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Actualité France - Page 326

  • Guerre des sexes ?

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgSamedi dernier, dans l’émission On n’est pas couché de Laurent Ruquier sur France 2, une violente altercation s’est produite entre la romancière Christine Angot et Sandrine Rousseau, ancienne secrétaire nationale adjointe des Verts.

    Le motif de l’incident, la violence sexuelle subie par des femmes, explique son caractère passionnel, vu les sentiments qu’elle provoque. L’affaire a pris une dimension supplémentaire avec l’intervention de Marlène Schiappa, secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les hommes et les femmes, qui a cru bon saisir le CSA. J’avoue concevoir assez mal comment le CSA pourrait intervenir dans un pareil domaine, sauf à sanctionner les responsables de l’émission, ce qui contribuerait encore plus à la confusion générale.

    Je serais assez d’accord avec Rachida Dati qui, interrogée sur l’émission, estime qu’il s’agit d’une question qui relève de l’intimité de chacune des deux protagonistes et qu’on ne saurait en tirer une conclusion d’ordre politique. Ce qui touche au politique, donc au domaine de la loi, ce peut être la défense de l’intégrité des personnes à l’encontre de toute agression, même s’il est souvent délicat d’opérer un discernement dans cet ordre là. Mais comment arbitrer entre deux femmes qui expriment la douleur de ce qu’elles ont subi, selon des modes rigoureusement contradictoires ? C’est impossible, c’est vain et c’est même contre productif. Cela rappelle les impasses d’un certain féminisme dans les années soixante, lorsque les structures militantes étaient dans l’incapacité de traiter des difficultés personnelles de chacune, au-delà des revendications du combat commun.

    Par ailleurs, il y aussi le risque d’attiser le guerre des sexes, à partir d’une mise en cause unilatérale de l’agressivité masculine. C’est une des causes du malaise actuel. Tout ne se joue pas seulement sur la scène de la revendication des droits. Il y a peut-être, préalablement, la grande question de ce que la Bible appelle l’Alliance et qui concerne ce domaine mystérieux de la rencontre de l’homme et de la femme.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 octobre 2017.

  • Philippe Bilger : « Marseille: une négligence professionnelle de la préfecture du Rhône »

     

    Par   

    L‘attentat de dimanche aurait pu être évité si le tueur n'avait été relâché par la préfecture du Rhône, estime Philippe Bilger. [Figarovox, 4.10]. Il plaide pour un renforcement des contrôles professionnels et arrêter de croire que les lois nouvelles remplaceront les actes. Il plaide surtout pour que la France retrouve le simple courage ! LFAR

     

    547261786.jpgSentinelle a heureusement évité à Marseille, en tuant l'assassin, d'autres victimes que les deux malheureuses jeunes femmes. Qui pourrait discuter l'utilité de cette force de surveillance, de vigilance et de riposte ? 

    Qui pourrait douter de la nécessité de voter au plus vite le projet de loi antiterroriste qui ajoute des armes à l'état de droit en maintenant celui-ci à la pointe extrême de ce qu'une démocratie peut se permettre d'accepter ?

    Si je confirme mon adhésion à cette présence militaire si efficace en l'occurrence et aux futures dispositions législatives qui sont attendues par le peuple français - son approbation vaut bien la contestation des universitaires et des juristes qui les récusent -, cela tient à un sentiment que j'ai éprouvé régulièrement face aux crimes terroristes.

    Depuis l'affaire Merah jusqu'à toutes celles qui ont endeuillé, au fil du temps, la France, l'Etat s'est immédiatement et spontanément projeté, après chaque désastre, dans des inventions législatives.

    Parce qu'il y croit et qu'il espère d'elles une plus grande sûreté et une répression plus rigoureuse contre les assassins. Et qu'il éprouve le besoin légitime de répondre à l'attente explicite des citoyens.

    On n'a pas à se moquer de ce prurit venant poser sur le chagrin collectif comme une consolation vigoureuse et mieux armée pour demain.

    Il n'empêche que la France abuse de la pratique législative qui vise à faire croire en certaines circonstances qu'on agit, que la loi peut devenir un substitut au véritable accomplissement.

    En amont de chaque processus criminel, si on voulait bien analyser dans le détail en n'ayant pas peur de pointer les responsabilités et les défaillances, on s'apercevrait qu'à chaque fois des comportements humains, professionnels, techniques n'ont pas été à la hauteur de ce qu'ils auraient dû inscrire dans la quotidienneté. Dans la chaîne de l'excellence, un maillon a sauté et tout s'est délité. Et, en définitive, le paroxysme de l'horreur est atteint.

    Il n'est pas une de ces terrifiantes affaires où à sa source on n'ait pas été confronté à une incurie, une négligence, une coordination lacunaire ou absente.

    Pour le double crime de Marseille, la police pourrait à Lyon être questionnée sur ce plan mais surtout la préfecture du Rhône qui n'a pas permis que la rétention du tueur puisse être édictée le samedi 30 septembre. Ce qui aurait empêché la double monstruosité sur laquelle on verse des larmes et des torrents d'indignation.

    Mais au risque de choquer, le pouvoir politique a moins peur en France de faire voter des lois que d'exercer un redoutable contrôle professionnel sur tous ceux qui à un moment ou à un autre ont failli et donc, sans le savoir, fait surgir le pire.

    Il convient de perdre l'habitude de pourfendre des abstractions pour n'être pas obligé de sanctionner des coupables. Adopter une telle démarche reviendrait à changer d'esprit, de méthode et de courage.

    Les massacres ne sont pas forcément facilités par de mauvaises lois. Mais, le plus souvent, par des hommes ou des femmes qui ont fait dévier, par insuffisance, incompétence, légèreté, le cours de notre destin collectif vers l'innommable.

    Rien de ce qui est proprement humain n'est étranger à la sauvagerie, à cette saleté du terrorisme.

    Il faudrait être doublement sans faiblesse.

    Pas dans le même registre évidemment.   

    XVMe46fa484-a8dc-11e7-8c3b-0492b00cca53-77x120.jpgMagistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat général à la Cour d'Assises de Paris. Auteur de très nombreux ouvrages, il tient le blog Justice au singulier et a dernièrement publié Moi, Emmanuel Macron, je me dis... (éd. du Cerf, 2017).

  • Goldnadel au Figaro : « L'antifascisme exacerbé a ressuscité l'obsession de la 'race' »

     

    Par  

    Depuis Charlottesville, les revendications antiracistes se sont multipliées aux Etats-Unis et en France. Gilles-William Goldnadel estime que l'antiracisme pervers et surmédiatisé aura conduit au renouveau de la « guerre des races ». Il nous semble avoir raison. Cette chronique [Figarovox, 2.10] dit un grand nombre de simples vérités !  LFAR

     

    Black_Lives_Matter_protest.jpgLe résultat le plus patent et le plus efficace de l'antiracisme factice qui sévit depuis 50 ans aura été la guerre des races. 

    Je rappelle que celui-ci a interdit pendant longtemps l'utilisation du vocable de « race » sous peine d'excommunication. Aucune différenciation entre semblables n'étaient tolérable.

    Dans la réalité, et au fil des années, l'obsession du racisme aura abouti à l'obsession de la race, la couleur des uns étant systématiquement synonyme de souffrance, celle des autres tout aussi systématiquement synonyme de racisme monopolistique. Toute contestation de cet esprit de système étant ipso facto suspectée de racisme systémique.

    L'autre caractéristique de l'antiracisme factice s'observant dans la forme hystérique et obsessionnelle de sa représentation médiatique.

    Les États-Unis, comme toujours, ont lancé la mode culturelle de cet antiracisme et imprimé son mode de communication électronique et frénétique.

    Les semaine s écoulées depuis les événements de Charlottesville nous en ont livré quelques échantillons choisis : destructions de statues de généraux sudistes, interdiction d' « Autant en emporte le vent » à Memphis, contestation de Christophe Colomb, critiques contre Kate Bigelow, réalisatrice du film Détroit et incapable en tant que blanche de comprendre la souffrance noire (Libération 11 août), manifestations de footballeurs noirs américains refusant, un genou à terre, de saluer le drapeau national.

