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Actualité France - Page 362

  • Suffrage universel, château de Versailles : lettre ouverte à Jean-Michel Aphatie

      

    Par David Desgouilles
     
    LETTRE OUVERTE - Après l'élection de Donald Trump, Jean-Michel Aphatie a considéré qu'il fallait s'interroger sur le suffrage universel. Quelques jours après, il a expliqué qu'élu président, il raserait Versailles. David Desgouilles - jeune journaliste de beaucoup de talent - écrit une lettre à son célèbre confrère. [Figarovox, 14.11]. Excellente lettre qui clôturera nos articles de ce jour sur l'affaire Apathie, surtout intéressante, non pas pour gloser sur le faible intellect et la déontologie inexistante de ce journaliste, mais pour les réactions et les commentaires qu'il suscite sur des sujets qui importent bien davantage que sa personne.  LFAR
     

    4021532882.pngInvité jeudi sur BFM-TV, vous avez déclaré qu'il fallait « s'interroger quelques fois sur le suffrage universel ». Rires sur le plateau. Olivier Truchot et Ulysse Gosset pensaient-ils que vous plaisantiez ? Pour notre part, nous n'en avons pas eu l'impression. Dès lors, une question brûle les lèvres. Est-ce le principe du suffrage qui vous interroge ou le fait qu'il soit devenu universel ? L'émission se terminant, personne n'a malheureusement pu vous poser la question. Dommage ! Il aurait été très intéressant de vous entendre. Comme vous n'avez jamais manifesté la moindre tentation pour la monarchie absolue ou les régimes autocratiques en général, il vous aurait donc fallu expliquer que c'était l'universalité de ce droit qui constituait le problème.

    La question se pose depuis quelques siècles. Dans la première moitié du XIXe siècle, le suffrage censitaire permettait d'empêcher les pauvres d'accéder au droit de vote. La bourgeoisie leur reprochait leur mauvaise éducation. Deux siècles après, on reproche d'ailleurs les mêmes défauts à ceux qui ont voté Non au référendum de 2005 en France, le Brexit au Royaume-Uni ou Trump aux États-Unis en 2016. Comme le chantaient Les Poppys : « Non, non, rien n'a changé. Tout, tout doit continuer ». Pourtant, il serait sans doute injuste de faire de vous un partisan du suffrage censitaire. Vous avez en effet la particularité d'être un journaliste atypique, qui a été garçon de café avant de reprendre ses études et faire la carrière que l'on connaît. Un tel parcours force le respect, à commencer par le mien, et vous vaccine contre toute tentation de vouloir réserver le droit de vote à ceux qui ont le moyen de payer le cens. Davantage qu'une question d'argent, il doit être question de savoir et de sagesse. C'est pourquoi, dans un esprit constructif, nous pourrions vous suggérer de proposer que ce droit de vote soit réservé dans notre pays aux membres des rédactions de Radio France (et aux États-Unis, celle du New-York Times). Nous avions à peine trouvé cette solution que nous apprenions que vous aviez proposé au micro de la chaîne Public Sénat, de « raser le Château de Versailles ». Ce serait votre « première mesure » si vous étiez «élu président de la République ». Sonia Mabrouk vous a alors rétorqué qu'il vous serait difficile d'être élu avec un tel programme. Elle ne pouvait pas savoir que c'était les consœurs et confrères de Radio France qui devaient constituer le collège électoral.

    Mais pourquoi donc raser ce témoignage de notre Histoire, au fait ? Parce que c'est un témoignage de notre Histoire, justement. Et de notre Histoire glorieuse, surtout. Louis XIV, Napoléon, le Général de Gaulle, la grandeur de la France, voilà le poison. Voilà ce qui nous empêche de demeurer petits, comme nous le méritons. Voilà pourquoi les chefs d'État veulent se montrer à la hauteur pendant les élections, avant d'y renoncer aussitôt arrivés au pouvoir. Voilà pourquoi ils « promettent n'importe quoi » avant de rentrer dans le rang. Partant de ce constat, on imagine très bien ce que seraient vos deuxième et troisième mesures. Raser l'Arc de Triomphe et tronçonner la Croix de Lorraine! Ce qui suivrait automatiquement serait la renonciation à la force de frappe nucléaire et la restitution de notre siège de membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU. Jean-Claude Juncker fera cela très bien. J'allais écrire que vous vous contenteriez aisément que la France devienne une vaste Suisse, avant de me rendre compte que nos voisins helvétiques aiment tellement le suffrage universel qu'ils usent volontiers de la démocratie directe, ce qui doit vous paraître plutôt nauséabond. Ce dont la France a besoin, finalement, c'est d'un conseil d'administration. Point d'assemblée générale d'actionnaires. Elle pourrait succomber à des rêves de grandeur ; on ne sait jamais. Ce conseil d'administration ne rendrait donc compte à personne. Un peu comme les journalistes qui avaient expliqué que Donald Trump ne pouvait pas être élu président, puisque vous avez répondu vertement à Sonia Mabrouk que ceux-là n'avaient pas le moindre mea culpa à formuler. Qu'elle serait heureuse la France dirigée par le président Jean-Michel Aphatie, débarrassée de son Histoire, de ses beaux monuments et de son suffrage universel ! Cela vaut le coup d'essayer. Vous trouverez bien cinq cents signatures à la Maison de la Radio.   

    « La grandeur de la France, voilà le poison. »
     
    David Desgouilles est membre de la rédaction de Causeur. Il a publié Le bruit de la douche, une uchronie qui imagine le destin de DSK sans l'affaire du Sofitel (éd. Michalon, juin 2015). Son prochain roman de politique-fiction, Dérapage, paraît le 11 janvier 2017 aux éditions du Rocher.
  • Respect pour la monarchie ! [Le Parisien Magazine. Humeur]

    Illustration La Couronne 

     

    Par Clara Dupont-Monod

    Bien-sûr, cela ne va pas très loin, mélange de considérations frivoles et de quelques autres plus sérieuses, même d'autres plus profondes [Le Parisien Magazine, 29.10]. Et l'on écarte d'un revers de plume cette Action française chargée de tous les défauts, dont il est si commode de se distancier. Sans laquelle, pourtant, l'idée royale qu'on compare et qu'on loue ici, se réduirait sans-doute aujourd'hui à un fantasme tout en paillètes. Cela ne nous relèvera pas de l'abîme civilisationnel où nous sommes plongés. N'importe ! L'idée simple ici est qu'il existe un autre abîme : entre la France républicaine d'aujourd'hui et ce que fut la France royale. Et l'auteur conclut à l'endroit de cette dernière : « Ma révérence ! ». Cette humeur s'intitule « Respect pour la monarchie ! »   Cela a un sens. Ce n'est pas grand chose. Ce n'est pas rien ... LFAR   

     

    AVT_Clara-Dupont-Monod_4831.jpgPlus on s’enfonce dans la crise politique, plus la monarchie redore son blason. Mais si. Ecoutez autour de vous : on n’a jamais autant entendu les mots « citoyenneté » et « Etat fort », précisément parce que ces valeurs périclitent. Et, à observer le bal des courtisans, les ors de la cour élyséenne, les adoubements et les disgrâces qui rythment la vie des palais (Bourbon, Luxembourg...), on se demande si une bonne vieille monarchie ne serait pas plus cohérente avec le décorum républicain.

    Avec style et couronne

    Entendons-nous. Il ne s’agit pas de louer Action française ni de ressortir la bannière à fleurs de lys. Mais de rêver un peu aux bienfaits insoupçonnés d’un système qui, avouons-le, a son charme. Ce que prouve The Crown, une excellente série diffusée sur Netflix à partir du 4 novembre. Attention, on risque de brûler sa carte d’électeur ! The Crown raconte 63 ans de règne d’Elizabeth II, reine d’Angleterre. Un mélange de Game of Thrones (moins la nudité) et de House of Cards (moins la démocratie). Surtout, cette monarchie, mine de rien, affiche certaines qualités absentes de notre vie politique.

    Par exemple, l’allure. Entre une Elizabeth (incarnée par Claire Foy) qui descend de calèche, la nuque droite, et un président qui ruisselle sous la pluie, soyons honnêtes, y a pas photo (comparez aussi une Diana qui sut élégamment faire sa vie ailleurs tandis que, en France, nous avons un président en scooter. Le seul Français qui fit preuve d’une noble discrétion, c’est Mitterrand, et c’était bien un monarque). Continuons. Et regardons les effets : une foule qui scande « We want a king ! », une autre, indignée, à l’usine Alstom de Belfort… Enfin, entre un système assez féministe pour privilégier une dame, tandis que son mari reste figurant, et les attaques machistes entendues dans un hémicycle, que choisissez-vous ?... 

