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Actualité France - Page 330

  • Eté 2017 : Les souffrances du jeune Macron

     

    En deux mots.jpgAprès sa fulgurante conquête du pouvoir, balayant les caciques et les candidats du Système, les vieilles structures partisanes, ce dont personne ne s'est plaint et que nul ne regrette, en tout cas pas nous, voici déjà pour Emmanuel Macron le temps de la défiance et du déclin.

    Nul ne peut se hasarder à dire s'ils sont ou non irréversibles, sauf l'expérience des derniers mandats, où malgré d'éphémères rebonds, ils furent tels. Impitoyablement.

    Ainsi, dans notre République, Jupiter est-il voué à descendre assez vite de l'Olympe et c'est ce qui est arrivé à Macron, et été.

    Cent jours auront suffi - le temps qui fut accordé à Napoléon pour aller de Golfe-Juan à Waterloo, qui fit perdre à la France sa position de 1ère puissance européenne - pour que tombe via les sondages le verdict des Français : 60% de mécontents. Dont 20% de très mécontents. 24 points se sont vite envolés en juillet et août. C'est le sujet omniprésent de cette rentrée. Et c'est aussi, en quelque manière, la vengeance des médias, qui avaient tant fait pour son élection, et que Macron voulut, à juste titre, remettre à leur place, aussitôt qu'il l'eût obtenue.

    On a qualifié cette élection de « triomphale ». On sait bien, pourtant, qu'elle ne l'a pas été. D'abord par le trop petit nombre de voix obtenues au premier tour, puis au second, où l'abstention, comme elle le sera aux Législatives, fut considérable. Parce que, d'autre part, le vote Macron, fut, comme pour ses prédécesseurs, sans véritable adhésion. Adhésion à quoi, d'ailleurs ? Pour la plupart des gens, y compris parmi ses pairs, Macron était d'abord une énigme ; son programme était inexistant ou indéchiffrable ; sa personnalité peu connue et, de toute façon, étrange. Il n'était - il n'est toujours - pas évident que la « pensée complexe » ni le fameux « en même temps » soient à la portée, ou du goût, de la plupart des Français. Il y eut surtout, à vrai dire, une curiosité bienveillante pour ce jeune-homme dynamique et charismatique, ou même christique dans ses moments les plus intenses d'exaltation et de romantisme et qui, par surcroît, promettait un « dégagisme » des plus sympathiques. Dans le fond, pourtant, comme ses prédécesseurs [Chirac, Sarkozy, Hollande], Emmanuel Macron a d'abord été élu « contre » : contre les « extrêmes » et contre le Système, bien que, selon toute évidence, il en fût, par excellence une émanation.

    Si peu démocrates que nous soyons, du moins au sens français, nous sommes d'avis qu'on ne gouverne pas bien ni très longtemps un grand peuple comme le peuple français, sans consentement ni adhésion.

    Les deux manquent depuis longtemps aux Chefs de l'Etat successifs de la Vème République. Si monarchique que soit la mécanique des actuelles Institutions et même si elles permettent au Chef de l'Etat de se maintenir contre vents et marées le temps de son mandat et de gouverner tant bien que mal, le manque de consentement et d'adhésion à leur personne comme à leur politique, ne leur permet aucune action, aucune réforme, d'envergure.

    Ce vice institutionnel profond, ce manque d'adhésion au Régime, qu'il avait perçu et exprimé du temps qu'il était ministre, comment Emmanuel Macron y réagira-t-il, y parera-t-il, maintenant que les vents lui sont contraires ?

    Ce peut être d'abord comme par une sorte de colère, de réprobation à l'endroit des Français, ainsi qu'il les a exprimées l'autre jour à Bucarest, pestant contre ce pays qui est incorrigiblement « inréformable », ces Français qui « détestent les réformes ». C'est à dire, en l'occurrence, malencontreusement, sa politique.

    Les biographes d'Emmanuel Macron le présentent volontiers comme cet « enfant gâté », selon l'appréciation d'Attali, à qui, depuis l'enfance, rien n’est refusé, tout réussit, qui s'est habitué de longue date à l'admiration de son entourage - famille, professeurs, condisciples - à ce que rien ne résiste à son charisme, rien à sa puissance de travail et de séduction, à sa faculté de convaincre. Par intelligence et empathie. 

    Mais le peuple français est autre chose que le cercle de famille, le petit monde des grandes écoles, le cercle des poètes disparus, autre chose que les « vieux » cultivés, influents ou très fortunés qu'il aime et, selon ses amis, qu'il excelle à « draguer », tels, chacun en son temps, Michel Rocard, Jacques Attali, David de Rothschild, Paul Ricoeur, Alain Minc et quelques autres, « parrains et grands frères ».

    Mais le Kairos, qu'il aime invoquer, dont il se croit bénéficiaire, ce temps favorable, ce temps de Dieu, ce temps de « la vie opportune » selon Verlaine, qui autorise tous les espoirs et garantit le succès des entreprises les plus hardies, semble en cette fin du mois d'août avoir plus ou moins abandonné notre Rastignac un peu illuminé. Pompidou disait de De Gaulle à Peyrefitte : « Vous savez, le Général est spécial ». Et c'était en un sens fort. Mais, à maints égards - sa vie singulière, sa psychologie souvent inquiétante...- Emmanuel Macron ne l'est pas moins.

    Comment surmontera-t-il l'épreuve politique et personnelle de l'impopularité que tous les Hollande, tous les Juppé, tous les Attali du microcosme se hâtent déjà d'exploiter.

    Alors Macron éprouvera peut-être combien il avait eu raison, du temps où il était ministre, de méditer sur l'incomplétude de notre démocratie, de constater que ce qu'il manque à la France c'est un roi et, à cet égard, de déplorer le grand vide de l'Elysée, qu'il n'aura pas comblé. Peut-être s’apercevra-t-il alors que l’élection ne confère pas la Royauté.

    Fini le Kairos, le temps favorable, le temps de Dieu. En cette fin d'été, pour Emmanuel Macron voici revenir Chronos qui dévore les heures et les jours, l'Histoire et les hommes.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... :

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • L. Dandrieu : « La sécurité personnelle ne peut exister si les nations basculent dans l'anarchie »

     

    Entretien par Eugénie Bastié

    Laurent Dandrieu réagit ici à la publication d'un texte dans lequel le pape François va très loin dans la défense des migrants [Figarovox, 22.08]. Il déplore le désintérêt du souverain pontife pour les pays qui les accueillent. Lafautearousseau, de son côté (voir lien en fin d'article) a marqué son désaccord avec ces déclarations. Lorsque le Pape empiète sue le terrain politique et lorsque, ce faisant, il nuit gravement à la sécurité ou à la stabilité de notre société, nous n'avons aucunement l'obligation de le suivre et, au contraire, en de tels cas, nous avons le devoir de nous y opposer.  LFAR  

     

    2591938438.jpgLe pape François vient de publier un texte où il plaide pour «faire passer la sécurité personnelle [des migrants] avant la sécurité nationale», et appelle à un accueil beaucoup plus large des migrants. Que vous inspirent ces propos? Sont-ils inédits ?

    Il me semble que ce message qui vient d'être publié en préparation de la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, qui aura lieu le 14 janvier prochain, est dans la droite ligne des positions défendues par le pape François depuis le début de son pontificat, mais qu'il va cependant plus loin que d'habitude sur un certain nombre de points. Dans un entretien accordé à une radio portugaise le 14 septembre 2015, par exemple, le pape reconnaissait le risque d'infiltration terroriste lié à la crise des migrants, mais n'en ajoutait pas moins qu'« à l'évidence, si un réfugié arrive, en dépit de toutes les précautions liées à la sécurité, nous devons l'accueillir, car c'est un commandement de la Bible ». Quand, dans ce nouveau message, François écrit que « le principe de la centralité de la personne humaine (…) nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale », il donne en quelque sorte une version plus théorique de cette précédente déclaration.

    La question est de savoir si, ce faisant, il ne cède pas à un certain idéalisme, potentiellement désastreux : car c'est oublier que la sécurité nationale est le plus sûr rempart de la sécurité personnelle, et qu'il n'existe aucune sécurité personnelle qui puisse exister en dehors de cadres politiques, juridiques et légaux qui en sont le rempart. Aucune sécurité personnelle ne peut exister si les nations occidentales, par exemple, du fait du terrorisme ou d'une immigration incontrôlée et ingérable, basculent dans l'anarchie.

    Par ailleurs, le principe de la centralité de la personne humaine oblige à considérer, aussi, que les citoyens des nations occidentales ont un droit évident à la sécurité nationale. On attend vainement, tout au long de ce texte, une prise en considération des intérêts des populations des pays d'accueil, qui ont droit, eux aussi, à la sollicitude de l'Église, et dont une partie de plus en plus importante vit, elle aussi, des situations de grande détresse et de grande précarité, matérielle, spirituelle et morale.

    Deuxième élément important et pour le coup très novateur de ce texte : le pape prend position pour « la défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des réfugiés, indépendamment de leur statut migratoire » : ce qui veut dire qu'il réclame des droits égaux pour les clandestins et pour les immigrants légaux, pour les demandeurs d'asile et pour les immigrés économiques. Parmi ces droits figurent « la liberté de mouvement dans le pays d'accueil, la possibilité de travailler et l'accès aux moyens de télécommunication »: ce qui veut dire, concrètement, que le pape réclame un droit d'installation préalable pour tous les migrants, avant même que soit étudié leur cas. Ce qui revient à donner une prime à l'illégalité d'autant plus forte qu'il est évident qu'un clandestin qui, entre-temps, aura trouvé un moyen de subsistance, aura d'autant moins de chance de voir son dossier rejeté. Cette prime à l'illégalité me paraît une seconde atteinte, très forte, contre les droits des nations et la citoyenneté: car la nation, la citoyenneté n'existent que par un consensus sur la légitimité de la loi. Si on postule que la loi est faite pour être contournée, il n'y a plus de bien commun possible.

    Ce discours a-t-il selon vous une dimension politique ?

    Un autre aspect du message me semble clarifier ce qui apparaissait jusqu'alors une ambiguïté dans le discours de François. Il prônait jusqu'alors une grande générosité dans l'accueil, sans que l'on sache toujours si cela signifiait un simple rappel évangélique de la charité avec laquelle le chrétien se doit de traiter l'étranger croisé sur sa route, ce qui relève à l'évidence du rôle du pape, ou s'il s'agissait d'un appel plus politique, et donc plus discutable, à ouvrir les frontières. En stipulant que la protection des migrants « commence dans le pays d'origine », c'est-à-dire consiste à les accompagner à la source dans leur désir de migrer, le pape assume plus clairement que jamais la dimension politique de ce discours, la volonté de ne pas se cantonner à affronter une situation de fait, mais en quelque sorte d'accompagner et d'encourager ce mouvement migratoire vers l'Europe.

    Dernière clarification : en stipulant que les migrants doivent être mis en situation de se réaliser y compris dans leur dimension religieuse, le pape François donne une sorte de blanc-seing à l'entrée massive de populations de religion musulmane et à l'acclimatation de la religion musulmane sur le continent européen, en semblant indifférent aux innombrables problèmes identitaires et sécuritaires que cela pose.

    La position de François tranche-t-elle avec celle de ses prédécesseurs, et notamment celle de Benoit XVI ? Que dit l'Église sur le devoir d'accueillir les migrants?

    La continuité est indéniable, et est attestée dans ce message par des nombreuses citations de son prédécesseur. Quand le pape prône le regroupement familial, au risque de transformer systématiquement les réfugiés temporaires en immigrés permanents, il ne fait que reprendre des positions défendues inlassablement, par exemple, par Jean-Paul II et Benoît XVI, comme je le montre abondamment dans mon livre.

