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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1254

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Mémoire & religion • La longue souffrance des coptes

    Une fidèle copte en prière à la cathédrale Saint-Marc du Caire durant la messe de Noël. La minorité chrétienne égyptienne est animée par une grande piété.

     

    PAR PÉRONCEL-HUGOZ 

    Depuis la conquête de l'Égypte par des musulmans d'Arabie, après la mort de Mahomet, et jusqu'à nos jours, des historiens ont calculé que quasi toutes les générations de chrétiens nilotiques ont été traitées comme des inférieurs, les dhimmis de l'Islam.

     

    IMG - Copie.jpgL’essayiste copto-italien du XXe siècle, Georges Henein, par ailleurs agnostique, voyait dans les coptes, la « conscience de l’Égypte ». L'orientaliste fran­çais islamophile Louis Massignon, catholique doloriste, confiait au père Pierre du Bourguet, jésuite coptisant : « Les coptes sont des victimes. C'est par eux que l'Égypte sera sauvée » . . . Mais en attendant, autant qu'on sache, il n'entre­prit aucune démarche sérieuse auprès de ses nombreuses relations musulmanes pour que l'Islam adoucisse un peu le sort des dhimmis, ces sujets ou citoyens non mahométans de seconde zone, théoriquement « protégés» par l'État musulman mais, à l'occasion, maltraités voire persécutés, ce qu'ont presque toujours été les coptes, de jure ou de facto, depuis l'isla­misation de leur pays ; et jusqu'à nos jours où Daech a intensifié ses sanglantes attaques, en particulier contre femmes et enfants coptes. L'historien francophone égypto-libanais Jacques Tagher, qui vivait pourtant à la fin du meilleur régime jamais connu par les coptes depuis l'Islam, à savoir la dynastie francophile de souche anatolienne de Méhémet-Ali et ses descendants (1805-1953), a écrit un ouvrage en français, Coptes et musulmans, paru au Caire en 1952 (et réédité au XXe siècle en arabe au Canada), qui reste capital pour la connais­sance de la dhimmitude en Égypte.

    De nos jours, les claires et inédites incita­tions du maréchal Sissi à un aggiornamento de certains textes de base musulmans — non encore suivies d'effets concrets — ont été accueillies sans excès de bienveillance par nombre de mahométans restés attachés à la lettre du Coran, laquelle rend parfois difficiles les rapports entre « vrais croyants» et « proté­gés » : «Ne prenez pas pour amis les juifs ou les chrétiens, sinon vous deviendrez comme eux ! » ordonne, par exemple, Allah a ses adeptes dans la sourate de la Table servie (V, 51). Aujourd'hui comme hier, « les coptes représen­tent la partie la plus vulnérable de la population égyptienne : Ils n'ont pas de défenses, ne sont pas armés et sont ainsi une cible facile » (Jean Maher, président de l'Organisation franco-égyptienne pour les Droits de l'Homme, à Valeurs actuelles du 15 juin 2017). Un cadre copte catholique de la vie associative égyp­tienne, Fahim Amine, est allé jusqu'à parler d'un « génocide lent », depuis des siècles, pour ses coreligionnaires coptes orthodoxes.

    UN ENFANT MÂLE DE MAHOMET

    Pourtant les contre-arguments en faveur de ces chrétiens africains, regardés de haut par l'Islam, ne manquent pas de poids : les coptes de son époque fournirent ainsi à Mahomet celle de ses femmes, Marie la Copte, qui donna au fondateur de l'Islam le seul de ses enfants mâles qui vécut un peu (4 ans) : Ibra­him. Un hadith — dit ou acte de Mahomet, rapporté par la Sunna, ensemble de six recueils principaux — constate : « Comme ils sont bons les coptes d'Égypte ! » S'appuyant plutôt sur la conception universelle moderne des droits humains, en 1992, un musulman moderniste mesuré, en vue dans la société égyptienne, Farag Foda, osa dire tout haut, ini­tiative sans précédent sur les bords du Nil, que les coptes étaient « discriminés » sur leur sol ancestral et natal. Peu après, un commando islamiste abattit Foda, qualifié de « renégat », et vite oublié... Pourtant, la victime n'avait fait que décrire la réalité : sait-on, ainsi, que le plus brillant diplomate moderne du monde arabe, l'Égyptien copte, Boutros Boutros-Ghali (1922-2016), futur secrétaire général des Nations-Unies puis de la Francophonie, ne put jamais être ministre à part entière des Affaires étrangères au Caire, et cela en tant que non-musulman... Le rang de « ministre d'État », atteint par Boutros-Ghali, équivaut en Égypte à celui de simple « secrétaire d'État » ... En 2017, le journaliste Fahmi Howeidi, dans le quotidien indépendant cai­rote Al Shourouk (28 mai) a imité Foda, muta­tis mutandis, et depuis lors on est inquiet pour lui, car il a parlé de « témoignages sur la souf­france quotidienne de certains coptes au travail, à l'école, dans l'espace public ».

    LE PATRONAGE DE BOUTROS-GHALI

    C'est le « grand copte » Boutros-Ghali qui a parrainé le gros travail (en trois volumes, dont le deuxième est paru en 2017) où un couple d'égyptologues copto-français, Ashraf et Bernadette Sadek, établi à Limoges et animant la revue française Le Monde copte (fondée en 1976 par Pierre de Bogdanoff), a entrepris d'exposer, sur les plans culturels et historiques, la réalité copte, sans traiter des attentats anti-chrétiens contemporains menés en Égypte et en Libye par Daech ou d'autres organisations islamistes. À l'heure où nous écrivons cet article, la dernière tuerie de masse, visant une trentaine de coptes, surtout des mères avec leurs enfants, remonte au 26 mai ; les victimes refusèrent toutes de sauver leur vie en se convertissant sur le champ à l'islam, tandis que la police armée, présente à proximité, arrivait trop tard, selon une attitude plusieurs fois consta­tée dans des circonstances similaires...

    Ashraf et Bernadette Sadek ont donc réuni, dans l'épais volume constituant le tome II, récemment édité, un grand nombre de textes et d'illustrations, anciennes ou récentes, sous le titre poétique mais peut-être un peu énigmatique, Un fleuve d'eau vive; il y a là, à peu près tout ce qui mérite d'être mis à la disposition du public franco­phone cultivé, à propos de la Fuite en Égypte de la Sainte Famille, épisode rapporté par les Écritures chrétiennes et qui, on peut l'ima­giner, tient une place éminente dans la Chré­tienté nilotique, notamment à l'occasion de pèlerinages populaires très fréquentés. Le travail de recherche, présentation et explica­tion accompli par le couple d'égyptologues, est unique au XXIe siècle en français, et nous dévoile tout un pan, très peu connu en Occi­dent, de la vie chrétienne en Égypte.

    Les coptes actuels - majoritairement composés de gens modestes, en ville ou dans les campagnes, même si la fratrie des milliardaires coptes Sawiris est célèbre dans les cercles économiques mondialisés —, sont saisis, en cet ouvrage, dans leur quotidien­neté religieuse ou profane, donnant par ricochet, encore plus d'épaisseur à un sou­bassement historique déjà fort consistant. L'ensemble est captivant !    

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    Les obsèques, en février 2016, de Boutros Boutros-Ghali, ministre et diplomate emblématique issu de la communauté copte, qui fut secrétaire général de l'ONU, en présence du patriarche copte. 

    PÉRONCEL-HUGOZ - Correspondant du Monde au Caire à l'époque de Sadate, notre chroniqueur a souvent écrit sur le sort des chrétiens d'Orient, dont les coptes d'Égypte, en ses articles, notamment dans La NRH depuis 2003, ainsi que dans l'un de ses premiers essais : Le Radeau de Mahomet (1983).

    Repris de la NRH - Septembre-octobre 2017

  • Société • Non à la fin de l’universalité des allocations familiales !