    Ah ! j’oubliais le sens du tragique : de Sissi à la reine Fabiola, chez les aristocrates, même le chagrin a du panache ! Ajoutons qu’une monarchie est compatible avec une logique parlementaire : l’excellente Revue des deux mondes de ce mois-ci, consacrée à « La Nostalgie du roi », rappelle que c’est sous Louis XIV qu’émergea l’Etat français moderne. Moralité : un sondage du 29 août de l’institut BVA révèle que 17 % des Français voudraient d’un roi comme chef de l’Etat, et 39 % (+ 16 points par rapport à 2007) y verraient un effet positif sur l’unité nationale. Ma révérence !   

    Le Parisien Magazine

  • Guy Birenbaum (France Info) : « A la Saint Geoffroy, il ne nous manquerait plus qu'un roi » ...

    Le prince Jean de France pourrait être ce roi ...

     

    Mur-bleu gds.jpg77% des Français doutent de notre démocratie et 18% sont partisans d'un gouvernement autoritaire ...

     

    « T'as vu l'info ? » (On appréciera le style, qui est, comme on le sait depuis Buffon, « l'homme même"...), est un très court rendez-vous quotidien consacré à l'actualité, diffusé sur France info du lundi au vendredi, à 6h55. Chaque jour, Guy Birenbaum, journaliste de la chaîne, propose, juste avant le 7-9 de Fabienne Sintès, de découvrir un événement passé inaperçu dans l'actualité. Et il conclut toujours son propos par un « dicton du jour », parfois alambiqué, souvent sans grand intérêt, mais parfois pertinent.

     

    Ce mardi 8, Guy Birenbaum, même s'il le fait d'une façon semi-sarcastique, a choisi pour dicton la phrase que nous reprenons en titre.

     

    Ecoutez cette minute et cinquante et une secondes : même avec le ton potache que prend le journaliste, cela ne manque pas d'intérêt, et marque, de toute évidence, que, face à l'état pitoyable de notre semble-Démocratie, de notre semble-Etat, de notre semble-gouvernement, l'évolution des mentalités se poursuit et semble même s'amplifier...   

     

    Les Français doutent de leur démocratie par franceinfo 

      

  • Ce 18 brumaire électoral que l'on n'attendait pas...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    Une analyse bienvenue, faite d'un point de vue français.

     

    1345578492.2.jpg« Sondage n’est pas suffrage » : cette vieille rengaine qui est la mienne depuis longtemps et que j’appelle parfois « la sagesse du paysan de Lancieux », apparaît à nouveau d’une grande actualité en ce jour de résultats électoraux aux Etats-Unis. La victoire inattendue de M. Donald Trump est-elle, comme l’évoquait avant l’heure Le Figaro sous la plume de M. de Kerdrel ce matin, une « vengeance des peuples », fatigués d’une mondialisation qui n’est plus heureuse que pour ceux qu’ils nomment « élites » quand, le plus souvent, elles ne le sont désormais que par l’argent et non par le travail ? Ce qui est certain, c’est que le vote présidentiel de ce mardi n’est qu’une marque supplémentaire, et sans doute pas la dernière, de cette défiance à l’égard d’un système considéré comme socialement injuste, une défiance qui prend désormais des allures de colère (et de fâcherie) des électeurs des classes populaires et des classes moyennes inquiètes contre ceux qui gouvernent depuis si longtemps aux destinées de leur pays ou du monde… 

    Il est amusant de noter que ce 9 novembre 2016 correspond, dans le calendrier républicain (français) au… 18 brumaire ! Léon Daudet y aurait sûrement vu un intersigne et, si M. Trump n’est pas Bonaparte, certains voient dans sa victoire contre toute attente, une sorte de coup d’Etat électoral, et le nouvel élu, comme le disait Jacques Bainville à propos du futur empereur, « apparut comme le sauveur qu’on cherchait ». Ainsi, les électeurs états-uniens (du moins ceux qui ont voté pour lui) auraient trouvé en M. Trump le meilleur moyen d’envoyer balader le « There is no alternative » (« Il n’y a pas d’alternative ») de Mrs Margaret Thatcher ! Son refus des accords de libre-échange, s’il se confirme, rejoint la contestation altermondialiste de gauche (mais pas seulement, car existe aussi une contestation traditionaliste du libéralisme, contestation à laquelle je me rattache) et, d’une certaine manière, lui coupe l’herbe sous le pied : le plus humiliant pour cette gauche dite radicale façon Tsipras (ou Mélenchon) serait qu’il tienne sa promesse de campagne de rejeter le fameux traité transatlantique (ou TAFTA) et qu’il réussisse à faire échouer ce que les multinationales voulaient faire aboutir tandis que les altermondialistes ne sont jamais vraiment arrivés à freiner le rouleau compresseur de cette mondialisation libérale… 

    En revanche, on peut légitimement s’inquiéter de son refus de toute écologie au moment où il faudrait, bien au contraire, engager une véritable politique, dans chaque pays, pour orienter l’économie et la société vers de nouvelles attitudes et habitudes plus respectueuses de l’environnement : cela va imposer aux partisans de l’écologie intégrale de redoubler d’efforts, et, entre le pape rédacteur de l’encyclique Laudato Si’ et M. Trump, mon choix est, évidemment, vite fait ! Tout comme je soutiens ces tribus sioux du Dakota du Nord qui, demain, vont poursuivre la lutte contre l’installation d’un nouvel oléoduc traversant leur territoire alors que M. Trump veut, lui, poursuivre et intensifier l’exploitation du gaz de schiste au détriment de la santé même des Amérindiens vivant à côté des zones d’extraction. 

    Ce qui est certain, c’est que cette élection présidentielle états-unienne nous oblige, nous Français, à renforcer notre Etat et notre nation pour affronter les tempêtes qui, en fait, n’ont pas attendu M. Trump pour se lever depuis déjà quelques années, voire un peu plus… « Faire de la force » : le mot d’ordre de Maurras (pour une fois bien inspiré) est un programme que les candidats à l’élection française du printemps prochain pourraient faire leur, mais il n’est pas certain que la République soit appropriée à ce qui devrait être une feuille de route prioritaire pour la France dans un monde incertain…

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Quand Sting invoque Allah au Bataclan ... Attentat à la décence ?

    Samedi soir, au Bataclan, dans un concert censé honorer les victimes du 13 novembre, le chanteur britannique Sting a choisi de chanter « Inchallah »...

    Par Thomas Clavel

    Qui a bien raison de poser la question en titre et y apporte la réponse qui s'impose [Causeur, 14.11].

    Il y a une semaine s’éteignait Leonard Cohen, dont la chanson Hallelujah résonne en chacun de nous comme un cantique éternel. « J’ai entendu qu’il y avait un accord secret / Que David a joué, et il a plu au Seigneur / Mais tu ne t’intéresses pas vraiment à la musique, n’est-ce pas? (…) Ta foi était forte mais tu avais besoin de preuves / Tu l’as vue se baigner sur le toit / Sa beauté et le clair de lune t’ont renversé » … Par ces paroles mystérieuses, à la fois bibliques et profanes, s’ouvre un des plus beaux morceaux jamais composés, mêlant à des arpèges d’une beauté saisissante ce refrain sacré, Hallelujah - Dieu soit loué ! - qui se répète inlassablement, s’élève et s’abaisse, espère et renonce, s’exalte et se brise.

    Samedi soir, au Bataclan, dans un concert censé honorer les victimes du 13 novembre, le chanteur britannique Sting a choisi de célébrer un autre Dieu. Accompagné du trompettiste Ibrahim Maalouf, il a ainsi interprété Inchallah, un des titres de son dernier album qui rend hommage aux réfugiés perdus en mer Méditerranée. « La chanson raconte l’histoire d’une famille partie sur un petit bateau. Je n’ai malheureusement pas de solution politique pour la crise des migrants mais, s’il y en a une, je pense qu’on peut la trouver en faisant preuve d’empathie. En s’imaginant sur ce bateau avec vos enfants et ceux que vous aimez » a-t-il expliqué sur scène.

