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Actualité France - Page 324

  • La croix interdite

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Ainsi le Conseil d’État a ordonné la modification de la statue de Jean-Paul II, qui est installée sur une place de la commune de Ploërmel dans le Morbihan. Il faudra donc retirer la croix qui surplombait cette statue représentant le Pape. La dite statue étant sauve. Cette décision intervient après tout un parcours judiciaire. C’est d’abord le tribunal administratif de Rennes qui avait enjoint le maire de Ploërmel de retirer le monument de son emplacement. Entendez le monument dans son ensemble, pas seulement la croix. Après appel auprès de la cour administrative de Nantes, l’arrêt de Rennes avait été annulé. C’est donc le Conseil d’État qui avait été saisi pour arbitrer en dernière instance, et on pourrait dire qu’il a coupé la poire en deux, ne satisfaisant personne : ni les plaignants, à savoir la fédération de la Libre Pensée et deux habitants de la commune, ni le maire solidaire de sa municipalité et d’une grande partie de la population qui n’a nul désir de voir mutiler un monument qui s’est inscrit dans le paysage local.

    Et voilà que cette affaire prend une dimension internationale : la Pologne, patrie natale de saint Jean-Paul II s’est émue en apprenant la nouvelle. Mme Szydlo, Premier ministre, a déclaré que « le gouvernement polonais tentera de sauver de la censure le monument de notre compatriote, et nous proposerons de le transférer en Pologne, en cas d’accord des autorités françaises et de la communauté locale ». Et d’ajouter : « Notre grande compatriote, un grand européen est un symbole de l’Europe chrétienne unie. Le diktat du politiquement correct – de la laïcisation de l’État – laisse la place à des valeurs qui nous sont étrangères culturellement et qui servent à terroriser la vie quotidienne des européens. »

    Le moins qu’on puisse dire est qu’à Varsovie on n’a pas du tout la même conception de la vie publique que chez nous et que le concept de laïcité, tel qu’il est reçu en France, est incompris là-bas. Mais était-il utile de provoquer une telle querelle ? L’interdiction de la croix à Ploërmel prélude-t-elle à la suppression de toutes les croix qui se dressent un peu partout dans notre pays ? Trop de rigueur procédurale ne sert sûrement pas la paix civile que la laïcité est censée protéger.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 octobre 2017

  • Sur la dangerosité sociale et politique intrinsèque de l'ultra gauche ...

     

    1417414836 - Copie.jpgLe commentaire de Gilbert Claret

    Notre article d'hier lundi « Décryptage : Le président d'Action Française Provence écrit au préfet de police des Bouches du Rhône » a donné lieu au commentaire de même date, qu'on va lire. Il nous a paru intéressant de le publier. Il révèle aussi le mal que peut faire la partialité des médias et la capacité de quelques-uns à imposer à tous la diffusion d'informations absolument fausses. En tout cas, merci à l'auteur de ce commentaire qui contribue à rétablir la vérité. L’Action française n’a jamais cautionné le terrorisme ! LFAR   

     

    J'ai lu avec attention l'article de LFAR ainsi que la lettre adressée récemment par le président de l'Action française Provence au préfet de police des Bouches du Rhône. [ndlr : nous avons simplement rétabli ici les titres des deux personnes concernées].

    Lorsque cette affaire de soupçon de préparation d'attentat terroriste à Marseille a été annoncée il y a quelques semaines à la radio et plusieurs fois répétées par les médias sur les ondes et le net, j'ai été interpellé et troublé par l'indication que les présumés terroristes seraient liés à l'extrême droite et nommément à l'Action française, pour le coup assimilée à l'extrême droite.

    Je suis bien heureux d'apprendre par votre article que l'Action française n'a rien à voir avec cette affaire dont ne sait d'ailleurs rien de précis si ce n'est qu'elle a permis un effet d'annonce à sensation. 

    Mais entre-temps, le dommage à la réputation de l'AF a été fait et a pu prospérer dans la tête des gens. Espérons que la presse sérieuse mettra les choses au clair rapidement mais il en restera toujours quelque chose de négatif dans l'esprit de nombreuses personnes. Je ne suis pas membre de l'AF mais je n'ai pas de préjugé hostile à son égard. Royaliste de cœur et de raison, je n'aime pas l'idée que cela peut faire de vous un suspect de sympathie pour l'extrémisme violent avec tout ce que cela implique comme effet répulsif aux yeux des braves gens.

    Cette affaire démontre une fois de plus la dangerosité sociale et politique intrinsèque de l'ultra gauche par sa violence avérée et son absence de scrupule à le faire savoir, et il est consternant de constater que finalement le pouvoir qu'il soit de droite ou de gauche ou en même temps les deux à la fois, semble protéger sinon tolérer les agissements délictueux et criminels de ses membres. Effarant et édifiant.  

    Lire l'article et les autres commentaires ...

    Décryptage : Le président d'Action Française Provence écrit au préfet de police des Bouches du Rhône

    Lire aussi l'article du Monde [17.10.2017] où l'A.F. est correctement distinguée de l'ultradroite.

  • Décryptage : Le président d'Action Française Provence écrit au préfet de police des Bouches du Rhône

  • « Balancer » pour « balancer » visons les bonnes personnes !

    Patrick Cohen - Sandra Muller 

     

    En deux mots.jpgL'immense campagne « Balance ton porc », vulgaire, avilissante, dégradante pour un peuple de vieille civilisation comme le nôtre où les femmes et les hommes s'honorent et se respectent mutuellement depuis toujours, semble nous être venue d'Amérique. 

    Mais elle a été frénétiquement - ce n'est pas trop dire - reprise par les médias et l'ensemble de ce qu'il est encore convenu de désigner sous le nom d'élites. Quel genre d'élites d'ailleurs pour assumer de telles grossièretés ? Elles sont à plaindre autant qu'à blâmer. Elles ne méritent que rejet et mépris. A leur égard, l'irrespect s'impose.

    Elles y ont droit de fait car l'inconvenance du slogan et la frénésie une fois de plus unanime de tout ce qui, en France, a voix au chapitre et capacité à conditionner l'opinion, a assez rapidement soulevé un tollé d'une rare ampleur. Nous en avons lu des manifestations de toutes parts et de toutes tendances. Une réprobation, une exaspération et un dégoût largement partagés. Preuve qu'il reste en France des traces sans doute ineffaçables de bon goût. Et que la bassesse y est assez spontanément rejetée.

    Pourquoi a-t-on soudainement orchestré de part et d'autre de l'Atlantique une campagne à la fois si intense, si vaine, et si ridicule ? Ce n'est pas d'aujourd'hui en effet qu'il se trouve dans nos sociétés déchues non pas des porcs à balancer, car ces animaux se comportent rarement aussi mal que certains humains, mais des hommes - et d'ailleurs aussi des femmes - dont les actes dans la vie courante ne sont plus gouvernés par la juste raison, la normalité, les convenances, la politesse ou la pudeur, mais par ce qui les meut au-dessous de la ceinture, comme le dit le pape François ...

