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Actualité France - Page 361

  • Frédéric Rouvillois : « La politesse est une vertu nécessaire dans notre monde nombriliste »

     

    Par Alexis Feertchak

     
    A l'occasion de la sortie de son Dictionnaire nostalgique de la politesse, Frédéric Rouvillois a accordé un long entretien à Alexis Feertchak pour FigaroVox [18.11]. Historien du savoir-vivre, il y montre que la politesse est une affaire politique qui permet à la société de tenir debout. Lafautearousseau a déjà évoqué [Cf. ci-dessous] la parution du  Dictionnaire nostalgique de la politesse et dit l'attention qu'il convient d'accorder aux travaux de Frédéric Rouvillois « qui, pierre à pierre, construit une œuvre.  Une œuvre diverse et originale, toujours en lien avec le fond de notre civilisation, nos racines nationales et notre tradition monarchique. Une œuvre qui compte désormais dans notre famille de pensée, l'actualise et la fortifie ».   Lafautearousseau 
     

    Pourquoi avoir ainsi intitulé votre ouvrage ? Y a-t-il des raisons d'être nostalgique en matière de politesse ?

     

    Il se trouve que dans la politesse elle-même, il y a quelque chose qui relève nécessairement de la nostalgie parce que celle-ci nous renvoie à des us et des coutumes qui sont ceux de notre enfance, de notre jeunesse, certains qui se sont accentués, d'autres qui ont été effacés par le temps. Parler de politesse, c'est aussi parler de soi, de ses parents, de ses grands-parents, de toute une tradition qui se trouve derrière nous et d'où nous viennent nos codes de politesse. Il y a cette forme de douceur et de tendresse dans la politesse qui me semblait renvoyer à la nostalgie. C'est l'aspect le plus personnel que j'ai essayé d'instiller dans ce Dictionnaire nostalgique.

    Votre dictionnaire est aussi un livre d'histoire et de géographie. Vous évoquez la Chine impériale, l'Allemagne, les pays arabes. En montrant combien les règles de la politesse ont évolué et sont « la mesure du temps perdu », vous restez dans la nostalgie sans jamais basculer dans le désespoir du « c'était mieux avant » ...

    Le désespoir est le contraire de la nostalgie. Il y a inscrit dans la nostalgie l'idée d'un retour ou de retrouvailles, ce que ne permet pas le désespoir. Être désespéré de l'homme, c'est ne pas voir qu'il a toujours reproduit les mêmes merveilles et les mêmes crimes, les mêmes sottises et les mêmes choses admirables. L'homme poli de l'époque d'Aristote, de Cicéron ou de Saint-Augustin ressemble au fond à l'homme poli de l'époque de Louis XV ou à l'homme poli de l'époque de François Hollande. La géographie et l'histoire nous enseignent le caractère à la fois éternel et universel de la politesse, la permanence de sa nécessité, même si ses formes évoluent. Alors, elle peut être plus ou moins sophistiquée, chatoyante, complexe, byzantine, sincère, mais elle est toujours là. Comme le langage, elle est un des éléments fondamentaux des rapports sociaux, un élément sans lequel ceux-ci seraient assez rapidement condamnés à dérailler.

    Et aujourd'hui, comment notre époque regarde-t-elle la politesse ?

    La politesse connaît des hauts et des bas, mais il faut constater que l'on est plutôt dans un haut relativement à la période des années 1960 ou 1970 quand celle-ci était considérée comme ringarde, archaïque, périmée, bourgeoise, bref, réservée aux lecteurs du Figaro (rires…). Les choses ont changé positivement à partir de la fin des années 1980 et du début des années 1990. On a assisté à une espèce de renversement, qui est lié à mon sens à l'émergence de l'univers de la crise. Il y a sans doute un rapport entre la crise économique et sociale, la montée du chômage, le sentiment que la vie devient plus difficile, le sentiment que l'on a quitté les Trente glorieuses et la prise de conscience de l'utilité de la politesse. Quand tout va bien, la politesse est juste la cerise sur le gâteau. Quand les choses deviennent plus difficiles, elle reprend toute sa force et son utilité s'impose. Les gestes quotidiens de la politesse deviennent le liant de ce fameux vivre ensemble.

    La politesse est-elle donc une affaire politique ?

    Il y a d'abord une proximité dans les mots de politesse et de politique qui paraît évidente en français et dans d'autres langues. Dans les deux cas, il y a une racine qui apparaît commune - même si en fait ce n'est pas vrai - qui est celle de polis, la cité en grec, qui signifie plus largement la société, le fait d'être ensemble, d'être en relation avec autrui. Il semblerait que l'étymologie réelle de politesse viendrait de « pulizia » qui veut dire la propreté en italien. Pour autant, je suis très amateur des fausses étymologies. En l'espèce, la proximité entre politesse, politique et polissage dit beaucoup de l'objectif de la politesse, qui est précisément de fluidifier les relations au sein de la société. En polissant les rapports sociaux, elle permet qu'il y ait le moins possible de rugosité à l'intérieur de la société. Sans elle, la polis risque de basculer dans un rapport de violence verbale voire physique.

    Que répondre à ceux qui vous diront que les règles bourgeoises de la politesse sont un éloge de l'hypocrisie, qu'elles sont une sorte de paravent de l'ordre établi ?

    Mais, déjà, un paravent, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas intrinsèquement mauvais. Certes, la politesse est effectivement une forme d'hypocrisie, mais il s'agit - si je puis le dire ainsi - d'une forme d'hypocrisie vertueuse. Ce n'est pas nouveau et nous en avons toujours eu conscience. Molière nous a tout appris sur la nature humaine dans le Misanthrope. Il nous décrit bien les limites de la politesse, de la bienséance et du savoir-vivre quand ceux-ci tombent trop évidemment dans l'hypocrisie, mais il montre également que si nous voulons être comme Alceste dans la transparence totale, nous finirons seul, loin des autres, y compris dans notre vie amoureuse. Cette hypocrisie vertueuse permet tout simplement de mettre un peu d'huile dans les rouages sociaux. Il faut savoir ne pas tout dire, sinon c'est la guerre.

    Pour qu'une société tienne debout, faut-il que ses membres partagent une certaine ressemblance dans les codes de politesse qu'ils adoptent ? En particulier, dans le cadre d'un projet politique multiculturaliste, quand les codes de politesse des différentes communautés sont extrêmement différents et sources de possibles incompréhensions, la politesse n'est-elle pas une gageure supplémentaire ?

    Vous avez certainement raison. À partir du moment où la politesse est un moyen de vivre ensemble, il y a un risque d'incompréhension des différents systèmes de politesse qui pourraient cohabiter entre eux. Si l'on a des communautés distinctes les unes des autres, qu'il existe des codes de politesse dans une communauté qui sont tout à fait dissemblables de ceux d'une autre communauté qui vit à côté, cela signifie que nous aurions un vivre ensemble à l'intérieur des communautés, mais pas entre elles. Ceci peut poser problème pour des choses extrêmement basiques. Le fait de cracher dans la rue a longtemps été considéré comme tout à fait normal, y compris en Occident. Mais, dans nos pays, cette pratique ne l'est plus depuis belle lurette alors qu'elle reste tout à fait admise dans d'autres systèmes de politesse. Pour que la politesse se constitue comme un liant au sein de la société, il faut que celle-ci soit relativement homogène ou qu'il existe de forts rapports hiérarchiques. Au 18e siècle, il n'y avait pas un seul système de politesse. Il y avait une politesse de la ville et une politesse des champs. Mais en définitive, elles n'avaient pas tellement l'occasion de se rencontrer. Les risques de friction n'étaient pas considérables. À la campagne, on se moquait éventuellement du noble qui se comportait comme à la Cour. De même, à la ville, on se moquait du paysan qui arrivait avec ses gros sabots. Dans une société urbaine comme la nôtre, où les communautés cohabitent entre elles, le risque me semble beaucoup plus grand.

    Votre dictionnaire permet de se rendre compte que les règles de politesse sont extrêmement marquées par l'altérité des sexes et la différence des âges. Avec la rupture de mai 68, la théorie du genre, le jeunisme, ces nouvelles tendances de fond n'ont-elles pas tendance à fragiliser la politesse telle qu'on la connaissait jusque-là ?

    Je dirais qu'elles ont tendance à la rendre plus compliquée et plus incertaine. Les nouveaux surgeons du féminisme radical pour lesquels la différence des sexes est purement culturelle nous expliquent que la femme est un homme comme les autres et qu'il n'y a pas lieu de la traiter autrement. En même temps, d'autres femmes considèrent dans le métro qu'il n'est pas normal que les hommes ne cèdent pas leur place aux dames. Au fond, ce discours féministe est-il vraiment une tendance lourde en dehors de certaines élites autoproclamées et de microcosmes présents dans certains centres urbains? Je ne le crois pas. Pour la plupart d'entre nous, la différence des sexes qui fait que la femme est une femme, que l'homme est un homme, subsiste. Le plus souvent d'ailleurs, la femme est assez contente qu'on lui reconnaisse un certain nombre de privilèges galants, même si l'anthropologie inégalitaire qui se développe au 19e siècle et qui consacrait cette galanterie bourgeoise n'existe plus.

    Vous parlez aussi du culte de la performance, de la vitesse, de la rationalisation… Un tel monde permet-il d'être poli ?

    C'est le problème principal qui se pose à nous aujourd'hui. Quand je pense en particulier à ce qu'a pu écrire Françoise Mélonio sur Tocqueville et la manière dont la politesse pouvait se pratiquer aux États-Unis, je me dis que la question est moins celle du rapport entre la politesse et la démocratie que celui qui s'établit entre la politesse et la modernité technicienne. Ce monde tous azimuts fait que nous n'avons plus le temps de rien, sauf de gagner de l'argent ou de gagner en efficacité. Or, la politesse est par définition quelque chose de gratuit, ce qui est incompatible avec l'idée de performance, d'efficacité et de productivité.