    Le prétexte donné à ce dernier geste étant la violence policière blanche. Si nul ne saurait contester l'existence de celle-ci et encore moins l'excuser lorsqu'elle survient, le courage et l'honnêteté intellectuels commandent d'indiquer qu'il arrive aussi de voir des Blancs violentés volontairement par des Noirs.

    Je rappelle ici mon article dans lequel je m'étonnais que nul n'ait cru devoir reprocher à Obama l'oubli du vocable « racisme » lorsque délibérément un homme noir à Dallas a assassiné quatre policiers blancs innocents pour venger la mort d'un noir. Ici sévit la guerre des races.

    L'un des effets pervers de l'obsession antiraciste unilatérale aura été de redonner à de nombreux Blancs américains (dont les plus pauvres sont les seuls qui ont vu leur espérance de vie diminuer ces dernières années) une conscience de race à nouveau exacerbée.

    L'honnêteté oblige également à constater tristement que l'élection d'un président noir aux États-Unis, saluée, au-delà de ses réelles qualités intellectuelles intrinsèques, avec un empressement extatique que j'ai toujours considéré comme racialiste, n'aura en rien calmé la question raciale obsessionnelle. Tout au contraire.

    Étrangement, ce président qui avait commencé brillamment son magistère en ignorant superbement sa différence, l'aura achevé huit ans plus tard en frayant avec les Black Matters , groupe racialiste radical s'il en est.

    D'un excès l'autre : Ce n'est certainement pas le nouveau président américain qui calmera cette situation névrotique. Donald Trump, rejeté outrageusement dès le début par le pouvoir médiatique, a fait le choix stupide et affligeant de la fuite en avant.

    Dans l'affaire « des genoux à terre », alors qu'il avait un beau sujet pour rassembler une majorité bigarrée autour du drapeau étoilé, celui-ci a préféré traiter les sportifs mutins de « fils de pute », donnant ainsi rétrospectivement raison à ses caricaturistes les plus caricaturaux.

    Dernier exemple américain en date de l'illustration d'un excès médiatique consternant : des graffitis sur la porte de la chambrée de soldats noirs ont permis au discours antiraciste d'un officier blanc de grande éloquence de faire le tour du monde.

    Ce discours était absolument nécessaire dans l'enceinte de la caserne, mais sa publicité planétaire totalement disproportionnée avec l'incident.

    Sauf à permettre à tout raciste pervers de prendre le monde médiatique en otage complaisant en écrivant sa haine sur la porte d'une mosquée, d'une église, d'une synagogue , d'une chambrée ou de toilettes, l'exposition de la bêtise humaine ne saurait tolérer une malsaine surexposition.

    Et si le prêchi-prêcha antiraciste médiatisé présentait la moindre efficacité depuis qu'il est imposé par la fausse morale préfabriquée, les lignes qui précèdent n'auraient pas existé.

    La France ne se trouve pas en meilleure situation. Les mauvais vents de Charlottesville n'auront pas mis un mois à franchir l'océan.

    Les antiracistes de pacotille et les antinazis d'opérette n'ont pas non plus chômé : le Cran qui veut culbuter Colbert et dégommer Dugommier jusqu'à Mélenchon qui prétend que ce sont des antifas de rue qui ont chassé les nazis.

    Cécile Pina (Figarovox 29.9) révélait que des islamistes radicaux avaient été autorisés par l'université Lyon 2 à organiser une conférence à l'intérieur de son enceinte. Le pire était d'apprendre que Jean-Louis Bianco, es qualité de président de l'Observatoire de la laïcité, avait accepté d'envoyer un message aux participants, donnant ainsi son onction à la manifestation. Pour illustrer l'obscénité d'un tel encouragement, on précisera que le parti des Indigènes de la république fera partie de la joyeuse équipe.

    Je rappelle ci-après, la contribution de la porte-parole de ce parti à la guerre des races : « Mohamed Merah c'est moi. Le pire c'est que c'est vrai. Comme moi, il est d'origine algérienne, comme moi il a grandi dans un quartier, comme moi il est musulman. Comme moi, il sait qu'il sera traité d'antisémite s'il soutient les palestiniens colonisés, d'intégriste s'il soutient le droit de porter le foulard. Mohamed Merah c'est moi et moi je suis lui.… Nous sommes des indigènes de la république. Je dis ce soir, je suis une musulmane fondamentale

    Et encore ceci: « Il faut dénationaliser l'histoire de France. Je crois qu'il faut faire exploser cette identité française. …» Houria Bouteldja citée par Pierre-André Taguieff dans « L'islamisme et nous » (CNRS éditions 2017)

    Une sympathisante de ce parti Indigène, Danielle Obono, est également député insoumise de la république. Invitée cette semaine sur BFM, elle répugnait, dans le cadre des lois antiterroristes en gestation, à considérer comme un signe de radicalisation, l'attitude d'un chauffeur de bus qui refuserait, comme cela arrive, de conduire après une femme. Evidemment, madame Obono, qui n'a rien contre le « Nique la France », aime à se dire féministe.

    Joli succès de l'antiracisme d'extrême-gauche: Le parti mélancholique est en passe d'ajouter la guerre des races à la guerre des classes.  

    Gilles-William Goldnadel

    est avocat et écrivain.  

  • Quand une secte veut régenter la langue

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    logo lundis.jpgDeux événements d’importance la semaine dernière pour la langue française.

    D’abord, la démission de M. Lussault, sans doute poussé vers la sortie par M. Blanquer lui-même, si on a bien compris les propos du ministre le même jour sur RTL. On ne s’en plaindra pas car il s’agit (enfin !) d’un coup franc porté au très idéologique et très dangereux Conseil Supérieur des Programmes, position avancée du « pédagogisme » au coeur même du si mal dénommé ministère de l’Education nationale. Le galimatias prétentieux utilisé par ce monsieur aurait fait rire s’il n’avait été un signe de plus de la déconstruction des esprits érigée en arme de guerre scolaire, notamment par l’ex-ministre Mme Belkacem : l’utilisation systématique de ce que d’aucuns ont qualifié de « novlangue » (en référence au roman d’Orwell, 1984) a en effet permis au funeste CSP d’égarer les esprits non avertis en déformant volontairement toute réalité par l’utilisation d’un jargon dont le ridicule ne le cède en rien à l’hermétisme (1)

    Preuve que cette guerre est totale, au même moment le serpent de mer féministe de l’écriture inclusive ressort la tête, avec la parution chez Hatier d’un manuel d’histoire, niveau CE2, intitulé Magellan et Galilée - Questionner le monde. Confondant volontairement genre (grammatical) et sexe, les enragé·e·s de l’écriture inclusive dénoncent la primauté grammaticale du masculin dans laquelle ils et elles (ou mieux « elles et ils », si on va au bout de leur logique) voient une sorte de « complot machiste », l’actuelle écriture étant jugée sexiste. Assertion sans fondement pour M. Bentolila, linguiste. Ce dernier, après avoir  rappelé fort justement (Figaro Vox, 26 septembre) le caractère arbitraire de la langue, souligne une évidence : « Le français possède en effet deux genres, l'un est dit masculin, l'autre est dit féminin. Il s'agit bien de marques de genre et non pas d'indicateurs de sexe. » En fait, le masculin en français joue un double rôle grammatical, celui de masculin stricto sensu mais aussi de « générique » (on pourrait faire la comparaison avec l’infinitif, forme non marquée, certains disent « indifférenciée », du verbe et quasi neutre). Dire que le masculin l’emporte sur le féminin ne signifie donc pas que l’homme l’emporte sur la femme. 

