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Actualité France - Page 321

  • Société • Sous un pont coule Hidalgo

     
    Par Serge Federbusch
     
    « Il faut faire gaffe quand on touche au cœur vibrant d’une ville » est-il noté a juste titre dans cette excellente tribune [Boulevard Voltaire, 18.11]. Et à fortiori quand on touche au coeur battant d'une société, d'une nation, comme les nôtres, agressées de multiples façons par un Système qui les détruit. C'est ce que Lafautearousseau dénonce et combat depuis 10 ans. Il nous plaît de lire sujet par sujet le même souci sous des plumes autres que les nôtres.  LFAR 
     

    3af848790b790352caeda6d328964904.pngComme à chaque fois qu’elle parle d’elle-même et de ses actions, Anne Hidalgo est dithyrambique. Sujet du jour : trois futures passerelles sur la Seine, censées abriter des commerces et même quelques logements ou bureau.

    Cette grande innovation architecturale n’est que la reprise d’une tradition urbaine d’Ancien Régime qui survit à l’étranger, notamment en Italie avec le Rialto à Venise ou le Ponte Vecchio à Florence.

    À ce sujet, j’émets une hypothèse historique : les travaux engagés sous Louis XVI, qui ont abouti à remanier le centre de Paris et faire disparaître les maisons d’habitation qui occupaient les ponts centraux, ont mis sur le pavé des centaines et peut-être des milliers de gens qui ont formé comme le terreau, le ferment des émeutes du début de la période révolutionnaire.

    Il faut faire gaffe quand on touche au cœur vibrant d’une ville.

    Quoi qu’il en soit, on est manifestement en présence d’une offensive de com’, d’une de ces initiatives de « fort-en-gueulisme » propres à Hidalgo dans le sillage de Delanoë. 

    Déclarer sans rire que ces minces colifichets urbains (désignés comme des passerelles et même pas de ponts) sont « une révolution architecturale pour la capitale… le projet sera porté par le C40, l’organisme international, présidé par la maire, des villes mondes qui tentent de lutter contre le réchauffement climatique, notamment. Des annonces dans tous les pays sont également programmées » est du plus haut comique. 

    En quoi trois passerelles vont-elles lutter contre le réchauffement climatique ? Autant démontrer que la course du rat parisien dans le square Saint-Jacques provoque un tsunami à Tokyo, pour reprendre la célèbre formule relative au vol d’un papillon en l’actualisant.

    Ces gadgets ne feront pas oublier aux Parisiens et à tous ceux qui visitent la ville l’état de délabrement des rues et l’augmentation de la pollution due aux aménagements incessants de la voirie qui coûtent une fortune.

    Enfin, Hidalgo ne prend pas beaucoup de risque : ces projets ne verront certainement pas le jour avant 2020.

    D’ici là, le mouvement citoyen qui se dessine pour la chasser de la mairie aura, espérons-le, porté ses fruits.  

    Homme politique
    Élu conseiller du 10ème arrondissement de Paris en 2008
  • Médias & Société • Le grand gâchis ! A écouter ! Histoire d'une déconfiture ...

     

     Sans besoin de commentaire, n'est-ce pas ? Ecoutez !

     

     

  • Société • Quand Robert Merle prédisait une dictature féministe dans « Les Hommes protégés »

     

    Par   

    LECTURE - Emilie de Lépinau a lu le roman de Robert Merle « Les hommes protégés », une dystopie où les femmes prennent le pouvoir et se vengent de siècles de domination masculine. Toute ressemblance avec des situations existantes ne saurait être que fortuite.  Il en résulte une recension savoureuse et subtile [Figarovox - 31.10] sur un sujet de société en pleine actualité.  LFAR

     

    « Ce qui me plonge dans un profond malaise, c'est le genre de grief retenu ici contre moi, un sourire, un regard, le contact d'une main, autant de crimes. Je ne m'habituerai jamais à cette contre-sexualité fanatique. » 

    L'aveu n'est pas celui d'un porc balancé par un hashtag mais la confession de Ralph Martinelli, héros des Hommes Protégés de Robert Merle. Dans ce roman paru en 1974, une encéphalite décime aux États-Unis les hommes en âge de procréer. Quelques chercheurs, nécessaires à l'avancée de la science, bénéficient d'une protection rapprochée, et sont chargés sous la bonne garde de miliciennes, de trouver un remède.

    Pris dans cette quarantaine, le docteur Martinelli, charmant chercheur, veuf et père de famille, incarne le bouc émissaire de ses laborantines, de ses supérieures et des femmes alentour qui telles des mégères de Brassens ont accumulé leur rancune patiemment et se vengent de siècles de domination masculine. Devant remplacer les hommes dans la force de l'âge disparus, dans tous les domaines et à tous les niveaux, les femmes s'organisent jusqu'à faire du gouvernement une dictature féministe.

    De la plus juste à la plus outrée, de la jouissance sans homme à l'interdiction du « Mademoiselle », leurs réactions et décisions constituent un catalogue de la lutte pour les droits des femmes les plus contemporains, à croire que l'on se passe du Robert Merle sous le manteau dans les AG des mouvements féministes.

    Le docteur Martinelli se désespère : « C'est à ne pas y croire ! Il n'a pas fallu plus de six mois pour imposer à ces femmes intelligentes la phraséologie du moment et les idées qu'elle véhicule.»

    L'homme reproducteur est le malade, il est celui à abattre. À la limite à guérir de sa virilité qui le tue, car s'il accepte la castration, il sera épargné par l'encéphalite et pourra arborer à sa boutonnière le A en lettres dorées des Ablationnistes, non pas comme marque d'infamie mais comme un blason d'honneur.

    Dans cette nouvelle société misandre, les hommes « entiers » n'ont d'autres choix que d'être protégés, alors à la merci de gardiennes vengeresses ou alors clandestins, errants, traqués par la furie légalisée.

    Libérées du joug phallocrate, les femmes n'en sont pas toutefois quittes de leur incorrigible désir de maternité, et en ces temps de grande pénurie de mâles, l'État se doit d'organiser la procréation sans père.

    Le docteur Martinelli doute : « Pense-t-on modifier une méthode qui depuis deux millions d'années a fait ses preuves ? Je me le demande car j'ai lu hier un article dans lequel je lis ces lignes stupéfiantes : l'acte sexuel devrait cesser d'être le moyen employé par la société pour renouveler la population.» Mais dans la dystopie de Robert Merle, l'État Providence est prodigue et reconvertit les prostituées touchées par un chômage massif en fonctionnaires assermentées, chargées du prélèvement obligatoire de la précieuse denrée.

    Cruelle et burlesque conséquence de l'éradication de la jeunesse masculine, les vieillards épargnés par l'épidémie sont la proie d'adolescentes harceleuses et violeuses, rendues folles de leurs désirs insatiables.

    Face aux ministres sadiques, garces moralistes, miliciennes amoureuses et autres espionnes rigides, la résistance masculine s'organise et tente de sauver le pays du totalitarisme féministe. Même outre-Atlantique, le Président français use de son influence pour ramener l'Amérique à la raison. Il s'appelle Emmanuel. Son nom finit en « on ». Il a 88 ans et a été élu par « la tradition politique la plus constante de la France, la gérontophilie ». Dommage, à quelques lettres et à une surprise politique près, la fable fût encore plus drôle.

    Dans un sursaut ontologique coupable, le docteur Martinelli ose une œillade à une collègue :

    « J'ai retrouvé le temps d'un regard la vieille complicité entre les deux sexes qui était pour moi un des bonheurs quotidiens de la vie.»  