    La politesse est-elle vraiment un don gratuit ? N'existe-t-il pas une forme de contre-don, même implicite ?

    Il y a effectivement un contre-don qui est le remerciement de celui envers qui l'on est poli. Il existe un autre contre-don, plus subtil, qui est simplement le plaisir que l'on éprouve soi-même à tenir la porte à quelqu'un. Mais dans un système où le seul but est d'aller au plus simple, au plus utile et au plus rentable, cette idée de gratuité compensée seulement par le remerciement ou le plaisir d'être poli devient illusoire. La première caractéristique de la politesse est en effet que l'on accepte de donner du temps à autrui. Dans la civilisation pressée de Paul Morand, le temps est la chose au monde la moins bien partagée. Il y a là une vraie raison d'éprouver de la nostalgie pour la politesse qui prenait le temps de s'exprimer. Les 18e et 19e sont des siècles où les gens avaient le temps de déposer des cartes de visite, d'écrire de longues lettres terminées par des formules de politesse plus alambiquées mais aussi plus belles les unes que les autres. Cette époque-là n'est plus. Le fait d'avoir commencé mon dictionnaire nostalgique par le mot abréviation est au fond assez significatif de ce mouvement. En même temps, je remarque que revient en force l'idée que la lenteur est quelque chose d'important et qu'il y a des « limites » aux choses - pour reprendre le titre d'une jeune revue que j'aime beaucoup. Ce sont des valeurs qui sont intrinsèquement bonnes et qu'on peut essayer de retrouver. Ce sont des éléments qui font que, encore une fois, politesse pas morte !

    Le narcissisme est-il l'autre ennemi d'une politesse qui repose d'abord sur la modestie ?

    Est poli celui qui ne se met pas systématiquement en avant, celui qui ne veut pas faire son malin, celui qui est fréquemment dans l'understatement. Se prendre pour l'illustre Gaudissart de Balzac, c'est un peu le contraire de la politesse. Je remarque que, de nos jours, la vie n'est plus qu'un immense entretien d'embauche ! Voilà pourquoi, dans notre monde prosaïque et nombriliste, obsédé par l'utilité et par la vitesse, la politesse est plus que jamais nécessaire. Elle demeure l'une de ces petites vertus qui permettent de tenir debout.

    Si vous aviez un geste de politesse auquel vous teniez particulièrement, lequel serait-ce ?

    Le baisemain m'amuse beaucoup parce qu'il a volontairement un côté un peu archaïque, une illusion rétrospective qui fait que l'on croit que c'est très ancien alors qu'en réalité, la généralisation de sa pratique ne remonte qu'au début du XXe siècle seulement. Il y a une sorte d'incongruité poétique de ce geste de déférence qui m'amuse beaucoup et que l'on perçoit aussi dans la manière dont il est ressenti par la personne qui le reçoit. En matière de baisemain comme souvent quand la politesse est en jeu, l'unique certitude est que le tact doit l'emporter sur la règle et l'esprit sur la lettre. 

    Alexis Feertchak

    Dictionnaire nostalgique de la politesse, de Frédéric Rouvillois, illustré par Emmanuel Pierre, Flammarion, 420 p., 25 C. 

    Frédéric Rouvillois est écrivain et professeur agrégé de Droit public à l'Université Paris-Descartes, spécialiste du droit de l'État et d'histoire politique. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié Crime et Utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme (éd. Flammarion, 2014) ; Être (ou ne pas être) républicain (éd. Cerf, 2015) et dernièrement La Clameur de la Terre. Les leçons politiques du Pape François (éd. Jean-Cyrille Godefroy, 2016).     

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    Le temps retrouvé de la politesse
  • Élection de Trump : quel intérêt pour la France ?

     

    Par François Marcilhac

    Qui apporte ici des mises au point dont on pourra débattre ...

     

    500021990.3.jpgL’élection présidentielle américaine aura eu au moins le mérite de vérifier ce que, malheureusement, nous savions déjà : le tropisme américain de nos élites, ou plutôt leur aliénation qu’elles cherchent par capillarité médiatique à distiller chez les Français.  

    Nos media officiels répercuteront-ils au printemps prochain avec la même intensité l’élection présidentielle française ? Rien n’est moins sûr. Il serait évidemment stupide de nier l’importance que peut avoir, tous les quatre ans, la présidentielle américaine, en raison du poids monétaire, économique, militaire et géopolitique des Etats-Unis. Mais il y a une différence entre la lucidité de bon aloi des élites d’un peuple libre, interprétant les éventuelles conséquences pour celui-ci ou pour le monde d’une élection dans une important pays tiers, et son assimilation comme une donnée de politique intérieure, qui conduit à intérioriser sa propre soumission. C’est que nos élites, qui ont voulu nous faire vivre l’élection de Donald Trump comme une catastrophe planétaire et française (Marine Le Pen, voire Sarkozy, qui n’est jamais à un reniement près, occupant tous les esprits), ont toujours vu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale dans les Etats-Unis un modèle, voire le « protecteur » naturel d’un continent sorti de l’histoire. Non, nous n’en avons toujours pas fini avec les conséquences de la victoire impériale des Etats-Unis en 1945. L’American Way of Life, que le plan Marshall a imposé avec l’OTAN et l’Europe institutionnelle, en vue d’assurer la finlandisation de l’Europe occidentale, s’est aujourd’hui transmué en cette idéologie mondialiste dont Hillary Clinton était la porte-parole officielle.

    Vers la fin du mondialisme ?

    Des instances supranationales de tous ordres, dont certaines s’interpénètrent — l’ONU et ses agences spécialisées que sont l’OMS, la Banque mondiale ou les COP successives, l’OMC, les G20 et G8 — redevenu G7 pour punir la Russie de son indépendance, sans compter l’Union européenne et sa Cour de justice ou le Conseil de l’Europe et sa Cour des droits de l’homme, ou encore les différents traités en cours de signature ou de négociation : tout participe d’une même culture mondialiste qui veut en finir avec les Etats-nations et les peuples historiques souverains, comme avec les fondements même de toute société, notamment la famille, considérés comme les principaux obstacles à la réduction consumériste de l’homme. Comment, dans ces conditions, leurs représentants ne s’inquiéteraient-ils pas de la victoire d’un milliardaire présenté comme populiste à la tête de la principale puissance ordonnatrice du nouvel ordre mondial ? Il est vrai qu’on nous avait déjà fait le coup avec Ronald Reagan. Or les premières palinodies de Trump, avant même son entrée à la Maison-Blanche, qu’il s’agisse d’une politique migratoire revue à la baisse ou du mariage homo, prouvent que la démagogie est, partout, la vérité de la démocratie. C’est surtout la preuve que le dogme mondialiste n’a d’universel que le rejet qu’il provoque chez les peuples, plus encore que chez ceux qui se font élire en instrumentalisant leur colère ou leur désespoir. Et que les Etats-Unis sont avant tout puissants de cette soumission morale qu’ils ont su distiller dans l’esprit des peuples dont ils ont su dominer les élites depuis soixante-dix ans.

    Or ce n’est pas avec cette domination que souhaite rompre Donald Trump : ce qu’il refuse, c’est que les Etats-Unis continuent d’en payer le prix, sauf à imposer à ses féaux européens de mieux participer au financement de leur défense... après qu’Obama les eut convaincus qu’une Russie antimondialiste les menaçait ! Du grand art, qui prouverait surtout la cohérence de la politique extérieure américaine par-delà les aléas électoraux.

    Réjouissances déplacées

    N’en déplaise aux patriotes, souverainistes ou identitaires français qui se réjouissent inconsidérément de cette victoire, voir en Trump un modèle, de plus transposable en France, est une erreur profonde qui ne prouve qu’une seule chose : leur propre aliénation. Non, Trump n’est pas l’hirondelle annonçant un nouveau printemps des peuples. Il en a été de même du Brexit : le rejet de l’Europe par deux des quatre nations composant le Royaume-Uni ne peut inspirer un quelconque Franxit à plus ou moins brève échéance. Des tendances, assurément lourdes, d’un rejet de plus en plus clairement exprimé d’un modèle planétaire ne constituent pas une dynamique commune vers la liberté : le chemin qui y conduit appartient à chaque peuple et est le fruit de son histoire en train de se faire — et de se défaire, chacun ayant, de surcroît, sa propre conception de sa liberté. Si le patriotisme est universel, il n’y a jamais eu d’internationale des patriotes. Réjouissons-nous assurément de toute défaite de l’idéologie mondialiste, réelle dans le cas du Brexit, illusoire certainement dans le cas de l’élection de Trump : car celui-ci, comme nous avons été les seuls à le souligner aussitôt, n’a en rien renoncé à la volonté de puissance d’un Etat dont l’impérialisme, lié à sa prétendue « destinée manifeste », a pu s’exprimer de manière plus ou moins brutale dans l’histoire, mais n’a jamais été démenti par aucun de ses dirigeants. Trump veut simplement le beurre et l’argent du beurre. 