    Nos féministes reprochent ainsi au XVIIe siècle d’avoir, dans une sorte de déni de la femme, tordu le cou par la norme à un usage assez souple : tantôt on cite tel ou tel vers (2) du grand Racine où l’accord de genre est déterminé par la seule proximité, tantôt on rappelle avec dégoût certains propos du grammairien Bouhours, abbé de son état, justifiant la primauté du masculin (3). M. Enthoven, philosophe, préfère voir dans la langue « une mémoire dont les mots sont les cicatrices » et penser qu’il est vain de croire « abolir les injustices du passé en supprimant leur trace » (Libération, 27 septembre). Mais la dimension de la controverse, plus que linguistique, est bien sociétale. On sait, et c’est significatif, que les personnes dites LGBTQI (4) sont de fervent·e·s partisan·e·s de l’écriture inclusive qui permet(trait) de nier la loi commune de la binarité du genre (sexuel).  On comprend mieux dès lors dans quelle stratégie d’ensemble s’inscrit la présente attaque contre notre langue. Voilà pourquoi nous avons déjà droit aux députées, professeures et plombières. Voilà pourquoi discours et écrits sont émaillés de « toutes et tous » ou de « celles et ceux » (on continue, par courtoisie désuète, à privilégier le féminin par la première place). Voilà pourquoi le manuel des éditions Hatier utilise systématiquement le « point milieu » comme nous l’avons fait à titre d’exemple (avec risque d’erreur car nous ne sommes pas allés à « cette » école) dans cet article. 

    Si M. Lussault, quoique grotesque, reste dangereux, les tenants de l’écriture inclusive le sont tout autant : c’est la même volonté de subversion, la même négation d’une réalité qui dérange quelques farfelus encore minoritaires.  •

     

    (1) Une piscine devient ainsi un « milieu aquatique profond standardisé ».

    (2) « Surtout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières / Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières. » (Athalie, IV, 3)

    (3) Il affirme dans ses Remarques nouvelles sur la langue française écrites en 1675 que « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble [le masculin] l’emporte ».

    (4) LGBTQI = Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Trans, Intersexes, (en) Questionnement.

  • L'attentat de Marseille, malheureusement, n'en est qu'un de plus !

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgQue dire de l'attentat de Marseille, que nos lecteurs ne sachent déjà, qui n'ait été vu et revu sur toutes les chaînes d'info en continu ? Tout le monde, aujourd'hui sait - ou croit savoir - tout sur tout, tout de suite ! Inutile d'en rajouter.

    Qu'exprimer alors d'important qui ne l'ait déjà été ici ? Nous n'aimons pas tellement les redites logorrhéiques qui ne servent à rien sinon à passer sa colère, son exaltation indignée, son horreur, rafale de points d'exclamation à l'appui. Les sentiments que nous venons de dire, nous les connaissons tous ; ils ne servent pas le Pays au niveau qui convient. En tout cas pas avec le sérieux voulu. Les forces de l'ordre font leur travail avec courage et en grande part avec efficacité. Ce sont elles qui en courent les risques - les plus élevés. Et les assassins ressortent de leurs actions rarement vivants. Comme si, à leur encontre, une sorte de peine de mort, d'exécution immédiate, avait été tacitement et heureusement rétablie.  Nul ne s'en étonne ni ne s'en indigne. Comme jamais, « nécessité fait loi » ! Les militaires de l'opération Sentinelle ont encore abattu le forcené d'hier, Gare Saint-Charles, à Marseille. Ils ont fait ce qu'il y avait à faire. Deux passantes sont mortes qui ne font que s'ajouter à la longue liste des victimes des fous de l'Islam.  Se taire, s'incliner...

    Mais pourquoi ces victimes, celles de Paris, de Nice, de Toulouse, de Levallois-Perret ... hier de Marseille ? A raison de quelles causes, de quelle politique, puisque c'est de cela qu'il s'agit ? Et de quelles responsabilités ? Telle est la vraie question. Depuis les attentats de janvier 2015, il y a presque trois ans, rien de fondamental ne s'est ajouté. Les choses ont continué : les flux migratoires - comme avant et  - comme il était prévisible - les attentats, en France et dans toute l'Europe. Ne s'est ajoutée que la vague supplémentaire des migrants réfugiés, ou prétendus tels. Folie supplémentaire elle aussi, sous le Haut Patronage européen d'Angela Merkel.

    Pourquoi ces victimes ? A raison, à cause de quoi, de qui ? Nous avons répondu à cette question dès janvier 2015 - le 8 - et, après trois ans, nous ne voyons pas grand chose à y changer. Il nous semble avoir, alors, vu et dit l'essentiel.

    Le voici :

    « Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’y a pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les événements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam. »

    Tout esprit censé comprendra qu'il s'agirait aujourd'hui de mettre en place une politique inverse de celle qui a été menée jusqu'ici en matière d'immigration. Et en bien d'autres domaines corrélés, encore : famille, Education, culture, médias. Etc. En bref, il s'agirait en tous domaines essentiels, selon la formule maurrassienne, de « renverser la mécanique de nos malheurs ». •  Lafautearousseau

  • L'Action française Provence appelle les Marseillais à manifester leur colère après l"attentat de la gare St-Charles

     

    Communiqué de presse

    Protégeons les Français contre DAESH !

    Suite à l’attentat perpétré à la gare de Marseille-Saint Charles hier dimanche en début d’après-midi, l’Action française Provence condamne le crime odieux et lâche commis par un soldat de l’Etat islamique sur le territoire marseillais, faisant deux morts.

    Il y a deux ans, alors que les attentats du Bataclan faisaient près de 150 morts, l’Action française Provence s’était réunie sur le parvis du Palais de Justice de Marseille pour dénoncer le laxisme des autorités judiciaires et plus largement la complicité flagrante des politiques menées en la matière.

    A l’heure où s’ouvre le procès du frère de Mohammed Merah, complice des crimes commis en 2012, c’est la France et la vieille Europe qui subissent depuis des années, les attaques meurtrières des soldats du Califat.

    Les attentats s’enchaînent presque chaque semaine. Mais la colère des Français est muselée par le système politico-médiatique organisant une indifférence qui frise le suicide collectif.

    Face aux hommages feints et faussement fraternels, nous appelons tous les Marseillais et plus largement les Provençaux à nous rejoindre ce soir - lundi 2 octobre 2017- dès 19h, sur le parvis de la gare Saint-Charles pour exprimer une colère sans concession.  •

    Le service presse de l’Action française Provence 

    Contact : provence.presse@actionfrancaise.net

  • Maurras : « La monarchie royale confère à la politique les avantages de la personnalité humaine »

  • Lettre ouverte à Florian Philippot

     

    Par Pierre de Meuse

     

    4172691570.jpgVous voilà maintenant hors du front National. Ce n’est pas, en soi, un drame Mais si les développements de la crise qui vous a amené à en démissionner ont été regardés de l’extérieur en ce qui nous concerne, une analyse de notre part s’impose car le FN a dominé pendant 40 ans les choix des Français attachés au sort de leur patrie. 

    La question principale s’énonce ainsi : pourquoi avez-vous tant d’ennemis dans ce parti ?

    Résumons votre profil politique. Vous êtes antilibéral et patriote, et, répétez-vous, gaulliste. Pourquoi pas ? Vous auriez pu trouver au Front National de nombreux antilibéraux patriotes, pas tous gaullistes il est vrai.  Mais il aurait fallu jeter le regard sur une frange de la droite intellectuelle que vous n’aimez pas tellement : les contre-révolutionnaires, les identitaires et les catholiques sociaux. Ceux-là, croyez-le, ne portent pas dans leur cœur la finance mondialisée, les multinationales et la trilatérale chère à Macron. Il est vrai qu’ils sont minoritaires, mais après tout, vous aussi. Vous auriez pu dialoguer et vos propositions auraient pu être discutées, de façon amicalement critique.  Or, vous avez considéré que ces familles politiques ne méritaient même pas un regard. Lorsque vous avez été interrogé par un animateur de télévision, dans un type de dialogue où vous excellez, sur le sort à réserver au mariage prétendument « pour tous » si le Front gagnait les élections, vous avez répondu en rangeant cette préoccupation avec la « culture des bonzaï ». C’était une grave erreur, d’une part parce que la présidente s’était prononcée clairement sur le sujet, mais surtout parce que ceux qui avaient manifesté contre la loi Taubira et bravé les lacrymogènes pour cela vous ont classé au niveau de leur pire ennemi.