    Le discours de l'Église, en son Catéchisme, reconnaît à la fois le droit de migrer quand la nécessité s'en fait sentir, et le droit des États de limiter les flux quand ils l'estiment nécessaire. Mais, dans les faits, le discours des papes oublie fréquemment ce second aspect. Il l'oublie d'autant plus volontiers que l'Église a souvent cédé à une vision quasi messianique des phénomènes migratoires, censés conduire vers « l'unité de la famille humaine », selon l'expression de Jean XXIII. Jean-Paul II écrit ainsi que « parmi toutes les expériences humaines, Dieu a voulu choisir celle de la migration pour signifier son plan de rédemption de l'homme », et Benoît XVI y voit une « préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu ». Face à cela, la protection de la population des pays d'accueil est condamnée à peser de peu de poids, et de fait, elle est quasiment absente du regard que l'Église pèse sur les phénomènes migratoires. En face de cela, l'Église prône inlassablement l'intégration du Migrant, avec un grand M, sans se poser la question de savoir concrètement qui est ce migrant, et si le fait qu'il vienne, en grand nombre, avec un bagage culturel et religieux radicalement différent du nôtre, et dans certains cas incompatible avec le nôtre, ne rend pas cette intégration pour le moins illusoire.

    L'État nation et l'existence de frontières se justifient-ils d'un point de vue théologique?

    Bien évidemment, car c'est une suite logique du commandement d'honorer son père et sa mère. Saint Thomas d'Aquin écrit qu'« il appartient à la piété de rendre un culte aux parents et à la patrie » et, à la suite de saint Augustin, stipule qu'on doit la charité en priorité à ceux qui nous sont proches par les liens du sang ou de la citoyenneté. Léon XIII écrit que « la loi naturelle nous ordonne d'aimer d'un amour de prédilection et de dévouement le pays où nous sommes nés et où nous avons été élevés », et Pie XII enseigne que « dans l'exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l'on est uni par des liens spéciaux. Le Divin maître lui-même donna l'exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie en pleurant sur l'imminente destruction de la Cité sainte.»

    Plus récemment, Jean-Paul II a abondamment développé cette « théologie des nations », des nations qu'il ne voit pas seulement comme un bien politique, un outil au service du bien commun, mais à qui il reconnaît une dignité spirituelle éminente : la nation, explique-t-il, de toutes les communautés humaines, est « la plus importante pour l'histoire spirituelle de l'homme ». Il va même jusqu'à dire que « la fidélité à l'identité nationale possède aussi une valeur religieuse. » De là, on peut évidemment déduire que les nations ont un droit irrépressible à défendre leur identité nationale face aux menaces extérieures, comme une immigration incontrôlée et inintégrable.

    « L'intégration n'est pas une assimilation qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle », a aussi dit le pape. Y a-t-il position traditionnelle de l'église en matière d'assimilation ?

    Cette condamnation de l'assimilation, au nom du respect de la culture d'origine de l'immigré, est malheureusement une constante dans le discours de l'Église sur l'immigration. Jean-Paul II va jusqu'à la renvoyer dos à dos avec des politiques de discrimination allant jusqu'à l'apartheid : « On doit en effet exclure aussi bien les modèles fondés sur l'assimilation, qui tendent à faire de celui qui est différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des immigrés, comportant des attitudes qui peuvent aller jusqu'aux choix de l'apartheid. » Je dis « malheureusement », car on ne voit pas bien, dès lors, malgré les appels répétés de l'Église à une politique d'intégration, comment l'appel de la hiérarchie catholique à un accueil généreux des migrants pourrait ne pas déboucher sur un multiculturalisme, d'ailleurs parfaitement assumé par le pape François.

    Le problème est que ce multiculturalisme aboutit dans les faits à un refus de considérer la culture du pays d'accueil comme une culture de référence, et rend de facto l'intégration illusoire. Sous la pression de l'immigration de masse et de l'idéologie multiculturaliste, les sociétés occidentales se réduisent de plus en plus à une juxtaposition de communautés d'origines, de cultures et de religions différentes, qui se regardent en chiens de faïence faute d'avoir de référence commune, autre que de très vagues principes abstraits, tels que cette « culture de la rencontre » à laquelle le pape François tend à réduire l'identité européenne. Le bien commun, faute de valeurs partagées, se réduit ainsi à un vivre ensemble qui, de plus en plus, tourne dans la réalité à un apartheid de fait. Soit le contraire du but recherché, et une catastrophe civilisationnelle majeure en germe tant pour les peuples européens que pour les populations immigrées. •

    Laurent Dandrieu est rédacteur en chef des pages Culture à Valeurs Actuelles. Il a publié Église et immigration, le grand malaise. Le pape et le suicide de la civilisation européenne, de Laurent Dandrieu. Presses de la Renaissance, 288 p., 17,90 €. 

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    Eugénie Bastié

    Journaliste & essayiste - Sa biographie 

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  • Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [2]

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgOn sait que, sous diverses formes et une plus ou moins grande extension, la domination de l’Islam sur l’Espagne a duré presque huit siècles. Jusqu’à ce que la prise de Grenade, en 1492, achève la Reconquista. 

    Publié le 12.06.2009 - Actualisé (extraits) le 27.08.2017

    El rey.jpgL'expulsion des Morisques d'Espagne

    Cet article évoque un exemple historique : l'expulsion des Morisques d'Espagne, qui fut promulguée par Philippe III d'Espagne, le 22 septembre 1609. Plus d’un siècle après la chute de Grenade.

    Et l'on verra que, sur deux points tout à fait majeurs, parler de l'Espagne de 1609 revient, sous plusieurs aspects, à parler de la France d’aujourd'hui, tant sont grandes, au point d'en être surprenantes, les ressemblances entre les deux situations*. 

    Les Morisques d'Espagne étaient ces descendants des populations d'origine musulmane converties au Christianisme par le décret des Rois catholiques du 14 février 1502. Parmi eux, il y avait des Arabes, des Berbères, mais également une grande majorité d'Espagnols qui s'étaient convertis depuis des siècles à l'Islam.

    Plus d'un siècle après leur conversion forcée au Christianisme, et bien que devenus, à force de métissage, physiquement indiscernables des « vieux chrétiens », une grande partie des Morisques se maintenait comme un groupe social cloisonné du reste de la société espagnole en dépit de la perte de l'usage de la langue arabe au bénéfice du castillan et de sa connaissance très pauvre des rites de l'Islam, religion que beaucoup continuaient toutefois à pratiquer en secret.   

    femme morisque de Grenade 3.jpgEn 1568-1571 eut lieu la Rébellion des Alpujarras, menée par les Morisques de Grenade (le dernier territoire à avoir été reconquis par les Espagnols, en 1492, ce qui mit un terme aux presque huit siècles de Reconquista). L'opinion selon laquelle cette minorité religieuse constituait un véritable problème de sécurité nationale gagna alors, régulièrement, du terrain. [Illustration : femme morisque de Grenade]. Les morisques étaient couramment soupçonnés de complicité avec les Turcs, les pirates barbaresques qui pillaient périodiquement le littoral espagnol, ou même avec les Français. Mais surtout l'année 1604 marqua le début d'une récession économique dans la péninsule, conséquence d'une première baisse dans l'arrivée des ressources du Nouveau Monde. La dégradation des conditions de vie des Chrétiens les mena à considérer avec défiance celles des Morisques.

    C’est là un premier élément de ressemblance frappant entre les deux époques et les deux pays : la crise économique .

    La répartition des Morisques à l'intérieur de l'Espagne était assez irrégulière : si leur présence était négligeable en Castille et dans tout le nord/nord-ouest, ainsi qu'en Catalogne, ils représentaient environ le cinquième de la population de l'Aragon, le tiers de la population du royaume de Valence, et plus de 55% dans le royaume de Grenade. Selon les estimations, leur nombre pouvait s'élever - au minimum - à environ 325 000 membres et - au maximum - jusqu'à un million, sur un total d'approximativement 8,5 millions d'habitants. Mais il faut noter que leur taux de croissance démographique était nettement supérieur à celui des Chrétiens.

    Mais voici le deuxième élément de ressemblance frappante entre l'Espagne de 1609 et la France de 2017 : contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'expulsion des Morisques ne faisait pas du tout l'unanimité dans l'opinion publique de l'époque. En clair, il y avait des partisans (et nombreux, et farouches) de la présence de ces populations en Espagne. Et pour quelle(s) raison(s) ? Tout simplement parce que - pour ne parler que d'elles - les noblesses aragonaises et valenciennes profitaient de cet état de fait, particulièrement en termes de main-d'œuvre sur leurs terres. La classe paysanne, cependant, voyait les morisques d'un mauvais œil et les considérait comme des rivaux. Ne retrouve-t-on pas là nos patrons véreux d'aujourd'hui, qui ont fait le choix de compromettre l'avenir économique du pays, dans le but d'augmenter leurs profits immédiats, grâce à une main d'œuvre bon marché (ce que nous traduisons par chair à profit…), plutôt que d'investir dans la Recherche et préparer l'avenir par les investissements ?... Et, parallèlement, le petit peuple qui voit d'un mauvais œil ces concurrents sur un marché du travail qui se rétrécit ? (Voir les récentes manifestations ouvrières en Angleterre pour le travail anglais aux anglais...) 

    Jusqu'en 1608 la politique menée envers les Morisques avait été celle de la conversion, bien qu'il y ait eu quelques tentatives de politiques plus radicales de la part de Charles Ier (c'est-à-dire Charles Quint, le même roi étant Charles Premier d'Espagne et Charles V, empereur d'Allemagne) et de son fils Philippe II, respectivement en 1526 et 1582. Ce n'est cependant qu'à partir de 1608 que le Conseil d'État commença à envisager sérieusement le choix de l'expulsion, pour la recommander au souverain l'année suivante.

    Le déroulement de l'expulsion dans l'ensemble des royaumes espagnols se prolongea jusqu'en 1614. Le nombre de personnes ainsi concernées varie, comme nous l'avons vu plus haut, entre 300 000 (fourchette basse) et 1.000.000 (fourchette haute).          

    Valence.jpgIl fut décidé de commencer par Valence (ci-contre), la zone la plus concernée par la mesure. Les préparatifs furent menés dans le plus grand secret. À partir du mois de septembre des régiments d'infanterie, les tercios, venus d'Italie prirent position dans le nord et le sud du royaume de Valence et le 22 du même mois le vice-roi ordonna la publication du décret. (Ceux gravure d'époque de Vicente Carducho, Musée du Prado..jpgdont parlera Hugo : « la redoutable infanterie espagnole » - Ci-contre, gravure d'époque de Vicente Carducho, Musée du Prado. On y voit bien la présence des troupes, à droite..

    L'aristocratie valencienne se réunit avec des représentants du gouvernement pour protester contre l'expulsion qui supposait une diminution significative de ses revenus, mais l'opposition faiblit avec la promesse de récupérer une part des propriétés terriennes des Morisques. On permit à ces derniers de prendre tout ce qu'ils pouvaient emporter, mais leurs maisons et terrains furent octroyés à leurs seigneurs, sous peine de mort en cas d'incendie ou de destruction avant le transfert des biens.         

    À partir du 30 septembre, ils furent menés aux différents ports du royaume, où on les obligea même à payer le trajet. Les premiers Morisques furent transportés vers Oran et les ports de l'Oranie, où ils furent quelquefois fort mal reçus et parfois même attaqués par les autochtones. Ceci causa de grandes craintes parmi la population morisque n'ayant pas encore été déportée, et le 20 octobre se produisit un soulèvement contre l'expulsion. Les rebelles furent vaincus en novembre et l'expulsion des Morisques valenciens fut menée à terme.