    Alors, oui, réjouissons-nous du répit que peut représenter son élection par rapport au bellicisme à tout crin de sa rivale. Mais dans le seul dessein de recouvrer notre indépendance. Il n’y avait aucun « lâche soulagement » de la part de Maurras, lorsqu’il approuva Munich en 1938, mais le souhait, évidemment vain, que la république en profitât pour réarmer. Dans le cas présent, si les Etats-Unis sont bellicistes sur le dos des Européens avec la complicité d’une France dont la diplomatie est dans une « impasse » (dixit Villepin au Figaro du 14 novembre), ce sont notre soumission atlantiste et le carcan européen qui nous privent de toute latitude et il s’agit là, à plus ou moins brève échéance, de causes de déclin et de mort autrement terribles. Car nous subissons en même temps, comme fruit de ce même mondialisme, une invasion de peuplement qui, pour être apparemment pacifique, voire lacrymale, n’en est que plus dangereuse car elle instrumentalise la générosité des Français tout en ayant pour effet assuré la destruction de notre civilisation. Qui se trouve ainsi attaquée en même temps par deux nihilismes qui ont pour dénominateur commun le refus des cultures nationales  : le mondialisme consumériste et l’islamisme barbare qui profite de la disparition de nos défenses immunitaires provoquées par le premier pour s’installer au nom du padamalgam, avec la complicité objective de nos élites multiculturalistes. 

    Une primaire dérisoire

    En ce sens, la primaire de la droite semble bien dérisoire. Car alors que la faillite de la gauche lui offre un boulevard, la droite n’en profitera pas pour redonner à la France sa souveraineté et préserver son identité, l’une et l’autre étant indissolublement liées. C’est que les six ténors Républicains de cette primaire ont déjà tous participé, chacun à son niveau de responsabilité, à la faillite d’un pays dans lequel ils ne croient plus. Quant au septième, il lui faudra bien choisir entre les deux larrons que la mascarade du 20 novembre lui aura désignés. A moins de se lancer dans une aventure « hors les murs » incertaine dont le parti patriote auto-proclamé veut l’échec bien plus qu’il ne souhaite sa propre victoire. Ainsi le veut la logique de parti. La France peut toujours attendre. 

    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • Le gouvernement veut le prolonger jusqu'à la Présidentielle ...


    Mur-bleu gds.jpgL'absurdité totale d'un « Etat d’urgence » qui devient la norme

    Le danger reste présent, il reste élevé, répète, en substance, Manuel Valls. Oui, bien sûr, le danger reste présent, et, par la faute du Système et de son action immigrationniste depuis 1975, l'ennemi est entré dans nos villes et dans nos quartiers ; il habite la maison d'en face ou celle d'à côté ; peut-être même l'étage au-dessus, ou la porte d'en face. Et il n'attend qu'un ordre (« On y va » pour le 13 novembre) pour passer à l'acte.

    Mais, à qui la faute, sinon à la Droite et à la Gauche d'un Pays légal si souvent unies dans des politiques folles, aux conséquences directement contraires à l'intérêt national et au Bien commun ?

    Certes, même si depuis 1975 aucun étranger n'était entré en France, il y aurait toujours des fanatiques, des dérangés ou des égarés pour se rallier à ces fous tout court qui se font appeler « fous de Dieu » ; mais il y en aurait beaucoup moins, et ils ne disposeraient pas de l'impressionnant vivier constitué au fil de quarante années d'immigration-invasion et de grand remplacement...

    Manuel Valls fait semblant de croire que l'Etat d'urgence nous protège : or, à quoi sert-il de faire patrouiller des militaires par groupe de trois ou quatre ? Ou de leur faire faire des gardes statiques devant des écoles ou des lieux déclarés sensibles ? Soyons sérieux : uniquement à tenter de rassurer l'opinion, en lui faisant croire que l'on s'occupe d'elle. Pire : ces groupes constitueront des cibles idéales le jour où la tactique des terroristes islamistes le décidera. On sait où ils se trouvent, où ils déambulent, où les « coincer » : cela permettra des massacres faciles, rapides, assurés.

    Evidemment, la vraie solution, et la seule, est « en amont », dans le renseignement.

    Elle est aussi d'arrêter les frais de ces policiers, gendarmes et soldats inutilement exposés, et de - mieux - dépenser les sommes très importantes que coûtent ces gesticulations en augmentant considérablement les dotations en hommes et en matériels performants des services de renseignement.

    Elle est encore de « vider » nos banlieues, cités et autres zones de non-droit de toute cette population qu'on y a entassée, dont une part croissante ne souhaite d'ailleurs nullement ni s'intégrer ni, encore moins, s'assimiler à nous.

    On l'a dit cent fois ici, et on le redira mille, dix mille fois si nécessaire, jusqu'à ce que cela soit fait : il faut crever l'abcès, la greffe de ces populations allogènes ne prend pas, et sur tout organisme, si la greffe d'un corps étranger ne prend pas, ce corps étranger est rejeté.

    Cette comparaison pour dire que toute personne, quel que soit son âge, qui, de près ou de loin, apporte la moindre aide aux assassins de l'armée ennemie doit être immédiatement déchue de la nationalité française et expulsée du territoire. Ou, si elle préfère, être traduite devant une Cour martiale, et être fusillée.

    Ce n'est qu'en asséchant le marigot que l'on pourra, non pas supprimer tout acte terroriste islamiste, mais en réduire considérablement le nombre, et les ramener à des proportions « gérables ». Toute autre politique (!) ne serait que gesticulation et non-assistance à Nation en danger... 

  • Le voyage de Berlin

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    C’est donc à Berlin que M. Obama a décidé de faire ses adieux aux partenaires européens des Etats-Unis. M. Hollande a certes été convié, mais au même titre que Mme May ou MM. Rajoy et Renzi, c’est-à-dire pour être reçu par un couple Obama-Merkel qui avait affiché la veille de leur venue à tous sa profonde complicité. Voilà qui dit tout sur une réalité bien désagréable et qui prouve que rien n’a au fond changé depuis un demi siècle et « l’Europe germano-américaine » que dénonçait alors le mensuel AF-Université. Le constat de la presse française est d’ailleurs unanime et sans appel : Berlin est le centre de l’Europe, Berlin est la capitale de l’Europe.

     

    Certains font mine de déplorer un état de fait qui nous obligerait à admettre que Berlin est non seulement la capitale de la première puissance économique de l’Union (ce qui est vrai) mais aussi la capitale culturelle de l’Union (ce qui est discutable); mais c’est pour mieux en reconnaître la légitimité, légitimité conférée par le respect allemand des sacro-saints « idéaux et […] valeurs dont l’Europe se réclame » (M. Guetta, France Inter) - par exemple en capitulant sans condition devant l’invasion des migrants. M. Obama l’a bien dit, lui qui, ravalant l’Europe au rang de certains autres continents ou sous-continents, dénonce « la montée d’une sorte de nationalisme sommaire, d’identité ethnique ou de tribalisme ».

     

    On objectera évidemment que l’élection de M. Trump va rebattre les cartes. Voire ! L’Allemagne et les Etats-Unis partagent un même attachement, en grande partie dû à la prégnance de leur commune filiation « libéralo-protestante », au capitalisme marchand et, pis, à la financiarisation de l’économie. Ces deux pays sont deux (très) grandes puissances économiques bien faites pour s’entendre et se compléter comme le prouve le développement de leurs échanges (les Etats-Unis sont ainsi devenus cette année le premier partenaire commercial de l’Allemagne, dépassant la France).

     

    La faillite de l’actuelle Union européenne, conjuguée au vide nouveau auquel laisserait place le « désengagement » promis par M. Trump, nous place dans une alternative quasi existentielle : le sursaut ou le déclassement. Le bon sens nous dit que, seule, la France ne pèserait pas lourd et qu’elle a besoin de constituer avec d’autres (dont l’Allemagne) un ensemble crédible. Encore faut-il ne pas se dissoudre dans un tel ensemble - sinon à quoi bon ? Reprocher sa force et son dynamisme à l’Allemagne n’a par ailleurs aucun sens. Il nous faut, en revanche, pour mettre à profit (en jouant de nos quelques atouts) l’opportunité du changement de donne probable en Europe, entamer un processus de rééquilibrage de notre rapport « économique » à l’Allemagne. Cela passe évidemment par la reconstitution d’un tissu économique (industriel, agricole et commercial) aujourd’hui « sinistré ». D’aucuns pensent même à renouer avec « l’ ardente obligation du plan » (De Gaulle, 8 mai 1961). Voilà qui demanderait des choix au politique et des efforts au pays. Au moins le cap serait-il donné. 

     

  • Ils voudraient tous être des rois, « rassembler », comme ils disent, alors que par nature le Système divise les Français

     

    Mur-bleu gds.jpgAinsi donc ce seront François Fillon et Alain Juppé qui porteront les couleurs de ce qui s'appelle « la droite et le centre ».

    Une remarque préliminaire : déjà, « le centre », c'est assez nébuleux, et bien malin qui peut dire où il commence et où il finit (où il ne finit pas ?). Quant à la droite, entre la « forte » et la « décomplexée », l’« humaniste »  ou la « populaire » , qui, bien sûr, rejettent toute l'extrême-droite qui, à son tour préfère s'appeler « patriote » , là aussi, bien malin qui peut en tracer les contours. Et l'on voit bien que sur un grand nombre de sujets majeurs, elle a toujours fait la politique de la gauche (avortement, immigration, Collège unique signant la mort de l'instruction publique, scélérate loi Pleven sur le prétendu antiracisme, baisse constante, après de Gaulle, du budget de la Défense...)

    Cela étant dit, les avez-vous bien écoutés, depuis qu'ils nous rabâchent leurs programmes, ces candidats « de la droite et du centre », mais aussi les autres : soit ceux qui n'ont pas été retenus dans leur camp, soit ceux du camp d'en face, soit tous les autres ? Ils n'ont que le mot « rassembler » à la bouche, alors que, précisément, le Système intrinsèquement pervers de notre république idéologique fonctionne sur la coupure institutionnalisée de la France en deux parti(e)s irréconciliables, au moins : droite contre gauche. Comment des gens sensés et raisonnables, possédant de réelles qualités intellectuelles pour plusieurs d'entre eux, peuvent-ils tenir un tel langage sans se rendre compte de l'inadéquation de leur propos à la réalité ? Sarkozy a-t-il été un seul instant « le président de tous les Français » ? Et Hollande ? La même remarque vaut d'ailleurs pour les autres pays : quand Obama a-t-il pu dire qu'il exauçait les souhaits de tous les Etatsuniens ? Et quand Trump pourra-t-il le dire ? La vérité vraie, la vérité toute nue, est que la démocratie telle que nous la connaissons, c'est-à-dire non tempérée par la Royauté, présente deux défauts majeurs :

    elle peut amener au pouvoir un Hitler ou les terroristes islamistes (en Tunisie, en Egypte et ailleurs dans les mondes musulmans, avant que d'énergiques réactions ne les chassent) ;

    et elle fonctionne normalement, habituellement, sur la division du peuple, en au moins deux grands partis, bloc contre bloc. Et ceci, redisons-le, est intrinsèquement pervers. Là où il faudrait un Henri IV ou un Louis XVIII, c'est-à-dire des rois pacificateurs et rassembleurs, dont le premier réussit l'exploit de faire cesser l'égorgement généralisé entre catholiques et protestants et le second, après la fracture révolutionnaire, tenta de doter la France d’institutions modernes, le nouvel élu de notre pauvre Système le sera, forcément, contre une part plus importante de Français opposés à lui qu'avec lui ! Et qui vivront recuits d'amertume pendant cinq ans, ressassant leur rancœur, en attendant de pouvoir, peut-être, dans cinq ans, prendre sa place, pour le pire très probablement, et plus probablement en tout cas pas pour le meilleur...

    D'ici là, il ne faut qu'attendre sans rien en espérer la fin finale de ce grand Barnum électoral, jusqu'à ce que tout recommence en 2022, soit dans cinq ans à peine ! Jusqu'à ce qu'un jour ce Système pervers ne s'effondre, comme cela s'est passé deux fois déjà, en 1940 et en 1958. A ces deux moment-là, et quoi qu'on pense d'eux - il y eut deux personnages de haute stature historique, et qui furent acceptés, du moins au début, par la masse du peuple français. Qui verrait-on demain dans ce rôle d'homme providentiel, ayant la carrure pour s'imposer, et accepté, même au début, par la très grande majorité du peuple français ? Réponse certaine : personne.

    Alors ?...  

  • Société • Mathieu Bock-Côté : la crèche et la nation

    Crèche de Noël, installée dans la mairie des XIIIe et XIVe arrondissements de Marseille en décembre 2014 

    Par Mathieu Bock-Côté
     
    Cette chronique - remarquable comme les précédentes - a été publiée dans Figarovox le mardi 8 novembre, un jour avant que le Conseil d'État ne rende sa décision relative à la place des crèches dans les bâtiments publics. Pour Mathieu Bock-Côté, si toutes les convictions sont égales devant la loi, toutes les traditions religieuses ne le sont pas devant la mémoire. Sa réflexion va, comme toujours à l'essentiel.  LFAR
     

    3222752275.jpgRares sont ceux, probablement, qui n'abordent pas avec une certaine perplexité la querelle entourant la place accordée ou non à la crèche dans les bâtiments publics. Non pas qu'elle soit sans intérêt : au contraire, cette querelle pose la question du rapport de la nation française avec le catholicisme, qui l'a marqué d'une profonde empreinte, et qui est encore agissant en elle, malgré la sacralisation de la laïcité républicaine. N'est-il pas légitime que l'identité historique d'une nation s'inscrive de différentes manières au cœur de ses institutions ? En fait, on se demande comment on peut voir dans la présence publique de ce symbole un scandale, à une époque où le catholicisme n'a plus rien de conquérant et semble surtout demander qu'on reconnaisse sa valeur patrimoniale. Faut-il vraiment s'offusquer de cette trace visible de la religion du pays dans ses institutions ? La crèche compromet-elle sérieusement la laïcité ? Qui s'imagine vraiment que le catholicisme français témoignerait ici d'un fantasme de la restauration ?

    Mais on le sait, la querelle de la crèche s'inscrit dans un contexte politique fort agité. En un mot, la France est aujourd'hui fragilisée comme jamais. L'immigration massive des dernières décennies a engendré une mutation identitaire majeure que seuls les gardiens de la révolution diversitaire diront heureuse. Spontanément, le pays, de mille manières, veut rappeler aux immigrés qu'ils ne rejoignent pas une page blanche non plus qu'un no man's land administratif. Il veut réaffirmer son identité trop longtemps occultée. La France n'est pas qu'une république laïque désirant incarner de manière exemplaire des principes universels. C'est aussi un vieux pays aux profondes racines chrétiennes. Si toutes les convictions sont égales devant la loi, toutes les traditions religieuses ne sont pas égales devant la mémoire. Il s'agit dès lors de rendre visible la marque chrétienne de l'identité française, pour rappeler aux immigrés dans quel monde ils arrivent et quel univers symbolique ils doivent accepter et intérioriser.

    Mais il faut probablement aller au-delà de ce désir de conserver la particularité historique du pays pour comprendre ce qui pousse plusieurs à se tourner vers la crèche, et peut-être inconsciemment, par-là, vers la croix. La seule référence à la république, aussi essentielle soit-elle, ne suffit manifestement plus à définir ce que les Français cherchent à sauver et à défendre. Et dès lors, s'ils cherchent à se définir autrement, ou du moins, s'ils cherchent une définition plus complète d'eux-mêmes, ils se tournent spontanément vers ce qui semble être leur plus ancienne tradition. Ou du moins, ils semblent croire que les références chrétiennes permettent de toucher la part la plus intime du pays ou ce qu'on aurait appelé autrefois ses origines. La crèche devient donc un symbole politique censé permettre à la nation de se connecter avec ses profondeurs intimes et de réactiver les strates les plus profondes de l'identité nationale. Il s'agit de se mobiliser en rappelant ce qu'on pourrait appeler la part sacrée de la patrie, enfouie sous la modernité.

    On aurait tort, toutefois, d'y voir un désir plus ou moins refoulé de confessionnalisation de la vie politique. D'ailleurs, sauf dans les marges les plus lointaines de la vie politique, on ne trouvera personne entretenant cette aspiration. On doit plutôt voir dans cette mémoire catholique politiquement revendiquée une manière de ressaisir une identité plus charnelle, plus substantielle, ne se laissant pas dissoudre dans les seuls paramètres de la modernité contractualiste. Le catholicisme, aussi universaliste soit-il dans ses prétentions, devient alors le symbole de ce qui est spécifiquement français, ou plus largement, puisque ce phénomène est présent aussi dans d'autres pays, de ce qui est spécifiquement occidental dans l'identité française. À tout le moins, il se présente comme une tradition permettant à la France d'assurer sa continuité historique et d'assumer son histoire longue.

    Ce catholicisme patrimonial, censé conduire aux strates profondes de l'identité nationale, n'est donc pas contradictoire, dans l'esprit public, avec la laïcité. On peut, à bon droit, et avec raison, distinguer le catholicisme comme religion culturelle et le catholicisme comme foi, et vouloir accorder ses droits au premier sans se plier aux convictions métaphysiques du second. Les croyants répondront que coupé de sa source, le premier est condamné à la sécheresse. Mais ce n'est pas à l'État à trancher dans cette querelle qui ne le concerne pas vraiment. On ne voit pas pourquoi on lui prêterait une compétence théologique et comment on pourrait empêcher un croyant de voir dans une crèche quelque chose de plus qu'un symbole patrimonial. Mais l'État, toutefois, exprime politiquement une nation historique aux sources identitaires nombreuses, et doit, dans une certaine mesure, s'alimenter à chacune d'entre elles, en sachant que d'une époque à une autre, toutes ne seront pas également sollicitées.

    Dans un monde où ce qu'on nomme plus ou moins adéquatement le choc des civilisations prend surtout le visage de l'islam conquérant, on comprend que chaque peuple revienne sur ce qu'il croit être sa propre tradition religieuse. Le paradoxe du monde occidental, aujourd'hui, est d'y revenir sans trop y croire, tout en sachant que ses racines chrétiennes le connectent à une part de l'existence qu'il ne peut renier sans s'appauvrir mais qu'il ne sait plus trop comment symboliser. Une chose est certaine: le politique, quoi qu'on en pense, est lié à une certaine idée de l'homme, ainsi qu'à une certaine idée de sacré. Il s'inscrit, autrement dit, dans une civilisation qui donne une réponse particulière aux grandes questions qui traversent l'âme humaine. Il n'est pas surprenant que l'esprit public, aujourd'hui, refuse de voir une contradiction entre la laïcité et les racines chrétiennes: elles représentent deux visages d'une même civilisation. 

    « La seule référence à la république, aussi essentielle soit-elle, ne suffit manifestement plus à définir ce que les Français cherchent à sauver et à défendre. »

    Mathieu Bock-Côté

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • Société & Culture • Madame la maire, et ta sœur ? Une insulte à la langue et au sens communs

     

    Par Jean-Paul Brighelli 

    On s'éloigne ici passablement du thème de la politesse traité précédemment. Mais on a la verdeur de la langue de Brighelli, la vigueur de sa plume, la rudesse bienvenue, décapante, de son expression, pour moquer, non sans arguments sérieux et même techniques, la « féminisation des noms de métiers, fonctions grades ou titres », le féminisme vulgaire en général, et quelques autres choses encore qui abîment notre langue, bafouent notre culture ou avilissent notre société. Il emploie pour ce faire quelques vocables assez grossiers qui choqueront peut-être certains, mais le sont, pourtant, beaucoup moins, dans le fond, que ce qu'il dénonce. Il a bien raison de le faire et l'on s'en félicite.  Lafautearousseau  

     

    bonnetd'âne.jpg13 novembre 2016. « François Hollande et Anne Hidalgo, la maire de Paris, inaugure six plaques commémorant les attentats du 13 novembre 2015 » — disent les médias à l’heure même où j’écris.

    Passons sur le fait que les médias (ni les plaques commémoratives) ne précisent au nom de quelle idéologie des terroristes ont assassiné des gens au hasard des rues. Mais « la » maire…

    En décembre 1986, Frédéric Dard-San-Antonio sort la Fête des paires. L’occasion de rejouer en titre d’une ambiguïté maintes fois moquée dans l’œuvre du plus grand écrivain de langue française des trente dernières années du XXème siècle : j’ai encore le souvenir très vif d’un autre roman de la série où parlant de deux individus, il précisait : « Ils sortent du même maire, mais pas de la même paire »…

    Le 6 octobre 2014, Julien Aubert, député UMP, a été sanctionné financièrement pour avoir donné du « Madame le président » à Sandrine Mazetier qui présidait l’Assemblée ce soir-là. Rappelé à l’ordre, mais récidiviste malgré tout, Julien Aubert s’est entendu dire par son interlocutrice courroucée : « Monsieur Aubert, soit vous respectez la présidence de la séance, soit il y a un problème. C’est madame LA présidente ou il y a un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal ». « Faites un rappel à l’ordre. Moi j’applique les règles de l’Académie française », lui a répondu Julien Aubert. Finalement sanctionné, l’élu du Vaucluse sera privé, pendant un mois, de 1.378 euros, soit le quart de l’indemnité parlementaire. 

    À noter que ce n’était pas le premier accrochage entre ces deux-là. Au mois de janvier 2014, Julien Aubert avait déjà appelé Sandrine Mazetier (qui proposa jadis de débaptiser les écoles maternelles parce qu’elles trouvait que l’adjectif réduisait la femme à sa fonction reproductrice) « Madame le vice-président » — ce à quoi le député de la huitième circonscription de Paris avait cru bon d’ironiser en répliquant à celui qui avait masculinisé son titre : « Monsieur la députée, vous étiez la dernière oratrice inscrite. »

    Trait d’humour, mais faute réelle contre la langue. « Député », lorsqu’il s’agit d’un représentant à l’Assemblée nationale, est une fonction, et si son genre apparent est le masculin, son genre réel est le neutre — le latin avait les trois genres, mais le français n’en a conservé que deux, confondant globalement le masculin et le neutre. Seules des féministes bornées (et non, les deux termes ne sont pas forcément synonymes, Madame de Merteuil est pour moi l’exemple-type dans la fiction de ce que peut être une féministe intelligente, et Elisabeth Badinter dans la vie réelle) l’idée de confondre le masculin — à valeur générique — et le mâle.

    L’Académie a d’ailleurs réagi à cette polémique picrocholine en précisant (« La féminisation des noms de métiers, fonctions grades ou titres », mise au point publiée le 10 octobre 2014) que si elle « n’entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions qui découle de l’usage même », « elle rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, etc., pour ne rien dire de chercheure, qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes. » Et de rappeler que Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss, appelés dès 1984 en consultation au chevet des féministes outr(ag)ées, après avoir noté « qu’en français comme dans les autres langues indo-européennes, aucun rapport d’équivalence n’existe entre le genre grammatical et le genre naturel » (et l’on pouvait faire confiance à Georges Dumézil pour dire des choses exactes sur les langues indo-européennes), avaient déclaré :

    « En français, la marque du féminin ne sert qu’accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. La distribution des substantifs en deux genres institue, dans la totalité du lexique, un principe de classification permettant éventuellement de distinguer des homonymes, de souligner des orthographes différentes, de classer des suffixes, d’indiquer des grandeurs relatives, des rapports de dérivation, et favorisant, par le jeu de l’accord des adjectifs, la variété des constructions nominales… Tous ces emplois du genre grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des sexes ne joue qu’un rôle mineur. Des changements, faits de propos délibéré dans un secteur, peuvent avoir sur les autres des répercussions insoupçonnées. Ils risquent de mettre la confusion et le désordre dans un équilibre subtil né de l’usage, et qu’il paraîtrait mieux avisé de laisser à l’usage le soin de modifier. »

    Les deux auteurs, non sans quelque malice, soulignaient d’ailleurs qu’en français, c’est le féminin qui est le genre « marqué », ou intensif — et le masculin le genre « non marqué », ou extensif. Et que « pour réformer le vocabulaire des métiers et mettre les hommes et les femmes sur un pied de complète égalité, on devrait recommander que, dans tous les cas non consacrés par l’usage, les termes du genre dit « féminin » — en français, genre discriminatoire au premier chef — soient évités ; et que, chaque fois que le choix reste ouvert, on préfère pour les dénominations professionnelles le genre non marqué. »

    En clair, non seulement « professeure » ou « auteure » sont des barbarismes répugnants, mais dire « la députée », « la ministre » — ou « la maire » — est une faute contre la République — en ce que justement la loi ne fait pas de différence entre les citoyens, et même qu’elle condamne toute discrimination à ce niveau. C’est ce qui a motivé en 1793 l’exécution d’Olympe de Gouges, qui outre ses tendances girondines avait, en proclamant « les droits de la femme et de la citoyenne », commis un crime contre le bon sens, confondant « l’homme » (« homo », en latin) de la Déclaration des droits de 1789 et le mâle (« vir »), objet de ses répulsions. Guillotiner était peut-être une sanction un peu lourde pour une confusion linguistique, d’autant que la Révolution avait omis de faire des femmes des citoyennes à part entière — mais le temps n’était pas aux demi-mesures.

    Loin de moi, bien entendu, l’idée d’infliger une peine aussi lourde aux journalistes du Monde ou de Libé, qui ont traité Theresa May de « première ministre » (et la seconde, c’est qui ?), au vice-président de l’Assemblée ou au ministre de l’Education — fonctions temporaires qui existeront après leurs actuelles détentrices. Si l’usage féminise volontiers les métiers, « il résiste à étendre cette féminisation aux onctions qui sont des mandats publics ou des rôles sociaux distincts de leurs titulaires et accessibles aux hommes et aux femmes à égalité, sans considération de leur spécificité. » Vouloir à toute force dire « vice-présidente » ou « la ministre » relève d’un sexisme borné qu’un sentiment républicain vrai doit éteindre dans l’œuf.

    Ces complaisances linguistiques sont l’écho servile d’un certain féminisme contemporain, promu par les « chiennes de garde » et par Mme Vallaud-Belkacem lorsqu’elle était ministre des Droits des femmes. Pas le féminisme des suffragettes, ni celui de Beauvoir ou même de Gisèle Halimi. Pas celui d’Annie Le Brun, surréaliste spécialiste de Sade (dont les héroïnes n’ont pas attendu Osez le féminisme pour « oser le clito »), qui défendant son pamphlet Lâchez tout (1977) le 10 janvier 1978 sur le plateau d’Apostrophes, dénonçait déjà « le terrorisme idéologique de la femellitude » et le « corporatisme sexuel qui nivelle toutes les différences pour imposer la seule différence des sexes ». Le féminisme imbécile de celles et ceux qui croient qu’un vagin qui monologue dit forcément des choses intelligentes — ou plus intelligentes que celles que lâche un type con comme une bite, si je puis ainsi m’exprimer.   

    PS. Ce qui précède est adapté d’un ouvrage sur la langue française écrit l’été dernier, qui aurait dû paraître en novembre, puis en février, et qui ne paraîtra peut-être jamais, l’éditeur tenant apparemment à me faire payer le fait que je n’applaudisse pas frénétiquement tout ce qui sort de la Gauche au pouvoir. Ainsi va l’édition en cette France démocratico-fasciste.

    Bonnet d'âne

    Le blog de Jean-Paul Brighelli

  • Médias • Les 3 « pan sur le bec » aux 2 journalistes, seuls bons moments d'une « soirée primaire » ennuyeuse...

     

    Mur-bleu gds.jpgIls voulaient tous tellement bien faire - ou, plutôt, ne pas mal faire - qu'on aurait dit qu'ils s'étaient rognés les ongles et que, de fait, ils se retenaient pour ne pas faire de faute : résultat, un moment long, très long, de sept monologues en même temps, à peine coupés par moments d'un - rare - bon mot ou de ce que l'on espéra jusqu'au bout, mais en vain, voir devenir un réel débat entre eux...

    Bref, une soirée vraiment ennuyeuse, et même, disons-le, pénible. Même Copé n'a pas fait rigoler, c'est dire !... On a beau s'intéresser au sort de son pays...

    Il y a quand même eu une chose réjouissante, ou, si l'on préfère, trois, mais qui n'en font qu'une : quand les deux meneurs de jeu Pujadas et Elkabbach se sont sèchement fait remettre à leur place : deux fois pour Pujadas et une pour Elkabbach.

    En ce qui concerne Pujadas, Sarkozy et Fillon ont eu raison de le « casser », comme disent les ados dans les cours de récré. Sarkozy en lui rappelant qu'il représentait le service public, et que sa façon de procéder, en ce qui concerne les accusations de Ziad Takieddine était « indigne ». Et, d'ailleurs, le David n'a pas insisté. Pas plus qu'il n'a insisté lorsque, à la fin, Fillon lui a reproché de toujours couper la parole, de ne pas laisser parler pour aller à l'essentiel. Sa Suffisance a prudemment, les deux fois, battu en retraite plus vite que son ombre...

    sans-titre.pngPour ce qui est d'Elkabbach, il aurait mieux fait de suivre l'injonction restée célèbre - au point, maintenant, d'appartenir à l'histoire, du moins celle du journalisme - de Georges Marchais : « Taisez-vous, Elkabbach !». S'il s'était tu, au moment où il a cru finaud de s'en prendre à Bruno Le Maire, le décrétant déjà éliminé, il se serait évité le juste « recadrage » de ce dernier :

    « Mais qu'est que vous dites Jean-Pierre Elkabbach ? (...) Vous connaissez déjà le résultat de dimanche ? Vous savez ce que vont voter les Français ?... Vous savez il y a une France des sondages, il y a une France des journalistes, (...) elle a le droit de le commenter. Et il y a la France des Français... » - « On en reparlera lundi matin », l'a alors interrompu Jean-Pierre Elkabbach. « M. Elkabbach. Je suis candidat à la primaire, ça mérite tout simplement le respect de votre part »

    Les internautes et utilisateurs de twitter s'en sont d'ailleurs donné à cœur joie, aux dépens de ce pauvre El Kabbach. La palme revenant selon nous (on ne peut bien sûr citer tout le monde) à Pierre Courade et Renaud Dély : 

    - de Pierre Courade : « Je trouve J-P Elkabbach plus en forme que lors des débats entre René Coty et Guy Mollet »

    - de Renaud Dély : « On dira ce qu'on voudra, J-P Elkabbach sans Georges Marchais ni Raymond Barre, c'est plus ce que c’était » 

    On pense ce que l'on veut de Sarkozy, Fillon ou Le Maire, mais tous les trois ont bien fait de reprendre ces journalistes pontifiants, et ces trois escarmouches ont été les seuls bons moments d'une soirée qui n'est même pas « à oublier d’urgence ». Elle l'est déjà, oubliée...

    Rappelons seulement, pour finir, que le but de cette chronique n'est pas de donner des consignes de vote ; nos lecteurs le savent : depuis notre création, des consignes de vote, lafautearousseau n'en donne pas, considérant que son rôle est de contribuer autant que faire se peut à la royalisation du pays, et que chacun de nos lecteurs est parfaitement capable, en conscience, d'aller vers le candidat de son choix ; nous n'allons pas nous diviser, tombant dans les pièges du Système, ni perdre de vue l'essentiel : notre action quotidienne inlassable en vue du Bien commun.

  • Inexorable montée de la pauvreté : le rapport du Secours Catholique, qui, même s'il s'en défend, accuse le Système...

     

    Mur-bleu gds.jpgEffrayant et inquiétant : que dire d'autre, après avoir pris connaissance du dernier rapport du Secours Catholique sur l'inexorable montée de la pauvreté en France ?

    près de 9 millions de personnes, dont 3 millions d'enfants, vivent « dans » la pauvreté ;

    le Secours Catholique a accueilli 608.5000 personnes en 2015, soit une augmentation de 2,7 % par rapport à 2014.

    les enfants et les « précaires » sont en hausse, dans ces accueils, comme est en hausse l'appauvrissement des familles...

    Oh, que l'on se rassure : il n'y a que du consensuel et du « politiquement correct » dans ce rapport. Aucune accusation contre le Système, uniquement des chiffres froids et presque glacés, des constats, des tendances et des courbes. A croire que cette inexorable croissance de la pauvreté - qui à ce stade devient comme un cancer, et le naufrage d'une Nation - arriverait presque toute seule, comme par hasard, sans causes bien précises. 

    Il y a pourtant deux choses que dit le rapport et qui amènent à une critique frontale du Système et de sa politique, qui crée, justement, et amplifie d'une façon exponentielle cette pauvreté.

    1. La part des étrangers, dans cette marée de détresse, a quasiment doublé depuis 2000 : les étrangers représentaient, alors, 20% des personnes aidées, leur part est montée à 36% en 2015, dont - scandale supplémentaire - 18% de clandestins (que les bobos, les trotskistes et le président des Evêques de France - Mgr Pontier, archevêque de Marseille -  se plaisent à appeler « sans-papiers »).

    C'est la première critique du Système que porte - même sans le vouloir - ce rapport : pourquoi, en effet, accueillir chaque année 300.000 étrangers par an (soit 1,5 millions sous le quinquennat de Hollande) et 200.000 sous les quinquennats précédents (soit un nombre impressionnant de millions depuis les décrets Chirac de 1975) ? On voit bien que ces étrangers, dans une proportion devenue insupportable pour nos moyens matériels, se retrouvent ensuite, très vite, dans les statistiques de la pauvreté. Quant aux clandestins, il est tout simplement scandaleux d'ajouter une aide supplémentaire au quasi milliard de l'AME (Aide Médicale d'Etat), alors que deux paysans français se suicident chaque jour, et que les JT de TF1 et de France 2 ont « passé » plusieurs reportages sur ces personnes âgées, ayant travaillé toute leur vie, et vivant avec 400 euros de retraite par mois !... Le tort de ces paysans ou de ces retraités aux indécentes pensions est-il d'être, tout simplement, Français, et pas d'une autre couleur, ou d'une religion venue d'ailleurs ? Oui, semble-t-il, pour le Système...

    2. Mais il n'y a pas - il n'y a plus - que le « matériel » qui cause directement la pauvreté : le Secours Catholique note l'explosion - elle aussi exponentielle - des demandes d’« écoute » et d' « accueil ». Et, là, on n'est plus dans les conséquences sociales ou économiques d'une politique insensée, mais bien dans « le » politique. Et l'on voit les conséquences désastreuses de l'éclatement des familles, qui sont depuis des décennies comme l'ennemi numéro 1 d'un Système qui fait tout pour rabaisser leur image, les fragiliser, les dissoudre, alors que l'on sait bien que la famille est la cellule de base de la société, la base fondamentale de la pyramide sociale. Et que, plus les familles sont fortes, nombreuses, faisant partie de ces « classes moyennes » qui ont de tout temps fait la force de la France, plus la Société est solide, stable, et capable de résister aux différentes crises qui ne manquent pas de se produire...

    Théorie du genre, court-termisme généralisé, exaltation frénétique de l'individualisme et de l'hédonisme, justifications jusqu'à l'absurde de toutes les autres formes de vie sociale que la vie familiale (le « choix » LGBT étant considéré comme aussi normal et « valable » que le choix de fonder une famille...), accablement par des impôts et taxes qui deviennent un racket légalisé, baisse des Allocations familiales selon les revenus... la liste est longue de ce  « Famille je vous hais », façon André Gide, qui semble bien devenu l'un des axes majeurs d'une politique aussi néfaste et funeste pour le Pays que le Système qui la conduit... 

  • « La République des vieux magiciens »

     

    Par Anna

    La République, le Système, vus par une militante d'Action française de 25 ans ...

    On connaît tous le dicton populaire : « On ne fait pas du neuf avec du vieux ». Cette sage parole n’aura jamais eu autant de sens qu’aujourd’hui. Les magiciens, les illusionnistes de la politique foisonnent à mesure que l’élection présidentielle approche et celle-ci, indéniablement nous promet suspens, rebondissement et issue incertaine. Faut-il s’en réjouir ?

    On pourrait croire que la multitude des projets qui nous sont soumis sont le signe d’un régime politique en bonne santé. On pourrait également être séduit par une nouvelle génération d’hommes politiques, proposant à qui veut l’entendre, espoir, force, redressement, changement radical et bonheur pour tous.

    Il suffit de se pencher un peu plus sur les hommes et les projets. A gauche, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg, Benoit Hamon, Emmanuel Macron aujourd’hui, François Hollande demain ? A droite, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Jean-François Copé ? La liste serait trop longue mais les personnalités citées se suffisent à elles-mêmes pour faire la démonstration d’une pure illusion.

    Ces hommes politiques qui prétendent incarner le renouveau des idées – mais surtout pas des actes – sont pour les Français qui n’oublient pas trop vite, des têtes bien connues de la vie politique, du système républicain.

    Il est d’ailleurs opportun de rappeler leurs lettres de noblesses, sic ; respectivement, sénateur, ministres, présidents de la république ou encore premier ministre. Leurs parcours sont éloquents. Ils ont tous eu la chance d’exercer les plus hautes fonctions de l’Etat. Ils sont donc tous responsables, au moins complices de l’échec total de la république. Bien-sûr, loin de nous l’idée de s’émouvoir de cet échec et encore moins de vouloir venir au secours d’un système que nous dénonçons depuis plus d’un siècle.

    Notre maigre ambition est d’essayer d’éclairer les Français sur la tragi-comédie qui les attend s’ils ne se réveillent pas. Les crises sociales (inégalités des richesses, zones islamisées, échec scolaire patent), démographiques (immigration de masse, faible renouvellement de la population française), économiques (mondialisation, chômage de masse, désindustrialisation, mauvaise répartition de l’impôt) sont le résultat de leurs politiques désastreuses.

    Inutile de rappeler combien ces professionnels de la politique et de la communication sont ensemble complices d’un même système. Ambitieux pour la France ? Non, ambitieux pour eux ! Le système républicain est l’ascenseur parfait de cet entre soi hors-sol et déconnecté de la vie quotidienne des Français. L’idée du bien commun est purement absente de leur projet. Aucun d’eux ne peut nous satisfaire, il est temps d’en prendre conscience.

    Français, ne vous laissez pas berner par tant d’illusions. La République, c’est la crise ! 

  • Au fait, qu'est-ce que le « Système » dont nous parlons ? Essai de définition ...

     

    Publié le 29.03.2016 et réactualisé le 18.11.2016

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLa question – évidemment importante et légitime - nous a été posée dans les commentaires : « Le "Système"  et sa contestation sont à l'ordre du jour. S'agit-il là d'une tendance lourde ? (…) Il est temps d'éclairer les uns et les autres sur ce que nous nommons " le système ". (…) Pour lutter contre le Système, (…) encore faut-il le définir avec plus de précisions et en dessiner finement le contour.» Mais la réponse ne va pas de soi. Même si, « aujourd'hui, la contestation du Système se généralise massivement et si on ne peut donc pas nier que le terme soit "ressenti".» 

    Par définition, un « système », bien qu’il constitue une unité active, est chose complexe, composite. Il n’est donc pas si simple de le définir. Hasardons néanmoins quelques réflexions qui, si elles n’épuisent pas le sujet, contribueront à y mettre un début d’ordre et de clarté.  

    Qu’est-ce qu’un système ? Classiquement, les dictionnaires en donnent une définition de ce type : « Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux et se définit par : ses éléments constitutifs ; les interactions entre ces derniers ; sa limite ». Voilà qui correspond bien à notre sujet. 

    Notons que (sans-doute dans les années 1920) Léon Daudet dit son opposition au Régime, celle de l’Action française, alors qu’aujourd’hui nous avons plutôt tendance - par delà Droite et Gauche - à pointer le Système, le second incluant et subordonnant de plus en plus le premier. Tendance lourde ? Sans doute. 

    Lorsque Daudet dit son opposition au Régime, il s’agit évidemment de la République, en l’occurrence de la IIIe. Aujourd’hui comme hier, la Constitution définit les Institutions de la République : la Présidence de la République ; le Gouvernement ; le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat ; les Partis politiques qui, de fait, les composent et dont la Constitution consacre le rôle ; le Conseil Constitutionnel … Etc. Tel est notre Régime politique. Mais l’on « ressent » bien que le Système avec lequel, selon la définition des dictionnaires, le Régime interagit - dont il est l’un des éléments, théoriquement le premier - est un ensemble qui s’étend bien au-delà des Institutions politiques proprement dites et se compose d’autres éléments, devenus, somme toute, souvent tout aussi déterminants. Dans l’écart entre ces deux termes (Régime et Système) se trouve sans doute la réponse à la question que nous nous posons. En son temps, l'Action française avait déjà élargi sa critique du régime proprement dit à ce qu'elle nommait le Pays légal. Réalité assez voisine sans-doute du ce qu'aujourd'hui l'on appelle - en un sens communément péjoratif - le Système.          

    Par delà les Institutions de la République proprement dites et leurs différents moyens d’action, les autres éléments constitutifs du Système – en interaction permanente avec les Institutions aussi bien qu’entre eux - sont assez aisément discernables. Pour être brefs, nous nous bornerons, sans les analyser en détails, à les désigner :  

    Une pensée dominante (le Politiquement correct, la Bien-pensance, les sempiternelles et indéfinies valeurs de la République ...) qui, malgré un nombre croissant d’oppositions et de réactions, est très généralement partagée par l’ensemble des composantes du Système ; elle a valeur politique, sociétale, morale, voire religieuse. Rien à voir avec l’une de ces grandes pensées politiques, dont Edgar Morin déplore la disparition. Il s’agit d’un ensemble d’opinions

    Les moyens de communication et d’information, notamment audiovisuels, et la grande presse, largement peuplés de journalistes et de managers en grande majorité pénétrés de la doxa que nous avons évoquée précédemment et spontanément appliqués à la diffuser, l’imposer à tous, la ressasser incessamment comme croyances et morale obligées. A noter que cette profession n’est pas loin de constituer, ne serait-ce que du simple point de vue des rémunérations, une communauté de privilégiés. A noter, aussi, les nombreux couplages existant entre le monde politique et celui des médias.  

    Le monde clos des financiers, propriétaires, soutiens et utilisateurs des moyens de communication en question (chaînes de télévision, grands titres de la presse écrite, etc.). Ils les achètent ou ils les vendent. Ils payent leurs factures et assurent leurs fins de mois.         

    Ce que l’on nomme de plus en plus, comme s’agissant d’un tout homogène et mono-orienté, les Associations, à peu près comme l’on dit les Institutions (!). N’ont d’influence et d’interaction avec les autres éléments du Système que les associations conformes à la doxa commune, quelle que soit leur importance réelle. (Aucune chance pour la Manif pour tous d’exercer une influence sur le Régime ou sur le Système).   

    L’Etat, en France, s’en étant attribué la responsabilité et le contrôle, l’Education Nationale  est, à l’évidence, une autre composante essentielle du Système. Monopolisée par une caste de faiseurs de programmes et de pédagogistes - qui se renouvellent, d’ailleurs par cooptation - elle a de moins en moins pour mission la transmission des savoirs, comme l’atteste la dégringolade des niveaux scolaires. Il s’agit bien davantage de former la jeunesse de notre pays aux dogmes et comportements qu’implique la doxa commune, cette Religion républicaine qui, selon Vincent Peillon, doit remplacer les anciennes religions et façonner le citoyen nouveau. L’introduction de la théorie du Genre à l’école, qui implique la négation des sexes, montre que cette Religion nouvelle admet les lubies les plus extrêmes. Terra nova, le nom que s'est donné le principal think tank socialiste, dit tout de l'ambition que poursuit le Système.      

    Si l’on ajoute aux composantes du système, les appareils syndicaux et, malgré leur faible représentativité, leurs cohortes d’apparatchiks, largement intégrés à la classe des bureaucrates de l’Administration ou, même, des grandes entreprises, un certain monde de la culture et des arts ou prétendus tels, l’on comprend que cette imposante conjonction de moyens, d’hommes, de structures et d’argent, puisse exercer sur l’ensemble du peuple français une sorte de totalitarisme mou et qu'il soit, bel et bien, largement ressenti comme tel. 

    Chacune des composantes du Système énumérées ci-dessus mériterait une étude spécifique qui, ici, nous mènerait trop loin. Toutes nous semblent concourir à un même résultat : celui de la destruction ou  - d'un terme suggérant méthode et volonté systématique - déconstruction.   

    Il n’est pas forcément mauvais qu’un peuple, une nation, un Etat soient régis par un Système quasi unanimement reconnu et respecté, sous réserve qu’il n’étouffe ni les libertés, ni les différences légitimes. L’erreur du nôtre, sa spécificité, est qu’il vise la déconstruction : déconstruction nationale, déconstruction sociétale, déconstruction culturelle, déconstruction anthropologique. 

    Nous n’avons pas épuisé ce (trop) vaste sujet. Les réalités multiformes du quotidien nous y ramèneront immanquablement.  

    Lafautearousseau 

  • Éric Zemmour : « Pourquoi, dans la primaire de la droite, l'hypothèse Fillon prend de l'épaisseur »

     

    Par Eric Zemmour

    Cette « insolence » a été publiée dans le Figaro il y a près de deux semaines [4.11] et prévoyait ou constatait déjà que la candidature Fillon aux primaires de la droite « prenait de l'épaisseur.» Ce qui semble être advenu au fil de ce processus électoral étrange et parfaitement contraire à l'esprit des Institutions de la Ve République, en tout cas à ce qu'elles pouvaient avoir de monarchique, aujourd'hui éventé. Au delà du cas Fillon en soi, qui ne passionne sans doute guère plus Eric Zemmour que nous-mêmes, ce qui nous parait intéressant, ce sont les raisons qui l'ont tiré d'assez bas jusqu'à assez haut au sein de l'électorat - des Français - que ces primaires concernent. Et ces raisons, selon Zemmour, tiennent à une sorte de rejet, désormais latent dans notre peuple, de ces sociétés postmodernes mondialisées, hors sol, multiculturelles, multiethniques, libérales-libertaires, et, en fait, exclusivement marchandes, sous leadership étatsunien, que l'on est - ou que l'on était - en train d'édifier. Au delà de ces considérations qui ont leur importance, ces primaires de la droite, toujours selon Zemmour, se traînent dans l'ennui et le désenchantement que semblent désormais inexorablement susciter les spectacles et les rites usés de la caste politico-médiatique.  LFAR 

     

    522209694.4.jpgEt si c'était Lui ? Lui, Alain Juppé ? Non, car il a déjà gagné pour ses soutiens et les observateurs, qui en sont à préparer le « jour d'après » ! Lui, Nicolas Sarkozy ? Non, car personne ne remet - encore - en cause sa place au second tour de la primaire, même s'ils sont de moins en moins nombreux, autour de lui, à croire en sa possible victoire. Alors, Lui, Bruno Le Maire ? Bruno le renouveau, mais qui n'a jamais réussi à trancher autrement que par son âge ! Pas lui non plus Copé, ni Poisson, et pas elle, NKM, qui ne parviennent pas à transformer leur parcours en autre chose qu'une candidature de témoignage. Ou à un poste ministériel.

    Alors, Lui qui ? François Fillon. Habileté de communicant ou réalité politique ? Les deux, mon général. Fillon était donné perdant depuis le début. Pas de charisme, pas d'audace, pas de caractère, disait-on. Un éternel second, ironisait-on. De Seguin, de Chirac, de Sarkozy. « Pas un mâle dominant », avait tranché Sarkozy.

    Et puis, les défauts annoncés de Fillon se sont retournés en sa faveur. Son programme économique était le plus solide et le plus cohérent ; il lui donnait un petit côté Thatcher, même si c'était avec trente ans de retard. Mais tous les autres candidats de la primaire lui ont apporté de la crédibilité en s'alignant peu ou prou sur lui, alors même que la France et le monde d'aujourd'hui cherchent plutôt à corriger les conséquences funestes du thatchérisme mondialisé.

    Mais ce quasi-unanimisme économique a permis à Fillon de s'échapper ailleurs. De faire entendre sa différence. De se désaligner de l'occidentalisme pro-américain du duo Sarkozy-Hollande. De lui préférer les charmes de l'alliance russe, et le dialogue avec l'Iran et la Syrie d'Assad. De rappeler qu'il avait voté non à Maastricht. D'évoquer avec nostalgie son séguinisme. Et même de frapper sans lésiner sur « le totalitarisme islamique ». Cette petite musique souverainiste contrastait drôlement avec son discours économique libéral. Il n'en fallait pas plus pour séduire quelques esprits soucieux avant tout de faire barrage à Alain Juppé.

