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Actualité France - Page 316

  •  Éric Zemmour : « Après le théorème d'Archimède, voici le théorème d'Hidalgo »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - La saleté à Paris et la multiplication des rats devient un problème politique pour la maire de Paris. « Et si Anne Hidalgo faisait l'inverse de ce qu'on demande à un édile ? », s'interroge Éric Zemmour. [RTL 1.02]. En quelques mots brefs et lucides, Zemmour dresse d'Anne Hidalgo un portrait exact : « Elle a conservé de son engagement socialiste, un sectarisme idéologique à toute épreuve, d'antiques réflexes de classe ...» A noter que Zemmour dit le maire de Paris - et non la - comme il convient lorsqu'on entend défendre la langue française.  LFAR


    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    On apprenait jadis à l'école le théorème d'Archimède. On devra désormais y ajouter le théorème d'Hidalgo : « Toute politique conduite par le maire de Paris donne des résultats exactement inverses à l'objectif proclamé.»

    Anne Hidalgo défend la pureté de l'air, et les Parisiens ont la pollution. Anne Hidalgo promet la propreté, et les Parisiens ont la saleté et les rats. Anne Hidalgo promet la rigueur de la gestion, et les Parisiens ont l'explosion du nombre des fonctionnaires.  

    Éric Zemmour

  • Jaurès, antisémite célébré !

     

    1er mai 1885 ...

    Au lendemain du soulèvement de Constantine, Jean Jaurès publie dans La Dépêche du Midi un article violemment antisémite/

    On y lit que « l’opportunisme » … « n’est que la forme politique de l’esprit juif » et que les juifs d’Algérie « sont restés étrangers aux traditions, aux idées et aux lettres de la France… Quand la France socialiste pourra libérer de la dette juive et de toute dette les colons et les indigènes… alors il y aura une belle civilisation algérienne ». Sic !

    Et surtout, n'allons pas commémorer Maurras, Madame la ministre de l'Inculture, Françoise Nyssen !  •

    Extrait des commentaires de Lafautearousseau, posté par François Davin

  • Olivier Dard à Libération : « Maurras est représentatif de notre histoire »

    Charles Maurras (1868-1952), écrivain, journaliste et homme politique français reçoit son épée d'académicien. Photo «Excelsior». Roger-Viollet

     

    Libération a publié le 2 février l'entretien qui suit, avec Oliver Dard. La présentation qui en est faite, la terminologie employée, les questions posées, sont naturellement  dans l'esprit de ce quotidien. LFAR 

     

    602px-Libération.jpgProfesseur à Paris-Sorbonne, Olivier Dard est spécialiste de l’entre-deux-guerres. Auteur de Charles Maurras : le maître et l’action (Armand Colin, 2013), c’est lui qui a rédigé la notice sur le théoricien de l’Action française, antirépublicain et antisémite, dans le Livre des commémorations nationales 2018. Olivier Dard prévoit également à terme de rééditer Notre avant-guerre, de Brasillach, fusillé à la Libération. 

    Pensez-vous que la République devait officiellement célébrer Maurras ?

    Le Haut Comité des commémorations nationales m’a demandé de rédiger une notice il y a un an. Je pensais qu’il s’agissait d’admettre que Maurras était un personnage important et représentatif de l’histoire française - ce qui est une certitude. Je pense en historien, et quand on est historien, on ne peut rien s’interdire : n’étudier que les gens «acceptables» ce serait s’interdire de comprendre la complexité.

    Rien n’empêche de faire de Maurras un objet de recherche, il s’agit cette fois de le commémorer officiellement…

    Sans doute faudrait-il mieux préciser le sens que le Haut Comité et l’Etat donnent à la notion de «commémoration». Car dans le dictionnaire, le mot renvoie aussi bien à célébrer qu’à rappeler et remémorer. Nous avons en France une mémoire fracturée. Ces fractures ne sont pas nouvelles et se sont aggravées depuis le second conflit mondial si on y ajoute la décolonisation et la fin de la guerre d’Algérie. Ce qui est sûr, c’est que le Haut Comité a décidé d’ajouter le nom de Maurras à la liste des commémorations nationales de 2018 et que la ministre de la Culture a validé ce choix il y a plusieurs mois [avant de se rétracter, ndlr].Maurras n’est pas entré par effraction dans le Livre des commémorations.

    De nombreuses œuvres du théoricien de l’Action française vont être rééditées en avril, et vous-même travaillez sur une republication commentée de Notre avant-guerre, de Brasillach. Quel intérêt ?

    Maurras ne se limite pas à l’antisémitisme, même si son antisémitisme est précoce, profond et constant. C’est un homme de plume très engagé, avant d’être un homme politique. Il a marqué son temps par ses textes esthétiques comme par ses articles polémiques. Je trouve très utile que mes étudiants aient bientôt accès à ses œuvres dans la collection Bouquins (Robert Laffont). Ces quinze dernières années, les archives Maurras ont été versées aux Archives nationales, le Vatican a ouvert les siennes… l’historiographie en a été renouvelée. Quant à Notre avant-guerre de Robert Brasillach, c’est un témoignage qui fait revivre la vie intellectuelle, politique et culturelle de l’époque. C’est à mon sens une source incontournable pour comprendre les années 30. Ce texte a été édité jusque dans les années 80 aux éditions Poche. Il faut le rendre à nouveau disponible, à deux conditions : l’accompagner d’une introduction très fournie et en proposer une édition critique, remettre ce livre en perspective par rapport aux autres écrits de l’auteur dont certains sont beaucoup plus violents et polémiques. Il faut permettre au lecteur de comprendre l’ouvrage. Pour cela, il faut lui faire comprendre la période.