    Au début de 1610 eut lieu l'expulsion des Morisques aragonais, suivie en septembre par celle des catalans....

    On remarquera que nous nous bornons, ici, à rappeler un fait historique, et que notre but n'est pas de porter un jugement de valeur. Nous nous contentons de constater, à travers cet exemple, que si et quand un gouvernement, un Etat, un pays, décide, pour telle ou telle raison, d'expulser, il peut le faire, et que cela s'est vu dans l'histoire.... C'est une question de volonté politique. (A suivre)    •   

    * Cette comparaison presque absolue que l’on peut faire, sur deux points essentiels, entre la situation de l’Espagne d’alors et celle de la France d’aujourd’hui peut d'ailleurs s'étendre aussi, plus généralement, à l’Europe ; et, plus généralement encore, à l’ensemble du monde blanc...    

     

    Pere Oromig, Embarquement des Morisques au Grao de Valence.jpg

    Pere Oromig, Embarquement des Morisques au Grao de Valence

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  • Culture • Au Mucem de Marseille, plus belle l’expansion musulmane

     

    ParJean-Paul Brighelli

    On sait que nous aimons les textes de Jean-Paul Brighelli, son style, son expression directe et sans ambages, son érudition, son bon sens, son non-conformisme, devenu, de nos jours, une qualité des plus appréciables. . Même, ajouterons-nous,  si nous ne partageons pas toutes ses idées. L'article qui suit - paru sur son blog le 22.08 - ne fait que nous conforter dans nos appréciations. LFAR 

    L’exposition sur les « aventuriers des mers » du musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) est en fait une ode à l’expansion musulmane.  

    3327923779.jpgJe venais de traverser le Panier, qui comme son nom l’indique est une colline au-dessus du port de Marseille, et en redescendant, je suis tombé sur l’immense esplanade désespérée qui mène au MUCEM. « Aventuriers des mers » : un programme d’autant plus alléchant que l’Inspection générale a eu la bonne idée de décréter que le thème des prépas scientifiques, cette année, serait justement l’Aventure (Homère, Conrad, Jankelevitch).

    Quoiqu’échaudé déjà par quelques expositions médiocres montées dans ce cube de dentelles noires construit lorsque Marseille était capitale européenne de la culture (non, non, ne riez pas), ce MUCEM dont les collections permanentes n’ont ni rime ni raison — une juxtaposition d’objets hétéroclites et ethniques —, je me suis risqué.

    La citation d’Albert Londres, à l’entrée, faisait bon genre — beau sujet de dissert en perspective : « Dans le même voyage, l’homme de terre et l’homme de mer ont deux buts différents. Le but du premier est d’arriver, le but du deuxième est de repartir. La terre nous tire vers le passé, la mer les tire vers le futur. » C’est dans Marseille, porte du sud, publié en 1927. J’aime beaucoup Albert Londres, qui pensait que le métier de journaliste consiste à « porter la plume dans la plaie ». Tout un monde — disparu. Londres mourut dans l’incendie du Georges Philippar, quelque part au large d’Aden, en 1932, peut-être allumé pour lui : notre grandeur se mesure à la taille des bûchers qu’on nous prépare. C’est ça aussi, l’aventure — le risque du naufrage.

    Bref, je suis entré plus avant dans l’expo animé des meilleures intentions. 

    J’aurais dû me méfier en constatant que le premier « document » présenté était un extrait du Coran. J’aurais dû préparer ma visite en me rendant sur le site du MUCEM, où Vincent Giovannoni, conservateur du musée et commissaire de l’exposition, déclare : « L’exposition débute par la mise en place, au VIIe siècle, d’un empire des deux mers, celui des Omeyyades qui, régnant sur la mer Méditerranée et l’océan Indien, va permettre le développement du commerce maritime entre ces deux mondes. » Cet intéressant garçon, ethnologue (qui ne l’est pas ?) spécialiste des techniques de pêche dans l’étang de Thau, continue sur sa lancée : « Et puis, en commerçant, on rencontre « l’autre ». De l’histoire de ces rencontres, l’exposition n’élude ni l’esclavage, ni les tentatives d’évangélisation entreprises par les Européens. Elle raconte mille ans de projets commerciaux et, au final, de guerres économiques entre l’Orient et l’Occident. » C’est sûr que seul l’Occident (les « tentatives d’évangélisation », hein…) s’est rendu coupable d’esclavage et de colonisation. Que les Arabes aient conquis au VIIème siècle un immense empire par le fer et par le feu ; que les Turcs le leur aient subtilisé en appliquant les mêmes méthodes, en pire ; que les uns et les autres aient pratiqué les conversions forcées, les massacres, le pal en série, l’esclavage à bien plus grande échelle que l’Occident négrier, tout cela ne compte pas. La culpabilité sera chrétienne ou ne sera pas. Ici les bourreaux et là-bas les pauvres victimes.

    J’aurais surtout dû savoir que l’exposition était la reprise — avec moins d’ampleur, d’intelligence et d’objets présentés — d’une exposition présentée à l’Institut du Monde Arabe (IMA) en 2016.

    Or, quel était le fil conducteur de l’expo parisienne ? « Guidés par Sindbad le marin de légende, al-Idrîsî le géographe, Ibn Battûta l’explorateur et bien d’autres encore, embarquez au côté des Arabes, maîtres des mers, et des grands navigateurs européens qui empruntèrent leurs routes, pour un fabuleux périple en Méditerranée et jusqu’aux confins de l’océan Indien. Des débuts de l’islam à l’aube du XVIIe siècle, une aventure en mer à voir et à vivre, au fil d’un parcours immersif exceptionnel mêlant son, images et procédés optiques. D’extraordinaires récits de voyages ont conté la richesse des échanges maritimes entre les mers de l’Ancien Monde. Les plus fameux des témoins-voyageurs partagent avec vous ces fabuleux récits, fils d’Ariane de l’exposition. Ils vous emmènent à la croisée de l’or d’Afrique et de l’argent d’Occident, des monnaies grecques et des diamants de Golconde, des verreries d’Alexandrie, de Venise ou de Bohême et des porcelaines, des soieries et des épices venues de Chine et des Moluques. »

    Capture-d’écran-2017-08-22-à-12.49.17.pngAinsi parlait le prospectus de présentation, en toute logique . Explorateurs et aventuriers ont peut-être des pensées de commerce et de lucre, mais l’inspiration initiale leur vient des mythes littéraires. L’Occident s’est enté sur Ulysse et Enée, l’Odyssée et l’Enéide, l’Orient sur Sindbad et les 1001 nuits. On « fait comme » — puis on dépasse la légende pour construire la sienne. Les navigateurs arabes sont partis eux aussi à la poursuite d’un rêve, des démons et merveilles comme cet oiseau Rukhkh (ou Roc, dans les traductions françaises) qui s’en prend justement au navire de Sindbad.

    Mais que nous dit l’illustrissimo facchino Vincent Giovannoni ? « Le Mucem étant un musée de civilisations, plutôt que de valoriser les « héros », nous faisons la part belle aux cultures, aux civilisations et aux échanges. (…) Ce qui nous importe enfin, c’est les relations interculturelles, les échanges entre les civilisations. »

    Le voyez-vous pointer le bout de son nez, notre spécialiste de la pêche du loup aux leurres ? Des produits d’artisanats divers, des casiers pleins d’épices, des bouts de tissus et des tapis persans. Mais de héros et de grands voyageurs, peu de nouvelles.

    On y présente par exemple l’extraordinaire mappemonde de Fra Mauro, réalisée vers 1450 et à lire tête bêche, à l’époque on mettait le sud en haut (si vous voulez en savoir plus, lire le Rêve du cartographe, de James Cowan, Ed. Hozholi, 2015), d’une précision qui suppose une enquête minutieuse, sans nous dire que le moine vénitien — aidé d’un marin et cartographe de la ville, Andrea Bianco — s’est appuyé entre autres sur le récit de Nicolò de’ Conti, qui entre 1414 et 1440 parcourut le Moyen-Orient, navigua sur le golfe persique, passa le détroit d’Ormuz, atteignit les Indes, descendit à Ceylan, puis Sumatra, le golfe du Bengale, la Carte-de-Fra-Mauro (1).pngBirmanie, la Malaisie — et retour, un homme que les gentils Musulmans de l’époque obligèrent, lui et sa famille, à se convertir à l’islam sous peine de mort. C’est même à cette apostasie pas du tout imposée que l’on doit le récit de son voyage, car le pape auquel il était allé demander pardon du sacrilège consentit à le ramener dans le sein de la chrétienté pourvu qu’il raconte son périple à son secrétaire, Poggio Bracciolini. D’où la mine d’informations dont a bénéficié Fra Mauro pour établir sa carte.

    Et Nicolò de’ Conti n’était pas le seul, splendides aventuriers qui ne devaient rien — mais alors, rien — à l’expansion arabe.

    Bezoard-Inde-©-Khm-museumsverband.jpgJe ne veux pas avoir l’air de dénigrer. L’exposition du MUCEM est encore riche d’objets précieux, comme ce bézoard (la panacée, l’anti-poison miracle, le remède des remèdes, comme la corne de rhinocéros pilée ou les poils de tigre) ramené des Indes [ci-contre].

    Ou cette tapisserie monumentale illustrant l’arrivée de Vasco de Gama à Calicut.

    A la fin de l’expo — mais on ne comprend pas pourquoi elle finit là si l’on ne sait pas, depuis le début, qu’elle ne se préoccupe en fait que de l’expansion musulmane —, un tableau vénitien magistral, quoiqu’un peu fouillis, célèbre la bataille de Lépante, « la meravigliosa gran vitoria data da Dio », comme dit la légende au bas de la toile,où les bateaux de Don Juan d’Autriche ont flanqué la raclée aux galères turques. À côté de moi, une jeune femme accrochée au bras d’un monsieur un peu plus âgé murmura à son compagnon : « Et à votre avis, il est où, Cervantès, dans ce fatras ? Et est-ce qu’il a déjà perdu son bras ? »

    imagevascodegamavoyage.jpg

    L’arrivée de Vasco de Gama à Calicut.

     

    Capture-d’écran-2017-08-22-à-12.55.10 (1).png

    La bataille de Lépante

    J’ai acheté le catalogue, splendide et intelligent, qui vous dispensera de l’expo, et je suis ressorti. Il faisait toujours beau. Sur la façade du MUCEM était annoncée la prochaine manifestation culturelle : Je gage que celle-là sera 100% marseillaise, et qu’y officiera peut-être Christian Bromberger, prof d’ethnologie à la fac d’Aix — c’est lui qui a dirigé la thèse aquatique de Vincent Giovannoni. Il a une double spécialité : l’Iran moderne et le foot. Deux beaux sujets pour célébrer la paix et la fraternité.  

      

    Capture-d’écran-2017-08-21-à-16.12.57.png

    Liens

    le site du MUCEM

    Exposition présentée à l’Institut du Monde Arabe

  • Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [1]

    Détroit de Gibraltar, vue satellite

     

    Publié le 21.06.2009 - Actualisé (extraits) le 26.08.2017

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgIl s’agit ici - l'actualité nous y invite - de réfléchir, avec un certain recul et de façon, bien-sûr, non exhaustive, sur ce que sont, au fond, les rapports entre l'Islam et l'Europe (la Chrétienté, l'Occident) depuis treize siècles. 