     

    Par Marc Rousset

     

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    Olivier Véran, député LREM de l’Isère, rapporteur général de la commission des affaires sociales de l’Assemblée, veut supprimer les allocations familiales pour les plus hauts revenus (au-dessus de 6.000 euros par mois) car cela représenterait une économie supplémentaire de 440 millions d’euros.

    La réduction des allocations familiales par François Hollande de 50 % et 75 % pour les ménages gagnant entre 6.000 et 8.000 euros par mois a déjà touché 455.000 familles, soit 9,5 % des familles françaises, et déjà permis de réaliser une économie de 400 millions d’euros, de 800 millions d’euros si l’on ajoute le plafonnement du quotient familial ! Une fois encore, ce sont les classes moyennes supérieures qui vont être touchées. Tondre la laine sur le dos des pères de famille nombreuse, c’est plus facile que de s’attaquer à l’immigration extra-européenne (coût : 70 milliards d’euros par an), réduire les dépenses publiques françaises éhontées de fonctionnement les plus élevées d’Europe, avec deux millions de fonctionnaires en trop par rapport à l’Allemagne, supprimer les régimes spéciaux des retraites ou supprimer d’un trait de plume l’inutile Conseil économique, social et environnemental dont le seul objet est de recaser les petits copains…

    Le coût actuel de la politique familiale française est d’environ 3 % du PIB. Des progrès restent à faire afin de permettre aux femmes d’avoir les enfants qu’elles désirent. Les études qui se sont penchées sur la question l’ont montré : les femmes arrivant à la cinquantaine constatent, en moyenne, qu’elles ont eu au final un enfant de moins que le nombre qu’elles auraient aimé avoir. Cet enfant qui manque, c’est la solution à nos problèmes démographiques et de retraites. L’Europe ne fait pas de 3e enfant. Un 3e enfant coûte cher en France, bien plus que les 150 euros supplémentaires par mois que donnent les allocations familiales. En un demi-siècle, les prestations familiales ont diminué de près de 70 % pour les familles avec trois enfants. Il faudrait que ces prestations atteignent, au contraire, 5 % du PIB, ce qui est à comparer aux plus de 20 % du PIB consacrés annuellement aux retraites et à la santé.

    Élever des enfants diminue le niveau de vie d’un ménage. L’arrivée du premier enfant dans un couple se traduit par une baisse du niveau de vie (après impôts et transferts) de l’ordre de 13 %, et 6 % pour chacun des enfants suivants. Ainsi s’explique la diminution constante du nombre des familles nombreuses d’origine européenne, qui sont pourtant nécessaires au simple remplacement des générations. Une famille sur cinq, seulement, en France est composée aujourd’hui d’au moins trois enfants.

    Malthus triomphe en Europe et en France avec Macron, qui n’a pas d’enfants, tout comme madame Merkel ! Le taux de fécondité global français est en train de s’écrouler, en passant de 2,1 à 1,89 et, pour les Françaises de souche européenne, de 1,71 à 1,5 ! Le taux de fécondité de renouvellement des populations à l’identique est de 2,1. 

    On assiste au démantèlement continu de la politique familiale mise en place par le général de Gaulle en 1945. Le Général avait multiplié les mesures destinées à relever la natalité française : indexation des allocations familiales sur le salaire de base et non sur les prix ; refus de soumettre les allocations familiales à l’imposition (car elles ne constituent pas un revenu, mais la juste compensation d’investissements privés avec un intérêt collectif fondamental) ; refus de les soumettre à condition de ressources ; et, enfin, instauration du quotient familial dans le calcul de l’impôt sur le revenu. Autant de mesures concrètes permettant de bien distinguer la politique familiale de la politique sociale à visée égalitariste.

    Les allocations familiales n’ont pas pour but de combler le fossé entre riches et moins riches, mais d’éviter que les ménages avec enfants voient leur niveau de vie se dégrader par rapport à ceux qui n’en ont pas. Or, depuis les années 70, ce principe de base du printemps démographique français d’après-guerre n’a cessé d’être bafoué.

    Les gouvernements successifs dévoient, en fait, la politique familiale de la France en l’éloignant sans cesse du soutien initial à la fécondité, pour la spécialiser dans l’assistanat, la lutte contre la pauvreté, l’exclusion ou le chômage.

    Les grands bénéficiaires de cette politique sont les populations d’origine immigrée, avec des taux de fécondité doubles de celui des populations d’origine européenne. Le paradoxe, c’est que les allocations familiales censées enrayer, à l’origine, en 1945, l’insuffisance de la natalité française de souche européenne contribuent, aujourd’hui, à accentuer les déséquilibres démographiques en attirant les populations immigrées extra-européennes et en développant leur taux de natalité.  

    Économiste
  • Cinéma • Mon Garçon

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Mon Garçon, un thriller de Christian Carion avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent

     

    Vous avez dit coïncidence ?

    Après Otez-moi d’un doute, à nouveau un film qui met face à face le père biologique et « l’autre » père !

    Quand le lobby LGBTI, Marlène Schiappa et Emmanuel Macron veulent « ouvrir » la PMA aux femmes seules et paires homosexuelles, Carine Tardieu et Christian Caron réalisent des films qui mettent en exergue qui la recherche du père par le fils, qui la recherche du fils par le père. Honneur à eux et aux acteurs qui y ont participé.

    Mon Garçon porte aussi notre regard sur la famille dite « recomposée »… Le père est parti, chacun, du mari et de la femme, a « retrouvé quelqu’un », chacun a « refait sa vie »… Et l’enfant dans tout ça ?

    A une époque où, au moindre accident, on met en place une « cellule psychologique », quelle cellule psychologique pour l’enfant dont la cellule familiale ne dure pas plus qu’un CDD ?

    Ce drame, dit-on à l’anglaise, est un « thriller » ! Yes, I am thrilling, oui je frémis à voir notre société en voie de décomposition… Jusqu’à la violence inouïe qui s’empare, par deux fois, de Guillaume Canet !

    Et je dis bien Guillaume Canet puisque son scénario n’était, paraît-il, pas écrit ; l’acteur était seulement mis en situation et improvisait ses réactions. Il s’agit donc d’une violence spontanée et réelle !

    Quand j’ai fait part de ma stupéfaction à mon épouse, en précisant qu’il ne devait pas « faire bon » de côtoyer cet individu dans la vie de tous les jours, elle m’a traité de « bisounours » !   

  • Terrorisme & Société • Mobilisation lundi dernier à Marseille gare St-Charles à l'appel de l'Action Française

     

    Après l'attentat de Marseille, gare Saint- Charles, dimanche 1er octobre après-midi, un rassemblement s'est formé sur les lieux même, le lendemain lundi 2 au soir, à l'appel de l'Action française Provence, pour mobiliser les Marseillais contre les crimes islamistes.

    Le rassemblement sur le parvis de la gare a notamment réuni une soixantaine de jeunes prêts à défendre leur patrie, rapidement rejoints par bon nombre de passants touchés par leur détermination et tout aussi décidés à se défendre.

    Cela vaut mieux que les bougies, les peluches, la tristesse et les pleurs.  

    (Deux photos)

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  • Guillaume Bigot : Macron à la Sorbonne, ou l'art du contresens historique

     

     Entretien par Alexandre Devecchio

     

    ENTRETIEN - Guillaume Bigot revient ici [Figarovox, 27.09] sur le discours du Président de la République à la Sorbonne. Pour lui, les propositions avancées par Emmanuel Macron sont anachroniques et pas réalistes. Nous retrouvons dans ces analyses, dont l'essentiel nous paraît juste, une qualité que nous mettons très haut, parce qu'elle est la marque de notre école de pensée : le réalisme - opposé à l'idéologie.  LFAR   

     

    XVM3eaf87e4-a396-11e7-ab8c-64d6818da779-100x100.jpgLe discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne est-il un discours historique ? 

    Oui mais en un sens paradoxal car il risque de rester comme le discours le plus anachronique jamais prononcé par un Président de la République.