    Homo Festivus ne pouvait imaginer plus belle réouverture ni plus belle rédemption pour la salle de spectacle la plus tristement célèbre de la planète : un artiste engagé chantant l’Islam et l’amour. Dans un narcissisme qui confine au délire, faisant fi de la souffrance infinie de centaines de familles, Sting allait absoudre et sauver l’Humanité de la haine des victimes à l’endroit de leurs bourreaux, des peurs occidentales à l’égard des migrations orientales, des phobies archaïques vis-à-vis des lumières de la diversité.

    Sting a tenu à préciser au public qu’inchallah était « un très beau mot », comme pour appuyer un peu plus sa pédagogie lumineuse dans l’arène même où Allah était invoqué pour l’assassinat de 130 personnes, il y a un an.

     

    Souhaitant probablement faire définitivement taire les allahou akbar des terroristes, cet Inchallah très maladroit les a bien au contraire fait résonner.

    Il y a des choses que la pudeur commande de ne pas faire. Mais cette pudeur gagne rarement les hommes de spectacle que l’hubris finit toujours par métamorphoser en prêtres. La grande messe des émotions faciles et des absolutions immédiates a tellement corrompu la société du spectacle que tout artiste qui se respecte se croit sommé par la Providence de remettre les hommes de leur péchés, de leurs angoisses, de leurs préjugés, de leurs peurs.
    Samedi soir, Sting n’a pas pris la mesure de l’événement auquel il était convié. Il aurait probablement pu se contenter de jouer ses titres classiques. Et pourquoi pas rendre un double hommage en interprétant ce merveilleux Hallelujah, bien plus consensuel, bien moins violent, bien moins violemment prescriptif.

    Mais la promotion de son nouvel album et la propre célébration de son âme ne pouvaient se contenter d’une simple dédicace aux disparus du Bataclan.  

    Thomas Clavel

  • Jean-Michel Aphatie, un propagandiste de la haine de la France

     

    par Gabriel Robin

    Beaucoup de téléspectateurs, journalistes, intellectuels, observateurs, etc., reconnaîtront dans cet excellent billet, ce qu'eux-mêmes ressentent à l'endroit de Jean-Michel Aphatie. Il était bon de le dire. Bien d'accord avec Gabriel Robin [BV - 12.11].  

     

    cdc9be8916225c6864b6c7e7cfd715c7.jpeg.jpgJean-Michel Aphatie est un propagandiste de la haine de la France. Sa faconde provinciale ne parvient, d’ailleurs, plus à cacher ses véritables motivations. L’expert qui se trompe sur tout ne manque jamais de critiquer les votes des peuples souverains, se demandant parfois si la démocratie est vraiment nécessaire quand les Américains font le choix de leurs libertés retrouvées en élisant Donald Trump. D’une phénoménale outrecuidance, il saisit toujours les occasions qui lui sont offertes pour manifester bruyamment son profond mépris pour notre histoire. Se croyant transgressif, il n’est pourtant que le servile copiste de la morale bourgeoise de l’époque, héritée des « déconstructeurs » des années 60. Ainsi, invité de l’émission « On va plus loin » sur Public Sénat, il a déclaré, toute honte bue :

    « L’esprit politique français est fabriqué par le souvenir de Louis XIV, de Napoléon et du général de Gaulle. Quand on fait de la politique en France, Madame, c’est pour renverser le monde. Eh bien, ça, ça n’entraîne que des déceptions. Moi, si un jour je suis élu président de la République, savez-vous quelle est la première mesure que je prendrai ? Je raserai le château de Versailles […] ce serait ma mesure numéro un, pour que nous n’allions pas là-bas en pèlerinage cultiver la grandeur de la France. »

    De tels propos sont dignes d’un traître. Ne comprend-il pas que les personnages mondialement connus qu’il cite sont la mémoire toujours vivante de ce qu’il y a de plus beau, de plus sacré et de plus grand dans l’histoire de notre nation ? Qui est Jean-Michel Aphatie, en comparaison ? Un tout petit maton de Panurge, chien de garde d’une élite népotique qui tente de nous entraîner dans sa lamentable agonie. Louis Pauwels avait très admirablement décrit ce monôme de zombies qui avait subverti la nation au début des années 80. Ces zombies ont désormais la calvitie grisonnante. Ils possèdent tout : les médias, les exécutifs politiques, les sièges de parlementaires, une majorité des grandes entreprises… Tout leur appartient. Ils sont si hégémoniques qu’ils se pensent invincibles, bouffis d’orgueil et de suffisance. Ringards, dépassés, profondément anachroniques, ils doivent céder la place à des personnalités plus représentatives de la sociologie contemporaine. Nous ne pouvons décemment pas laisser ces gens rester nos maîtres pour toujours. Il faut les renverser, les décrédibiliser. En déclarant vouloir détruire le château de Versailles, Jean-Michel Aphatie s’est officiellement déclaré en guerre contre la France. Bien plus qu’un adversaire, je crois qu’il est maintenant un ennemi. Partout en Occident, les peuples se retournent contre les prescripteurs d’opinion qui ont précipité leur déclin. Rendons sa grandeur à la France ! Pour cela, il faut d’abord mettre un terme à l’hégémonie culturelle de la gauche bobo.   

    Gabriel Robin

    Juriste

  • La députée PS Sylvie Andrieux condamnée : le Premier Secrétaire du PS a « une pensée pour elle »...

     

    Mur-bleu gds.jpgLa Cour de cassation ayant rejeté, le mercredi 9 novembre, le pourvoi de Sylvie Andrieux, la députée socialiste marseillaise est définitivement condamnée à quatre ans de prison dont trois avec sursis. Accessoirement, à 100.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité.

    Rappelons qu'elle avait - entre 2005 et 2008 - et alors qu'elle était conseillère régionale, distribué 700.000 euros de subventions à des associations fictives, sur la base de faux devis grossièrement falsifiés... : clientélisme-copinage, quand tu nous tiens !  

    C'est à la mi-2007 qu'un signalement fut fait à la justice par la cellule Tracfin, qui avait relevé des flux financiers suspects sur les comptes d'associations censées permettre la réhabilitation des quartiers. Ces associations étaient en fait des coquilles vides, et les fonds versés servaient en réalité à assurer un train de vie confortable à leurs dirigeants. En contrepartie, ils devaient aider Sylvie Andrieux à se faire élire : on appelle cela, en bon français, de l'achat de voix ; de la corruption d'électeur. 

    Sylvie Andrieux va donc, enfin, payer (au propre comme au figuré), et son nom va venir s'ajouter à la liste déjà très longue des élus PS condamnés, leur parti traînant tant de « casseroles » qu'il va bientôt faire une sérieuse concurrence (déloyale ?...) aux cuisiniéristes genre Schmitt, Mobalpa et autres !... 

    1421528153.jpg

    Jean-David Ciot mis en examen,  à la cour d'appel d'Aix-en-Provence © Photo J. F. Giorgetti 

    Mais voilà que dans ce marigot glauque et puant d'un parti corrompu jusqu'au trognon, un rayon de soleil vient réchauffer un peu l'ambiance, et apporter un sourire dans la sinistrose ambiante. Il y a des cœurs tendres et des âmes sensibles qui, dans l'épreuve n'oublient pas leurs ami(e)s. C'est beau ! On apprenait ainsi, après le verdict, que Jean-David Ciot, premier secrétaire du PS - et député - dans les Bouches-du-Rhône avait déclaré, sur France bleue, : « Une pensée pour Sylvie Andrieux ». On allait se précipiter sur la boite de Kleenex pour sécher la larme d'émotion qu'on sentait poindre, et puis, allez savoir pourquoi, on s'est dit « Ciot ?... Ciot ?... ça ne rappelle pas quelque chose ?... ». Et, au bout de quelques instants, « Bon sang, mais c'est bien sûr ! », comme disait le célèbre commissaire Bourrel dans « Les Cinq dernières minutes » : ce Ciot là, c'est bien ce receleur de détournement de fonds publics, celui dont les militants de l'Action française Provence ont « perturbé » les vœux au public en janvier 2016 au cri de « Ciot démission ! » : il faut savoir que - dans notre république idéologique de copains et de coquins - on se serre les coudes le plus possible, et le plus longtemps possible.  

    Comme pour Sylvie Andrieux, on utilise tous les artifices pour faire durer les affaires, si on ne peut les étouffer carrément : c'est toujours cela de gagné ! Jean-David Ciot, présentant ses vœux, venait juste d'obtenir sa - bizarre - relaxe en appel, lui qui était poursuivi pour recel de détournement de fonds publics dans une affaire de licenciement de son poste au Conseil Général.   

