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Actualité France - Page 330

  • Loi de moralinisation

     

    par Elisabeth Lévy
     
    Une excellente tribune publiée dans Causeur le 
     

    3963099543.jpgSi quelqu’un veut instaurer une dictature en France, qu’il s’y prenne entre le 20 juillet et le 15 août, il a toutes les chances d’y parvenir. Personne ne troublera ses vacances pour si peu. À l’exception d’un édito par-ci et d’une tribune par-là, nul ne s’est ému de la disposition scélérate adoptée par l’Assemblée dans la nuit de vendredi à samedi, avec le reste de la stupide loi « confiance ». 

    Que dire, en effet, d’un texte par lequel les députés acceptent de se placer sous une tutelle infantilisante parce que le moloch de l’opinion exige de voir leurs notes de frais et que puisque je suis obligé de le faire pourquoi pas eux gnagnagna, et qui leur interdit de surcroît de travailler avec les personnes en lesquelles ils ont le plus confiance, parce que le Canard et Mediapart sont aux aguets ? Cette loi manifeste en vérité un consternant asservissement à l’air du temps et aux vaches sacrées d’une époque qui ne tolère plus que l’on ait quelque chose à cacher. On dira que, si les députés veulent se mettre à poil, c’est leur problème. Pardon, mais vu qu’ils me représentent, moi le peuple souverain, c’est un peu le mien.

    Feu sur la liberté d’expression !

    Toutefois, le plus scandaleux n’est pas cette nouvelle et grotesque avancée de la transparence, mais le forfait contre la liberté d’expression, donc, contre la démocratie, contenu dans l’article 1, de la loi, modifié au cours des débats par les amendements 572 et 621, dont Alain Jakubowicz, le patron de la Licra, tient absolument à faire savoir urbi et orbi qu’ils ont été inspirés par son association. Il s’agit en réalité d’un sucre lâché aux ultras, tous ceux qui entendent laver plus blanc que blanc (surtout le linge des autres), pour leur faire avaler l’abandon de l’exigence de casier judiciaire vierge pour tous les candidats, idée qui, en plus de son robespierrisme outrancier, montre la confiance que nous avons dans la capacité de rédemption de notre Justice, mais qui, semble-t-il n’était pas constitutionnelle, quel dommage.

    La lettre écarlate vous suivra pendant dix ans

    On pourra donc élire un repris de justice, sauf s’il a commis un de ces délits d’opinion que nos associations, bras armés et même dopés de la police de la pensée, se font un honneur de traquer et qu’elles appellent « dérapages ». Si le texte n’est pas modifié au cours des débats, toute condamnation pour diffamation ou injure à caractère racial, antisémite, homophobe ou témoignant d’une forme quelconque de discrimination, sera en effet assortie, sauf avis contraire du juge, d’une peine d’inéligibilité de dix ans. En gros, si vous avez fait des conneries, vous pouvez représenter le peuple souverain, mais si vous en avez dites ou écrites, pas de pardon, la lettre écarlate vous collera à la peau pendant dix ans, et, pour le tribunal médiatique, à perpétuité. On devrait s’interroger sur notre sensibilité croissante à ces délits qui se commettent la plume ou le micro à la main. Est-ce parce que nous ne sommes plus capables d’argumenter contre les idées qui nous déplaisent que nous cherchons à les faire disparaître par des pincements de nez ou, de plus en plus souvent, par des opérations d’intimidation judiciaire ?

    Aux électeurs de choisir

    Sur le plan des principes, cet article 1 est problématique à plusieurs titres. Tout d’abord, cela ne semble pas vraiment casher du point de vue de la séparation des pouvoirs. Les juges ne devraient intervenir dans le processus électoral en prononçant des peines d’inéligibilité que lorsque c’est indiscutablement légitime, par exemple pour empêcher un trafiquant de drogue de se présenter à une élection. Mais la règle devrait être que ce sont les électeurs qui choisissent. Une fois informés des turpitudes commises par un candidat, celui-ci ayant purgé sa peine ou acquitté sa dette, c’est à eux de décider. On peut trouver déplorable que Patrick Balkany soit réélu. On ne peut pas faire une loi pour obliger les gens à être intransigeants sur l’honnêteté passée de leurs élus.

    L’Encyclopédie n’aurait jamais existé

    Mais si l’affaire est grave, c’est parce qu’elle concerne la « libre communication des pensées et des opinions », que nous appelons communément liberté d’expression, et qui est, selon les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’Homme, « un des droits les plus précieux de l’Homme ». Certes, cette liberté ne saurait être sans limites. Du reste, toute société se définit par ce qu’il n’est pas permis de dire. Seulement, sous l’influence conjointe du juge et du législateur, cette limite, en France, ne cesse d’être déplacée et le champ de la liberté restreint. Jamais les Encyclopédistes n’auraient existé dans ce climat de pudibonderie idéologique où on brandit son juge dès qu’on se sent offensé ou choqué. Cette République des chochottes et des susceptibles n’est pas seulement irrespirable politiquement, elle est intellectuellement désespérante car elle interdit tout véritable débat. (Pour avoir une idée de ce qu’on appelle « débat » aujourd’hui, il faut écouter la quotidienne de France Inter appelée « Le débat de midi », où il n’y a jamais, justement, l’ombre d’un débat car l’animatrice déroule le tapis rouge à tous les poncifs du moment sans jamais exprimer une once de distance ou de contradiction, on dirait un sketch sur le lavage de cerveau)

    Embastiller les racistes ?

    J’entends les protestations. Faut-il laisser des racistes en liberté ? Mais oui, et d’ailleurs c’est ce qu’on fait car à l’exception de quelques négationnistes multi-récidivistes, on n’embastille pas encore, en France pour les « crimes-pensée ». Et par ailleurs, interdire à Dieudonné ou à Le Pen de se présenter, c’est refuser le bénéfice de nos libertés à ceux qui ne pensent pas comme nous. Et c’est politiquement beaucoup plus dommageable politiquement que de les laisser prendre une raclée électorale. Ah oui, mais Hitler, dira-t-on encore. Pardon, mais au moment où Hitler arrive en tête aux élections, il est déjà trop tard. Et puis nous n’en avons pas en rayon.

    La Licra et le CCIF arbitres des élégances

    Ce qui rend l’article 1 beaucoup plus inquiétant encore, c’est le contexte dans lequel il est voté, alors que le mot racisme a aujourd’hui le dos si large qu’il permet de confondre toute personne qui aurait le culot de voir les différences culturelles autrement que pour les célébrer, et qu’il sert même à envelopper des propos du général de Gaulle repris par Nadine Morano. Ainsi a-t-on réussi, durant des années, à désigner comme tels tous ceux qui s’inquiétaient des flux migratoires (et il est vrai qu’il y avait des racistes parmi eux). Alors que cette inquiétude est partagée par 75 % des Français, il est plus difficile de la criminaliser. Aujourd’hui, des associations comme le Comité contre l’Islamophobie en France (CCIF) et ses supplétifs de la Licra, se font une spécialité de poursuivre tous ceux qui osent voir et décrire les méfaits de l’islam radical qui progresse sur notre territoire.

    La gachette judiciaire facile

    C’est ainsi que, en quelques mois, Pascal Bruckner, Georges Bensoussan, Eric Zemmour, Robert Ménard, pour ne citer que les plus connus, ont dû répondre de leurs propos devant les tribunaux. Rappelons que, dans le cas de Georges Bensoussan, poursuivi pour avoir évoqué l’antisémitisme répandu chez une partie des musulmans, c’est le Parquet, c’est-à-dire nous, qui a fait appel de la relaxe prononcée par le juge. Cela n’augure pas très bien de la façon dont la Justice aura à cœur de protéger nos libertés.

    Le plus dingue est que tout cela soit passé comme un lettre à la poste. Dans les médias, les rares journalistes qui n’ont pas encore laissé leur place à des stagiaires en redemandent, bien sûr. C’est vrai, quand interdira-t-on d’élection tout homme ayant fait une blague grivoise ?

    Les Insoumis soumis au politiquement correct

    À l’Assemblée, les braillards habituels n’ont pas moufté. On ne s’étonnera pas de ce que les insoumis, qui sont aux avant-postes du politiquement correct, n’aient rien trouvé à redire. Les députés FN, pourtant visés par la loi, étaient de sortie. Seule Emmanuelle Ménard, (apparentée FN) est courageusement monté au créneau lors de la séance de mercredi, parlant d’une « épée de Damoclès au-dessus de la liberté d’expression » : « Vous ouvrez la porte à l’arbitraire, au chantage de ces associations qui multiplient les procès, les transformant en un véritable fonds de commerce. Adieu Voltaire, bonjour Torquemada ! Je le dis à mes collègues de la République en marche : attention à ne pas entacher vos débuts par un texte attentatoire à cette liberté d’expression qui est l’un des socles de notre démocratie. Attention à ne pas être toujours plus donneurs de leçons, plus moralisateurs, plus démagogues aussi. » Inutile de préciser qu’elle n’a guère été applaudie. Reste donc à espérer que les sénateurs (ou le Conseil constitutionnel) feront prévaloir le bon sens. Il ne s’agit pas d’un détail. Si cet article 1 est voté, nous nous habituerons à un nouvel appauvrissement du débat démocratique, déjà mis à mal par l’envahissement du conformisme.