    #NebalancezpasRobertMerle 

    Emilie de Lépinau est journaliste. Elle écrit pour Le Figaro Histoire

    Emilie Lépinau

  • Contre l’école-gadget

    Une belle brochette de pédagogistes français 

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Cette tribune [16.11] est de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal et que nous reprenons volontiers, souvent, tant elles sont pertinentes, proches de nos propres idées, et collent, de façon vivante, intelligente et claire, à l'actualité la plus intéressante. Il s'agit ici de l'école, sujet essentiel s'il en est pour l'avenir de notre pays. Mathieu Bock-Côté parle pour le Québec mais il suffit de le lire pour mesurer combien son propos s'applique tout autant à la France. Importance signalée ...  LFAR  

     

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    Réinventer l’école ! Ce slogan, on l’a entendu mille fois. Il nous vient souvent de ministres, mais il est aussi répété en boucle par des apprentis sorciers qui prétendent d’une manière ou d’une autre révolutionner la pédagogie.

    Ils s’imaginent, par exemple, qu’on enseignera par le jeu. Ou alors, ils croient en la rédemption par les nouvelles technologies, comme si la pédagogie ne pouvait désormais se passer d’elles. Ils misent sur la tablette, sur le cellulaire ou sur n’importe quel autre écran pour métamorphoser la vie à l’école.

    Modernité ?

    C’est ce qui les amène, de temps en temps, à croire qu’une vidéo YouTube vaut bien un livre, comme si ce dernier n’était finalement qu’une technologie vieillie, faite pour accumuler la poussière. Appelons-les les militants de l’école gadget. 

    Ces réinventeurs compulsifs sont obsédés par une chose simple : s’arracher à l’école du passé. Ils se l’imaginent dictatoriale et coupée de la vie. On imagine les maîtres tyrannisant les élèves, ne les respectant pas, les étouffant même. 

    C’est une caricature, évidemment, grossière, grotesque, ne correspondant pas vraiment à la réalité. Ils y tiennent, toutefois, puisqu’elle justifie leur refus fanatique de la tradition. Plus le passé sera laid, plus on sera en droit de s’en servir comme d’un repoussoir.

    D’ailleurs, il y a un crime qu’ils ne pardonnent pas : la nostalgie. Celui qui, d’une manière ou d’une autre, se met à regretter ne serait-ce qu’un aspect du monde d’hier et de son école en est accusé. Il passera immédiatement pour un taré passéiste et une vieille baderne.

    Pourtant, ils sont nombreux, au fond d’eux-mêmes, à savoir que nous avons perdu quelque chose de précieux en chemin avec la modernisation de l’éducation.

    Est-ce le silence des élèves à la bibliothèque, considérée comme le temple du savoir au sein de l’école ?

    Est-ce la concentration qu’on valorisait dans la lecture d’un livre alors qu’aujourd’hui l’attention papillonne et passe d’un lien internet à l’autre, sans être capable de se fixer sur quoi que ce soit ?

    Est-ce le respect qui était dû aux enseignants à une époque où ils ne devaient pas faire de la gestion de classe à temps plein avec des enfants à problème ?

    Est-ce la modestie de chacun devant les grandes œuvres, qu’on avait souvent honte de ne pas avoir encore lues alors qu’on savait bien que s’y cachait un trésor ?

    Une chose est certaine : si l’école d’hier n’était évidemment pas parfaite, elle n’avait pas que des défauts.

    Il ne faut pas réinventer l’école, mais retrouver ses fondements éternels.

    Tradition

    Il faut la sauver de ses faux amis du ministère, des facultés de pseudosciences de l’éducation et des idéologues de la nouveauté à tout prix.

    Imaginons l’école de demain : un enseignant passionné et cultivé, des élèves concentrés, les téléphones portables rangés dans un casier, les autres écrans éloignés, une bibliothèque digne de ce nom qu’on apprend à aimer, la culture valorisée et vénérée.

    Elle serait très bien, cette école.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • La République en marche oublie la France

     

    Par François Marcilhac

     

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    Dans la «  charte des valeurs  » que vient d’adopter la République en marche, la nation n’est pas citée non plus.

    Ce 16 novembre 2017, la République en marche, «  mouvement politique et citoyen  » (sic), a publié sa «  nouvelle charte des valeurs  », qui sera soumise aux votes des membres de son Politburo le 18 novembre, après avoir été «  enrichie de la consultation organisée  » auprès des adhérents du parti. Contrairement au premier texte, pour lequel la France existait encore («  nous pensons […] que l’avenir de la France nécessite de renouer avec l’idée de progrès  »), mais qui ignorait déjà le mot de nation, cette nouvelle charte rompt publiquement avec la France qui ne fait plus l’objet des préoccupations du parti jupitérien.

    Apôtres d’un progressisme béat qui, pour remonter aux XVIIIe et XIXe siècles, sert aujourd’hui à promouvoir l’adaptation servile au mondialisme, ces «  héritiers de valeurs séculaires humanistes, républicaines et laïques  » ne se reconnaissent que «  comme citoyens européens, attachés au projet d’une Europe politique, et convaincus que l’ensemble des valeurs qui [les] rassemblent […] ne pourra réellement se déployer que dans le projet européen  », un projet qui est lui-même explicitement subordonné à la logique de la mondialisation, garante d’un «  avenir collectif  » dans lequel n’entre pas le peuple français, constitué en nation, la France n’étant plus synonyme que de «  repli sur soi  » ou de «  retour en arrière  ».

    Cette charte des valeurs a au moins le mérite de prouver aux Français, s’il en était encore besoin, que le projet macronien vise à la disparition même de la France. L’ennemi des Français s’est ainsi clairement désigné.   

  • Personne ne redressera jamais la France tant que les médias seront ce qu'ils sont

    Léa Salamé et Raphaël Glucksmann

      

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    Une chose est certaine : personne ne redressera jamais la France tant que les médias seront ce qu'ils sont.  Tant qu'on ne prendra pas à bras le corps le problème qu'ils sont pour la santé mentale de la nation. Et tant qu'on ne l'aura pas réglé. 

    Nous vivons en régime d'opinion et chacun sait bien que celle-ci ne naît pas de génération spontanée. L'opinion se fabrique et ses idées sont celles qu'on lui instille. Sa capacité d'autonomie est faible, rare et éphémère, facile à retourner, même lorsque, à l'égard des médias, le doute s'installe, voire la contestation, l'hostilité ou le mépris. Façonner l'opinion, même rebelle, n'a jamais été aussi aisé qu'aujourd'hui où les moyens techniques de communication de masse en continu en font un jeu d'enfants d'une redoutable efficacité. La santé mentale de la société française dépend étroitement de l'orientation des médias. 

    Or la caste très fermée qui s'est approprié radios et télévisions, qui monopolise les heures d'antenne, n'aime pas la France ni sa civilisation, ni son ordre traditionnel, ni les peuples et les ethnies qui les ont fondées. Cette caste hostile assure spontanément sa propre permanence. Elle se renouvelle par cooptation, par copinage évidemment de gauche, et même par mariage. On entend beaucoup plus Raphaël Glucksmann sur certaines stations depuis que, revenu de ses aventures politico-sentimentales de Kiev et de Tbilissi, il a épousé la très influente Léa Salamé... et travaille pour Benoît Hamon. Le phénomène de couple joue dans les médias comme ailleurs son rôle d’apporteur de puissance, d'audience et d'influence. Mariages qui peuvent relier le monde des médias aux milieux politiques, aux milieux d'affaires ou people ... Le recrutement de cette caste est assez largement communautaire, rarement de lointaine tradition française et très majoritairement de gauche, modérée, extrême ou radicale, gauche « friquée », où la détestation de la France historique, de toute société traditionnelle, est dominante. Ainsi ne cesseront d'être attaqués, moqués, ridiculisés, nos principes traditionnels, notre histoire, nos mémoires, nos structures sociales. Etc.  