    Retour en force du féminisme, des Gender Studies, des tenants de toutes les formes de décomposition sociétale ? Peut-être celles justement qui se préparent chez nous, qu'il faut à toute force faire avancer ? Offensive contre la part encore masculine, dite machiste, de nos sociétés ?

    Ou bien encore, volonté de faire passer au second plan des sujets plus graves, français et / ou internationaux ?

    Les lecteurs de Lafautearousseau exerceront s'ils le veulent leur sagacité, pour rechercher ce qui se cache derrière ces lubies médiatiques et dans la cervelle de nos prétendues élites.

    On a passé bien du temps l'autre dimanche au soir, au palais de l'Elysée, à disserter sur le fait que le président de la République ait fustigé ceux (celles et ceux ?) « Qui foutent le bordel », comme s'il n'y avait rien de plus sérieux à lui reprocher... Que pour une fois Emmanuel Macron ait parlé comme tout le monde choquait parait-il les journalistes et quelques bobos germanopratins.

    De qui se moquait-on ? Dans les médias, la parole est-elle si prude, le propos toujours élégant et châtié, le discours d'une grande élévation ? « Rions, rions » eût dit Montherlant. La grossièreté et pis, la vulgarité, sont au contraire monnaie courante à la radio comme à la télévision., Par exemple sur France Inter où Charline Vanhoenacker, Alex Vizorek et leur bande nauséabonde, s'y adonnent soir et matin, et même la nuit, sous prétexte d'humour ... Humour tarifé le plus souvent très sot, très sale, scabreux même, très orienté... Et très prétentieux. Qui nous dira ce que gagnent ces gens-là, que nous payons de nos deniers pour dégoiser justement leurs ... cochonneries ?

    « Balance ton porc » est bien dans leur manière : ordinaire, vulgaire, sale. Ce devrait être leur devise, leur marque de fabrique. Et au fond, les braves gens, les Français quelconques, les gens normaux pourraient bien la leur appliquer. 

    « Balance ton porc » ? Balance tous ces gens-là ? En Français trivial, on dirait chiche !  

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Instants d'intelligence et de plaisir avec Elizabeth Lévy sur et à propos de France Inter et de ses « humoristes » 

     

    Elisabeth Lévy était l’invitée de « L’Instant M » de France Inter hier matin. Elle s’est expliquée de ses propos tenus dans l’émission « Salut les Terriens » de Thierry Ardisson, dans laquelle elle regrettait que les humoristes de la radio publique soient devenus « les chiens de garde de la pensée unique ».

     

    « L’Instant M » présenté par Sonia Devillers 

     

    Mardi, Alex Vizorek, l’un des amuseurs de la station qui officie également dans l’émission de Thierry Ardisson, s’était senti visé. Visiblement, le comique belge a mal pris le fait que son employeur télévisuel ait donné raison à Elisabeth Lévy lorsqu’elle déplorait le panurgisme des humoristes d’Inter.

     

     

    Pincé, il s’en est pris à la directrice de Causeur : 

    Lafautearousseau recommande la lecture de Causeur ...

    Causeur

  • Danger

     

    PAR HILAIRE DE CRÉMIERS

     

    maxresdefault.jpgL'homme qui est à la tête de la France, n'aime pas son pays. Au mieux, il fait semblant. Pour lui, la France est une nation dépassée. L'Europe seule compte dans son esprit. Il ne cesse de le dire. « Je suis venu vous parler d'Europe, a-t-il déclaré à la Sorbonne. Encore, diront certains. Ils devront s'habituer parce que je continuerai. Et parce que notre combat est bien là, c'est notre histoire, notre identité, notre horizon, ce qui nous protège et ce qui nous donne un avenir. »

    Voilà ce que pense le président de la France. Et il suffit de l'écouter pour se rendre compte que déjà, dans sa conception, la France n'existe plus en tant que nation ; elle n'est plus qu'un legs du passé. Peu lui chaut que les industries françaises disparaissent. Pour lui l'échelle nationale est devenue obsolète et inefficace ; il n'y a plus rien à faire à ce niveau. C'est sa conviction profonde. « La bonne échelle, dit-il, c'est l'échelle européenne ». Tout est dit. Qu'importe qu'Alstom soit récupéré par Siemens. Au contraire ! Il n'y voit aucun inconvénient. Comprenons bien : l'histoire de France, c'est aussi bien l'histoire de l'Allemagne que l'histoire des autres peuples d'Europe. Le seul mal qui les a entachés, c'est le nationalisme. L'identité est commune, commun l'horizon. Tous les programmes qu'il définit à longueur de discours, n'ont de sens que dans ce cadre européen, voire mondial. Il ne conçoit de développement que dans cette vue. Pourquoi des réformes institutionnelles en France ? Pour mieux l'intégrer dans l'Europe, pardi ! Pourquoi des réformes institutionnelles en Europe ? Pour mieux la renforcer et la doter de toutes les prérogatives de la souveraineté !

    Il se dit l'héritier des pères fondateurs. Il en a l'esprit, affirme-t-il ; il veut rompre avec les frilosités et les peurs. Il n'a qu'un ennemi multiforme et qu'il ose nommer : « nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli... ». Il se voit à la tête d'un grand mouvement libérateur ; il anticipe les prochaines élections européennes ; il donne des dates. Tout doit être achevé en 2024. La nouvelle gouvernance européenne sera en place, pense-t-il ; les grands projets, du numérique à la transition écologique, des nouvelles dispositions européennes sur l'enseignement aux techniques les plus avancées du travail, seront dans leur vitesse de croisière ; et la France se sera enfin mise à l'heure de l'Europe. Macron aura rempli son rôle. Il lui restera sans doute à assumer la suite : il n'est pas difficile de deviner de quoi il s'agit. Car il faut bien présider, n'est-ce pas ?

    Le problème, c'est que rien ne se passe comme prévu. Macron aime se comparer à Napoléon. Et, en effet, il a le même défaut. Bainville écrit dans son remarquable Napoléon : « On voit l'idée naître, grandir, s'emparer de l'esprit de l'empereur jusqu'à ce que, selon un penchant qui s'aggrave chez lui, il regarde comme fait ce qui peut et doit se faire puisque sa raison l'a conçu ». Il s'agit de la campagne de Russie. Macron raisonne en politique de cette même façon et, lui, depuis le début ! Il s'obstinera, il le dit. C'est là le danger, le grand danger.

    Les Allemands ont voté ; l'Allemagne n'est plus la même. Macron rêve d'un traité de l'Élysée renforcé quand il n'y a déjà plus de couple franco-allemand. Macron s'imagine que l'Angleterre - il l'a dit - allait revenir dans l'Europe quand le Brexit va devenir définitif. Macron fustige les nations quand l'Espagne se bat pour survivre et que l'Europe attise les divisions. En un mot, Macron est en pleine utopie, comme tous ses prédécesseurs mais plus qu'eux encore, s'imaginant résoudre les impossibles problèmes de leur République en les projetant dans une Europe idéale qui n'a. jamais existé et qui existera de moins en moins. Terrible vérité politique : Macron, sentant la légitimité de son pouvoir déjà se dérober sous ses pieds, part en quête obsessionnelle d'une légitimité « autre », nouvelle, grandiose, imaginée dans un « ailleurs » qu'il façonne en idéal rationnel et enthousiasmant. Patatras ! Le revers sera cinglant. Fasse le ciel que le pire ne survienne pas !