    Jouer à la Résistance

    On voit d’autant moins pourquoi les censeurs se gêneraient que l’opinion est comme anesthésiée. Il paraît que les Français sont accros à leur smartphone en vacances. Eh bien, ce n’est pas pour suivre les débats parlementaires. Nous adorons jouer à la Révolution, et plus encore à la Résistance. Mais nous ressemblons de plus en plus à ces veaux dont se moquait Mongénéral. Ou plus encore à ces hommes en bermudas dont Muray a montré qu’ils étaient l’avenir de l’espèce. Votez pour nous et laissez nous bronzer. Après tout, la police de la pensée ne fait pas de bruit de bottes.  • 

  • Caroline Galacteros : « Du bon usage des armes de la France »

     

    Caroline Galacteros a publié ces intéressantes réflexions sur le site de l'ASAF, l'Association de Soutien à l'Armée Française [25.07]. Nous ne pouvons que l'approuver, ayant, nous-mêmes, dans le même esprit, consacré de nombreux articles au sujet crucial dont il est ici question. LFAR  

     

    caroline_galacteros_3a92567ba9213106e7832bf876cd46d7.jpgÊtre un chef. Tout un programme. Mais surtout une exigence première, profonde : protéger les siens, ceux qui dépendent de vous, de vos choix, ceux qui remettent leur vie entre vos mains parce qu'ils ont confiance, vous respectent et savent que vous ne les livrerez pas légèrement à l'adversité et, pour commencer, à l'adversaire.

    Pour un sous-officier ou un officier, il s'agit de protéger ses hommes, de les engager à bon escient et dûment équipés.

    Pour un chef militaire et évidemment pour le premier d'entre eux, il s'agit de protéger nos armées de la pensée comptable et des raisonnements à courte vue de Bercy qui, depuis 30 ans, les met à nu impunément, tout en leur demandant toujours plus. Pour notre chef de l'État, chef des armées ès qualités, c'est encore protéger celles-ci pour leur permettre de remplir leur mission… de protection du peuple français et de la France dans toute l'ampleur et la diversité de ses intérêts matériels et immatériels. 

    La loyauté du chef d'état-major des Armées envers le président de la République est totale et naturelle. Elle n'est pas à géométrie variable ni de nature politicienne, attachée à un homme ou un camp, mais bien plutôt à une fonction incarnée par un individu donné, choisi par les urnes à un moment donné.

    Dans le cas de Pierre de Villiers, c'est la loyauté d'un soldat de grand prestige envers le dépositaire de la souveraineté populaire, quel qu'il soit. C'est cette loyauté qui lui a fait devoir d'informer les représentants du peuple, en l'espèce les membres de la commission des Forces armées de l'Assemblée nationale, de l'état réel de nos armées, et du caractère insoutenable d'une nouvelle salve de coupes budgétaires décidées par des technocrates inconscients du coup ainsi porté à la chair de la patrie pourtant si manifestement en danger. 

    Dangereux coup de rabot 

    Un énième coup de rabot arrivant après des annonces de gel et de surgel de lignes budgétaires, qui pourrait bien sonner le glas, après bientôt trente ans d'efforts financiers endurés sans mot dire, de notre efficacité opérationnelle ; donc in fine de la crédibilité militaire de la France et de celle du président qui l'incarne, notamment à travers la disposition et l'emploi éventuel de « l'outil militaire ».

    Depuis la professionnalisation, nos armées ont subi de plein fouet l'utopie délétère des « dividendes de la paix ». Elles se sont réformées, ont réduit puis réduit encore leurs formats opérationnels. Elles ont vu fondre leurs effectifs, vieillir leurs équipements, s'amoindrir constamment la protection de leurs soldats engagés au loin, tandis que le spectre des menaces et des théâtres de leur projection ne cessait, lui, de s’accroître, désavouant tragiquement des « Livres blancs » iréniques et inconséquents. Tandis aussi que le politique, de plus en plus impuissant ou défaillant au plan intérieur, voyant en cette institution loyale, structurée, dévouée, résiliente et courageuse, un vecteur spectaculaire inespéré et commode de démonstration d'autorité, en usait et abusait. 

    La défausse du politique sur le militaire est allée trop loin, jusqu'à remplacer la définition et la mise en œuvre d'une politique étrangère cohérente et ambitieuse, toujours introuvable. Les résultats de ce double grand écart sont là. Nos armées sont aujourd'hui massivement engagées dans le monde aux avant-postes de la menace islamiste, mais aussi sur le territoire national, où l'on ne peut plus esquiver sans irresponsabilité l'anticipation de leur engagement potentiel en appui de forces de sécurité insuffisantes ou débordées par une éventuelle contestation communautaire intérieure sur fond de déstabilisation islamiste. 

    Préserver l'essentiel 

    On a donc sur-sollicité et sous-financé nos armées et elles se sont vaillamment mais trop longtemps sans doute exécutées, cherchant à « préserver l'essentiel », à trouver la martingale de « la juste suffisance », escomptant qu'on ne les affaiblirait pas jusqu'à devoir avouer qu'elles ne pouvaient plus remplir leur mission de protection de la France et des Français. Ce que précisément a dû reconnaître le général de Villiers, la mort dans l'âme. Un crève-cœur. 

    L'arithmétique budgétaire, c'est sympa, c'est magique…, mais compter des soldats et des équipements comme des choux peut aboutir à bientôt devoir compter des «morts pour la France» bien légèrement consentis. Et qui rendra alors des comptes ?

    Les politiques ? Que nenni !

    Ce seront naturellement les chefs militaires car eux seuls connaissent le prix de la vie et ont conservé l'habitude d'assumer leurs actes et responsabilités. Et sans même parler des hommes, sait-on seulement dans les couloirs de notre ministère des Finances au cœur froid qu'il faut au bas mot dix ans pour retrouver une capacité opérationnelle sacrifiée d'un trait de plume par nos comptables nationaux ? 

    Caprice présidentiel ? 

    Mais au-delà du caprice présidentiel ou de l'autoritarisme confondu avec une démonstration d'autorité, la décision budgétaire du président traduit quelque chose d'infiniment plus grave : l'incompréhension manifeste d'une urgence qui devrait pourtant, toutes affaires cessantes, l'occuper et le préoccuper. La défense est, comme chacun sait, le premier devoir d'un État. Il faut enfin se résoudre à établir des priorités, à structurer une vision stratégique digne de ce nom, et à définir – d'autorité pour le coup – un périmètre du régalien incompressible, sanctuarisé, auquel doivent être affectées les ressources nécessaires à la manifestation d'une crédibilité de la France dans ses projections de puissance et d'influence.

    Sinon, parler de leadership européen, de rang retrouvé, de grandeur et de valeurs n'a aucun sens, au moment même où nos partenaires allemands font une remontée budgétaire sensible en matière de défense, et alors que la menace islamiste et ses manifestations sanglantes, au-delà de reculs territoriaux actuels de l'organisation État islamique, sont en pleine explosion idéologique et numérique. 

    Jupiter donc ? Pourquoi pas, après tout ? On a suffisamment souffert de la normalité pathétique. Mais Jupiter armé d'un foudre en bon état et qui fasse vraiment peur !

    Le successeur de Pierre de Villiers est aussi un soldat de grande valeur, qui mêle bravoure, haut niveau de réflexion doctrinale, humanité et intelligence de situation. Gageons qu'il ne sera pas plus docile que son courageux prédécesseur qui se retire dans l'honneur, mais qu'il saura saisir l'opportunité de cette grave crise de confiance et de commandement pour convaincre notre jeune président qu'il est de son devoir, mais aussi de son intérêt, de protéger nos armées qui ne demandent qu'à être justement considérées et traitées pour servir et obéir avec cœur et panache.  •

    Caroline Galacteros 

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Un mauvais coup porté à la France

  • Macron, Villiers et le piège des 3%

     

    Par Jean-Michel Quatrepoint

    Patriotisme économique et patriotisme tout court commandent à ceux qui s'en réclament, dont nous, dont les royalistes, de suivre avec attention, comme nous l'avons fait souvent ici, les publications de Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique lucide, informé et ... patriote. Il revient, dans cette tribune [Figarovox, 21.07] sur la crise entre Emmanuel Macron et les armées mais, surtout, sur l'avenir de nos armées et de notre industrie, notamment de Défense, mises à mal par une impossible équation budgétaire . LFAR

     

    4163199303.jpgLe général Pierre de Villiers est tombé au champ d'honneur… des 3 %. Ce trop fameux critère de Maastricht, inventé il y a plus de trente ans par la technocratie française, est la cause du « clash » avec Emmanuel Macron. Ce dernier est prisonnier de ses engagements vis-à-vis de l'Allemagne et de Bruxelles, dont il a fait la pierre angulaire de sa stratégie. Pour relancer le couple franco-allemand, redonner à la France une place éminente, il estime qu'il n'y a pas d'autre solution que d'obéir aux dogmes : à commencer par les 3 % de déficit budgétaire et la réforme du marché du travail. C'est le prix à payer, estime t-il pour se faire à nouveau respecter par les Allemands. « En même temps », le président doit respecter les promesses faites en matière de fiscalité du capital (réforme de l'ISF, flat tax de 30% sur les revenus de capitaux mobiliers).