    Il y a tout de même une responsabilité à publier aujourd’hui des œuvres d’auteurs d’extrême droite, qui ont collaboré avec Vichy ou le nazisme…

    La responsabilité éditoriale existe, évidemment, mais le débat est sous-tendu par l’idée, discutable, que la France d’aujourd’hui ressemblerait beaucoup à celle des années 30. Vous ne dissuaderez pas l’antisémite d’aujourd’hui d’être antisémite avec des notes en bas de page. De toute façon, celui-là n’achètera pas ces éditions avec appareillage critique. En revanche, elles peuvent permettre aux personnes désireuses de mieux comprendre ceux qui ont fait cette période de l’histoire. Lire les Décombres de Rebatet, par exemple, est la meilleure manière de se mettre dans la tête d’un collabo. Censurer ces œuvres risque au contraire d’avaliser les thèses complotistes. Ce qui compte c’est la pédagogie et le décryptage. Arrêtons de penser que le public n’est pas mûr.  

    Libération

  • Serpent de mer ?

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    103879671.jpgAlgérie, Maroc et Tunisie n’ont cessé depuis leurs indépendances de constituer un des grands sujets d’intérêt, voire de préoccupation ou d’inquiétude, de notre politique étrangère. D’ailleurs, à la suite de M. Giscard d’Estaing, pas un seul des présidents successifs n’a manqué de se rendre au Maghreb, dans tel ou tel des trois pays, parfois les trois, toujours pour des annonces de lendemains communs qui chantent. Une sorte de serpent de mer. Ce qui est nouveau avec M. Macron, si l’on en croit la tonalité de ses deux discours de Tunis (l’un aux députés tunisiens, l’autre aux Français de Tunis), c’est que le conditionnel serait plus satisfaisant : les lendemains pourraient chanter… 

    Si ses prédécesseurs ont tous souligné le côté souhaitable et même nécessaire de la coopération entre les rives nord et sud de la Méditerranée, M. Macron a le mérite d’avoir compris que, sauf à se contenter de mots,  cette coopération doit être structurée. Il a même envisagé la possibilité, dès cette année, d’une réunion euro-maghrébine à Paris, pour avancer dans ce sens. Mais il ressort aussi de ses propos, plus ou moins mais suffisamment pour se révéler dommageable, qu’il associe toujours l’Europe, sous sa forme bruxelloise, à la France et qu’il donne, même en y mettant les formes, des leçons aux uns et aux autres. 

    Pour réussir, une telle ambition politique doit d’abord être circonscrite. Sans remonter très loin dans le passé, il semblait en 2008, à en croire le très optimiste M. Sarkozy, que son Union pour la Méditerranée, forte de ses quarante-trois membres (vingt-huit Etats de l’U.E. et quinze d’Afrique du Nord, du Proche-Orient et d’Europe du Sud-Est) allait être le remède à tous les maux de la région. Dix ans après, c’est au mieux une usine à gaz. Projet trop ambitieux sans doute et surtout sans bases solides. En revanche, les données conjuguées de l’Histoire et de la géographie physique et humaine (ce dernier point est capital) incitent à envisager, avec les trois pays sus-cités, une forme d’union de la Méditerranée occidentale, à laquelle pourraient, devraient même, être conviés nos voisins européens d’Italie et d’Espagne. Diluer un tel projet en y associant d’autres pays d’Afrique ou d’Europe le viderait de son sens. 

    Pour réussir, il conviendrait aussi de se garder de tout néo-colonialisme idéologique. Or les discours tunisiens de M. Macron font la part trop belle à l’étalon de la bonne conduite démocratique. Sans doute peut-il paraître habile, à Tunis, de flatter le seul pays arabe qui ressemble un peu aux démocraties européennes. En revanche, la monarchie alaouite n’a aucune leçon à recevoir de M. Macron, pas plus d’ailleurs que le pouvoir algérien. Distribuer (ou pas) des bons points démocratiques à d’éventuels partenaires serait ridicule et contre-productif : comment ne pas comprendre en effet qu’au vu de la montée du salafisme toute logique démocratique et droit-de-lhommiste est dangereuse et, de toute façon, vouée à l’échec ? C’est, au contraire, en privilégiant relations et accords entre les Etats qu’on luttera efficacement contre l’islamisme, contre l’immigration sauvage et pour un développement harmonieux et apaisé de la zone. 

    Un peu plus de réalisme et de pragmatisme, un peu moins d’européisme et de démocratisme : cette condition nécessaire, mais pas forcément suffisante, s’impose à l’ambition méditerranéenne de M. Macron.  

  • Société [Economie & Politique ...] • Si Versailles m’était compté

     

    Par Françis Bacque

    L’opération séduction d’Emmanuel Macron auprès des grands patrons étrangers, à grand renfort de symbolisme monarchique, mais aussi d’argent public, a-t-elle été une réussite  ?

    macron_versailles.jpgVersailles, 22 janvier. Au lendemain d’une date si importante pour ce lieu, Emmanuel Macron recevait les grands patrons étrangers en chemin vers le forum de Davos. Que le lecteur se rassure, nous ne crierons pas au blasphème  : ce n’est pas notre genre – et puis, tout ce qui est national est nôtre, y compris en économie. C’est donc au cours d’un dîner de prestige que notre président a vanté les mérites d’une France «  de retour  », pendant trois heures, et intégralement en anglais – si blasphème il devait y avoir, ce serait bien plutôt ici.