    Ce que nous vivons aujourd'hui n'est pas inédit

    On a souvent tendance, en effet, à s'imaginer que ce que l'on vit est inédit ; que l'on est la première génération à être confrontée à tel ou tel problème... qui se poserait pour la première fois.

    C'est, très souvent, une grossière erreur. Les générations passées ont presque toujours été confrontées aux mêmes difficultés et ce que nous vivons, d'autres l'ont vécu avant nous. La forme, les apparences extérieures, l'habillage, changent, mais, en ce qui concerne le cœur des problèmes, comme le dit le vieil adage, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

    Ainsi en est-il des rapports entre le monde européen et l'Islam, que ces rapports soient conflictuels ou non. Certains voient une grande nouveauté dans l'irruption de l'Islam, d'un certain Islam en Europe. Et, certes, si l'on ne se réfère qu'au temps court de l'Histoire, il y a bel et bien une irruption de l'Islam dans notre quotidien et c'est bel et bien une nouveauté : nos parents et nos grands-parents n'ont jamais vu les rues que nous voyons, c'est clair. Mais, si l'on remonte plus loin dans le temps, force est de constater que l'Europe a été confrontée deux fois déjà à une invasion musulmane. Ce que nous voyons, subissons aujourd'hui n'étant, en somme, qu'une troisième tentative.

    Si nous sommes - car il faut l'être - extrêmement inquiets de ce qui se passe, de ce à quoi nous assistons, il faut bien se dire que l'Europe en a vu d'autres ! Donc, pessimistes actifs, oui (et le plus actifs possible, mieux vaut agir que geindre), découragés et battus d'avance, certainement pas...

    Voyons quelques points d’Histoire, ici aux premiers siècles de l’Islam.

    L'Europe a été conquise militairement - en partie du moins – déjà deux fois par l'Islam.

    772502352.jpgLa première invasion, par le sud-ouest et l'Espagne

    A partir de 711, ne rencontrant qu'une monarchie wisigothique très affaiblie par toutes sortes de dissensions internes, les Maures envahirent en effet sans peine la péninsule ibérique, qu'ils conquirent presque entièrement, avant de passer en France, où ils suivirent en gros deux routes très différentes : l'une vers le sud-est et la Provence, l'autre plein Nord / Nord-Ouest, vers Poitiers. 

    En Provence, leur souvenir reste dans la toponymie de certains lieux, comme La Garde Freinet, ou le Massif des Maures, et dans certaines légendes locales, comme celle de la Chèvre d'or (la Cabro d'or), dans la région des Baux-de-Provence. Mais ils ne laissèrent aucune trace durable ni profonde, d'aucune sorte.

    Leur incursion dans le Nord, dans le but de piller le riche monastère de Saint Martin de Tours, ne leur sera pas bénéfique : ils seront défaits à Poitiers par Charles Martel, en 731 ou 732. Et là non plus, ils ne laissèrent aucune trace.

    Il ne s'agissait pas d'Arabes, comme on le croit souvent, (les Arabes n'ont jamais envahi l'Espagne, encore moins la France) mais de guerriers musulmans venus des anciennes provinces romaines de l'Afrique et de la Mauritanie (en gros, l'actuel Maroc), conquises par l'Islam à partir du VII° siècle. Ce qui est vrai, par contre, c'est que ces tribus de guerriers - la masse des envahisseurs -  avaient bien à leur tête des Émirs arabes, chassés de Syrie lors d'une révolution de palais, ayant mis fin au califat de la tribu des Omeyades. Ceux-ci, pour sauver leur tête, partirent se réfugier aux extrémités de leur ex-empire, le plus loin possible de ceux qui les avaient chassés, et souhaitaient les exterminer : au Maroc, là où le soleil se couche (c'est l'origine du mot Maghreb). D'où la confusion fréquente, dans l'imaginaire collectif.  

    810507042.jpgLes troupes que commandaient ces Émirs arabes, venus donc de Syrie, étaient essentiellement les tribus des Almoravides (ci-contre) - contre lesquelles lutta le Cid - puis celles des Almohades - contre lesquels la chrétienté européenne, unie face au danger - remporta la victoire décisive de Las Navas de Tolosa, en 1212, un an avant Muret (Croisade des Albigeois), et deux ans avant Bouvines. 

    Ces troupes musulmanes firent donc chuter en moins de dix ans la monarchie wisigothique, et toute la péninsule se retrouva sous la botte musulmane. Toute, sauf précisément le « rincon sagrado » du Pays Basque et des Asturies. Protégé par ses montagnes (« Haut sont les monts, et ténébreux et grands » lit-on dans la Chanson de Roland) et par l'énergie farouche de ses guerriers (Charlemagne en fit l'expérience, à Roncevaux), le nord montagneux de l'Espagne, la Cordillère Cantabrique ne connut pas - du moins pas d'une façon durable et effective - la domination du Croissant. (A suivre)  •

  • De Barcelone à Rotterdam ...

    Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande

     

    En deux mots.jpgAinsi de Barcelone à Rotterdam, en passant par Paris, de l'Espagne aux Pays-Bas, axe historique s'il en est, de Londres à Berlin, de Nice à Birmingham ou à Turku, sur la Baltique, dans la lointaine Finlande, se dessine aujourd'hui toute une cartographie de la nouvelle offensive de l'Islam contre l'Europe, sans plus laisser beaucoup d'espaces, de peuples, d'Etats,  à l'écart de la menace, à l'abri des objectifs et des coups islamistes. C'est aujourd'hui le continent européen qui est globalement visé. 

    L'Europe doit s'y résigner, l'admettre, en prendre conscience : une guerre lui a été déclarée, lui est menée, sans-doute d'un type nouveau à l'ère contemporaine, mais une guerre tout de même, dont le front n'est pas une ligne discernable, dont les combattants ne portent pas l'uniforme d'une armée régulière, sont dissimulés, mobiles, imprévisibles, et peuvent frapper n'importe où, n'importe qui. 

    Cette guerre, on le sait, peut durer longtemps, elle oppose des adversaires inégaux, les islamistes étant plus déterminés à nous agresser, nous vaincre et nous soumettre, que nous à les mettre hors d'état de nuire, plus sûrs de leur cause que nous de la nôtre. 

    Dans ce combat, malgré la disproportion des forces en présence - qui est bien-sûr en notre faveur : les terroristes ressortent rarement vivants de leurs entreprises, les forces de l'ordre les tuent presque à tout coup - notre faiblesse pour l'essentiel est de deux ordres : 

    1. L'extrême fragilité de notre « civilisation » de type postmoderne, déracinée, décervelée, déculturée, atomisée et au sens profond démoralisée, sans fierté, sans convictions, petites ou grandes. Et la liste n'est pas close. 

    2. L'extrême débilité de nos institutions politiques et des hommes qui les incarnent. (Ce qui inclut les femmes). 

    A de rares exceptions près, toutes à l'Est, cette constatation vaut pour l'ensemble de l'Europe, à commencer par le semble-couple franco-allemand. La chancelière Merkel - à qui l'on a attribué, y compris parmi nous, bien plus de qualités politiques qu'elle n'en a vraiment - l'a amplement démontré lorsqu'elle a appelé plus d'un million de migrants à entrer en Europe. A la vérité, la médiocrité des dirigeants européens fait presque pitié.

    Ainsi, nous ne comprendrons rien à la lutte antiterroriste, nous ne la mènerons pas efficacement, tant que nous ne nous rendrons pas compte que le mal est plus en nous qu'en nos assaillants ; tant que nous continuerons à vociférer stupidement en priorité contre l'islam sans nous apercevoir que le mal principal est d'abord en nous-mêmes. 

    Cette nécessaire autocritique, nous devons l'accomplir non pas comme une repentance vulgaire, au sens de la doxa, mais au contraire pour retrouver, revivifier, notre fond vrai. Celui qui nous vient de la lointaine Histoire française et européenne, car au delà de la hideuse caricature bruxelloise, l'Europe, aujourd'hui, se retrouve d'une certaine manière unie contre un danger commun, comme il lui est déjà arrivé de l'être, en d'autres temps, sinon pareils, du moins semblables.   

    Ce n'est pas une équation simple, mais elle est vraie : sans un retournement politique et social profond, qui remette en cause jusqu'à nos démocraties sous leur forme européenne actuelle et nos sociétés version postmoderne, nos chances de sortir, rapidement ou pas, vainqueurs des islamistes sont bien faibles et sans portée.  

     Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant :

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Niquez vos (prétendues) races !

     

    Par Catherine Rouvier

    Voici une intéressante et pertinente tribune [Causeur, 23.06] sur fond d'intelligence, de subtilité et d'humour. Elle suscite ainsi - sur un sujet en fait grave et sérieux - la réflexion plutôt que la polémique facile. Catherine Rouvier a participé à quelques unes de nos réunions en Provence. Et nous en gardons un très bon souvenir ...  LFAR 

     

    sans-titre c r.pngUn décret remplace désormais la notion de race, « qui n’est pas applicable aux êtres humains », par celle de « prétendue race »

    Depuis le 3 août, un décret relatif aux provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire « substitue à la notion de race, qui n’est pas applicable aux êtres humains, celle de « prétendue race » » et « améliore la lutte contre les manifestations de racisme, de sexisme et d’homophobie dans des conditions similaires à ce qui a été prévu par la loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 ».

    Allons bon, cette loi de janvier, on ne l’avait pas vue passer. Car depuis janvier, on a été vraiment très très occupés. C’était les primaires, et on allait se geler sur des places ventées et pluvieuses pour soutenir des candidats élus par nous mais lâchés par leur parti… Puis ce furent les élections présidentielle puis législatives.

    Ignorance crasse

    Mais là… c’est le calme plat. A l’Elysée, à l’Assemblée, ils sont tous en vacances. Un tweet compassionnel par-ci, une photo de presse par-là, et ils retournent prendre l’apéro sur le vieux port, escalader le col de Bavella ou faire du surf à Hossegor. Circulez, y a rien à voir…

    Et du coup nous, les citoyens, temporairement privés de spectacle, nous passons tous nos vacances, forcément, à lire les lois et leurs décrets que « nul n’est censé ignorer » sur nos iPhones, entre le bain de mer et l’apéro. A fortiori les journalistes.

    Dès lors il est incompréhensible qu’après l’attentat de Barcelone, Mounia, chroniqueuse sur Beur FM, ait tweeté : « Niquez vos races, ceux qui s’indignent parce qu’ils auraient pu être victimes, mais qui n’ont rien dit pour l’attentat de Ouagadougou ». 

    Sur le fond du propos on ne peut qu’être d’accord. Le silence coupable des médias sur cette attaque sanglante en Afrique est coupable, quand ils en font des tonnes dès que c’est près de chez nous.

    Mais sur la forme… Mounia, Mounia, a quoi ça sert que Hollande, puis Macron, se décarcassent ? Vous avez bien écrit : « Niquez vos races ? »

    Déraciner Voltaire

    Alors déjà, Mounia, de race il n’y en a qu’une. C’est la race humaine. Avant on disait l’« espèce humaine », et on la divisait en « races ». Le dictionnaire Littré de 1878 nous l’apprend en citant Voltaire lui-même, qui écrit dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations : « la race des nègres est une espèce d’hommes différant de la nôtre, comme la race des épagneuls l’est des lévriers ». Mais ça c’était avant, et la statue de Voltaire va sans doute bientôt trembler sur socle.

    Sous Hollande, on a assorti l’usage du mot « race » d’une notice explicative ou - comme on dit en droit – d’une clause restrictive d’interprétation : « race, ok, mais alors au singulier ».