    Un instant, son gouvernement, face à une équation budgétaire impossible, a été tenté de repousser ses promesses. Les milieux d'affaires ayant vivement réagi, Emmanuel Macron a réaffirmé que son programme de baisses d'impôts ciblées seraient tenues. Dès lors, face à un budget 2017 qui - ce que chacun savait - dérapait, Emmanuel Macron n'avait plus qu'une option: sabrer dans les dépenses publiques et mettre les collectivités territoriales à la dette. C'était, à vrai dire, ce que l'on attendait de lui à Bruxelles et à Berlin. Mais pas dans les grands ministères régaliens. À commencer par les Armées, qui ont un autre agenda, avec également un chiffre: 2% du PIB pour le budget de la Défense. Un objectif qui correspond aux règles de l'OTAN et qui doit s'appliquer à tous les pays européens.

    Pour comprendre ce qui se joue, il faut faire un bref retour en arrière. En 1995, les militaires ont obtenu de Jacques Chirac la fin du service militaire et la professionnalisation des Armées. Avec, du moins l'espérait-il, une double retombée. D'une part une amélioration des soldes et des conditions de vie. De l'autre, une modernisation des équipements. C'était sans compter sur Bercy, qui voyait dans le budget de la Défense une variable d'ajustement. Ainsi, chaque année, au nom de la lutte contre les déficits, on rognait allègrement les dépenses d'équipement. Ce qui ne faisait qu'en accroître, in fine, le coût. C'est ainsi que l'armée française s'est peu à peu paupérisée, comme la police, la justice et les affaires étrangères.

    Sous le quinquennat de François Hollande, le rapport de forces avait quelque peu changé : lutte antiterroriste et opérations extérieures obligent ! Jean-Yves Le Drian et son très puissant directeur de cabinet Cédric Lewandoski gagnaient la plupart des arbitrages. D'autant que le ministre se révélait un remarquable VRP pour les industriels de la Défense. La jeune technostructure de Bercy rongeait son frein. En attendant de prendre sa revanche. L'élection d'Emmanuel Macron allait lui en donner l'occasion.

    Pierre de Villiers, lui, au contact direct des troupes, connaissait parfaitement l'état d'obsolescence d'une partie des équipements. Au-delà des forces spéciales et des quelque Rafales qui interviennent sur les théâtres extérieurs, l'Armée manque de tout. Les hommes sont épuisés par l'opération Sentinelle. À l'automne, quand la campagne présidentielle a démarré, le chef d'État-major militait pour porter le budget de la Défense à 2% dès 2018. Puis il avait repoussé les délais à 2022. Ce que tous les grands candidats à l'élection présidentielle avaient repris à leur compte. À l'exception d'Emmanuel Macron qui avait déjà fixé à 2025 l'échéance. En 2016, nous étions à 1,78%. Ce pourcentage va baisser en 2017. Pour tomber avec les dernières économies réclamées (850 millions) à moins de 1,75%.

    Certes, Emmanuel Macron a promis qu'en 2018 les Armées seraient le seul budget en augmentation et qu'il atteindrait 34,02 milliards contre 32,5 en 2017. En réalité, ce ne sera qu'un rattrapage et la montée en puissance pour atteindre les 2% en 2025 est sujette à caution. Pour les Armées, le compte n'est pas bon, car les dépenses d'équipement sont considérables si l'on veut maintenir la France dans le peloton de tête des grandes nations militaires. À un moment où bien des pays réarment. À partir de 2020, la modernisation de la force de frappe va absorber 6 milliards d'euros au minimum par an, contre 3,5 actuellement. Il faut d'urgence lancer le successeur du Charles de Gaulle, l'idéal étant d'avoir enfin deux porte-avions, afin qu'il y en ait toujours un d'opérationnel. Les chars, véhicules blindés arrivent en bout de course. Notre flotte aérienne se rétrécit. En matière de cyber défense ou de drones, nous avons beaucoup à faire.

    Voilà pourquoi la décision d'Emmanuel Macron de sabrer dans les dépenses d'équipement, avec une phrase sibylline, qui semblait reprocher au chef d'État-major d'être trop à l'écoute des industriels de la Défense, est inquiétante. Y a-t-il un agenda caché dans tout cela ? Après avoir laissé tomber, depuis un quart de siècle, des pans entiers de l'industrie, s'apprête-t-on à liquider, sous couvert de coopération européenne, nos industries de défense ? L'Allemagne ne cache plus ses ambitions dans ce domaine. D'ores et déjà, son budget de la Défense dépasse celui de la France. Il atteint, cette année, 37 milliards, dont 11,1 milliards pour les seuls équipements. Une Allemagne qui n'a pas la charge de la dissuasion nucléaire, ni des opérations extérieures. En 2020, ce budget atteindra 39 milliards. Cette montée en puissance permet aux industriels allemands de se positionner sur leurs secteurs traditionnels (sous-marins, chars), mais aussi sur des créneaux qu'ils avaient délaissés jusqu'alors. Avec des succès à l'exportation surprenants. C'est un fusil allemand qui va désormais équiper les armées françaises !

    Le prochain scénario que l'on va nous communiquer, nous vendre est celui de l'indispensable coopération franco-allemande en matière de défense. Ce fut l'objet d'un conseil franco-allemand à Paris, à la veille du 14 juillet, avec l'annonce du projet d'un futur avion de combat commun, d'un programme sur la cyber guerre, sur les drones, les avions de transport, etc. Puisque nous n'avons plus les moyens financiers, il nous faut donc partager les coûts avec ceux qui ont l'argent. Ce que l'on n'a peut-être pas compris à Paris, c'est qu'à terme c'est un marché de dupes. Le même que celui que nous avons fait lors de la création d'EADS. La France a perdu le pouvoir au sein d'Airbus, en partie par sa faute. Les Allemands ont méthodiquement grignoté, récupéré les parties les plus juteuses. Ce sont eux qui règnent sur les activités de défense du groupe. Ils fabriquent l'Eurofighter, un vieil avion dépassé concurrent du Rafale. Ils ont donc besoin d'un successeur et du savoir-faire des Français. Attention à ce que ce futur avion européen ne soit pas le moyen de nous phagocyter. L'Allemagne estime que tout ce qui relève de l'industrie lui revient. Et on peut se demander si notre jeune président, dont les yeux brillent surtout pour les start-up, ne pense pas au fond de lui-même que l'avenir de notre pays ne passait plus par l'industrie, quelle qu'elle soit. Le piège des 3% se referme donc sur nous et sur ce qui restait encore de l'excellence industrielle française : les industries de défense. 

    « Après avoir laissé tomber, depuis un quart de siècle, des pans entiers de l'industrie, s'apprête-t-on à liquider, sous couvert de coopération européenne, nos industries de défense ? »

    Jean-Michel Quatrepoint

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économique. Il a travaillé entre autres au Monde, à La Tribune et au Nouvel Économiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir. Il est membre du Comité Orwell. Dans son livre, Le Choc des empires. États-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l'économie-monde? (Le Débat, Gallimard, 2014), il analyse la guerre économique que se livrent les trois grands empires qui règnent en maîtres sur la mondialisation. Son dernier livre, Alstom, scandale d'État - dernière liquidation de l'industrie française, est paru en septembre 2015 aux éditions Fayard.