    Vous avez également pris une position fort audacieuse sur la monnaie européenne, soutenant comme une bonne part des économistes que l’euro n’était pas conforme aux intérêts français.  Techniquement, votre analyse était juste, mais elle n’a pas été appréciée par les électeurs, et c’est l’une des raisons pour laquelle le FN n’a pu atteindre le niveau de 40% auquel il pouvait prétendre.  Faut-il admettre que les français sont toujours enthousiasmés par le fédéralisme européen ? Certainement pas, mais votre argumentaire n’attaquait pas l’Europe dans sa conception ni dans ses méthodes, mais seulement son monétarisme. En bref, vous estimiez, comme Jacques Sapir, que la position de moindre productivité de la France exigeait des ajustements monétaires afin de conserver les emplois en France. Il aurait donc fallu dévaluer régulièrement afin d’ajuster la monnaie au marché. Vous proposiez donc implicitement de revenir à la politique de dévaluations qui a marqué la France de 1921 à la fin du XX° siècle.  Vous comprendrez cependant que la perspective de voir l’épargne et les revenus fixes fondre chaque jour un peu plus pouvait ne pas plaire à ceux de vos électeurs qui ont quelques Économies.  Surtout que dans le même temps le FN militait pour le retour de « la retraite à 60 ans ».

    Dans le même temps, vous recommandiez de mettre une sourdine à la dénonciation de l’immigration, dont vous estimiez qu’elle était « anxiogène ». Les premières semaines de campagne de Marine Le Pen ont été menées selon vos directives. Or les sondages firent apparaître un déclin constant des intentions de vote en faveur de la candidate. Il fallut donc redresser la barre pendant les quinze jours précédant le premier tour, faute de quoi elle aurait été éliminée.

    Cette stratégie était en effet absurde pour plusieurs raisons évidentes :

    D’abord elle visait à atteindre un électorat de gauche, grosso modo celui de Mélenchon, avec lequel vous désiriez nouer des contacts, repoussés d’ailleurs de manière blessante par les dirigeants de « La France Insoumise ». Tentative sans espoir parce que l’électorat de Mélenchon, en grande partie composé d’immigrés de la seconde génération, ne pouvait que rester étanche au FN, même « repenti ».

    Ensuite parce qu’elle ébranlait le pilier principal du FN, qui n’existerait plus depuis trente ans s’il n’avait pas su être et demeurer le seul parti politique s’opposant de face à l’immigration de masse.

    Enfin parce qu’au lieu de s’attaquer à la politique de soumission de l’Union européenne à l’égard de ces flux incontrôlés de population, source véritable du brexit, vous vous attaquiez à une question monétaire, sur laquelle les effets d’une rupture n’étaient guère prévisibles. Or cette politique d’ouverture systématique des frontières prônée par Bruxelles avait son origine, de manière très profonde, dans les principes fondateurs des institutions en question, et à l’influence des grands décideurs du capitalisme mondialisé. C’était donc à ces postulats qu’il fallait s’attaquer.

    Mais surtout elle était insensée parce que comme le dit très justement JY Le Gallou, le point nodal qui entraîne la « diabolisation » du FN est justement l’opposition à l’immigration. Et sur ce point, il ne suffit pas de nuancer dans les mots ou dans l’inflexion des phrases. Pour désarmer le parti-pris médiatique. Le système considérera le FN comme fréquentable seulement le jour où il se sera totalement soumis à la société indifférenciée. Autant dire le jour où il se sera suicidé sans retour. A quoi servirait une souveraineté de notre pays, d’ailleurs, si celui-ci n’existe plus ? Cette évolution était comprise par tous ceux qui, à l’intérieur ou à l’extérieur du FN, vous écoutaient et vous lisaient avec inquiétude, mais non par vous-même qui continuiez à incriminer les « rageux », animés par l’envie et la rancune.

    Le Gallou estime que la scission de Mégret n’est pas à comparer avec celle que vous auriez pu faire…si vous aviez eu plus de monde derrière vous. Je pense tout de même qu’il y a une similitude : ni Mégret ni vous ne savaient à quel genre de public ils avaient affaire. Ni sur les tempéraments, ni sur les idées, vous n’étiez averti de la mentalité et de l’héritage intellectuel des hommes dont vous sollicitiez le dévouement et le vote. Pire encore, vous les méprisiez ouvertement, reprenant à leur égard les mots dépréciatifs que les médias du système utilisent quotidiennement. Dès lors, votre sort lors du prochain congrès ne faisait pas de doute, et c’est pour éviter un investissement trop lourd en adrénaline que Louis Alliot et Marine Le Pen ont brusqué la décision en vous acculant à la démission.

    C’est dommage car beaucoup d’efforts ont été perdus. Le choix « ni gauche ni droite » n’était pas nécessairement une impasse, à la condition bien sûr de ne pas céder sur la pensée, y compris et surtout quand elle était frontalement en opposition avec la vulgate construite depuis 1945, et même bien avant. Il est évident en revanche que le modèle que vous cherchiez à imposer n’était qu’une illusion. Il n’y a plus de place en France pour un républicanisme sociétalement individualiste, politiquement étatiste et redistributeur, mais national. Ce rêve de technocrate keynésien avait 50 ans de retard. Philippe Séguin pouvait faire entendre sa voix dans les années 60 ; en 2017, il a atteint depuis longtemps la date de péremption.  •

  • Population : le désert français ... Pourquoi, en 2017, la France aurait dû compter entre 110 et 150 millions d’habitants

     

    Par Ilyes Zouari

    Excellent article - et très instructif - que son auteur nous a fait l'amitié de nous transmettre. Le sujet est d'une extrême importance et, si besoin est, l'on pourra en débattre.  LFAR  

    ilyes zaouari.pngLa France demeure un pays relativement sous-peuplé, qui n’est toujours pas parvenu à rattraper un retard de deux siècles qui lui a coûté cher. Encore imprégnée des idées malthusiennes, elle se doit aujourd’hui de contribuer davantage à limiter le déclin démographique du continent européen.

    Selon les dernières données démographiques fournies par Eurostat en juillet dernier, la France demeure un pays relativement sous-peuplé par rapport à ces grands voisins européens, comme l’avait déjà déploré le célèbre ouvrage « Paris et le désert français » publié en 1947, et qui avait inspiré la classe politique de l’après-guerre. Se classant de nouveau au-delà de la dixième place (15e, hors Turquie) en matière de croissance démographique en Europe, qui souffre elle-même d’une quasi-stagnation de sa population, la situation n’est donc pas prête de s’inverser. Pourtant, la France devrait contribuer davantage à limiter le déclassement du continent.

    Une France relativement sous-peuplée 

    Avec une densité de population de 118 hab./km2, début 2017, la comparaison entre la France métropolitaine et les autres grandes puissances européennes est sans appel. Le Royaume-Uni présente une densité de 271 hab./km2, ce qui lui permet d’être davantage peuplé pour un territoire pourtant 56% moins étendu (65,8 millions contre 64,9). De leur côté, l’Allemagne et l’Italie présentent, respectivement, une densité de 232 hab. /km2 et de 201 hab. /km2. En d’autres termes, l’Hexagone aurait dû compter, à la même date, 149,7 millions d’habitants pour être aussi populeux que le Royaume-Uni, 127,8 millions pour être au même niveau que l’Allemagne, et seulement 110,9 millions pour être comparable à l’Italie.