    Téléthon économique

    L’objectif était de convaincre cette centaine de grands patrons d’investir en France et de contribuer ainsi à la création d’emplois. Objectif atteint si l’on en croit le Gouvernement et la majorité des médias. Mais cette opération séduction visait aussi – surtout  ? – à séduire les Français. Le dîner de Versailles restera-t-il comme une belle opération d’affaires (pardon, de business) ou comme un coup de com’ savamment orchestré  ? Évidemment, un peu des deux. Côté économie, on recense un montant global d’investissements de 3,5 milliards d’euros sur cinq ans promis par des multinationales telles que SAP, Novartis, Facebook, Google ou Toyota, avec près de deux mille cinq cents emplois à la clé. De quoi réjouir les marcheurs, rassurer les sceptiques et clouer le bec aux réacs. Certains se sont malgré tout émus que le président dépense 600 000 euros de deniers publics pour des «  ultrariches  ». Notons que si deux mille emplois sont réellement créés, cela revient à 300 euros par poste  : c’est tout de même largement moins qu’un contrat aidé. Pourtant, à y bien regarder, l’opération n’est pas si mirobolante  : 3,5 milliards rapportés à deux mille cinq cents emplois sur cinq ans, cela fait aussi plus de 20 000 euros par emploi et par mois. D’une part le chiffre de deux mille cinq cents apparaît vite ridicule lorsque l’on s’y attarde un peu, et que l’on se rappelle que le même jour, Carrefour annonçait la suppression de deux mille quatre cents postes… D’autre part, une partie de ces investissements et emplois avaient déjà été annoncés et ne doivent donc rien à la beauté de Versailles ni au talent de Macron. Bilan assez mitigé donc pour l’aspect économique de l’opération, mais beaucoup plus intéressant vis-à-vis de l’opinion. Le discours, construit sur la base du «  choose France  » (choisissez la France), visait en effet aussi à justifier les récentes (et futures) réformes portant sur la flexibilité du travail et l’attractivité de notre pays. D’ailleurs, Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud étaient intervenus l’après-midi même pour expliquer les réformes économiques et sociales, histoire de bien faire comprendre aux Français le lien de cause à effet entre lesdites réformes et le succès de l’opération. Et puis, Emmanuel Macron s’est bien empressé d’ajouter qu’il avait été élu pour cela  : «  J’ai reçu un mandat très clair des Français avec tous les moyens de procéder à des réformes qui ne seront pas remises en cause.  » Puisqu’on vous le dit  !

    La promesse du retour

    L’épisode nous laisse même un goût amer tant il donne l’impression que les entreprises françaises licencient et délocalisent pendant que l’on fait venir les investisseurs étrangers en France. Un drame que corrobore hélas le rapport des emplois créés aux montants investis. Même Christophe Barbier se montre lucide, craignant que le président «  réussisse à redresser l’économie du pays sans régler le problème du chômage  ». Quant à l’attractivité, elle ne se situe pas totalement dans la réforme du Code du travail ou dans les politiques de rémunération. La France, avec son haut niveau de dépense publique, est un marché peu risqué pour les entreprises et les capitaux étrangers. En période de croissance, elles peuvent compter sur un potentiel de consommation important  : niveau de vie, salaire moyen et population en croissance donnent des perspectives solides à moyen terme. En période délicate, l’effet crise est amorti par la dépense publique, ce qui est un élément d’attractivité sans doute plus intéressant que la rupture conventionnelle collective ou le référendum d’entreprise. Toyota sait qu’en 2009 l’État est venu au secours des constructeurs automobiles qui affichent aujourd’hui une forme insolente, et Novartis peut compter sur le système de la Sécurité sociale pour assurer à ses médicaments une commercialisation massive et continue.

    La France de retour  ?

    Loin de nous toutefois l’idée de hurler avec les loups pour se satisfaire d’une critique systématique. Nous ne nous plaindrons jamais que le régime fasse son travail quand il le fait bien, ou à peu près  ; en revanche, nous continuerons inlassablement à en dénoncer l’hypocrisie et les méthodes mercatiques. «  La France est de retour  », a clamé notre président à cette occasion  ; gageons que nous pourrons rapidement en dire autant à notre sujet. Et venant de nous, ce n’est pas une promesse en l’air.  

    L'Action Française 2000 du 1er février 2018

  • Le peuple français acceptera volontiers un Roi-conscience de la Nation ...

     

    Par Pierre Renucci 

    C'est une réflexion particulièrement intéressante - ce que pourrait être une monarchie pour la France d'aujourd'hui - que nous propose ici Pierre Renucci. Certes nous ignorons tout des circonstances dans lesquelles la nécessité de la monarchie pourrait apparaître aux Français ; nous ne savons pas à quelles nécessités, à quels besoins du moment, elle aurait à répondre, ni pour quelles urgences elle serait appelée et donc quelles formes elle pourrait prendre. Mais, fût-ce en se fondant sur les réalités d'aujourd'hui, politiques, sociales et institutionnelles, l'idée monarchique prend corps et crédibilité si l'on tente d'en définir les contours et si l'on expose quel pourrait être le fonctionnement d'une monarchie pour notre temps. C'est ce que fait ici Pierre Renucci suscitant notre réflexion et peut-être le débat. Sa conviction est que, pour peu qu'on lui en expose les réels avantages, le peuple français acceptera volontiers un roi conscience du pays.  LFAR 

     

    IMG_20180129_195658 (002).jpgQuand, au détour d’une conversation avec une personne raisonnablement ouverte d’esprit, je m’aventure à évoquer l’hypothèse du retour du Roi, la réaction immédiate se traduit invariablement par cette question : « Le Roi ? Mais que ferait-il ? » Question qui ne révèle pas d’hostilité de principe, mais un scepticisme non dénué de bon sens. Il faut bien comprendre que le Français a deux images du Roi. L’une, contemporaine, que lui renvoient les monarchies constitutionnelles européennes. L’autre, historique, celle de nos rois absolus de droit divin. Or aucune ne lui convient vraiment. La première lui paraît sympathique, esthétique, utile comme symbole national, voire non dépourvue de quelque influence sur le pouvoir. Mais au Roi-symbole, il préfère son Président-monarque détenteur du pouvoir. La seconde, quoique toute française, ne lui paraît plus adaptée à son époque. Au Roi-monarque héréditaire, il préfère son Président-monarque élu. Bref le Français n’est pas royaliste, il est monarchiste et veut choisir son monarque. Alors, utopie que le retour de la Couronne ? Non point. Sans parler de circonstances gravissimes qui en feraient l’ultime recours, le Roi remplirait une fonction en toute période. Une fonction bien supérieure à la simple représentation symbolique de la Nation, bien supérieure aussi à celui de gouverner. Je le vois comme une conscience active, c’est-à-dire à la fois un modérateur lorsqu’il s’agit de dénoncer un danger et un incitateur lorsqu’il s’agit de provoquer un bienfait. Il serait celui qui introduirait dans la constitution la mixité qui lui manque. Mais précisément, avant de déterminer comment lui donner ce rôle de conscience, il faut expliquer ce qu’est une constitution mixte. Ce préalable est hélas indispensable puisque nos régimes occidentaux n’en connaissent plus, et que l’idée même s’est effacée de nos cerveaux.