  • La nouvelle Assemblée ou la philosophie du foutoir

     

    Par André Bercoff

    Dans cette humeur selon son style si personnel et si sympathique [Figarovox 28.07] André Bercoff exprime un fort point de vue. Derrière l'amateurisme des députés LREM, les amendements antiracistes liés à la loi de moralisation montrent une volonté de réduire au silence tous ceux qui ne rentrent pas dans les clous de la « police novlangue ». André Bercoff a raison.  LFAR

     

    1134714189.jpgEn politique comme ailleurs, il est peut-être bon de ne rien savoir, mais il ne faut point en abuser. Ils furent nombreux à se réjouir, et légitimement, de l'éruption des jeunes pousses de la société civile dans la République en Marche. Le Monde Nouveau surgissait enfin sur les bancs du Palais Bourbon, balayant les caciques fatigués, les septuagénaires blasés, et les vieilles formations gouvernementales en déroute. Reste qu'être député exige un certain nombre de connaissances quant au fonctionnement de l'appareil législatif : faire la différence entre article et amendement, savoir formuler sa question de façon à ce qu'elle n'apparaisse pas comme un sabir au goût étrange venu d'ailleurs ; de ce point de vue, le présent spectacle apparaît, selon que l'on appartienne à la majorité sonore ou à l'opposition indignée, réjouissant ou navrant.

    Force est de reconnaître qu'une dimension quasi zoologique vient d'être atteinte avec des députés qui votent contre un article de la loi de « confiance dans l'action publique » qu'ils avaient pourtant ratifié en commission. Ce qu'on appelle peut-être en psychanalyse la schizophrénie heureuse ; en réalité ici, l'envers d'un amateurisme appelé sans doute à s'estomper quand les néophytes apprendront à la fois la base du métier et la maîtrise de leurs affects. Pour le moment, ils semblent fonctionner à l'aveugle en attendant les instructions de messieurs Ferrand et Castaner, et la baguette du chef d'orchestre de Rugy : en l'absence de ceux-ci, tous les désespoirs sont permis, ce qui laisse aux aimables comédiens de la France Insoumise le loisir de se livrer aux jeux de rôles dont ils sont, faute de vrai pouvoir, si friands.

    Mais tout cela n'est que billevesées à côté d'amendements qui viennent d'être votés et qui rendent définitivement inéligibles tout candidat qui se serait livré à des déclarations discriminatoires, injures publiques, provocations à la haine raciale: tout le vocabulaire des associations « droitsdelhommistes » à sens unique, anti-racistes deux poids deux mesures, qui consiste en fait à censurer et à paralyser toute personne qui oserait s'exprimer en dehors des passages cloutés de la police novlangue. Soyons clairs : il ne s'agit en aucun cas ici de cautionner ni d'admettre le racisme d'où qu'il vienne et la haine d'où qu'elle jaillisse. Mais comme la parole dominante et la pensée toujours unique s'attachent à ne culpabiliser et à ne condamner que ceux qui ne pensent pas comme elles, on s'aperçoit que le curseur est mis de façon à ne frapper que d'un côté. Aujourd'hui, cela vise les politiques et déjà les intellectuels, demain les humoristes et bientôt - pourquoi pas - les citoyens. Je relisais récemment une collection du magazine Hara Kiri des années 60-70 ; j'écoutais les monologues de Pierre Desproges, de Coluche et d'autres : ils seraient tous aujourd'hui dans le collimateur de la nouvelle Inquisition. Sous les pavés des faux débats parlementaires, la plage de Big Brother s'étend. Régressivement. Dangereusement.  

    André Bercoff

  • Pas de dogmatisme en matière économique ! Plus de relâchement en matière de Défense et de souveraineté !

    Chantiers STX de Saint-Nazaire 

     

    En deux mots.jpgPour juger valablement des affaires industrielles et dans le détail - acquisitions, ventes, fusions, participations au capital, stratégie, etc. - il faudrait avoir les dossiers en mains et une solide expérience des sujets.

    Cette indispensable connaissance est réservée, en pratique, aux protagonistes.

    On est en donc, si l'on peut dire, réduits aux principes. Ils ne sont pas sans importance.

    En décidant la nationalisation - provisoire - des chantiers STX de Saint-Nazaire, Emmanuel Macron s'attire la désapprobation - sourde ou déclarée - des idéologues du libéralisme et de l'européisme, qui sont, d'ailleurs, souvent les mêmes.

    A-t-il dû combattre en son propre fond ces deux tropismes ? Ou son pragmatisme et son patriotisme économique liés ont-ils, en l’espèce, prévalu chez lui sans difficulté ? En tout cas, il s'agissait en l'occurrence de trancher, de décider. Pragmatisme national et idéologie libérale-européiste ne pouvaient être pratiqués « en même temps ». Le premier terme a prévalu. Du moins, à ce jour.

    Ce qu'il y a d'idéologie - d'ailleurs largement méta-économique - dans le libéralisme une fois répudié, la plus ou moins grande liberté qu'il convient de laisser aux entreprises n'est pas affaire de doctrine, ni de dogmatisme. C'est affaire d'opportunité, c'est à dire de circonstances, de situation. C'est affaire des paramètres du contexte du moment. Et le critère est l'intérêt national ou, si l'on préfère, le Bien Commun. 

    En l'occurrence, il s'agissait à Saint-Nazaire, de conserver à la France la pleine maîtrise d'un chantier naval de première importance industrielle et stratégique, doté d'outils de production de taille et de qualité exceptionnelles. Les Italiens les convoitent et probablement, derrière eux, en sous-mains, les Chinois dont on connaît l'ambitieux programme, l’appétit grandissant, d'équipements militaires, notamment navals.

    La décision d'Emmanuel Macron ne s'est pas embarrassée de solidarité européenne ou franco-italienne. Ni du dogme libéral. Quoique sœurs latines, France et Italie n'en ont pas moins chacune leurs intérêts, leurs ambitions, et il n'est nullement exclu qu'ils s'opposent, même si, en d'autres cas, d'autres domaines, des coopérations notamment intereuropéennes sont possibles, souhaitables, et pratiquées.

    Il se trouve qu'à Saint-Nazaire, même si ce n'est pas une activité inintéressante, on ne construit pas que des navires de croisière, mais aussi des corvettes, des porte-hélicoptères, des porte-avions. Comme le Charles De Gaulle. Il n'y a même semble-t-il guère que là qu'on peut en construire d’un semblable format.

    La France ne pouvait laisser passer un tel outil industriel, hautement stratégique, sous autorité étrangère.

    Une nationalisation – provisoire - de STX, ne serait-ce que pour amener les Italiens à composition et permettre la poursuite de la coopération existante où la France gardera la main, n’est donc nullement critiquable.

    Il est seulement à regretter que cet acte de patriotisme économique – et aussi de Défense – soit si isolé et qu’on en observe si peu d’exemples.

    Les Français ne s’y sont pas trompés qui approuvent massivement ce qui a été décidé. De même que nombre d’observateurs des milieux habituellement classés comme patriotes.   •

  • Société • La tyrannie des minorités

     

    PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ

    Cette tribune [20.07] - d'une pertinence toujours égale - est l'une de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal. Il aura été depuis quelques temps déjà, non seulement un observateur lucide des évolutions politiques dans les pays dits encore occidentaux mais aussi de leur situation sociétale qui n'est pas de moindre importance.  L'esprit de ces chroniques, comme de celles qu'il donne au Figaro, est, au sens de la littérature et de l'histoire des idées, celui d'un antimoderne, même s'il n'est pas sûr qu'il accepterait cette qualification. Il s'est imposé, selon nous, comme un esprit de première importance.  LFAR 

     

    2760774407.2.jpgLa scène se passe à Londres, mais elle pourrait se dérouler n’importe où ailleurs en Occident.

    Le métro de Londres a décidé de changer sa manière de s’adresser à ses usagers. Il remplacera le traditionnel « Mesdames et Messieurs » par quelque chose comme « Bonjour tout le monde ». Adieu Ladies and Gentlemen !

    Pourquoi ?

    Transphobie

    Parce qu’il a cédé à la frange radicale de la mouvance LGBT qui considérait que le vocabulaire d’usage dans le métro était trop genré.

    La formule « Mesdames et Messieurs » consacrerait le règne du masculin et du féminin, ce qui exclurait ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne s’identifient à aucun des deux sexes. La rectitude politique triomphe.

    Mais quelle est la signification de ce délire ?

    On notera d’abord que ce changement témoigne du progrès de l’idéologie trans.

    Comme je l’écrivais dans cette chronique récemment, l’idéologie trans consiste à prendre la condition des trans comme nouvelle norme et à l’imposer à l’ensemble de la société.

    Notre société a décidé de s’ouvrir aux gens qui ont un trouble de l’identité sexuelle. C’est très bien. Elle les soutient et les accompagne dans leur quête.

    Mais doit-on, au nom de cette ouverture, censurer la presque totalité des repères de l’immense majorité de la population ?

    Père, mère, monsieur, madame, garçon, fille, ces mots sont-ils vraiment de trop ? Faut-il vraiment construire une société aseptisée ?

    On nous demande avec raison de faire preuve de courtoisie envers l’infime partie de la société qui se sent étrangère à son sexe de naissance.

    Mais il faudrait aussi faire preuve de courtoisie à l’endroit du commun des mortels et ne pas confondre la norme et la marge.