    En somme, Ciot soutient Andrieux comme la corde soutient le pendu. C'est bien connu, les loups ne se mangent pas entre eux. En tout cas, au PS, si tous les membres ne sont pas des Ciot ou des Andrieux, ça pue, quand même ! 

  • Société postmoderne • Génération Bataclan ou l'identité malheureuse

     

    Par Alexandre Devecchio

    Les tragédies du Stade de France et du Bataclan ont bien révélé une génération en rupture avec les précédentes, mais Alexandre Devecchio la décrit [Figarovox du 12.11] comme « miroir des fractures françaises » et comme syndrome de cette « identité malheureuse » où tout un Système idéologique, politique et sociétal a plongé le pays. Face à ce Système déconstructionniste une révolution s'impose. Et, sans-doute, se met en marche. Une révolution ? Oui, mais pour restaurer l'ordre légitime et profond. Ou s'il l'on veut la Tradition. Ce qui suffit à définir notre famille de pensée et d'action.  Lafautearousseau

     

    XVM5eede49e-9cf6-11e6-a606-bf1a3ab457d6.jpg« C'est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France. Si je reçois le mandat du pays d'être le prochain président, je ne veux être jugé que sur un seul objectif (…) : est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu'en 2012 ? », avait déclaré le candidat Hollande lors de son discours du Bourget. Sans doute n'imaginait-il pas l'effroyable scénario qui allait suivre. Les cris et les larmes, le sang répandu sur les trottoirs de Paris, les destins brisés dans la fleur de l'âge. Le grand Vendredi prédit par Hegel est advenu, mais en lieu et place du couronnement dialectique annoncé, il a consisté en cet infernal 13 novembre 2015 qui a marqué, comme l'a écrit Alain Finkielkraut, « la fin de la fin de l'Histoire ». Le délire meurtrier des djihadistes n'a pas seulement emporté sur son passage des vies, des corps et des âmes, mais également le monde d'hier. Le Bataclan restera comme le tragique tombeau de la génération soixante-huitarde en même tant que celui de l' « antiracisme » institutionnel. Daniel Cohn-Bendit et ses camarades rêvaient d'une société où il serait interdit d'interdire et où l'on jouirait sans entraves. Julien Dray et ses potes de « SOS », de diversité heureuse et de métissage universel. Leurs enfants ont payé du prix de leur vie la facture de leur utopie. « Le multiculturalisme est une blague, une blague sanglante », résumera de manière cinglante Jacques Julliard.

    Le 13 novembre, les Xe et XIe arrondissements, terre promise d'une jeunesse libertaire, ont été touchés en plein cœur. Face aux kalachnikovs des djihadistes, les habitués de La Bonne Bière, de La Belle Équipe, du Carillon ou du Petit Cambodge étaient armés de leur bienveillance et de leur art de vivre. Après les attentats de janvier, nous avions voulu croire que badges, slogans et marches blanches suffiraient à conjurer le mal. Moins d'un an plus tard, lors de cette nuit d'épouvante, cette jeunesse a découvert de la plus cruelle des façons la violence du siècle en marche. Le surlendemain, Libération titrait « Génération Bataclan ». Le quotidien exaltait une jeunesse « festive », « ouverte », « cosmopolite » et voulaient croire en la naissance d'une nouvelle « génération morale » qui résisterait à l'islamisme en proclamant « je suis terrasse » un verre de mojito à la main.

    Une volonté d'exorcisme qui éludait le fait que les bourreaux des attentats de Paris avaient le même âge que leurs victimes et qu'ils formaient ensemble une même génération. De surcroît, les nouveaux barbares ne venaient pas d'un lointain pays étranger, mais des territoires perdus de la République situés à seulement quelques kilomètres à vol d'oiseau des quartiers branchés de la capitale. Les assassins n'étaient pas Charlie. Ils n'avaient pas marché dans Paris le 11 janvier. Une jeunesse épanouie dans l'individualisme occidental est tombée sous les balles d'une jeunesse enfiévrée par l'islamisme. Cette dernière est en partie le produit de l'antiracisme différentialiste des années 1980. En troquant le modèle traditionnel d'assimilation contre le système multiculturaliste anglo-saxon, l'égalité contre la diversité et la laïcité contre l'identité, cette idéologie a fait le lit du communautarisme et de l'islamisme. Déculturée, déracinée, désintégrée, une partie des jeunes de banlieue fait sécession et se cherche une identité de substitution dans une oumma fantasmée. L'enquête de l'Institut Montaigne sur les musulmans de France, publiée en septembre 2016 et basée sur un sondage de l'Ifop, révèle que près de la moitié des 15-25 ans sont partisans de la charia et se placent en rupture totale de la République. Tandis que la jeunesse issue de l'immigration se réislamise, les « petits Blancs » et même « les petits juifs », victimes de l'insécurité au quotidien à l'école ou dans les transports en commun, n'ont aucun complexe à reprendre le slogan des soirées électorales du FN, « on est chez nous ! ». Ils quittent les métropoles pour des raisons économiques, mais fuient également de plus en plus la proche banlieue où ils se font traiter de « sales Français » et se sentent en exil dans leur propre pays.

    Les tragédies du Stade de France et du Bataclan ont bien révélé une génération, mais celle-ci n'a rien à voir avec ce qu'était la « génération morale » des années 1980. La vérité est que les nouveaux enfants du siècle sont le miroir des fractures françaises. Notre jeunesse a perdu son insouciance et s'attend à chaque instant à voir revenir le cauchemar du 13 novembre. S'il y a bien une génération Bataclan, elle est celle de l'identité malheureuse. 

    Alexandre Devecchio

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    Journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il est l'auteur des Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée [éditions du Cerf].

    Alain Finkielkraut, « la fin de la fin de l'Histoire »

    L'enquête de l'Institut Montaigne sur les musulmans de France

    « Le multiculturalisme est une blague, une blague sanglante », résume Jacques Julliard.

  • Histoire & Actualité • Aux armes, citoyens dentistes ! C’était écrit ...

     

    par Jérôme Leroy

    Si la réalité dépasse parfois la fiction, c'est que la fiction précède souvent la réalité. La littérature prévoit l'avenir. Cette chronique le prouve. Avec le talent, la plume, l'humour, l'érudition, la sagacité alerte de Jérôme Leroy. [Causeur, 11.11] Si la « littérature prévoit l'avenir », il arrive parfois - pour le meilleur ou pour le pire - qu'elle contribue à le former. Ainsi s'il advenait qu'un nouveau patriotisme « devienne dangereusement révolutionnaire ». S'il venait à l'idée de « la Garde nationale voulue par Hollande » de le chasser de Paris « et qu’il soit obligé de se réfugier à Versailles pour les derniers mois de son mandat. » Comme au temps de la Commune de Paris ... Et même, imaginons qu'il vienne à l'idée de ladite Garde Nationale, avec quelques autres, voire beaucoup d'autres, de retourner ses nouvelles armes contre les hommes du Système ? Contre le Système lui-même ? La littérature permet de rêver. Parfois, aussi, de faire l'Histoire. Ainsi, pour en finir avec les guerres des partis religieux, le Parti des Politiques, avait-il demandé en 1594 « un Roi qui donnera ordre à tout ». Ils l'exprimèrent dans la Satire Ménippée et ce fut le règne réparateur d'Henri IV.   Lafautearousseau     

     

    4141331940.jpg« La Garde nationale de Buchy était venue s’adjoindre au corps des pompiers, dont Binet était le capitaine. Il portait ce jour-là un col encore plus haut que de coutume, et, sanglé dans sa tunique, il avait le buste si roide et immobile que toute la partie vitale de sa personne semblait être descendue dans ses deux jambes, qui se levaient en cadence, à pas marqués, d’un seul mouvement. » Aurait-on déjà favorablement répondu dans nos cantons à la création de la Garde nationale qui « concourt, le cas échéant par la force des armes, à la défense de la patrie et à la sécurité de la population et du territoire » annoncée au Journal officiel du 14 octobre 2016 ? Non, puisqu’il s’agit ici d’une scène de Madame Bovary.