    Le concept remonte à l’Antiquité grecque. Aristote l’utilisait déjà, par exemple pour vanter la réforme de Solon qui avait aboli à Athènes la toute-puissance oligarchique « en pratiquant un mélange [‘‘mixanta’’ en grec] constitutionnel heureux ». La mixité consistait ici en ce que l’Aréopage était oligarchique, l’élection des magistrats aristocratique et l’organisation des tribunaux démocratique. Hélas, continue Aristote, Éphialte et Périclès bouleversèrent l’équilibre, notamment en « mutilant les pouvoirs de l’Aréopage » au profit de l’assemblée populaire. Alors on passa de la « démocratie de nos pères », cette démocratie équilibrée par la mixité, à la « démocratie actuelle », celle qui « flatte le peuple comme un tyran ». Retenons donc qu’une constitution mixte mélange des éléments de nature différente afin de ne donner l’omnipotence à aucun. Bien sûr la chimie s’effectue différemment selon le lieu et l’époque, mais toujours avec un élément dominant, qui peut être monarchique, aristocratique, démocratique, oligarchique. L’essentiel est que l’élément dominant –la démocratie dans l’exemple d’Aristote- accepte le garde-fou de la mixité.

    Le plus bel exemple de constitution mixte offert par l’Antiquité reste la république romaine du III° siècle av. J.-C. L’historien grec Polybe écrira au siècle suivant que « personne […] n’aurait pu dire avec certitude si l’ensemble du régime était aristocratique, démocratique ou monarchique […] Car lorsqu’on regardait le pouvoir des consuls, le régime paraissait parfaitement monarchique ; mais d’après le pouvoir du Sénat, c’était cette fois une aristocratie ; et si maintenant on considérait le pouvoir du peuple, cela semblait nettement une démocratie ». Cette mixité permit un équilibre entre les éléments interdépendants. : impossible pour aucun de prédominer à l’excès, car sa tentative serait « contrebalancée et entravée par les autres […]. Tous restent en l’état, réfrénés dans leur élan ou craignant dès le début l’opposition du voisin ».

    Une correction à cette excellente description de Polybe : ce régime était de dominante aristocratique, ce que chacun savait avec certitude et acceptait. La devise même de la République l’atteste : Senatus Populusque Romanus (S.P.Q.R.). Le Sénat aristocratique est nommé avant le Peuple au sens institutionnel (c.-à-d. les assemblées populaires).

    Précision très importante pour ce qui va suivre. Le Sénat ne votait pas les lois, n’élisait pas non plus les magistrats. Il rendait des avis appelés senatus consulta qui ne liaient pas les assemblées populaires en droit ; toutefois leur autorité était suffisamment forte pour qu’un magistrat ne pût leur proposer une loi ou un candidat contraires au souhait des sénateurs. En langage juridique moderne on dirait que le magistrat était lié à l’avis conforme du Sénat. Retenons cela : il n’est pas nécessaire d’avoir le pouvoir pour détenir du pouvoir.

    Avec l’éphémère cité solonienne et la magnifique république romaine, la monarchie française reste le modèle le mieux accompli de la mixité constitutionnelle, celle-là même à laquelle Érasme pensait lorsqu’il écrivait dans son Institution du prince chrétien, « Le prince préfèrera que sa monarchie soit adoucie par des emprunts à l’aristocratie et à la démocratie, afin de ne pas tomber dans la tyrannie ».

    À la même époque, Claude de Seyssel, analysant le régime français dans sa Grant monarchie française discerne trois retenails (freins) à l’absolutisme royal : d’abord la religion qui, si le Roi se fait tyran, permet à « tout prélat […] et à un simple prêcheur de le reprendre et arguer publiquement et en sa barbe » ; ensuite les parlements dont il « n’est en la puissance des roys les déposer sinon par forfaicture » ; enfin la police (c.-à-d. les lois fondamentales), si solide « que les princes n’entreprennent pas d’y déroger, et quand le vouldroient faire, l’on n’obéit point à leurs commandements ». Ces lois ne sont pas seulement ce qu’on nommerait aujourd’hui constitution, elles sont aussi dans l’esprit de Seyssel, celles qui garantissent les libertés des corps intermédiaires (provinces, villes, corporations…) et des individus.

    Laissons le juriste Charles Dumoulin résumer, à la manière d’Aristote et Polybe, la formule politique française : « Royaume de France, c’est monarchie avec un assaisonnement, composition et température d’aristocratie et démocratie des estats ». Telle était le système français bien équilibré que Bossuet rappellera avec force. Il durera jusqu’à Louis XV.

    Aucun des trois systèmes évoqués ne serait viable aujourd’hui. La démocratie solonienne, l’aristocratie républicaine romaine, la monarchie française étaient belles parce qu’en harmonie avec leurs temps. Mais leurs temps sont révolus et leur retour serait anachronique. Ainsi, ne rêvons pas au Roi-monarque : aujourd’hui le pouvoir use trop vite son détenteur pour être viager. En revanche, aurait toute sa place un Roi qui, sans détenir le pouvoir, aurait l’autorité pour le canaliser, le modérer et plus encore, l’orienter et l’inspirer. Mutatis mutandis, un Roi qui jouerait le rôle du Sénat romain…

    Nous en avons grand besoin. Sous le nom de démocratie, ce que nous connaissons aujourd’hui n’est qu’une oligarchie élective. Cette « partitocratie », assise sur une classe politico-médiatique qui se reproduit en vase clos, gouverne sans qu’aucun frein ne la retienne, même quand elle se vend à la ploutocratie mondialisée. Quant à la votation, elle s’y réduit à la légitimation rituelle de l’alternance d’équipes semblables.

    Seul un roi héréditaire, libre de sa parole et disposant d’une autorité garantie par la constitution aurait les moyens de policer cette classe dirigeante. Certes il ne gouvernerait ni ne légiférerait mais, si je puis me permettre cette image, sans avoir la main sur le timon, il aurait l’œil sur le timonier. Pas seulement pour le sermonner, mais pour le conseiller, l’inciter et lui montrer les limites à ne pas dépasser.