    À quand le chef de l'État dont la légitimité sera suffisante pour n'avoir à aimer, d'abord, que la France. Les autres aussi, mais après.

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    Le couple franco-allemand s'éloigne ... Et l'Europe avec lui 

  • Le couple franco-allemand s'éloigne ... Et l'Europe avec lui ...

     

     

    En deux mots.jpgCertes l'effondrement de l'URSS il y aura bientôt 30 ans a bouleversé sinon l'ordre, du moins les équilibres du monde. Mais de ce bouleversement est née aussi une nouvelle Allemagne - sous des jours nouveaux l'Allemagne d'avant-guerre - et cela nous semble un second fait majeur.

    Il n'est pas inutile de s'y attarder, si l'on veut tenter de comprendre quelle est aujourd’hui la nature, non pas officielle, non pas rêvée, mais réelle, des rapports franco-allemands. Vieille question au fil des siècles, pour la France. Et de nos jours pour l’Europe elle-même.

    La jeune génération peine aujourd'hui, et c'est normal, à imaginer ce que fut la guerre froide, la menace d'invasion soviétique sous laquelle vécut alors l'Europe de l’Ouest, le périlleux équilibre de la terreur nucléaire, et la subversion qui émanait continûment de l'Union Soviétique et s’infiltrait dans les démocraties occidentales. Accessoirement aussi de la Chine de Mao.  

    A la menace soviétique, c'est l'Allemagne qui était la plus exposée, elle qui en eut le plus conscience et le plus à craindre. Même s'il n'eût fallu que quelques heures aux chars russes pour traverser son territoire, passer le Rhin et entrer dans Strasbourg...

    Mais ce détestable système avait fini par installer une sorte d'ordre mondial. Son écroulement aux alentours de 1990, devait être un événement considérable et l'on en eut assez vite, l'on en a encore, pleine conscience. Les conséquences n'en furent pas toutes positives : les Américains se crurent pour longtemps - ou même pour toujours - les maîtres du monde. 

    On a moins commenté, moins évalué, moins accordé d'importance à cet autre événement aux conséquences considérables, au moins à l'échelle européenne, que fut la réunification de l'Allemagne en 1989. Nous nous sommes habitués à sa forme actuelle, qui nous semble naturelle, sans nous rappeler que l’Allemagne a vécu divisée, brisée par le rideau de fer qui la coupait en deux, en deux Etats, pendant quasiment toute la seconde moitié du XXe siècle, l'après deuxième guerre mondiale. L'Allemagne à laquelle nous sommes maintenant confrontés n'est plus la même et nous n'avons pas encore vraiment pris la mesure de ce changement.

    Bundesarchiv_B_145_Bild-F015892-0010,_Bonn,_Konrad_Adenauer_und_Charles_de_Gaulle.jpgDe Gaulle disait volontiers de l'Allemagne de son temps qu'elle avait "les reins cassés". Elle était amputée des cinq länder de l'Est, de 110 000 km2, près du tiers de son étroit territoire actuel (à peine 357 000 km2), et de 17 millions d'Allemands. L'Allemagne de l'Ouest, sans la Saxe, la Thuringe, le Brandebourg, était rhénane, sa capitale était à Bonn, au bord du Rhin, et Konrad Adenauer, son vieux chancelier, avait été, avant-guerre, maire de Cologne, capitale rhénane s'il en est. Avec cette Allemagne-là, vaincue mais déjà renaissante, prospère et bourgeoise, avec Adenauer, De Gaulle n'eut pas de peine, autour de 1960, â sceller la réconciliation franco-allemande qui s'imposait après un siècle de guerre. Les deux vieillards en inventèrent les symboles et le traité de l'Elysée la formalisa. Bien qu'il ne fût pas sans ambigüités et qu'il y eût déjà de notables disparités entre l'Allemagne et la France, sur le plan de leur population comme de leur économie - l'industrie et l'agriculture françaises étaient alors florissantes - le couple franco-allemand était équilibré. 

    Cet équilibre a été rompu par la réunification. De Gaulle savait qu'elle ne manquerait pas de se faire. Vingt ans devaient passer après sa mort : les cinq ans de la présidence interrompue de Georges Pompidou, le septennat de Valéry Giscard d'Estaing et le premier mandat de François Mitterrand. C'est au début du second que l'on vit assez soudainement tomber le mur de Berlin et s'effondrer la RDA, sans que Moscou ne bouge. L'Action française avait toujours dit que Moscou détenait les clés de la réunification allemande. Et Moscou la laissa se faire, livrant sans sourciller ses amis, les dirigeants du régime communiste de Pankoff, à leur triste sort. Les poubelles de l'Histoire, l’oubli. François Mitterrand s'émut, s'effraya même, dit-on, de cette réunification en train de s'opérer, dont il voyait bien qu'elle affaiblirait la position de la France en Europe. Il tenta de s'y opposer, de concert avec Margaret Thatcher. Il était dans la nature des choses, sans-doute, que ce fût peine perdue. Faute de n'y rien pouvoir, l'on s'y résigna à Londres comme à Paris. Restait à l'Allemagne à digérer l'Est, exsangue, ruiné, avec une économie, des infrastructures, hors le temps et hors d'usage. Helmut Kohl fut l'homme de la réunification, de la reconstruction et de la remise à niveau de l'Allemagne de l'Est, effort gigantesque, de pure volonté politique, revanche sur la défaite et sur l'Histoire, clair effet du sentiment national allemand. L’Europe n'eut rien à y faire, rien à y voir. Les sacrifices que les Allemands de l'Ouest durent consentir pour réhabiliter les länder de l'Est, en langage simple se serrer la ceinture, ne furent pas, ici ou là, sans quelques grincements de dents et récriminations, mais, quels qu'ils fussent, le sentiment national allemand, en définitive, joua à fond. La solidarité interallemande ne fit pas de question, quand la solidarité de l'Allemagne fut refusée, plus tard, à la Grèce, ou quand elle l'est aux pays du Sud, dits du Club Med, par les épargnants et les retraités d'Outre-Rhin. L'intégration et la reconstruction de l'Allemagne de l'Est fut menée à l'allemande, rondement, massivement, relativement vite, s'agissant d'une entreprise considérable et sans-doute, après presque trente ans, peut-on considérer sa mise à niveau comme achevée, encore qu’à maints égards, l'ex Allemagne de l'Est reste différente, et se souvient, parfois avec certains regrets - maints observateurs en sont surpris - du temps où elle était communiste. 

    Pourquoi nous remémorer ainsi ces faits d'Histoire récents ? 'Bien-sûr pour nous éclairer sur ce qui a forgé l'Allemagne d'aujourd'hui, ce qui la structure socialement et politiquement.

