La lucidité impuissante : Quand Emmanuel Macron parle vrai....
À cette intelligence il manque une solide formation
Par Yves Morel
Emmanuel Macron ne cesse de nous surprendre par ses déclarations.
Il y a deux ans, au cours d'un entretien accordé à l'hebdomadaire Le 1 du 8 juillet 2015, il affirmait que la France ne s'était jamais remise de la Révolution, et que « la démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude ». « Il nous manque un roi », ajoutait-il. Et il présentait « les moments napoléonien et gaulliste » comme des succédanés désespérés de monarchie.
Et voilà qu'il y a quelques jours, à Bucarest, le même Macron, devenu président de la République, déclare : « La France n'est pas un pays réformable... Les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu'on peut éviter les réformes, on ne les fait pas ». Le propos n'est pas neuf et recouvre une vérité d'une criante évidence. Mais d'ordinaire, il est tenu par des intellectuels médiatiques ou des politiciens en fin de carrière. Cette fois, c'est un jeune président fraîchement élu qui le profère. Mais, lui, ne s'en tient pas là, et donne une justification morale à ce constat désabusé. Si les Français répugnent aux réformes, c'est parce que celles-ci se présentent comme de simples adaptations (« répondre à un chiffre, à une exigence extérieure »), alors qu'ils ont de leur nation une idée bien plus haute, consistant à livrer des « combats qui sont plus grands qu'elle ». La France n'a pas vocation à s'aligner, et « elle ne s'est jamais arrêtée à ses frontières, à ses défis propres, elle a toujours été mener les choses ailleurs, par sa diplomatie, son armée, son intelligence, ses talents ». C'est cette propension à s'imposer aux autres qui a fait sa grandeur. Aujourd'hui, l'occasion lui en est donnée par la menace qui pèse sur la civilisation occidentale. Elle peut trouver là un défi à sa mesure, « retrouver la capacité à emmener l'Europe vers de nouveaux projets ». « Notre société a besoin de récits collectifs, de rêves, d'héroïsme, afin que certains ne trouvent pas l'absolu dans les fanatismes ou les pulsions de mort », dit-il encore aux journalistes du Point, le 31 août dernier.
Disons-le : notre président parle vrai, et il perçoit les causes du mal qui ronge la France depuis deux cent vingt-huit ans. La France n'est pas faite pour rentrer dans le rang, s'aligner sur des critères de convergence, donner libre cours au jeu du marché, tout en préparant le meilleur des mondes, peuplé de clones. Elle doit donner un exemple de grandeur, de générosité (c'est-à-dire de noblesse), d'élévation spirituelle. Or, celle-ci ne peut procéder que d'une foi en une réalité supranaturelle et en une conception religieuse de l'homme, qui, seule accorde l'individu à la communauté, l'esprit à la politique, et génère la justice et la reconnaissance de la dignité de la personne. La monarchie d'Ancien Régime, portant cette exigence au plus haut degré, avait fait de la France un modèle, « un concept spirituel », pour reprendre le terme par lequel Hugo von Hoffinanstahl qualifiait l'empire d'Autriche. Pour l'avoir reniée, la France contemporaine a été condamnée à se fonder sur les fausses et mortifères « valeurs » des « Lumières » aveuglantes du XVIIIe siècle, de la Révolution et de la république, et à se présenter comme la terre promise d'une démocratie idéale introuvable et destructrice, tout en s'essayant parfois à une impossible synthèse avec sa grandeur monarchique passée. Le problème de Macron, c'est qu'il se veut « en même temps » plus républicain que tous les républicains et monarque plus que les monarques.