    Sur le plan institutionnel, l’idée est simple. La pratique constitutionnelle actuelle est celle d’un régime parlementaire dualiste c.-à-d. un parlementarisme dans lequel le Gouvernement est responsable devant la chambre basse et devant le chef de l’État. Je dis la pratique, parce que la lettre est, elle, moniste : rien en effet dans la constitution n’autorise le Président à démettre le Premier ministre et rien ne l’autorise à gouverner à sa place. Au contraire, d’une part l’art. 20 dispose que le « Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation » et qu’« il est responsable devant le Parlement » ; d’autre part l’art. 21 précise que le « Premier ministre dirige l’action du Gouvernement ». Ce n’est qu’en période de cohabitation que la lettre moniste s’appliquait.

    Partant, l’avènement d’un Roi qui ne soit ni un Roi-monarque, ni un Roi-symbole, mais un Roi-conscience, nécessite qu’il s’inscrive dans un parlementarisme qui ne soit ni moniste, ni dualiste. Ni moniste, parce que ce serait en faire un Roi-symbole, ni dualiste parce que ce serait en faire un Roi-monarque. Ce nouveau parlementarisme, appelons-le parlementarisme mixte. Comme le moniste, il donnerait le pouvoir au Premier ministre, et au Parlement seul le droit d’accorder ou non la confiance au Gouvernement. Comme le dualiste, il donnerait au chef de l’État des prérogatives qui en ferait un acteur incontournable.

    Peu d’articles de la constitution de la V° République seraient à modifier pour réaliser ce bouleversement :

    - Art. 18 : L’actuel droit de message du chef de l’État au Parlement doit permettre un authentique discours du Trône annuel. Entendons une déclaration de politique générale dans laquelle le Roi exprime en toute liberté sa vision de l’état de la France et indique les réformes dont il souhaite que le Gouvernement se saisisse. Hormis le discours du Trône, le Roi pourrait adresser ponctuellement des messages sur les sujets de son choix. Bien sûr ce droit de message resterait un pouvoir propre, c.-à-d. non soumis à contreseing.

    - Art. 44 : Le droit d’amendement qui appartient aujourd’hui au Gouvernement et au Parlement sera élargi au Roi. Il pourrait ainsi intervenir dans l’élaboration de la loi en proposant des modifications aux projets ou propositions déposés.

    - Art. 10, al.2 : Ce texte autorise le Président à demander une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles. Cette sorte de véto suspensif est toutefois soumise à contreseing. Il conviendra d’en faire un pouvoir propre du Roi, lequel pourra ainsi relancer le débat sur un sujet dont il estime qu’il n’a pas été convenablement traité par le Parlement et le Gouvernement.

    - Art. 11 : Le référendum législatif est aujourd’hui proposé par le Gouvernement ou les deux assemblées au Président, lequel accepte ou refuse (laissons de côté l’initiative populaire qui ne nous intéresse pas directement ici, et reste inutilisée pour l’heure). Dans les faits, la proposition gouvernementale est purement formelle : tous les référendums furent lancés à l’initiative du Président. Afin que le Roi conserve cette liberté, l’article 11 devra mentionner expressément son droit propre d’appeler le peuple à référendum. Ainsi il pourra non seulement proposer directement au peuple une loi qu’il estime nécessaire, mais aussi lui demander de trancher sur un projet de loi, à son avis mauvais, que le Parlement s’apprête à voter.

    - Art. 9 : Le Président préside le conseil des ministres. Cela n’apparaît pas anormal puisqu’il est le véritable chef de la majorité parlementaire et donc le principal décideur politique. Ce n’est que lors des cohabitations, que sa présidence du conseil devenait nominale face au Premier ministre. Le Roi n’aura aucun besoin de cette présidence qui serait, elle, toujours nominale, puisque le nouveau chef de la majorité parlementaire et principal décideur politique sera désormais le Premier ministre. En revanche, le Roi devra assister de droit aux conseils des ministres et participer aux délibérations pour exercer son autorité modératrice et inspiratrice.

    - Art. 12 : La dissolution de l’Assemblée nationale est un pouvoir propre du Président qui l’exerce après simple consultation du Premier ministre et des présidents des assemblées. Dans un régime parlementaire moniste, la dissolution de la Chambre par le Gouvernement est le pendant du renversement du Gouvernement par la Chambre. L’initiative de la dissolution revient donc normalement au Premier ministre, le prononcé de la dissolution par le chef de l’État n’étant que formel. Sous la V° République il n’y eut que cinq dissolutions, dont deux avaient simplement pour but de mettre l’Assemblée en adéquation avec le Président Mitterrand nouvellement élu (1981 & 1988). Les trois autres furent plus typiquement parlementaires et effectuées en accord avec le Premier ministre.

    Pas plus qu’il n’a le droit de renvoyer le Gouvernement, le Roi n’aurait celui de dissoudre la chambre basse. Cela relèvera du seul Premier ministre. En revanche, le Roi pourra le lui proposer officiellement, si les circonstances lui semblent exiger que le Peuple se prononce.

    - Art. 16 : En cas de péril grave, le Président peut décider d’exercer les pleins-pouvoirs, entendons la dictature au sens romain du terme. Cette possibilité doit-elle passer au Roi ? La question est délicate. Un roi-conscience qui ne gouverne pas en période normale, devrait-il gouverner en dictator en période anormale ? D’un point de vue strictement logique, non. Mais n’est-ce pas justement, parce qu’un péril grave voire mortel menace le pays, que le roi-conscience, chef d’État parfaitement libre, sera le mieux à même de le conjurer ? On a envie de répondre oui ; mais le risque serait grand pour le Roi. Le péril grave nécessite des réactions brutales voire sanglantes, qui engageraient sa responsabilité tôt ou tard. Or, le Roi étant constitutionnellement irresponsable, la crise pourrait s’achever avec sa chute.

    Mieux vaudrait alors que le Premier ministre exerce la dictature provisoire, mais avec autorisation expresse du Roi.