    L'Europe recule partout et en particulier en Allemagne avec le scrutin de dimanche dernier qui a révélé la montée en puissance de l'extrême droite eurosceptique (AFD) et d'un parti libéral (FPD) qui refuse toute mutualisation des dettes européennes et tout nouveau transfert financier en direction de l'UE.

    Le discours de la Sorbonne fait furieusement songer à la formule qu'employaient les détracteurs de Mao : « Nous sommes au pied du mur, au bord du gouffre, vive le grand bond en avant !   »

    Macron à la Sorbonne a dépensé tant d'énergie, tant de fougue et tant de souffle sur son vélo d'appartement européiste, qu'il en deviendrait presque touchant.

    Tout de même, à travers ce discours, on sent poindre une volonté farouche de relancer le moteur franco-allemand ?

    Le jour où Alstom est absorbé par une entreprise allemande, notre Président célèbre l'union toujours plus étroite de la France et de l'Allemagne. Macron aurait voulu incarner la soumission de Paris à Berlin et de la politique à l'économique, il ne s'y serait pas pris autrement.

    C'est étonnant cette incapacité à saisir le sens des symboles : Alstom incarne parfaitement la technologie française, Alstom, c'est le TGV. Airbus ne va pas tarder à suivre.

    On célèbre aussi Macron le fin tacticien mais son plaidoyer pour le couple franco-allemand n'était pas seulement indigne de Machiavel, cette déclaration enflammée à la Chancelière ignorait la leçon introductive du manuel du parfait dragueur : « Si je te fuis, tu me suis et si tu me suis, je te fuis » ! Si le Chef de l'Etat voulait vraiment relancer la relation franco-allemande, il aurait dû faire mine de se détourner de son partenaire. Là, peut-être Berlin aurait daigné s'intéresser à Paris.

    Que pensez-vous de l'idée d'un budget renforcé pour la zone euro ?

    On nous présente ce budget européen comme un projet keynésien : la relance ne marche plus à l'échelle française, relançons à l'échelle continentale. Or, c'est un formidable tour de passe-passe.

    Si vous êtes Irlandais et partisan d'une relance européenne, il est cohérent que vous souteniez l'idée d'un budget européen. Mais il suffit de considérer la position de la France par rapport à la moyenne des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques pour se rendre compte de la supercherie.

    Nous nous situons largement au-dessus de cette moyenne de la zone euro, même réduite au noyau dur. Prenons l'exemple de l'IS dont le taux est de 34,4 en France et de 30 en Allemagne, la convergence européenne, c'est un alignement vers le bas. Une fois que vous aurez aligné les fiscalités, les Smic, nous aurons renforcé les forces du marché.

    Le système est très pervers : sous prétexte de disposer de plus de protection à l'échelle continentale, on se retrouvera avec plus de protection en Irlande et moins en France. Sous prétexte de dépenser plus pour tous, on dépensera moins pour nous. L'Europe n'est pas un bouclier face à la mondialisation, c'est un turbo. Or, on peut tout reprocher à Macron sauf sa cohérence : raboter les dépenses et déchaîner les forces du marché, c'est bien ce qu'il veut. D'ailleurs, il vient de signer le CETA.

    Ce que l'on nous vend comme une relance continentale revient à faire de la renonce continentale si je puis dire.

    C'est un moyen de faire passer en force une politique ultralibérale et de la graver dans le marbre des traités. Si ce funeste projet de budget et de gouvernement économique de la zone voyait le jour, cet « Euroland » serait le seul « État » avec l'URSS à inscrire une certaine politique économique dans les traités comme pour dire: ceci est la vérité scientifique, il faut la mettre à l'abri de l'inconstance et de l'ignorance des peuples.

    Vous ne croyez donc pas à la pertinence d'un budget européen ?

    Mes restes de cours d'économie monétaire me laissent à penser que sans budget unique, cette monnaie unique est condamnée à disparaître à court terme (cf. les travaux de l'économiste Robert Mundell sur les zones monétaires optimales). Mais d'un autre côté, le budget européen, c'est forcément le transfert du pouvoir légitime au-dessus des Etats.

    Le budget de la zone euro soulève donc la question de son illégitimité et de son inefficacité. Soit on transfère le fruit d'impôts nationaux et on n'a pas un euro de budget de plus à l'arrivée. Soit, on crée un impôt européen et là on n'entre dans la post démocratie.

    Le consentement à l'impôt est le fondement de la démocratie politique. Qui va décider de lever cet impôt européen et qui va décider de son emploi ? Le parlement européen, mais qui connaît ses députés européens ? Jamais ce scrutin n'a pris. Dans aucun pays. Les élections européennes servent partout de défouloir électoral pour des enjeux politiques nationaux.

    Même sans créer de nouvel impôt, si vous transférez à un organisme non élu l'emploi disons des 40 milliards de l'Impôt sur les sociétés, vous commettez une forfaiture démocratique.

    Plus de monnaie nationale et plus de budget national, nous n'avions déjà plus accès à la pédale de frein et à l'accélérateur, là c'est le volant politique qui sera retiré au peuple français. Nous entrerions là dans les eaux saumâtres de la haute trahison.

    L'Europe, noyau dur peut-elle marcher ?

    Oui mais elle impose le consentement des peuples sinon le lancement de cette Europe à deux vitesses serait doublement illégitime. Illégitime au plan européen d'abord. Imaginez que vous êtes actionnaire d'une société et qu'une partie des autres actionnaires décident, pour mieux défendre leurs intérêts, de créer une entreprise dans l'entreprise et d'en changer les règles, ce serait inacceptable.

    De même, les Etats membres qui seront exclus du noyau dur seront fondés à exiger un référendum européen puisque certains Etats membres veulent changer la nature en fait comme en droit de l'UE.

    Ce qui est vrai à l'échelle continentale, l'est cent fois plus à l'échelle nationale : opérer un tel saut fédéraliste, en appliquant les mesures envisagées par Macron sans solliciter l'avis du peuple souverain serait un parjure démocratique.

    La mise en œuvre de la relance européenne voulue par Macron passe donc par la tenue d'un référendum et ce référendum sera perdu.

    A vous suivre, il semblerait que le projet de construire une Europe fédérale, supra nationale serait une utopie sinon une idéologie ?

    C'est exactement cela. C'est la dernière idéologie du XX ième siècle.

    On ne peut s'empêcher de relever les énormes contradictions dont sont capables les adeptes de l'Europe au service de leur idée fixe. Prenons l'exemple du protectionnisme. Les mêmes qui fustigent le protectionnisme à l'échelle nationale (Macron assume cette position qui consiste à penser que le protectionnisme est néfaste en tant que tel) veulent ériger des barrières ou des taxes (carbone, sociale, etc.) à l'entrée de la zone euro.

    On prétend attirer les grandes institutions de la City à Paris et on propose une taxe sur les transactions financières. En fait, l'Europe est un cas typique de fanatisme : il rend aveugle, sourd et finalement imperméable à la contradiction.

    Vous pouvez difficilement débattre avec les européistes. Le réel ne pèse rien pour eux. Il faut plus d'Europe ! Mais pourquoi ? « Mais parce qu'il faut plus d'Europe !» répondent en chœur les possédés de l'idée européiste. Et ils croient sincèrement régler tous les problèmes en brandissant leur fétiche.

    Nous sommes menacés par le djihad, vite une armée européenne et un renseignement européen ! Nous souffrons des effets de la pollution, vite une agence européenne. Les mouvements migratoires s'amplifient, vite un office Européen des migrations (on notera au passage la proposition savoureuse d'une école des hautes études pour clandestins !).

    C'est plus qu'une politique déclamatoire, c'est une politique incantatoire. Il suffit de prononcer le mot magique Europe et hop les difficultés s'aplanissent. Appréhendés à l'échelle continentale, les défis semblent devenir plus petits et,soudain, faciles à résoudre.

    Or, non seulement la coopération européenne est un gage d'épouvantable complexité politico-administrative telle qu'elle aurait même dégoûté les bureaucrates byzantins mais la coopération européenne ne revêt aucun sens si les pays qui y participent ne partagent pas des objectifs et des intérêts communs. Croit-on vraiment qu'en intégrant des espions lettons ou grecs dans une future agence européenne de renseignement, on sera mieux protégé qu'en renforçant la coopération avec le MI 6 ou la NSA?