    Cette caste toutes chaînes confondues a son vocabulaire, ses formules, ses tics de langage, ses rites, ses préférences, ses choix, ses ostracismes implacables, partout les mêmes, stéréotypés, uniformisés, inévitables. Elle multiplie les campagnes lancinantes destinées thème par thème à littéralement hystériser l'opinion, y compris au moyen de la plus extrême vulgarité, pour quelques jours, semaines ou mois, comme s'en est indigné Maxime Tandonnet, il y a à peine quelques jours.  Il y a enfin les grands combats électoraux. Dans les campagnes électorales les médias ont toujours leur candidat. Unique en général ; le même pour tous. 

    Le système médiatique qui a assuré jusqu'à présent sa pérennité par les moyens que nous avons tenté de signaler brièvement, a une homogénéité et une cohérence. Le message des médias a un sens. Il s'agit en bref de détruire ou si l'on préfère de déconstruire la société française, historique et traditionnelle. Et par là de subvertir le mental français.

    « L'impression du sol qui se dérobe sous nos pieds s'aggrave sans cesse » écrit Olivier Rey fort justement. Ainsi naît la nostalgie, la mélancolie, le profond malaise français, source de nos renoncements et de notre déclin. De ces renoncements et de ce déclin les médias portent une grande part de responsabilité. 

    C'est pourquoi nul ne redressera la France tant que les médias seront ce qu'ils sont. 

    Il y aujourd'hui en France assez de journalistes et d'intellectuels de grand talent, qui aiment la France, dont les noms sont connus de tous et la liste facile à établir, pour que le ménage qui s'impose dans les médias et le grand remplacement de la caste qui les occupe puissent être tentés et réussis. 

    Il y faudrait une révolution politique qui tarde à venir alors qu'elle est peut-être ce que les Français recherchent et attendent. Confusément encore.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Renaud Camus : « Macron est l’incarnation parfaite du remplacisme global »

     

    Renaud Camus a donné à Boulevard Voltaire l'intéressant entretien qu'on va lire. Eventuellement pour en débattre.  LFAR 

     

    0b0a57389a7e9f784d1e5cb8a814f086.jpegRenaud Camus, Emmanuel Macron est entré à l’Élysée le 14 mai dernier. Un semestre, le dixième du temps d’un quinquennat ! Que vous inspire tout d’abord le personnage en lui-même ? Un personnage de roman, un super-technocrate ? Certains n’hésitent pas à le comparer à Bonaparte !

    Emmanuel Macron me facilite beaucoup la vie, au moins intellectuellement, car si l’on me demande de résumer d’un mot ce que je veux dire par remplacisme global, je peux répondre : Macron. Il en est l’incarnation parfaite.

    Je l’ai dit cent fois, le Grand Remplacement, la substitution ethnique, le changement de peuple, si énormes qu’ils soient comme phénomène, ne sont qu’une petite partie d’une phénomène plus large encore, le remplacisme gobal, où je vois l’un des deux principaux totalitarismes à l’œuvre de par le monde (l’autre étant évidemment l’islam). Remplacer, telle est l’essence des sociétés post-industrielles et post-modernes : tout doit y être remplaçable et s’y trouver remplacé — le vrai par le faux, l’original par la copie, les matières par leur reconstitution synthétique, les services et les objets par leur version low cost, l’homme par l’homme, l’homme par la femme, l’homme et la femme par les robots, les mères par les mères porteuses, la ville et la campagne par la banlieue, les peuples par d’autres peuples, l’humanité par une post-humanité hagarde et hyper-violente, l’espèce humaine par la Matière Humaine Indifférenciée (MHI).

    Le remplacisme est petit-fils de la révolution industrielle et fils du taylorisme fordien qui, à force de tout standardiser selon les exigences de la production et du profit, a fini très logiquement par vouloir standardiser l’homme lui-même. L’homme est à ses yeux une petite entreprise artisanale à succès, que rachète la grande distribution multinationale pour en commercialiser une version low cost, dénaturée mais hyper-profitable. Dans ses desseins plutôt noirs, le remplacisme s’est trouvé sur le tard un allié inespéré mais de poids, et, après tout, très naturel, très logique, l’antiracisme, qui a fini par signifier ce que portait son nom, la haine des races, la croyance absolue en leur inexistence et, paradoxalement, la foi non moins absolue en leur égalité et, surtout — c’était le plus précieux pour le remplacisme —, le désir de les fondre en une seule.

    Emmanuel Macron se situe exactement au point de convergence de ces deux généalogies, financiarisme bancaire post-industriel d’un côté, antiracisme de l’autre — à ceci près, tout de même, que lui n’est même plus antiraciste, il est bien au-delà : les origines n’existent pas pour lui et, comme on sait, « il n’y a pas de culture française ». 

    En mai 2016, vous déclariez, dans un entretien à Boulevard Voltaire , que l’élection présidentielle de 2017 serait un référendum sur le changement de population. Comme interprétez-vous le résultat de cette élection ? Les Français ont dit oui au changement de population ou bien cet enjeu a tout simplement été occulté ? 

    Cet enjeu a été totalement occulté mais les Français n’ont, au mieux, pas dit non, il faut bien le reconnaître, à mon immense regret. Il convient de dire qu’en cet univers où tous les mots mentent, il en est peu qui mentent plus fort que Français, qualificatif qui réunit en un monstrueux amalgame envahisseurs et envahis, colonisateurs et colonisés, occupants et occupés. L’issue des votes dépend déjà largement du peuple de remplacement, puisqu’on a eu la folie sans précédent de lui donner le droit de vote. Mais, surtout, le peuple remplacé est hébété par l’enseignement de l’oubli, l’imbécillisation de masse, la répression, la censure, les injections permanentes de haine de soi, la peur, le monopole médiatique presque complet dont jouit le remplacisme (Boulevard Voltaire et TV Libertés nonobstant). Aussi bien l’issue ne sera-t-elle plus politique, à présent. Je l’ai déclaré dans un autre entretien, en volume, celui-là, avec Philippe Karsenty : 2017 était la dernière chance avant le Grand Remplacement. J’aurais dû préciser : la dernière chance politique.

    À travers les décisions, ou les non-décisions, de ce premier semestre du Président Macron à la tête de l’État, décelez-vous une quelconque évolution de la politique dans le domaine de l’immigration qui serait de nature à vous rassurer, ou au contraire ?

    Pas du tout, et très au contraire : on est entré dans le mode automatisé du changement de peuple. Le remplacisme global est au pouvoir et il procède selon un mode de gouvernement que j’ai appelé, par opposition à la démocratie directe, la « davocratie » directe – le gouvernement par Davos -, sans intermédiaire. Les grands argentiers du monde, ceux qui se réunissent une fois l’an à Davos, ont constaté qu’ils étaient désormais assez forts pour gérer directement le parc humain, en se passant de la caste politique, qui représentait pour eux une perte de temps et d’argent. La France est un modèle, à cet égard – le macronisme supprime le microcosme : renvoi à leurs études de toutes les grandes figures de la vie politique depuis trente ans, les Sarkozy, les Hollande, les Juppé, voire les Marine Le Pen ; constitution d’un gouvernement de second couteaux ; remplacement de la représentation nationale par une cargaison de zombies à peine alphabètes qui doivent tout au pouvoir et sont bien résolus à ne lui faire ni ombre ni peine. On vient à bout des pouvoirs locaux en les mettant au pain sec et à l’eau, en organisant leur ruine, même. Surtout, surtout, on pulvérise les partis politiques : des trois dont les Français croyaient il y a encore un an qu’ils avaient en main le destin de la nation, pas un ne tient encore sur ses jambes aujourd’hui. Le changement de peuple avait déjà échappé au peuple, voici qu’il échappe à ses élus. Il est géré par des machines, ou par des hommes au cœur de machine.