    La question du feu nucléaire est en partie liée à l’article 16, puisque c’est à la menace de guerre nucléaire que les constituants songeaient en l’écrivant. Certes le déclenchement nucléaire ne nécessite pas les pleins-pouvoirs. Toutefois on n’imagine mal deux attributaires différents : si le Premier ministre peut faire usage de l’article 16, il doit aussi être détenteur du feu nucléaire. Or aujourd’hui, ce n’est pas la constitution mais un décret qui confie au Président l’usage de la force nucléaire. Il conviendra donc de le modifier pour l’attribuer au Premier ministre. Est-il souhaitable de lui associer le Roi, autrement dit d’instaurer une « double clef » qui nécessiterait l’accord conjoint des deux têtes de l’Exécutif ? Ce serait peut-être la meilleure solution…

    Les autres droits du Président passeraient au Roi, notamment la nomination aux emplois supérieurs de l’État (art. 13, al.2) et la signature des décrets délibérés en conseils des ministres (13, al. 1). Ces deux attributs du chef de l’État sont soumis à contreseing, en sorte que ces nominations et décrets nécessitent l’accord du Premier ministre. Le Roi aura donc dans ces deux domaines essentiels un poids important, puisque le Gouvernement ne pourra rien décider sans lui. La sagesse commandera bien sûr de trouver de bons ajustements avec le Premier ministre qui reste le détenteur du pouvoir réglementaire de droit commun.

    « Les formules politiques, disait Maurras, ne sont pas des gaufriers, et si les lois des nations, comme celles du monde et de l’Hommes, sont immuables, il faut voir que toutes les situations de l’histoire et de la géographie sont originales. Elles ont quelque chose d’unique qui doit être traité comme tel. »

    Les Français aiment être gouvernés par un monarque élu ? Respectons ce choix. Il est une étape de leur histoire. Ce monarque peut ne plus être le Président, mais le Premier ministre d’un régime parlementaire. Le Premier anglais, le Kanzler allemand ont-ils moins de pouvoir que le Président de la V° République ? Non, ils ont comme lui le pouvoir. Cela pour la raison que le parlementarisme n’est rien d’autre que le transfert du pouvoir des mains du Roi à celles du Premier ministre. Le fait que la pratique constitutionnelle de la V° République ait permis au Président de capter ce qui appartient au Chef du Gouvernement ne change fondamentalement rien à cette vérité.

    L’essentiel est que le mode de scrutin permette de dégager une majorité indiscutable, afin qu’en votant pour un député, l’électeur choisisse par transparence le Premier ministre de son choix, autrement dit son monarque. Pourquoi même ne pas imaginer une élection au suffrage universel direct du Premier ministre comme aujourd’hui le Président, suivie d’élections législatives ? Ce serait reproduire le schéma actuel qui assure au Président une Assemblée de sa couleur. Quoi qu’il en soit, si le Peuple français conserve sa prérogative élective, il acceptera volontiers un Roi-conscience. La désaffection – sinon le dégoût - qu’il ressent pour la classe politique et pour le système en général, lui feront comprendre l’avantage de flanquer son Premier ministre-monarque d’un Roi qui ne doit rien à personne et qui n’obéit à aucun autre intérêt que celui de la Nation.

    Encore faut-il le lui expliquer. Mais cela est aussi et surtout affaire de prince…  •

    Pierre Renucci

    Historien du droit, des institutions et des faits sociaux

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  • Affaire Maurras • Philippe Bilger : Plaidoyer en faveur de Madame Nyssen, ministre de la Censure

     

    Par  

     

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    Je suis vraiment fier d’être un citoyen français.

    Beaucoup de pays ne peuvent pas se vanter d’avoir un ministre de la Censure comme le nôtre et je les plains.

    Il faut tout de même avoir le courage de faire partir au pilon tous les exemplaires du Livre des commémorations nationales 2018 parce qu’il convenait de supprimer les pages 154, 155 et 156 consacrées à Charles Maurras – « figure emblématique et controversée » – et rédigées par un historien froid et objectif, Olivier Dard.

    Je ne peux qu’admirer l’audace d’un tel ministre qui, après avoir pris acte sans réagir de la substance de ce livre et rédigé même un avant-propos enthousiaste sur l’intérêt de cette Histoire de France comportant une centaine de personnages avec leur chronologie, n’a pas hésité à se rétracter. Parce que des associations de lutte contre le racisme et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme le lui ont demandé et que leur appréciation si nuancée – « auteur antisémite d’extrême droite » – justifie évidemment qu’on leur fasse toute confiance sur les plans historique, philosophique et littéraire.

    J’adore un ministre qui, même avec retard, sait trancher dans le vif et, loin d’être gêné par la complexité des pensées, des choix et des destinées, de leurs ombres et de leurs lumières, gère avec maestria l’ambiguïté d’une partie en abolissant la transparence du tout.

    J’éprouve une vive estime pour un ministre capable de donner toute leur chance aux partisans friands d’interdiction et un tantinet simplistes au détriment de ceux qui avaient le tort de connaître Charles Maurras, sa trajectoire, ses œuvres et son influence décisive à une certaine époque sur plusieurs grands esprits honorables, des politiques comme par exemple Charles de Gaulle ou de grands écrivains tel Marcel Proust. 

    Je ne peux me déprendre d’une sympathie sincère pour un ministre capable de se raviser et de contester, sous emprise, le choix opéré par le Haut Comité pour les commémorations nationales qui, il est vrai, n’était présidé que par l’académicienne Danièle Sallenave entourée de quelques membres aussi peu représentatifs que Jean-Noël Jeanneney, Pascal Ory, Évelyne Lever, Gilles Cantagrel ou l’académicienne Catherine Bréchignac (Le Figaro). 

    Je rends hommage à un ministre qui, ancienne éditrice réputée et très appréciée dans les milieux de la gauche intellectuelle et politique, n’a pas répugné à se sous-estimer en feignant de confondre la commémoration avec la célébration, dont la distinction était pourtant, pour elle, éclatante (Le Monde).

    Je suis infiniment sensible à la volonté d’éradication d’un ministre qui va engager une tâche colossale en cherchant à supprimer de notre histoire ses pages sombres pour que le citoyen ne soit ébloui que par ses moments lumineux. Démarche d’autant plus intrépide que beaucoup de ses soutiens progressistes ne cessent de reprocher à l’Histoire officielle son occultation des séquences noires qui ont également fait et défait la France.