    Réunifiée et reconstruite, nous avons affaire à une Allemagne qui n'est plus celle d'Adenauer, Ludwig Erhardt ou Helmut Schmidt.  Sa capitale n'est plus à Bonn mais à Berlin ; son centre de gravité s'est déplacé vers l'Est et vers de vastes territoires centraux, eux aussi sortis - mais pauvres - du communisme, réservoirs de main d'œuvre à bon marché et d'unités de production utilisables ; la population de l'Allemagne n'est plus, comme hier, grosso modo celle de la France, qu'elle dépasse aujourd'hui de 15 millions (81 contre 66) ; quant â son économie, qui fut, il n'y a pas si longtemps, elle aussi défaillante - avant les réformes Schroeder -  elle a désormais sur l'économie française, une criante supériorité. L'on connaît bien les quelques paramètres qui permettent d'en prendre la mesure : Le taux de chômage allemand autour de 5%, le nôtre au double ; son budget excédentaire (24 milliards en 2016) quand celui de la France reste en déficit de 3% ; mais plus encore,  le commerce extérieur français qui se solde par un déficit de 50 milliards, tandis que celui de l'Allemagne dégage un excédent de 250 milliards  (2016) soit un différentiel de 300 milliards (3 400 milliards cumulés pour les dix dernières années !). Encore faut-il prendre en compte le nombre d'entreprises de taille intermédiaire (TPI) qui est en Allemagne le triple du nôtre, formant un puissant tissu industriel qui fait de l'Allemagne le premier exportateur mondial, devant l'énorme Chine ! 

    Avec de tels écarts, le couple franco-allemand n'en est plus un. Il s'est mué en simples rapports de vassalité, où les conflits d'intérêt réels remplacent peu à peu les apparences d'une relation de couple. De sorte que, comme la pérennité de ce dernier est en effet indispensable à la poursuite du projet européen, jamais l'Europe rêvée naguère n'a été aussi éloignée du champ des possibles. En position dominante, l'Allemagne n'a nulle intention de renoncer à une once de sa souveraineté.

    Faut-il lui reprocher son insolente réussite ou plutôt à la France d'avoir décroché, d'avoir sacrifié son industrie au mondialisme, de l'avoir délocalisée à tour de bras, d'avoir détruit son agriculture qui pourtant a tout pour être la première en Europe ? Au reste, l'Allemagne a ses propres problèmes, ses propres faiblesses, qui ne sont pas minces du tout. Si son industrie triomphe, sa démographie s'écroule ; de ce point de vue, l'Allemagne s'effondre sur elle-même et cela augure mal de son avenir ; avec 25% de retraités, elle n'est plus un peuple jeune.  Il n'est de richesses que d'hommes : on ne les remplace pas par des excédents monétaires ni, durablement, par des flux massifs de migrants. A bien des égards, après avoir sacrifié beaucoup à la compétitivité de ses entreprises - avec quel succès ! - l'Allemagne vieillit même dans ses infrastructures et cela se voit, s'éprouve, on ne pourra pas les laisser vieillir indéfiniment ... Il faudra bien investir, lancer de grands travaux. Les sacrifices salariaux ne seront peut-être pas, non plus, acceptés éternellement, même si l'appel aux migrants fait, ici comme ailleurs, pression à la baisse sur les salaires. Il n'est pas sûr, surtout à l'Est, que les équilibres sociaux soient indéfiniment maintenus en Allemagne. Une certaine renaissance du sentiment national allemand face à la politique européenne et migratoire d'Angela Merkel - pas seulement du fait de l'AfD mais surtout de sa nécessaire alliance avec les Libéraux eurosceptiques - peut très bien se conjuguer à une résurgence de la revendication sociale. 

    Ainsi, sans rupture ni inimitié, le couple franco-allemand comme moteur de l'Europe s'éloigne par la force des choses. Après le départ britannique, l'Allemagne est bordée aujourd'hui d'Etats résolus à défendre leur souveraineté et leur identité, face à Bruxelles, Berlin ou même Paris. Et l'Autriche vient de les rejoindre. Quant à la France, plutôt que de se divertir dans des rêveries procédurales de refondation de l'Europe, dont elle n'a pas à elle seule le moindre moyen, le plus sérieux, sinon le plus facile ni le plus immédiat, serait de travailler à reconstruire sa souveraineté, c'est à dire sa puissance. Economique, morale et politique. Cela pourrait lui prendre dix ou vingt ans. Ce serait le meilleur service qu'elle pourrait rendre à l'Europe.  

    P.S. On voudra bien nous excuser d’avoir outrepassé les intentions de brièveté de cette chronique. Nous voulions traiter de ce sujet avec quelque détail.

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Commémorer Mai 68 ?

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Ainsi le Président de la République entend commémorer Mai 68 ! Étrange idée, car si l’on garde à l’esprit que Mai 68 consista en un gigantesque happening il n’y a pas de meilleure façon de le tuer que d’en faire une commémoration officielle. Je sais bien qu’Emmanuel Macron n’ira pas déposer une gerbe de fleurs rue Gay Lussac, en souvenir des célèbres barricades qui s’y dressèrent. On n’assistera pas non plus à un défilé, drapeau rouge ou drapeau noir en tête, des glorieuses brigades de lanceurs de pavés sur les Champs Élysées. On ne songera sûrement pas à embraser symboliquement la place de la Bourse pour rappeler la tentative d’incendie opérée par quelques enragés. Alors que fera-t-on ? Je lis qu’à l’Élysée, on aurait des intentions plus subtiles, puisqu’il s’agirait de « réfléchir sur ce moment et en tirer les leçons qui ne soient pas “anti” ou “pro” mais tiennent compte de ces événements dans les mentalités actuelles. Car, ajoute-t-on, 68 fut le temps des utopies et des désillusions, et nous n’avons plus vraiment d’utopies et avons vécu trop de désillusions. »

    En ces termes, il y a peut-être quelque chose à envisager, mais cela nous renvoie plutôt à un vaste colloque à la Sorbonne, un peu prédestinée à un tel usage, puisqu’elle fut le lieu d’une étonnante effervescence en Mai 68, avant d’être reprise par les forces de l’ordre. Mais je vois mal un tel projet réalisé ailleurs. À l’Élysée ? Ce serait une première ! Mais un peu de patience pour en savoir un peu plus…

    Reste, quand même, le problème de fond. Mai 68 divise, la perspective d’une commémoration produit déjà des protestations véhémentes. Henri Guaino, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, y voit « la matrice du nihilisme, de la permissivité, de l’individualisme, qui sont au pouvoir aujourd’hui ». On pourrait lui rétorquer qu’il a trop raison, mais parce que ce sont les idéaux de Mai qui ont été trahis. Les soixante-huitards exaltés sont devenus, par la suite, pour l’essentiel, les meilleurs gérants de l’ordre ou du désordre établi. L’analyse peut se développer en bien des directions, comme celle de l’ami Jean-Pierre Le Goff, auteur du meilleur livre sur le sujet, et qui parle d’un « héritage impossible ». Attention, M. Macron, vous vous lancez dans une entreprise hasardeuse…  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 octobre 2017.

  • Prophète de l'Europe

    Il est terrible pour un pays d'avoir pour chef un esprit faux

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

    2840298611.jpgNotre président s'agite : il essaye d'être sur tous les fronts. Partout, ce ne sont que discours, les uns soigneusement préparés, prolixes autant que minutieux, les autres jetés à la venvole comme autant de propos perdus où se glissent des répliques incongrues qui ne révèlent que trop ce que l'homme est et ce qu'il pense.