    Macron vous classerait sans doute dans la catégorie des « esprits chagrins ». Rien dans ses propositions ne semble trouver grâce à vos yeux ? Pas même l'extension d'Erasmus ?

    Qui peut être hostile au fait que la jeunesse voyage ? Certainement pas moi qui dirige une école de commerce qui organise une année entière obligatoire d'études à l'étranger.

    Pourtant, au risque de passer pour un grincheux, cette extension d'Erasmus n'est ni aussi bonne ni aussi audacieuse qu'elle paraît. En réalité, dans l'auberge espagnole d'Erasmus on parle surtout et de plus en plus globish. Chaque année, l'école de commerce que je dirige envoie des centaines de jeunes étudier à Barcelone, Madrid, Turin, Francfort, Vienne ou Copenhague.

    Or dans quelle langue sont-ils enseignés ? Dans quelle langue communiquent-ils avec les autres Européens ? Dans un mauvais anglo-américain. Nous sommes très loin de l'esprit d'Erasme, des humanités européennes et de l'apprentissage de la variété des langues du vieux continent. L'UE est un rouleau compresseur à aplanir la diversité des cultures européennes. L'euro culture unifiée promue par Erasmus, c'est celle de Zuckerberg et de Britney Spears, pas celle de Goethe ni de Dante.

    Surtout, la promotion de l'amitié entre la jeunesse française et allemande par le Traité de l'Elysée, par exemple, avait cette vertu de rapprocher des peuples qui hier encore étaient encore pétris de préjugés et dont les parents s'étaient battus. Nous sommes plus d'un demi-siècle plus tard, le risque de guerre intra européenne est nul.

    Si Macron avait été Bonaparte ou De Gaulle, s'il avait été le visionnaire que l'on décrit, il aurait lancé un programme « Averroès » pour promouvoir les échanges avec le monde arabe ou « Senghor » pour l'Afrique ou « Pouchkine » pour la Russie. Notre président de la République est, en fait, conformiste à pleurer.

    Mais au moins, mutualiser notre défense semble une nouveauté prometteuse ?

    La CED date de 1954 et l'Europe de la Défense de Mitterrand, on ne peut pas dire que ce soit une idée neuve en Europe !

    Il y a surtout une raison invincible pour que cette idée soit vouée à l'échec. L'Europe de la Défense ne se fera pas parce qu'elle existe déjà et qu'elle s'appelle l'OTAN. Sa chaîne de commandement est une laisse qui remonte jusqu'au locataire de la Maison Blanche.

    Toutes les initiatives d'Europe militaire sont venues de Paris et toutes se sont toujours heurtées au même obstacle : les Allemands se sentent mieux protégés par le Pentagone que par nous. Les Allemands ou les Néerlandais vont d'autant moins être tentés de financer et de participer aux projets kaki de Macron que Trump les a mis en demeure de payer leur défense.

    Voilà encore un sujet dont il ne faut pas parler mais la vertu budgétaire des pays du nord de l'Europe s'apprécie aussi au fait qu'ils n'ont que très peu de dépenses militaires. Les Allemands qui vont devoir payer pour se protéger ne vont certainement pas financer en hommes, en matériel ni même en euros les opérations françaises en Afrique.

    Là aussi le bât blesse, les différents pays européens n'ont pas d'alliés, ni de territoires d'outre-Mer à défendre. Ils ne peuvent ni ne veulent mener une politique mondiale, ni même régionale.

    En résumé, le catalogue de la foire-farfouille européenne est surtout un catalogue de nostalgies et de vieilles lunes. On dirait une friperie : on y retrouve la taxe Tobin, la taxe carbone, la CED, le noyau dur et l'Europe à géométrie variable de Fabius, les frontières gérées en commun donc Schengen approfondie ; Erasmus en version XXL, etc.

    L'Europe n'est-ce pas un horizon exaltant pour les jeunes Français ?

    L'Europe ne fait pas rêver la jeunesse française. Pourquoi ? D'abord parce que le vieux continent est d'abord un continent de vieux. L'Allemagne qui est très représentative à cet égard du reste du continent est un pays qui compte 16 millions de retraités. Outre-Rhin, la moyenne d'âge de l'électorat est de 56 ans. L'électeur français moyen a 35 ans.

    La France est l'un des rares pays européens à faire des enfants et à envie de voir s'ouvrir en grand les fenêtres du monde. Chaque année, le peuple français croît de 500 000 âmes. Chaque année, le peuple allemand perd 500 000 personnes. La France rêve de grand large et Macron lui montre la direction de la maison de retraite européenne.   

    Guillaume Bigot est directeur général du groupe Ipag Business School, essayiste et membre du club souverainiste Les Orwéliens.

     

    1630167502.jpgXVM8d8b71a4-8f2b-11e7-b660-ef712dd9935a-150x200.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

    Alexandre Devecchio

     

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Le cynisme européiste d’Emmanuel Macron

  • L'armée espagnole fait mouvement vers la Catalogne

     

    Par Javier Portella

    En dehors de ce que nous avons écrit nous-mêmes sur le sujet, nous avons suivi les désormais gravissimes événements de Catalogne, à travers les articles compétents et autorises de Javier Portella, parus dans Boulevard Voltaire. Nous continuons aujourd'hui à le suivre en parfaite communion d'idées [Boulevard Voltaire, 5.10] sans savoir de quoi l'actualité d'Outre-Pyrénées aura été faite à l'heure où ces lignes paraîtront.  LFAR

     

    77dae4cee53d71a6de676a118bdb1379.jpeg.jpgUne vingtaine de camions de l’armée de terre sont partis hier soir d’une base militaire près de Saragosse (Aragon) pour Barcelone, où ils sont arrivés ce matin à l’aube. Il s’agit, certes, de camions de logistique destinés à appuyer les forces de la police et de la Guardia Civil (équivalent de la gendarmerie), le matériel lourd emmagasiné dans les casernes catalanes devant suffire amplement. C’est, de toute façon, un signe et un premier pas vers un affrontement qui apparaît de plus en plus comme inévitable face à l’entêtement des sécessionnistes qui ne seraient prêts à parler que d’une seule chose : des conditions de la reddition de l’Espagne face à leurs exigences d’indépendance.

    Mais ils oublient que, pour que l’ennemi se rende, il faut d’abord avoir gagné la guerre. La vraie : non pas la guerre de propagande, qu’ils ont certes gagnée avec la pantalonnade du faux référendum de dimanche et les erreurs et bêtises commises par Rajoy. Quant à la guerre pour de vrai, les sécessionnistes disposent certes de 17.000 Mossos d’Esquadra (la police autonome). Mais c’est tout. Donc…

    Mardi soir, le roi a enfin parlé. Il s’est adressé à la nation dans une allocution empreinte du langage diplomatique propre à un monarque, mais suffisamment plein de clarté et de fermeté pour que tout le monde ait compris le message. L’essentiel a tenu en deux phrases : l’une présente, l’autre absente. La phrase que Philippe VI n’a pas prononcée, c’est quelque chose dans le genre « Ouvrir la voie à des négociations avec les rebelles », des négociations qui, comme je le disais, ne pourraient concerner que les conditions de reddition – quelque chose qui était encore présent (« dialogue » fut le mot employé) dans le message prononcé par le timoré Rajoy dimanche soir. La phrase que, par contre, le roi a bel et bien prononcée, c’est « La déloyauté inadmissible de la part du gouvernement de la Generalitat », avec l’avertissement sous-jacent : si vous continuez sur cette voie, l’article 155 de la Constitution sera appliqué (article qui prévoit la suspension de l’autonomie d’une région). 