    Dans les écoles, les maîtresses ont tenté de l’expliquer : « Il n’y en a qu’une, vous entendez ? Et ne me regardez pas comme s’il y existait des différences entre les humains. On a tous le même ADN, vous entendez ? Et du reste, des découvertes scientifiques ont prouvé que toute l’humanité était noire, et qu’on s’est en partie décolorés avec le temps ». « Et les asiatiques, Madame, leurs yeux bridés, c’est venu avec le temps ça aussi ? »

    L’antiracisme, Littré n’y avait pas pensé

    Bref, c’était compliqué, et les « petits races », comme on appelait les enfants au XVIIIème siècle (Littré toujours), étaient durs à convaincre.

    Alors, avec Macron, on est passé au plan B. Désormais il n’y a pas « une seule race humaine », il n’y en a plus du tout.

    Le texte du décret du 5 août est formel : « la notion de race (…) n’est pas applicable aux êtres humains ». Interdire absolument d’appliquer le mot race aux humains aurait, d’après le décret, une vertu : ça « améliore (…) la lutte contre les manifestations de racisme ».

    Ça, l’antiracisme, Littré n’y avait pas pensé. Il faut dire qu’à son époque le mot « racisme » n’existait pas. L’émergence, quelques cinquante ans plus tard, de cet « isme » qui, partout et en tous temps, signale la théorisation, sent le dogme à plein nez et précède de peu l’idéologie, a changé la donne.

    Ainsi, le « raciste » ne se contente pas seulement de noter les différences. Il trie, il range, il catalogue, il hiérarchise. Pire, il peut dans les cas extrêmes, rêver d’appliquer la vision eugéniste de certains éleveurs de chiens ou de chevaux aux êtres humains. Sont considérés comme « de race » écrit Littré – car les élevages existaient déjà à son époque – ceux qui « descendent directement de la souche, de la race, sans croisements ».

    « Ouais, mais ça fait un peu long quand même »

    Au pire du pire, celui qui croit encore qu’il y a des races peut même, quand on lui propose une PMA, et si un jour on lui propose une GPA, vouloir choisir sur catalogue le géniteur ou la génitrice afin d’avoir une chance d’avoir un enfant blanc s’il est blanc, noir s’il est noir, etc.

    Pas de ça Lisette ! C’est pour éviter de telles dérives que le décret « substitue à la notion de race la notion de prétendue race ». Donc Mounia, il aurait fallu écrire « Niquez vos prétendues races ».

    Alors, bien sûr, on peut aussi chercher une autre formule, qui prenne en considération les différences morphologiques sans plus prononcer le mot maudit. Pour ma part, j’ai trouvé ! C’est chez Buffon. On ne fait pas plus « scientifique »… Il s’agit des « variétés dans l’espèce humaine ». Je suis fière de ma découverte.

    « Ouais, mais ça fait un peu long quand même », me dit Mohamed qui joue au foot avec son pote, et à qui je tente de communiquer mon enthousiasme. Sans comprendre la vraie portée de cette remarque, je me replonge dans la passionnante lecture de l’« Histoire naturelle », tandis qu’il reprend son jeu. Mais soudain, tombé par terre sur le gravier coupant après un croche pied vicieux de son copain Martial, il hurle « Nique ta race ! » Je corrige : « Ta  prétendue race, Mo’, ta prétendue race »… C’est vrai que « nique ta variété dans l’espèce humaine », c’était « un peu long ».  

    Catherine Rouvier

  • Vacances marseillaises

     

    En deux mots.jpgOn peut dire de Marseille, sans exagération, qu'elle est une capitale en même temps de l'enracinement et de la diversité. Peut-être est-ce là la raison du choix du couple Macron.

    Ce double caractère de la Cité Phocéenne n'est pas nouveau. Il parcourt les siècles et même - au minimum - deux millénaires.

    Maurras, parmi d'autres, comme Pagnol, a écrit de fort belles pages sur Marseille. On en trouvera trace dans ses Œuvres Capitales  (« Marseille en Provence* »). Nos lecteurs, s'ils ne les connaissent pas, pourront s'y reporter, et ce serait tout bénéfice pour les Macron que de les lire. 

    Du côté des racines, Maurras, quant à lui, les affirme montagnardes : « Peu ou prou, nous sommes tous Gavots ». Selon lui, « la montagne est mère des hommes » et les plus anciennes familles marseillaises, il est vrai, en sont issues. D'où le solide fond de traditions populaires qui perdure à Marseille. Malgré tout, car, ouverte sur la mer et le monde, Marseille, avec ses navigateurs, ses marins et ses commerçants, partis au loin, avec ses arrivants de tous les coins du monde, a toujours été ouverte à la diversité. Elle en est aujourd'hui envahie - ce qui est bien différent - au point d'être devenue méconnaissable pour ses plus anciens habitants.

    On a surabondamment rappelé dans les milieux d'Action française, le jugement de Madame de Sévigné sur Marseille, parce que Bainville aimait à le citer, à le dire et redire à ses amis et admirateurs marseillais : « L’air, en gros, y est un peu scélérat ». A cet égard, il est patent que les choses n'ont guère changé, démentant ceux qui ne croient pas, en Histoire, aux permanences. 

    collage-macron-la-buzine-exclusif.jpgEmmanuel et Brigitte Macron, aux premières heures de leur séjour, se sont rendus au château de la Buzine. C'est le Château de ma mère, dont Marcel Pagnol a parlé en termes si délicats, souvent émouvants, toujours très vivants, en homme de théâtre et de cinéma qu'il fut toujours**. Et Pagnol, c'est, par excellence, un écrivain, un mémorialiste, un dramaturge, un cinéaste, et même, tel Virgile dont il a traduit, en vers, les Bucoliques, un poète des racines et des traditions populaires. Celles d'un peuple provençal, marseillais souvent, qui, aujourd'hui, n'existe plus. C'est miracle qu'il en subsiste encore nombre de traces, dans le magma diversitaire de la nouvelle démographie marseillaise et au-delà.

    Mais aucune société humaine ne subsiste longtemps sans enracinement, sans conscience de son identité, sans le sentiment de former une communauté, de vivre un même destin, de participer d'une identique appartenance. L'idéologie dite diversitaire, multiculturaliste, multiethnique, se casse les dents sur ce besoin profond, anthropologique, ontologique. Simone Weil a écrit que ce besoin est, pour l'homme, le premier et le plus important de tous. 

    Ainsi les sociétés qui ont perdu leurs racines propres, leurs traditions anciennes, ont tôt fait d'en reconstituer ou de s'en laisser imposer de nouvelles, comme c'est le cas de Marseille, qui s'islamise, se recommunautarise à vitesse grand V.

    Le Marseille que visitent les Macron, n'est plus celui de Pagnol que pour une fraction de ses habitants. Le château de la Buzine est un musée, le bar de la Marine est toujours là, vivant, comme d'autres institutions du même type, comme nombre de traditions, mais un autre Marseille lui fait face, fait ses courses au Marché Soleil, ou habite dans ces Cités impénétrables, presque intégralement islamisées, à la fois radicalisées et mafieuses, qui sont un mixte d'Islam radicalisé et de trafic de drogue - leur économie non pas du tout secrète, mais souterraine.

    Si Emmanuel Macron s'imagine que ces deux mondes pourront coexister toujours, ou même longtemps, nous pas,

    Nous n'ignorons pas que, si dans la communauté issue de l'immigration, de nombreux musulmans, qui y sont largement majoritaires, se sont, pour le meilleur et pour le pire, plus ou moins intégrés à ce qu'il nous reste de mœurs et de traditions indigènes, ils ne sont pas les plus voyants, ni les plus actifs, ni les plus décidés. A Marseille comme ailleurs, on a fait la fête les soirs d'attentats, dans certains quartiers ...

    De l'autre côté, celui des Marseillais de souche - plus ou moins lointaine - la colère gronde, s'amplifie ...

    Telle est - à trop grands traits - la situation de la métropole marseillaise où le Chef de l'Etat et son épouse auront passé leurs premières vacances présidentielles. Qui sait, s'il y en a, de quoi seront faites les prochaines ?

    Ces simples aperçus montrent tout de même les limites de la pensée complexe selon Macron. Les limites du désormais fameux en même temps

    Toutes les conciliations ne sont pas possibles ni souhaitables. Arrive l’heure des affrontements, des choix, que les lourdes nécessités, les situations tragiques, finissent par imposer à qui n'a pas voulu ou n'a pas eu le courage de les décider à temps par la réflexion et l'expérience. •

    Marseille en Provence, Suite provençale, Œuvres capitales, tome IV, Flammarion, 1954 

    ** Souvenirs d'enfance : La Gloire de mon père (1957) - Le Château de ma mère (1958) - Le Temps des secrets (1960) - Monte-Carlo, Pastorelly

  • Macron-Défense : l’affaire Villiers n’est pas qu’une question de chiffres

     

    Par Roland Hureaux

    Au delà des chiffres et des budgets, Roland Hureaux se livre ici [Causeur - 16.08] à une fine et exacte analyse du rapport personnel de l'actuel président de la République avec nos Armées. Rappelons que Roland Hureaux fut l'un des participants au colloque d'Action française du 7 mai 2016, à Paris, « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? »    LFAR

     

    1871659358.jpgPour beaucoup, le différend qui a opposé le président Macron au général Pierre De Villiers, chef d’état-major des armées, pourrait être ramené à une question de chiffres, ce qui serait après tout normal s’agissant d’un président issu de I’Inspection des finances. Mais une telle approche serait bien réductrice.

    Question de chiffres : Macron avait promis dans son programme électoral de remonter le budget de la Défense à 2 % du PIB. Une promesse qu’avaient d’ailleurs faite aussi Marine le Pen et François Fillon. Comment Emmanuel Macron, adepte inconditionnel de l’OTAN, aurait-il pu proposer autre chose que le minimum que cette organisation a fixé et qui a été rappelé récemment par le président Trump. Mais 2%, c’est beaucoup, environ 44 milliards ; à un budget actuel de 32 milliards, il faudrait donc en ajouter 12.

    Autre chiffre, le déficit autorisé par l’Union européenne : 3 % du même PIB, soit 66 milliards qui sont déjà une tolérance, assortie de la promesse française de le ramener à zéro, jamais respectée par le gouvernement Hollande (dont Macron était le ministre des Finances). Ce n’est pas en effet en accumulant des déficits (et donc avec un supplément d’endettement de 3 % l’an) que l’on réduira une dette qui atteint aujourd’hui les 100 % du PIB. Il reste qu’Emmanuel Macron, qui a voulu entrer en fanfare sur la scène européenne, et pour qui les consignes de Bruxelles, comme les souhaits de Berlin,  sont la Loi et les prophètes, veut à tout prix, pour assurer sa crédibilité, redescendre à ce niveau. Il lui manque pour cela 8 milliards. L’habitude de Bercy dans ce cas-là est de ponctionner les ministères régaliens, à commencer par la Défense à qui, au lieu d’accorder 12 milliards, on demande 850 millions tout en gelant 2,7 milliards.

    Cette logique n’explique pas seule que le mécontentement des armées justement exprimé par leur chef d’état-major en commission de la Défense soit devenu une affaire d’Etat.

    Au-delà des chiffres, le choc des cultures

    On est surpris du degré de mépris dont le président Macron fait l’objet sur la toile dans de nombreux  textes, anonymes ou pas, issus de la communauté militaire. Nicolas Sarkozy et François Hollande, que les militaires n’aimaient pas beaucoup, n’ont jamais essuyé pareille hostilité. Et surtout pas moins de trois mois après leur prise de fonction.

    On peut faire la part des maladresses du nouveau président, de son absence de sensibilité militaire : même s’il fanfaronne ici ou là au milieu des troupes, il est le premier président à n’avoir pas fait de service militaire. La génération X-Y !