    Entre remplacistes et anti-remplacistes, macroniens et identitaires, on en arrive ainsi, sur un point unique, à une étrange convergence, due à une coïncidence, ou à la rigueur extrême de l’opposition : les deux parties sont d’accord pour sortir de la politique, laquelle d’ailleurs suppose un peuple, et il n’y a pratiquement plus de peuple. Les remplacistes et Macron sortent de la politique par l’économie, par la finance, par la gestion d’entreprise, par The Principles of Scientific Management, qui est à la fois leur Das Kapital et leur Mein Kempf, presque aussi terrifiant (« Dans le passé, l’homme était premier, écrit froidement Taylor ; à l’avenir, c’est le système qui doit être premier »). Les anti-remplacistes et moi, si j’ose dire, voulons sortir de la politique par l’Histoire, ou par l’ontologie.

    En effet, quand la seule question sérieuse qui se pose est celle de la survie d’un peuple et d’une civilisation, ce n’est pas de la politique, cela : c’est de l’Histoire. De Gaulle à Londres, ce n’était pas de la politique, mais de l’Histoire. C’est pourquoi Karim Ouchikh et moi, à Colombey-les-Deux-Églises, le 9 novembre, jour anniversaire de la mort du Général, et près de sa tombe, avons crée un Conseil national de la résistance européenne, que nous comptons constituer et élargir par cooptation. Mais c’est un autre sujet, cet entretien est déjà trop long, je vous en parlerai une autre fois, si vous m’en donnez l’occasion.   

    Ecrivain
    Fondateur du NON
    Librairie
  • Les turpitudes de l’islamo-gauchisme

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    logo lundis.jpgInterrogé sur France Inter (jeudi 9), M. Ruffin, député mélenchonien, nous ressort un de ces schémas qu’affectionne particulièrement une gauche idéologique à laquelle tout le siècle écoulé a pourtant donné tort : il faut réduire la fracture interne des classes populaires en réconciliant les employés et ouvriers de la périphérie avec les enfants des cités issus de l’immigration.

    Ils seraient donc fâchés ?

    M. Ruffin croit peut-être accréditer ainsi la stratégie islamo-gauchiste. Il oublie tout simplement les réalités : la gauche extrême s’est fourvoyé dans un islamisme qui pourrait lui être fatal. L’islamo-gauchisme est une hydre à deux têtes, au langage double, dont la caractéristique de fond principale réside sans aucun doute dans la plus grande malhonnêteté intellectuelle. Deux exemples d’actualité sont là pour le rappeler. 

    Premier exemple, celui de Mme Obono, née au Gabon, député de la « France insoumise », c’est-à-dire de la vitrine parlementaire de la gauche dure. Ladite dame Obono vient, tout en prétendant le contraire, de se solidariser avec une autre dame, « une camarade », Mme Bouteldja, née en Algérie, porte-parole des « Indigènes de la République », laquelle ne cesse de tenir des propos haineux envers la France et ses « souchiens ». Toutes deux, bien entendu naturalisées françaises (c’est quand même plus confortable), affichent un antiracisme de façade derrière lequel transparaît à l’évidence leur vrai racisme, celui qui les dresse, telles des harpies, contre le « Blanc » (et, « nos » féministes apprécieront, le masculin englobe ici pour elles le féminin). 

    Second exemple, celui de M. Plenel, agent islamiste avéré, sur la filiation trotskiste et tiers-mondiste duquel il est inutile de revenir. Depuis la fondation de « Mediapart » en 2007, M. Plenel, a l’habileté de faire passer son militantisme islamiste (affiché dans son livre Pour les musulmans) en le conjuguant à des enquêtes et études sur des sujets et personnalités variés (comme l’affaire Cahuzac). Mais sa complicité avec M. Ramadan est telle qu’on ne le croit pas quand il nie toute accointance avec ce dernier. En prétendant de façon gratuite (France Info, 8 novembre) que tout cela « fait partie d'une campagne générale de guerre aux musulmans », il donne au contraire crédit à l’accusation portée contre un prédicateur que son islamité rendrait intouchable. 

    L’ennemi efficace de l’islamo-gauchisme est peut-être dans la gauche elle-même, cette gauche dont M. Plenel, acculé, dit qu’elle est « égarée ». Egarement qui en frappe donc beaucoup, de M. Valls, adepte de la lucidité lexicale, jusqu’à Charlie Hebdo, à la dangereuse liberté blasphématoire. On a même pu entendre récemment sur France Inter (mardi 7) M. Legrand, éditorialiste politique (de gauche, bien entendu), traiter de « contextualiste » et désapprouver cette « petite partie de la gauche qui voit en l’islamisme l’idéologie des opprimés ».  

  • Action Française • Honneur aux jeunes qui savent se souvenir du sacrifice de nos héros !

     

    Pour tous nos Morts.

    Hier, les militants de l'Action française rendaient hommage simultanément dans leurs villes respectives aux morts de la Grande Guerre.

    A Marseille, une banderole a été déployée place Castellane et une gerbe déposée devant le monument aux morts de la Ville.

    Aux défenseurs de la Patrie, les jeunes nationalistes reconnaissants.

    Quelques photos valent mieux qu'un long discours ...

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  • Des succès en trompe-l'oeil

     

    Par Pierre Marchand 

    Les bonnes nouvelles économiques s’accumulent pour le nouveau gouvernement, mais elles relèvent surtout – pour l’instant du moins – d’une communication bien maîtrisée.

    Chômage, taxation des GAFA, travail détaché… Les victoires économiques, qu’elles soient partielles ou ponctuelles, semblent déjà ponctuer les premiers pas du nouveau président dans la voie toute tracée de la prospérité promise par Bruxelles et la BCE à qui se pliera à leurs injonctions. Victoires saluées par une majorité de médias qui manquent plus que jamais de recul et d’analyse lorsqu’il s’agit de commenter les faits d’armes du président jupitérien. Il ne faudrait pas oublier que Jupiter, si elle est la plus grosse planète du système solaire, est avant tout une planète gazeuse. Tout ce qu’on trouve à sa surface, c’est, en quelque sorte, du vent.

    Un vent d’optimisme

    Celui qui souffle actuellement sur l’économie est un vent d’optimisme, alimenté par les derniers chiffres de l’emploi  : soixante-cinq mile chômeurs de moins au mois de septembre. Pour être encourageants, ces chiffres n’en sont pas moins à circonstancier. Depuis le début du quinquennat, le chômage est resté stable (quatre mille demandeurs d’emploi en plus au total), sans qu’on ait vraiment l’impression d’avoir entendu parler des hausses des mois de mai, juillet et août. Comme il s’y était engagé, le ministre du Travail ne commentera ces chiffres que chaque trimestre, en analysant pas moins de quarante indicateurs qui lui permettront, au choix, de mieux illustrer les mécanismes qui auront entraîné la baisse du chômage ou de trouver des explications à sa hausse ponctuelle ou persistante. Autre nouveauté, ce ne sont plus les chiffres de Pôle emploi qui seront retenus mais ceux de l’Insee, puisque ce sont les seuls qui répondent à la définition du chômage au sens du BIT (Bureau international du travail). Quelle différence  ? Pôle emploi publie les chiffres mensuels des demandeurs d’emplois inscrits quand l’Insee réalise des sondages trimestriels auprès d’échantillons de centmille personnes environ. À terme, l’impact sera nul, puisque ce n’est qu’une question de thermomètre. Cependant, depuis le début de la décennie, les courbes ont eu tendance à s’écarter significativement (voir graphique)  ; effet d’optique assuré.

    Unanimisme médiatique

    Le deuxième succès que s’attribue le Gouvernement concerne la taxation des géants de l’économie numérique (Google, Apple, etc.) Nous avons déjà montré dans nos colonnes (voir le numéro du 21-23 septembre 2017) à quel point les gesticulations européennes de Macron avaient une probabilité infime d’aboutir, alors qu’une action législative nationale permettrait de poser les bases solides d’une «  fiscalité réelle pour un monde virtuel  ». Là encore, l’unanimité médiatique aidant, seule la performance macronienne est restée dans les esprits.