    DES RÉFORMES. POURQUOI ?

    Il s'exténue et il exténue ses ministres à tenter de résoudre des problèmes, en fait, dans le cadre actuel, sans solution. Il le sait, d'ailleurs, pertinemment. Plus rien de ce dont s'occupent l'État et les pouvoirs publics, ne fonctionne correctement en France. Les premiers à le dire sont les ministres concernés : « le pays est à réparer ». Bravo pour ceux qui sont passés avant !

    Des mesures sont prises ; les fameuses ordonnances promulguées ; des lois votées à tour de rôle. Après l'annonce d'une renaissance qui se ferait grâce à la vaste conception d'un programme différent, plus intelligent et mieux adapté que tous les autres, ces mesures, décidées les une après les autres, paraissent quelque peu dérisoires et personne ne comprend ni ne voit quel bénéfice en tirer. Chacun, en revanche, évalue ce qu'il va lui en coûter, particuliers ou collectivités : moins d'aides, voire pour certains beaucoup moins ; moins de revenus ou de recettes, voire beaucoup moins. Inutile ici d'aller dans le détail. Les coups de rabot sur certains secteurs deviennent des coups de hache : emploi, logement, bâtiment, administration des territoires et des collectivités à qui sont retirés 13 milliards au bas mot, industrie, commerce, tout en souffrira.

    On a beau dire, au vu de quelques chiffres, que la situation s'améliore ; le citoyen de base a le clair sentiment du contraire. Les responsables publics savent fort bien, eux, qu'ils ne peuvent plus arriver à faire vivre les communautés, les collectivités, les institutions et les établissements dont ils ont la charge. Si l'on savait au moins à quoi sert l'effort exigé !

    Très joli de dire que la flexisécurité (!) revitalisera le marché du travail et redynamisera l'économie : vient un moment où les mots ne sont plus que des mots. Plus personne n'est content. Groupe après groupe, corps après corps, profesion après profession, tous se retournent contre un président et un gouvernement dont il est permis de se demander s'ils ont encore le souci des Français.

    Leur cote de popularité, paraît-il, remonte ; mais que signifie-t-elle ? Les événements prennent peu à peu une allure tragique : pas seulement à cause des menaces du terrorisme, mais à cause d'un sentiment diffus d'insécurité générale que tout le monde éprouve, nationale et sociale, morale autant que matérielle. Que dire aux Français qui voient démanteler et brader, avec le consentement des plus hauts responsables, leurs plus beaux fleurons industriels, les uns après les autres, dont Alstom est l'exemple-type ? Et sacrifier leur agriculture à l'Europe et aux traités imposés de la mondialisation ? Et livrer leur commerce à un libre-échange aberrant ?

    L'EUROPE SEULE

    Macron, que peut-il ? Que fait-il ? Eh bien, c'est là toute la question ! Il suffit de bien l'écouter pour comprendre ? Il est, au fond, indifférent à la situation française actuelle ; à la vérité, il se considère comme au-dessus. Il s'active, certes, mais il resitue ses actions dans le plan grandiose qu'il a dans la tête et qui, pour lui, est le guide de sa réflexion et de sa vie. Il le dit clairement : les réformes qu'il entame pour la France, ne sont entreprises que pour satisfaire à des exigences futures, premières adaptations qu'il envisage progressivement pour mettre la France d'hier à l'heure de l'Europe de demain. Pas de l'Europe d'aujourd'hui ! De l'Europe de demain dont il a conscience d'être le promoteur attitré et dont il exerce en vertu d'un charisme supérieur la mission prophétique. Entendez-le proférer son oracle sur la Pnyx, devant le Parthénon ! Écoutez-le enseigner son docte savoir à la Sorbonne : il délivre en longues phrases qui se veulent lyriques, son message au nouveau peuple de l'Europe qu'il interpelle pour l'engager sur la voie sublime de l'avenir. Il sait ce qu'il faut à l'Europe ; il le propose ; il va même l'imposer. « La feuille de route », comme il dit, de la nouvelle Europe, celle qui doit la sortir des erreurs du passé récent pour retrouver l'élan des pères fondateurs, est déjà établie. Et par ses soins. Il possède la vision, la vraie, l'intelligente, celle à laquelle tous ne peuvent que se rallier.

    C'est une refondation, mais non bureaucratique et normative. « Ceux qui voudraient fantasmer une identité figée ne savent donc pas quel est le mythe né sur ces rives : celle d'une métamorphose constante... ». Voilà l'idée qui doit stimuler l'imagination ! Rien n'est pire que « le rétrécissement sur les frontières », « le recroquevillement ». L'Europe des chiffres et des techniques y avait cédé, en quelque sorte.

    La souveraineté ne doit plus appartenir aux nations, aux États. C'est à l'Europe nouvelle d'assumer toute la souveraineté qu'il est nécessaire et moral d'arracher aux nationalismes, car le nationalisme est le mal absolu, principe de haine et de division. « Le repli national est un naufrage collectif » ; toute action limitée au cadre national n'est plus, de nos jours, qu'« une absurdité ». Qui ne saisit qu'une réforme institutionnelle s'impose dans la logique de cette conception ? « Il faudra inventer une gouvernance forte qui nous fera souverain, avec un budget de la zone euro, avec un véritable responsable exécutif de cette zone euro et un parlement de la zone euro devant lequel il devra rendre compte. » Et déjà, lance-t-il, « je veux défendre pour les prochaines élections européennes des listes transnationales » !

    Les peuples ne sauraient dire « non » ; sinon - et c'est ce qui est arrivé - les dirigeants sont obligés de manoeuvrer dans l'hypocrisie. Pas de référendum donc, mais de la pédagogie : « Que partout où les dirigeants choisiront de suivre cette voie, et je le souhaite avec ardeur, dans chacun des États membres, nous puissions pendant six mois (le premier semestre 2018 !) organiser des consultations, des conventions démocratiques qui seront le temps durant lequel partout dans nos pays nos peuples discuteront de l'Europe dont ils veulent. ». Et ce sera, bien sûr, l'Europe de Macron ! N'est-ce pas génial ? Ce sera, dit-il, « la vraie démocratie », « la vraie souveraineté », car ses propositions ont toujours cette caractéristiques d'êtres « vraies ». Le reste est fausseté, mensonge, stupidité, incohérence. Les « il faut », les « on doit », les « je veux» rythment ses phrases, toutes impérieuses, qui déroulent son plan implacable et grandiose.

    DU MAUVAIS HUGO

    Et, dans son discours à la Sorbonne, d'énumérer tous les domaines, en insistant sur le numérique, bien sûr, pour faire ultra-moderne, où cette Europe souveraine, enfin démocratique, s'imposera comme la grande puissance du futur. Merveille qui éclairera l'humanité tout entière et d'où rayonneront sur le monde les valeurs de l'Humanité, du Droit, de la Justice et de la Culture.

