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Actualité France - Page 318

  • Société • Les prix 2017 de la Carpette anglaise ont été attribués ...

     

    Les distinctions attribuées le sont en termes brefs, ironiques et savoureux d'une redoutable efficacité. Les lecteurs de Lafautearousseau apprécieront les choix 2017.  LFAR

    Réuni chez Lipp, le 13 décembre 2017, sous la présidence avisée de Philippe de Saint Robert (écrivain, engagé dans la défense de la langue française), le jury composé de représentants du monde littéraire, politique [1] et associatif [2], a décerné le prix de la Carpette anglaise 2017 à un membre des « élites françaises » qui s’est particulièrement distingué par son entêtement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.

    A été distinguée, au second tour de scrutin par huit voix contre une à l’association française de normalisation (AFNOR [3]) : Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, pour l’utilisation prioritaire de l’anglais comme langue de communication de la Ville de Paris à destination des touristes et des étudiants étrangers, pour avoir fait projeter en février 2017 sur la tour Eiffel le slogan « Made for Sharing » de la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024.

    Le prix à titre étranger [4] a été attribué, au premier tour de scrutin, à M. Donald Tusk, président du Conseil européen, pour s’exprimer en priorité en anglais excluant notamment le français de sa communication.

    Que déshonneur leur soit rendu !

    L’Académie a décidé dans le souci d’équilibrer le prix de la « Carpette » par la création d’un prix annuel de glorification de personnalités ou institutions qui se seront illustrées dans la promotion de la langue française. Dans ce but, un prix « Tapis rouge » sera créé en 2018 et remis au printemps prochain.

    Le cas Macron

    Emmanuel Macron, page Facebook

    Emmanuel Macron, page Facebook

    Les débats du 13 décembre 2018 ont été plus animés qu’à l’ordinaire. En effet, la liste des lauréats à choisir comprenait le nom de M. Emmanuel Macron. Il s’était en effet distingué en 2017 par des actes : divers anglicismes publics, dont sa « Task force », surtout des allocutions en anglais, en janvier à l’université Humboldt de Berlin, cet été à la télévision pour reprocher – légitimement – à M. Donald Trump sa sortie de la Cop21, puis en décembre par l’affichage public « One planet Summit » lors de la conférence – bienvenue – qu’il a organisée à Paris.

    Mais il était aussi, dans la logique du « en même temps », proposé pour un prix à créer du « Tapis rouge » saluant dûment ses annonces enthousiasmantes : d’adoption le 3 mai de la charte de francophonie proposée par l’Association francophone d’Amitié et de Liaison (AFAL) ; d’une politique de relance du français et de la Francophonie (29 août à Paris, puis 9 novembre à Abou Dhabi), assortie d’un plan concret pour le début de 2018 ; et, le 16 septembre à Port-Marly : « Nous restaurerons Villers-Cotterêts et en ferons le château de la Francophonie », dont le projet bien connu de l’Élysée est porté depuis 2001 par ALF et d’autres associations.

    Mais, dans sa grande sagesse, l’Académie a décidé, à une large majorité, de ne pas mettre en cause le chef de l’État, ni dans un sens, ni dans l’autre.  

    (Albert Salon un diplomate français engagé dans la défense de la francophonie.)

    [1] Anne Cublier, Marie Treps, Paul-Marie Coûteaux, Benoît Duteurtre, Dominique Noguez sont membres de l’académie de la Carpette anglaise.
    [2] Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), le Collectif unitaire républicain pour la résistance, l’initiative et l’émancipation linguistique (COURRIEL), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DDC).
    [3] Des textes d’origine européenne jamais traduits en français pourront désormais figurer dans la collection des normes nationales. Ainsi un texte en anglais pourrait être mis à la disposition du public, en tant que norme nationale portant le sigle « NF ».
    [4] Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.
    Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise.
    Courriel : parlerfranc@aol.com Académie de la Carpette anglaise, Le Droit de comprendre, 222 avenue de Versailles, 75016 Paris.

  • Pas-de-Calais : Trois gardiens de prison agressés. Jusqu'à quand devrons-nous supporter cette engeance ?

    La prison de Vendin-Le-Vieil dans le Pas-de-Calais

     

    Trois surveillants de la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, ont été violemment agressés ce jeudi par un détenu considéré comme le cerveau des attentats de Djerba en 2002.

    Le parquet antiterroriste de Paris s'est saisi de l'enquête. Une enquête est ouverte. Après l'agression de trois gardiens de la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le parquet antiterroriste de Paris s'est saisi des faits et lance une enquête pour tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste. Les investigations ont été confiées à la DGSI et à la SDAT. 

    Ce jeudi après-midi, Christian Ganczarski, un détenu considéré comme le cerveau des attentats de Djerba en 2002 s'en est pris à plusieurs surveillants dans une prison du Pas-de-Calais sur les coups de 15h ou 15h30. 

    Il avait demandé à passer un coup de téléphone. Sa seconde requête en ce sens a été acceptée et au moment de sortir de sa cellule, il s'est jeté sur les trois surveillants pénitentiaires, à l'aide d'un couteau de cuisine. L'un des surveillants a été hospitalisé pour des points de suture à la tête. Un membre du syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa a signalé que les deux autres blessés l'étaient pour l'un à la carotide, pour l'autre à la poitrine. 

    Aucun pronostic vital n'est engagé. Un quatrième surveillant, présent, lors de l'intervention, n'a pas été blessé mais a saigné du nez, selon une information de l'AFP. Il a le profil d'un prisonnier radicalisé, et a crié "allahou akbar" au moment de son attaque. 

    Les syndicats pénitentiaires appellent au débrayage 

    Christian Ganczarski, placé à l'isolement, faisait l’objet d’une procédure d’extradition vers les Etats-Unis. Libérable d'ici quelques semaines, après avoir été arrêté en 2003, il était question de l'extrader vers les Etats-Unis qui le réclament car il est soupçonné d'être impliqué ans la préparation des attentats du 11 septembre 2001. Or, cette sortie, selon des informations recueillies par BFMTV ce jeudi soir, avait été annoncée il y a quelques jours, ce qui nourrit la colère des surveillants pénitentiaires qui estiment que l'annonce a pu les mettre en danger. L'ensemble des syndicats concernés ont appelé à un débrayage dans les établissements pénitentiaires de France ce vendredi. Les personnels du centre de Vendin-le-Vieil appellent en tout cas à se réunir dans la matinée, à 6h30, devant la prison. 

    La prison de Vendin-le-Vieil doit accueillir Salah Abdeslam lorsqu'il comparaîtra lors du procès prévu à Bruxelles pour une fusillade survenue dans la capitale belge en mars 2016 pendant sa cavale. Le procès devait initialement se tenir en décembre dernier mais son ouverture a été reportée au 5 février prochain.     

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  • Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [2]

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgFabrice Hadjadj publie un recueil de chroniques où il mêle des réflexions inspirées de la vie quotidienne sur le sexe, la religion, la technique et le travail. Entre Houellebecq et Chesterton, il nous livre une profonde critique de l'époque ... Ces réflexions sont importantes et ne sont pas à prendre à la légère. Elle traitent de l'essentiel, de l'avenir de notre société et des personnes qui lui appartiennent par la naissance et par la tradition. Nous publions ces réponses de Fabrice Hadjadj à Eugénie Bastié [Figarovox, 21.12.2017] comme une suite, en plusieurs journées. Lafautearousseau

     

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    Vous prônez le retour à une vie simple, le goût du foyer et de la décroissance. Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir retourner à la bougie ou de vivre comme un amish ?