    Le travail détaché perdure

    Plus récemment, c’est sur la question du travail détaché que notre président s’est illustré. C’est d’ailleurs un sujet que nous avons également traité à plusieurs reprises tant il est révélateur de la doctrine européenne et dévastateur pour l’emploi et le tissu économique français. Annoncé depuis plusieurs semaines, l’assaut a été donné le 23 octobre et aura duré pas moins de douze heures. Il en ressort notamment que le revenu minimum ainsi que les primes prévues par les conventions collectives du pays d’accueil s’appliqueront, mais les cotisations sociales resteront celles du pays d’origine. Le prétendu tour de force de Macron consiste à avoir obtenu la réduction de la durée maximale de détachement de de vingt-quatre à douze mois – avec prolongation possible de six mois. Or, la durée moyenne d’un détachement est de trois mois environ (moins de neuf mois pour les pays les plus pourvoyeurs de travailleurs détachés comme la Lituanie ou l’Estonie). De plus, la durée du détachement s’entend a priori de celle de la mission confiée par une entreprise  ; elle peut donc facilement être contournée par alternance des structures employeuses ou des travailleurs… Pour arriver à ce résultat, une concession a été faite sur le secteur du transport, exclu du texte. Macron a donc cédé là où il aurait dû frapper, et il a frappé là où c’était le moins utile. Cerise sur le gâteau, il a été prévu dans le texte que celui-ci n’entrerait pas en vigueur avant 2022.

    Méthode Coué  ?

    «  Si étant malade, nous nous imaginons que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, nous obtiendrons le maximum d’améliorations qu’il est possible d’obtenir  » C’est ainsi qu’Émile Coué synthétisait la méthode qui porte son nom, dont nous avions déjà eu un aperçu sous Hollande – «  ça va mieux  ». Ainsi pourrait-on appréhender la méthode Macron, dont l’obsession de «  restaurer la confiance  » est l’illustration (la con-fiance étant certes un élément déterminant de la santé économique d’un pays). Si Macron n’a pas encore gagné la bataille de l’emploi, il est bien parti pour gagner celle de la communication. Et de la communication à la manipulation de la confiance, de la méthode Coué à la «  doublepensée  », il n’y a qu’un pas.  

    L'Action Française 2000 du 2 Novembre 2017

  • Rémi Brague : « Certains ‘laïcards' exploitent la peur de l'islam pour en finir avec le christianisme »

     

    Entretien réalisé par Alexandre Devecchio

    Après la polémique engendrée par la décision du Conseil d'État de retirer la croix de Plöermel, au nom de la laïcité, Rémi Brague revient sur cette notion, régulièrement employée mais trop souvent méconnue. Cet entretien [Figarovox, 5.11] est émaillé de justes analyses et de nombreuses questions pertinentes. Qui, en tout cas, peuvent susciter le débat.   LFAR  

     

    2260333370.jpgLa décision du Conseil d'État enjoignant au maire de la commune de Ploërmel de retirer la croix qui surplombe la statue du pape Jean-Paul II a suscité la colère de milliers d'internautes. Comment expliquez-vous l'ampleur de ces réactions spontanées ?

    Je surfe très rarement sur les « réseaux sociaux » et, quand je le fais, je suis souvent consterné par la faiblesse et la grossièreté haineuse de ce qui s'y dit sous le couvert de l'anonymat.

    Maintenant, pour répondre à votre question, j'y devine deux raisons: d'une part, la lassitude devant ce qu'il y a de répétitif dans ces mesures contre les croix, les crèches, etc. ; d'autre part l'agacement devant la mesquinerie dont elles témoignent. En Bretagne, vous ne pouvez pas jeter une brique sans qu'elle tombe sur un calvaire ou un enclos paroissial. Et où une croix est-elle plus à sa place qu'au-dessus de la statue d'un pape ?

    La décision du Conseil d'État est-elle conforme au principe philosophique de la laïcité ?

    Je n'ai pas pris connaissance des attendus du Conseil d'État. Je fais à ses membres l'honneur de penser qu'ils sont solidement argumentés. En tout cas, la laïcité n'a en rien la dignité d'un principe philosophique, mais elle constitue une notion spécifiquement française. Le mot est d'ailleurs intraduisible. C'est une cote mal taillée, résultat d'une longue série de conflits et de compromis. D'où une grande latitude dans l'interprétation.

    Mais comment faire appliquer la loi sur le voile à l'école et la burqa dans la rue si la loi n'est pas appliquée de manière stricte pour toutes les religions ?

    Quel rapport entre un monument public et une pièce de vêtement, qui relève du privé ? Le vrai parallèle à l'érection d'un tel monument serait la construction d'une mosquée. Qui l'interdit ? Bien des municipalités la favorisent plutôt.

    De toute façon, on a souvent l'impression que le fait qu'une loi soit appliquée est en France plutôt une option. Combien de lois sont restées sans décrets d'application ? Verbalise-t-on les femmes qui portent un costume qui masque leur visage ? Le fait-on dans « les quartiers » ?

    Est-ce illusoire de vouloir appliquer la laïcité de la même manière pour toutes les religions dans un pays de culture chrétienne ?

    « Toutes les religions », cela ne veut pas dire grand-chose. Ce qui est vrai, c'est que la « laïcité » à la française - expression qui est d'ailleurs tautologique - a été taillée à la mesure du christianisme, par des gens qui le connaissaient très bien. N'oublions pas que le petit père Émile Combes avait passé ses thèses de lettres, l'une sur saint Thomas d'Aquin et l'autre (en latin) sur saint Bernard.

    J'ai eu l'occasion d'expliquer ailleurs qu'il n'y a jamais eu de séparation de l'Église et de l'État, car le mot supposerait qu'il y aurait eu une unité que l'on aurait ensuite déchirée.

    Ce qu'il y a eu, c'est la fin d'une coopération entre deux instances qui avaient toujours été distinguées. La prétendue « séparation » n'a fait que découper suivant un pointillé vieux de près de deux millénaires. Et les historiens vous expliqueront que ceux qui ont le plus soigneusement évité les contaminations ont été plutôt les papes que les empereurs ou les rois.

    Le problème avec l'islam n'est pas, comme on le dit trop souvent, qu'il ne connaîtrait pas la séparation entre religion et politique (d'où l'expression imbécile d'« islam politique »). Il est bien plutôt que ce que nous appelons « religion » y comporte un ensemble de règles de vie quotidienne (nourriture, vêtement, mariage, héritage, etc.), supposées d'origine divine, et qui doivent donc primer par rapport aux législations humaines.

    La laïcité peut-elle être utilisée comme une arme face à l'islamisme ? Celle-ci n'est-elle pas à double tranchant ?

    La laïcité n'est pas et ne peut pas être une arme. Et, en principe du moins, encore moins être dirigée contre une religion déterminée. Je dis cela parce qu'elle a été forgée, justement, contre une religion bien précise, à savoir le christianisme catholique, auquel la grande majorité de la population adhérait plus ou moins consciemment, avec plus ou moins de ferveur, à l'époque de la séparation.

    La laïcité signifie la neutralité de l'État en matière de religion. L'État n'a à en favoriser aucune, ni en combattre aucune. L'État doit être laïc précisément parce que la société ne l'est pas.

    Certains « laïcards » rêvent d'en finir avec le christianisme, en lui donnant le coup de grâce tant attendu depuis le XVIIIe siècle. Ils exploitent la trouille que bien des gens ont de l'islam pour essayer de chasser de l'espace public toute trace de la religion chrétienne, laquelle est justement, ce qui peut amuser, celle contre laquelle l'islam, depuis le début, a défini ses dogmes.

    Face au problème de l'islamisme, certains observateurs n'hésitent pas à condamner en bloc toutes les religions. S'il existe des intégrismes partout, la menace est-elle de la même nature ? Existe-t-il aujourd'hui une menace spécifique liée à l'islam ?

    Ce qu'il faut voir avant tout, c'est que la notion de « religion » est creuse et que, quand on parle de « toutes les religions », on multiplie encore cette vacuité.