     

    Ce genre de comparaison peut également être étendu à bien d’autres puissances à travers le monde, comme le Japon (126,7 millions d’habitants, soit 335 hab./km2), la Corée du Sud (50,9 millions, soit 508 hab./km2) ou encore l’Inde (1,34 milliard d’habitants, et 407 hab./km2). Afin d’être proportionnellement aussi peuplée que ces pays, la France métropolitaine aurait ainsi dû compter, respectivement, 184,9 millions, 280,3 millions et 224,7 millions d’habitants en début d’année.

     

    Ce relatif sous-peuplement se révèle également à travers le taux d’artificialisation des sols. Selon l’enquête LUCAS, réalisée tous les trois ans par Eurostat, la part des espaces artificialisés (sols recouverts par des bâtiments, des routes, des voies ferrées, des parkings…) n’était que de 5,4% du territoire métropolitain en 2015.

     

    Au passage, ce taux n’est que légèrement inférieur à celui du Royaume-Uni (6,5%), alors que ce dernier est proportionnellement plus de deux fois plus peuplé (+131%). Ce qui témoigne d’une maîtrise très insuffisante de l’étalement urbain, voire d’un certain gaspillage des espaces disponibles. Le très controversé projet de construction d’un grand aéroport de plus de 1 200 hectares à Notre-Dame-des-Landes est, d’ailleurs, une parfaite illustration de cet état de fait. En effet, l’aéroport actuel de Nantes (320 ha) est à peu près aussi étendu que l’aéroport international de Genève (340 ha), qui a pourtant enregistré une fréquentation 3,4 fois supérieure en 2016 (16,5 millions de passagers, contre 4,8 millions), et tout en étant situé à moins de 4 km du centre-ville. Et lorsque le trafic aura doublé à Nantes d’ici 2030, il aura également doublé pour l’aéroport de Genève…

     

    1750 - 1945 : deux siècles perdus

     

    La situation démographique actuelle puise ses origines dans la très lente progression démographique connue par l’Hexagone deux siècles durant, de 1750 à 1945, alors que le reste de l’Europe connaissait un véritable essor démographique (à la seule et tragique exception de l’Irlande). Au terme de cette période, la population de la France n’a ainsi été multipliée que par 1,6, passant d’environ 24,5 millions d’habitants à 40,1 millions début 1946. Dans le même temps, l’Italie et l’Allemagne multipliaient par trois leur population, passant respectivement, et dans leurs frontières actuelles, de 14 à 45,1 millions, et d’un peu moins de 20 millions à environ 68 millions d’habitants (ou 58 millions sans l’entrée d’à peu près dix millions d’Allemands, chassés de leurs anciens territoires et du reste de l’Europe orientale au lendemain de la seconde guerre mondiale). Même chose pour l’Espagne, qui passait de 9,4 à 26,9 millions d’habitants. De leur côté, les Pays-Bas faisaient plus que quadrupler leur population, passant de 1,9 à 9,3 millions, tandis que le Royaume-Uni, dans ses frontières actuelles, sextuplait la sienne en passant de 8,1 à 49 millions début 1946.

     

    Cette forte croissance démographique de l’Europe se fit pourtant en dépit de lourdes pertes humaines, dues aux nombreux conflits ayant ensanglanté le continent et, surtout, à l’importante hémorragie migratoire en direction du Nouveau Monde qu’ont subie tous les pays, à l’exception de la France. Sur cette période de deux siècles, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie ont eu pour point commun d’avoir ainsi perdu, chacun, entre 20 et 25 millions de personnes, tandis que la France ne subissait qu’une « modeste » saignée d’environ 4 millions de personnes. 

     

    La France a donc longtemps été l’homme malade de l’Europe et du monde, elle qui était, en 1750, trois fois plus peuplée que le futur Royaume-Uni et 2,6 fois plus peuplée que l’Espagne, et qui était aussi peuplée que le Japon au début des années 1800. Le léger baby-boom ayant suivi la seconde guerre mondiale (avec un indicateur conjoncturel de fécondité - ICF - qui n’a jamais dépassé les 3,04 enfants par femme) ne permit de rattraper qu’une petite partie d’un terrible retard accumulé pendant deux siècles.

     

    Ce déclin démographique ne fut naturellement pas sans conséquences sur l’influence de la France en Europe, et contribua dans une large mesure au déclenchement des deux grandes guerres mondiales, qui coûtèrent cher à l’Hexagone. Si les équilibres démographiques étaient restés inchangés, l’Allemagne, moins sûre d’elle, n’aurait probablement jamais été aussi belliqueuse. Et la France, non effrayée par une écrasante infériorité numérique, n’aurait sans doute jamais cherché à mettre à genoux l’Allemagne après 1918, favorisant ainsi l’émergence du nazisme.

     

    Une France toujours imprégnée de l’idéologie malthusienne

     

    Cet affaiblissement de la France a résulté d’une déchristianisation précoce ainsi que d’une propagation bien plus importante que partout ailleurs des biens trop simplistes idées malthusiennes. Idées qui ne cessent d’être infirmées à travers le monde, génération après génération. Il est d’ailleurs intéressant de constater que 12 des 14 pays européens à avoir connu une croissance démographique supérieure à celle de la France en 2016, ont à la fois terminé l’année avec une croissance économique supérieure (tous sauf la Norvège) et un taux de chômage inférieur (tous sauf Chypre). Ce qui n’a pourtant pas empêché bon nombre de nos responsables politiques d’insister sur l’existence d’un lien entre la persistance d’un chômage élevé en France et la croissance de la population du pays.

     

    Au passage, et afin de prendre un peu de hauteur sur les questions démographiques, il est intéressant de savoir que la minuscule île de Groix, située à une dizaine de kilomètres de Lorient, pourrait à elle seule abriter l’ensemble de la population de la France, métropole et outre-mer confondus. À raison d’une moyenne « raisonnable » de 4,5 personnes au mètre carré, ce petit territoire de 14,82 km2, plus petit que l’aéroport d’Orly (15,4 km2), lui-même deux fois moins étendu que l’aéroport Charles-de-Gaulle (32,57 km2), pourrait ainsi accueillir nos 67,6 millions d’habitants, debout côte à côte. Quant à la petite Guadeloupe, ses 1628,4 km2 pourraient simplement abriter toute l’humanité, dans une planète qui pourrait donc très facilement nourrir plus du double de sa population actuelle (qui devrait pourtant se stabiliser autour de 10 ou de 11 milliards d’habitants).

     

    Il est d’ailleurs à noter que ce genre de calcul revient fréquemment dans la presse anglo-saxonne. En 2015, le très sérieux quotidien américain « The Washington Post » avait publié un article intitulé « The entire world fits in New York City » (le monde entier peut être mis dans New York). Mais en se basant sur une hypothèse de dix personnes au mètre carré, valable uniquement pour des personnes « minces » et serrées les unes contre les autres. En 2012, la non moins sérieuse BBC publiait en ligne un article intitulé « The Great myth of urban Britain » (le grand mythe de la Grande-Bretagne urbaine), pointant du doigt le très faible taux d’artificialisation des sols au Royaume-Uni, pourtant censé être surpeuplé. Dans le même temps, force est de constater que l’on ne retrouve jamais ce genre d’article dans les grands médias français. Or le monde n’a jamais appartenu, et n’appartiendra jamais aux peuples craintifs et déconnectés du monde réel. 

     

    Limiter le déclin de l’Europe

     

    La France a pourtant un rôle à jouer dans une Europe en déclin démographique, et qui ne parviendra à maintenir son niveau actuel de population que grâce aux apports migratoires. En dehors de la France, l’UE, à elle seule, a de nouveau affiché un solde naturel négatif en 2016, de 215 000 personnes. L’Allemagne (qui a connu une croissance démographique deux fois supérieure à celle de la France) et l’Italie perdent chaque année autour de 150 000 « autochtones », chacune, soit davantage que le nombre total des victimes de la bombe d’Hiroshima. Avec une importante et grandissante immigration, en réponse à un ICF constamment inférieur à 1,55 enfant par femme dans l’UE, hors France, il y aura donc toujours autant d’habitants en Europe, mais les Européens y seront progressivement minoritaires. Et ce qui est mathématique est incontestable.