    L’appellation « Garde nationale » a en effet un genre très XIXe. On la croise chez un Balzac réfractaire à l’uniforme, arrêté à son domicile en 1836 par un « ignare dentiste » qui cumule son « affreuse profession » et « la fonction atroce de sergent major ». Balzac aurait pu avoir honte, surtout s’il avait pris connaissance de l’enthousiasme civique et connecté de Razzy Hammadi, député de Seine-Saint-Denis : « J’ai candidaté via mon smartphone. J’attends une réponse de la part de la réserve pour savoir où mon profil pourrait être utile. Tous les citoyens et citoyennes sont appelés à se mobiliser. » Flaubert, en revanche, est aussi bon patriote qu’Hammadi : il est prêt à rejoindre la Garde nationale après le désastre de 1870 comme il l’écrit à sa nièce Caroline : « Si le siège de Paris a lieu, je suis très résolu à ficher mon camp avec un fusil sur le dos. »

    gn-pleinevie.fr_.jpgCette idée-là me donne presque de la gaieté. À vrai dire, il n’en fera rien, à la différence de Jules Vallès qui, quelques mois plus tard, rejoint la Garde nationale parisienne qui avait pris fait et cause pour la Commune comme il l’écrit dans Le Cri du peuple : « Gardes nationaux de Paris, le monde vous regarde, et nous qui aimons la patrie et la République, nous vous acclamons ! Votre drapeau est vraiment aujourd’hui le clocher de la ville en deuil, autour duquel tous doivent se presser, sans regarder s’il y a au bout un lambeau de toile bleue ou un bonnet rouge. » La Garde nationale qui existait depuis la Révolution sera dissoute en 1871 suite à cet événement. C’est qu’il arrive parfois que le patriotisme devienne dangereusement révolutionnaire. Et il ne manquerait plus que la Garde nationale voulue par Hollande le chasse de Paris et qu’il soit obligé de se réfugier à Versailles pour les derniers mois de son mandat. 

    Jérôme Leroy
    Ecrivain et rédacteur en chef culture de Causeur

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    LA SATIRE MENIPPEE : O Paris, qui n'es plus Paris !

  • Culture & Actualité • La France selon Tartuffe

    Raphaël Glucksmann, fils d'André Glucksmann

     

    Par Olivier Maulin 

    Raphaël Glucksmann publie un essai pour opposer sa vision de la France au « repli » qui tenterait aujourd'hui notre pays. Las, l'idéologie ne fait pas bon ménage avec l'intelligence. C'est ce qui est analysé ici avec brio par Olivier Maulin [Valeurs actuelles, 3.11]. Raphaël Glucksmann est symptomatique, emblématique, d'une pensée et d'une oligarchie qui se sentent aujourd'hui menacées par l'émergence d'une nouvelle ère, d'un nouveau cycle de l'Histoire, contraires à leurs utopies et qui, quoiqu'elles l'exercent encore très largement, redoutent la perte prochaine de leur hégémonie culturelle et idéologique. D'où, plus tard, politique. Ingénument, faussement naïf, Raphaël Glucksmann s'en alarme, s'en lamente, alerte ses semblables. On l'a même observé très agressif, jeudi dernier au soir, sur BFM-TV chez Ruth ElKrief, affronté à un Zemmour exact et impitoyable... Nous sommes en pleine actualité - pour lui très négative - et ce trop gentil jeune-homme est notre adversaire.  Lafautearousseau

     

    maxresdefault 10.jpgLes raisons d'être inquiet aujourd'hui ne manquent pas. L'immigration massive que l'on nous vend depuis trente ans comme une chance pour la France se retourne en partie contre nous ; une cinquième colonne que l'on est incapable d'évaluer a commencé de nous poignarder dans le dos ; l'évolution économique mondiale lamine notre modèle social et culturel ; l'Europe, qui était censée être notre avenir, s'avère être un ectoplasme incapable de nous protéger.

    Mais tout cela n'est que broutilles pour le jeune Raphaël, fils du philosophe André Glucksmann récemment disparu. Un an et demi après avoir publié un « manuel de lutte contre les réacs » plutôt comique, l'essayiste a en effet repéré la seule et véritable inquiétude actuelle : les maurrassiens sont en train de prendre le contrôle de l'histoire, dessinant à la France « un visage grimaçant d'angoisse et de ressentiment »... C'est pour répondre à ces bardes « sortis du néant dans lequel d'antiques trahisons les avaient relégués », manière délicate de renvoyer à Pétain ceux qui auraient l'audace de penser différemment de lui, que notre nouveau "nouveau philosophe" a pondu un livre laborieux pour rallumer la lumière et éclairer les ténèbres réactionnaires qui lentement se posent sur le pays en menaçant de l'asphyxier. Problème : loin d'être un projecteur, sa lumière est une petite loupiote qui se met très vite à clignoter et qui faute de jus finit logiquement par s'éteindre piteusement.

    Il y a au moins un point sur lequel on sera d'accord avec notre intellectuel en culottes courtes : ses idées ont bel et bien perdu la partie et ce n'est pas son livre prétentieux et bavard qui y changera quelque chose. Pour un homme de gauche habitué à arbitrer les élégances, c'est probablement un crève-coeur.

    La France de Glucksmann fils est un gag. C'est une pétition de principe, une idée pure, l'abstraction dans toute sa splendeur. La succession des travaux et des jours, l'année liturgique, les grands cycles paysans ayant marqué les paysages, les moeurs et les mentalités ? Pas un mot. Trop réel. La France est cosmopolite, universaliste, révolutionnaire et européenne. Mieux : elle l'est depuis toujours ! Elle est une promesse pour tous les hommes et en tout lieu et n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle est "déterritorialisée". Bref, cette France est davantage nichée dans la brousse du Burkina Faso ou dans le coeur d'un Érythréen que dans le fin fond de la Creuse ou dans le coeur d'un vieux Français aux pieds enfoncés dans une glaise suspecte.

    Les Français descendraient d'un voleur de poules

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    Ce bon vieux Renart (ici sur une miniature du XlVe siècle) serait la preuve,
    selon Raphaël Glucksmann, que notre identité est "trouble"...

    Sans surprise, Glucksmann déplore ainsi le manque d'ardeur de notre pays à accueillir les "réfugiés" et loue la chancelière allemande d'avoir transformé le sien en une immense journée "portes ouvertes". Loin de l'effrayer, la formule magique de la mémère (« Nous y arriverons »), qui commence à inquiéter même les plus raisonnables, est pour lui la preuve que la politique est avant tout affaire de conviction.

    L'acmé de la France de Glucksmann se situe évidemment le 26 août 1789, jour de l'adoption de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Mais à la différence de certains républicains qui la font carrément naître ce jour-là, notre historien magnanime lui reconnaît bel et bien une histoire avant la glorieuse révolution. Mais une histoire... progressiste ! Il s'enhardit en effet à fouiller notre passé lointain pour y trouver les prémices de cette France éternellement désincarnée, faisant mystérieusement appel au personnage de Renart, tiré du roman du même nom écrit aux XIIe et XIIIe siècles, en lequel il voit le « père fondateur de notre identité » et la preuve que cette identité est « trouble ». Est-ce par simple plaisir d'affirmer que les Français descendent d'un voleur de poules que notre farceur est allé chercher là sa référence arbitraire ? Nul ne le saura probablement jamais. Quoi qu'il en soit, il faudrait rappeler à notre historien de la littérature que cet amusement carnavalesque pour clercs qu'est le Roman de Renart ne va pas sans l'ordre dont ce roman s'amuse et que la culture médiévale ne connaît pas le conflit qu'il lui prête entre un idéalisme dominant et des antimodèles contestataires. Le carnaval est nécessaire à l'équilibre de la société et les deux vont ensemble : retirer l'un à l'autre pour l'ériger en modèle n'a tout simplement aucun sens.

    Mais tout est bon pour tenter de prouver que l'identité française est fluctuante de toute éternité, fondamentalement "déracinée", un mot que l'auteur affectionne. Le destin de cette France est donc de se dissoudre dans le réel pour ne demeurer qu'une idée, un phare dans la nuit, une déclaration de principe, celle-là même que l'ancienne secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme, Rama Yade, avait naguère fait placer dans une sonde spatiale et envoyé sans sommation dans l'espace infini, déclenchant par là même un fou rire universel.