    Ah ! la culture, comme Macron en parle, quand il évoque cette Europe « plurilinguistique » - eh, oui ! - où tout jeune aura à coeur de parler au moins deux langues ! Lesquelles, au juste, direz-vous ? Le français ? Que bientôt le petit Français ne saura plus ? Vous n'y êtes pas : « Nous sommes, nous, Européens, les habitants de cette improbable Babel que la diversité des langues et des traditions ne cesse d'enrichir et d'enthousiasmer !» Là, Macron fait plus fort que le vieil Hugo dans tous ses délires !

    Pour mener à bien ce projet immense, il jette à la volée des idées qui se traduiront, annonce-t-il, en autant de « chantiers ouverts », « d'autorités » instituées, « d'agences » créées, « d'assises » tenues, des trucs, encore des trucs, toujours des trucs ! L'Europe de la simplification ! Quoi !

    Comme citoyen d'Europe, lui qui se dit « jupitérien », il a cité, avec aplomb, Périclès « l'Olympien» et désigné le Parthénon comme le temple fondateur, oubliant que Périclès, aristocrate défenseur du peuple, n'était guidé que par la seule pensée de la grandeur d'Athènes qu'il mettait au-dessus de tout, et que le Parthénon était le temple de l'unique Athéna, la déesse protectrice de la cité. Rien de plus contraire à toutes ses billevesées. Au mieux, Macron n'est qu'un médiocre Isocrate, prêt à livrer au Thrace, au Barbare, la merveille unique de la civilisation française.

    En vérité, Macron n'est qu'un faux prophète : ses promesses de bonheur se tourneront en malheur ! 

  • Zemmour : « Macron est un moderne. Il ne sait pas que l'Histoire est tragique »

     

    BILLET -  Dimanche 15 octobre au soir, Eric Zemmour a vu du Giscard dans Emmanuel Macron : efficace et technique. [RTL 17.10]

    Ce n'est pas de bon augure. Le septennat délétère de VGE n'est ni pour Zemmour ni pour nous une référence. Nous nous souvenons que lors de son élection à la présidence de la République en 1974, contre le soulagement droitier de l'époque provoqué par la défaite de François Mitterrand, nous avions titré quant à nous à peu près ceci [dans Je Suis Français] : « A compter du 27 mai, l'ennemi s'appelle Giscard ».  C'était à la veille du deuxième rassemblement royaliste des Baux de Provence. Nous n'avons été compris et approuvés que quelques temps après ...   LFAR 

     

     

     Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    Le président Macron répondait dimanche 15 octobre pour la première fois aux questions de journalistes sur TF1. « C'était clair et net. De l'excellent travail. Sans notes et sans bavures. Tout dans la tête et rien dans les mains », analyse Éric Zemmour. « Pendant une heure, on comprenait mieux pourquoi Emmanuel Macron avait tant séduit nos élites, de Jacques Attali à François Hollande. À la fois rapide et limpide. Une Ferrari de l'intelligence à la française », raille-t-il.

    « Il rappelait irrésistiblement aux plus vieux Giscard », constate Zemmour . Il note que « si Macron a les qualités de Giscard, il en a aussi les défauts et les lacunes ». Ainsi « au bout de 50 minutes consacrées à l'économie, on en avait assez d'être à Bercy en compagnie du directeur du Budget ».

    « Comme Giscard, Macron est un moderne, c'est-à-dire qu'il pense que nous sommes dans un âge de l'Humanité où tout se règle par l'économie et le droit. La négociation et le deal », ajoute Éric Zemmour : « On songeait encore à Giscard et à la fameuse sentence de Raymond Aron sur l'ancien président : il ne sait pas que l'Histoire est tragique », conclut-il.  

    Éric Zemmour

  • Société • Une émancipation ratée ?

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgÉtonnante civilisation de la communication qui est la nôtre ! L’extraordinaire vitesse de l’information et la réactivité qui lui correspond dans les réseaux sociaux nous font vivre à un rythme effréné, avec un risque d’ensauvagement. Je reprends ce terme à Maxime Tandonnet qui, dans une chronique du Figaro, s’inquiète à juste titre des phénomènes de meute qui aboutissent à de véritables lynchages médiatiques. Dans son registre à elle, Élisabeth Lévy, la directrice du magazine Causeur, s’inquiète également du même phénomène à propos du scandale hollywoodien qui fait fureur en ce moment. Il est vrai qu’elle n’a pas peur des provocations à contre-courant. Il y a deux ans, elle publiait déjà un dossier sur « la terreur féministe », expression qu’elle modérait au demeurant en expliquant qu’elle était d’ordre psychologique.

    On s’indignera sans doute de cette critique de la terreur, dès lors que la cause des femmes semble totalement légitimée par un scandale évident et les révélations qu’il provoque en fait de violences sexuelles envers les femmes. Mais le problème est de savoir si les phénomènes de meute et l’échauffement idéologique qui se produit sont vraiment capables de nous sortir d’une situation d’évidence pathologique. Lorsque l’éditorialiste du Monde écrit que la seule application de la loi ne suffira pas à endiguer ce type de violence, on ne peut que l’approuver, mais lorsqu’il ajoute que le vrai problème c’est de promouvoir « l’intolérance au sexisme », on voit l’idéologie pointer son nez et on est en droit de formuler sinon son désaccord, du moins ses réserves.

    Le féminisme a pu rendre des services, mais il a aussi montré ses limites, et le néo-féminisme, qui sévit aujourd’hui, n’a rien arrangé. On nous avait pourtant assuré qu’une révolution définitive s’était produite avec les années soixante, qui mettait fin à l’ère patriarcale. À constater que les pires obscénités sexistes sont proférées aujourd’hui dans les cours de récréation, comme ce ne fut jamais le cas autrefois, on se dit qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Et même quelque chose de pourri au royaume de l’émancipation contemporaine.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 octobre 2017

  • Médias & Société • Le porc et l’hystérique : l’échec de la révolution sexuelle soixante-huitarde est consommé

     

    Par Véronique Hervouët

    Cette chronique est une fine analyse des phénomènes médiatiques et sociétaux dont nous sommes en ce moment assommés avec le très vulgaire et dégradant slogan dont il est question ici [Boulevard Voltaire, 21.10].  Précisons que les « mœurs archaïques des sociétés traditionnelles » évoquées dans cet article ne se rapportent sûrement pas aux nôtres, dans lesquels les rapports hommes-femmes ont - en France - pour usage la galanterie et se fondent , plus anciennement, sur l'amour courtois.   LFAR

     

    8fe6f36f4b35b99c55433011fb3e483c.jpegL’affaire Weinstein c’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Ce qui est nouveau, c’est que les prétendues élites, dans les alcôves desquelles se passent ces petites affaires, jouent les vierges effarouchées et que les médias qui s’en font les porte-parole posent en modèles de haute vertu scandalisés… Une vaste hypocrisie au regard de la corruption notoire des mœurs dans les milieux où se cotoient le show-biz, les arts officiels et le pouvoir. Mais pas seulement. À des degrés et dans des styles divers, tous les milieux sont concernés. Hier, dans la presse, une universitaire a parfaitement épinglé l’ordinaire de ces pratiques dans son milieu professionnel, non sans pointer avec beaucoup de justesse certaine duplicité féminine et même l’adhésion de nombre de femmes à ce « dispositif promotionnel ».