     

    Forte de sa taille, et toujours handicapée par un retard de deux siècles, la France doit donc mettre en place une politique familiale particulièrement volontariste. Ceci est d’autant plus nécessaire que le nombre de naissances en métropole a baissé pour la sixième année consécutive, pour s’établir à 747 000 en 2016, soit un ICF égal à 1,89. Ce niveau correspond ainsi à un déficit de 71 000 naissances par rapport au seuil de renouvellement des générations (2,07). D’ailleurs, il est à noter que le nombre idéal d’enfants souhaités est estimé en moyenne à 2,4 par famille, les femmes en désirant même légèrement davantage que les hommes. Or, un ICF de 2,4 enfants par femme correspondrait actuellement à un surcroît d’un peu plus de 200 000 naissances par année, ce qui permettrait à la France de rattraper progressivement son retard, et sans avoir recours à une immigration importante. Mais ceci contribuerait également à limiter le déclin démographique de l’Europe dans le monde, dont la multipolarité doit être préservée.

     

    Enfin, cet accroissement démographique pourrait pousser la France à songer plus sérieusement à développer les énergies renouvelables, respectueuses de l’environnement. Et à rattraper, là aussi, son retard par rapport aux autres pays européens.  

    Spécialiste du Monde francophone, Conférencier,

    Secrétaire général adjoint de la revue "Population & Avenir" (La revue des populations et des territoires),

    Ex-Administrateur de l'association Paris-Québec,

    Auteur du "Petit dictionnaire du Monde francophone" (L'Harmattan, Avril 2015).

  • Zemmour sur Alstom et STX : « Airbus, que de crimes on commet en ton nom ! »

     

    BILLET - La vente d'Alstom Transports à l'Allemand Siemens et celle des chantiers navals de STX à l'Italien Fincantieri font grand bruit. Eric Zemmour donne son analyse [RTL 28.09]. Le déclin industriel français se poursuit, et, semble-t-il, dans l'indifférence de l'Etat. Il est pourtant l'une des causes du chômage de masse et de l'appauvrissement de la France.  LFAR 

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge

    « C’est la période des soldes. La grande braderie. Il faut se précipiter : bientôt, il n'y aura plus rien à vendre. Des pépites en veux-tu en voilà : venez, venez braves gens, venez faire votre marché, on liquide !», clame Éric Zemmour. « Mais nos liquidations ont de belles manières. On est français quand même ! », raille Zemmour, qui note que « notre boutique de soldes a pour enseigne 'Au bon Airbus' ! »

    « Les Allemands veulent Alstom ? C'est l'Airbus du TGV. Les Italiens mangent STX ? C'est l'Airbus naval. Quand Nokia a bouffé Alcatel, c'était l'Airbus du téléphone. Demain, si Volkswagen prenait Peugeot, on aurait l'Airbus de l’automobile », tonne-t-il. Éric Zemmour, qui constate « la mort des pure players, rachetés par les conglomérats à l’ancienne », conclut en s'exclamant : « Airbus, que de crimes on commet en ton nom ! » 

    Éric Zemmour

  • Le Medef a la vue courte et le regard partiel

     

    En deux mots.jpgUn récent slogan du Medef a fait scandale. Et long feu. Un jeune (ce masculin inclut garçons et filles) dit ceci : « Si l'école faisait son travail, j'aurais du travail ». 

    Tout le secteur scolaire s'est soudainement et solidairement soulevé, indigné, et s'est fait menaçant. Une vraie bronca, comme à Séville ... Le Medef s'est excusé et a retiré son slogan. Pierre Gattaz, le fils d'Yvon, a dû avaler son chapeau. 

    Ce n'est pas que le Medef avait tout à fait tort. C'est qu'il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. 

    Il est évident que l'Ecole ne fait plus son travail. Les raisons en sont multiples. D'abord la domination déjà ancienne des pédagogistes à qui la gauche déconstructiviste et la droite indifférente l'ont conjointement livrée. Ils ont fait de l'Ecole cette « fabrique du crétin »  que Jean-Paul Brighelli a décrite - après l'avoir ainsi définie - dans un livre à succès. Comme cela fait autour de cinquante ans et plus que cela dure, il ne faut pas se cacher qu'à partir de 1968, au moins, l'inculture ne se limite pas aux élèves. Les professeurs eux-mêmes en sont atteints, méconnaissent qui l'orthographe et la grammaire, l'esprit de la langue, qui l'Histoire, qui les bases de la culture générale. Leur niveau a baissé et le temps qui serait nécessaire pour le relever suffira sans nul doute à Messieurs Gattaz, père et fils, pour passer de vie à trépas. Comment des professeurs eux-mêmes insuffisamment formés, feraient-ils de bons élèves ? C'est l'exception s'il s'en dégage de ce bourbier. Bourbier aussi parce que des classes où les immigrés sont devenus majoritaires ne produisent généralement ni l’homogénéité ni l’excellence. Pauvres professeurs ! Pauvres élèves ! 

    Mais l'inculture scolaire - qui, selon le Medef, prive de l'emploi - n'est pas la seule. Elle n'est pas hors contexte. Certes, elle est une source, mais elle est aussi un reflet. Le Medef l'ignore. Il a la vue courte et le regard partiel. 

    Car il y a aussi, trop souvent, l'inculture et le relâchement moral des parents, déjà à un stade avancé, l'instabilité des couples, la décomposition des familles, leur irresponsabilité, tout ou presque étant désormais attendu de l'Ecole. A l'unisson, le Medef oublie que, pour l'éducation, sinon l'instruction, des enfants, la famille est antérieure et supérieure â l'Ecole. « Si les familles faisaient leur travail, je travaillerais mieux à l'école et ensuite j'aurais un travail » aurait dû dire l’artefact du Medef si ce dernier n'était lui-même promoteur de l'individualisme, moderne ou postmoderne. « Familles, je vous hais, pense le marché. Nations, Etats, racines, communautés, cultures, héritages,Tradition, je vous hais. L'individu-roi, atome réduit à son seul caprice, est bien plus grand et stupide consommateur ! » 

    Tout se tient : la défaillance des familles et de l'Ecole, instaure, sur les jeunes, mais pas seulement, la royauté des écrans : Internet, les réseaux sociaux, les tablettes et les smartphones, qui rendent imbéciles, selon Mathieu Bock-Côté. Sans compter les télévisions et les radios aux programmes presque toujours médiocres, vulgaires et délétères.

    Quant aux « élites » médiatiques et politiques, grandement et notoirement incultes, le spectacle qu'elles donnent aux jeunes n'a vraiment rien qui puisse, pour eux, être formateur. 

    C'est ainsi qu'une société part dans son ensemble en quenouille et sacrifie sa jeunesse, se sacrifie tout entière. 

    Ce que le « jeune » virtuel pourrait objecter au Medef qui l'a imaginé, pourrait se dire ainsi : « Si l'Ecole faisait son travail, cela ne suffirait pas car elle serait la seule. La seule à le faire. Et je serais quand-même chômeur ».  •

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Recherche des causes ... Parmi les principales, les plus effectives ...

  • La guerre du vocabulaire. Ou comment réapprendre à parler sans se soumettre aux censeurs

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Dans cette tribune du Journal de Montréal [19.09], Mathieu Bock-Côté traite des interdits qui pèsent sur certains mots du vocabulaire de notre famille de pensée. A chacun d'eux, il restitue sons sens vrai ; il montre les réalités profondes que ces mots proscrits recouvrent et saisit l'occasion pour rappeler quelques vérités essentielles et profondes. Qui valent dans son Québec natal, comme elle valent en France et en Europe. Mathieu Bock-Côté finit toujours par aller à l'essentiel, par le faire découvrir. Et c'est, pour l'esprit, une joie vraie.  En reprenant nombre de ses publications, tout simplement, nous la faisons partager. LFAR

     

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    De bons amis, soucieux de notre bonne réputation, disent souvent aux nationalistes québécois: n'utilisez pas le mot « identitaire » lorsque vous parlez de votre vision du Québec, il est contaminé par les groupuscules qui le revendiquent. Identitaire serait un mot toxique, à proscrire.