    J'aime bien les amish, je l'avoue. J'ai la naïveté de penser que cultiver la terre, se déplacer à cheval et lire la Bible en famille est tout de même mieux que de faire du trading haute fréquence, prendre le RER et consommer du . Cependant, je ne prône aucun « retour ». Je ne veux pas déserter mon poste. Si la providence m'a fait naître à cette époque, c'est pour faire avec. Marx a très bien montré que les « robinsonnades » étaient complices de la logique capitaliste : on prétend retourner à la nature, refaire le monde avec quelques vieux outils sur une île déserte, mais par là on ignore que l'homme est par nature l'héritier d'une histoire, et l'on renforce le fantasme du self-made-man.

    Alors la vie simple, oui, bien sûr, qui ne voudrait d'une vie simple, au fond ? Mais on n'y arrive pas sans drame. Ni sans composition - sans modus vivendi. Mon ton est d'ailleurs moins prescriptif que descriptif. Je ne crie pas : « Vive la décroissance ! »

    J'observe seulement que la consommation des marchandises nous a fait perdre la pratique des choses. S'il fallait me rapprocher de certains courants politiques, j'évoquerais le mouvement Arts and Crafts de William Morris, et plus encore le distributisme de Chesterton (tous deux admirés par Houellebecq, du reste). À égale distance du socialisme et du capitalisme, et de leurs monopoles d'État ou de multinationale, ils préconisaient non pas une meilleure répartition des revenus (laquelle ne conteste pas la suprématie monétaire et marchande), mais une juste distribution des moyens de production, dans un éloge de la petite propriété familiale.

    À vrai dire, c'est une vieille histoire. Elle se trouve déjà dans la Genèse. Quand Laban propose à Jacob un meilleur salaire, celui-ci lui répond : « Et moi, maintenant, quand vais-je travailler pour ma maison ? » (Gn, XXX, 30). •  A suivre ...

    Directeur de l'université Philantropos. Il publie « Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi) », Taillandier, 352 p., 18,90 €.

     

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    Eugénie Bastié

    Journaliste Débats et opinions

    Twitter : @EugenieBastie

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [1]

  • SNCF : notre ruineuse incapacité à investir

     

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    L'actualité a mis en lumière, ces jours-ci et en même temps, les difficultés de la SNCF et ses succès. 

    Ses succès sont « commerciaux ». C'est ainsi que l'on parle aujourd'hui et cela veut dire que son chiffre d'affaires a augmenté dans toutes ses composantes, le fret excepté, ce qui n'étonnera pas ceux qui ont pu avoir  recours à ce service SNCF inadapté et obsolescent et ont dû l'abandonner au plus vite.

    La progression du trafic TGV qui avait connu un certain tassement les années passées, a repris significativement. Cela non plus n'est pas surprenant si l'on considère le service d'excellence que rend ce train d'exception. Le fondement du succès dit commercial, c'est en réalité la performance technique. 

    Mais le trafic augmente aussi sur les autres lignes, nonobstant les cars Macron. A bien des égards, le réseau SNCF, c'est évidemment, c'est toujours, non seulement l'un des plus anciens - songeons que les premiers trains de passagers ont roulé en France sous le règne de Louis-Philippe (1837) et que ce roi y a voyagé en compagnie de la toute jeune reine Victoria ! - mais aussi l'un des meilleurs du monde.  Malgré leurs légitimes sujets de mécontentement, les usagers ne l'ignorent pas. 

    Que signifient alors les difficultés à répétition que la SNCF connaît par ailleurs et dont l'Etat lui fait publiquement grief ? Non sans un certain culot d'ailleurs car ledit État n'est pas étranger à une bonne part des difficultés de l'Entreprise. 

    Naturellement, ne sont pas à écarter les déficiences de gestion, les privilèges sans-doute excessifs dont jouissent nombre d'agents - et il y en a beaucoup - les pratiques dispendieuses, etc. Comme il peut y en avoir et comme il y en a toujours eu dans toute entreprise, a fortiori dans une entreprise de cette taille et relevant du secteur public. 

    L'essentiel de la question est probablement ailleurs, ne concerne pas seulement la France mais aussi nombre d'autres pays européens dont l'Italie et même l'opulente Allemagne, malgré le colossal bénéfice de son commerce extérieur et l'insolente santé de ses entreprises. Et cette cause, n'est autre que le vieillissement des infrastructures, autrement dit, l'insuffisance des budgets d'investissement réduits à la portion congrue, comme partout mangés par les dépenses de fonctionnement, que le niveau des charges, sociales et fiscales, en France plus qu'ailleurs, rend incapacitantes. 

    Ainsi, les équipements SNCF – sauf de brillantes exceptions - s'usent, se brisent, tombent en panne, buggent, etc. D'où les retards, les gigantesques encombrements de passagers, les gares à l'arrêt, qui ont fait l'actualité des dernières semaines. 

    En somme, le niveau de la dette (qu'on devrait d'ailleurs mettre au pluriel car il n'y a pas que celle de l'État), les coûts étatiques et territoriaux, les charges sociales et de santé, la charge du chômage, le déficit récurrent presque systémique de notre commerce extérieur, et, sans-doute aussi le coût considérable de l'immigration, finissent par bloquer notre capacité d'investissement, d'entretien et d'innovation, en tous secteurs mais, en l'occurrence, en matière d'infrastructures ferroviaires. Lorsque roula en France le premier train de passagers, en 1837, la ligne allait de Paris à Saint-Germain (19 km). A la fin du règne de Louis-Philippe, en 1848, la France avait déjà construit 2000 km de voies ferrées ...  

    Notre faible capacité à investir, on le sait bien, se définirait, en matière de santé humaine, comme une pathologie. Et nous ne sommes pas en route pour en résorber les causes.   

    Par-delà ces dernières, une question vient à l'esprit : où vont les centaines de milliards d'euros - et même milliers - créés et mis sur le marché par la BCE au titre du Quantitative Easing ? Vont-ils à l'investissement économique, aux entreprises, à l'industrie, au commerce, à l'agriculture, aux grands projets, aux infrastructures à maintenir ou à créer, ou vont-ils principalement grossir la bulle financière ? 

    La réponse est claire et force est d'en conclure que la financiarisation extrême de notre économie joue à plein pour l'affaiblissement de nos pays et de nos peuples, dans leurs équipements, leur richesses réelles, leur capacité à construire leur avenir. Le Pays Réel ne se nourrit pas de richesses virtuelles, de bulles en voie d’explosion. Et ces dernières n'ont d'autre effet que de le ruiner.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Fabrice Hadjadj : Questions-Réponses essentielles et critiques sur notre époque [1]

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgFabrice Hadjadj publie un recueil de chroniques où il mêle des réflexions inspirées de la vie quotidienne sur le sexe, la religion, la technique et le travail. Entre Houellebecq et Chesterton, il nous livre une profonde critique de l'époque ... Ces réflexions sont importantes et ne sont pas à prendre à la légère. Elle traitent de l'essentiel, de l'avenir de notre société et des personnes qui lui appartiennent par la naissance et par la tradition. Nous publierons ces réponses de Fabrice Hadjadj à Eugénie Bastié [Figarovox, 21.12.2017] comme une suite, en plusieurs journées. Lafautearousseau

     

    XVM549d0af0-e666-11e7-b1b5-c67a4b247897.jpgDans votre livre, Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi), vous chroniquez le devenir de notre humanité, menacée par l'emprise grandissante de la technique. Seriez-vous technophobe, ou pire « décliniste » ?