    De l’autre côté, il semble clair que le gouvernement séditieux s’apprête à proclamer formellement, lundi prochain, la République indépendante de Catalogne. Il s’agit de savoir maintenant si le gouvernement de l’Espagne attendra ce moment pour appliquer l’article 155 et arrêter les chefs de la sédition (pour l’instant, le chef de la police autonome a déjà été mis sous examen par le juge d’instruction) ou s’il prendra déjà de telles mesures d’ici à lundi. 

    Mais la question essentielle n’est pas là. La grande question est : comment les séditieux vont-ils réagir ? Que vont-ils faire, puisqu’il est exclu qu’ils se laissent tout simplement faire ? Ou, pour le dire autrement, ne disposant pas de forces militaires, iront-ils jusqu’à envoyer des manifestants se faire tuer devant les chars ? Espérons et prions pour que leur folie et leurs outrances n’arrivent pas jusque-là.

    Post-scriptum : j’apprends à l’instant, de sources très sérieuses – les événements se précipitent comme un tourbillon –, l’existence d’un mécontentement de plus en plus grand au sein de l’armée. Il s’exprimerait notamment à travers une organisation regroupant des militaires haut gradés qui a pour nom Alerta. Mais tout cela reste à confirmer. 

    Écrivain et journaliste espagnol

     

    A lire dans Lafautearousseau ...

    En deux mots : Barcelone : « No tinc por »

    Le paradoxe de la Catalogne, identitaire et ... remplaciste

    Catalogne : Mariano Rajoy deviendra-t-il Mariano Kerenski ?

  • Guerre des sexes ?

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgSamedi dernier, dans l’émission On n’est pas couché de Laurent Ruquier sur France 2, une violente altercation s’est produite entre la romancière Christine Angot et Sandrine Rousseau, ancienne secrétaire nationale adjointe des Verts.

    Le motif de l’incident, la violence sexuelle subie par des femmes, explique son caractère passionnel, vu les sentiments qu’elle provoque. L’affaire a pris une dimension supplémentaire avec l’intervention de Marlène Schiappa, secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les hommes et les femmes, qui a cru bon saisir le CSA. J’avoue concevoir assez mal comment le CSA pourrait intervenir dans un pareil domaine, sauf à sanctionner les responsables de l’émission, ce qui contribuerait encore plus à la confusion générale.

    Je serais assez d’accord avec Rachida Dati qui, interrogée sur l’émission, estime qu’il s’agit d’une question qui relève de l’intimité de chacune des deux protagonistes et qu’on ne saurait en tirer une conclusion d’ordre politique. Ce qui touche au politique, donc au domaine de la loi, ce peut être la défense de l’intégrité des personnes à l’encontre de toute agression, même s’il est souvent délicat d’opérer un discernement dans cet ordre là. Mais comment arbitrer entre deux femmes qui expriment la douleur de ce qu’elles ont subi, selon des modes rigoureusement contradictoires ? C’est impossible, c’est vain et c’est même contre productif. Cela rappelle les impasses d’un certain féminisme dans les années soixante, lorsque les structures militantes étaient dans l’incapacité de traiter des difficultés personnelles de chacune, au-delà des revendications du combat commun.

    Par ailleurs, il y aussi le risque d’attiser le guerre des sexes, à partir d’une mise en cause unilatérale de l’agressivité masculine. C’est une des causes du malaise actuel. Tout ne se joue pas seulement sur la scène de la revendication des droits. Il y a peut-être, préalablement, la grande question de ce que la Bible appelle l’Alliance et qui concerne ce domaine mystérieux de la rencontre de l’homme et de la femme.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 octobre 2017.

  • Conférence d'Hilaire de Crémiers à Marseille

     

    21106908_1314479941995428_5576558479160819346_n.jpgMercredi soir s'est tenue à Marseille 14 rue Navarin, la première conférence du Cercle Honoré d'Estienne d'Orves donnée par Hilaire de Crémiers sur « Maurras et le Chemin de Paradis ».

    Un plein succès, une quarantaine de militants et sympathisants ayant attentivement suivi une conférence brillante, empreinte d'érudition et aussi d'une part d'émotion suscitée par le propos d'Hilaire de Crémiers faisant apparaître la profondeur de la pensée de Charles Maurras et son engagement, dès sa jeunesse, dans les grands combats du siècle à venir. 

    Prochaine conférence : Mercredi 11 octobre. Rejoignez-nous !

    (Ci-dessus : Hilaire de Crémiers et Guy Bertran)

  • Le cynisme européiste d’Emmanuel Macron

    Le discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne

     

    Par François Marcilhac

     

    3466611312.jpg« Une Europe souveraine, unie, démocratique  »  : le titre du discours de Macron à la Sorbonne, le 26 septembre, suffit à prouver le tour de passe-passe, comme hier la «  fédération d’États-nations  » inventée par Jacques Delors – une fausse synthèse d’éléments inconciliables pour faire passer la pilule. Selon Delors, une Europe fédérale ne remettait pas en cause l’indépendance des nations, puisqu’elle préservait les États, ce qui était évidemment contradictoire  ; selon Macron, il convient d’attribuer à l’Europe les attributs de la nation  : la souveraineté, l’unité et un régime politique – la démocratie – reposant sur l’existence d’un imaginaire demos européen. Opposées en apparence dans leur formulation, les deux supercheries, aussi fédéralistes que ringardes, sont identiques. Macron regarde l’avenir dans le rétroviseur des «  pères fondateurs  ». Comme s’il s’était trompé d’époque. Comme s’il n’avait pas vu que l’Europe ne fait plus rêver des peuples qui, d’ailleurs, y ont toujours vu autre chose que leurs voisins  : pour les démocrates-chrétiens, surtout français, la garantie de la paix en sortant de l’histoire grâce à la constitution d’un ersatz de chrétienté  ; pour d’autres, notamment les Allemands, la possibilité de retrouver à plus ou moins long terme “leur” suprématie continentale – la «  destinée manifeste  » à la sauce germanique  ; pour d’autres encore, une assurance-indépendance contre un voisin – russe – jugé par nature menaçant. Et pour beaucoup, la possibilité d’appartenir à un club économique et monétaire permettant d’assurer leur développement, appartenance qui, ayant ses contraintes, peut se retourner en cauchemar car l’Europe est tout sauf solidaire – les Grecs l’ont appris à leurs dépens. Quant au Royaume-Uni, qu’il ait été dehors ou dedans (mais toujours à moitié), il est fidèle à la doctrine de Churchill  : le projet européen, c’est bon pour les nations continentales.

    Histoire, identité et horizon

    Macron a beau pérorer que l’Europe est «  notre combat  », «  notre histoire, notre identité, notre horizon  », il mêle là encore une platitude – l’Europe est en un sens «  notre histoire  » – à deux affirmations idéologiques. En quoi serait-elle «  notre combat  » – Quel «  citoyen  » européen serait prêt à mourir pour Gdansk davantage que pour Dantzig  ? – ou «  notre identité  »  ? Comme s’il existait une identité européenne préexistante aux identités nationales qui n’en seraient que les déclinaisons alors que, bien au contraire, l’identité européenne n’a jamais été que le carrefour des identités nationales. Non, évidemment, que ce dialogue n’ait eu d’incidence sur la culture de chacun des peuples qui y ont, inégalement du reste, participé dans l’histoire. Mais jamais ce dialogue n’a fini par constituer le brouet insipide d’une identité européenne. Enfin, en instituant l’Europe comme «  notre horizon  », Macron rétrécit singulièrement celui de nations historiques comme l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni (dont il justifie ainsi la sortie) ou évidemment la France, dont les horizons se confondirent toujours avec la terre entière – reculant, comme il se doit, au fur et à mesure que ces nations avançaient. «  Notre horizon  » ne saurait se limiter au «  petit cap du continent asiatique  » (Paul Valéry).