    Ces mêmes amis nous disent : n'utilisez pas le mot « conservateur », il vous fera passer pour des nostalgiques de Stephen Harper. Il témoigne d’une psychologie du repli sur soi, presque antimoderne.

    Ces mêmes amis poursuivent : ne vous dites pas « nationalistes», ce mot, en Europe, est associé à l'extrême-droite.

    Et il arrive même que ces amis nous disent : souverainiste, c'est un mot qui laisse croire que vous êtes fermé à la mondialisation. À tout le moins, en France, on en fait un symbole de fermeture.

    À ce rythme, nous finirons par ne plus rien dire. 

    Certes, le langage est l'objet d'un débat politique. Chacun cherche à imposer son vocabulaire à l'adversaire : on veut survaloriser ses propres mots et dévaloriser ceux du camp d'en face. C’est ainsi depuis toujours et cela ne changera pas demain.

    Mais je constate que ceux qui sont attachés à la cause nationale se laissent intimider par ceux qui cherchent chaque fois à disqualifier leur vocabulaire. Ils se laissent piéger. Ils ne savent plus trop comment parler.

    Retrouvons le sens premier de ces mots.

    Identitaire ? On réfère ainsi à la part existentielle de la communauté politique. On rappelle qu’elle n’est pas un pur artifice juridique et qu’elle s’est nouée dans la culture et l’histoire. On rappelle qu’un corps politique est nécessairement historique et qu’aucune nation ne saurait durer sans le souci de sa singularité, sans le désir de persévérer dans son être.

    Conservateur ? Le conservatisme est une philosophie de l’enracinement, qui rappelle que l’homme est un héritier, et qu’il doit s’inscrire dans une histoire particulière pour accéder à l’universel. Le conservatisme incite aussi à se méfier des fausses promesses de la modernité et de ses dérives, ce qui ne veut pas dire qu’il la congédie en elle-même.

    Nationaliste ? Ce mot est inscrit dans notre histoire. Il désigne une fidélité première au Québec et rappelle que jamais notre existence nationale ira sans combat en Amérique. Je veux bien croire qu’il change de signification en traversant l’Atlantique mais on ne saurait pour cela abolir la culture politique québécoise qui rend compte des singularités de notre aventure collective.

    Souverainiste ? Lui aussi est inscrit dans l’histoire politique du Québec : c’est ainsi qu’on a nommé la quête d’indépendance depuis la Révolution tranquille. Quand on nous invite à utiliser un autre terme parce que celui-là, en Europe, serait connoté à droite, on en vient encore une fois à dissoudre la singularité québécoise dans un contexte qui n’est pas le sien.

    On me répondra : ne nous disputons pas pour des mots. Et pourtant il faut le faire. Parce qu’à bannir sans cesse des mots, c’est la possibilité d’exprimer certaines idées qu’on en vient à censurer. À force de se soumettre à la police du langage, on développe un très fort réflexe d’autocensure, on ne parvient plus à parler librement, et à terme, on en vient à penser contre soi, de peur de heurter les gardiens de la rectitude politique.     

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Une victoire si amère que ça ?

    A la Une du Figaro d'hier lundi ... 

     

    En deux mots.jpgIl a fallu bien des années à Alain Minc pour s'apercevoir que les nations, comme les personnes, ont, selon son expression, un ADN. C'est ce que les élections allemandes viennent de nous rappeler. Et de nous démontrer avec la force de l'évidence. 

    Manifestement, Allemands et Français, nous ne sommes pas le même peuple. Nos ADN sont différents, parfois opposés. Malgré De Gaulle et Adenauer, malgré Giscard et Schmidt, Mitterrand et Kohl, malgré les avions, le TGV, Internet, Erasmus, les réseaux sociaux, les interdépendances de tous ordres, notamment économiques ou financières, etc. C'est comme si rien n'était de taille, malgré l'opinion courante, à gommer les différences. 

    Nous avons élu le président de la République il y a à peine un peu plus de trois mois. Mais Emmanuel Macron a surtout été choisi parce qu'il incarnait les apparences de la rupture : par l'âge, la culture, le maintien, l'allure et parce qu'il signifiait le « dégagisme ». C'est à dire l'éviction programmée et rapide de toute une caste honnie dont on ne voulait plus. En l'affaire, l'électorat d'avril dernier n'a pas cherché beaucoup plus loin. Un trimestre a suffi pour que la cote de popularité du Chef de l'Etat soit au plus bas. On sait qu'elle a perdu 24 points en juillet-août et, aujourd'hui, plus de 60% des Français se disent mécontents, dont 20% de « très » mécontents. La rue manifeste, les routiers font mine de bloquer les postes d'essence et Mélenchon invite les jeunes à se mettre « en mouvement ». Il joue son Bolivar ou son Lénine et agite les vieux rêves de la Révolution. 

    Dimanche dernier, les Allemands ont renouvelé le Bundestag qui pour la quatrième fois reconduira Angela Merkel â la chancellerie. S'il n'y en a pas de cinquième, elle y sera restée 16 ans. D'ailleurs, comme Helmut Kohl, son mentor.   

    Merkel gouvernera à la tête d'une coalition ; son parti, quoique largement en tête, ressort légèrement affaibli de la consultation de dimanche. Mais, c'est évident, elle a très largement l'estime et le soutien du peuple allemand. Au reste, l'on a trouvé, Outre-Rhin, les débats Merkel-Schulz terriblement ennuyeux, tant leurs programmes sont proches. L'Allemagne est un pays de consensus. En France, il est rare et éphémère. Amère victoire pour Merkel ? C'est surtout une vision française ...

    Bainville réfléchit dans son Journal, vers 1932-33, sur le « besoin d'être commandés » des Allemands, peut-être plus vif, chez eux, que chez la plupart des autres peuples. Commandés, ils le seront peu après sous une forme extrême, où l'hubris, le romantisme, l'exaltation, l'horreur et, pour finir, l'apocalypse suprême, affecteront, dans un unanimisme peu contestable, ce peuple, d'ordinaire raisonnable, sagement laborieux et uni.  

    Quatre-vingt-dix députés de l'AFD entreront bientôt au Bundestag, véritable lieu de la souveraineté allemande, ce qui brise un peu l'unanimisme dont nous avons parlé, ou, vu autrement, le reconstitue contre une AFD pour l'instant à 13%.  

    L'essor de l'AFD témoigne - et c'est une première - de l'ébranlement des tabous - ou des complexes - allemands d'après-guerre. Ce parti sera-t-il amené à constituer un jour autour de lui une unanimité de substitution ?  On ne peut jurer de rien. Mais dans cette grande et opulente maison de retraite  constitutive aujourd'hui pour partie de la nation allemande, brandir la menace d'une quelconque résurgence d'un mouvement ou d'un climat ayant une vraie parenté avec la période nazie, nous paraît relever d'une propagande de piètre niveau. 

    Rien ne dit si l'Allemagne de l'unanimisme, à tout le moins du consensus, de la stabilité et de la richesse, durera longtemps. Son effondrement démographique l’inquiète et l’affaiblit. Pour l'instant, elle est satisfaite de son sort et en sait gré à ses dirigeants. La guerre qu'elle mène aujourd'hui - c'en est une - est industrielle et économique. Et c'est une guerre lucrative celle-là qui lui rapporte bon an, mal an, 250 milliards.  

    Nous avons gardé notre légèreté, notre inconstance, - essentiellement en politique - et notre manie gauloise des divisions infinies. De sorte que nous vivons, avec les Allemands, de part et d’autre du Rhin, Gaulois et Germains, sous des systèmes non plus ennemis, mais antithétiques.  •

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • À tribord toute  ?