    Estimant qu'il symbolise au mieux les "conservateurs", Glucksmann convoque également le Tartuffe de Molière sans comprendre que celui-ci a changé de camp. Le Tartuffe clame en effet aujourd'hui qu'il est un « patriote cosmopolite »; il assure la main sur le coeur qu'il est républicain mais se montre favorable au multiculturalisme; il prétend aimer la France mais la France qu'il dit aimer porte en elle son principe de destruction et ne se réalisera véritablement que dans sa complète dissolution. Le Tartuffe aujourd'hui s'appelle Glucksmann.

    IL A DIT

    « NOS PLUS GRANDS HOMMES, CEUX QUI ONT SU LE MIEUX EXPRIMER ET REPRÉSENTER L'ESPRIT FRANÇAIS, ONT TOUS FAIT L'EXPÉRIENCE DU DÉRACINEMENT. » Raphaël Glucksmann

    Olivier Maulin

     

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    Notre France, de Raphaël Glucksmann, Allary Éditions, 260 pages,18,90 €.

  • Des primaires pour rien

     

    par Hilaire de Crémiers

    La multiplication des votations n’est pas du tout une preuve de réalisme démocratique. Tout cela n’est que trompe-l’œil au profit des appareils et des apparatchiks.

     

    2771589182.jpgComment peut-on faire croire aux Français qu’ils choisissent leur président de la République ? Contrairement à l’esprit même des institutions de la Ve République, il n’y a plus de lien direct entre le peuple déclaré souverain et le chef de l’État. Les partis politiques officiels ont réussi à capter entièrement à leur profit cette élection essentielle, capitale au sens étymologique du terme, celle qui concerne le chef, la tête. Ils en contrôlent désormais intégralement le déroulé et donc le résultat.

    Déjà les appareils politiciens avaient réussi à mettre la main sur l’ensemble des élections, jusqu’aux plus locales, et à aménager le système électoral à leur convenance ; ils s’en étaient tout simplement attribué les moyens légaux, politiques et financiers, s’autofinançant eux-mêmes par de tels procédés sur les caisses publiques. Il y a encore quelques décennies, beaucoup de villages, de bourgs, de cantons et un certain nombre de circonscriptions avaient des représentants non apparentés, hors système partisan, sui generis, issus en tant que tels de leur terroir.

    C’est devenu quasi impossible. La querelle partisane s’est immiscée jusqu’au fond du dernier hameau. Les élections locales sont devenues elles-mêmes des champs clos de guerre civile. Les législatives sont totalement verrouillées par le système des investitures qui donnent lieu aux plus sordides marchandages, aux plus sinistres règlements de compte. La dégradation de l’esprit public est la conséquence inéluctable de tels usages et de telles conceptions.

    L’État livré aux partis

    Maintenant, depuis plus d’une décennie, c’est la plus haute fonction de l’État qui n’échappe plus à l’emprise totalitaire des partis. Ils ont imposé la réforme constitutionnelle qui a réduit le septennat en quinquennat. Le peuple français, en fait, ne le demandait pas. C’était supprimer la durée, la dimension sacrée, radicalement différente, dans cette haute institution dont les racines, y compris constitutionnelles, conçues dans les débuts de la IIIe République et renouvelées dans la Ve, sont fondamentalement régaliennes, autrement dit royales.

    Ignorer, mépriser ce caractère relève de la crétinerie politicienne et d’un petit esprit de médiocrité bourgeoise qui est le propre de nos dirigeants actuels. Copier les États-Unis sur ce sujet était, une fois de plus, une sottise ; d’autant plus que nos institutions sont historiquement, socialement et politiquement différentes. Ne serait-ce qu’au regard de la particularité fédérale des États-Unis. Ah ! cette mauvaise manie des prétendues élites françaises de vouloir toujours copier l’étranger ! Que de bêtises commises depuis plus de deux siècles !
    Eh bien, ça continue ! On organise des primaires en s’imaginant imiter encore les Yankees. Ce n’est qu’une singerie supplémentaire qui casse définitivement la clef de voûte de ce qui reste debout de la maison France. Ni un De Gaulle ni un Mitterrand ne se seraient prêtés à pareil jeu. C’est n’avoir aucun sens de l’État, de l’État français spécifiquement.

    La gauche s’est livrée la première à cet essai pour l’élection de 2012. À défaut de Strauss-Kahn, le résultat fut Hollande. Chacun savait, y compris à gauche, que l’homme n’était absolument pas à la hauteur de la fonction : la preuve en a été, depuis lors, suradministrée. Monsieur 4 % est en passe de devenir Monsieur 1 % et, comme rien n’arrête le délire narcissique du pouvoir, le bonhomme laisse encore croire qu’il est candidat à sa propre succession.

    Jusqu’à quand ? Le livre « Un président ne devrait pas dire ça » révèle la goujaterie, l’incroyable légèreté, la suffisance idiote, le cynisme vulgaire de ce petit potentat socialo-bourgeois qui n’aime parler que de lui. Très loin de Mitterrand qui, du moins, comme le montre la publication de ses lettres à sa maîtresse Anne Pingeot, avait dans son cynisme prédateur une hauteur de vue, un goût de la beauté qui le rachetaient de ses mensonges et de ses bassesses. On sait maintenant que Mitterrand méprisait Hollande. À juste titre. Ce qui n’empêche pas Hollande de se peindre en Mitterrand !

    Un jeu de dupes

    Et, maintenant, voici la droite ou la prétendue droite qui s’est mise, elle aussi, aux primaires, tant les ambitions y sont nombreuses. Que dire de ces ridicules prestations où personne ne va au fond du problème français et où chacun se contente d’ajouter ou soustraire des milliards à des budgets fictifs dont il n’a pour l’instant aucune maîtrise ? Tout le monde a remarqué le style différent de Jean-Frédéric Poisson qui osait exprimer les vraies questions. Eh bien, il n’a pas fallu longtemps pour qu’une manœuvre ignoble tente de l’éliminer : il prenait des voix, pardi !

    En réalité, que va-t-il se passer ? Au soir du 27 novembre, sera désigné un candidat dit de la droite et du centre : vraisemblablement Alain Juppé ou, peut-être, Sarkozy s’il remonte la pente. Auront lieu en janvier les primaires de la gauche : ce sera un spectacle aussi ridicule. Et, finalement, aussi vain, même si un Macron arrive à percer…mais sur quels thèmes de libéralo-gaucho-libertarisme ?

    Alors se déroulera fin avril-début mai la véritable élection présidentielle en deux tours, après ces deux premiers tours des primaires. Tout sera alors faussé, si rien ne change d’ici là. Il est plus que probable – tous les sondages le montrent – que le candidat de gauche, quel qu’il soit, sera éliminé. Resteront au deuxième tour, le candidat dit de droite et Marine Le Pen, qualifiée d’extrême droite par les médias pour lui nuire, mais le corps électoral, sauf les bobos et… les évêques, n’est plus sensible à ce genre d’arguments archi-usés.

    Dans ce cas de figure, comme en 2002, la gauche de gouvernement et l’extrême gauche mélenchonienne, écologiste et communiste seront sommées de se rendre aux urnes pour voter en faveur du candidat républicain. Même s’il est possible que les reports de voix ne s’effectuent pas comme prévu, si le candidat de droite est élu au second tour, il le sera, une fois de plus, grâce à la gauche.

    Et qui lui fera immédiatement savoir. On sait ce qu’il en a coûté au Chirac de 2002 ! Aucun des beaux discours des primaires ne correspondra à l’actualité du moment. Aux législatives, le FN arrivera peut-être à avoir quelques dizaines d’élus, insuffisants pour peser. Le gouvernement sera de centre droit et centre gauche comme aux plus mauvais jours de la IIIe et la IVe République. La France qui est en fait à droite, maintenant plus que jamais, ne sera pas représentée. Telle est la mécanique du système.

    Conclusion : alors qu’une grande majorité du peuple français aspire à un gouvernement fort, digne de ce nom, capable de redresser le pays, la France se paiera une sorte de faux président de droite qui devra tout à la gauche. Comment prétendre diriger avec un système pareil ? Faudra-t-il un écroulement pour que le peuple français comprenne à quel point il est dupé ? 

    Article repris du numéro de novembre de Politique magazine. A commander ici !

  • Arguments pour la Monarchie en France

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    4184008190.2.jpgPourquoi une monarchie en France serait-elle la plus efficace pour affronter les défis du XXIe siècle et dépasser les défauts de l'actuelle République, pourtant « monarchique » dans son esprit mais républicaine dans sa forme ? 