    
Une histoire vieille comme le monde, que la promotion canapé… Aussi indigne soit-elle, on peut se douter que la vertu n’est pour rien dans cette dénonciation subite, tonitruante. Plutôt y verra-t-on une cristallisation de symptômes qui signent la fin ultime de la fameuse « libération sexuelle » soixante-huitarde. Sous l’influence du désenchantement, issu de son échec, pointe la lassitude d’être soi, l’envie de devenir autre… d’inverser les dominations !

    Les frustrations des « femmes d’en haut » (terminologie employée par Nathalie Saint-Cricq lors de « L’Émission politique » du jeudi 19 octobre) s’engouffrent dans la brèche pour imposer leur loi aux « mâles blancs dominants » qui s’empressent de se battre la coulpe et de déclarer forfait. 

    Ceci au moment même où la virilité et la combativité des hommes seraient vitales pour s’opposer à la régression vertigineuse du statut féminin, celui des « femmes d’en bas » (pour commencer…) qui subissent les violences des mœurs archaïques des sociétés traditionnelles, se multipliant de façon exponentielle au gré de la submersion migratoire. 

    Weinstein, qui n’est ni le seul ni le dernier des gros boss à pratiquer sans scrupule la promotion canapé, n’est qu’un bouc émissaire de haut vol et le détonateur ad hoc pour changer de paradigme. Il a suffi d’une dénonciation d’actrice pour entraîner les suivantes et entamer la procédure sacrificielle. Les starlettes (jusqu’alors promptes à se précipiter à demi nues devant les murs promotionnels et autres escaliers de festivals), les journalistes et les femmes politiques se bousculent soudain, avec des trémolos de patronnesses, au tourniquet victimaire, nouveau faire-valoir médiatique de leur puissance, de leur séduction…  

    Anticipant de quelques semaines ce retour tonitruant de la vertu, une jeune blogueuse avait fait parler d’elle en diffusant des selfies aux côtés de ses « harceleurs de rue », nouvelle modalité de l’hystérique, pour parader, se faire voir en objet inaccessible du désir.

    Il en est de même de cette bobo qui avait dénoncé publiquement un malheureux dépanneur de chez Orange qui avait osé lui déclarer par texto son admiration. Comme quoi même un timide hommage masculin peut être instrumentalisé, dénoncé comme du harcèlement sexuel, par une destinataire désireuse de mettre en valeur son pouvoir de séduction sur les réseaux sociaux.

    Chassez le duo classique du pervers et de l’hystérique et il revient au galop sous la forme d’une injonction au succès fulgurant : « Balance ton gros porc ». 

    Autrement dit : rien de nouveau dans la relation femme/homme (et inversement). L’échec de la révolution sexuelle soixante-huitarde est consommé. Les revendications du « genre », ses annexes reproductives (PMA, GPA) et les luttes souterraines pour légaliser les derniers interdits (pédophilie, inceste, meurtre) ne sont que les dernier feux de ce credo. C’est sur la base de cet échec final, d’un regain de combativité et d’un renouveau culturel occidental qui se profilent que la relation homme femme pourra se redessiner.  

    Psychanalyste et essayiste
  • Société • Tariq Ramadan visé par une plainte pour viol et agressions sexuelles

     

    Le sujet est à la mode. Repris en boucle, incessamment, par tous les médias, sur un mode unique et ad nauseam. Quant aux militantes féministes et laïques, elles ne sont pas notre tasse de thé. Ces saintes-là ne sont pas de notre paroisse. Il n'empêche ! Que l'une d'entre elles ait déposé une plainte contre Tarek Ramadan pour viol et agressions sexuelles (au pluriel) a quelque chose de savoureux. Au moins pour l'instant, en attendant mieux. Que vaudra cette plainte, tiendra-t-elle ? En tout cas, Match a diffusé l'information hier en fin de soirée dans les termes qu'on va lire. Ah ! les bienfaits de « la libération de la parole » ! A suivre.   LFAR

     

    BBaX1vM.pngVendredi, une femme a déposé plainte à l’encontre de Tariq Ramadan pour viol et agressions sexuelles.

    Une plainte a été déposée vendredi à l'encontre de l'islamologue et théologien suisse Tariq Ramadan, notamment pour viol et agressions sexuelles, a-t-on appris auprès d'un des avocats de son accusatrice Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque. Cette plainte a été déposée auprès du parquet de Rouen, dont relève le domicile de la plaignante, pour « des faits criminels de viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation », selon le document consulté par l'AFP. 

    Une révélation cachée dans son livre 

    Henda Ayari, 40 ans, présidente de l'association Libératrices, a indiqué vendredi sur sa page Facebook avoir été « victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années » mais n'avoir pas alors voulu révéler le nom de son agresseur en raison de « menaces de sa part ». Dans son livre « J'ai choisi d'être libre », paru en novembre 2016 chez Flammarion, elle a décrit cet homme sous le nom de Zoubeyr, narrant un rendez-vous dans sa chambre d'hôtel à Paris où cet intellectuel musulman venait de donner une conférence. 

    Il l’a « insultée », « giflée » et  « violentée » 

    « Par pudeur, je ne donnerai pas ici de détails précis sur les actes qu'il m'a fait subir. Il suffit de savoir qu'il a très largement profité de ma faiblesse », avait écrit Henda Ayari, assurant que quand elle s'est « rebellée », qu'elle lui a « crié d'arrêter », il l'a « insultée », « giflée » et « violentée ». « Je le confirme aujourd'hui, le fameux Zoubeyr, c'est bien Tariq Ramadan », écrit Henda Ayari sur Facebook. Selon Maître Jonas Haddad, l'un de ses conseils, « Henda Ayari n'avait pas envie de communiquer sur ce sujet, par peur ». 

    Aucune réaction de sa part 

    « Avec la libération de la parole à laquelle on assiste depuis quelques jours, elle a décidé de dire ce qu'elle a subi et d'en tirer les conséquences judiciaires », a-t-il poursuivi, interrogé par l'AFP. Tariq Ramadan n'avait pu être joint par l'AFP et n'avait pas réagi sur les réseaux sociaux en fin d'après-midi. Relativement populaire auprès d'une partie des fidèles musulmans, il est aussi très contesté, notamment dans les milieux laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique. 

  • Macron, le président des nomades

    Le discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne

     

    Par François Marcilhac

     

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    La vie politique de chaque pays est naturellement rythmée par la discussion et l’adoption par le Parlement du budget de la nation puisque c’est lui qui décide des grands engagements annuels et pluriannuels de l’État. Ou, devrions-nous dire plutôt, «  était naturellement rythmée  », puisque, depuis l’adoption sous Sarkozy, en 2011, du traité budgétaire européen, ce n’est plus ni le Gouvernement français qui présente, ni le Parlement français qui discute librement, avant de l’adopter, le budget de la France, mais Bruxelles (et donc Berlin) qui l’avalise avant même sa présentation devant le Parlement français, Bercy l’ayant concocté sous le regard inquisiteur de la Commission européenne. Aussi Jean-Claude Juncker, son président, peut-il donner un satisfecit enthousiaste au projet présenté cette semaine à l’Assemblée par le Gouvernement comme un maître d’école donne un bon point à un bon élève. Le plus grave est que nos gouvernants, Macron en tête, loin de ressentir une telle approbation comme une humiliation pour notre pays, l’ont servilement recherchée. Avec Macron, cette servilité est même frénétique : son aliénation mentale européiste, qui le fait militer – seul en Europe  ! – pour le remplacement de la souveraineté nationale par une hypothétique souveraineté européenne, lui fait voir en effet «  dans le dépassement de la nation un devoir d’époque et une mission presque sacrée  » (Mathieu Bock-Côté, Figaro Vox, 12 octobre). Telle est bien la vérité de son progressisme qu’il assimile à un sens de l’histoire.