    Il faut cependant aller plus profond. La personnalité d’Emmanuel Macron rebute bien des gens, surtout dans les armées. Il porte avec lui un air de légèreté qui n’est pas vraiment le genre de la maison. Depuis la République romaine et sans doute avant, le chef militaire, confronté chaque jour à la mort, réalité ultime, est un homme grave. C’est cette gravitas, signe d’une maturité accomplie, que les militaires attendent du chef de l’Etat qui est aussi le chef des armées. Le moins qu’on puisse dire est que le nouveau président a, en la matière, des progrès à faire. Beaucoup, dans le grand public, ont été par exemple choqués par sa visite à Oradour-sur-Glane où il multipliait de tous côtés les poignées de main à la Chirac semblant confondre ce lieu de mémoire tragique avec un comice agricole.

    Sans doute sa vie privée n’appartient-elle qu’à lui. Mais pour exercer l’autorité, il faut donner le sentiment d’une personnalité accomplie. Or Jacques Lacan nous l’a enseigné, c’est la résolution du complexe d’Œdipe qui ouvre douloureusement le sujet au monde réel. Nous ne dirons pas qu’Emmanuel Macron ne l’a pas résolu. Mais en politique, seules les apparences comptent.

    Militaires contre idéologues

    Il y a plus : sur presque tous les sujets, Emmanuel Macron a fait campagne sur les marqueurs idéologiques qui, depuis 15 ans, définissent ce qui est politiquement correct :  Europe, libre-échange, dépassement de la nation (la France étant accusée par lui de « crime »), mépris des considérations   culturelles et ethniques par l’ouverture à l’immigration, antiracisme, non-discrimination, hyper-écologie, théorie du genre, vaccins à tout va, etc. Sur aucun sujet Macron n’a pris la moindre distance par rapport à la doxa dominante. Il s’est bien gardé aussi de désavouer celles qui ravagent des secteurs comme l’Education nationale (méthode globale) ou la justice (culture de l’excuse). Non pas parce que cela plaisait à ses électeurs, bien au contraire. Mais parce que cela plaisait à ces prescripteurs essentiels que sont les gens de médias, largement inféodés à l’idéologie.

    Presque tous les ministères ont aujourd’hui la leur, qui suscite généralement l’ire de populations pas toujours conscientes de ce qui leur arrive: l’Intérieur veut à toutes forces supprimer 30 000 petites communes, l’équipement veut interdire toute construction hors des périmètres déjà construits, quelles que soient les traditions locales, la Santé veut fonctionnariser la médecine libérale etc. Le ministère de la Défense n’est pas entièrement exempt de telles idéologies (qui ne sont généralement pas beaucoup plus que des idées simplistes jamais remises en cause), mais seulement en manière d’organisation, où les civils ont leur mot à dire : ainsi les bases de défense, répondant à la culture du regroupement, ont mis plus de désordre qu’elles n’ont fait d’économies. Mais dans l’ensemble le ministère de la Défense demeure relativement préservé de l’idéologie. La raison : les engagements opérationnels multiples dans lesquels nos armées sont impliquées permettent un retour d’expérience constant, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des administrations civiles. « Quand le canon tonne, les cons se taisent », dit un vieux dicton militaire. Les idéologues aussi, l’idéologie ayant pour caractère de faire perdre le sens du réel, éminemment nécessaire au combat.

    Il semble que l’idéologie et le déficit œdipien aillent ensemble. C’est l’immaturité qui explique le succès des idéologies, particulièrement dans une classe intellectuelle ou médiatique plus à l’abri que le peuple du contact direct avec le réel, parfois si dur. Sur ce chapitre, Emmanuel Macron est bien un enfant du siècle.  

    est essayiste.
  • Passionnant entretien de Péroncel-Hugoz dans le mensuel islamo-gauchiste marocain Din wa Dunia (Religion & Monde)

     

    « L'Etat est par définition un monstre froid, seule peut l'humaniser une famille royale digne. »

    JEAN-PIERRE PÉRONCEL-HUGOZ Journaliste, écrivain et essayiste de renom, membre de la Société des rédacteurs du journal Le Monde et ancien correspondant du célèbre quotidien français en Egypte, en Algérie et au Liban, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, 77 ans, partage aujourd'hui sa vie entre la France et le Maroc. Ce grand connaisseur du monde arabo-musulman et du Maroc est l'auteur de nombreux essais sur les pays du Sud et a édité quelques 70 ouvrages d'auteurs tiers autour notamment de l'histoire de France et des anciennes colonies européennes. Rencontre avec une encyclopédie vivante.

    PROPOS RECUEILLIS PAR JAOUAD MDIDECHDÎN WA DUNIA N°21-22 • AOÛT-SEPTEMBRE 2017

    Untitled_Page_2 - Copie.jpgDepuis Le Radeau de Mahomet, paru en 1983, et jusqu'à présent, dans vos écrits, on ressent une certaine peur de l'Islam, comme d'ailleurs chez d'autres intellectuels occidentaux. Cette religion est-elle si dangereuse que cela ?

    D'abord, permettez-moi de préciser qu'à mon sens, l'Islam n'est pas seulement une religion mais aussi une idéologie, un droit, une vision du monde, une façon de vivre, en somme un tout difficile à scinder. Par ailleurs si, depuis un quart de siècle, la grande majorité des attentats meurtriers commis à travers la planète étaient le fait, par exemple, de bouddhistes ou d'esquimaux, même si tous les membres de ces catégories n'étaient pas des terroristes, les gens auraient tous plus ou moins peur des Esquimaux ou des Bouddhistes... La peur est une réaction spontanée qui ne se commande pas. On peut seulement la nier et c'est ce que font bon nombre d'élites occidentales au nom du « pas d'Islamalgame ! », mais la méfiance demeure au fond d'eux-mêmes contre l'ensemble de l'Oumma. Certains Européens, qui n'osent parler que de « terrorisme », sans le définir, doivent avoir honte de leur pusillanimité quand ils entendent l'écrivain algérien Boualem Sansal fulminer contre les « djihadistes » ou le roi du Maroc, dans son discours du 20 août 2016, dénier la qualité même de musulmans aux auteurs de crimes anti-chrétiens, en France ou ailleurs.

    En dehors des tueries, une autre raison nourrit de longue date craintes et doutes à l'égard de l'Islam : c'est le sort discriminatoire que celui-ci réserve en général aux non-mahométans, même reconnus comme « Gens du Livre », à l'instar des chrétiens d'Orient. Pour les chrétiens du Maroc, cette dhimmitude, car c'est de ce statut inférieur qu'il s'agit, n'existe pas dans la mesure où ces chrétiens ne sont pas autochtones, ont le statut d'étrangers et seraient sans doute défendus, si besoin était, par leurs pays d'origine. Néanmoins, tout chrétien, croyant ou pas, qui veut, en terre islamique, Maroc inclus, épouser une musulmane, est obligé de se convertir d'abord à l'Islam ! Imaginez qu'une telle contrainte existe dans un Etat chrétien, et aussitôt on défilerait un peu partout contre cet Etat qu'on accuserait d'être « anti-musulman ».

    Pourtant vous travaillez au Maroc. L'Islam marocain vous fait-il moins peur ?

    En effet, je travaille au Maroc depuis plus de 10 ans, et auparavant j'y vins pour des dizaines de reportages sous le règne de Hassan II. Je me sens davantage en sécurité ici qu'en France, où la police est plus laxiste. Ce fut un peu la même situation dans d'autres nations mahométanes, comme l'Egypte, où j'ai longtemps travaillé pour Le Monde. L'art de vivre, l'hygiène de vie des Arabo-turco-persans me conviennent mieux que l'american way of life. Leur confiance en Dieu, leur optimisme foncier, leur patience dans l'adversité m'impressionnent ; étant en outre originaire d'un continent où règnent aujourd'hui l'incroyance et la confusion des genres, j'apprécie les sociétés où demeure en vigueur la loi naturelle, c'est-à-dire tout simplement que les hommes y sont des hommes et les femmes des femmes. Last but not least, les sociétés musulmanes, contrairement aux sociétés occidentales, continuent d'honorer les notions de décence et de pudeur — Lhya, hchouma, âoura —, valeurs auxquelles je reste attaché. Ce contexte m'a permis de vivre jusqu'ici en harmonie parmi des musulmans. Du moment qu'on admet l'existence d'Orientaux occidentalisés, il faut reconnaître qu'il y a également des Occidentaux orientalisés, qui ne sont pas toujours islamisés pour autant. Je peux très bien comprendre, cependant, que la jeune convertie russe, Isabelle Eberhardt (1)jadis, se soit bien sentie « dans l'ombre chaude de l'Islam » ...

    Cependant, il existe une haute civilisation musulmane, avec ses grands hommes. Et de tout temps, il y a eu du fondamentalisme, même au sein des deux autres religions monothéistes, non ?

    boumédienne-hassan ii.jpgMême mes pires détracteurs, je crois, reconnaissent que je n'ai cessé, tout au long de mes reportages et de mes livres, de décrire les réussites historiques des cultures islamiques, de l'Indus au Sénégal via le Nil ou la Moulouya, sans m'interdire pour autant de critiquer ce qui me paraissait devoir l'être car, selon le mot de Beaumarchais, « sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ». Hélas, cette civilisation musulmane a peu à peu décliné jusqu'à ne plus vivre que de ses souvenirs ; et si elle est en train de renaître à présent, je crains que ce ne soit sous une forme politico-religieuse radicale qui a déjà commis de nombreux dégâts...Quant aux autres « fondamentalismes », ils font bien pâle figure de nos jours, sauf peut-être, il est vrai, sous forme d'interventions militaires euro-américaines en pays d'Islam. Et c'est d'ailleurs pour cela que, tel le philosophe français indépendant Michel Onfray, j'ai toujours été hostile aux expéditions occidentales, notamment françaises, à l'étranger, sauf ponctuellement lorsqu'il s'agit uniquement de sauver nos ressortissants. La comparaison entre les attentats islamistes aveugles et nos bombardements anti-djihadistes qui tuent également des civils au Levant, en Libye ou en Afrique noire, n'est pas du tout infondée. Il faut laisser les Musulmans vider entre eux leurs querelles, tout en leur proposant évidemment nos bons offices diplomatiques.

    Estimez-vous qu'aucune cohabitation n'est possible entre Islam et laïcité française ? La démocratie en Europe est-elle si fragile ?

    Cette « cohabitation », d'ailleurs pas toujours harmonieuse, existe de facto et certains Etats européens ont fourni de grands efforts pour donner de la place aux musulmans venus s'installer chez eux. Deux des principales villes d'Europe, Londres et Rotterdam, ont des maires musulmans. En France, la liste est longue des musulmans occupant ou ayant occupé des positions de premier plan dans maints domaines : le benjamin du premier gouvernement de la présidence Macron est un jeune Marocain spécialiste du numérique ; l'acteur le plus populaire en France, et le mieux rémunéré, est aussi marocain. Le principal prix littéraire parisien est allé deux fois à des Marocains, etc. Quand on pense qu'en Egypte, le plus brillant diplomate du monde arabe au 20e  siècle, Boutros Boutros-Ghali, n'a jamais pu être ministre des Affaires étrangères à part entière, à cause de sa qualité de chrétien indigène ! Quant à la fameuse démocratie, dont Churchill disait qu'elle est « le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres », je me demande si beaucoup de musulmans ont envie de la voir s'installer en Islam, du moins sous sa forme européenne actuelle. Car il faut avoir à l'esprit que la démocratie signifie la primauté des lois conçues par les hommes sur la loi divine, à laquelle l'immense majorité des croyants mahométans paraissent prioritairement attachés. Au Maroc par exemple, tout le monde sait que le peuple n'a aucune considération pour les politiciens et pour la plupart des partis politiques, et bien des Marocains ne craignent pas de dire qu'il vaudrait mieux augmenter les pouvoirs de Sa Majesté chérifienne plutôt que de les diminuer.