Oui, notre jeune président, par moment, ne manque pas de lucidité historique, mais cette intelligence, enkystée dans notre système républicain mortifère, demeurera sans effet et s'étiolera comme une plante dans un désert de pierre. •
Commentaires
Il est faut et c'est un poncif de dire que les Français sont hostiles aux réformes mais comme le 29 mai 2005 ils ont bien compris que les réformes sont toutes d'inspiration néolibérales pour adapter le pays à l'Europe et à la mondialisation néolibérales. Autrement la liquidation de la singularité nationale et la régression économique et sociale comme la liquidation de notre patrimoine industriel depuis plus de 10 ans : ¨Péchinéy, Arcelor, Alcatel, Alstom énergie puis transport, Lafarge, les chantiers navals.. Ces entreprises ont toutes reçu directement ou pas de l'argent public donc il est légitime que les pouvoirs publics donc nos élus s'en occupent attentivement même par une nationalisation temporaire ou pas. Elles sont vendues, bradées, passent sous contrôle étranger, une véritable trahison.
J'aime assez certaines postures de Macron - une posture de Majesté - tellement différente de celles de Chirac, de Sarkozy, de Hollande. J'aime qu'il s'entoure de technocrates - Blanquert, Belloubet, Buzyn, Pénicaud, Élisabeth Borne - qui sont souvent plus "politiques" que les politicards soumis à leurs électeurs.
Dommage pour autant qu'il sacrifie assez puérilement à la tyrannie médiatique et se costume en aviateur, sous-marinier, footballeur et ainsi de suite.
J'aime que Macron soit centralisateur et sûrement plus étatiste qu'on ne le croit, voulant casser - comme nos rois de France l'ont fait - les reins des potentats locaux et revenir sur l'immonde décentralisation qui a reconstitué les féodalités.
Mais bien sûr ces choses une fois dites, qu'espérer de la suite ?
Il ne sacrifie pas aux tyranies médiatiques comme vous dites, Macron est un comédien avant tout . Il joue un rôle et se déguise pour y entrer . Il est "en même temps" de droite et de gauche ni bique ni bouc on ne sait où vraiment le situer. Il salue la royauté au passage tout en étant républicain , en fait il se verrait bien roi
Macron mérite un Oscar ..
Si SEULEMENT Emmanuel MACRON renonçait à faire l' apologie de l' Europe apatride et de l'immigration sans contrôle, il serait, effectivement un Président acceptable, voire un Régent dans l'attente du retour du Roi, mais ne rêvons pas..........
Pour le Président Macron ? il faut espérer qu'il ait de la chance car dans notre Etat centralisé , le succès au sommet redescend en cascade sur toute la Nation .
Notre état centralisé n'est que la continuité de nos rois qui, eux aussi à leur façon, furent centralisateurs, C'est ainsi que l'unité de notre pays s'est faite. Le problème est que depuis le quinquennat le président n'est plus que le chef de la majorité parlementaire et veut donc s'occuper de tout comme un premier ministre et donc tout lui retombe sur la tête, le premier ministre ne fait pas office de fusible comme c'était le cas auparavant depuis 1958; La Vè République a instauré une monarchie élective, à nous donc de la faire royale et héréditaire. Pour cela il faudra que le Roi règne mais ne gouverne point.
L'élection d'Emmanuel Macron a été un signe discret du désir du retour du Roi mais pas nécessairement reconnu des électeurs qui ont cependant voté pour lui.... Et maintenant, que peuvent faire des royalistes? D'abord, se cultiver en histoire de France, en économie, et en bien d'autres domaines... puis proposer intelligemment l'idéal royal en démocratie...Ensuite, je crois, se distinguer dans les nécessaires polémiques par le respect des adversaires, agir en "gentilshommes", en "hommes de qualité" -gentes dames et dames de qualité- Soyons civilisés!
Cette civilisation malade en voit pointer une nouvelle. Bien malin qui peut dire ce qu'elle sera : si l'homme reviendra aux fondamentaux ( pour employer le langage à la mode) ou si ce sera la victoire des robots sur toutes formes de vie.
Actuellement le matêrialisme semble l'emporter sur le spirituel . Les chefs d'Etats gouvernent en ménageant chévre et choux "en même temps" et ils divisent au lieu de rassembler
. Macron ne sait pas être le président du peuple et les "populistes" entretiennent la lutte des classes. On n'en sort pas.