    En vérité, je suis absolument technophile. L'enjeu, à mes yeux, est même de sauver la technique. Car la technique n'a jamais été autant en recul qu'aujourd'hui.

    Un personnage de Houellebecq dans Les Particules élémentaires en fait l'aveu : « Mes compétences techniques sont largement inférieures à celle d'un homme de Neandertal.» Jusqu'à une époque récente, l'homme a eu des mains, organes très spirituels, de réceptivité plus que de préhension, sortes de fleurs animées capables de faire fleurir le monde, d'étoiles de chair pouvant saluer, bâtir, offrir, rayonner sur les choses. Mais l'organisation technologico-marchande a fait de nous des manchots. Le progrès technologique est le plus souvent une régression technique.

    Au lieu de jouer d'un instrument de musique, on clique sur une playlist. Au lieu de faire des choses, on les achète, grâce au salaire gagné à gérer des tableaux Excel et des présentations PowerPoint. L'innovation n'a pas besoin de moi pour être critiquée : elle suppose l'obsolescence de ses merveilles ; pour mieux nous tenir en haleine dans l'oubli de nos mains, elle ne cesse de se détruire d'elle-même.

    Supposez que j'adhère pleinement à l'idée que l'iPhone X est vraiment le gadget ultime, avec son application Face ID, qui permet de convertir votre visage en moyen de paiement: Apple m'interdira de le faire, parce qu'il y aura l'iPhone XI puis le XII, et que je dois mettre une croix sur le X. Bref, un marteau a plus d'avenir que n'importe quel smartphone. J'ai d'ailleurs un marteau et une guitare qui appartenaient à mon père (il ne m'a pas légué son Blackberry 5790). C'est donc l'hégémonie technologique qui tend à favoriser le déclin de l'humain.

    Rien n'est plus décliniste même que les espoirs du transhumanisme : son projet n'est-il pas de nous désincarner, de remplacer le logos par le logiciel, et les savoir-faire par l'imprimante 3D ? Il s'agit donc moins de tracer une limite entre bonne et mauvaise technologie que de comprendre que la technologie n'est bonne que si elle se met au service de la technique. Il est bon, par exemple, de regarder une vidéo YouTube pour redécouvrir la cuisine de grand-mère, faire un potager, coudre un vêtement ou menuiser un meuble…  •  A suivre ...

    Directeur de l'université Philantropos. Il publie « Dernières nouvelles de l'homme (et de la femme aussi) », Taillandier, 352 p., 18,90 €.

     

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    Eugénie Bastié

    Journaliste Débats et opinions

    Twitter : @EugenieBastie

  • Tandis que Gérard Collomb va présenter sa loi immigration ...

     

    Par Marc Rousset 

     

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    Tandis que Gérard Collomb, en ce début année, va présenter son projet de loi Immigration – qui ne sera peut-être encore que de la poudre de perlimpinpin, pour reprendre l’expression du Président – et qu’il nous ressort la vieille rengaine usée de la politique de la ville, coûteuse, ruineuse, inefficace et complètement à côté de la plaque, Trump et Poutine, à la tête de deux hyperpuissances, agissent concrètement et nous montrent l’exemple.

    Aux États-Unis, la chute d’admission des réfugiés au quatrième trimestre 2017 a été de 79 % : 5.323 au lieu de 25.671 réfugiés au quatrième trimestre 2016 (dont 13 % seulement de musulmans et 60 % de chrétiens). Les États-Unis, mais aussi Israël, la Hongrie, les pays de l’Europe de l’Est et l’Australie nous montrent donc l’exemple.

    Poutine, lui, en ce début d’année 2018, a décidé de faire un cadeau aux jeunes parents russes. Une allocation supplémentaire de 3.700 euros sera accordée dès le premier enfant sur une période de dix-huit mois. La Russie est donc à l’antipode de la politique du socialiste Hollande et du grand-père par alliance sans enfants Macron qui s’attaque au principe de l’universalité des allocations familiales, sachant très bien qu’en faisant cela, c’est à la classe moyenne française qu’il s’attaque.

    Les 220.000 avortements en France favorisés par une folle politique libertaire et laxiste et payés par nos impôts correspondent à l’immigration légale de 200.000 extra-Européens et celle de 20.000 clandestins par an. Ils devraient être limités et combattus par une loi nouvelle revue et corrigée beaucoup plus stricte qui reviendrait à l’esprit de la loi Veil. De Gaulle, devant l’Assemblée constituante en 1945, n’avait-il pas déclaré que « si le peuple français ne se multiplie plus, alors la France ne pourrait plus rien être qu’une grande lumière qui s’éteint ».

    La France et l’Europe doivent donc à la fois arrêter l’immigration et favoriser la natalité, afin de survivre et de garder leur identité. L’Europe, avec son taux de fécondité de 1,6 enfant par femme, ne fait plus d’enfants et devient le seul endroit au monde qui appartient à tous les immigrés de la terre. Comme a pu le dire Frauke Petry, ancienne responsable de l’AfD en Allemagne : « L’Union européenne ne veut plus des peuples, mais des populations. » 

    Le nombre de naissances en France métropolitaine a baissé pour la sixième année consécutive, soit 747.000 naissances seulement en 2016. L’indice de fécondité est passé à 1,89 : en dessous du taux de reproduction minimum des populations à l’identique, qui est de 2,1 enfants par femme et ce, malgré l’apport significatif d’une population immigrée extra-européenne avec un taux de fécondité de 2,6 par femme (selon un ouvrage de l’INSEE publié en 2012) .

    Il faut savoir que, même avec une immigration zéro, la population d’origine immigrée continuerait d’augmenter en France. La France, selon ses prévisions actuelles, devrait compter 74 millions d’habitants en 2050, dont 30 % de population d’origine immigrée. On n’intègre plus, on assimile encore moins, aujourd’hui dans notre pays. Alors, avec de telles perspectives statistiques, comment ne pas imaginer qu’on pourrait aller droit vers une guerre civile ? 2050, c’est dans 32 ans seulement, soit le temps pour un enfant de devenir un homme !

    L’Allemagne, avec un taux de fécondité toutes origines par femme de 1,39, tout comme l’Italie, perdent 150.000 autochtones par an. L’Allemagne est morte et commence tout juste à le savoir sans avoir encore réagi. Selon Thilo Sarrazin, dans son ouvrage best-seller Deutschland schafft sich ab, si l’Allemagne du 8 mai 1945 avait connu le même taux de natalité que les Palestiniens, il y aurait aujourd’hui 600 millions d’Allemands…  • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Emmanuel Macron, l’équilibriste

     

    Par François Marcilhac

     

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    Le président de la République a donc fini par adresser ses vœux aux Français le soir du 31 décembre. Il avait laissé planer le doute sur ses intentions, mais il s’est tout de même plié à cette tradition républicaine, de son bureau de l’Élysée. Des vœux, toutefois, dont la longueur inhabituelle a pu indisposer les Français, qui, s’interrompant dans les derniers préparatifs du réveillon pour l’écouter, ont pu ressentir comme une impolitesse cette volonté indiscrète de s’imposer. Une innovation, tout de même – il en fallait bien une  : des vœux de deux minutes adressés aux jeunes sur les réseaux sociaux – Macron les pense-t-il incapables de suivre ses verbeux développements  ? Des premiers vœux en tout cas moins suivis que ceux de Sarkozy en 2007 ou de Hollande en 2012  : signe que sa récente embellie sondagière ne traduit aucune attente réelle, seulement un attentisme, devant l’effet des projets dont les Français n’ont pas encore pu mesurer l’impact sur leur pouvoir d’achat. Le Conseil constitutionnel a ainsi validé la baisse progressive de la taxe d’habitation pour 80  % d’entre eux, dans l’attente de sa disparition – pour tous  ? –, bien que cette mesure, qui va à l’encontre du principe constitutionnel de l’égalité desFrançais devant l’impôt, soit un piège pour les communes… Mais manifestement les “sages” de la rue de Montpensier continuent de voter Macron en favorisant ses entreprises.