    Vous êtes un monarchiste invétéré : la royauté apporterait-elle, à votre avis, plus de sécurité, de liberté, de bonheur que la république ?

    Je suis royaliste comme on respire, à la fois de conviction, de tradition et de raison, mais je le suis pour .la France, comme le furent Lyautey ou De Gaulle. Car pour les autres nations cela n'est pas mon affaire, même si j'aime à voir fonctionner la monarchie exécutive marocaine de manière tellement plus efficace, plus moderne et en même temps plus authentique que la république algérienne voisine, où je fus correspondant du Monde sous la dictature militaire de Houari Boumédiène (2). L'Etat est, par définition, un « monstre froid ». Seule peut l'humaniser une famille royale, incarnant la pérennité nationale, et à condition, bien sûr, que cette famille soit digne. Sous le monarque marocain actuel, l'affection populaire qui s'élève vers lui semble parfois, du moins pour les observateurs occidentaux, franchir la limite du rationnel. Mohamed VI, en effet, malgré ses efforts et sa bonne volonté, n'a pas encore réussi à régler les deux principaux problèmes qui se posent au Maroc depuis des décennies : les karyane ou bidonvilles d'une part ; l'imbroglio saharien, d'autre part, dû surtout, il est vrai, à la jalousie de l'Algérie pour les progrès d'un Maroc pourtant moins riche qu'elle.

    Au sujet du match République-Royauté, feu l'opposant marxiste à Hassan II, Abraham Serfaty, répondait que « l'Histoire avait prouvé la supériorité des républiques ». Eh bien non justement, car, comme disait Lénine « les faits sont têtus », et le 20e siècle, sans remonter plus loin, a vu les plus grands crimes contre les peuples, être le fait, comme par hasard, de deux républiques, celle d'Hitler et celle de Staline...

    Existe-t-il, selon vous, un point faible pouvant expliquer, du moins en partie, les problématiques liées actuellement à l'Islam ?

    J'ai parfois l'impression que nombre de musulmans, adossés à leur certitude coranique d'être « la meilleure des communautés » et à leur dogme égocentrique selon lequel seuls les fidèles de Mahomet pourront entrer au Paradis, se trouvent ainsi dispensés d'être soumis à la critique ou à l'autocritique. En 1987, je rencontrai en France un opposant alors quasi inconnu au régime tunisien, le docteur Moncef Marzouki, qui me séduisit par l'audace critique d'un texte intitulé Arabes si vous parliez ... Je le publiai et ce fut un succès à Paris, Bruxelles ou Genève. Ce livre est une charge puissante et argumentée, par un Arabe contre les Arabes, trop enclins à trouver ailleurs que chez eux, par exemple chez les anciens colonisateurs européens, des responsables à leurs maux contemporains. En 2011, par un retournement politique inattendu, Si Moncef devint le chef de l'Etat tunisien. En accord avec lui, je décidai de republier sans y changer un mot Arabes si vous parliez..., à Casablanca cette fois-ci. Ce texte, qui repose sur l'idée que « l’autocritique est l'autre nom de la maturité », fut cette fois un échec éditorial, surtout en Tunisie... Disons quand même, à la décharge des musulmans, que les menaces des djihadistes contre ceux des « vrais croyants » qui seraient tentés par l'autocritique, peuvent expliquer les silences actuels de l'Oumm (3). En juin 1992, au Caire, Farag Foda, musulman modéré et éminent acteur de la société civile (4), osa réprouver publiquement les traitements discriminatoires dont sont traditionnellement victimes les Coptes, chrétiens autochtones. Très vite, Foda fut abattu devant son domicile par un commando djihadiste (5), après avoir été qualifié, rien que ça, d’ « ennemi de l'Islam », simplement pour avoir pointé une situation scandaleuse, mais que personne, parmi les musulmans de l'époque, n'avait jusqu'alors osé dénoncer en public.

    « Un seul juste dans le pèlerinage rachète tout le pèlerinage ! » Est-ce que ce hadith prêté jadis à Mahomet peut s'appliquer à Marzouki ou à Foda ? C'est à leurs coreligionnaires de répondre. Et d'agir. Sinon, les gens d'Al Qaïda, de Boko Haram et de Daech risquent de s'imposer un peu partout...  

     

    1. Ecrivaine suisse (de parents d'origine russe et devenue française par mariage avec Slimane Ehni) née en 1877 et installée en Algérie à partir de 1897, où elle vécut au milieu de la population musulmane. Ses récits de la société algérienne au temps de la colonisation française seront publiés après sa mort, survenue le 21 octobre 1904 durant la crue d'un oued à Aïn Sefra (nord-ouest de l'Algérie).

    2. Houari Boumédiène (1932-1978) : chef de l'État-major général de l'Armée de libération nationale de 1959 à 1962, puis ministre de la défense de Ben Bella, il devient président du Conseil de la Révolution (et chef de l'État) le 20 juin 1965 suite à un coup d'Etat, et président de la république algérienne du 10 décembre 1976 jusqu'à son décès le 27 décembre 1978. Aucune opposition politique n'était autorisée sous son règne, Boumédiène cumulait les fonctions de président, premier ministre, ministre de la Défense et président du FLN, alors parti unique.

    3. Oumma, du mot arabe « oum », mère, la communauté universelle des musulmans.

    4. Farag Foda (1946-1992) : professeur d'agronomie, il était également écrivain, journaliste et militait en faveur des droits humains et de la sécularisation de l'Egypte.

    5. L'assassinat, perpétré le 8 juin 1992, a été revendiqué par le groupe salafiste Gamaa al-Islamiya, en référence à la fatwa d'al-Azhar du 3 juin de la même année, accusant Farag Foda d'être un ennemi de l'islam. Huit des treize accusés sont acquittés et d'autres relâchés en 2012 sur ordre du président Mohamed Morsi.

  • Idées & Société • Alain de Benoist : Bataille des idées ? La gauche a perdu, mais la droite n’a pas gagné !

    Manuel Valls déclare que « la gauche a perdu la bataille des idées » 

     

    Publié le 23 juillet 2017 - Actualisé le 13 août 2017 

    Par Alain de Benoist

    Cet entretien donné à Boulevard Voltaire [22.07] dit avec justesse, lucidité et pertinence ce qu'il faut savoir de la situation des idées en France, à l'heure actuelle. Nous partageons cette analyse qui met en lumière a contrario le travail restant à accomplir pour qu'il y ait vraiment bataille des idées et qu'elle conduise à une réelle rupture avec la doxa dominante à droite comme à gauche. La première Action française nommait cela contre-encyclopédie. Peut-être devrions-nous parler aujourd'hui d'une anti-doxa.  LFAR   

     

    3650118671.7.pngManuel Valls déclare que « la gauche a perdu la bataille des idées ». C’est une bonne nouvelle ?

    Quelle bataille ? Il est vrai que la gauche n’a plus rien à dire, mais la bataille des idées dont parle Manuel Valls n’a jamais eu lieu. Non parce que cette gauche devenue muette reste largement hégémonique dans les médias, et qu’elle n’apprécie pas qu’on cherche à la contredire, mais parce que la droite n’avait ni le désir, ni la volonté, ni les moyens de participer à une bataille de ce genre. La droite n’avait tout simplement rien à dire – ou peu s’en faut. Le domaine des idées n’obéit pas au principe des vases communicants. Vous avez vous-même cité François Huguenin : « La droite a refusé le combat des idées car elle n’en a plus. » C’est ce que Pierre-André Taguieff remarquait lui aussi récemment : « La gauche a perdu la bataille des idées, mais la droite ne l’a pas gagnée. »

    On pourrait, ici, faire un parallèle avec la fin du système soviétique. L’URSS ne s’est pas écroulée sous les coups de boutoir du « monde libre » mais sous l’effet de ses propres contradictions internes. Si la gauche n’a plus rien à dire, si elle a perdu son identité en désertant le combat culturel, ce n’est pas que la droite a réfuté ses idées, c’est que ses idées ont épuisé le cycle de leurs virtualités possibles, et surtout qu’elle a délibérément abandonné le socle idéologique qui faisait sa force, et nourrissait son imaginaire, en se ralliant plus ou moins honteusement au libéralisme économique et au système du marché.

    Depuis la Manif pour tous, il y a quand même une indéniable effervescence intellectuelle à droite. Épiphénomène ou lame de fond ?

    Il y a, en effet, quelques ébranlements ici ou là, mais on est loin du compte. Où sont les Taine, les Tocqueville et les Renan du XXIsiècle ? La droite n’aime déjà pas beaucoup les intellectuels, ces coupeurs de cheveux en quatre qui ont la faiblesse de croire que les révolutions culturelles ont des conséquences plus durables que les révolutions politiques. Les partis politiques, eux, pensent que les idées divisent et qu’entretenir le flou est la meilleure manière de rassembler. La droite d’aujourd’hui est idéologiquement déstructurée. Dans le passé, elle s’est laissée gagner par les idées de ses adversaires sans les reconnaître pour ce qu’elles étaient. Elle n’a jamais conçu de stratégie culturelle, car elle ne sait même pas ce que cela veut dire. Elle a cru qu’elle deviendrait « respectable » en multipliant les concessions. Elle cède aujourd’hui plus que jamais aux modes idéologiques qui ont historiquement affaibli toutes ses défenses immunitaires, à commencer par l’universalisme philosophique, l’idéologie des droits de l’homme et l’idéologie du progrès. 

    La recomposition politique à laquelle on assiste actuellement annonce-t-elle aussi une recomposition idéologique ?

    Ce serait une excellente nouvelle, à condition qu’on puisse y croire, mais je doute que la scène politique soit propice à une refondation idéologique. Par nature, elle entretient plutôt la confusion. Il paraîtra sans doute excessif à beaucoup de dire que, lorsqu’on a telle ou telle position politique, on doit savoir aussi comment interpréter les plus récents acquis de la physique théorique ou de la biologique moléculaire. Et pourtant, il n’y a pas de conception du monde qui n’englobe pas tous les domaines de connaissance et de pensée. Mais sans aller si loin, on pourrait au moins exiger qu’en matière anthropologique, on ait un minimum de cohérence. Quelle idée se fait-on de l’homme ? Une idée philosophiquement classique ou une idée idéologiquement moderne ? Celle d’un être politique et social par nature ou celle d’un individu porteur de droits qui ne serait sur terre que pour maximiser son meilleur intérêt ? La société s’explique-t-elle par la sociabilité naturelle de notre espèce ou n’est-elle qu’un agrégat d’atomes individuels régi par le contrat juridique et l’échange marchand ?

    L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, qui symbolise la réunification du libéralisme sociétal de gauche et du libéralisme économique de droite, pourrait en principe favoriser une clarification en faisant comprendre une fois pour toutes que le libéralisme est intrinsèquement « progressiste » et non pas conservateur, pour reprendre un mot qui revient à la mode. C’est ce qu’explique très bien Guillaume Bernard : « La combinaison du libéralisme et du conservatisme peut, de prime abord, apparaître séduisante : le libéralisme pour l’économie, le conservatisme pour la société. Mais c’est méconnaître la doctrine libérale, qui s’appuie sur l’individualisme et le subjectivisme. C’est en soi et par soi que chacun détermine son bien. Il n’existe pas de valeur objective, mais uniquement des consensus issus de la rencontre de volontés. Le libéralisme porte en lui la destruction des traditions sociales, alors qu’il n’est nullement nécessaire de s’y adonner pour combattre la spoliation fiscale des familles et des entreprises. » C’est ce qu’il faudrait comprendre si l’on veut gagner la « bataille des idées ». Les Républicains, eux, se veulent les représentants « de la droite et du centre ». Encore un oxymore !  

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • Société • Pourquoi Brigitte Macron aurait-elle besoin d'un statut de première dame ?

    D'Yvonne de Gaulle à Valérie Trierweiler : les femmes de l'Élysée

     

    2910916609.3.jpgNi Michèle Auriol, l'épouse du président Vincent Auriol - que les royalistes de l'époque, liaison oblige,  appelaient Tauriol -  ni Germaine Coty, dont René Coty fut veuf au début de son septennat, ni Yvonne De Gaulle, malgré sa réputation de pudibonderie et de raideur, ni Claude Pompidou, la moderne, ni la précieuse Anémone Giscard d'Estaing, ni Danielle Mitterrand, malgré ses pulsions révolutionnaires sud-américaines, ni Bernadette Chirac, l'épouse modèle et trahie, n'eurent besoin de « statut » pour être chacune selon son style, de dignes premières dames. Simplement, selon le cas, elles remplissaient, comme toute épouse,  le rôle de maîtresse de maison, qui accueille, reçoit, bichonne ses invités, ou de femme accompagnant son mari dans ses voyages, dans ses rencontres avec ses homologues où d'autres épouses seront présentes, y tiendront le même rôle. ; les unes et les autres participeront encore à diverses cérémonies où leur présence sera bienvenue, ira de soi. Ainsi, les chefs d'entreprise, les chefs militaires, les hommes de tout rang et toute responsabilité, sont-ils très généralement et très naturellement accompagnés, assistés, de leur femme. Elles n'ont le plus souvent pas de statut.

    Au fond, jusqu'à nos jours, le rôle de première Dame n'était réglé, défini, délimité, que par l'usage et les moeurs.

    Les choses ont connu quelques complications sous Sarkozy où il y eut deux premières dames successives, une rupture, un départ, puis une liaison, un remariage (« Avec Carla, c'est du sérieux »...) et même, une naissance élyséenne. Il n'y eut pas une première dame mais deux, sur fond de crise puis d'idylle sentimentale. La seconde était de grande famille italienne et chanteuse de music-hall. Du pas très sérieux, en vérité ...

    Sous Hollande, jamais marié, complication accrue : il ne pouvait y avoir de première Dame. Fut alors ressuscité le singulier statut de concubine, comme dans la Cité Interdite, où le Fils du Ciel, l'empereur, avait plusieurs épouses et plusieurs concubines. Hollande n'eut pas d'épouse, mais une première concubine qui aspira à devenir première Dame, avant que le président ne lui préfère une seconde concubine, dans ce cas une actrice, qui n'eut ni le temps ni peut-être l'envie, de briguer le rôle tenu jadis par les femmes de président. Qu'elle n'était pas. Sous Hollande, ni Valérie Trierweiler  - qui écrivit un brûlot fort lucratif contre son amant - ni Julie Gayet ne furent premières Dames. Il n'était d'ailleurs pas absolument évident qu'Hollande fût vraiment Président.

    brigitte-trogneux-and-emmanuel-macron-38a2-diaporama.jpgMalgré la disparité assez inhabituelle de leurs âges, Emmanuel et Brigitte Macron forment, à ce qu'il semble, un couple stable et légalement constitué, semblable aux ménages présidentiels d'antan, dont nous avons évoqué certains.

    Les épouses y tenaient leur rôle sans statut. Simplement en tant que telles. En tant qu'épouses.

    Qu'Emmanuel Macron veuille un statut pour son épouse, un statut de Première Dame, témoigne seulement d'une rupture de tradition, d'usage, de moeurs, qui appelle une sorte de compensation par la loi.

    Ainsi le procédural remplace moeurs, usages et traditions et cela est plus grave sans-doute que le président de la République est capable de l'imaginer, le mesurer. Tout simplement, le comprendre. Et ce n'est pas réjouissant du tout.  

  • GONZAGUE SAINT BRIS, C’ÉTAIT QUAND MÊME QUELQU’UN !

     

    Par Nicolas Gauthier
     
    C’était un aristocrate selon mon goût, c’est-à-dire passablement fêlé de la théière, accroché au château de ses ancêtres comme une bernique à son rocher  (Repris de Boulevard Voltaire - 10.08 - cet excellent article pour saluer Saint-Bris).

    24ec62c3705f165c45cada17f039cf3b.pngGonzague Saint Bris n’est plus. Ce mardi, il s’est tué en voiture, contre un arbre. Triste journée, car moi, j’aimais bien Gonzague Saint Bris. C’était un aristocrate selon mon goût, c’est-à-dire passablement fêlé de la théière, accroché au château de ses ancêtres comme une bernique à son rocher. Mais aussi capable de consacrer un livre à Michael Jackson tout en traversant les Alpes à dos de mulet, en hommage à Léonard de Vinci et son périple jadis effectué pour répondre à la très royale invitation de François Ier.

    Écrivain, essayiste, homme de presse et de radio, éphémère chargé de mission au ministère de la Culture, de 1986 à 1988, Gonzague Saint Bris était aussi conseiller municipal de Loches (ville rendue fameuse par « Les Grosses Têtes » et la non moins célèbre madame Bellepaire), tant il était viscéralement attaché à sa Touraine natale. En 1978, il fonde le mouvement des Nouveaux Romantiques, petit souffle d’air frais en ces temps de technocratie giscardienne triomphante, avec des camarades à peu près aussi ébouriffés que lui, quoique à demi-chauves pour la plupart : Patrick Poivre d’Arvor, Francis Huster, Étienne Roda-Gil, Frédéric Mitterrand et Brice Lalonde.

    Tout cela ne mène évidemment pas à grand-chose, on s’en doute. Même pas à une intronisation par trois fois repoussée à l’Académie française. Dommage pour cet auteur prolifique – une cinquantaine d’ouvrages au compteur, ce n’est pas rien – qui, en 2016, reçoit le prix Hugues-Capet pour l’ensemble de son œuvre. Juste réparation pour cet homme qui, à l’instar d’un Max Gallo, ne fut jamais véritablement accepté par la communauté très fermée des historiens « officiels » ; un peu comme un Stéphane Bern ou un Lorànt Deutsch. Historiens du dimanche ? Pas du tout, ces personnes ayant le don de populariser l’Histoire de France à heures de grande écoute télévisuelle et de la vulgariser de la manière la plus intelligente qui soit.

    Certes, ils vont droit à l’essentiel, résument plutôt que de se perdre dans les détails, ne prétendent pas au savoir universel, mais commettent finalement moins d’erreurs factuelles que nombre de leurs confrères universitaires. C’est l’école Alain Decaux, qui fut à l’Histoire ce que Jean Vilar était au théâtre : tous pour la culture et, surtout, la culture pour tous ! Il était donc logique qu’un Stéphane Bern salue la mémoire de son illustre devancier en la matière.

    Non content d’être un passeur, Gonzague Saint Bris était, de plus, un homme exquis. Je me souviens de lui, au début des années 1990. Je travaillais à l’hebdomadaire Minute. Entre première guerre du Golfe et psychose collective de la profanation du cimetière de Carpentras, l’ambiance était, comment dire, des plus chaudes… Désireux de m’entretenir avec le bonhomme, je finis par dénicher son numéro de téléphone personnel. Et là, je cite de mémoire :

    – Allo, Gonzague Saint Bris ? Nicolas Gauthier, de Minute ! Ce serait pour une interview…
    – 
    Minute ? Quelle bonne surprise ! Inattendue, surtout…
    – Ça ne vous dérange pas de me parler ?
    – Et pourquoi donc, je vous prie ? Je lis souvent votre journal, fort bien écrit au demeurant…
    – C’est un compliment ?
    – Tout à fait, et dit sans malice…

    La vérité m’oblige à dire que je ne me souviens plus très bien de la suite, si ce n’est que nous avions parlé de la France et de son histoire. La première, il en était éperdument amoureux. La seconde, il déplorait que son enseignement, dispensé à des têtes de moins en moins blondes, devienne peu à peu passé en pertes et profits.

    À l’époque sévissait un autre chevelu à chemise blanche au col perpétuellement ouvert été comme hiver – Bernard-Henri Lévy. Qu’il me soit permis, en termes de look, de gentillesse et d’intelligence, de préférer celui-ci à celui-là.

    Sacré Gonzague !  

     
    Journaliste, écrivain
  • Herrou et ses pareils ne sont pas des Tartuffes mais des ennemis déclarés !

     

    Par Jean de Maistre 

    Les commentaires se suivent et même se complètent sur Lafautearousseau. Celui-ci du jeudi 10 août fait suite aux commentaires reçus à propos de notre publication « Bravo, l'Italie ! Pas pour Saint-Nazaire ! Pour la Méditerranée ! ». Notamment celui d'Antiquus repris ici hier, en réponse à un commentaire d'Hugues Noël, auquel on devra se reporter ainsi qu'à notre article. (Lien ci-dessous).   LFAR

    3142485460.jpgUn excellent commentaire en effet. L'humanisme n'a pas grand chose à voir avec ce soutien à l'invasion migratoire et aux mafias qui l'organisent. On assiste à une volonté délibérée de détruire l'Europe, son identité, sa culture par l'installation d'une masse migratoire de plus en plus importante, issue des pays arabes et africains, immigration dont on sait aujourd'hui qu'elle refuse de plus en plus l'assimilation et constitue des enclaves ethniques sur le sol national, hostiles aux sociétés d'accueil.

    Cette volonté est à la rencontre de plusieurs courants, le gauchisme qui veut punir l'Europe de ses '' fautes '' passées, de la colonisation et qui cherche vainement un prolétariat de substitution pour jeter à bas la société, depuis que le prolétariat de souche a accepté le monde tel qu'il est. Ce prolétariat de substitution, le gauchisme le trouve dans l'immigré, nouvelle divinité devant échapper à toute critique. Un autre courant est le libéralisme qui veut au nom de la mondialisation détruire les vieilles nations, seul cadre où les peuples peuvent encore avoir un semblant de contrôle sur leur destin. C'est la rencontre du gauchisme internationaliste et de la mondialisation libérale, voilà qui ne manque pas de sel.

    Aux USA, les partisans les plus acharnés de l'immigration sans contrôle sont les libertariens, c'est-à-dire les ultra-libéraux, qui ne rêvent que de privatisation de tout, y compris de l'espace public, et de la destruction des frontières, afin d'avoir à disposition une main d’œuvre bon marché, comme lorsque les Anglais faisaient venir au XIX° siècle dans les usines de Manchester les irlandais chassés de leur île par la famine.

    On remarquera que les richissimes émirats du golfe ont fermement déclaré qu'ils n'accepteraient aucun migrant. C'est à l'Europe et à elle seule de supporter le poids de l'invasion migratoire. Dans l'esprit des islamistes (ce n'est pas moi qui le dit, c'est eux ! ) l'arrivée de millions d'immigrés musulmans participe de la stratégie de la conquête de l'Europe déjà considérée par certains d'entre eux comme Dar al Islam, terre d'islam. Et l'on voudrait que les européens ne réagissent pas ? Si l'on veut installer dans nos vieilles nations qui n'en peuvent mais les prodromes de futures guerres civiles, il n'y a qu'à continuer ainsi.  

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    Bravo, l'Italie ! Pas pour Saint-Nazaire ! Pour la Méditerranée !