    On notera aussi que le moindre caprice idéologique des minorités radicales s’impose rapidement à nos dirigeants.

    Les différentes minorités autoproclamées, qui aiment se faire passer pour des victimes, sont de plus en plus tyranniques. Elles avancent leurs revendications et accusent d’intolérance ceux qui ne se soumettent pas immédiatement.

    Par exemple, on peut être assurés que si le métro de Londres avait clairement dit non à ceux qui voulaient gommer la référence à Mesdames et Messieurs, ses dirigeants auraient été accusés de « transphobie ».

    Officiellement, ce terme désigne ceux qui seraient intolérants envers les trans. Dans les faits, il sert très souvent à stigmatiser médiatiquement ceux qui ne se plient pas devant les injonctions de l’idéologie trans.

    Majorité

    Osons une question un peu sensible : qui croit que ces lobbies représentent vraiment ceux dont ils se réclament ?

    Ce n’est pas parce qu’un groupuscule se déclare représentant d’une partie de la population qu’il la représente vraiment.

    Dans le cas présent, on peut être à peu près certain que l’immense majorité de la population n’avait aucun problème avec le vocabulaire traditionnel du métro de Londres.

    L’heure est peut-être venue de résister aux lobbies victimaires. Il y a des limites à toujours se coucher par peur d’avoir une mauvaise réputation.

    N’est-ce pas Mesdames ? N’est-ce pas Messieurs ? 

    MATHIEU BOCK-CÔTÉ

  • Valeurs Actuelles : Cédric Herrou, le « passeur de migrants », incarcéré. On n'en pleurera pas !

     

    2293089609.7.jpgNon seulement on ne pleurera pas aux nouvelles qui courent les médias sur la mise en examen de Cédric Herrou mais l'on s'indignera - à défaut de s'en étonner - que les diverses associations de soutien et d'aide aux clandestins ne soient pas de longue date interdites et poursuivies. Les étrangers entrant clandestinement sur le territoires français commettent un délit. L'aide à la délinquance en est, nous semble-t-il, un autre. On lira ici l'information exclusive diffusée par Valeurs Actuelles, faisant état de l'incarcération de Cédric Herrou. D'autres médias dont Europe 1 parlent plutôt de mise sous contrôle judiciaire. Notre article suivant évoque les activités de l'Aquarius qui prête la main au passage des migrants en Méditerranée. Nombre d'entre eux finissent par aboutir, via l'Italie, dans cette vallée de la Roya où les attendent Cédric Herrou et ses comparses. Le mouvement perpétuelLFAR      

     

    reclamation-valeurs-actuelles.jpgL’affaire se complique pour Cédric Herrou, le “passeur de migrants”. Selon nos informations exclusives, Cédric Herrou a été déféré à Grasse où il est actuellement incarcéré. L’ouverture d’une information judiciaire est imminente. Pour faire un point complet sur ces éléments, une conférence de presse est prévue à Grasse aujourd’hui à 14h30 au palais de Justice.

    Des perquisitions et de troublantes découvertes

    La garde à vue et les perquisitions chez Cédric Herrou ont été fructueuses. Selon nos informations, les force de l’ordre ont retrouvé son lieu d’habitation “dans un état lamentable, jonché d’excréments” selon une source proche du dossier. Les forces de l'ordre ont consigné dans la procédure des vidéos et des photographies. Les enquêteurs ont également découvert que Cédric Herrou fournissait de fausses attestations de demande d’asile. Toutes ces perquisitions ont entraîné une garde à vue et une incarcération à Grasse.

    Lire aussi ...

    156 migrants et le militant Cédric Herrou interpellés à Cannes

  • Le mouvement perpétuel

     

    par Louis-Joseph Delanglade

    Publié le 28.11.2016 - Actualisé le 28.07.2017 

     

    2293089609.7.jpgCe n’est certes pas le « fameux trois-mâts » de la chanson, mais plutôt, à en juger par la photo, le Karaboudjan du capitaine Haddock. L’Aquarius, ce « navire humanitaire » affrété par l’association « citoyenne » européenne SOS Méditerranée n’en finit pas de procéder à des sauvetages au large des côtes libyennes. La ficelle est un peu grosse : des dizaines de milliers de migrants, les uns faute de pouvoir transiter par la Turquie et la Grèce aussi facilement qu’avant, les autres parce qu’ils remontent de l’Afrique occidentale, prennent le risque, qu’ils ne peuvent plus ignorer, de se noyer en Méditerranée, sachant qu’ils ont quand même une chance d’arriver jusqu’en Italie, sauvés par les « humanitaires » européens. Ainsi se trouve avérée la faillite totale de l’Europe dite de Schengen : incapable de contraindre l’Aquarius à ramener les malheureux rescapés à leur point de départ, donc incapable de sécuriser nos frontières face à la vague migratoire. Qu’on sauve les gens, soit, mais pourquoi les débarquer en Europe où ils n’ont rien à faire ?

     

    870x489_maxmatinnews364111_1.jpgDe Lampedusa où on les débarque le plus souvent, la plupart vont remonter jusqu’à la frontière française. Et là, ça recommence. Empêchés de passer par Menton, ils tentent de s‘infiltrer clandestinement par la vallée de la Roya. Ils ne risquent plus la noyade mais, paraît-il, souffrent des conditions climatiques. Aussi, à l’instigation de la Ligue des Droits de l’Homme et d’Amnesty International, s’est créée « l’association » Roya Citoyenne qui entend  « défendre les intérêts des citoyens du monde » - comprenez : qui favorise l’entrée en France des migrants clandestins et indésirables. Deux de ses membres, MM. Herrou et Mannoni, se sont donc retrouvés devant le tribunal de Nice. Gageons que, s’ils sont condamnés, ils auront droit à tout le soutien moral, financier et médiatique possible. En tout cas, grâce ces messieurs, voici nos migrants en Gaule.

     

    En Gaule justement, le gouvernement, incapable donc de contrôler au mieux les frontières nationales, vient d’avoir une idée lumineuse : une aide exceptionnelle au retour pour « faciliter les départs de France des ressortissants étrangers, en situation irrégulière, qui souhaitent rentrer dans leur pays ». Cette prime de Noël de 2500 € à tout clandestin acceptant de repartir « volontairement » est majorée d’une aide de 10000 € « pour la réinsertion sociale, l'emploi ou la création d’entreprise ». On nous explique que cela coûte moins cher qu’une reconduite forcée, laquelle nécessite une démarche judiciaire et un accompagnement physique très onéreux. Que voilà de la bonne politique ! D’autant que l’ « humanisme » est sauf car, si le clandestin veut rester, pas de problème : une association « citoyenne » sera toujours là pour lui faciliter le séjour et culpabiliser le Gaulois raciste qui s’en tire déjà trop bien en ne finançant pas par ses impôts un retour à 12500 €.

     

    Et si le clandestin, sauvé par le Karaboudjan, pardon l’Aquarius ; infiltré par les valeureux guérilleros de La Roya ; dédommagé, c’est la moindre des choses, par le contribuable français ; si, donc, il revient ? Tout est en place, semble-t-il.  • 

  • Retour à Maurras : « Ce pays-ci n'est pas un terrain vague ... »

     

    L’hospitalité 

     

    Il s'agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n'y sommes plus ; si notre sol nous appartient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain ; si, avec les champs et la mer, les canaux et les fleuves, nous allons aliéner les habitations de nos pères, depuis le monument où se glorifie la Cité jusqu'aux humbles maisons de nos particuliers. Devant un cas de cette taille, il est ridicule de demander si la France renoncera aux traditions hospitalières d'un grand peuple civilisé. Avant d'hospitaliser, il faut être. Avant de rendre hommage aux supériorités littéraires ou scientifiques étrangères, il faut avoir gardé la qualité de nation française. Or il est parfaitement clair que nous n'existerons bientôt plus si nous continuons d'aller de ce train. (…)

    immigration_paris-copie.jpgCe pays-ci n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. La génération qui se sacrifiera pour le préserver des barbares et de la barbarie aura vécu une bonne vie.

    (…) La jeune France d'aujourd'hui est en réaction complète et profonde contre ce double mal. Elle rentre chez elle. Ses pénates intellectuels, ses pénates matériels seront reconquis. Il faut que l'ouvrier français, le savant, l'écrivain français soient privilégiés en France. Il faut que les importations intellectuelles et morales soient mises à leur rang et à leur mérite, non au-dessus de leur mérite et de leur rang. L'étiquette étrangère recommande un produit à la confiance publique : c'est à la défiance du pays que doit correspondre au contraire la vue de tout pavillon non français. Qu'une bonne marque étrangère triomphe par la suite de cette défiance, nous y consentons volontiers, n'ayant aucun intérêt à nous diminuer par l'ignorance ou le refus des avantages de dehors, mais l'intérêt primordial est de développer nos produits en soutenant nos producteurs. Le temps de la badauderie à la gauloise est fini. Nous redevenons des Français conscients d'une histoire incomparable, d'un territoire sans rival, d'un génie littéraire et scientifique dont les merveilles se confondent avec celles du genre humain.   