    La Monarchie « à la française », tout d'abord, n'est pas la pâle copie de celles qui peuvent avoir cours dans d'autres pays : ni simplement parlementaire, ni autocratique ou théocratique, elle est d'abord propre à la France et à son histoire, à sa tradition politique et à sa structure nationale. 

    Le roi, par le mode de désignation héréditaire et dynastique, ne dépend d'aucun milieu particulier, d'aucun parti ni d'aucune idéologie (même royaliste), et il n'a pas de clientèle à se faire pour devenir le souverain : il est indépendant par sa naissance, la seule chose qui ne s'achète pas et dont il n'a pas non plus la maîtrise. Le roi n'est pas choisi par des politiciens ou des hommes de parti, et il n'a pas non plus choisi de naître fils de roi et successeur du roi en place. Cette indépendance lui permet d'incarner l'unité même du pays, d'être une sorte de trait d'union entre toutes les communautés, provinces ou opinions, et, non pas d'être neutre, mais d'être un arbitre impartial, ce qui n'est pas négligeable au moment où notre société tend à présenter des fractures parfois inquiétantes. 

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    Le duc et la duchesse de Vendôme avec leurs trois premiers enfants, Gaston, Antoinette et Louise-Marguerite. Depuis, le prince Joseph est venu agrandir la famille.

    Cela lui permet aussi de « dégager » la magistrature suprême de l'Etat de la compétition électorale, aujourd'hui si pesante et si incapacitante pour le faîte de l'Etat et son autorité : ainsi, il peut aussi incarner une continuité qui n'est pas remise en cause à chaque élection quinquennale, et qui est symbolisée par la formule traditionnelle « Le roi est mort, vive le roi », qui fait du passage d'un souverain à un autre une simple formalité, lourde de sens car elle se fait par le drame de la mort d'un roi et par la survie de l'Etat à travers le nouveau roi, et qu'elle rappelle à celui-ci sa condition humaine... 

    De plus, comme le signale Régis Debray, l'ancien conseiller du président Mitterrand, la Monarchie est aussi une famille royale, fort utile pour incarner la France à l'étranger comme le fait la famille royale britannique au sein du Commonwealth, et susceptible de « catalyser » sur elle « le besoin de spectaculaire » de l'opinion publique qui, de plus, peut se reconnaître dans une famille qui représente toutes les familles du pays. Sans oublier également que la dynastie s'inscrit dans une histoire longue et qu'elle assume toute l'histoire (même républicaine) de la nation que, d'ailleurs, elle a construite depuis 987 jusqu'à la Révolution française... Comme le roi Juan Carlos en son temps, un monarque restauré ou « ré-instauré » n'a pas de revanche à prendre sur quiconque mais se doit « d'être » la nation, et c'est ce qui lui permet, justement, de pouvoir dépasser les conflits anciens et de réunir les adversaires autour d'une même table quand le besoin s'en fait sentir. 

    C'est aussi le monarque qui peut écouter tous les premiers ministres et les accueillir, y compris en cas d'alternance politique, tout en garantissant la permanence de l'Etat : que le gouvernement soit de droite ou de gauche, le roi, de par sa position, peut tout écouter et tout entendre, sans, par ailleurs, dévoiler ce qui peut lui être dit par les uns ou les autres. En Europe, les souverains sont réputés pour leur discrétion et un secret ou un doute confié par un ministre au monarque reste un secret, quand, dans le même temps, le monarque peut conseiller, en toute liberté, le ministre reçu. 

    Dans le modèle français de la Monarchie, le roi n'est pas inactif, loin de là, et son rôle d'arbitre peut être appréciable en cas de conflit ou de blocage politique. Un rôle d'autant plus important que, constitutionnellement, le roi est le garant de la Constitution de la nation elle-même, et qu'il est le Chef de l'Etat, autant pour les Français que vis-à-vis des autres nations du monde. 

    Alors que nous sommes, en République quinquennale, toujours en campagne électorale, la Monarchie « libère » la Première place du joug de ceux qui « font » les élections, puissances d'argent ou partis politiques : ce n'est pas anodin et c'est plutôt rassurant car cela force tous les acteurs de l'Etat et du gouvernement à « servir et non se servir »... Dans le même temps, la Monarchie permet de faire des économies importantes et, même, lors des fêtes familiales (mariage royal, naissances, etc.), de rapporter à l'Etat quelques revenus supplémentaires tandis que l'image du pays est valorisée par la couverture médiatique de l'événement ! La Monarchie, à bien y regarder, est moins coûteuse et plus profitable que la République aux campagnes présidentielles onéreuses (tous les cinq ans) et au train de vie souvent fastueux, parfois scandaleux... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Aucune arrestation un mois après l'assassinat manqué de Viry-Châtillon : à quoi sert le gouvernement ?

     

    Mur-bleu gds.jpgA quoi sert Bernard Cazeneuve ? Comment peut-il justifier - nous sommes tout de même au XXIe siècle - qu'avec tous les moyens dont disposent l'Etat et les forces de l'ordre il n'y ait aucune arrestation, aucune avancée décisive dans l'enquête, un mois après l'ignoble et terrifiante tentative d'assassinat de policiers à Viry-Châtillon (qui n'était, d'ailleurs, pas la première) ? A quoi sert tout notre appareil d'Etat, de Ministères, de Services, Agences et tout ce qu'on voudra, quand un semble-gouvernement et un semble-Ministère de l'Intérieur sont infoutus, en un mois, de savoir qui a fait quoi, ou, au moins, d'être sur une ou plusieurs pistes sérieuses ?

    Il est clair que, dans un pays normal, des démissions en cascade suivraient cette inertie, cette mort clinique, cet électro-encéphalogramme plat des services de notre semble-Etat. Mais nous ne sommes pas dans un régime politique normal, nous sommes dans une république idéologique, et cela change tout.

    Et si la vérité, pour en revenir à cette affaire de Viry-Châtillon qui, curieusement, piétine, était en réalité très facile à trouver ?

    1. Il n'est pas interdit de trouver impossible que la police et les services qui ont - mal - succédé aux Renseignements généraux ne sachent pas, au moins en gros, quel groupe est à l'origine de la tentative d’assassinat ; ni, toujours en gros, où se trouvent tout ou partie de ses membres. Mais pour suivre attentivement l'actualité, nous savons bien, aussi, que l'on ne compte plus le nombre de fois où des policiers, contrôlant ou cherchant à arrêter une ou plusieurs personnes ont vu, instantanément, une cinquantaine ou plus de « voisins » se regrouper pour empêcher physiquement l'interpellation. Et la police battre en retraite, car des projectiles divers étaient lançés des fenêtres et, autre joyeuseté - des parpaings tombaient des toits-terrasses.

    2. Il n'est pas interdit non plus de penser que, en réalité, à quelques mois des élections, le gouvernement sait très bien ce qu'il doit savoir, mais qu'il ne veut pas prendre le risque d'un embrasement de Viry-Châtillon et, par contagion-solidarité, des banlieues de la France entière, la racaille de toutes les zones de non-droit volant au secours de la racaille de Viry. Le « Un pour tous, tous pour un » de nos chers Trois mousquetaires inversé, en somme, et mis au service de la délinquance. Le syndrome de Malik Oussekine, qui paralysait tant Jacques Chirac, est toujours agissant dans notre classe politique, dont on peut dire que ce n'est pas le courage qui l'étouffe...

    Certes, on pourra toujours nous dire que nous échafaudons des hypothèses : alors, il faudrait admettre que la totalité des services de police et de renseignement d'un grand pays développé, en plein XXIe siècle, ne peut savoir ce qui se passe dans le pays. Et, là, franchement, c'est cela qui nous paraîtrait incroyable... 

  • Trump : l'immense claque donnée à la cléricature médiatique et à l'odieuse caste du politiquement correct

     

    Mur-bleu gds.jpgC'est une défaite à plate couture ; un désastre en rase campagne ; une « pile » monumentale (on nous pardonnera la familiarité) : tous, journalistes de la presse écrite ou parlée et télévisuelle, hommes politiques et grandes consciences auto-proclamées, donneurs de leçons et dicteurs de conduite, pleins de morgue, de mépris, d'arrogance avant le vote, sont renvoyés, Grosjean comme devant, à leur nullité, leur cuistrerie, leur vacuité abyssale. Ils ont bonne mine, eux qui n'ont pas su voir arriver ce qui est arrivé et qui, pire, nous imposaient depuis de longs mois, à coups de savantes démonstrations cérébrales et abstraites qu'il « fallait » Hillary et que, de toute façon, c'était fait, c'était plié : Hillary avait gagné.