    Je suis heureusement stupéfait par ce ministre qui, dans le gouvernement d’un Premier ministre passionné par la lecture, la littérature et l’ouverture d’esprit, et sous l’égide d’un président de la République dont la culture est le fort, fait preuve d’une telle indépendance et autarcie qu’elle contredit l’un et l’autre, étrangement silencieux pourtant.

    Je mesure l’immense et louable indifférence qu’il convient d’avoir à l’égard de la vérité historique et intellectuelle pour supporter des absurdités telles que constituer Charles Maurras comme directement responsable de l’Holocauste.

    Je ne suis pas à court d’éloges pour ce ministre qu’on nous envie et qui ne nous fait pas regretter une seconde l’absence d’un ministre de la Culture qui risquerait de nous autoriser des débordements de liberté et de pluralisme.

    Je suis vraiment fier d’être un citoyen français à qui on ne laisse pas penser, dire, écrire ou lire n’importe quoi !   

    XVMe46fa484-a8dc-11e7-8c3b-0492b00cca53-77x120.jpgMagistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat général à la Cour d'Assises de Paris. Auteur de très nombreux ouvrages, il tient le blog Justice au singulier et a dernièrement publié Moi, Emmanuel Macron, je me dis... (éd. du Cerf, 2017).

    Justice au Singulier

  • Marcel Proust : Maurras, une cure d'altitude mentale ...

    Portrait par Jacques-Emile Blanche

     

    « Ne pouvant plus lire qu'un journal, je lis, au lieu de ceux d'autrefois, L'Action française. Je peux dire qu'en cela je ne suis pas sans mérite. La pensée de ce qu'un homme pouvait souffrir m'ayant jadis rendu dreyfusard, on peut imaginer que la lecture d'une "feuille" infiniment plus cruelle que Le Figaro ou Les Débats, desquels je me contentais jadis, me donne souvent comme les premières atteintes d'une maladie de cœur.

    Mais dans quel autre journal le portique est-il décoré à fresque par Saint-Simon lui-même, j'entends par Léon Daudet ?

    Plus loin, verticale, unique en son cristal infrangible, me conduit infailliblement à travers le désert de la politique extérieure, la colonne lumineuse de Bainville.

    Que Maurras, qui semble détenir aujourd'hui le record de la hauteur, donne sur Lamartine une indication géniale, et c'est pour nous mieux qu'une promenade en avion, une cure d'altitude mentale. »

     

    Marcel Proust, Notes, 1920

  • Le Figaro : Pourquoi Charles Maurras ne sera pas « commémoré »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgÀ la suite de la polémique née de la décision du ministère de la Culture de retirer de la liste des commémorations nationales la figure intellectuelle de Maurras, Le Figaro a publié mardi les commentaires et le débat vidéo qui suivent. On sait que les membres du comité avaient ferraillé sur l'opportunité de le retenir.  LFAR

    sans-titre.pngExit Charles Maurras ! Sur décision de Françoise Nyssen, tous les exemplaires du Livre des commémorations nationales 2018 sont partis au pilon. Les pages 154, 155 et 156 vont être supprimées, afin que l'écrivain et polémiste sorte de la liste de la centaine de personnages et de dates. La notice sur Maurras, signée Olivier Dard, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne, prenait soin de signaler qu'il était une « figure emblématique et controversée ». Ces derniers jours, les associations de lutte contre le racisme et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme (DILCRAH) s'élevaient contre cet hommage rendu à un « auteur antisémite d'extrême-droite ». 

     

    C'est Maurice Druon, ministre des Affaires culturelles, qui lança en 1974 l'Association française pour les célébrations nationales, afin « de veiller à la commémoration des événements importants de l'histoire nationale ». En 1998, l'Association se transforme en Haut comité des célébrations nationales, puis en Haut comité pour les commémorations nationales, en 2011, à la suite d'une autre polémique qui concernait, cette fois, Céline.

    Les douze membres du comité sont nommés tous les trois ans par le ministre de la Culture. Présidé par l'académicienne Danièle Sallenave, il est composé entre autres de l'ancien ministre et ancien président de la BNF, Jean-Noël Jeanneney, des historiens Pascal Ory et Evelyne Lever, mais aussi du musicologue Gilles Cantagrel, ou de l'académicienne Catherine Bréchignac. Chaque année, ils établissent la liste des anniversaires à venir commentés par une centaine de spécialistes. « Pour 2018, il nous était apparu impossible de ne pas parler de Maurras l'année des 150 ans de sa naissance (il est né le 20 avril 1868) », souligne la présidente du Haut comité aux commémorations nationales, Danièle Sallenave, en son nom personnel. Même si les discussions ont été vives, les membres du comité ont pris acte que l'écrivain et directeur de L'Action française, soutien du régime de Vichy, condamné pour intelligence avec l'ennemi à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale, a eu une grande influence sur la vie intellectuelle et littéraire française.

    « Connotation positive »

    « C'est certainement le mot commémoration qui pose problème, il y a une connotation proche de l'hommage, positive », explique Danièle Sallenave. Et d'ajouter, comme elle le fera devant la ministre de la Culture qui la reçoit ce mardi après-midi: « Nous devons mener une réflexion sur notre rôle et sur le sens des commémorations. Il est indispensable de trouver un moyen de transmettre, notamment aux jeunes générations, une vision complexe de l'Histoire de France, avec ses hauts faits, sa grandeur, mais aussi ses zones sombres.»

    Déjà dans l'introduction du livre pilonné, l'historien Claude Gauvard, insistait : « Le passé est là, tragique et lourd, aussi bien qu'heureux, voire léger. » Pour 2018, le comité avait retenu entre autres la diffusion du premier épisode des Shadoks, l'attribution du Nobel de la paix à René Cassin ou l'Armistice de 1918.  •

    Lire encore dans Lafautearousseau ...  

    Maurras, une influence telle qu'on ne l'effacera pas

    Yann Moix rappelle le rayonnement de Maurras [Vidéo]

    Eric Naulleau : Disparu... Maurras des commémorations. Comme jadis les bannis sur les photos soviétiques

    Stéphane Blanchonnet : « Il est triste que le ministre de la Culture envoie au pilon des livres validés par une commission d’historiens »

    Vive Maurras !