     

    Charles Maurras 

    L’Action française, 6 juillet 1912

  • Le problème Macron

     

    Par François Marcilhac

     

    364574047.jpgEmmanuel Macron serait-il déjà en train de perdre le crédit très relatif qu’il avait auprès des Français ?

    En tout cas, l’affaire Pierre de Villiers laissera des traces. Et pas seulement auprès de l’armée, envers laquelle, pourtant, Macron avait entamé un travail de séduction dès son intronisation, lorsqu’il avait remonté les Champs-Élysées sur un véhicule militaire. Non, auprès des Français aussi, qui voient progressivement apparaître le vrai visage de leur nouveau président. Dans les média serviles, c’était à qui verrait, chez Macron, le retour du sens de l’État, une attitude gaullienne, une posture régalienne… Cette « verticalité » du pouvoir – mot à la mode pour ne pas dire transcendance – que Sarkozy et Hollande, le premier par sa vulgarité, le second par sa normalité, avaient abolie, Macron l’avait de nouveau investie, au sens premier du terme, c’est-à-dire en revêtant le costume de la fonction, par une attitude ferme et pleine de hauteur, comprenant que les Français, qui sont restés profondément monarchistes et donc attachés à la dignité de la fonction suprême, n’avaient pas pardonné à leurs deux prédécesseurs leur médiocrité. On est allé jusqu’à évoquer Louis XIV : vainqueur de la Fronde, celui-ci ne s’était-il pas fait représenter par Charles Poerson avec les attributs de Jupiter ? Soit, mais en sachant toujours « raison garder ». Il est vrai qu’après l’avachissement de la fonction présidentielle durant dix années, voire quinze, Chirac ayant joué au roi fainéant durant son second mandat, il n’était pas difficile pour Macron de faire illusion. Même si, s’agissant de salir la France, ses propos indignes lors de la commémoration de l’horrible rafle du Vel d’Hiv, voulue par l’occupant allemand, se sont inscrits, eux, dans la plus indigente continuité. Mais, devait-il penser, par la jeunesse, une certaine prestance physique, des mises en scène soignées, des entretiens accordés ici ou là rompant habilement avec une pratique du pouvoir rejetée par les Français, il serait facile de leur faire prendre des vessies pour des lanternes et la manifestation d’un ego démesuré pour une posture royale. Dans notre précédent éditorial, nous nous inquiétions, après le discours de Versailles, de savoir si le nouveau président de la République avait le sens de la mesure. Nous constations que le vernis commençait de craquer. Nous ne pensions pas que les faits allaient nous donner raison si vite.

    N’est pas Jupiter qui veut

    Car n’est pas le Roi-Soleil, ou Jupiter, qui veut. D’autant que le chef d’État-Major des armées (CEMA) n’avait organisé nulle fronde – ni nulle tentative de putsch ! Il a, comme c’était son droit, et plus encore son devoir dans un régime de séparation des pouvoirs, informé à huis-clos la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale de l’état réel de celles-ci et donc de l’impossibilité dans laquelle il était de cautionner un nouvelle baisse de leur budget que, du reste, le président de la commission, un macroniste, a lui aussi déplorée. Mais avec Macron, c’est bien Bercy, et non l’Olympe, qui a pris le pouvoir. La décision, dont le comte de Paris a dénoncé « l’éternelle courte vue », de soustraire 850 millions d’euros aux armées, soit 20 % de l’effort demandé, comment la justifier, d’autant que certains ministères sont touchés bien plus que d’autres ? Ainsi, Bercy ne l’est qu’à hauteur de 268 millions. Ne faut-il pas, il est vrai, financer la dotation de 100 millions que va recevoir le parti du président, ainsi que le futur budget de Madame ? Une baisse en tout cas insupportable pour la Défense qui augure mal de la volonté réelle de Macron de porter à 2 % du PIB le budget des armées d’ici à 2025. Surtout qu’il ne s’est pas contenté de cette première faute morale, doublée d’une « faute politique majeure » (Jean-Dominique Merchet à 20 Minutes), qu’a été ce « recadrage médiatique » consistant à désavouer publiquement le CEMA, le 13 juillet, devant le gratin de l’armée rassemblé à l’Hôtel de Brienne : il a récidivé dans Le Journal du dimanche, à la suite de la dernière « lettre à un jeune engagé », publiée le 14 juillet par le CEMA, dans laquelle ce grand soldat écrit : « Méfiez-vous de la confiance aveugle ; qu’on vous l’accorde ou que vous l’accordiez. Elle est marquée du sceau de la facilité. Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être aveuglément suivi. La confiance est une vertu vivante. Elle a besoin de gages. Elle doit être nourrie jour après jour, pour faire naître l’obéissance active, là où l’adhésion l’emporte sur la contrainte. » Des propos admirables.

    Un profond aveu de faiblesse

    En revanche, cette façon compulsive qu’a Macron de rappeler à tout bout de champ qu’il est le « chef », qu’est-elle d’autre qu’un profond aveu de faiblesse ? Et cette double faute morale et politique, humiliante par ailleurs pour une ministre de la Défense vouée à l’inexistence par le « chef », que traduit-elle d’autre que la profonde fêlure intérieure d’un Emmanuel Macron ressentant sa légitimité incertaine de président mal élu comme une offense à son ego ? « Il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique » : cette phrase lui revient en boomerang. Car c’est Macron qui sort diminué de sa piteuse remontrance. Un chef s’impose de lui-même, dans la dignité marmoréenne, et donc économe de mots, de son autorité. Celle-ci est déjà atteinte s’il croit devoir rappeler qui il est. Comment ne pas penser à Chirac, le 14 juillet 2004, à propos, déjà, du budget de la Défense ? Mais il s’agissait alors de l’augmenter – une augmentation que contestait Sarkozy, le ministre des Finances : « je décide, il exécute », avait rugi le chef de l’État, avouant ainsi que les rôles n’étaient plus clairement définis. Mais Sarkozy n’était que ministre. En désavouant son CEMA, c’est à l’autorité même de cette fonction qu’il s’attaque, et donc à la cohésion et au moral de l’armée, prouvant qu’il a d’autant moins et le sens de l’État et celui de sa fonction de chef des armées, que des soldats français risquent leur vie tous les jours, et meurent trop nombreux, sur des théâtres d’opération à travers le monde. Quant à récidiver quarante-huit heures plus tard, c’est montrer qu’on laisse son amour-propre dicter définitivement sa loi. Affirmer, enfin, qu’on n’a besoin de « nuls commentaires », n’est-ce pas reconnaître qu’on ignore ses propres insuffisances ? « Le roi en ses conseils », disait l’adage. Le roi connaissait, lui, ses insuffisances. Une supériorité fondamentale sur notre Jupiter autoproclamé.

    La méthode immature du chef de l’État

    N’écouter que soi et risquer d’aller au clash pour affirmer son ego, telle semble être la méthode immature du chef de l’État. Il en est de même avec les collectivités territoriales. S’imposant le lundi 17 juillet au Sénat derrière Philippe, comme si celui-ci ne servait décidément à rien, Macron a confirmé la disparition totale, à terme, de la taxe d’habitation et des coupes sombres dans le budget des collectivités territoriales (13 milliards d’euros) tout en annonçant une refonte de la fiscalité locale, mais sans redéfinir le périmètre des charges qui leur sont dévolues. Or, l’État s’est désengagé sur elles depuis plusieurs années de nombreuses politiques en matière de solidarité ou d’éducation… Le satisfecit du Fonds monétaire international (FMI), qui vient de saluer sa politique économique et sociale (les ordonnances en cours), semble manifestement lui suffire. Pour la finance mondiale, ce roi sans majesté est, comme on dirait dans sa langue, « the right person in the right position at the right time »… Il n’est pas certain, toutefois, que, décevant déjà les Français, il ne déçoive également bientôt ses maîtres… Le problème Macron ne fait que commencer. 

  • Ne pas baisser la garde, militairement parlant

     

     Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.5.jpgLes premières mesures budgétaires de l'ère Macron, survenant au cœur d'un été que l'on espère plus paisible que celui, meurtrier, de l'an dernier, soulèvent évidemment nombre de critiques, et chacun, ou presque, y trouve à redire, de plus ou moins bonne foi selon les cas.

    Pourtant, personne ne nie que la situation financière de notre pays est délicate et qu'une meilleure maîtrise des dépenses s'avère nécessaire pour pouvoir retrouver une certaine crédibilité sur le plan européen, et, plus important, les moyens d'une véritable souveraineté économique, qui n'est pas l'isolement mais la capacité à « être et agir » librement pour l’État politique face aux féodalités de l'Argent, qu'elles prennent les formes de puissances financières légales, de fonds vautours ou de multinationales industrielles ou commerciales. 