    On entend dire: « l'islam est une religion comme les autres » ou, à l'inverse : « l'islam n'est pas une religion comme les autres ». Mais, mille bombes !, aucune religion n'est une religion comme les autres !

    Chacune a sa spécificité. Vouloir mettre dans le même panier, et en l'occurrence dans la même poubelle, christianisme, bouddhisme, islam, hindouisme, judaïsme, et pourquoi pas les religions de l'Amérique précolombienne ou de la Grèce antique, c'est faire preuve, pour rester poli, d'une singulière paresse intellectuelle.

    Quant à appliquer la notion catholique d'« intégrisme » ou protestante de « fondamentalisme » à des phénomènes qui n'ont rien à voir avec ces deux confessions, cela relève du fumigène plus que d'autre chose. Les plus grands massacres du XXe siècle, le Holodomor d'Ukraine et la Shoah, ont été le fait de régimes non seulement athées, mais désireux d'extirper la religion.

    Une menace liée à l'islam ? La plus grave n'est sûrement pas la violence. Celle-ci n'est qu'un moyen en vue d'une fin, la soumission de l'humanité entière à la Loi de Dieu. Et si elle est le moyen le plus spectaculaire, elle n'est certainement pas le plus efficace.  

    Rémi Brague est un philosophe français, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive. Membre de l'Institut de France, il est professeur émérite de l'Université Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, notamment Europe, la voie romaine (éd. Criterion, 1992, rééd. NRF, 1999), il a également publié Le Règne de l'homme: Genèse et échec du projet moderne (éd. Gallimard, 2015) et Où va l'histoire ? Entretiens avec Giulio Brotti (éd. Salvator, 2016). 

     

     1630167502.jpgAlexandre Devecchio

    Al.exandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016)

     

  • Des « violences policières » ...

     

    En deux mots.jpgL'avez-vous remarqué ?  A écouter les médias - tous les médias - , il y a en France deux types de violences, traitées, présentées, comme symétriques, équivalentes : celles des voyous, des casseurs, des radicaux de l'ultragauche, des enragés des diverses ong dites humanitaires, et il y a - à égalité de traitement - les violences policières ... En version « médias », tel casseur en action ou en fuite subira une « agression » des forces de l'ordre. Éventuellement, on organisera une marche en défense de cette victime des « violences policières », voire en hommage, selon le terme en vogue … Et ainsi de suite. Vous entendrez tout cela sur les médias du service public ... Question de vocabulaire. Et indifférence du Pouvoir. Qui fera taire France Inter ?

    Ce n'est pas que nous ayons si grand respect pour les forces d'un ordre qui n'est pas celui que nous souhaitons ; qui du reste n'en est pas un vraiment. Ce n'est pas que nous ayons la « religion du flic ». Nous savons assez que le 6 février 1934 ces auxiliaires du régime tiraient sur les patriotes place de la Concorde comme ils tireront trente ans plus tard sur les partisans de l'Algérie Française, ou comme encore cinquante ans après ils gazeront les foules de la manif pour tous ... Ce n'est pas que le policier soit un citoyen pire que les autres, que son métier ne soit pas honorable, même si l'esprit policier, les méthodes policières comportent leur dose de duplicité et autorisent parfois des procédés douteux, c'est pour l'essentiel qu'il est amené à servir un régime de désordre profond et de décomposition sociale, dont on voit les méfaits tous les jours. L'ordre qu'il protège n'est pas, n’est plus l'ordre légitime. 

    Le paradoxe est que les forces de police défendent aussi le peu qu'il reste d'ordre public, d'ordre social, fût-il devenu indigne et frelaté. Et qu'elles protègent les honnêtes-gens subsistants, contre la déferlante toujours grandissante des voyous et des casseurs indigènes ou, pour nombre d'entre eux,  importés. Il faut prendre la mesure de cette contradiction. 

    Le temps est loin où l'on fusillait en Russie celui qui avait levé la main sur le dernier des policiers du tsar parce qu'il figurait le tsar lui-même. Il n'y a plus de tsar en Russie et surtout plus de roi en France pour incarner la nation. 

    En tout cas, un régime qui laisse ainsi ravaler sa police au rang des casseurs par le service public dépendant de lui ne nous semble pas disposer des promesses de l'éternité.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Faire sa fête à Mai 68 ? Chiche !

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Une excellente chronique que, cette fois encore, on ne peut qu'approuver, parue dans Boulevard Voltaire du 7.11. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel a participé - d'ailleurs brillamment - au colloque du Cercle de Flore « Refonder le bien commun », du 13 mai dernier, à Paris (Illustration ci-dessous).  LFAR 

    2654943674.jpgC’est la question haletante du jour, le suspense insoutenable, qui suscite autant de passions que le sexe du prochain enfant de la duchesse de Cambridge : Macron commémorera-t-il, oui ou non, Mai 68 ? Le JDD dit non – « Il a décidé de ne rien faire » -, Libération dit oui peut-être – « Mai 68 : Macron ne s’interdit rien. »

    Las, si la duchesse de Cambridge peut avoir des jumeaux, Emmanuel Macron ne pourra pas « en même temps » commémorer et ne pas le faire.

    Après un ballon d’essai, on a vu qu’il savait se mettre en marche… arrière. Quand la société, comme il dit, n’est pas prête.

    Et est-elle prête, alors que le centenaire de la Grande Guerre n’est pas seulement terminé, à voir encenser ces sortes de poilus – pour ça, ils l’étaient indéniablement – et ranimer la flamme du baba (cool) inconnu ?

    La vérité – et il l’a sans doute compris – est que la droite, philosophiquement, s’indigne mais, politiquement, se réjouit. À l’instar de Laurent Wauquiez, si « les bras [lui] en tombent », elle se frotte par avance les moignons : commémorer Mai 68 ? Chiche, on va lui faire sa fête. Et dans les grandes largeurs. Comme il le mérite. Bras dessus, bras dessous, car c’est un des rares sujets sur lequel toutes les consistances de la droite (de molle à dure) semblent à peu près d’accord. Qui sait ? La Manif pour tous fera peut-être figure de pique-nique paroissial à côté de la mobilisation contre cette guerre des boutons (d’acné) vieille d’un demi-siècle qui a tout engendré – ou presque.

    Car le mariage gay, puisqu’on en parle, la PMA, la GPA et tutti quanti ne sont que l’application stricto sensu du décalogue Mai 68 : tu n’interdiras point.

    Et le « Balance ton porc », aussi. La libération sexuelle, la fin du savoir-vivre, de la galanterie n’ont-elles pas ouvert l’auge à deux battants ? Il paraît que notre société corsetée était tellement hypocrite ! Mais posons la question aux femmes : que préfèrent-elles ? Un Weinstein qui rêve de leur sauter dessus mais se borne à leur faire, avec une déférence feinte, mille courbettes, ou un Weinstein qui rêve de leur sauter dessus… et le fait aussi sec, parce qu’au moins, il n’est pas faux cul, il faut lui reconnaître ce mérite ? 

    Samedi, cent femmes célèbres, par une lettre ouverte, ont appelé Emmanuel Macron à agir contre les violences sexuelles. Elles demandent notamment, au collège, « un brevet de la non-violence sur le modèle du brevet de la sécurité routière »… et sont à deux doigts d’inventer la bonne éducation : on ne frappe pas une fille, même avec une rose. Amies de l’eau tiède et du fil à couper le beurre, bonsoir. 

    On continue à tirer le fil, justement ?

    Si les petites villes de la France périphérique sont boudées, n’est-ce pas, entre autres, parce que leur modèle messe-dominicale-blanquette-de-veau-sur-la-nappe-en-percale a été vendu, par Mai 68, au mieux comme le summum de l’ennui, au pire comme un lieu de duplicité inouïe ?

    Si l’ascenseur social, le vrai, celui qui dure, est en panne, n’est-ce pas parce que l’école de Mai 68 – décérébrée, technicisée, où l’on apprend à gagner plus pour penser moins – fait de vous, au mieux, un pauvre gars acculturé au portefeuille bien garni ?

    Si la France est incapable d’assimiler, n’est-ce pas parce qu’acquérir une nationalité, c’est aussi s’imprégner de ses codes, ses usages – façon de se vêtir, langage, culture, art de la table, etc. – et que les soixante-huitards, jugeant ceux-ci détestables, les ont tous mis au feu, avec la politesse (fine fleur du vivre ensemble) au milieu. Est-ce un hasard si seule l’armée, qui a gardé ses rites, est encore capable de créer de vrai Français ?

    On pourrait continuer à l’infini. Alors, oui, qu’Emmanuel Macron fasse son cador et ouvre la boîte de Pandore, qu’on la retourne une bonne fois sur la table pour faire enfin l’inventaire.

    Avec le risque que courent tous les monarques quand ils convoquent, la mémoire comme les états généraux : l’issue n’est jamais certaine.     

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Emmanuel Macron, le chantre de la société des individus

     

    Par 

     

    XVMb1a0a3cc-c313-11e7-b1f9-8e8a8cad8fcc-100x166.jpgMélenchon déprimé, Le Pen démonétisée, Wauquiez vilipendé, des socialistes cornérisés, tout se passe comme si «les sanglots longs des violons de l'Automne «avaient pétrifié toutes les formes d'opposition politique dans ce pays. 

    On envisageait la rue ? Celle-ci, nonobstant quelques mobilisations sporadiques, est restée calme.

    On envisageait des transports bloqués ? Rien n'est venu paralyser le pays, ni les routiers, encore moins les cheminots.

    D'aucuns suggèrent un mouvement étudiant, mais le mot de « sélection » , épouvantail totémique de bien des gouvernements, parait désormais accepté par une majorité de français et ne plus effrayer les jeunes entrants à l'Université.

    Force est de constater qu'avec sa ligne assumée, son usage des symboles de l'autorité, de la distance, du surplomb, et une communication de tous les instants, dosée entre la verticalité de la fonction et la proximité de la personne, le président de la République a pour l'instant déminé une rentrée qui lui permet de décliner sans trop d'encombres un programme que les électeurs n'ont même pas plébiscité, optant plus par défaut que par adhésion pour le marcheur.

    Le paradoxe veut que les Français aient choisi Macron et non le macronisme. Mais ce faisant , c'est bien le macronisme, quintessence des bourgeoisies de droite et de gauche enfin fédérées, qui applique sa politique dans les veines profondes du pays.

    Toute la question consiste à comprendre comment Macron est devenu en cet automne « le point de coordination tacite » ou s'agrègent les bourgeoisies et où se diluent et s'effilochent, pour l'instant, les élans protestataires en autant de mouvements velléitaires.

    L'essence du macronisme repose sur trois piliers qui, à ce stade, contribuent à sa stabilité automnale.

    Le style d'abord de son leader qui a fait de l'apparence, plus que ses prédécesseurs, la vitrine de sa politique.

    Macron rassure les bourgeois. Il les consolide dans cette croyance que gouverner c'est aussi obéir à des codes, à des usages, c'est-à-dire à une épure qui avait été quelque peu malmenée ces deux derniers quinquennats. Le bourgeois a reproduit de l'aristocratie de cour l'exigence de l'étiquette et du respect des formes. Il se déploie dans un « entre soi » où le regard jauge, évalue, contrôle.

    Macron récite l'histoire d'une bourgeoisie éclairée, sûre de son fait, déterminée à ne pas se laisser déposséder du pouvoir; il en incarne la posture, plus gentilhomme parfois que bourgeois, mais aussi trivialement bourgeois quand il laisse transparaître son agacement lorsque l'on proteste un peu bruyamment contre sa politique. C'est un fait que le bourgeois n'aime pas « le bordel ». Le désordre l'offusque et Macron sait parfaitement mettre en scène son indignation.

    Mieux : il décomplexe le bourgeois qui ne doit pas avoir honte de son statut, y compris dans le face-à-face avec le « populo ». Il n'hésite pas à dire au chômeur de « bosser » « pour se payer un costume » , et il n'est pas « le père Noël » quand il débarque à Cayenne, dans cette Guyane où le taux de chômage atteint 20 %.

    Macron libère les consciences embourgeoisées, les réinstalle dans le confort de leur morale et de leur vision du monde. Il est tout à la fois le héros et le héraut d'une révolution, non pas conservatrice, mais bourgeoise. Il restaure l'habitus de la bourgeoisie dans une société où l'envie, la frustration, le ressentiment constituent de puissants moteurs politiques.

    Et c'est là le deuxième facteur de l'apaisement apparent dont semble bénéficier le macronisme en ce début de mandat. Il martèle une conception de la société dont le leitmotiv, à la manière d'un Guizot exhortant les Français du XIXème siècle à s'enrichir par le travail et par l'épargne, consiste à les enjoindre de réussir.

    « Réussissez » clame Macron ; et surtout exige-t-il de ses concitoyens de renoncer à toute forme de jalousie à l'encontre de la réussite de leur voisin. Ainsi propose-t-il de rompre avec une culture de la culpabilisation du succès, vieil héritage catholique d'un pays laïque dont l'inconscient religieux ne cesse de se manifester, y compris parfois parmi les plus hostiles à la religion !

    Macron est ce président qui incite chacun d'entre nous à procéder sur terre à son salut. Il est le chantre de « la société des individus » pour reprendre le titre d'un ouvrage de Norbert Elias. Cet engagement, répété implicitement ou explicitement, constitue le fil rouge de la doxa macroniste. Il contredit existentiellement toute une sensibilité égalitaire, sidère par son caractère assumé et, prenant à contre-pied une société lassée des mobilisations catégorielles, impose son culot en flattant aussi l'individualisme, cette autre dimension de la sociologie française ...

    La communication du président théorise le mouvement - « En Marche »; illustre celui-ci en suggérant l'exemple de Macron comme modèle de réussite individuelle - les initiales du président « E M » rappellent cette convergence entre le slogan et le leader ; reproduit à satiété ce que le publicitaire Rosser Reeves conceptualisa au milieu du siècle dernier dans la notion de « Unique selling proposition » «ou « proposition unique de vente ».

    Toute la philosophie politique du macronisme vise à promouvoir l'individu, l'individuel, l'individualisme comme moteur de la cohésion sociale. De quoi s'agit-il au fond si ce n'est, au prix d'un raisonnement où le sophisme le dispute à une vision trivialement mathématique du social, de considérer que la somme des réussites individuelles est ce qui soude et fait sens pour la société ... C'est ce parti pris, philosophiquement libéral, que le jeune président promeut à un moment de grande fatigue collective.

    Bourgeoise, individualiste, la politique du jeune chef de l'Etat s'accompagne d'une pratique du pouvoir dont la discrétion frôle la méfiance et l'obsession du secret. Réalité que confirme, entre autres, la clause de confidentialité que vient de faire signer à ses collaborateurs le président ...

    À l'instar d'Auguste Comte qui observait que l' « on ne rentre pas dans les cuisines de la science » , Emmanuel Macron exige du pouvoir qu'il se fabrique dans le silence et la pénombre.

    C'est là le troisième pilier de la foi macroniste. Pas de dévoilement inutile : un rideau s'interpose entre la société et le Prince, quand bien même celui-ci orchestrerait avec une régularité de métronome sa présence au monde. La communication du président explicite des valeurs mais conserve cette énigme qui incite à s'interroger, à susciter une fascination implicite par le non-dit qu'elle suggère.

    Communiquer, c'est aussi savoir se taire et ne pas montrer. Le bourgeois est un individu secret . Par nature, par conviction et par intérêt. La métaphore du moment en quelque sorte mais qui ne constitue pas pour autant la vérité de demain.

    L'opinion n'est pas domestiquée, ni conquise ; elle attend. C'est l'expectative d'abord qui se lit dans le regard des Français ...  

    Arnaud Benedetti est professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne, coauteur de Communiquer, c'est vivre (entretiens avec Dominique Wolton, éd. Cherche-Midi, 2016), et auteur de La fin de la Com' (éditions du Cerf, 2017).

  • Enfumage

     

    Par François Marcilhac

     

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    Emmanuel Macron serait-il en passe de réussir son pari et de «  modifier les choses  » en profondeur  ? Pourtant, les sondages, qui valent ce qu’ils valent, c’est vrai, ne semblent pas le confirmer. Et il a beau multiplier ce qu’il croit être de beaux coups médiatiques, notamment à l’international, ou donner dans une prétendue solennité à l’américaine en signant, lundi 30 octobre, de son bureau présidentiel, devant les caméras, entouré de Castaner, le porte-parole du Gouvernement, et de Collomb, le ministre de l’Intérieur, la loi «  renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme  » – il avait fait de même avec la loi de moralisation de la vie politique –, toutes ces pitreries médiatiques ne le font pas progresser dans l’estime des Français qui n’ont pas mis longtemps à percer l’arrogant mépris du personnage à leur endroit. Les médias et le pays légal dans son ensemble ne sont pourtant pas en reste pour faire son éloge. L’enfumage a même dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer s’agissant de la directive européenne sur les travailleurs détachés, dont Macron avait fait du «  durcissement  » son cheval de bataille durant l’été, allant jusqu’à insulter les Polonais. Européiste fanatique, il veut faire de sa politique européenne le grand marqueur de son quinquennat. En l’occurrence, montrer que l’Europe saurait aussi protéger. C’est en gardant en tête cet axe qu’il faut juger sa prétendue victoire sur le sujet. Or, s’il est vrai que, désormais, le travailleur détaché devra recevoir une rémunération égale à celle de ses collègues locaux, selon les termes de l’accord trouvé à Luxembourg le 23 octobre dernier, il ne faut pas oublier que les cotisations sociales et retraites – du salaire différé – seront toujours celles du pays d’origine ou encore que Macron a dû jeter du lest concernant la durée des détachements (non pas six mois, mais douze, voire dix-huit). On dira que ce dernier point est symbolique, puisque en France – deuxième pays d’accueil derrière l’Allemagne –, la durée moyenne d’un détachement est de trente-cinq jours  ? Macron, d’un côté, ne fait donc que dans le symbolique et, de l’autre, n’a rien cherché à obtenir concernant les grosses entreprises du BTP, qui continueront toujours à avoir intérêt à embaucher des salariés qui socialement ne leur coûteront rien et dont ils pourront indéfiniment répéter les détachements. Quant aux transporteurs routiers, pourtant un gros morceau, ils échappent au «  durcissement  » de la directive, alors que le transport routier français a été divisé par trois en quinze ans en raison de la concurrence déloyale des pays de l’Est et des pays ibériques – qui auraient rejoint les premiers si Macron s’était entêté. Enfin, ces mesures entreront en vigueur, après l’accord du Parlement européen, au plus tôt en… 2022  ! Et la création d’une «  autorité européenne du travail  » permettant de contrôler leur application est renvoyée aux calendes grecques au profit d’une coopération administrative entre États… qui n’a jamais fonctionné jusque-là. On comprend immédiatement le caractère pernicieux de cet accord  : invalider dans l’œuf toute nouvelle critique de la directive en prétextant que son durcissement a réglé tous les problèmes. Ce qui est évidemment faux, comme on vient de le voir. Mais le but de Macron – comme de sa fausse opposition, de droite et de gauche, qui ne peut donc le critiquer sur ce point – est d’édifier une Europe sociale à bas coût, sur le modèle allemand dans un premier temps – il l’a explicitement annoncé à la Sorbonne – avant d’imposer une précarité encore plus grande. Alors qu’une vraie politique de protection de l’économie et des travailleurs français aurait été de contester le principe même de cette directive ou d’imposer, par exemple, sur les chantiers, la clause Molière. Mais Macron ne pense pas français. Macron thinks European

    Pour en finir avec le tirage au sort

    Les nouvelles mesures annoncées ce 30 octobre par le Gouvernement pour mettre fin au scandale – notamment l’ubuesque tirage au sort – de l’inscription des néo-bacheliers dans le premier cycle universitaire participent du même enfumage. Elles ont beau constituer pour le Premier ministre «  une réforme profonde du premier cycle universitaire  » assortie d’«  un contrat pédagogique  », elles trahissent le piège dans lequel se trouve pris tout gouvernement qui n’entreprendra pas une refonte totale du système. D’ailleurs, Édouard Philippe d’ajouter piteusement, comme pour plaire à tout le monde – et on sait que dans ce cas, on ne plaît à personne  : «  Je n’ai pas et je n’ai jamais eu peur du mot sélection, mais ce n’est pas ce que nous proposons. L’objectif n’est pas que l’université dise non. Dans la plupart des cas, elle dira oui, et dans certains cas elle dira oui si.  » Et les organisations étudiantes et lycéennes d’appeler à une mobilisation le 16 novembre contre une sélection qui ne dirait pas son nom, le «  oui si  », voire un «  non  » rarissime pour des potaches qui n’auraient décidément pas le profil des études envisagées leur paraissant encore trop sélectif. Mais comment leur donner tort  ? Et oublier que l’entrée à l’université est déjà soumise à une sélection, qui a pour nom, précisément, le baccalauréat, qui est non pas, comme on le croit ordinairement, un examen de fin de cycle mais le premier grade universitaire  ? Aussi le pouvoir se trouve-t-il coincé par plusieurs décennies de démagogie ayant abouti à priver le bac, désormais donné à tous, de sa raison d’être. Pourtant, dès les années 1970, le sociologue Raymond Boudon, dans L’Inégalité des chances, avait montré le caractère pervers, pour les élèves les plus défavorisés, de la massification des diplômes, qui les prive de toute valeur. Aussi les mesures prévues – outre le «  oui si  » des universités, un dispositif spécifique pour les filières en tension, l’avis des professeurs de terminale, la nécessité d’un prérequis pour les étudiants ayant reçu un avis sous condition ou encore des stages de prérentrée ou des cours renforcés (donnés par qui, où, avec quel argent  ? ) – seront-elles inefficaces et coûteuses tout en ne faisant qu’aggraver la situation, puisque Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, a annoncé que 500 millions d’euros seraient investis dans le but de créer de nouvelles places dans les filières les plus demandées par les étudiants, sans même que soit étudié le besoin social et économique auquel répondent ces filières. Comme si c’était à la société – l’université étant gratuite en France – de financer des études dans des filières dont le seul débouché est le chômage.

    Une impasse républicaine

    Oui, le pouvoir est coincé  : soit il restaure le bac dans sa plénitude de premier grade universitaire, ce qui impliquerait de le rendre à nouveau sélectif et de ne plus le donner à 80  % d’une classe d’âge, soit il en fait un simple diplôme de fin de cycle, et autorise les universités à organiser leur propre sélection. Avec la fac pour tous, nous sommes aujourd’hui dans le pire des scénarios, celui qui refuse tout sélection, la fac servant seulement à soulager Pôle emploi. Mais quelle serait l’acceptabilité sociale d’une de ces deux réformes auprès des familles, alors même qu’avoir le bac, et donc entrer à l’université, est devenu un droit  ? Et que faire des jeunes qui seraient refoulés  ? On voit bien qu’il faut reprendre le problème de l’orientation dès le collège… et celui de l’apprentissage des fondamentaux, parfois ignorés des étudiants de première année, dès l’école primaire. Tout en prévoyant des filières professionnelles valorisantes… Mais comment la République, qui repose sur le mythe incapacitant de l’égalité, pourrait-elle entreprendre une telle refonte  ?