    L’Europe comme terre promise

    L’opinion publique n’en avait pas moins besoin d’être rassurée. Car on a beau se proclamer le prophète, ou plutôt, le «  pionnier  » – l’imaginaire de Macron est américain – de l’Europe comme nouvelle terre promise, ces grands enfants que sont les peuples ont besoin de «  pédagogie  », laquelle ajoute, au mensonge de la démagogie, l’infantilisation des citoyens. C’est pourquoi celui qui refuse une «  présidence bavarde  » et veut préserver une «  parole présidentielle [qui] garde de la solennité  », s’étant aperçu qu’il perdait en popularité, a pensé qu’il était temps de descendre de son Olympe et de passer, comme un vulgaire président normal, au JT de 20 heures sur TF1, le dimanche 15 octobre, pour expliquer, dans la mesure du possible, tant aux «  illettrés  » qu’à «  ceux qui ne sont rien  » et qui, de ce fait, «  foutent le bordel  », le sens de la solennité de sa parole comme celui de sa politique.

    Les Français n’auront toutefois rien appris, sinon qu’il est «  un enfant de la province  », qu’il fait ce qu’il dit, qu’il pense à «  la France qui souffre  », qu’il veut «  en même temps qu’on libère et qu’on protège  » – mais pas qu’on insère  ? – et, qu’enfin, il «  ne croi[t] pas au ruissellement mais à la cordée  » (sic), ce qui est peut-être préférable, en effet, au moment où l’on dévisse (dans les sondages). N’avait-il pas déclaré dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, publié deux jours auparavant, qu’ «  en forçant le trait, on pourrait dire que la France est un pays de monarchistes régicides, ou encore que les Français élisent un roi mais qu’ils veulent à tout moment pouvoir le renverser  »  ? L’arrogance macronienne dissimule une fêlure intime, comme une sourde angoisse, car ce n’est pas la première fois qu’il aborde le sujet. Serait-ce celle de voir sa tête finir au bout d’une pique  ?

    La patrie du portefeuille

    On aurait tort en tout cas de voir en Macron le «  président des riches  ». Laissons cela à une gauche sans imagination ou qui, plutôt, ne sait comment critiquer autrement une politique (impopulaire) qu’elle est heureuse de le voir pratiquer à sa place, puisqu’elle repose sur la même conception d’une société liquide, ennemie de la notion d’enracinement, diabolisé comme identitaire, raciste, nationaliste, etc. Le mensonge présidentiel sur la réforme de l’ISF en est un signe patent. Désormais, seule la propriété immobilière, en sus de quelques gadgets, entrera dans son calcul. Nous ne nous prononcerons pas ici sur l’efficacité, controversée, de cet impôt. Ce qui est significatif, c’est le choix effectué par Macron  : exonérer le capital financier, c’est-à-dire le liquide, aux dépens de l’immobilier, réputé improductif, car enraciné. Et comme s’il s’était aperçu du caractère scandaleux d’un tel choix, il a assorti la mesure d’un mensonge effronté  : «  si les gens ne réinvestissent pas, ils seront taxés  », ce qui est faux. À l’heure où nous écrivons, aucune mesure allant dans le sens d’un quelconque patriotisme économique n’est prévue dans le projet de budget. De plus, le serait-elle, que l’Europe nous interdirait de la destiner aux seuls investissements français. Macron n’est pas le président des riches, il est le président des nomades. Ce qui n’est pas la même chose. Il est le président de ceux pour qui le portefeuille tient lieu de patrie et qui habitent non pas une province, une nation – on peut être «  riche  » et patriote –, mais les résidences standardisées du village mondial – ou des paradis fiscaux. Mais comment la gauche, même insoumise, pourrait-elle le tacler sur ce point, alors que, tout aussi mondialiste, elle partage les présupposés, notamment immigrationnistes ou sociétaux, de son progressisme déraciné  ? Car la volonté de Macron, réaffirmée sur TF1, de légaliser la PMA «  pour toutes  » va dans le même sens d’une société ennemie de tous les enracinements et donc de toutes les identités. Aussi ne doit-on pas s’étonner de cet autre mensonge présidentiel  : «  Toutes celles et ceux qui, étrangers et en situation irrégulière, commettent des actes délictueux quels qu’ils soient, seront expulsés.  » Là encore, l’Europe, cette fois la Cour européenne des droits de l’homme, interdirait une telle systématicité, qui suppose, de plus, l’accord des pays d’origine. Or Macron n’a pas non plus évoqué un durcissement de notre politique étrangère en ce sens, lequel supposerait que nous nous réaffirmions sur le plan international autrement qu’en faisant élire une Française à la tête de l’Unesco au moment où les États-Unis quittent l’organisation, ou, surtout, qu’en recevant à Paris les JO de 2024… après le désistement de toutes les autres villes candidates.

    L’exemple de l’Autriche

    Ce même dimanche où Jupiter s’exprimait sur TF1, la victoire du Parti populaire autrichien (ÖVP) aux législatives, mené par Sebastian Kurz, lui a donné un sacré coup de vieux  ! Voilà que la jeunesse est du côté des conservateurs – à trente et un ans, Kurz sera le plus jeune dirigeant européen – et non du côté des nomades, dont le président se trouve quelque peu ringardisé. Car Kurz a gagné grâce à une campagne menée très à droite, anti-migrants, sans toutefois laminer les populistes du FPÖ, qui ont obtenu plus de 26  %, et avec lesquels il pourrait gouverner, sans que, cette fois, le Big Brother bruxellois s’en mêle comme en 2000. Comme quoi, les conservateurs autrichiens n’ont pas les pudeurs de jeune fille des Républicains français. De plus, le projet de Macron visant à refonder l’Europe a été totalement ignoré de la campagne électorale autrichienne  : il est en effet «  assez logique qu’au cours d’une campagne électorale nationale, aucun parti ne [veuille] discuter de la réduction des compétences nationales pour les passer à l’Union européenne  » (Peter Filzmaier, politologue, Le Monde, 15 octobre). Non que les conservateurs autrichiens soient eurosceptiques ou s’apprêtent sous peu à rejoindre le groupe de Visegrad. Mais, forts d’une vraie identité, ils placent l’Europe à sa juste place. Qui n’est pas la première. Les Autrichiens n’auront pas la chance, c’est vrai, d’avoir un «  pionnier  » à la «  pensée complexe  » pour chancelier. Ils auront juste un patriote.