    Si nombre de mesures annoncées, pour désagréables qu'elles puissent être à court terme, ne me choquent pas outre mesure (comme le gel du point d'indice pour les fonctionnaires, dont je suis, et le rétablissement du jour de carence), d'autres me paraissent inappropriées et, même, dangereuses. Ainsi la diminution (provisoire ?) du budget de la Défense, celle-là même qui a provoquée la colère, puis la démission du général de Villiers, n'est pas une bonne nouvelle au regard des périls internationaux actuels et du rôle de l'armée française dans la protection du continent européen, rôle et place qui faisaient dire au président de la Commission européenne pour une fois bien inspiré que « l'armée européenne c'est l'armée française », reconnaissant ainsi que, plutôt que de vouloir une hypothétique Défense européenne unifiée, mieux valait reconnaître et renforcer ce qui existait déjà, nationalement, et que c'est bien la France, et elle seule, qui incarnait le mieux cette Défense... Au moment où le monde vit un réarmement général, il ne faut pas baisser la garde, même si la solution n'est pas que militaire mais d'abord politique. En disant cela, je ne suis pas militariste mais prudent, tout simplement : si la confiance entre amis est honorable, elle n'enlève rien à la nécessité de se préserver de ceux qui ne le sont pas, ou qui en sont de « faux »... Et, en diplomatie, l'on sait aussi que, selon la formule du général de Gaulle, « les alliances sont saisonnières » : mieux vaut, donc, se garder soi-même, sans méconnaître les possibles coopérations et, bien sûr, les communautés de combat que les événements obligent parfois. 

    Les 850 millions pris aux armées cette année peuvent avoir, si l'on n'y prend garde, des conséquences fâcheuses sur les terrains, sans doute trop nombreux aujourd'hui, sur lesquels la France est militairement engagée. Et je doute fortement que le rétablissement d'une forme de service militaire (quel qu'en soit le nom), égalitaire de plus, soit une bonne nouvelle pour une armée qui risque bien d'y perdre une partie de son temps et de son énergie, comme si elle n'avait pas assez à faire par ailleurs ! Déjà, l'opération Sentinelle qui a mobilisé et épuisé une partie des troupes pour des activités de surveillance sur un territoire, le nôtre, que nous pensions à l'abri de toute guerre et de tout éclat terroriste, s'est avérée très lourde et peu efficace au regard des moyens engagés, et il me semble que ce n'est pas le rôle de l'armée (hors gendarmerie) d'assurer la sécurité dans nos rues et devant nos lycées, sauf de façon très ponctuelle et limitée dans le temps. 

    Dans les années 30, le royaliste Maurras terminait nombre de ses articles consacrés aux questions européennes et internationales par un « Armons, armons, armons » qui n'a pas été écouté ni entendu, sinon trop tardivement en 1938... La catastrophe passée et l'Allemagne enfin vaincue, il sera facile pour ceux qui n'avaient rien voulu voir venir de dénoncer et condamner Maurras pour des fautes qu'il n'a pu commettre que parce que ses plus rudes avertissements, justifiés comme l'histoire l'a montré, n'avaient pas été pris en compte : c'est Cassandre alors emprisonnée, insultée, condamnée à l'infamie. Mais l'avertissement de Maurras reste toujours actuel, et il faut l'entendre désormais pour ne pas avoir à affronter, peut-être, un prochain « Mai 40 » dont l'histoire nous a appris les funestes conséquences pour le pays comme pour ses habitants, mais aussi pour l'équilibre du monde. 

    La liberté a un coût sans doute élevé, mais il sera toujours plus léger que celui de la servitude... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • La popularité d'Emmanuel Macron chute fortement en juillet ... C'était à prévoir

     

    L'état de grâce est bref sous une république postmoderne. Le « dégagisme » est sympathique mais il est cruel : il s'applique à tout le monde. Au « chef » le beau premier. C'est ainsi que les Français ont consenti au coup de force d'Emmanuel Macron. Ce qui n'emporte pas leur adhésion ; encore moins leur constance. Le jeune président pourrait bien faire l'expérience en sa personne de cette « incomplétude » de notre démocratie qu'il avait lui-même signalée. La légitimité a d'autres sources qu'un coup de force rondement mené.  LFAR   

     

     

    Le commentaire de BFM TV

    La cote de popularité d'Emmanuel Macron est en forte baisse en juillet, avec 54% de satisfaits soit dix points de moins qu'en juin, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche (JDD).

    Celui qui semblait, à en croire certains, marcher sur l’eau pendant une médiatique séquence internationale et régalienne, est aujourd’hui en brutale perte de vitesse.

    Les causes

    Volte-face sur la fiscalité, tentatives de juguler l’exaspération des communes, inquiétude du milieu des affaires, premiers remous autour de la réforme du code du travail, et, dernière complication en date, la démission du chef d’état-major Pierre de Villiers à la suite de l’annonce de 850 millions d’euros d’économies sur le budget des armées.

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Un mauvais coup porté à la France  

  • Idées & Société • Alain de Benoist : Bataille des idées ? La gauche a perdu, mais la droite n’a pas gagné !

    Manuel Valls déclare que « la gauche a perdu la bataille des idées ».  

     

    Par Alain de Benoist

    Cet entretien donné à Boulevard Voltaire [22.07] dit avec justesse, lucidité et pertinence ce qu'il faut savoir de la situation des idées en France, à l'heure actuelle. Nous partageons cette analyse qui met en lumière a contrario le travail restant à accomplir pour qu'il y ait vraiment bataille des idées et qu'elle conduise à une réelle rupture avec la doxa dominante à droite comme à gauche. La première Action française nommait cela contre-encyclopédie. Peut-être devrions-nous parler aujourd'hui d'une anti-doxaLFAR   

     

    3650118671.7.pngManuel Valls déclare que « la gauche a perdu la bataille des idées ». C’est une bonne nouvelle ?

    Quelle bataille ? Il est vrai que la gauche n’a plus rien à dire, mais la bataille des idées dont parle Manuel Valls n’a jamais eu lieu. Non parce que cette gauche devenue muette reste largement hégémonique dans les médias, et qu’elle n’apprécie pas qu’on cherche à la contredire, mais parce que la droite n’avait ni le désir, ni la volonté, ni les moyens de participer à une bataille de ce genre. La droite n’avait tout simplement rien à dire – ou peu s’en faut. Le domaine des idées n’obéit pas au principe des vases communicants. Vous avez vous-même cité François Huguenin : « La droite a refusé le combat des idées car elle n’en a plus. » C’est ce que Pierre-André Taguieff remarquait lui aussi récemment : « La gauche a perdu la bataille des idées, mais la droite ne l’a pas gagnée. »

    On pourrait, ici, faire un parallèle avec la fin du système soviétique. L’URSS ne s’est pas écroulée sous les coups de boutoir du « monde libre » mais sous l’effet de ses propres contradictions internes. Si la gauche n’a plus rien à dire, si elle a perdu son identité en désertant le combat culturel, ce n’est pas que la droite a réfuté ses idées, c’est que ses idées ont épuisé le cycle de leurs virtualités possibles, et surtout qu’elle a délibérément abandonné le socle idéologique qui faisait sa force, et nourrissait son imaginaire, en se ralliant plus ou moins honteusement au libéralisme économique et au système du marché.

    Depuis la Manif pour tous, il y a quand même une indéniable effervescence intellectuelle à droite. Épiphénomène ou lame de fond ?

    Il y a, en effet, quelques ébranlements ici ou là, mais on est loin du compte. Où sont les Taine, les Tocqueville et les Renan du XXIe siècle ? La droite n’aime déjà pas beaucoup les intellectuels, ces coupeurs de cheveux en quatre qui ont la faiblesse de croire que les révolutions culturelles ont des conséquences plus durables que les révolutions politiques. Les partis politiques, eux, pensent que les idées divisent et qu’entretenir le flou est la meilleure manière de rassembler. La droite d’aujourd’hui est idéologiquement déstructurée. Dans le passé, elle s’est laissée gagner par les idées de ses adversaires sans les reconnaître pour ce qu’elles étaient. Elle n’a jamais conçu de stratégie culturelle, car elle ne sait même pas ce que cela veut dire. Elle a cru qu’elle deviendrait « respectable » en multipliant les concessions. Elle cède aujourd’hui plus que jamais aux modes idéologiques qui ont historiquement affaibli toutes ses défenses immunitaires, à commencer par l’universalisme philosophique, l’idéologie des droits de l’homme et l’idéologie du progrès. 

    La recomposition politique à laquelle on assiste actuellement annonce-t-elle aussi une recomposition idéologique ?