    Eh bien, non, c'est « Donald » qui a gagné et, en tout cas,  eux, maintenant, ils ont perdu, et bien perdu. Et, franchement, les entendre parler à la radio, les voir à la télé, tous avec des intonations consternées et des mines déconfites, oui, c'était réjouissant.

    Il est impossible, évidemment, de répertorier tous les cas intéressants de ce Waterloo du politiquement correct ; on s'arrêtera seulement, ici, sur deux cas un peu plus particuliers :

    1. Ce mercredi 9 novembre, jour de l'annonce des résultats, à 6 h 02 heure française, Gérard Araud - ambassadeur de France aux Etats-Unis, tout de même... - a décidé de communiquer ce qu’il pensait de la manière dont l’élection présidentielle américaine se présentait ; alors qu'un devoir de stricte maîtrise de leurs déclarations s'impose aux diplomates, il s’est permis cette sortie, retweetée plus de 2 000 fois mais rapidement effacée de son compte :

    « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige. »

    Scandaleux, non ? On espère que cet énergumène sera promptement remplacé à Washington, et même - pour faute professionnelle - rayé des cadres d'une Administration, qui demande plus de prudence, et de courtoisie vis-à-vis des personnes élues dans le pays où l'on est censé représenter les intérêts de la France. Il est vrai que, la veille des résultats, les conseillers de François Hollande n’ont préparé qu’une seule lettre de félicitations adressée à... Hillary Clinton ! Et que le message de félicitation de 4% au nouveau président fut à la limite de l'incorrection, et en tout cas tout entier discourtois...

    2. Plus intéressant est ce mea culpa d'un journaliste du New York Times, entendu sur France info : atterré, il admettait cependant - en substance - que ni lui ni ses confrères n'avaient vu venir la déferlante populaire « pro-Trump » ; qu'ils ne savaient plus expliquer ni comprendre leur société, celle dans laquelle pourtant ils vivaient. La tristesse et le désarroi de ce journaliste étaient touchants : au moins était-il intellectuellement honnête, et capable de reconnaître qu'il s'était trompé ; et, surtout, de le dire clairement. Pensez-vous que l'on pourra attendre pareille franchise - fût-elle désarmante - aux JT de France 2, TF1 et autres BFM-TV ? Sur France info et sur France inter ? Dans le Monde, L'Obs et les autres ?

    Comme dirait Bainville, « c'est douteux ».

    Il nous reste l'essentiel :

    la claque, l'immense, la tonitruante, la cataclysmique claque envoyée à toute cette caste politico/médiatique ;

    et - après le Brexit - ce message - terrible pour elle - du retour du peuple, des nations, des frontières ; cette volonté franchement assumée de maîtriser l'immigration; ce refus du politiquement correct; et, surtout, surtout, la fin annoncée de l'emprise de cette caste politico-médiatique - qu'elle a pu croire définitive - sur des opinions publiques qui s'en libèrent et s'en affranchissent de plus en plus... 

  • Quand la démographie est aussi politique : le cas de la France dans l'histoire

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.2.jpgLa démographie est aussi politique, et l'histoire même de notre pays le démontre à l'envi : je m'en suis rendu compte il y a quelques années déjà lorsque je travaillais un cours de Seconde qui évoquait la transition démographique en Europe. En effet, le cas français est, comme souvent, plutôt original et l'explication en est éminemment politique... 

    La France est effectivement le premier pays à entamer sa transition démographique sur le continent européen : comme d'autres, pourtant, elle a connu le radoucissement climatique après les sinistres premières années du XVIIIe siècle qui étaient aussi les dernières du règne de Louis XIV, ce roi-soleil d'un royaume qui en manqua parfois... Elle a aussi connu les progrès médicaux, l'amélioration des techniques agricoles, etc. Mais il y avait plus encore : la France était une Monarchie absolue, et son administration passait pour l'une des plus complexes en Europe, difficile équilibre entre autorité de l'Etat central et libertés des provinces et des corporations. 

    Entre 1700 et 1789, et malgré le creux démographique consécutif aux années 1708-1709, la population du royaume passa de 20 millions environ à presque 28 millions, soit une augmentation d'environ 40 % en trois générations, ce qui peut constituer, pour l'époque, une véritable explosion démographique. Ne parlait-on pas, à la veille de la Révolution, de « Chine de l'Europe » quand on évoquait la France ? Au même moment, le reste de l'Europe entame une transition que la France, déjà, aborde en sa deuxième phase. 

    Les raisons de cette précocité sont connues : d'abord, le territoire de la France n'est plus envahi de façon pérenne de 1636 à 1792, et c'est la Révolution qui va clore cette « parenthèse enchantée », parenthèse dont nous n'avons jamais plus, depuis le XVIIIe siècle, connu la même heureuse longueur... Ensuite, les voies de France sont plutôt sûres et, bien entretenues par l'impopulaire corvée royale, permettent une meilleure circulation des grains et des vivres quand la nécessité oblige à une plus grande célérité de celle-ci. Tout cela, qu'on le veuille ou non, est la conséquence de la nature de l'Etat royal français qui ne théorise pas forcément sa politique mais se doit d'être le protecteur de la population du royaume, celle-ci étant à la fois un élément important de sa puissance et de son prestige : « il n'est de richesse que d'hommes », reconnaît le légiste Jean Bodin, et l'on est bien loin du cynisme tout républicain et égalitaire du général Bonaparte devenu empereur Napoléon qui, au soir d'une bataille particulièrement sanglante, s'exclamait « Une nuit de Paris réparera cela ! »... 

    La Révolution française et l'Empire ne seront pas, effectivement, économes du sang des hommes, entre les massacres multiples sur des terres qui n'avaient pourtant plus connu la guerre depuis parfois la fin du XVe siècle et les guerres napoléoniennes qui demandaient encore et toujours plus de « matériau humain » : les morts brutales de l'époque dépassent largement le million d'âmes (certains évoquent le double), et accélèrent la deuxième phase de la transition démographique, au risque d'affaiblir le pays face aux puissances montantes de l'Europe, en particulier cette Allemagne qui n'est pas encore une mais le deviendra, en janvier 1871, sur le dos d'une France éreintée et démographiquement épuisée. 

    Il faudra attendre les premières mesures d'une politique familiale digne de ce nom, dès la fin des années trente (poursuivie par Vichy et les deux Républiques qui lui succéderont, avec des fortunes parfois diverses), pour que la France retrouve une santé démographique que la Révolution avait au mieux ébranlée, au pire durablement déstabilisée, ne serait-ce que par ses principes égalitaristes et individualistes, peu favorables au maintien d'une natalité équilibrée : les tristes événements des années quarante accéléreront, comme une réponse au malheur, le renouveau démographique qui suivra la guerre. « Mort, où est ta victoire ? », auraient pu triompher les mères de l'après-guerre ! 

    La récente baisse de la fécondité française, qui semble s'être accélérée cette année, prouve que, si la politique n'explique pas tout en démographie (ce qui est d'ailleurs fort heureux !), elle est un facteur non négligeable et sans doute déterminant dans ses évolutions : la remise en cause de certains principes anciens de la politique familiale française par les deux derniers quinquennats (M. Fillon ayant amorcé, timidement mais sûrement, un travail de sape que les gouvernements suivants ont malheureusement poursuivi et amplifié, par démagogie et radinerie) a eu des effets désastreux alors même que la France se signalait jusque là, depuis les années 2000, par une bonne santé démographique qui pouvait alléger d'autant la charge des retraites et des frais de la fin de vie... 

    Ainsi, les bonnes intuitions de la République du XXe siècle (car elle en eût quelques unes, malgré tout), ou les leçons tirées des siècles passés et de l'étude sérieuse des mécanismes démographiques, n'ont pas résisté à cette inconstance qui, essentiellement, définit la République des quinquennats. On peut le regretter, mais ce n'est pas, disons-le, suffisant ! 

    Inscrire une politique familiale dans la longue durée impose, désormais et aujourd'hui peut-être plus encore qu'hier, un Etat qui, lui-même, s'enracine dans le temps long, non d'une seule, mais de dix, de vingt générations... Un Etat qui, lui-même, s'inspire de la nature familiale, de cette suite que l'on nomme lignée ou dynastie : il n'en est qu'un, qui a marqué notre histoire et notre territoire sur tant de siècles, et il est royal... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin