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Actualité France - Page 317

  • Derrière les ors jupitériens, il y a le délitement du pays

     

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    Les Français n'ont plus honte de leur président. Il a l'art et la manière, l'allure, la résolution, le dynamisme, l'intelligence et l'entregent. Tout le monde en convient. Son idéalisme verbeux et prolixe agace un peu mais, en même temps, son pragmatisme, réel ou supposé, plaît.  Sa jeunesse ne le dessert pas. Plutôt au contraire. Son autoritarisme non plus : même profondément remaniée, rebrassée par les vagues migratoires, la France reste « poignarde ». Toujours, dans son histoire, il est arrivé des circonstances où elle aspirait à l'autorité, où elle voulait être gouvernée. Macron surfe sur ce désir inavoué mais effectif. Les Français apprécient que la France ne fasse plus figure dans le monde. Apparence ou réalité ? La question n'est guère posée. L’apparence suffit pour l'instant à les satisfaire ...  

    La réalité nous semble pourtant assez éloignée de ces impressions euphorisantes. Car pendant qu'Emmanuel Macron déploie ses talents de séduction et de persuasion sur la scène politique nationale et internationale, les signes de désagrégation du pays se multiplient. Et, derrière le grand théâtre médiatique, le dispositif d'État se délite.

    Le malaise des armées, durement engagées sans les moyens adéquats sur le territoire national comme en divers théâtres d'opération extérieurs, s'est manifesté l'été dernier avec la démission du général de Villiers. Il n'est pas retombé depuis. Entre l'État et les militaires un climat de défiance délétère s'est installé. 

    Il n'est pas meilleur entre l'État et les forces de l'ordre. Celles-ci sont quotidiennement affrontées à deux terrorismes, qui parfois se confondent ou se cumulent : le terrorisme islamique et celui de la gauche radicale, ultra-violente, ne reculant devant aucun procédé. Il n'est plus de jour où des policiers et des gendarmes ne soient agressés, menacés, insultés, blessés. Comme avant-hier à Corbeil-Essonnes, dans une cité difficile où deux policiers ont été frappés et blessés lors d'une interpellation tandis qu'un pitbull « dressé pour attaquer » à ce que l'on a dit, était lâché sur l'un d'entre eux. Partout en France, policiers et gendarmes prennent des coups, doivent se battre durement, sont blessés. Les journées d'incapacité de travail se multiplient. S'ajoutent à ces violences subies, la malveillance des médias couplée avec celle des associations (« les violences policières » ...), le laxisme judiciaire, l'impunité des délinquants. Dans ces conditions, l'État pourra-t-il compter longtemps encore sur le loyalisme et l'engagement de sa police ? Ce n'est plus sûr.

    Depuis quelques jours, le blocage du système carcéral s'est ajouté.  Les gardiens de prison, en grève et en quasi rébellion, sont eux aussi de plus en plus fréquemment et sauvagement attaqués par des détenus radicalisés parmi les populations délinquantes - étrangères en grande partie - qui emplissent nos prisons. Hier, les représentants syndicaux des surveillants de prison, ont rompu les négociations en claquant la porte de la Chancellerie. L’archipel des prisons françaises surpeuplées et violentes est en crise. Il est indéniable que cette crise est liée à l'immigration. 

    Ce sont maintenant plusieurs catégories d'auxiliaires de l'État, indispensables à son fonctionnement et à sa survie, qui lui font ou risquent de lui faire défaut. Son autorité, ses capacités d'action s'en trouveront évidemment diminuées.

    Les gouvernements successifs au cours des dernières décennies ont trop longtemps laissé filer les choses, comme si le statu quo pouvait durer toujours. Peuvent-elles s'aggraver ainsi indéfiniment sans qu'on en ait un jour ou l’autre les conséquences ?

    Avant-hier, à Davos, Emmanuel Macron a lancé à un auditoire de dirigeants économiques et politiques enthousiastes : « France is back ». Il s'en faut de beaucoup pour que, tous domaines confondus, économique, sociétal ou régalien, ce retour soit une réalité. 

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

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    Vagues submersives

  • Éric Zemmour : « La prison est devenue une extension du domaine de la banlieue »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Le gouvernement a décidé de sanctionner par des retenues sur salaire les surveillants de prison qui se sont mis en grève.  Éric Zemmour explique que les matons subissent en réalité ce que subissent dans certains quartiers les pompiers caillassés ou les profs insultés. [RTL 25.01]. En quelques mots brefs et lucides, Zemmour dit tout simplement la vérité. Celle que les matons savent aussi. Ils doivent être exécutés !  LFAR


    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Silence dans les rangs ! Les surveillants pénitentiaires ne sont pas mieux traités que le général Pierre de Villiers. Le patron des Armées était le chef de la Grande muette, et il a parlé. Les matons n'ont pas le droit de grève, et ils se mettent en grève. Les deux doivent donc être sanctionnés.

    Dans l'univers macronien, on ne plaisante pas avec la discipline ni avec la hiérarchie. Hanté par la faiblesse « à la Louis XVI » de son débonnaire prédécesseur, Emmanuel Macron en rajoute dans le formalisme quasi-disciplinaire. Quitte à taper à côté de la plaque.
      

    Éric Zemmour

  • Horaires dans la fonction publique : ces chiffres qui fâchent

     

    Par Marc Rousset 

     

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    Clemenceau avait fait mettre l’affiche suivante au ministère de l’Intérieur : « Messieurs les employés sont priés de ne pas partir avant d’être arrivés. » Peut-être s’était-il inspiré de Courteline : « L’administration est un lieu où les gens qui arrivent en retard croisent dans l’escalier ceux qui partent en avance. » Clemenceau disait également que « les fonctionnaires étaient les meilleurs maris : quand ils rentrent le soir à la maison, ils ne sont pas fatigués et ont déjà lu le journal ».

    Dans son numéro de janvier 2018, Capital présente un dossier très complet qui interpelle sur les fonctionnaires : « Ceux qui bullent… et ceux qui bossent. » On apprend, ainsi, que les 55.000 agents de la ville de Paris ont droit à 33 jours de congés payés et 22 jours de RTT, que le temps de travail minoré dans les collectivités locales coûte 1,2 milliard d’euros par an au contribuable.

    Fêtes locales, ponts, récupérations… Grâce aux largesses des élus, plus de la moitié des deux millions de fonctionnaires territoriaux travaillent moins que le temps réglementaire. La palme revient à la ville de Sainte-Rose, avec 45 jours de congés par an. La fonction publique territoriale bénéficie, en moyenne, de cinq jours de congés et de RTT de plus par an (37 jours) que dans le secteur privé (32 jours).

    La Gironde pourrait faire l’économie de 190 postes à temps plein, soit sept millions d’euros par an : ce sont les économies que ferait cette collectivité si ses fonctionnaires effectuaient les 1.607 heures annuelles réglementaires. À Marseille, la réputation qu’ont les 12.000 agents de ne pas trop se fatiguer n’a rien d’une galéjade. Ils travaillent 40 heures de moins que la durée annuelle légale. Dans le SAMU social de Marseille, les employés ne travaillent même que 10 à 12 jours par mois.

    Suite au manque de personnes à leurs postes pour diverses raisons, de très nombreux fonctionnaires sont donc obligés d’effectuer des heures supplémentaires. Ces heures à récupérer s’ajoutent aux RTT, ce qui entraîne des départs à la retraite plusieurs années avant le délai légal. Les fonctionnaires sont donc payés pendant ces années pour rester chez eux et l’administration n’a plus d’argent pour embaucher des remplaçants.

    Les 35 heures ont fabriqué une bombe financière à retardement de 4 milliards d’euros. C’est ainsi qu’un policier a accumulé tant d’heures sup’ à récupérer qu’il pourra cesser de venir au travail dès 2019, alors que sa date de départ à la retraite initialement prévue était 2022.

     

    Les agents de conduite de la SNCF nés avant 1967 peuvent partir à la retraite à l’âge de 50 ans ; ceux nés après 1972 à 52 ans. Si les agents de conduite partaient à la retraite à 62 ans, on pourrait baisser leur effectif de 25 %. 

    Les aiguilleurs du ciel travaillent 24 heures par semaine avec 51 jours de congé par an. S’ils travaillaient autant que les Allemands, on pourrait réduire leur effectif de 50 %.

    Suite aux congés maladie, les fonctionnaires s’absentent deux fois plus que les salariés du privé.

    Quant aux fonctionnaires haut gradés, les sinécures ne manquent pas. Ségolène Royal devenue ambassadrice des pôles, Thierry Lepaon, ex-leader de la CGT, nommé président de l’Agence nationale contre l’illettrisme, les « préfets fantômes » sans préfecture payés 6.000 euros par mois…

    Le drame, c’est que la feuille de paie des fonctionnaires, c’est en réalité la feuille d’impôt des Français.

    Adrian Rogers a pu écrire : « Quand la moitié d’un peuple croit qu’il ne sert à rien de faire des efforts car l’autre moitié le fera pour elle et quand cette deuxième moitié se dit qu’il ne sert à rien d’en faire car ils bénéficieront à d’autres, cela, mes amis, s’appelle le déclin et la fin d’une nation. »  • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • A propos de Notre-Dame des Landes

     

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    A propos de Notre-Dame des Landes, nous ne jugerons pas du fond. Ce dernier est d'ordre technique. Qui peut dire, en toute certitude, des deux solutions, laquelle était la meilleure, laquelle correspondait de toute évidence au Bien Commun, ou, plus modestement, à l'intérêt général. Lequel, d'ailleurs ? En un tel domaine, un peu d'humilité ne ferait peut-être de mal ni aux uns, ni aux autres. Il est possible, en effet, comme Ségolène Royal l'a suggéré, en l'espèce avec bon sens, que chacune des deux hypothèses ait comporté un poids presque égal d'avantages et d'inconvénients. Disposons-nous d'assez d'éléments pour en juger ? Ayons l'esprit assez honnête pour reconnaître que non. 

    Ce qui nous paraît clair, c'est que l'indécision, l'attentisme, la discussion indéfinie, n'avaient que trop traîné, au-delà même du ridicule et du supportable. 

    L'Etat a décidé et nous nous abstiendrons de juger de la valeur de sa décision. Nous dirons simplement qu'il en fallait une, qu'il fallait sortir de l'atermoiement, de l'incapacité cinquantenaire débilitante des pouvoirs publics à agir, trancher, réaliser. 

    Les pro-aéroport tentent tout de même de relancer la discussion, comme s'il n'y en avait pas eu à suffisance. La décision que l'État s'est enfin résolu à prendre serait antidémocratique : un « référendum » (local) avait approuvé le projet. Mais chacun sait que ce référendum n'en était pas un ; qu'il a connu une faible participation ; qu'on en avait exclu expressément les Vendéens hostiles à 90%.  En bref, ce référendum était « bidon ». Ce n'est aujourd'hui qu'une argutie pour prolonger le débat.  

    Ces combats d'arrière-garde, comme trop souvent en régime démocratique, sont à l'évidence surtout électoralistes, clientélistes.  Sans compter l'ego des potentats locaux, qui, lui, ne faiblit jamais. 

    jean-de-la-fontaine_0.jpgLa Fontaine l'avait déjà observé* en un siècle où pourtant l'autorité de l'État n'a pas manqué à la France mais fut sans-doute bien moins puissante ou « absolue » qu'on ne l'a cru plus tard : 

    « Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs 

    Tout petit prince a des ambassadeurs 

    Tout marquis veut avoir des pages. » 

    Les choses prennent d'autres proportions, des proportions bien plus inquiétantes, quand les pages sont des aéroports. Des aéroports dont la France dispose déjà en nombre très supérieur à l'Allemagne, qui compte pourtant quelque vingt millions d'habitants de plus que nous. On y est peut-être tout simplement un peu plus raisonnable et, en tout cas, comme on disait jadis dans les familles, plus près de ses deniers... Il faut relire le bon La Fontaine. 

    * La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf, Jean de La Fontaine, Fables (Livre premier, fable III)

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Quand l'Etat décide l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    Un autre éclairage, une réflexion à plusieurs facettes,  sur l'affaire Notre-Dame des Landes et son aboutissement. Une utile analyse, éventuellement pour en débattre.  LFAR 

     

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    Ainsi, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne verra pas le jour, et c'est tant mieux ! Ce projet qui ne correspondait plus aux enjeux économiques ni aux problématiques environnementales de l'Ouest de la France a, enfin, été abandonné, même si, en définitive, les précédents gouvernements n'avaient jamais vraiment pris les moyens de l'imposer, comme si eux-mêmes n'y croyaient pas... La décision de l’État est raisonnable et elle signale, au contraire de ce que disent MM. Alain Duhamel et Bruno Retailleau, une reprise en main par l’État de la « décision politique » quand les prédécesseurs de M. Macron à l’Élysée avaient renoncé à faire preuve d'autorité tout en se plaignant désormais de la décision prise, non par une assemblée parlementaire ni par quelques bureaucrates ministériels, mais par la magistrature suprême de l’État et par son chef de gouvernement. Un vieil ami royaliste me soufflait tout à l'heure que ce retour de la décision d’État s'apparentait à la prise du pouvoir du jeune Louis XIV après que son « parrain » Mazarin ait rendu son âme à Dieu : désormais, le maître, c'était lui, et aujourd'hui, l’État c'est Macron, rajoutait-il, avec un air amusé. Et de soupirer, tout d'un coup mélancolique d'un temps ancien qu'il avait bien connu, entre La Nation Française et la Nouvelle Action Française : « Ah, mais qui sera le Maurice Clavel des zadistes, et le Pierre Boutang du président de la République ? Ils manquent au royalisme, ces deux-là ! ». Cette formule, qui peut sembler bien sibylline à tous ceux qui ne connaissent pas l'histoire du royalisme de la seconde moitié du XXe siècle, méritera, un jour prochain, une plus large explication... Mais je sais qu'elle parlera déjà à quelques vieux monarchistes qui ne désespèrent pas, mais s'impatientent... 

    La colère des partisans de la construction de l'aéroport dans le bocage nantais se comprend, et je ne m'en moquerai pas, mais elle révèle bien le manque de hauteur de quelques élites politiques qui oublient le réel et s'en remettent à l'utopie de quelques grands travaux qui devraient régler les mille problèmes d'emplois, d'aménagement du territoire et d'attractivité qu'elles sont bien incapables de résoudre par une politique à la fois plus locale et plus ambitieuse, plus imaginative : l'opposition que celles-ci font entre économie et écologie démontre une absence de pensée stratégique sur le long terme qui reste celui à privilégier, pour transmettre aux générations qui viennent et sont encore à venir un pays habitable, agréable et tout simplement vivant, dans tous ses coins et recoins, et pas seulement dans de grandes métropoles « connectées » et mondialisées.

    Là où le président de la République a montré qu'il concevait sa fonction de manière verticale et dans la tradition régalienne de l'arbitrage qui tranche quand les opinions et les passions s'affrontent depuis tant d'années, c'est qu'il n'a pas hésité à revenir sur une promesse électorale et à prendre, même, le contre-pied, rappelant ainsi que le Chef de l’État n'est plus le candidat, comme le Roi n'est plus le prétendant ou le simple dauphin, ce que le roi français Louis XI a su démontrer, roi sérieux et responsable quand il avait été jadis un dauphin agité et conspirateur... 

    Certains ont vu dans la décision de l’État, décision officiellement prise et assumée par le Premier ministre quand c'est bien le Président qui a tranché dès lundi soir, un « déni de démocratie », comme M. Ayrault, l'ancien maire de Nantes, et Mme Rolland, qui y siège désormais, et l'argument mérite examen, tout compte fait, car il y a bien eu une consultation démocratique sur le projet d'aéroport, en juin 2016, et une majorité d'électeurs du seul département convié à s'exprimer (quand l'aéroport était censé concerner deux régions...) l'avait approuvé, même si la géographie du vote montrait les forts clivages liés au lieu de résidence des votants, et que les tout premiers concernés, les habitants de Notre-Dame-des-Landes, avaient très largement marqué leur forte opposition au goudronnage de leur bocage... 

    En fait, plusieurs remarques me viennent à l'esprit : d'abord, il est tout de même ironique de constater que ceux-là mêmes qui, après le référendum national sur le projet de constitution européenne, n'ont eu de cesse de contourner le vote des électeurs français avant que de faire approuver ce même texte par le seul Parlement, évidemment moins rétif que le corps électoral, se drapent aujourd'hui dans les plis d'une démocratie qu'ils méprisaient et trahissaient alors, comme le confirment les propos du M. Ayrault de l'époque... Ensuite, cette bronca contre la décision étatique s'inscrit dans la remise en cause de la légitimité de l’État à décider, au-delà des opinions du moment et en dehors des seuls jugements de la foule, fût-elle électorale : c'est la même qui se lève contre le droit de grâce du président, condamné par nombre de démocrates contemporains comme un reste de l'Ancien régime, un vieux droit régalien obsolète, mais que je défends aussi avec vigueur comme l'expression d'une « plus haute justice » qui n'est plus celle des « vengeurs » mais bien celle du « pardon », qui est chose royale comme elle est, aussi, de nature religieuse, divine, pour ceux qui croient en Dieu. 

    Dernière chose (mais il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet) : s'il y a le « déni », ce n'est pas de la démocratie en soi, ne serait-ce que parce que, qu'on l'ait souhaité ou non, c'est bien M. Macron qui est sorti vainqueur des joutes électorales, démocratiques donc, du printemps 2017, soit après juin 2016 et le vote de Loire-Atlantique, et que la démocratie représentative, depuis la Révolution de 1789 et le moment où les états-généraux se sont transformés en Assemblée nationale constituante, ne reconnaît pas le mandat impératif, ce que, pour ce qui concerne les élections législatives, je regrette personnellement, mais que je ne souhaite pas, en revanche, pour l'élection présidentielle (en attendant la succession royale...). De plus, en démocratie, et on peut parfois le regretter, une élection « efface » souvent la précédente, ce qui, d'ailleurs, est la cause d'une instabilité de la magistrature suprême de l’État que la Monarchie résout par son mode de succession tranquille et assurée. 

    Ainsi, l’État, dans cette affaire, a repris l'avantage et, comme tout arbitrage, il s'agit d'un choix qui n'a pas vocation à plaire à tous mais à servir l'ensemble, au-delà des oppositions de la veille. Cela suffit-il à faire une politique ? Sans doute pas, et la République, en ce domaine comme en d'autres, montrera vite ses limites et ses incapacités, mais, pour l'heure, le vieux royaliste que je suis s'avoue satisfait de la décision gouvernementale : il n'est pas certain que j'éprouve la même satisfaction pour les autres et prochaines décisions du pouvoir en place... 

    Alors, le temps de quelques heures, savourons, et promenons-nous dans les bois, à Notre-Dame-des-Landes comme à Versailles !   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Lu dans Boulevard Voltaire • 21 janvier 1793 : Louis XVI avait raison

     

    Par Henri Saint-Amand

     

    7dbc1ae88d061e300a280d7fbafc2a4a.jpgUne petite plaque apposée sur un immeuble du 52, rue Beauregard, dans le deuxième arrondissement de Paris vient rappeler que, le matin du 21 janvier 1793, le baron Jean-Pierre de Batz, aidé de quelques amis proches, a tenté de faire évader, sans succès, le roi Louis XVI condamné à mort, quelques jours auparavant (15 janvier) par la majorité des 749 députés de la Convention. Ce jour-là, après un procès d’une quinzaine de jours, du 10 au 26 décembre 1792, les représentants du peuple de la République naissante votent en quelques heures la mort de « Louis Capet ». Quatre questions leur sont posées :

    – Louis Capet est-il coupable de conspiration contre la liberté publique et d’attentats contre la sûreté générale de l’État ?

    – Le jugement de la Convention nationale contre Louis Capet sera-t-il soumis à la ratification du peuple ?

    – Quelle peine sera infligée à Louis ?

    – Y aura-t-il un sursis à l’exécution du jugement de Louis Capet ?

    À la première question, les 673 députés présents répondent oui. À la deuxième, 286 ont voté oui et 423 non sur 710 présents. À la troisième, sur 722 présents, 361 ont voté la mort sans condition tandis que les autres se sont prononcés pour d’autres peines : détention pendant la guerre et bannissement à la paix, réclusion à perpétuité, déportation, etc. À la quatrième, une autre majorité se dégage : 380 non pour 310 oui. Le sort en est jeté. Louis XVI va mourir sous les bois de justice.

     

    Le dimanche 21 janvier 1793, le monarque se lève vers 5 heures. Il se confesse une dernière fois vers 7 heures auprès de l’abbé Edgeworth de Firmont (1745-1807) et entend l’installation bruyante du détachement de la Garde nationale. 

    Le dispositif est renforcé depuis l’assassinat, la veille, de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau (1760-1793). Ce dernier, ancêtre commun de Jean d’Ormesson et du député Charles de Courson, avait voté la mort du roi. Il meurt le 20 janvier sous le sabre d’un ancien garde du roi : Philippe de Pâris. C’est cet impressionnant dispositif qui contrarie les plans du baron de Batz. Seule une poignée de royalistes tente d’enlever le roi sur la route de l’échafaud *, dans le quartier Bonne-Nouvelle, vers la rue de Cléry. Plusieurs tombent. Jean-Pierre de Batz (1754-1822) parvient à s’échapper. Le sinistre cortège poursuit sa route.

    Sur l’échafaud, le courage du roi impressionne la foule : « Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m’inculpe ; je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français », parvient à lancer Louis XVI. A 10 h 22, le roi de France expire sous le couperet de la guillotine. Robespierre peut jubiler : « Louis doit mourir parce qu’il faut que la patrie vive », avait-il dit. Le bourreau, Charles-Henri Sanson, dans un témoignage écrit de février 1793, relate : « Je reste très convaincu qu’il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion, dont personne ne paraissait plus pénétré et plus persuadé que lui. »

    En ce 225e anniversaire de sa disparition, laissons les derniers mots au monarque martyr : « Je mourrai sans crainte. Je voudrais que ma mort fît le bonheur des Français et pût écarter les malheurs que je prévois, le peuple livré à l’anarchie, devenu la victime de toutes les factions, les crimes se succédant, de longues dissensions déchirant la France. »   •

    * Les historiens restent dubitatifs sur la réalité de cette opération car ils ne retrouvent aucun procès-verbal sur cette tentative. Reste que quelques royalistes ont été tués sur le parcours entre la prison du Temple et la place de la Révolution, aujourd’hui appelée place de la Concorde.  
     
    Consultant
  • Vagues submersives

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    103879671.jpgLes chiffres parlent. Quelques statistiques officielles, donc, pour commencer. En vingt ans, de 1997 à 2017, le nombre des demandeurs d’asile a quintuplé passant de vingt à cent mille. Or, puisque, personne ou presque (même débouté) ne repart, qui dit demandeur d’asile dit immigré de fait. En 2017, record battu, 262 000 étrangers ont obtenu un premier titre de séjour. Quelques uns seulement (10 % ?) repartiront. Enfin, statistique de l’Ined la plus « explicite », 40% au moins des bébés nés en Ile-de-France sont de mère immigrée (un peu plus de 30% ailleurs).  

    Inutile sans doute d’insister ici sur l’origine de la grande majorité de « nos » immigrés. Le seul aspect quantitatif de cette immigration africaine et de ses conséquences démographiques pose tout simplement la question de la perpétuation de ce qu’on a pu jusqu’à présent, d’un millénaire à l’autre, et malgré des changements et des évolutions, continuer d’appeler « la France ». Problème vital donc face auquel M. Macron ne pourra pas rester toujours dans l’ambiguïté de ses dernières déclarations, en même temps pragmatique et « humaniste ». 

    On ne sait pas si M. Rocard a vraiment prononcé la fameuse phrase qu’on lui prête sur l’immigration (« La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde mais elle doit en prendre sa part »). Si l’on en croit Libération, le doute est permis et sur les termes et sur l’intention. Mais peu importe puisque, vraisemblable, elle reste la référence qui a permis à la droite et à la gauche « de gouvernement » de justifier la politique immigrationniste qu’elles ont menée à l’identique successivement - malgré quelques gesticulations (à droite) et de grandes déclarations de principe (à gauche), ce que M. Zemmour a fort justement qualifié de « grand théâtre ». Le résultat, à défaut d’une quantification jugée « nauséabonde » par les élites du système, est visible et bien ressenti par les « souchiens »  : des millions d’immigrés légaux ou clandestins, sans compter les naturalisés et la descendance de tout ce beau monde. On (les gouvernements successifs) a donc fait tout ce qu’on pensait pouvoir et surtout ce qu’on croyait devoir faire en faveur de l’immigration, sans avoir jamais demandé au peuple français ce qu’il voulait que l’on fît en son nom. 

    Certains trouvent qu’on n’en fait d’ailleurs pas assez. Trois exemples significatifs en ce début d’année. D’abord, Mme Autain, député.e de « La France insoumise », qui déclare qu’il faut accueillir  « tous » les migrants qui se présentent : voilà qui a le mérite d’être clair. Ensuite, M. Toubon qui, peut-être parce qu’il est affligé du ridicule mais certainement lucratif titre de « Défenseur des droits », se croit autorisé à dire n’importe quoi : les migrations telles que nous les subissons constitueraient un phénomène « séculaire » et les migrants avec lesquels nous serions tenus de « faire société » devraient avoir tous les droits « comme les autres ». Enfin, ce chef d’un Etat étranger (le pape, puisqu’il faut bien le nommer) qui profite de son magistère spirituel pour s’immiscer régulièrement dans le débat, reprenant ainsi dans ses voeux l’essentiel de ses récentes vingt-et-une propositions dites « de l’Assomption », visant toutes à faciliter, légaliser, légitimer, c’est-à-dire promouvoir l’immigration en Europe, donc en France - injonction morale inacceptable pour tout Etat souverain. 

    Ceux qui brandissent les « valeurs de la République » évitent soigneusement d’évoquer les conséquences désagréables directes et évidentes de l’immigration : l’ensauvagement de la société, la radicalisation religieuse islamiste, les scènes de guerre civile récurrentes, le développement exponentiel des trafics et violences en tout genre. Ils insistent en revanche sur la situation prétendument irréversible créée par l’afflux de certaines populations conduisant à terme à une société multiculturelle et métissée conforme au nouvel ordre mondial. Mais ils oublient que, tant que les vagues submersives de l’immigration ne nous auront pas fait disparaître complètement, rien n’est définitivement joué : la conjonction d’une opinion publique exaspérée et d’une volonté politique disposant des moyens adaptés peut encore permettre un reflux migratoire.  

  • Histoire & Actualité • Le phénomène Louis XVI et la République

     

    Publié le 17 janvier 2018 - Actualisé le 20 janvier 2018

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    Faut-il s'étonner ? Il y a plus de deux siècles que Louis XVI a été guillotiné. Deux siècles que les événements révolutionnaires ont bouleversé notre histoire. Et il y a bien longtemps qu'il n'y a plus de parti royaliste dans les assemblées. De ce point de vue - c'est Pierre Boutang qui l'a dit - les royalistes sont un « néant de force ».

    Alors faut-il s'étonner que chaque début janvier se mettent en place les longues listes de messes et de manifestations qui vont commémorer la mort, le 21 janvier 1793, de ce roi malheureux ? Et tirer pour aujourd’hui les leçons de cet événement qui pèse sur nous.

    Cette année encore, les annonces sont très nombreuses et l'on sait que, presque partout, les églises, qui n'en ont plus trop l'habitude, seront pleines et ferventes.

    Faut-il s'en étonner ?

    En 1877, dans son Journal d'un écrivain, Dostoïevski, déjà, avait observé et signalé « la ténuité des racines qui unissent la République au sol français ». C'était l'époque du royalisme électoral et parlementaire, qui fut majoritaire, un temps, à l'Assemblée nationale. La République n'avait été instituée – « la moins républicaine possible » - qu'en attente de la monarchie. Mais à la mort du comte de Chambord, le royalisme parlementaire avait vécu, avalé par le jeu des partis et par le régime d'opinion. Comme échouera, ensuite, le stratagème du pape Léon XIII, qui crut, avec le Ralliement, faire de la France une république chrétienne, puisque la grande majorité des Français était catholique... Ce Pontife, en politique, fut un naïf. Il récolta la guerre que la République mena à l'Eglise de France au commencement du siècle suivant, le XXe. Le royalisme se réfugia dans quelques salons surannés ou dans de nobles et nostalgiques fidélités.

    Les racines qui unissent la République au sol français étaient-elles pour autant devenues moins ténues ?

    En l'année 1900, le souvenir de la défaite de 1870, de l'Empereur prisonnier, des Allemands sur les hauteurs de Montmartre, était toujours omniprésent, mêlé à l’obsédant souci des provinces perdues. Alors que se profilait la terrible menace d'une nouvelle guerre, l'on vit soudain se lever du marais du camp patriote, la forte résurgence d'un royalisme français, jeune, intellectuel, doctrinal et combatif, qui bousculait le royalisme endormi et le vouait au patriotisme le plus exigeant. Ce que fut la place de l'Action Française d'alors, son autorité intellectuelle et morale, son emprise sur la jeunesse, sur l'Intelligence française, sur la catégorie des Français actifs, avant la Grande Guerre et dans l'entre-deux guerres, nous avons de la peine à le mesurer aujourd'hui, malgré les livres et les travaux universitaires. Le royalisme français avait opéré une étonnante renaissance qui attestait de cette ténuité inchangée des racines qui unissent la République au sol français, telle que Dostoïevski l’avait observée. 

    Le royalisme français restauré ou refondé par l'Action Française a traversé le XXe siècle et deux guerres mondiales, la première gagnée par miracle, la seconde perdue dans des conditions – l’effondrement que l’on sait - qui, comme l'a dit Boutang, ont failli tuer la Patrie. 

    Nous voici, un siècle plus tard. La République est-elle devenue plus assurée de son enracinement dans le sol français ? 

    Deux rendez-vous historiques ont au contraire confirmé sa ténuité : tout d’abord, le millénaire capétien en 1987, au cours duquel le Comte de Paris assura l’avenir de la Maison de France en titrant ses deux petits-fils, les princes Jean et Eudes, duc de Vendôme et duc d’Angoulême ; cette année-là le comte de Paris et le président de la République, François Mitterrand, commémorèrent ensemble, côte à côte dans la cathédrale de Reims, le baptême de Clovis en 987. Ces événements porteurs de puissants symboles eurent un grand écho. Deux ans plus tard, vint 1989. L’on devait célébrer le bicentenaire de la Révolution française. Tâche ardue. Qui fut ratée. Le comité des célébrations fut d’abord confié à Edgar Faure qui décéda avant l’heure. Puis à Pierre Joxe qui courut à l’échec. Grâce à quelques initiatives heureuses et fortes – Jean Raspail, Jean-Marc Varaut, Marcel Jullian – le bicentenaire tourna à la critique de la Révolution, se mua en un vaste courant de sympathie pour ses victimes, à commencer par le roi, la reine, le dauphin, martyrs de la Terreur.     

    Près de trente ans encore ont passé, sous les mandats délétères de François Mitterrand (second septennat) de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. On sait la situation de la France et le discrédit du régime au terme de leurs mandats.

    Or voici que le 8 juillet 2015, dans l'hebdomadaire Le 1, le ministre de l’économie de François Hollande, sans que quiconque le reprenne ou le sanctionne, écrivit ceci, qui mérite d’être relu : 

    « Il nous manque un roi. La démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu'on attend du président de la République, c'est qu'il occupe cette fonction. Tout s'est construit sur ce malentendu. »

    Chacun sait que l’auteur de ce constat radical – qui ne fait que confirmer les réflexions anciennes de Dostoïevski - est Emmanuel Macron, élu entre-temps, contre toute attente, président de la République française.

    Faut-il s’étonner s’il y a beaucoup de Français à travers le pays pour se souvenir de la mort du roi Louis XVI, dans les jours qui viennent ?  •

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Recompositions

     

    Par François Marcilhac

     

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    La recomposition de la classe politique ne fait que commencer, en ce début d’année 2018. À gauche, le Parti socialiste voit chaque jour un nouveau candidat se déclarer pour le prochain congrès qui devrait désigner, en avril, à Aubervilliers, le nouveau Premier secrétaire. Najat Vallaud-Belkacem ayant renoncé à se présenter et s’étant, comme son clone du centre-droit, Nathalie Kosciusko-Morizet, retirée provisoirement de la vie politique, la députée Delphine Batho est pour l’heure la seule femme, aux côtés des députés Olivier Faure et Luc Carvounas, de Stéphane Le Foll, député et ancien ministre, et d’Emmanuel Maurel, député européen, avant que Julien Dray, dinosaure mitterrandien, ne franchisse bientôt lui aussi le pas, à prétendre à la direction d’une organisation qu’il serait prématuré de déclarer moribonde. Si le PS est dans cet état, c’est non pas parce que la tradition sociale, laïque et républicaine de gauche, qu’il était censé incarner, est morte, mais bien parce qu’il n’a plus su la représenter, s’étant contenté, de 2012 à 2017, de gérer les affaires courantes pour Bruxelles et Mme Merkel. Le mariage pour tous, c’est bien maigre comme bilan, quand l’industrialisation du pays continue de s’effondrer, le chômage d’augmenter, la pauvreté de s’aggraver, l’immigration et l’insécurité de peser toujours davantage sur le pays réel.

    La vocation de l’Action française

    Il est vrai que le Parti socialiste a connu d’autres creux dans son histoire  : Gaston Defferre fait 5  % – moins qu’Hamon en 2017 – à la présidentielle de 1969, ce qui n’empêche pas, douze ans plus tard, Mitterrand de succéder au centriste Giscard. Or douze ans, à l’échelle de l’histoire d’un pays, ce n’est rien, ou presque. Du moins lorsque la nation n’est pas menacée d’une disparition programmée. Ou qu’elle n’a pas à affronter un tragédie nationale. Dans le cas contraire, c’est beaucoup. Beaucoup trop  ! En disant cela, nous ne pensons évidemment pas au temps nécessaire au PS pour se refaire, puisque les patriotes que nous sommes n’attendent rien de lui  : internationaliste, européiste, immigrationniste, sociétaliste, communautariste, écologiste au sens le plus démagogique du terme, dépourvu de tout projet industriel pour la nation, le PS n’a, d’une certaine façon, pas besoin de se refaire puisque son programme est appliqué à la tête de l’État. Et que sa tendance libérale-libertaire, devenue majoritaire en son sein depuis 2005 – le débat sur le traité constitutionnel européen fut décisif en la matière – a fait sa mue dans cette République en marche qui a réussi à concilier son projet avec celui d’un centre qui lui a toujours fait les yeux doux. Macron a réussi ce que Valls a lamentablement échoué à réaliser  : la création d’une force centripète neutralisant une gauche et une droite de conviction. Tel avait été le projet de Giscard en 1974, mais celui-ci dépendait encore trop de l’électorat gaulliste pour pouvoir voler de ses propres ailes, ce que Chirac lui a rappelé tout d’abord en démissionnant en 1976 puis en le faisant battre en 1981. Las pour la droite  ! C’est Chirac qui, ensuite, faisant une politique de centre après avoir succédé à Mitterrand, en trahissant – une vocation chez lui – les espoirs que la campagne menée sur le thème de la fracture sociale avait suscités, a lui-même scié la branche sur laquelle il était assis en se coupant de son électorat populaire de droite et en offrant au centre l’hégémonie. En quelque sorte, c’est Chirac qui a réalisé le plan de Giscard, l’imposture sarkozyste n’ayant réussi que provisoirement à freiner la progression d’un FN qui recueillait les déçus de la droite parlementaire tout autant que ceux de la gauche.

    Telle est la situation dont Wauquiez hérite, au lendemain d’une élection tout à fait honorable à la tête des Républicains  : la recomposition annoncée du mouvement à droite voit les barons du centrisme partir ou se mettre en congé les uns après les autres. Le dernier en date  : le Macron-compatible Juppé qui vient d’annoncer qu’il ne paiera pas sa cotisation l’année prochaine. Nous nous demandions dans un précédent éditorial si le costume ne serait pas trop grand pour Wauquiez  : à savoir s’il comprendrait que ces départs sont, pour lui, la chance historique de rompre définitivement avec le chiraquisme, dont l’impasse politique a fini d’écarter la droite parlementaire du retour aux affaires. Il est évidemment encore trop tôt pour le dire, et une nomination maladroite ici ou là (notamment celle du centriste et déplorable Leonetti à la tête du Conseil national du mouvement, lequel détermine, dans l’intervalle des sessions du Congrès, les orientations politiques) n’augure rien de bon sans toutefois hypothéquer l’avenir.

    Un boulevard devant Wauquiez

    C’est que Wauquiez, entre un PS inaudible au moins jusqu’en mai prochain, une France insoumise qui se discrédite devant les Français en devenant le canal politique, au Parlement, de l’islamo-gauchisme et un Front national qui s’abîme dans des considérations nombrilistes plutôt que de porter la voix du pays réel – seule Emmanuelle Ménard, qui n’a du reste pas sa carte au FN, est activement présente à l’Assemblée –, oui, Wauquiez a devant lui un boulevard, s’il le veut, pour recréer un grand mouvement de droite populaire. Car la question n’est pas déjà, ni peut-être du tout, de savoir si, à terme, il convient de parier pour une alliance, au moins électorale, entre la droite parlementaire et un FN rénové. La question est de savoir si Wauquiez saura prendre sa part de l’essentiel, à savoir dans la renaissance d’une droite de conviction, c’est-à-dire qui n’ait plus honte d’elle-même, et d’achever ainsi le cycle né, il y a cinquante ans, avec 1968. Il a toujours existé, à droite, et c’est heureux, différentes sensibilités – plus ou moins sociales, étatistes, conservatrices –, mais toutes doivent s’appuyer sur un même socle  : indépendance de la nation, respect de la loi naturelle, s’agissant notamment de la famille, partage d’une même culture fondée sur plus de quinze siècles de christianisme. Face à la politique mortifère de Macron, dont l’embellie dans les sondages ne fait que traduire le vide actuel de la vie politique française, il est nécessaire de créer une dynamique patriotique forte  : les préoccupations politiciennes viendront prendre leur part du phénomène – et le dénaturer – bien assez tôt. L’essentiel est de créer cette dynamique, pour changer la donne politique, condition du renouveau. Savoir se hisser au niveau des intérêts vitaux de la nation est la marque des hommes d’État. Malheureusement, il n’est pas certain que la République, qui en a évidemment déjà fourni dans son histoire, soit encore capable de le faire.

    Nos princes toujours parmi nous

    Nous disions plus haut qu’il avait fallu douze ans au Parti socialiste pour renaître au siècle dernier. Nous ne sommes pas certain que les patriotes aient encore douze ans devant eux pour agir  : que sera la France en 2030  ? Quel visage lui auront donné l’Europe, l’immigration, le communautarisme, le reniement de sa culture, les réformes sociétales, son déclin industriel et agricole  ? Les royalistes ne sont pas de meilleurs patriotes que les républicains  ; ils sont des patriotes plus conséquents. Définissant la monarchie comme le nationalisme intégral, ils ont compris que c’est en écartant le pouvoir suprême de la compétition qu’on assure au pays les conditions de l’indépendance et de la prospérité – la seconde n’allant pas sans la première. Or nos princes, descendants des quarante rois qui en mille ans ont fait la France, sont toujours parmi nous. Ils ne demandent qu’à servir, puisque c’est leur raison d’être. Ce serait folie que de ne pas faire appel à eux. L’Action française en tout cas n’a pas d’autre vocation que d’en convaincre les Français.    

  • Vitesse limitée, « fake news » et hausse des prix: bienvenue dans la France de Macron

    Emmanuel Macron à Calais, janvier 2018. SIPA

     

    Par Roland Hureaux

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgC'est, selon son habitude, à une fine analyse que Roland Hureaux se livre ici [Causeur - 18.01]Une fine et exacte analyse de la politique réelle d'Emmanuel Macron, intérieure et européenne. Faut-il cacher que nous nous sentons ici fort peu libéraux ? Encore faudrait-il s'entendre sur un sens précis à donner à ce mot-valise qui peut tout signifier. Ainsi, nous accepterions assez volontiers les notions par lesquelles ces excellentes analyses le définissent. Rappelons que Roland Hureaux fut l'un des participants au colloque d'Action française du 7 mai 2016, à Paris, « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? »    LFAR

     

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    Après un discours de vœux présidentiel assez plat, la rentrée a été inaugurée par trois coups de massue qui laissent pressentir ce qu’est la véritable nature du macronisme.

    Classes moyennes étouffées

    D’abord une hausse mirobolante des tarifs publics : fioul domestique, forfait hospitalier, cartes grises, paquet de cigarettes, timbres, etc. Toutes ces augmentations vont frapper les classes populaires, d’autant qu’elles s’accompagnent d’une hausse de la CSG ciblée sur les personnes âgées. Or, les revenus, salaires et retraites stagnent, on le sait, depuis des années.

    Peut-être certaines de ces hausses étaient-elles nécessaires, mais comment justifier celle des frais bancaires qui va peser principalement sur ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Il est clair que les banques qui comptent sur ces frais pour rattraper certaines folies spéculatives ont été mieux entendues par l’ancien ministre de l’Economie qui trône à l’Elysée que ce que Christophe Guilluy appelle la « France périphérique ».

    Il est probable qu’avec ces coups de matraque, la suppression promise de la taxe d’habitation, sera vite absorbée et au-delà.

    Vivre à 80 à l’heure

    Va dans le même sens, la décision d’abaisser la vitesse limite sur route à 80 km/h et de renforcer toute une série de sanctions, comme celles qui frappent l’usage du portable en voiture. Les amendes de stationnement seront parfois doublées. Ces mesures sont d’une utilité douteuse : elles vont sauver des vies, dit-on. Peut-être, mais pourquoi ne pas instaurer la vitesse-limite à 0 km/h pour avoir 0 accident ? Le nombre d’accidents mortels a considérablement baissé depuis plusieurs années. En tous domaines, la sécurité absolue, c’est la fin des libertés. Elle n’existe que dans les cimetières.

    Mais est-ce vraiment pour améliorer la sécurité routière que ces mesures ont été prises ? N’y a-t-il pas là aussi la volonté de cogner, dans un domaine où la légitimité de règles de plus en plus sévères et de sanctions de plus en plus lourdes est difficile à contester. La sécurité routière est plus facile à assurer que la sécurité tout court pour laquelle le gouvernement n’a aucun plan. Il est plus facile de transformer en coupable un honnête homme qui roule à 85 km/h sur une route départementale que d’attraper de vrais délinquants. Sarkozy en début de  mandat avait déjà usé de cette ficelle en frappant fort sur… les prostitué(e)s du Bois de Boulogne. La discipline routière est une bonne école pour la discipline tout court : elle habitue le public à obéir à la manière forte. Elle est comme la marche au pas dans la caserne : exercice apparemment sans conséquence mais qui  donne aux conscrits le pli d’obéir sans murmurer.

    Les « fake news », un complot ?

    La troisième mesure n’est qu’annoncée mais elle est encore plus inquiétante : la volonté de contrôler les fausses nouvelles, dites « fake news », circulant sur internet, particulièrement sur les réseaux sociaux. Ce projet ne concerne pas que les périodes électorales : les pouvoirs du CSA d’interdire l’octroi d’un canal  numérique à certains seraient accrus. Mais en période électorale, la porte serait grande ouverte pour demander au juge de dire le vrai et le faux. L’immixtion de l’autorité judiciaire dans le processus électoral est contraire à  toutes les traditions républicaines de notre pays. Macron a été élu en partie grâce à elle ; il est visible que, se sentant quelque part vulnérable, il compte, en un sens, sur elle pour se faire réélire. Il est vrai que la loi de 1881 sur la presse sanctionnait déjà la diffusion de fausses nouvelles. Mais ni la police, ni la justice n’avaient jamais fait de zèle sur ce sujet et cela concernait la scène publique, pas les correspondances numériques dont beaucoup ont un caractère privé. Dans un pays où une proportion importante de médias soutient le gouvernement, comment ne pas voir dans cette intention le projet d’une réduction autoritaire du dernier espace de liberté qui demeure : la toile ?

    Ainsi se précise peu à peu le plaquage sur la France d’une chape de plomb qui n’a rien à voir avec l’allure décontractée et branchée, soi-disant « libérale », que se donne le président.

    Chape de plomb que l’on observe déjà dans d’autres domaines : l’étouffement progressif des collectivités locales par la diminution des dotations, la quasi-disparition de l’opposition au sein d’une Assemblée aux ordres où la majorité n’a, faute de compétence et d’ancrage local, pas les moyens de contrôler le pouvoir.

    La France « illibérale » du président Macron

    Si les ordonnances travail accroissent quelque peu la liberté des patrons, elles rendent une partie de la population plus vulnérable et donc plus malléable. Ces textes prétendument libéraux contiennent au demeurant quelques  dispositions également dangereuses pour les libertés : si, comme il est normal, les indemnités de licenciement accordées par les tribunaux sont désormais plafonnées, elles ne le sont pas s’il est possible d’alléguer une discrimination quelconque. Le règne du politiquement correct judiciaire n’est pas près de se terminer.

    La politique de Macron a bien peu à voir avec le vrai libéralisme. Les décisions fiscales : l’exonération de l’ISF des seules très grandes fortunes, financières, la suppression (progressive) de la taxe d’habitation, vont prendre en sandwich les classes moyennes, déjà écrasées mais seules à même de compenser les pertes de recettes. Il est déjà question d‘un super impôt foncier dont seraient exonérés les investisseurs étrangers ou d’augmenter la taxe foncière, déjà très lourde dans beaucoup de communes. N’est-ce pas la liberté qu’on veut écraser en prolétarisant les couches intermédiaires instruites et enracinées, à même donc d’avoir encore quelque sens critique ? L’Empire romain finissant n’avait pas procédé autrement : une population accablée d’impôts glissant peu à peu dans le servage, la ruine des classes moyennes, un encadrement des  populations.

    Ne nous sera même pas épargnée la suite du grand remue-ménage des structures locales, parfaitement inutile et toujours  coûteux : les animaux de laboratoire dont on bouleverse sans cesse les repères territoriaux deviennent amorphes !

    Fort peu libérale est aussi l’absence dans le gouvernement actuel de la moindre velléité de réduire les dépenses publiques, qui atteignent déjà le record mondial, sauf les dépenses régaliennes (armée, justice), les seules auxquelles il ne faudrait pas toucher. Comme François Hollande, Emmanuel Macron a l’intention de respecter les critères de la zone euro : moins de 3 % de déficit, sans toucher aux dépenses sociales. Il ne lui reste qu’à augmenter les impôts : scénario déjà vu.

    La bruxellisation de la France

    Ne nous y trompons pas : la plupart de ces mesures ont probablement été imposées de l’extérieur, en particulier de Bruxelles. Toutes proportions gardées, le traitement qui est appliqué à la France ressemble à celui, totalement inhumain, que l’Union européenne inflige à la Grèce.

    Derrière une diplomatie virevoltante (et non exempte de bourdes), il y a la volonté de renforcer une Europe supranationale qui ne pourra être qu’allemande : la chape de plomb d’une discipline monétaire et financière, l’intolérance à la dissidence, l’ouverture à une immigration sur laquelle on compte à la fois pour payer les retraites et affaiblir les traditions nationales. On peut y ajouter la tendance, déjà vieille de plusieurs décennies, d’appliquer tous les règlements à la lettre sans cette flexibilité qui faisait le charme des pays latins. Même si le gouvernement de Berlin est pour le moment  en crise, son esprit est bien là.

    Dans la plupart des domaines, les logiques technocratiques, les mêmes qui depuis longtemps suscitent l’exaspération des Français : réduction du nombre des  communes, urbanisme de plus en plus contraignant, multiplication des vaccins obligatoires, installation d’éoliennes, réformes de l’Etat démobilisatrices, ne sont pas remises en cause et risquent d’être aggravées. Pour les bureaux qui les promeuvent, l’exaspération qu’elles suscitent chez beaucoup de Français ne sont pas interprétées comme l’expression légitime d’une autre rationalité qu’il conviendrait de prendre en compte, mais comme une résistance irrationnelle qu’enfin la conjoncture politique permet de briser.

    Si les mesures qu’a prises, ou s’apprête à prendre le Gouvernement, ne suscitent pas de réactions significatives, il est à craindre que notre pays ne s’enfonce peu à peu dans un nouvel âge de fer où l’esprit de liberté qui l’a longtemps caractérisé ne serait plus qu’un souvenir.  

    est essayiste.
  • La politique autrement ? Un slogan creux, creux, creux !

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cette tribune du Journal de Montréal [12.01] Mathieu Bock-Côté pointe la réduction du politique à la seule gestion et même bien souvent à un simple leurre. « Avant de faire de la politique autrement, nos politiciens auraient intérêt à faire de la politique, tout simplement. » A condition de savoir ce qu'il y a dans le politique, au sens plein, de supérieur et même de sacré.   LFAR  

     

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    Chaque fois que j’entends quelqu’un nous annoncer qu’il fera de la politique autrement, je me demande qui, dans la foule, le croit vraiment ou fait même semblant de le croire. 

    Je ne connais pas de slogan plus vide, plus creux, plus usé. On ne sait jamais à quoi il réfère et ce que veulent dire ceux qui nous le servent, sinon qu’ils semblent vouloir dire qu’ils seront plus gentils et respectueux que ceux qu’ils veulent remplacer. Et j'avoue que me méfie de ces politiciens qui se veulent tellement vertueux qu'ils se révèlent finalement impuissants et incapables d'avoir une emprise sur la société.

    La politique, quoi qu’on en pense, a quelque chose d’éternel. Il s’agit de prendre le pouvoir, de l’exercer, de lutter pour le conserver, et cela, idéalement, pour servir le bien commun, même si ce dernier reste difficile à définir puisqu’on en trouve plusieurs conceptions dans une société. La politique n’est jamais purement transparente et a toujours quelque chose de conflictuel. Car il y a toujours plus d’une personne à se vouloir chef et plus d’une équipe qui veut gouverner. Celui qui redoute le conflit et ne tolère pas d'être critiqué n'a pas grand chose à faire dans la vie publique.

    Évidemment, il y a de bons politiciens et de mauvais politiciens. Ils n’exercent pas tous leur art avec le même talent. Il y a des politiciens qui ont une autorité naturelle et le charisme correspondant. Il y en a qui ne parviennent pas à se faire aimer mais qui ont un talent véritable pour bien administrer la société. C’est comme cela depuis toujours et il en sera toujours ainsi. Cela ne changera pas tant que la bête humaine ne changera pas.

    Évidemment, qui reste au pouvoir trop longtemps s’encrasse. C’est à ce moment que se développe une tendance au népotisme. Quand un clan s’empare de la cité, qu’il la gère en fonction de ses avantages exclusifs, il corrompt presque inévitablement les institutions. Il faut alors faire le ménage, remplacer une élite par une autre, changer de personnel politique et donner de nouvelles orientations collectives. Tout cela relève de la politique éternelle.

    De temps en temps, il faut un pouvoir d’expérience. De temps en temps, il faut rajeunir le pouvoir. De temps en temps, il doit s’exercer fermement. De temps en temps, il doit s’exercer plus consenssuellement. De temps en temps, il faut le contester ouvertement. Évidemment, au fil de l’histoire, le pouvoir s’est exercé à travers différents régimes, et la démocratie est celui que nous privilégions puisqu’il est fondé sur l’indispensable consentement populaire, que nous tenons avec raison pour quelque chose de sacré.

    Mais il s’agit toujours, néanmoins, d’exercer le pouvoir, et le pouvoir relève non seulement de la participation et de la délibération mais aussi de la décision. La rhétorique sur la politique autrement sert en fait à occulter une question bien plus importante: que veut-on faire avec le pouvoir ? En d’autres mots, en parlant toujours dans le vide de processus et de méthode alternative de gouvernement, on oublie de parler des finalités et du projet que l’on souhaite mettre de l’avant. C’est pourtant de cela dont on devrait parler en politique. La politique est-elle encore capable de porter un projet et d'inspirer à un peuple une mobilisation collective pour un avenir différent?

    En d’autres mots, avant de faire de la politique autrement, nos politiciens auraient intérêt à faire de la politique, tout simplement. C’est-à-dire qu’ils ne se contentent pas de gérer la société au rythme de l’actualité médiatique, qu’ils ne se soumettent pas aux juges ou aux fonctionnaires et qu’ils s’emparent des enjeux de fond qui traversent la société. Des politiciens qui sont à la hauteur des questions qui façonnent notre temps et qui croient en la politique. C’est cela qui nous manque, aujourd’hui.   

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Un référendum sur l’immigration ? Chiche !

     

    Par Yvan Blot 

     

    maxresdefault y blot.jpgMacron assure qu’il veut renvoyer les immigrés illégaux. Les sondages donnent 65 à 70 % de personnes qui trouvent trop élevé le nombre des étrangers. Macron a-t-il la base sociale pour aller dans ce sens ?

    Il est l’élu de la bourgeoisie cosmopolite. Selon l’étude Ipsos-Sopra Steria de juillet 2017, « les clivages sociaux restent un discriminant très net : 77 % des ouvriers jugent qu’il y a trop d’étrangers en France contre 66 % des employés, 57 % des professions intermédiaires et 46 % des cadres ».

    Les dirigeants de l’oligarchie, notables de LREM, élus grâce à leur investiture, dirigeants d’associations pro-immigrés minoritaires, très grand patronat notamment financier, médias « officiels », universitaires de gauche sont hostiles à cette nouvelle orientation de Macron. Va-t-il passer outre ? Peut-il passer outre ?

    Quand la société est divisée avec, d’un côté, le peuple, de l’autre, les représentants d’organisations oligarchiques qui dirigent en fait le pays et qui bloquent toute réforme, il n’y a qu’une seule solution pour faire triompher la démocratie : le référendum.

    En Suisse, par exemple, la votation populaire « contre l’immigration de masse » a été adoptée par le peuple le 9 février 2014. Le texte voté prévoit des quotas d’étrangers « selon les besoins de l’économie dans le respect du principe de préférence nationale ». Tous les partis étaient hostiles, sauf un seul, le plus important parti suisse (30 % des voix) : l’Union démocratique du centre.

    Le clivage entre les élites politiques et le peuple se retrouve à l’étranger. La Commission européenne envisage de se venger sur les étudiants suisses en les excluant des programmes d’échanges universitaires subventionnés. Mais, selon un sondage Blick du 15 février 2014, 61,8 % des Allemands, 69,7 % des Français et 77,5 % des Anglais se montreraient « favorables » ou « plutôt favorables » à un modèle comparable à l’initiative « contre l’immigration de masse » acceptée en Suisse (RTS Info). 

    La question qui se pose en France est de savoir si un Président élu par la classe bourgeoise cosmopolite et sur une faible base numérique (24 % seulement des voix au premier tour de l’élection présidentielle) peut faire une politique inverse de celle de ses électeurs. On n’imagine guère l’oligarque Macron se lancer dans un référendum. Alors, comment franchira-t-il l’obstacle de ses propres réseaux oligarchiques ?

    La question du référendum se pose aujourd’hui en Europe, partout où la classe oligarchique dominante s’oppose aux souhaits du peuple qui souffre de l’immigration, de l’insécurité et du chômage.

    En matière d’immigration, la France viole les trois principes de sa devise : Liberté, Égalité, Fraternité. Le fait que le peuple ne puisse rien dire sur l’immigration, en l’absence de référendum, est une atteinte évidente à la liberté. Qu’en pense M. Macron ? Les sociologues ont montré que la bourgeoisie cosmopolite évitait le contact avec les migrants dans le logement et à l’école. Les inconvénients concrets de la migration, c’est pour le peuple ! Pas d’égalité. Qu’en pense Macron ? Enfin, le sociologue américain Robert Putnam a montré que la diversité ethnique détruisait la solidarité et la fraternité. Plus la population est diverse, plus la méfiance est grande entre les individus. Donc, baisse de la fraternité. Qu’en pense Macron ?

    Il est difficile de faire une politique contraire aux idées de sa base sociologique. Seul le peuple, consulté par référendum, peut lever l’obstacle. En l’absence de ce recours au peuple, Macron a peu de chance de réussir à réduire l’immigration de façon concrète, même s’il le voulait vraiment.  

    Ancien député, président de l’association « Agir pour la démocratie directe »
     
    [Boulevard Voltaire, 15.1]
  • Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [4]

    Guerre des sexes ?

     

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    Fabrice Hadjadj publie un recueil de chroniques où il mêle des réflexions inspirées de la vie quotidienne sur le sexe, la religion, la technique et le travail. Entre Houellebecq et Chesterton, il nous livre une profonde critique de l'époque ... Ces réflexions sont importantes et ne sont pas à prendre à la légère. Elle traitent de l'essentiel, de l'avenir de notre société et des personnes qui lui appartiennent par la naissance et par la tradition. Nous publions ces réponses de Fabrice Hadjadj à Eugénie Bastié [Figarovox, 21.12.2017] comme une suite, en plusieurs journées. Lafautearousseau

     

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    Vous terminez votre recueil par un «conte de Noël». À l'heure où la consommation a pris le pas sur le rite, quel sens peut encore avoir cette fête chrétienne ?

    Nous en arrivons à la consommation des siècles. Notre système est très fragile. La collapsologie est devenue une science très en vogue. La dinde aux marrons peut grossir jusqu'à nous boucher la vue, le fait est là : la pie-grièche à ventre rose disparaît du territoire français. Nous n'en sommes qu'au début de la disparition des espèces et des énormes flux migratoires consécutifs au réchauffement climatique.

    Le black-out n'est pas loin qui éteindra toutes les illuminations des artères commerciales : heureux ceux qui auront encore des bougies ! Quant aux cyborgs, qu'on nous présente comme des immortels, ils ne trouveront plus à recharger leurs prothèses ou à changer leurs pièces, et ils tomberont en panne.

    En fait, je ne suis ni décliniste ni progressiste. Je suis très simplement apocalyptique. Nous sommes les premières générations à être assurées non seulement que « les civilisations sont mortelles », comme disait Valéry, mais que l'espèce humaine est vouée à l'extinction - à plus ou moins long terme.

    Quel est le sens de cette certitude ? Et pourquoi continuer, dès lors, avec l'aventure humaine ? Il faudra bien, une fois que les écrans ne s'allumeront plus, que l'on se pose pour de bon la question. Alors on apercevra peut-être l'étoile au-dessus de l'étable de Bethléem: ce bébé juif qui paraît au milieu de la nuit, entre sa mère, son père, le bœuf et l'âne, l'adoration des bergers et des rois, c'est l'Éternel qui nous dit qu'il est bon d'être humain, d'avoir un corps, de travailler de ses mains, de parler du ciel à travers les simples choses de la terre, et que même si le monde devait disparaître demain - la figure de ce monde passe, dit saint Paul - il faudrait encore tenir notre poste, planter des arbres, élever des enfants, leur transmettre la poésie de la louange et de la supplication. Ce mystère de l'Incarnation sera le dernier rempart contre le transhumanisme, l'islamisme, l'animalisme, le spiritualisme et toutes les autres formes contemporaines de la désespérance.  •   Suite et fin.

    Directeur de l'université Philantropos. Il publie « Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi) », Taillandier, 352 p., 18,90 €.

     

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    Eugénie Bastié

    Journaliste Débats et opinions

    Twitter : @EugenieBastie

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [1]

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [2]

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [3]

  • Éric Zemmour : « Le PS est un cadavre qu'il n'est même plus nécessaire de renverser »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Le nombre de candidatures se multiplie pour le titre de premier secrétaire d'un PS aux abois. Mais pour Éric Zemmour, les postulants se battent seulement pour le rôle de croque-mort. [RTL 11.01]. En quelques mots brefs et lucides, Zemmour démonte les ressorts idéologiques et politiques profonds qui ont sonné le glas de la social-démocratie en France et dans le monde.  LFAR

     


    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Ils se jaugent. Ils se défient. Ils s'insultent. Ils se menacent. Les candidats ressemblent à des pilotes enfoncés dans le siège de leur formule 1, au moment du départ de la course. Sauf que leur formule 1 est un jouet avec des pédales et que leur compétition est pour rire.

    Mais eux ne rient pas du tout. Ils ne se sont pas aperçus que le parti dont ils briguent la direction s'est évanoui. Qu'ils poursuivent une chimère. Un mirage dans le désert. Ils ne se sont pas aperçus que les candidats sont plus nombreux que les militants qui vont voter, et que le Parti socialiste n'est plus un objet politique mais un objet d'Histoire. 

    Éric Zemmour

  • Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [3]

    Guerre des sexes ?

     

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    Fabrice Hadjadj publie un recueil de chroniques où il mêle des réflexions inspirées de la vie quotidienne sur le sexe, la religion, la technique et le travail. Entre Houellebecq et Chesterton, il nous livre une profonde critique de l'époque ... Ces réflexions sont importantes et ne sont pas à prendre à la légère. Elle traitent de l'essentiel, de l'avenir de notre société et des personnes qui lui appartiennent par la naissance et par la tradition. Nous publions ces réponses de Fabrice Hadjadj à Eugénie Bastié [Figarovox, 21.12.2017] comme une suite, en plusieurs journées. Lafautearousseau

     

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    Vous êtes un grand défenseur de la différence des sexes. À l'heure où le désir est soit criminalisé par un féminisme puritain soit caricaturé par l'univers marchand, quel regard portez-vous sur les relations hommes-femmes ?

    Là encore, je ne suis pas un défenseur des sexes, je remarque simplement que j'en ai un, assez capricieux, d'ailleurs, et qui n'est pas l'autre. Si seulement nous étions encore dans la guerre des sexes, genre Lysistrata ! Mais non, ce qui se joue à cette heure c'est la concurrence victimaire et le contentieux contractuel. Je m'explique. Nous devons dénoncer le harcèlement, le viol et rendre justice, mais le mode de dénonciation qui est en cours a des soubassements néo-libéraux, qui n'ont rien à voir avec les sexes. On veut dénier l'obscurité du désir, on prétend que toutes les relations devraient se dérouler comme le contrat passé entre deux agents rationnels dont les intentions sont parfaitement transparentes. Pour éviter toute accusation éventuelle, les maris auront la prudence d'obtenir un consentement signé de leur épouse, et éventuellement de la payer pour son « travail émotionnel ». Mais ça ne marche pas comme ça. Et même ça ne marche jamais. La polarité sexuelle ne pourra jamais être réduite à un marché passé entre deux contractants. Emmanuel Lévinas disait qu'elle contenait toujours une part d'adoration et de profanation. Il faut donc lutter - d'abord en soi-même - contre la violence faite aux femmes, mais il faut aussi admettre que le désir qui pousse un homme vers une femme - et réciproquement - n'a rien à voir avec la fiction de l'agent rationnel telle que l'invente la théorie économique moderne.

    Dans l'une de vos chroniques, vous faites un lien entre terrorisme et technocapitalisme… Selon vous, la propagation de l'idéologie djihadiste trouve un terreau favorable dans la mondialisation spectaculaire et marchande ?

    L'affrontement entre consumérisme et islamisme n'est que superficiel: c'est la même forma mentis ; dans les deux cas, il s'agit d'atteindre le paradis en appuyant sur des boutons. Daech n'a rien d'un retour des prétendues ténèbres médiévales. C'est un mouvement postmoderne, constitué par des individus déracinés, qui se recrutent par Internet, qui font des selfies avec kalachnikov et des vidéos d'égorgement dans des mises en scène de série télévisée, enfin qui subsistent grâce aux pétrodollars. Leur « Dieu » ne s'est pas fait chair. Il n'est ni charpentier ni talmudiste - ce qui leur aurait donné, avec le sens du concret, un certain sens de l'humour. Le djihadisme est peut-être une réaction au vide occidental, à son absence de sens ou de transcendance, mais c'est aussi une extension de ce vide, une perte radicale de la terre, de la culture et de l'histoire.  •  A suivre ...

    Directeur de l'université Philantropos. Il publie « Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi) », Taillandier, 352 p., 18,90 €.

     

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    Eugénie Bastié

    Journaliste Débats et opinions

    Twitter : @EugenieBastie

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [1]

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [2]