    Ce serait une excellente nouvelle, à condition qu’on puisse y croire, mais je doute que la scène politique soit propice à une refondation idéologique. Par nature, elle entretient plutôt la confusion. Il paraîtra sans doute excessif à beaucoup de dire que, lorsqu’on a telle ou telle position politique, on doit savoir aussi comment interpréter les plus récents acquis de la physique théorique ou de la biologique moléculaire. Et pourtant, il n’y a pas de conception du monde qui n’englobe pas tous les domaines de connaissance et de pensée. Mais sans aller si loin, on pourrait au moins exiger qu’en matière anthropologique, on ait un minimum de cohérence. Quelle idée se fait-on de l’homme ? Une idée philosophiquement classique ou une idée idéologiquement moderne ? Celle d’un être politique et social par nature ou celle d’un individu porteur de droits qui ne serait sur terre que pour maximiser son meilleur intérêt ? La société s’explique-t-elle par la sociabilité naturelle de notre espèce ou n’est-elle qu’un agrégat d’atomes individuels régi par le contrat juridique et l’échange marchand ?

    L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, qui symbolise la réunification du libéralisme sociétal de gauche et du libéralisme économique de droite, pourrait en principe favoriser une clarification en faisant comprendre une fois pour toutes que le libéralisme est intrinsèquement « progressiste » et non pas conservateur, pour reprendre un mot qui revient à la mode. C’est ce qu’explique très bien Guillaume Bernard : « La combinaison du libéralisme et du conservatisme peut, de prime abord, apparaître séduisante : le libéralisme pour l’économie, le conservatisme pour la société. Mais c’est méconnaître la doctrine libérale, qui s’appuie sur l’individualisme et le subjectivisme. C’est en soi et par soi que chacun détermine son bien. Il n’existe pas de valeur objective, mais uniquement des consensus issus de la rencontre de volontés. Le libéralisme porte en lui la destruction des traditions sociales, alors qu’il n’est nullement nécessaire de s’y adonner pour combattre la spoliation fiscale des familles et des entreprises. » C’est ce qu’il faudrait comprendre si l’on veut gagner la « bataille des idées ». Les Républicains, eux, se veulent les représentants « de la droite et du centre ». Encore un oxymore ! 

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • Le Sang prévaut toujours sur l'Or

     

    En deux mots.jpgCe que signale, entre autres choses, sous l’écume de l’événement, la crise qui vient d'opposer le chef de l'Etat et le chef d'Etat-Major des Armées, c'est le retour de la question militaire au premier plan. 

    L'idéologie de la fin de l'histoire et l'économisme dominant après l'effondrement du bloc communiste, avaient relégué l'armée au rang de survivance quasi symbolique. Quelle utilité, désormais ? 

    Le réveil de l'Islam et de ses violences sur tous les continents, la résurgence des nationalismes - américain, russe, chinois, indien, etc. - nous ramènent aujourd'hui à la réalité. Laquelle restitue à l’armée son rôle et son importance. C'est bien parce qu'Emmanuel Macron n'a pas perçu cette évolution qu'il a déclenché, pour huit cent cinquante millions d'euros, une crise qui, â l'évidence, a tourné à son désavantage. 

    Durant la Grande Guerre, observant la désorganisation complète du secteur bancaire et financier, Bainville notait qu'en définitive le Sang prévaut toujours sur l'Or. « Ce qui sortira le plus affaibli de cette crise, écrivait-il, c'est la puissance de l'Or. Et cela doit être quand il apparaît que la première valeur de toutes, c'est le Sang. »   

    Ce n'est pas exactement ce à quoi l'on vient d'assister, encore que dans cet épisode, Emmanuel Macron a remporté une victoire qu'il paie au prix fort. 

    Il pourrait ainsi arriver un moment, qui s’est déjà vu, où, sous la pression des nécessités, un chef militaire de valeur prévaudra dans l'esprit des Français sur un politicien de rencontre. Ce n'est pas nécessairement ce qui pourrait nous arriver de mieux. Mais c'est ce qui pourrait advenir tout de même faute d'un pouvoir politique dont la légitimité ne serait pas contestée.  •

  • La République totalitaire en marche

     

    Par Bernard Pascaud *


    3619899554.jpgAnalyse initialement publiée dans le numéro de juin de Restauration Nationale

    La machine à perdre électorale a une nouvelle fois fonctionné.

    Seul un candidat libéral-libertaire, mondialiste, immigrationniste pouvait l'emporter. Alors même que les Français réclament plus de frontières, de protection, de défense de l'identité nationale et d'arrêt de l'immigration. Il n'y a là aucun déficit de démocratie. Il y a le résultat logique du régime d'opinion et, par conséquent, de ceux qui la font : les médias et la finance. Un bon marketing politique a permis à l'enfant gâté de l'emporter : prise en compte de la volonté de renouvellement, ambiguïté des positions laissant espérer à tout le monde, démobilisation des opposants, utilisation de réflexes conditionnés (moi ou « Oradour »...). Si ce n'avait pas été Macron, c'eût été Fillon, cet autre candidat maastrichtien.

    Certes on peut se réjouir du laminage des partis traditionnels, ceux dits de gouvernement. Ils n'ont que ce qu'ils méritent. Le « dégagisme » procure ses petites joies. Hélas, cette petite satisfaction, cause d'un fort report des voix vers le candidat d'En marche, a été analogue à celle de l'enfant lassé de ses vieux jouets et fasciné par le tout beau tout nouveau. Il a fallu une forte dose d'immaturité politique et d'amnésie précoce pour associer Macron au concept du renouvellement. Le désenchantement viendra car l'ancien banquier n'aura pas le pouvoir de changer le plomb en or. Ce président n'est pas celui des Français, pas même celui de la majorité d'entre eux. Il est celui des bobos des grandes métropoles. Nullement celui du pays réel, notamment de cette France périphérique jugée inadaptée au processus de globalisation. Ce mépris affiché du peuple n'enlève pourtant rien à la légitimité démocratique du nouvel élu, pas plus que les 24 millions d'électeurs qui se sont abstenus. Ainsi l'exige le respect des valeurs républicaines. Pardon, mais quelle mascarade que tout cela !

    Macron est encore moins le président de la France. Pour cela il y faudrait d'abord la référence à un sol et donc à des frontières, fruits d'une construction persévérante et moyen de protection souveraine en même temps que d'identité. Mais de frontières, il ne saurait en être question pour un cerveau acquis au mondialisme et au fédéralisme européen. Du coup plus d'esprit de défense. Une Florence Parly, remplaçant la Goulard, précédemment prévue et éjectée, est là pour se charger de la basse besogne de l'intégration des Armées, dont elle est la ministre, au grand tout européen. C'était bien la peine d'aller à Orléans célébrer l'héroïne nationale et nous infliger ensuite des ministresses disant ouvertement ne pas « se sentir françaises ». Il y faudrait aussi la référence à un peuple, ce qui suppose la reconnaissance des corps qui le constituent à commencer par la famille dont l'intitulé n'apparaît plus dans aucun ministère. Il y faudrait enfin la référence à une culture, mais dans son discours de Lyon du 7 février, le candidat Macron a affirmé qu' « il n'existe pas de culture française ». Qu'allait-il donc faire au Puy du fou, ce haut lieu d'enracinement culturel français ?

    Ainsi le personnage incarne-t-il tout à la fois le pire de la droite économique et le pire de la gauche sociétale. Il y a de quoi s'inquiéter. Les bonnes surprises, s'il y en a, seront marginales. Ainsi après le trio infernal du quinquennat précédent (Peillon, Hamon, Vallaud-Belkacem), Blanquer apparaît-il à l'Education nationale d'un moindre sectarisme. Ce n'est pas difficile ! Le fait important est que le président désormais en place jouit d'une position renforcée : les élections ont scellé la faillite du P.S, des L.R et du F.N, l'assemblée lui est soumise, le Premier ministre et les ministres également grâce à la puissance bureaucratique. Certains observateurs voient là un retour à l'esprit du début de la Ve République : désir de renouvellement et réalité du pouvoir exercé conjointement par l'Elysée et la technocratie. Si on ajoute à cela le nouveau clivage séparant les réfractaires et les partisans du monde globalisé, ceux-ci étant au pouvoir et méprisant les premiers, on mesure le risque d'une République totalitaire en marche.

    Il serait illusoire de compter sur l'oligarchie européenne pour corriger ce processus. En France une véritable opposition va-t-elle émerger ? Il est peu probable qu'elle vienne des L.R, lesquels se rallient, d'ailleurs, ou se divisent en sous-partis. Ce qu'il reste de patriotes dans notre pays n'a pas d'autres solutions que de faire l'effort d'un travail intellectuel et de trouver un paradigme commun. Dans cette tâche nous avons beaucoup à apporter.  

    * Président de la Restauration Nationale