, et, même, dans la lointaine Galice, où l'on parle le galicien en qui se reconnaît l'influence du portugais. Ces langues ne sont pas de culture, ne ressortent pas d'un folklore déclinant à peu près partout, comme chez nous. Elles sont d'usage quotidien et universel, dans les conversations entre soi, au travail comme à l'école, à l'université, dans les actes officiels, la presse, les radios et télévisions, etc. Comme Mistral l'avait vu, ces langues fondent des libertés. Le basque et le catalan sont, mais au sens mistralien, des langues « nationales ». Le catalan, toutefois, est aussi langue des Baléares et, à quelques variantes près, de la région valencienne, jusqu'à Alicante ... 

    A cette liberté linguistique se combine un fort sentiment d'appartenance à des communautés vivantes, vécues comme historiques et populaires, chargées de sens, de mœurs et de traditions particulières très ancrées, parfaitement légitimes et toujours maintenues.

    C'est donc non sans motifs que la monarchie post franquiste institua en Espagne 17 « communautés autonomes » ou « autonomies » qui vertèbrent le pays. On célébra partout ces libertés reconnues, transcription contemporaine des antiques « fueros » concept à peu près intraduisible en français, qui signifie à la fois des libertés et des droits reconnus, que les rois de jadis juraient de respecter, sous peine d'illégitimité.

    Le mouvement donné instituait un équilibre, fragile comme tous les équilibres, et qu'il eût fallu - avec autorité et vigilance - faire scrupuleusement respecter.

    C'est bien ce que Madrid n'a pas fait lorsque les équilibres commencèrent à être rompus en Catalogne. A y regarder de près, le système des partis, des alliances électorales et de gouvernement, n'a fait ici comme ailleurs que susciter et attiser les divisions latentes, tandis qu'à Madrid ce même système jouait en faveur du laisser-faire, autrement dit de l'inaction.

    Les choses, contrairement au Pays Basque longtemps ravagé par le terrorisme, se sont passées en Catalogne sans violence mais, on le voit bien aujourd'hui, avec efficacité. Après un temps de renaissance catalane, libre, heureuse de vivre ou revivre, et satisfaite des nouvelles institutions, est venue l'heure des surenchères, de la conquête progressive des pouvoirs de fait par les catalanistes les plus sectaires. Un exemple suffit pour en juger et c'est, depuis bien longtemps déjà, l'interdiction de fait, quasi absolue, de l'espagnol à l'école et à l'université de Catalogne, privant d’ailleurs la jeunesse catalane du privilège du bilinguisme qui était jadis le sien dès la petite enfance. Madrid a laissé faire et plusieurs générations, toute une jeunesse, élèves et professeurs, ont été formées dans la haine de l'Espagne. Il eût certainement fallu interdire cette interdiction, rétablir partout l'espagnol dans ses droits de langue nationale ; c'est tout spécialement par la culture : école, université, médias, univers intellectuel, qu'un petit clan d’indépendantistes s'est progressivement emparé de quasiment tous les pouvoirs en Catalogne. Les anti-indépendantistes qualifient à juste titre leurs menées de coup d'Etat. Mais, ce coup ne s'est pas déroulé en un jour, il s'étale sur plusieurs décennies.

    En somme, au long des dites dernières décennies, minée par le jeu délétère des partis, paralysée par sa faiblesse, Madrid a tout laissé faire, tout laissé passer, y compris l'inacceptable, y compris l’installation progressive d’une hostilité envers l’Espagne, qui a gagné une petite moitié des Catalans et coupé la société en deux parties adverses. Du beau travail ! Jusqu'à ce qu'à l'heure des échéances, ne reste plus à Madrid comme solution que l'usage de la force et de la violence. La responsabilité du gouvernement espagnol, ses atermoiements, nous semblent indéniables.

    Du côté catalan, les partis révolutionnaires, d’implantation ancienne en Catalogne, ont fait leur travail habituel ; il n’est guère utile de s’en scandaliser. Mais sans-doute est-ce l'engagement indépendantiste des partis de centre-droit qui a rendu possible tout ce à quoi nous sommes en train d'assister.

    Si les choses devaient tourner mal Outre-Pyrénées, et cela est bien possible, il ne faudrait pas oublier que - par-delà le légitime traditionalisme catalan - les présidents de centre-droit qui ont longtemps dirigé et président encore la région - Messieurs Jordi Pujol, Artur Mas et Carles Puigdemont, leurs partis et leurs soutiens - y auront une large part de responsabilité. Au détriment de la Catalogne et de l’Espagne, mais aussi de la France et de l’Europe.  

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