     

    Par François Marcilhac 
     
     
    3466611312.jpgOù va la droite  ? Ou, plutôt, les droites  ? puisqu’il existe toujours plusieurs partis qui s’en réclament… ou refusent de s’en réclamer pour ne plus être qualifiés d’extrêmes.
     
    Tel est le cas du Front national, qui persévère dans une posture post-gaullienne que lui dispute Nicolas Dupont-Aignan. Mais justement, le politologue Guillaume Bernard confiait récemment à notre confrère Boulevard Voltaire  : «  D’abord, il n’y a pas des droites, il y a une droite. Par ailleurs, il y a des partis politiques classés à droite.  » Et d’ajouter que Marine Le Pen a raison de croire que «  tenter une alliance des différents partis politiques qui sont à droite, c’est effectivement une illusion  »  ; «  en revanche, que des personnalités, et des électeurs surtout, se répartissent dans les partis à droite, mais qui sont tous de droite, cela est une véritable réalité  »  ; «  la recomposition pourrait se faire sur cette base-là  ». Dupont-Aignan s’illusionnerait donc en réfléchissant toujours en termes d’appareil, mais Marine Le Pen ne s’illusionnerait pas moins, en réfléchissant, elle aussi, dans les mêmes termes, mais en péchant par orgueil, le FN paraissant un mastodonte par rapport à DLF (Debout la France). Ce qui est vrai, mais justement… ce sont les appareils qui empêchent la recomposition de la droite – Guillaume Bernard a raison sur ce point. Comme sur la nécessité d’une clarification doctrinale. Existe-t-il véritablement une seule droite comme ideal-type et plusieurs appareils qui l’incarnent, mal, lorsqu’ils ne le trahissent pas (suivez mon regard)  ? Peut-être. Ce qui est certain, en tout cas, c’est l’annonce, en quelques jours, de deux bonnes nouvelles  : la droite a une force d’âme et elle n’est plus orpheline.

    L’autre nom du pays réel

    C’est Jacques de Guillebon, ancien conseiller de Marion Maréchal-Le Pen, qui nous a appris la seconde. La droite a été adoptée. Par qui  ? Par un mensuel incorrect, dédié «  à ceux qui espèrent toujours en leur patrie, généreuse, juste, forte et fraternelle  ». Et qui donc pourrait participer de ce mouvement de recomposition de la droite, via un organe rassemblant dans sa lecture des (é)lecteurs disséminés, ou non, dans les différents appareils se réclamant, ou non, de droite et dont les dernières échéances électorales ont censuré l’obsolescence. L’Incorrect semble préférer appeler «  tiers-état populaire  » ce que l’Action française appelle pays réel. Peuple et populaire ont, il est vrai, tant de sens  ! Expression intéressante, en tout cas, quand on sait que l’abbé Sieyès, auteur de la célèbre plaquette Qu’est-ce que le tiers-état  ?, publiée en 1789 et qui favorisa l’ébranlement de la monarchie, assimile le tiers-état au peuple. L’expression «  tiers-état populaire  » n’aurait-elle pas, dès lors, un petit air de pléonasme, comme avaient nos «  démocraties populaires  » de la seconde moitié du XXe siècle  ? Nos marxistes s’en défendaient à l’époque diablement  : essentiellement bourgeoise, la démocratie ne devenait un vecteur de la libération du prolétariat qu’en devenant «  populaire  », c’est-à-dire dédiée aux travailleurs. De même, «  populaire  » dans «  tiers-état populaire  » ramène le «  tiers-état  », confisqué par une élite dénationalisée ou encore une «  minorité gentrifiante  », du côté des «  gens qui ne sont rien  » ou encore des «  fainéants  » (d’après le gentrifiant Macron). Comme l’abbé Sieyès le disait du tiers-état, on peut donc dire  : «  Qu’est-ce que les gens qui ne sont rien  ? Tout. Qu’ont-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique  ? Rien. Que demandent-ils  ? À être quelque chose.  » Ou à l’être de nouveau…

    Pour une clarification doctrinale

    Ce qui suppose, évidemment, une clarification doctrinale. C’est là qu’intervient la première bonne nouvelle. C’est Valérie Pécresse qui, cette fois, nous l’annonce. Non seulement la droite a une force d’âme, mais «  ce qui fait la force d’âme de la droite, c’est d’avoir toujours préféré Charles de Gaulle à Charles Maurras  ». La clarification doctrinale est donc faite depuis longtemps et nous ne le savions pas  ! Valérie Pécresse peut même être proclamée “docteure” de la droite – comme il existe des docteurs de l’Église. Je renvoie aux mises au point que Stéphane Blanchonnet et votre serviteur ont faites sur cette sotte déclaration – elles sont sur le site de l’AF –, ainsi qu’à l’excellent article de Paul-Marie Coûteaux dans Minute du 13 septembre dernier. Si j’y reviens, c’est uniquement pour souligner que Valérie Pécresse a confirmé, sinon l’adage de Guy Mollet, selon lequel la droite française est la plus bête du monde, du moins cette dialectique qui l’oblige à chercher à concilier l’inconciliable, et fait que son histoire politique n’a été, depuis ses origines sur la question du veto royal, et donc sur celle d’une certaine conception de l’État, jusqu’à aujourd’hui, qu’un long et inévitable reniement. Nous parlons bien de son histoire politique, c’est-à-dire de la traduction de son action dans le jeu parlementaire. Car, alors que la gauche se meut naturellement dans le marigot des partis, son objectif étant de faire gagner un camp contre un autre – elle pense en termes de division et d’intérêts particuliers qu’elle universalise, fussent ceux d’une classe plus ou moins mythifiée  : elle est en cela l’héritière de l’abbé Siéyès –, la droite, au contraire, lorsqu’elle est fidèle à elle-même, cherche à faire prévaloir, sur les intérêts particuliers, la notion même de bien commun de la cité, qui passe aussi par la sauvegarde des libertés fondamentales du pays réel. C’est pourquoi elle ne saurait fondamentalement penser en termes de parti – voire d’un paradoxal parti de l’ordre qui a fini par justifier, à plusieurs reprises, contre le bien commun, la défense du désordre établi. Or c’est précisément ce que nous propose Valérie Pécresse en instrumentalisant la figure, quasi rhétorique, du général de Gaulle contre celle de Maurras – car il s’agit bien, ici, d’une opposition de figures plus rhétoriques qu’historiques  ! La droite de Valérie Pécresse est celle de ce nouveau parti de l’ordre qu’elle souhaite – et Laurent Wauquiez comme elle  ? L’avenir seul nous le dira – constituer sur les décombres des Républicains, alors que les Constructifs, à l’Assemblée, ont choisi de jouer la carte du centre-droit, partenaire indocile, et pour l’heure inutile, du Marais. Le drame est qu’il n’y ait plus de droite de conviction – nous dirions légitimiste, c’est-à-dire qui fait de la légitimité le socle de son action   : celle que la clarification doctrinale, si elle avait sérieusement lieu, devrait avoir pour objectif de ressusciter.

    Poser la question du régime

    Lorsque Valérie Boyer, député Les Républicains, rappelle  : «  La France est une république laïque d’influence et de valeurs chrétiennes. Notre histoire s’est construite autour des rois et des Églises  », elle se place naturellement au sein de cette famille politique de conviction, mais à laquelle les institutions, plus encore que les appareils qui n’en sont que les outils, interdisent de se recomposer et finalement d’arriver au pouvoir. La Ve République avait paru un temps trancher le nœud gordien institutionnel. Mais, on ne le voit que trop bien aujourd’hui, sans résoudre à terme la quadrature du cercle que représente, pour la droite, le fait de devoir s’incarner, si elle veut gouverner, dans un système partisan qui contredit sa force d’âme bien plus que Charles Maurras  ! C’est encore et toujours la question du régime qu’il faut poser. Même si, en attendant, l’Action française salue toutes les synergies incorrectes visant à ouvrir les yeux du «  tiers-état populaire  ». Lequel, avec notre aide, finira bien un jour par susciter un général Monck pour la France  !  •

    Action Française 2000 du 21.09.2017