    C'est ainsi que vogue cette première primaire de la droite. On ne préfère pas, on « fait barrage ». Avec d'autant plus de ferveur que tout le monde est persuadé que le vainqueur de la primaire à droite sera automatiquement celui de la présidentielle. Les uns élisent Juppé pour « faire barrage » à Sarkozy. On aurait pu croire que l'électorat le plus résolu à droite choisirait Sarkozy pour « faire barrage » à Juppé.

    Mais ce barrage-là prend l'eau. Le discours « identitaire » de l'ancien président sent trop sa tactique, « son gros rouge qui tache », son absence de convictions ; son ultime déclaration en faveur du vote Hollande contre Marine Le Pen a achevé de décrédibiliser son propos. Alors, pour faire barrage à Juppé et son « identité heureuse », de nombreux esprits s'échauffent et plébiscitent Fillon. Sans aveuglement. Pas le meilleur, mais le moins pire. Pour éviter le pire. On en est là. 

  • Macron, derrière le masque

     

    par Louis Vick

    L’ancien ministre de l’économie pratique l’art du grand écart. Celui qui livrait une réflexion inattendue sur la figure du roi il y a un an, puis visitait Philippe de Villiers au parc du Puy du Fou en août, est également un conférencier du Grand Orient de France ; le 21 juin, Emmanuel Macron planchait dans les loges lors d’une tenue blanche fermée. Rebelote en septembre. Tandis que, le 6, il petit-déjeunait « de manière discrète » avec des prêtres influents du diocèse de Versailles – puis le faisait savoir –, il affirmait sur TF1 et dans la presse régionale vouloir réunir « tous les progressistes contre les conservateurs ».

    Peu de temps après, il déclarait sur la chaîne I24news que « les réfugiés sont une opportunité économique pour la France ». Macron, candidat progressiste ? C’est ce que suggère l’analyse de ses principaux soutiens. Son association – En Marche – est apparue comme une émanation de l’Institut Montaigne, un lobby libéral financé par les grandes multinationales européennes et américaines, favorable à l’immigration et à l’Union européenne. A son lancement, le mouvement d’Emmanuel Macron était domicilié à l’adresse personnelle de Laurent Bigorgne, le directeur de l’Institut Montaigne.

    Pour monter sa campagne médiatique, En Marche a puisé dans les réseaux très puissants de Dominique Strauss-Khan. La communication est assurée par Ismaël Emelien, un homme formé chez le géant de la publicité Euro RSCG, l’entreprise qui contrôle (avec Publicis) la majeure partie des annonces payantes passées dans les médias. Pour vendre l’image de l’ancien ministre (clips, meetings, etc.), En Marche a passé contrat avec la plus grosse entreprise de stratégie électorale en Europe, Liegey Muller Pons. La machine est bel et bien « en marche »… 

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  • S'il revient en France, ce doit être la Cour Martiale pour  Kevin Guiavarch, renégat terroriste, polygame et pédophile

    Kevin Guiavarch

     

    Mur-bleu gds.jpgRenégat (dictionnaire de l'Académie française) : « Il s'est dit de celui, de celle qui a renié la religion chrétienne pour embrasser une autre religion. Il s'est fait renégat. C'est une renégate. Il se dit figurément de celui qui, par des motifs intéressés, abjure sa religion quelle qu'elle soit, renie sa patrie ou ses opinions politiques. Les renégats sont également méprisés dans les deux partis ». 

    Kevin Guiavarch a aujourd'hui 23 ans. Il a rejoint la Syrie fin 2012, d’abord dans les rangs du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, avant d’intégrer l’organisation État Islamique (EI). Il est soupçonné d’avoir été un recruteur très actif de l’EI, directement impliqué aussi dans son financement, mais son rôle était aussi, essentiellement, de recruter des femmes, y compris mineures : on imagine aisément la suite ... 

    Après avoir quitté et renié son pays (?), la France, celui qui est devenu un terroriste veut maintenant y revenir, avec ses quatre compagnes françaises et leurs six enfants. Il faut savoir qu'il a eu un ou plusieurs de ces enfants avec une ou plusieurs mineures : il faut dire que, en matière de pédophilie, il n'a fait que suivre l'exemple de son maître Mahomet, qui a épousé à 52 ans, en troisièmes noces, Aicha, une fillette de 6 ans, avec laquelle il a attendu qu’elle ait 9 ans pour avoir des rapports sexuels ... « notre » Kevin ayant pris ses mineures plus âgées que six ans, il n'a pas eu à attendre, lui, pour consommer ses mariages. 

    S'étant fait librement soldat de l'armée ennemie, ce Guiavarch-là est devenu traître à sa (?) patrie ; et, accessoirement, terroriste pervers et hors-notre-loi : s'il revient, il doit être immédiatement traduit devant une Cour martiale, puisqu'il a pris les armes pour une armée avec laquelle nous sommes en guerre.  

    Peloton d'exécution, fusillé, et on n'en parle plus... 

  • Lettre de Louis XIV à Jean-Michel Aphatie

     

    Par David Brunat

     
    PASTICHE - Il y a deux jours, le cas « Jean-Michel Aphatie » a été pointé du doigt dans ces colonnes*. Depuis, les réactions à ses honteuses déclarations se sont multipliées. Il y a maintenant une affaire Apathie. Ainsi, dans Figarovox [15.11], David Brunat a publié ce judicieux et savoureux pastiche. Qui a du sens, sous le jeu de ce genre littéraire. Le Roi-Soleil répond à Jean-Michel Aphatie après que celui-ci a déclaré qu'il souhaitait démolir le château de Versailles, tout en précisant ensuite qu'il s'agissait de second degré ... LFAR 
     

    David%20Brunat.jpgQuel genre d'insolent êtes-vous ? Avez-vous perdu la raison ? Ignorez-vous ce qu'il en a coûté à d'autres de parler en si mauvaise part de moi et de mes biens ? Ah, si Dieu m'avait donné plus longue vie, comme j'eusse eu plaisir à vous faire donner le bâton, à vous faire ravaler votre impudence dans le fond d'un cachot, à vous soumettre à la roue !

    Ainsi donc, l'on me mande que vous avez à cœur de raser mon château, qui a exigé de mes Sujets tant d'efforts et tant de génie ! D'anéantir le fleuron de mon Royaume, l'orgueil de mon règne ! De faire disparaître sans autre forme de procès ce chef-d'œuvre de l'art et de l'intelligence, qui fait depuis trois siècles l'admiration de l'univers et la joie des touristes du monde entier! (soit dit en passant, cette babiole que vous voulez dynamiter rapporte à la France des millions et des millions chaque année alors qu'on n'a cessé de vilipender les dépenses que j'ai dû engager pour le bâtir et l'embellir … Preuve que la rentabilité de long terme de certains projets se joue des politiques budgétaires restrictives chères aux ronds-de-cuir et autres petits marquis.)

    Donc, à bas Versailles ! S'il s'agit d'humour, sachez que je goûte infiniment plus celui de M. de Molière. On m'explique qu'il s'agit de « second degré. » Diable ! Qu'est-ce là que ce second degré bien apathique ? Je vous en conjure: restez-en au premier degré, au rez-de-chaussée, à l'entresol, au sous-sol, que sais-je. Je conçois que l'idée de grandeur vous soit étrangère, mais est-ce une raison pour manifester une si extraordinaire animosité à mon endroit ?

    Bref, que vous ai-je donc fait, Monsieur, pour que ma maison vous inspire un tel déplaisir ? Aurais-je de mon côté la fantaisie de m'en prendre à la vôtre ? Oui, je parle de cette Maison dite de la Radio, où vous officiez maintenant après avoir dragué l'or du Grand Canal - avant qu'il ne soit conquis par un Fouquet moderne qui est en train de l'assécher - et occupé le micro d'argent de diverses stations radiophoniques. Il y aurait à redire sur le fonctionnement de votre Maison, sur son ascendant dans la formation de l'opinion publique française. Je m'en garderai.

    L'on me mande aussi que vous émettez des doutes sur le suffrage universel - qui est pour moi une chose bien peu compréhensible -, auquel vous semblez attaché quand les électeurs votent selon vos vœux, mais auquel vous voudriez réserver le même sort qu'à ma maison lorsqu'il en va différemment. Je suis bien d'accord avec vous sur le fait que ce M. Trump est un soudard, un pendard, un bourgeois gentilhomme qui abuse son monde. Mais le triomphe que lui ont fait les Américains justifie-t-il vos sorties intempestives et vos sentiments démocratiques à géométrie variable ?

    Ah! l'on m'a souvent fait grief de gouverner sans frein. Ce motherfucker de Saint-Simon, qui me haïssait, n'a cessé de médire de moi et d'écrire à mon propos les choses les plus désagréables du monde, tout en me suppliant de lui octroyer une mansarde dans ma maison versaillaise. Si vous aviez du talent, vous me feriez penser à lui. Il me prenait pour un despote, pour un buveur de sang, mais il ignorait qu'il y a en tout homme, à partir du moment où il dispose d'un peu de pouvoir ou d'un peu d'influence sur les autres, un despote en germe qui, parfois, ne demande qu'à éclore ; et je crois que vos considérations sur les limites du suffrage universel prouvent quelque chose de cet ordre-là.

    Quoi qu'il en soit, je pense que le suffrage des siècles - auquel je tiens, pour le coup - et l'admiration des hommes pour mon sweet home versaillais m'offriront de solides garanties contre les velléités destructrices des Croquants dans votre genre.

    Sur ce, Monsieur, je retourne au paradis des héros français et vous laisse avec votre pelle et votre truelle démolir tous les châteaux de sable que vous voulez.

    Louis, propriétaire perpétuel 

    « ... Le suffrage des siècles - auquel je tiens, pour le coup ... »  

     
    Normalien et philosophe de formation, David Brunat est écrivain et conseiller en communication.
     
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