    Tel Protée dans la mythologie

    Mais, à travers ces vœux dépourvus de toute annonce, il a surtout cherché à modifier son image de président arrogant, déconnecté des Français. Aussi ne pouvions-nous nous empêcher de songer à ce que Pierre-André Taguieff disait de lui dans un entretien au Figaro le 17 septembre dernier  : «  Macron s’adapte à chaque public en lui offrant ce qu’il attend, dans un contexte donné. C’est pourquoi il enfonce si souvent des portes ouvertes, et donne, “sans rien céder” (l’une de ses formules figées), dans les clichés ou les lieux communs.  » Le public, ce soir-là, c’était «  celles et ceux  » qui le regardaient, appartenant, «  chacune et chacun  », à toutes les couches de la société française  : tel Protée qui, dans la mythologie grecque, avait le don de se métamorphoser sur l’instant, ou, comme le soulignait encore Taguieff de manière moins poétique, tel un caméléon, épousant «  les valeurs de ses interlocuteurs  », il est apparu, exercice oblige, en même temps comme un superpatriote, croyant de manière presque hystérique dans le destin de la «  nation française  », dont il nous a resservi l’ «  esprit de conquête  », comme à Versailles en juillet dernier, un président à la fibre sociale particulièrement développée et un humaniste, pour lequel il n’y avait plus ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien, mais qui, subitement, se pose la question du sens même de la réussite. Le tout pour introduire des banalités sur la valeur-travail, la formation-tout-au-long-de-la-vie, la cohésion de la nation et l’école, qui doit en être le «  creuset  » – mot ordinairement employé en français pour traduire l’américain melting-pot –, et, bien sûr, les sans-abris – quel président de la République ne pense pas à eux un 31 décembre au soir depuis plus de vingt ans  ? Sans oublier «  la fraternité  », sur laquelle il veut «  miser  » – comme au casino  ? –, puisque, réécrivant l’histoire – son élection n’a correspondu à aucun enthousiasme populaire –, il continuera de «  faire ce pour quoi vous m’avez élu  », le tout, évidemment… «  sans rien céder  », «  malgré les voix discordantes  ». Et de conclure, comme le jeune président Kennedy l’avait fait lors de son discours d’investiture  : «  demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour votre pays  »… On est tenté de lui retourner la question…

    Mais, derrière cette entreprise de communication, il y a surtout le fond d’un discours qui ne fait que reprendre les thèmes habituels. Et le premier d’entre eux  : l’Europe. Macron est allé jusqu’à s’adresser, par-delà les Français, à ses «  chers concitoyens européens  » (sic)  : «  2018 est une année toute particulière et j’aurai besoin cette année de vous  », a-t-il déclaré, avant d’expliquer que des «  consultations citoyennes  » (resic) seraient organisées en Europe «  pour que les projets politiques s’adaptent aux aspirations des citoyens  » et, surtout, d’insister d’une manière particulièrement pesante, au risque de froisser les autres États membres de l’Union européenne, sur un couple franco-allemand auquel il semble réduire la dynamique européenne, si tant est qu’une telle dynamique existe encore… On comprend pourquoi, le président voulant retrouver «  l’ambition européenne  » et «  dessiner un grand projet  » pour l’Europe, il désigne de nouveau, comme chaque fois qu’il prend la parole, ceux à qui il ne veut «  rien céder  »  : «  J’ai besoin qu’ensemble, nous ne cédions rien, ni aux nationalistes, ni aux sceptiques.  » Ce qui relativise le ton outrancièrement patriotique de son propos général, et correspond mieux à la nouvelle charte de la République en Marche adoptée à l’automne, où les mots «  nation  » et «  France  » ne figurent pas, au bénéfice d’une «  Europe  » à laquelle se réduit le projet de nos marcheurs…

    Les mots ont-il encore un sens  ?

    De même, reprenant le mot d’un autre mort – Rocard –, s’il prévient que «  nous ne pouvons pas accueillir tout le monde  », c’est pour, en même temps, donner une étrange définition du droit d’asile  : la France serait la «  patrie  » des réfugiés, alors qu’elle ne devrait être que leur… refuge, par définition temporaire, si les mots ont encore un sens, d’autant qu’il veut promouvoir une «  grammaire de la paix  ». «  C’est un devoir moral, politique  » et, bien sûr… «  je ne céderai rien  ». On sait que Collomb, le ministre de l’Intérieur, a, lui, commencé de céder devant les exigences des associations immigrationnistes en matière de contrôle des clandestins…

    Ces vœux ont été une illustration particulièrement frappante du «  en même temps  » macronien, lequel ressemble de plus en plus à un numéro d’équilibriste. Car Macron est en même temps patriote et européiste, en même temps immigrationniste et favorable à une politique d’asile apparemment restrictive, en même temps adepte d’un discours social et, dans les faits, défavorable aux classes populaires et aux classes moyennes, qui s’en apercevront dès l’année prochaine, en même temps désireux de libérer les énergies et inventeur d’un prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu qui, à la fois, sera une usine à gaz pour les TPE et PME et attentera à la vie privée des salariés – ce qui ne sera pas sans peser sur les relations à l’intérieur des entreprises, sans que les patrons, qui ne veulent pas de cette réforme, y soient pour quelque chose…

    Une société douce et honnête

    Les Français seront, n’en doutons pas, moins nombreux d’ici quelques mois, voire quelques semaines, à accorder leur soutien à l’exécutif et à la majorité. Que de temps perdu, d’occasions manquées et de reculs mettant à mal notre place dans le monde  ! C’est pourquoi, à l’aube d’une nouvelle année qui sera riche, n’en doutons pas, en déceptions pour ceux de nos compatriotes qui croient encore dans la capacité du régime à préserver l’essentiel et à se réformer, il nous faut redoubler d’énergie. Nous la trouvons dans la présence même de la famille de France, toujours fidèle à elle-même, au long de cette histoire qui la lie indéfectiblement aux Français dans ce que Louis XIV appelait une «  société douce et honnête  ». Alors que la famille de France, qui incarne notre espérance, traverse un deuil cruel avec le décès du prince François, l’Action française adresse à Mgr le comte de Paris, duc de France, et au dauphin Jean, ses vœux les plus sincères, qui se confondent avec ceux qu’elle forme pour la France.    

  • La Corse et la République

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    Certains énarques parisiens devaient penser benoîtement qu’une nouvelle réforme purement administrative permettrait d’entrevoir un début de solution en Corse.

    Deux tours de scrutin plus tard, on voit qu’il n’en est rien puisque la nouvelle collectivité territoriale unique est largement dominée par la coalition des indépendantistes et des autonomistes qui a obtenu la majorité absolue des sièges : à ceux-là la présidence de l’Assemblée de Corse (M. Talamoni), à ceux-ci celle du conseil exécutif de Corse (M. Simeoni). Les premières déclarations ont le mérite de la clarté, chacun des deux coalisés réaffirmant son credo : l’indépendantiste assumé parle de la France comme d’un « pays ami » et l’autonomiste raisonnable revendique « le double drapeau, corse et français ». 

    Le pouvoir parisien paraît pourtant peu audible. Le déplacement à Ajaccio, vendredi dernier, de Mme Gourault (ministre déjà surnommée, sans doute par antiphrase, « Madame Corse ») aura été purement « technique », destiné qu’il était à préparer la réception des deux dirigeants nationalistes à Matignon (prévue pour le 22 janvier) ; or, le Premier ministre s’est d’ores-et-déjà dit opposé à des revendications qui ne seraient pas conformes « au cadre constitutionnel ». Quant au chef de l’Etat, il viendra bien dans l’île, mais ce sera le 6 février pour y commémorer le vingtième anniversaire de l’assassinat du préfet Erignac… Malgré leur impatience, purement verbale, MM. Simeoni et Talamoni devraient donc, sans doute, attendre encore pour obtenir un « geste fort du gouvernement ». 

    Dans ce contexte, grand moment politique, mardi 2 au 7/9 de M. Demorand (sur France Inter) grâce à M. Simeoni. Discours clair, apaisé, argumenté et sans place aucune pour la fanfaronnade ou la langue de bois. Se montrant tout à la fois conciliant et réaliste sur l’essentiel (« Notre identité inclut de façon naturelle la langue et la culture françaises »), M. Simeoni a voulu surtout justifier le bien-fondé des trois attentes de la Corse : la co-officialité de la langue corse, le statut de résident corse et l’amnistie pour « les prisonniers politiques ». Personne ne peut trouver quoi que ce soit à lui objecter sur l’utilisation de la langue corse, « de façon naturelle y compris dans les échanges publics ». Il trouve pour la défendre des accents de Frédéric Mistral et de Charles Maurras. « La langue corse est l’âme de ce peuple » (Mistral voyait dans la langue d’un peuple « la clé qui de ses chaînes le délivre ») et sa co-officialité est « le seul moyen d’empêcher le corse de disparaître » (voilà qui rappelle furieusement le « politique d’abord » de Maurras). Les deux autres points font davantage appel au bon sens : on comprend sans peine que le statut de « résident corse » permettrait, face à un foncier de plus en plus rare et de plus en plus cher à cause de la spéculation, de mettre un frein à la dépossession de fait pour les natifs. On comprend aussi, même si certains renâcleront, que pour « tourner la page d’une situation conflictuelle », le pouvoir dispose de l’amnistie - moyen souvent utilisé dans le passé, y compris en France. Et si cette amnistie n’est pas totale, qu’on applique « le droit positif », c’est-à-dire, par exemple, le rapprochement des prisonniers. 

    9782749133546 tr.jpgM. Simeoni, c’est à noter, parle toujours pour désigner l’interlocuteur, de « l’Etat» ou de la « République ». En réponse à M. Philippe, il lui rappelle une vérité d’évidence : « On ne peut pas traiter la Corse uniquement par la réaffirmation de principe de dogmes républicains […] Si une constitution ne permet pas de reconnaître un peuple, c’est à la Constitution de changer, pas au peuple de disparaître ». Qui dit mieux ? Mais ces paroles peuvent-elles être entendues par un Etat central englué dans son idéologie jacobine. On peut malheureusement craindre que l’Etat français, sous sa forme républicaine, ne soit tout simplement incapable d’admettre qu’existe sur le territoire national métropolitain une vie locale sui generis. Et n’aille jusqu’à l’absurde et à la catastrophe (rappelons-nous l’affaire algérienne où, après avoir traité par le mépris les élites musulmanes francisées, Paris a perdu en rase campagne la bataille politique contre les jusqu’au-boutistes de l’indépendance). 

    On peut aussi (on le doit) espérer que la Corse sera la dernière et irréductible des provinces de France à résister au rouleau compresseur parisien, c’est-à-dire à bénéficier d’un statut largement justifié par sa nature et sa situation. Et qu’il en résultera peut-être une impulsion régénératrice pour le reste du pays.  

  • La question du régime se pose toujours en France

    Publié le 8 septembre 2017 - Actualisé le 8 janvier 2017

    En deux mots.jpgNous savons bien que, selon le constat lucide de Jacques Bainville, si souvent cité, « tout a toujours très mal marché ». Ce réalisme pessimiste devrait d’ailleurs épargner aux maurrassiens le reproche rebattu d'avoir idéalisé notre passé monarchique, fût-il, au regard de l'Histoire, plus réussi et de très loin que ce qui a suivi jusqu'à nous.  

    Plus profondément, les lecteurs de Gustave Thibon savent aussi que le Politique est ce « gros animal » dont a parlé Simone Weil, où le bon et le mauvais se mêlent inéluctablement, où une forme même approchée de perfection est inatteignable, où subsistera toujours un lot non éliminable de turpitudes, de violences, de médiocrités et d'injustices. On ne conforme pas une société à l'idéal comme ont pu être ciselés jusqu'à la quasi perfection une fable de La Fontaine, une tragédie de Racine, une sculpture de Puget, un poème de Verlaine, ou même une commode de Boulle. Telle est, en ce sens, la supériorité des arts - de l'esthétique - sur le politique. Seul, peut-être, par leur conjonction heureuse, le siècle de Louis XIV a pu s'approcher d'une forme de perfection d'ensemble, encore que le Grand Roi se soit reproché sur son lit de mort d'avoir trop aimé la guerre et, pour la faire, d'avoir demandé des efforts excessifs à ses sujets ... Ils en auront eu, pourtant, les bénéfices sous les règnes suivants d'où la guerre fut presque absente et où ils s'enrichirent. Encore ce XVIIIe heureux se termina-t-il par la Révolution et son cortège d'horreurs. Pas encore achevées, d'ailleurs.  

    Ces réserves ayant été faites, il y a tout de même des degrés dans l'imperfection.  

    Vu sous cet angle, à l'orée du quinquennat d'Emmanuel Macron, l'état présent de notre pays nous semble avoir atteint un degré d’échec, sinon maximum, du moins très élevé, avec ses 2 200 milliards de dette, ses 9 à 10 millions de pauvres, ses 6 millions de sans travail, ses 10 millions  d’habitants issus d'une immigration en majorité musulmane, difficilement intégrable et pour partie agressive ; à quoi s’ajoutent la menace  terroriste pesant sur toutes les têtes, des engagements extérieurs où s'enlisent nos militaires, une économie en déclin, une industrie dont des pans entiers ont été sacrifiés au dogme libre-échangiste et qu’il ne sera pas aisé de reconstruire, une agriculture réduite à presque rien et, en tout cas, à la misère, une société plus que jamais fractionnée entre riches et pauvres, entre France périphériques et métropoles où s'accumulent les richesses pour quelques-uns, et ce, parfois, avec des disparités honteuses ; sans compter notre déchéance culturelle et morale, la pire, sans doute, de ces plaies. 

    C'est sans nul doute à raison d'un tel inventaire, même s'il devrait être approfondi et nuancé, que, curieusement, après cent cinquante ans à peu près ininterrompus de pratique républicaine, de la IIIe à la Ve république, la question du régime se pose toujours en France et qu'un recours à la solution monarchique y est périodiquement remis sur la table. 

    Aujourd'hui, c’est un paradoxe que d'avoir pour président de la République un homme qui, lorsqu'il était ministre de l'Économie sous la présidence de François Hollande, expliqua à des journalistes l'incomplétude de la démocratie et qui leur précisa que le problème de la France est qu'il lui manque un roi. 

    Nous voulons bien le croire, nous qui nous sommes parfois demandé s'il était encore légitime, soutenable, près de deux siècles et demi après la Révolution, de continuer à vouloir que notre royalisme aboutisse.  

    Notre conclusion toujours renouvelée est que, dans la situation où elle se trouve et face aux crises qu’elle ne peut manquer de rencontrer, cette possibilité, ce recours, doivent être préservés pour la France. C’est ce que pensèrent en leur temps, en faisant omission de notre actuel président de la République, deux de ses prédécesseurs : Charles De Gaulle et François Mitterrand.  •

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Société • Mathieu Bock-Côté : « La gauche post-adolescente et le culte de Che Guevara »

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cette chronique parue sur Figarovox [5.01] Mathieu Bock-Côté ne s'en prend pas tant à la figure de Che Guevara mort il y a cinquante ans qu'à la complaisance persistante des sociétés occidentales et de leurs élites envers l'héritage communiste, ce qui est significatif de la survivance bien actuelle de l'idéologie progressiste et de sa tendance naturelle, historique, au totalitarisme. A l'ère moderne, nous n'oublierons pas ici que, comme Patrick Buisson l'a rappelé récemment, ce totalitarisme d'Etat prend sa source dans la Révolution de 1789 et les crimes de la Terreur ...   LFAR  

     

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    La scène est fréquente sur les campus nord-américains, surtout dans les départements d'humanités ou de sciences sociales : un professeur entre dans sa classe et constate que certains étudiants portent un tee-shirt en hommage à Che Guevara. Il se peut même qu'il ne le constate même plus, tellement la chose est banale. À moins qu'il ne s'en réjouisse discrètement ? S'il se risque à demander à ceux qui se réclament ainsi du Che comment ils peuvent célébrer un homme qui a poussé très loin la compromission avec une des idéologies totalitaires du XXe siècle, il passera assurément pour un provocateur de droite malveillant. Le Che ne représente-t-il pas l'héroïsme rebelle ? Le professeur moqueur sera au mieux en droit d'ironiser sur le fait que le capitalisme a récupéré une figure révolutionnaire, à condition d'ensuite maudire l'empire marchand.

    Mais la gauche post-adolescente nord-américaine n'est apparemment pas la seule à se vautrer dans le culte du Che. On apprenait récemment qu'Anne Hidalgo s'y est elle-même pliée, dans le cadre d'une exposition en son hommage organisée à l'Hôtel de Ville de Paris, en qualifiant le révolutionnaire d'« icône militante et romantique ». Les plus indulgents y verront un signe de paresse intellectuelle chez une femme obsédée par l'idée d'incarner l'avenir de la gauche et qui, pour cela, s'approprie à peu de frais des symboles révolutionnaires. Mais il faut aller plus loin. Ce dont témoigne cette déclaration de la maire de Paris, c'est de la complaisance généralisée d'une bonne partie des élites intellectuelles et politiques pour la mémoire du communisme au XXème siècle.

    Officiellement, la gauche a fait son devoir de mémoire et convient des ravages du communisme. Elle ne résiste plus vraiment quand vient le temps de condamner ses crimes, même si on se souvient du tollé ayant suivi en 1997 la publication du Livre noir du communisme. On peut néanmoins croire sa conversion sincère, mais inachevée, car intellectuellement incomplète. Aujourd'hui, on conteste moins les crimes du communisme qu'on ne veut les relativiser en évoquant en même temps ceux du capitalisme ou du colonialisme. Mais surtout, on limite la mémoire négative du communisme à celle de l'URSS, de la Chine maoïste et du génocide cambodgien. Dès qu'il se place sous la bannière du tiers-mondisme, on se croit en mesure d'en sauver la meilleure part, comme s'il trouvait là des circonstances atténuantes.

    C'est ainsi qu'en novembre 2016 le premier ministre Justin Trudeau, qui ne se lasse jamais de faire la morale à tout le monde au nom des droits de l'homme, a confessé sa « profonde tristesse » devant la mort de Castro, avant d'avouer péniblement qu'il était aussi un dictateur. Il ressemblait en cela à son père, Pierre Trudeau, qui avait confessé en son temps son amitié pour Castro et son admiration pour Mao. En d'autres mots, le bilan du communisme ou de la complaisance devant lui demeure bien partiel, et il suffit de peu de chose pour l'excuser. Il n'est pas rare, d'ailleurs, qu'on fasse encore aujourd'hui porter à Staline la responsabilité principale et même exclusive des crimes du communisme, une légende que Stéphane Courtois vient de démonter à son tour dans une biographie consacrée à Lénine. L'historien démontre qu'il fut bien l'inventeur du totalitarisme en Russie soviétique.

    Cette mémoire trouble du communisme est particulièrement vivante en France, où un maoïste comme Alain Badiou passe étrangement pour un philosophe sérieux. Une frange importante de l'intelligentsia a cédé aux charmes du communisme et veut encore croire qu'elle s'est trompée pour de bonnes raisons. On chante encore de temps en temps ses idéaux pour relativiser l'expérience totalitaire, comme si elle était accidentellement criminelle. D'ailleurs, de nombreux réflexes idéologiques datant de cette époque ont survécu, notamment l'habitude de désigner comme réactionnaires les faits désagréables qui entrent en contradiction avec l'utopie progressiste du moment. Le multiculturalisme et les autres idéologies antioccidentales bénéficient aujourd'hui de la même clémence que le communisme hier.

    Il n'en demeure pas moins qu'Ernesto Guevara s'est complu dans les exécutions révolutionnaires, comme en témoigne son passage à la forteresse de la Cabana, et n'hésitait pas à les justifier au nom d'une lutte à mort contre le système. Mais il faut en convenir, ce n'est pas comme tortionnaire qu'il est passé à l'histoire, et la conscience collective semble réfractaire à le définir par son œuvre. Pour ses admirateurs, le Che semble incarner la part irréductiblement romantique de l'engagement communiste au XXe siècle, pour qui la révolution ne doit jamais s'arrêter et toujours allumer de nouveaux feux.

    Plus de cinquante ans après sa mort, il personnifie encore l'incandescence révolutionnaire et le consentement au sacrifice ultime, ce qui peut faire rêver dans une société portée au refroidissement des passions politiques. Ainsi, on ne sera pas surpris que le Che se soit trouvé des admirateurs même chez ses ennemis. Le sacrifice révolutionnaire exalte les fanatiques qui érotisent la possibilité de la mort violente. On oublie étrangement que le courage a trouvé d'autres visages moins portés sur le carnage.

    Ce fantasme romantique bute sur une réalité : commémorer positivement le communisme consiste à ne pas comprendre son caractère intrinsèquement totalitaire. Chanter la gloire du Che, c'est avouer malgré soi ne rien comprendre à ce qui s'est passé au XXème siècle. C'est le procès de l'utopisme comme tendance totalitaire de la modernité que nous tardons à faire.

    Celui qui croit avoir eu la révélation de la société parfaite et qui la pense validée scientifiquement se croira tout permis pour la faire advenir. Il transforme ses adversaires en ennemis de l'humanité : les forces vives du monde nouveau ne doivent en rien épargner le bois mort de l'humanité qui rappelle le monde d'hier. C'est l'histoire du communisme, qui est derrière nous, mais c'est encore aujourd'hui l'histoire du progressisme. Elle se poursuit sous de nouveaux habits idéologiques, qui, encore une fois, font perdre la raison à trop d'intellectuels.   

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Où est le peuple ?

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Emmanuel Macron, dans ses vœux à la nation, a fait part d’une volonté (il l’avait déjà exprimée durant sa campagne) : « Je veux que nous puisions apporter un toit à toutes celles et ceux sans abri. Il y a encore beaucoup de situations que je n’accepte pas plus que vous. Comptez sur ma détermination entière. » Mais de l’expression d’une volonté à la solution d’une difficulté pratique il y a une certaine distance, d’autant qu’il faut reconnaître cette contradiction constante qui consiste à demander simultanément à l’État un surcroît d’aides sociales et une baisse drastique de ses dépenses. Mais que deviendrait la politique si elle perdait le souci de la justice et de la solidarité ? Ne risquerait-elle pas de perdre aussi le peuple, dont elle entend suivre les vœux, puisqu’elle entend se fonder sur son pouvoir ?

    Il est vrai qu’il y a, depuis un certain temps, une crise de la démocratie, qui tient à l’éloignement graduel d’une bonne partie de la population avec ses élites dirigeantes. Un certain nombre de scrutins en Europe ont révélé au grand jour un divorce qui n’a fait que s’accroître. La victoire d’Emmanuel Macron souffre quand même d’une grave faiblesse. Elle n’a pas bénéficié, notamment aux élections législatives, d’un large soutien populaire. La France périphérique, décrite par Christophe Guilluy, n’a pas du tout participé à l’enthousiasme qui a accompagné le triomphe du jeune président. Les témoignages sur le terrain font le bilan de la désertification industrielle qui a ravagé certaines régions, alors que la mondialisation favorisait les grandes concentrations urbaines. Gérald Andrieu, enquêteur pugnace, a visité les régions frontalières. Il constate : « Plus on veut effacer nos frontières nationales, plus en apparaissent de nouvelles, peut-être plus hermétiques encore. Frontières nulles part, séparatisme partout. » [1]

    Mais il n’y a pas que le macronisme, si j’ose dire, qui supporte le procès d’une classe politique en rupture de peuple. Il y a aussi une bonne partie de la gauche. Dans son dernier livre [2], Jacques Julliard est sévère à l’égard « de l’intelligentsia, des apparatchiks du socialisme et des théoriciens du capitalisme qui considèrent le peuple comme une masse inerte, entièrement déterminée par sa place dans la production ». Le peuple, proteste-t-il, « a sa propre intelligence de l’Histoire et sa propre conscience morale. » Serait-il le grand oublié d’aujourd’hui ?  

    [1Gérald Andrieu, Le peuple de la frontière : 2000 km de marche à la rencontre des Français qui n’attendaient pas Macron, Éditions du Cerf.

    [2Jacques Julliard, L’esprit du peuple, Bouquins, Robert Laffont.

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 3 janvier 2018

  • SPES CONTRA SPEM

     

    PAR HILAIRE DE CRÉMIERS

    Analyse de l'actualité à cheval sur deux années et présentation du dernier Politique magazine vont ici de pair. Les lecteurs de Lafautearousseau seront intéressés par ce double aspect de cet éditorial.  LFAR 

     

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    Nous voici à là fin de l'année 2017 qui a vu beaucoup de changements en France, et au début de l'année 2018 qui est grosse d'incertitudes. Amis lecteurs, vous aimez votre journal Politique magazine : il traite des questions d'actualités comme aucun autre journal. Dans ce numéro, comme dans les précédents, une vaste étendue d'informations mais aussi d'explications est abordée : l'Europe, la Défense, la décentralisation et l'organisation territoriale, les risques monétaires, les dangers économiques, l'actualité culturelle. Tous ceux qui sont habitués à lire nos chroniques et nos articles, savent qu'il y a là une ligne éditoriale pour ainsi dire unique dans la presse française : les actualités y sont analysées en profondeur dans le cadre d'une réflexion historique et, à sa manière, philosophique qui n'hésite pas à rappeler quelques vérités fondamentales dont les constructeurs d'abstractions et les politiciens en mal de domination prétendent se soustraire.


    Politique magazine n'a pas cédé aux charmes macroniens. L'homme a été assez habile pour se présenter à un de ces moments décisifs qui reviennent de manière récurrente dans l'histoire de notre pays et où les Français, lassés des luttes partisanes stériles, s'en remettent à un pouvoir venu « d'ailleurs » qui leur offre d'autres horizons que les perpétuelles et insanes querelles idéologiques et politiciennes. Macron a profité de la situation.

    Cependant, il n'est pas venu réellement « d'ailleurs ». Loin d'être au-dessus du système, il en sort fort concrètement et il essaye d'en combiner les forces. Laissant, par exemple, un Blanquer mener sa juste réaction dans l'Éducation nationale dont il sait par son propre milieu familial à quel point les familles françaises y sont attachées, gardant un Hulot fébrile à ses côtés pour rassurer les écologistes, donnant à un Philippe adroit ses coudées franches pour gérer le quotidien de la France, menant par des ministres qui sont tout sauf socialistes, des réformes partielles autant que les circonstances le permettent, il se réserve le rôle de « patron ». Lui voit où il faut aller. Il se met en position et en scène, comme son dernier entretien à l'Élysée l'a suffisamment montré.


    Mais ce qu'il voit, ce n'est pas la France, ce n'est plus la France en tant que telle ; c'est un rêve, son rêve, tel qu'il l'a forgé à l'écoute de ses professeurs, de ses inspirateurs et de ses instigateurs : la construction d'une Europe fédérale totalement intégrée qui aurait, de plus, dans son esprit, l'avantage de résoudre le problème français, car la France est pour lui un problème. Il n'en a pris la direction que pour la conduire vers l'Europe du seul salut. Il croit en sa mission : cette certitude ressort de tous ses discours. Son action n'est dictée que par cette conception qui est une sorte de foi laïque. Il n'envisage de règlement des difficultés que dans cette configuration. Il le dit à toutes occasions, en toutes circonstances, comme ce numéro de Politique magazine le montre encore. En cela il est le parfait élève de toute la génération précédente dont il prend la suite. Sauf que lui, il croit : il y croit et il se croit. Il se sert de sa foi comme d'un tremplin.

    Il ne refaçonne le système que pour réussir dans son entreprise. Comprenons bien : il ne renie nullement le système ; il le transforme pour en améliorer l'efficacité à son service et pour son plan ; il joue des partis, bien sûr, en installant le sien qui doit absorber les autres ou les annihiler. Son intention est de renouveler au niveau européen ce qu'il considère comme son succès français. Demain Macron, chef charismatique d'abord, puis président d'une nouvelle Europe : oui, tel est le rêve !


    Les Français sont floués. Une fois encore. Par une sorte de faux sauveur. Alors, que faire ? dira-t-on. Eh bien, expliquer et expliquer encore le pourquoi et le comment de cet invraisemblable et, cependant, perpétuel marché de dupes. Politique magazine s'attelle à cette tâche : aller au fond du problème politique.
    Concluons : s'il faut désespérer, désespérons donc du système... Oui, parfaitement : ce désespoir-là est salutaire. Car si la France est susceptible d'espérance - et elle l'est -, elle doit l'attendre « d'ailleurs ». D'un véritable « ailleurs ». Comment ne pas y penser en ces jours de Noël et de Nouvel An ?   ■ 

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  • 2017 n'est pas allée dans le sens de la fin de l'Histoire...

     

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    L'année qui vient de finir aura au moins apporté deux surprises qui ont un sens : l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, début janvier, et, début mai, celle d'Emmanuel Macron à la présidence de la République française.

    Le premier, honni de la classe politique et médiatique du monde entier, était donné perdant jusqu'au dernier moment. Il arrive donc que ces gens-là se trompent ; qu'ils ne voient pas venir l'événement qui démentira leurs prévisions et décevra leur attente, puisqu'ils avaient choisi leur camp et diabolisé le camp adverse. 

    Trump pour le meilleur et pour le pire n'est rien d'autre qu'un retour du vieux nationalisme américain, égoïste si l'on veut, libéral quand cela fait les affaires de l'Amérique, protectionniste quand ça ne les fait pas. Trump et une large frange de l'opinion américaine, lassée de l'idéalisme d'Obama et de l'universalisme belliqueux du clan Clinton, se sont rencontrés et reconnus dans ce nationalisme simple et brut qui n'a nulle honte à s'affirmer comme tel et se trouve heureux d'avoir rangé ses complexes au placard des hypocrisies, seconde nature des dirigeants américains depuis bien longtemps. Trump est à cet égard tout à fait libéré et l'Amérique, semble-t-il, s'en trouve plutôt bien. Cela ne signifie pas que les conséquences soient forcément bénéfiques pour le reste du monde, par exemple pour l'Allemagne qui n'est plus l'interlocuteur européen privilégié de l'Amérique de Trump ; pour l'Iran après l'abandon de la politique de détente inaugurée par Obama ; pour les Palestiniens depuis que Trump a plus ou moins reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël : pour la Chine elle-même, de plus en plus concurrent n°1 des Etats-Unis malgré les protestations d'amitié, en attendant de devenir peut-être un jour, bien plus que la Corée du Nord ou que la Russie, l'adversaire principal de l'Amérique.

    Mais le chef du Kremlin, s'il a, à la différence de Trump, des idées politiques et géopolitiques de grande ampleur, n'a pas de complexe non plus dès lors qu'il s'agit des intérêts de la Russie ni de doutes ou de scrupules lorsqu'il s'agit de la gouverner.  Ainsi, le politique n'a-t-il pas disparu partout. En tous cas, il n'a pas disparu des deux pays les plus puissants du monde. Y ajouterait-on la Chine ou l'Inde que la remarque vaudrait tout autant. Entre ces grands Etats nationalistes croit-t-on que la compétition se limite à l'économie et à la finance comme la doxa aimerait à le croire ? Alors, que l'on observe les budgets militaires de ces puissances, leur redéploiement opérationnel à travers les points stratégiques du globe, leurs bases, les armements qu'ils y installent, toujours plus nombreux et plus sophistiqués, parfois loin de leur territoire. Rien ne dit que tout cela est investi, déployé pour ne jamais servir. Pour qui croirait à la fin du politique et / ou de l'Histoire, ce ne sont pas des confirmations que 2017 a apportées. 

    L'improbable élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République n'a pas consacré la fin de ce que nous appelons souvent - comme jadis De Gaulle - le Système. Peut-être même cette élection l'a-t-elle sauvé pour un temps. Mais elle est résultée de l'extrême lassitude des Français envers les présidences guignolesques qui venaient de se succéder, des partis discrédités et même méprisés, des politiciens médiocres et corrompus. Ils ont ainsi consenti, non sans jubilation, en attendant de voir, à ce que tout cela soit pulvérisé et dégagé en un rien de temps et que s'installe à la tête de l'Etat un homme nouveau, un brin étrange, jeune et décidé, d'apparence digne et avantageuse, ayant compris qu'il manque un roi à la France depuis quelques deux siècles et se montrant déterminé à en endosser les habits... Emmanuel Macron a surtout démontré comment l'on prend le pouvoir en France, comment un « coup » peut être tenté et réussi.

    Après sept mois, le Système, dans ses fondements, perdure sous Macron, Les bons résultats économiques proclamés partout sont en réalité plus qu'incertains. Sans-doute illusoires. Le terrorisme reste une menace. L'immigration ne diminue pas et selon toute probabilité devrait au contraire grandement s'accroître notamment en provenance d'Afrique, l'inquiétude identitaire des Français, malgré le verbe présidentiel, demeure intense. Les questions dites sociétales continuent de les diviser... 

    La foi la plus clairement affirmée d'Emmanuel Macron semble être surtout européenne, mais systématiquement fédéraliste, en dépit de l'opposition déterminée de nombre de pays de l'Union et, secrètement, de l'Allemagne. La question des migrants et celle des souverainetés et des volontés identitaires de nouveau fermement affirmées devraient dominer pour longtemps l'évolution de la politique européenne. Elles jouent à l'encontre du projet Macron.

    Pour la première fois depuis bien longtemps, les Français n'ont plus honte de leur président mais ils ignorent toujours qui il est, quel est le fond de sa politique. Pourra-t-il rester toujours une énigme ?  

    On le voit : si l'on était tenté d'accorder quelque crédit à cette fumeuse théorie, 2017 n'est pas allée dans le sens de la fin de l'Histoire.  

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Éric Zemmour : Emmanuel Macron « fait semblant de croire que l’Europe est une démocratie »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Lors de la présentation de ses premiers voeux, Emmanuel Macron a livré un véritable plaidoyer européen [RTL 2.01]. En quelques mots brefs et lucides, Zemmour parvient à extraire de ce discours sans substance ce qui, toutefois s'en détache presque exclusivement : une vision européenne irréaliste, où le président de la République s'attribue le premier rôle. Un rôle illusoire.  LFAR  

     


    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Lors de ses premiers vœux aux Français dimanche 31 décembre, Emmanuel Macron a livré un véritable plaidoyer européen. Il a servi son traditionnel « en même temps » : la France et l’Europe en même temps - la France dans l’Europe pour être pleinement la France et l’Europe avec la France pour être pleinement l’Europe. 

    Un classique facile et banal : du Macron « pur sucre ». Le balancement circonspect du techno qui se réfugie dans le « oui-mais » rhétorique. Avec l’Europe, il est en confiance, il ose tout. Il s’adresse à ses concitoyens européens comme si il était déjà tout seul à la barre, comme s'il était le dirigeant l’Europe. Il appelle ses concitoyens européens à débattre à imposer leur vue. Il fait semblant de croire que l’Europe est une démocratie comme les autres. 

    Mais il sait qu’il se leurre. L’Europe n’est pas une démocratie parce qu’elle n’est pas une nation, et l’Europe n’est pas une nation car il n’y a pas de peuple européen. 

    Éric Zemmour

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