    Macron a évoqué les «  pères fondateurs  », eux qui, instrumentalisant le traumatisme de deux guerres mondiales dont les nations furent avant tout les victimes et à peine la cause occasionnelle, conçurent aussitôt leur projet comme un asservissement du politique à l’économique au plus grand profit de l’hégémonie américaine. Il est vrai que c’est de cette idéologie matérialiste que Macron est le héraut. Idéologie consumériste qui constitue le brouet insipide européen que nous évoquions à l’instant. C’est pourquoi, disciple de Monnet, il veut explicitement substituer le «  débat scientifique  » au «  débat politique  » et abandonner l’Europe aux «  experts  », c’est-à-dire aux lobbies.

    Un souverainisme de repli  ?

    Aussi, après Mitterrand à Strasbourg en 1995 – «  le nationalisme, c’est la guerre  » –, a-t-il beau dénoncer en «  continuateur  » plus qu’en «  révolutionnaire  » (Pierre-André Taguieff) «  nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli  », «  idées qui se présentent comme des solutions préférables  » auxquelles il avoue, deux lignes plus haut, préférer «  les bourrasques de la mondialisation  »  : ses propos n’en font que mieux ressortir son aveuglement et son cynisme. Aveuglement devant la résurgence, partout dans le monde, singulièrement en Europe, d’un besoin d’identité face, précisément, aux dégâts culturels, plus encore qu’économiques, du mondialisme. Car avant d’être des «  idées  », «  nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli  » traduisent un besoin de persévérer dans l’être auquel c’est le mondialisme, par ses ravages, qui risque de donner un visage peu amène – et le succès relatif de l’AFD en Allemagne n’est pas forcément pour nous réjouir. Il en est de même du faux nationalisme catalan, sur fond d’égoïsme économique  : que traduit-il sinon un “chacun pour soi” que le mondialisme favorise  ? Macron est dans le domaine des idées, ou plutôt de l’idéologie. Aux prétendues idées de repli, il oppose une Europe qui «  ne vivra que par l’idée que nous nous en faisons  ». Idée en l’occurrence sonnante et trébuchante, puisqu’elle consiste à faire de l’Europe un open space – parlons macronien – du mondialisme, comme le montre l’entrée en vigueur, avant même sa ratification par les parlements nationaux, du CETA, traité de libre-échange euro-canadien, auquel Macron a toujours été favorable. C’est là tout son cynisme. Faire servir, comme les «  pères fondateurs  », une idée apparemment généreuse à la mise en coupe réglée des peuples et des civilisations sous un impératif de primauté de l’économique cachant la volonté de puissance de l’Argent sans rivages. La souveraineté, l’unité et la démocratie dont il rêve, ce sont celles des marchés dictant leur loi à des peuples submergés, à l’identité éclatée. Il est vrai  : «  Moi je n’ai pas de ligne rouge, je n’ai que des horizons.  »

    C’est à Giscard, qu’il fait penser. “Jeune” président (plus jeune même), centriste et atlantiste, il mêle lui aussi, en libéral-libertaire assumé, volonté de faire éclater les cadres de la société (l’avortement et le divorce pour Giscard, la PMA et bientôt la GPA et l’euthanasie pour Macron) et dépassement du national au profit d’une Europe mondialisée. Giscard est l’instigateur de l’élection du Parlement européen au suffrage universel, du regroupement familial puis de la Constitution européenne, devenue le traité de Lisbonne. Pour Macron  : listes européennes transnationales, Europe à deux vitesses pour forcer le passage au fédéralisme, budget «  du cœur de l’Europe  », valorisation du «  défi  » migratoire. Et comme Giscard à l’époque, peut-être notre «  pionnier  » se pense-t-il trop jeune pour prendre sa retraite après deux mandats nationaux et se voit-il déjà le premier président de l’Europe. Mais il faut auparavant diluer la France dans le grand tout européen. Bien sûr, les Allemands, Merkel en tête, n’ont pas les mêmes projets, surtout en matière budgétaire. Les Français ont toujours été les seuls «  Européens  ». Alignement explicite sur le «  modèle allemand  », que viendra sanctionner un nouveau «  traité de l’Élysée  », en matière sociale (la «  convergence  »), monétaire (la dogmatique austéritaire) et migratoire, bradage des derniers fleurons de notre industrie au profit du capitalisme d’outre-Rhin (Alstom dernièrement)  : les Allemands se contentent de ramasser ce que Macron leur offre. Ils savent que la condition d’une Allemagne toujours plus forte est une France toujours plus «  européenne  », c’est-à-dire toujours plus faible.  

     

  • Philippe Bilger : « Marseille: une négligence professionnelle de la préfecture du Rhône »

     

    Par   

    L‘attentat de dimanche aurait pu être évité si le tueur n'avait été relâché par la préfecture du Rhône, estime Philippe Bilger. [Figarovox, 4.10]. Il plaide pour un renforcement des contrôles professionnels et arrêter de croire que les lois nouvelles remplaceront les actes. Il plaide surtout pour que la France retrouve le simple courage ! LFAR

     

    547261786.jpgSentinelle a heureusement évité à Marseille, en tuant l'assassin, d'autres victimes que les deux malheureuses jeunes femmes. Qui pourrait discuter l'utilité de cette force de surveillance, de vigilance et de riposte ? 

    Qui pourrait douter de la nécessité de voter au plus vite le projet de loi antiterroriste qui ajoute des armes à l'état de droit en maintenant celui-ci à la pointe extrême de ce qu'une démocratie peut se permettre d'accepter ?

    Si je confirme mon adhésion à cette présence militaire si efficace en l'occurrence et aux futures dispositions législatives qui sont attendues par le peuple français - son approbation vaut bien la contestation des universitaires et des juristes qui les récusent -, cela tient à un sentiment que j'ai éprouvé régulièrement face aux crimes terroristes.

    Depuis l'affaire Merah jusqu'à toutes celles qui ont endeuillé, au fil du temps, la France, l'Etat s'est immédiatement et spontanément projeté, après chaque désastre, dans des inventions législatives.

    Parce qu'il y croit et qu'il espère d'elles une plus grande sûreté et une répression plus rigoureuse contre les assassins. Et qu'il éprouve le besoin légitime de répondre à l'attente explicite des citoyens.

    On n'a pas à se moquer de ce prurit venant poser sur le chagrin collectif comme une consolation vigoureuse et mieux armée pour demain.

    Il n'empêche que la France abuse de la pratique législative qui vise à faire croire en certaines circonstances qu'on agit, que la loi peut devenir un substitut au véritable accomplissement.

    En amont de chaque processus criminel, si on voulait bien analyser dans le détail en n'ayant pas peur de pointer les responsabilités et les défaillances, on s'apercevrait qu'à chaque fois des comportements humains, professionnels, techniques n'ont pas été à la hauteur de ce qu'ils auraient dû inscrire dans la quotidienneté. Dans la chaîne de l'excellence, un maillon a sauté et tout s'est délité. Et, en définitive, le paroxysme de l'horreur est atteint.

    Il n'est pas une de ces terrifiantes affaires où à sa source on n'ait pas été confronté à une incurie, une négligence, une coordination lacunaire ou absente.

    Pour le double crime de Marseille, la police pourrait à Lyon être questionnée sur ce plan mais surtout la préfecture du Rhône qui n'a pas permis que la rétention du tueur puisse être édictée le samedi 30 septembre. Ce qui aurait empêché la double monstruosité sur laquelle on verse des larmes et des torrents d'indignation.

    Mais au risque de choquer, le pouvoir politique a moins peur en France de faire voter des lois que d'exercer un redoutable contrôle professionnel sur tous ceux qui à un moment ou à un autre ont failli et donc, sans le savoir, fait surgir le pire.

    Il convient de perdre l'habitude de pourfendre des abstractions pour n'être pas obligé de sanctionner des coupables. Adopter une telle démarche reviendrait à changer d'esprit, de méthode et de courage.

    Les massacres ne sont pas forcément facilités par de mauvaises lois. Mais, le plus souvent, par des hommes ou des femmes qui ont fait dévier, par insuffisance, incompétence, légèreté, le cours de notre destin collectif vers l'innommable.

    Rien de ce qui est proprement humain n'est étranger à la sauvagerie, à cette saleté du terrorisme.

    Il faudrait être doublement sans faiblesse.

    Pas dans le même registre évidemment.   

    XVMe46fa484-a8dc-11e7-8c3b-0492b00cca53-77x120.jpgMagistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat général à la Cour d'Assises de Paris. Auteur de très nombreux ouvrages, il tient le blog Justice au singulier et a dernièrement publié Moi, Emmanuel Macron, je me dis... (éd. du Cerf, 2017).

  • Espagne : Le roi Felipe VI s'est exprimé dans un discours d'une fermeté sans précédent

     Palais Royal de Madrid

     

    Le roi d'Espagne a rompu le silence hier, en fin de journée. 

    Les Echos titraient hier soir, à 22 h 15 : « Le roi d'Espagne attaque durement les dirigeants catalans » C'est en effet ce qui ressort de ce discours.

    Nous avons choisi de reprendre ci-dessous quelques extraits du commentaire du Huffington Post.

    Mais l'écoute du discours du roi s'impose. Malgré une très médiocre traduction, il est sous-titré, en français.  LFAR

     

     

    Le commentaire du Huffington Post - 3.10.2017 - 21 h 26 

    Une prise de parole exceptionnelle pour le garant de l'unité de l'Espagne. Dans un discours d'une rare fermeté, le roi Felipe VI a accusé mardi 3 octobre les dirigeants indépendantistes de la Catalogne de menacer la stabilité de l'Espagne, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-desus. 

    L'épreuve de force entre le gouvernement central et les dirigeants catalans, qui menacent de déclarer l'indépendance, a plongé l'Espagne dans sa crise la plus grave depuis (...) 1977. Dans une charge aussi rare que cinglante, Felipe VI a accusé les dirigeants catalans de s'être placés « en marge du droit et de la démocratie » en organisant le référendum de dimanche. 

    « Avec leur conduite irresponsable, ils peuvent même mettre en danger la stabilité de la Catalogne et de toute l'Espagne », a dit le souverain qui ne s'était pas exprimé sur la crise depuis dimanche. L'Etat doit assurer « l'ordre constitutionnel en Catalogne », a-t-il ajouté dans une allocution télévisée. 

    Face à cela, « c'est la responsabilité des pouvoirs légitimes de l'Etat d'assurer l'ordre constitutionnel et le fonctionnement normal des institutions, le respect de l'Etat de droit et l'autonomie de la Catalogne », a déclaré Felipe VI, sur le trône depuis 2014.

    Aux termes de l'article 155 de la Constitution, jamais encore invoqué, le gouvernement peut obliger une région à respecter ses obligations constitutionnelles si elle les viole ou si elle « porte gravement atteinte à la l'intérêt général de l'Etat ».

  • Notre vieil « ennemi héréditaire », l'Angleterre ...

     

    En deux mots.jpgSi l'on doutait que les journalistes - notamment de radio et de télévision - fussent attelés sans relâche et sans vergogne à une fonction de pure et classique propagande, l'affaire du Brexit, la façon très monolithique, très « formatée » dont elle n'a cessé d'être présentée, en donne une illustration tout à fait claire. Le bourrage de crâne parle chez nous un langage moins brutal, plus doucereux, que celui des régimes totalitaires d'autrefois ou même d'aujourd'hui, mais le résultat est le même. Sans qu'on soit sûr qu'il ne soit pis.

    Les médias n'ont pas désarmé avec le temps. France Inter annonçait encore samedi matin, sous une forme à peine hypothétique, la fonte à venir des effectifs de la City. Ces derniers n'ayant plus d'autre choix que de gagner Frankfort ou ... Paris.

    À ce que l'on dit dans les cercles éclairés, Paris, en effet, ambitionnerait même de ravir à la City sa place de premier rang. On ne demanderait pas mieux dans ces colonnes, si c'était sérieux. Il est permis, peut-être même normal, d'essayer. On ferait bien, toutefois, à notre avis, de ne pas trop y compter. La place et le potentiel de la City dans les opérations financières du monde lui est acquise depuis si longtemps, les liens qu'elle a tissés partout sont si étroits, les habitudes si ancrées, que le plus probable est qu'elle la conservera.

    On se plaît encore à Paris, Bruxelles, et ailleurs, à supputer que le Brexit pourrait bien ne pas aller à son terme, que les Anglais pourraient, en langage gaullien, « caler» , faire machine arrière ; que les négociations de sortie de l'U.E. pourraient ne pas aboutir avant longtemps ; que l'économie anglaise en supporterait de si funestes conséquences qu'elle s'en repentirait assez vite... Bref, toutes espèces de circonstances de nature catastrophique devant amener, en matière européenne, l'opinion britannique à s'inverser.

    Cela nous paraît méconnaître la situation, notamment économique, de l'Angleterre post-Brexit, en réalité nettement plus florissante que la nôtre en ce moment, tout autant que la psychologie du peuple anglais et de ses gouvernants.

    L'Histoire nous enseigne plutôt que les Anglais - peuple et Institutions - après avoir longtemps débattu, s'être affrontés âprement sur la ligne à suivre, une fois la décision prise, s'y tiennent jusqu'à avoir atteint leurs objectifs. De l'entêtement des Britanniques, l'Histoire nous donne maints exemples : la période napoléonienne qui ne s'achève qu'à Waterloo, comme la Seconde Guerre mondiale que l'Angleterre a menée seule, face aux puissances de l'Axe, après le défaut de la France en juin 40, et jusqu'à ce que Russes et Américains entrent dans le conflit. De Gaulle dira qu'elle fut l'âme de cette guerre, finalement gagnée, et c'est sans doute vrai.

    51dW11FzjZL._SX195_.jpgL'actuel ministre des Affaires Etrangères de Grande Bretagne, Boris Johnson, l'ancien maire de Londres, a écrit sur Winston Churchill un gros livre foisonnant, écrit à la va comme je te pousse, construit le plus anarchiquement du monde, mais bourré de faits, d'anecdotes, de mots d'esprit et surtout rempli d'admiration pour le courage, l'héroïsme même, le patriotisme et le profond loyalisme monarchique de son grand homme, dont il est patent qu'il est son modèle et son exemple. Son livre enseigne ces vertus.

    Typique du fonctionnement des institutions britanniques, auxquelles les Français entendent généralement fort peu de chose, une sorte de maturation en cours chez les tories et, probablement, chez l'intéressé lui-même, semble en ce moment devoir pousser Boris Johnson vers le 10 Downing street, où il pourrait bien un jour assez proche succéder â la pâle mais décidée Thérèsa May. Sans-doute est-elle aussi parfaite patriote anglaise que lui, mais sans son panache.

    Ainsi, les fonctionnaires de Bruxelles devraient avoir affaire dans les mois qui viennent â de redoutables et efficaces négociateurs, tandis que les acteurs réels de toutes les formes d'activité européenne, économique et autres, seront - sont déjà - pressés de mettre en place les accords - désormais bilatéraux - qui permettront de la poursuivre. Avec ou sans Brexit, l'Angleterre ne cesse pas d'exister, les réalités de transcender les bouts de papier et les idéologies.

    La France ne devra pas être en reste, n'aura pas avantage à s'enfermer dans son tête à tête de plus en plus inégal avec l'Allemagne. L'égoïsme anglais, quoique sous d'autres formes, n'est pas moindre que celui de notre grand voisin d'Outre-Rhin. Face à cet égoïsme, celui de notre vrai et vieil « ennemi héréditaire », nous aurons souvent à dresser le nôtre, à défendre nos intérêts bec et ongles. Mais, en la circonstance, nous devrions avoir, avec l'Angleterre - et en tirer quelque parti - ce point de convergence fondamental : son obstination à conserver sa souveraineté.  •

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Goldnadel au Figaro : « L'antifascisme exacerbé a ressuscité l'obsession de la 'race' »

     

    Par  

    Depuis Charlottesville, les revendications antiracistes se sont multipliées aux Etats-Unis et en France. Gilles-William Goldnadel estime que l'antiracisme pervers et surmédiatisé aura conduit au renouveau de la « guerre des races ». Il nous semble avoir raison. Cette chronique [Figarovox, 2.10] dit un grand nombre de simples vérités !  LFAR

     

    Black_Lives_Matter_protest.jpgLe résultat le plus patent et le plus efficace de l'antiracisme factice qui sévit depuis 50 ans aura été la guerre des races. 

    Je rappelle que celui-ci a interdit pendant longtemps l'utilisation du vocable de « race » sous peine d'excommunication. Aucune différenciation entre semblables n'étaient tolérable.

    Dans la réalité, et au fil des années, l'obsession du racisme aura abouti à l'obsession de la race, la couleur des uns étant systématiquement synonyme de souffrance, celle des autres tout aussi systématiquement synonyme de racisme monopolistique. Toute contestation de cet esprit de système étant ipso facto suspectée de racisme systémique.

    L'autre caractéristique de l'antiracisme factice s'observant dans la forme hystérique et obsessionnelle de sa représentation médiatique.

    Les États-Unis, comme toujours, ont lancé la mode culturelle de cet antiracisme et imprimé son mode de communication électronique et frénétique.

    Les semaine s écoulées depuis les événements de Charlottesville nous en ont livré quelques échantillons choisis : destructions de statues de généraux sudistes, interdiction d' « Autant en emporte le vent » à Memphis, contestation de Christophe Colomb, critiques contre Kate Bigelow, réalisatrice du film Détroit et incapable en tant que blanche de comprendre la souffrance noire (Libération 11 août), manifestations de footballeurs noirs américains refusant, un genou à terre, de saluer le drapeau national.

    Le prétexte donné à ce dernier geste étant la violence policière blanche. Si nul ne saurait contester l'existence de celle-ci et encore moins l'excuser lorsqu'elle survient, le courage et l'honnêteté intellectuels commandent d'indiquer qu'il arrive aussi de voir des Blancs violentés volontairement par des Noirs.

    Je rappelle ici mon article dans lequel je m'étonnais que nul n'ait cru devoir reprocher à Obama l'oubli du vocable « racisme » lorsque délibérément un homme noir à Dallas a assassiné quatre policiers blancs innocents pour venger la mort d'un noir. Ici sévit la guerre des races.

    L'un des effets pervers de l'obsession antiraciste unilatérale aura été de redonner à de nombreux Blancs américains (dont les plus pauvres sont les seuls qui ont vu leur espérance de vie diminuer ces dernières années) une conscience de race à nouveau exacerbée.

    L'honnêteté oblige également à constater tristement que l'élection d'un président noir aux États-Unis, saluée, au-delà de ses réelles qualités intellectuelles intrinsèques, avec un empressement extatique que j'ai toujours considéré comme racialiste, n'aura en rien calmé la question raciale obsessionnelle. Tout au contraire.

    Étrangement, ce président qui avait commencé brillamment son magistère en ignorant superbement sa différence, l'aura achevé huit ans plus tard en frayant avec les Black Matters , groupe racialiste radical s'il en est.

    D'un excès l'autre : Ce n'est certainement pas le nouveau président américain qui calmera cette situation névrotique. Donald Trump, rejeté outrageusement dès le début par le pouvoir médiatique, a fait le choix stupide et affligeant de la fuite en avant.

    Dans l'affaire « des genoux à terre », alors qu'il avait un beau sujet pour rassembler une majorité bigarrée autour du drapeau étoilé, celui-ci a préféré traiter les sportifs mutins de « fils de pute », donnant ainsi rétrospectivement raison à ses caricaturistes les plus caricaturaux.

    Dernier exemple américain en date de l'illustration d'un excès médiatique consternant : des graffitis sur la porte de la chambrée de soldats noirs ont permis au discours antiraciste d'un officier blanc de grande éloquence de faire le tour du monde.

    Ce discours était absolument nécessaire dans l'enceinte de la caserne, mais sa publicité planétaire totalement disproportionnée avec l'incident.

    Sauf à permettre à tout raciste pervers de prendre le monde médiatique en otage complaisant en écrivant sa haine sur la porte d'une mosquée, d'une église, d'une synagogue , d'une chambrée ou de toilettes, l'exposition de la bêtise humaine ne saurait tolérer une malsaine surexposition.

    Et si le prêchi-prêcha antiraciste médiatisé présentait la moindre efficacité depuis qu'il est imposé par la fausse morale préfabriquée, les lignes qui précèdent n'auraient pas existé.

    La France ne se trouve pas en meilleure situation. Les mauvais vents de Charlottesville n'auront pas mis un mois à franchir l'océan.

    Les antiracistes de pacotille et les antinazis d'opérette n'ont pas non plus chômé : le Cran qui veut culbuter Colbert et dégommer Dugommier jusqu'à Mélenchon qui prétend que ce sont des antifas de rue qui ont chassé les nazis.

    Cécile Pina (Figarovox 29.9) révélait que des islamistes radicaux avaient été autorisés par l'université Lyon 2 à organiser une conférence à l'intérieur de son enceinte. Le pire était d'apprendre que Jean-Louis Bianco, es qualité de président de l'Observatoire de la laïcité, avait accepté d'envoyer un message aux participants, donnant ainsi son onction à la manifestation. Pour illustrer l'obscénité d'un tel encouragement, on précisera que le parti des Indigènes de la république fera partie de la joyeuse équipe.

    Je rappelle ci-après, la contribution de la porte-parole de ce parti à la guerre des races : « Mohamed Merah c'est moi. Le pire c'est que c'est vrai. Comme moi, il est d'origine algérienne, comme moi il a grandi dans un quartier, comme moi il est musulman. Comme moi, il sait qu'il sera traité d'antisémite s'il soutient les palestiniens colonisés, d'intégriste s'il soutient le droit de porter le foulard. Mohamed Merah c'est moi et moi je suis lui.… Nous sommes des indigènes de la république. Je dis ce soir, je suis une musulmane fondamentale

    Et encore ceci: « Il faut dénationaliser l'histoire de France. Je crois qu'il faut faire exploser cette identité française. …» Houria Bouteldja citée par Pierre-André Taguieff dans « L'islamisme et nous » (CNRS éditions 2017)

    Une sympathisante de ce parti Indigène, Danielle Obono, est également député insoumise de la république. Invitée cette semaine sur BFM, elle répugnait, dans le cadre des lois antiterroristes en gestation, à considérer comme un signe de radicalisation, l'attitude d'un chauffeur de bus qui refuserait, comme cela arrive, de conduire après une femme. Evidemment, madame Obono, qui n'a rien contre le « Nique la France », aime à se dire féministe.

    Joli succès de l'antiracisme d'extrême-gauche: Le parti mélancholique est en passe d'ajouter la guerre des races à la guerre des classes.  

    Gilles-William Goldnadel

    est avocat et écrivain.  

  • Dans nos commentaires : Péroncel-Hugoz remet les pendules à l'heure à propos du tropisme kurde ...

     

    1417414836 - Copie.jpgL'article d'Antoine de Lacoste que nous avons publié hier - Les chrétiens syriens à l'épreuve des Kurdes - a suscité aussitôt des commentaires intéressants. Particulièrement opportun et autorisé : celui reçu hier de Péroncel-Hugoz qui fait un sort dûment motivé au tropisme kurde. On le lira avec intérêt. Lyrisme et exaltation ne font pas de la bonne politique.   LFAR

     

    IMG - JPEG - Copie - Copie.jpgLe commentaire de Péroncel-Hugoz

    Bravo à Lacoste qui ne se laisse pas avoir par l'islamiquement correct et qui nous montre que les « héroïques » Kurdes se comportent envers les chrétiens comme les autres mahométans mais en enrobant leurs comportements d’une astucieuse com (par ex. les femmes kurdes combattantes ...) susceptible de plaire aux bobos islamo-gauchistes ... Penser que de 1898 à 1920 les plus grands tueurs d'Arméniens turcs furent les Kurdes ...  

    Les chrétiens syriens à l'épreuve des Kurdes