    Stéphane Blanchonnet : Commémorons Maurras avec Mme Nyssen ou sans elle !

  • Maurras, une influence telle qu'on ne l'effacera pas

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgLa double décision d'inscription puis de retrait du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Charles Maurras [1868-1952] au programme des commémorations du ministère de la Culture pour 2018 a donc produit les importants remous que l'on sait.

    Ce fut d'abord à l'initiative pressante des organisations dites antiracistes, de gauche et d'extrême-gauche pour obtenir le retrait. La reculade du ministère ne s'est pas fait attendre. 

    Mais ce qui se développe aujourd'hui à l'inverse, c'est une réaction critique de multiples personnalités désapprouvant la décision de retrait de la commémoration Maurras.

    Certaines inattendues comme celle de Yann Moix, lundi matin sur France Culture,  exposant « l'influence phénoménale » de Charles Maurras au siècle dernier. [voir vidéo ci-après]. Ou encore celle des historiens Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la Mission du bicentenaire de la Révolution, et Pascal Ory, professeur émérite à Paris-Panthéon-Sorbonne, tous deux membres du Haut Comité des commémorations nationales, qui ont publié lundi dans Le Monde une tribune allant dans le même sens. Sans compter le tweet d'Eric Naulleau qu'on lira plus loin.

    Les injonctions de la pensée dominante ne vont plus aujourd'hui sans réactions, sans oppositions. Et sans-doute celles que nous signalons ici seront-elles suivies de beaucoup d'autres. 

    Cette affaire est assez importante et nous touche assez directement pour que nous y consacrions nos publications de ce jour.  

    Lire encore dans Lafautearousseau ...  

    Vive Maurras !

    Stéphane Blanchonnet : Commémorons Maurras avec Mme Nyssen ou sans elle !

  • Yann Moix rappelle le rayonnement de Maurras [Vidéo]

     

    « Si vous enlevez Charles Maurras de la compréhension d'une époque, vous enlevez l'influence qu'il a eue sur Marcel Proust, Apollinaire, André Gide, Jacques Lacan. Maurras, qu'on le veuille ou non, fait partie de l'histoire des idées en France ». 

    Yann Moix  

     

     

  • Eric Naulleau : Disparu... Maurras des commémorations. Comme jadis les bannis sur les photos soviétiques

     

    Eric Naulleau‏Compte certifié @EricNaulleau 29 janv.

    Disparus les pamphlets de Céline du catalogue Gallimard, Maurras des commémorations, Kevin Spacey de son dernier film et qui sait le prochain Woody Allen du studio Amazon. Comme jadis les bannis sur les photos soviétiques, comme si escamoter l'objet du débat mettait fin au débat.  

  • Stéphane Blanchonnet : « Il est triste que le ministre de la Culture envoie au pilon des livres validés par une commission d’historiens »

    Maison de Charles Maurras à Martigues

     

    648211564.jpgCharles Maurras (1868-1952) vient d’être retiré de la liste des commémorations du ministère de la Culture pour 2018. Stéphane Blanchonnet, président du comité directeur de l’Action française, réagit au micro de Boulevard Voltaire. 

    Professeur agrégé de lettres modernes
    Président du Comité directeur de l'Action française 

     

  • A quoi jouent les hauts dirigeants de notre pays

     

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    Un Molière manque à notre époque. Elle est recrue d'orgueil et plus que toute autre dénuée d'esprit critique envers elle-même, ses lubies, ses ridicules et même ses niaiseries, car elle en est abondamment pourvue. 

    Considérons Gérard Larcher. Il est évident qu'il ferait au théâtre un magnifique personnage de Molière. Ni Alceste qu'on se représente ascétique et grognon, ni Harpagon qu'on imagine taiseux et décharné, ni Tartuffe, plus sombre et plus chafouin que le plantureux et jovial président de la Haute Assemblée -  ainsi, du moins, que Jouvet jouait Tartuffe. Larcher serait - c'est évident - récusé pour Dom Juan. Mais ne serait mauvais ni en Monsieur Jourdain, qui aurait pu être à tout prendre un parfait bourgeois-gentilhomme maçon si on lui en avait représenté les utilités et les prestiges dans le grand monde, ou en Sganarelle, pour lequel il aurait plutôt le physique de l'emploi. Sganarelle avait au moins compris que « c'est un malheur qu'un grand seigneur méchant homme ». 

    Gérard Larcher n'est tout à fait ni l'un ni l'autre. Ni grand seigneur, à coup sûr, ni probablement méchant homme, on veut bien le supposer. Il n'en est pas moins dans le Système, tout en haut des Institutions, un grand féodal de notre temps. 

    Mais, derrière ses phrases et ses raisonnements qui veillent à se hausser au niveau de pondération, de mesure, d'équilibre et de sagesse rassise qui siéent à la dignité d'un sénateur, a fortiori s'il s'agit du président de la Chambre Haute, pointent assez vite, par accrocs, des talents bonimenteurs et manœuvriers.  

    Qu'est-ce qui nous permet une affirmation aussi peu amène ? Ceci : Gérard Larcher négocie en ce moment avec Emmanuel Macron le soutien du Sénat à la révision constitutionnelle que le président de la République entend mener à bien, touchant au parlement et aux parlementaires, dont le Sénat et les sénateurs : limitation du nombre de mandats dans le temps et réduction du nombre de députés et de sénateurs. Options qui font naturellement des remous dans les rangs des intéressés mais qui plaisent à l'opinion, ce que n'ignorent ni Larcher ni Macron. 

    La clef de la majorité des trois-cinquièmes nécessaires à la réforme est - du moins le croit-il - entre les mains du président Larcher, tapi au palais du Luxembourg où jadis résida Marie de Médicis, mère de Louis XIII, que ce roi préférait éloignée de lui. Gérard Larcher, entend bien démontrer à Emmanuel Macron qu'il existe, qu'il devra compter avec lui s'il veut que sa réforme aboutisse et qu'il faudra en discuter les termes ensemble.  

    Larcher est sans-doute prêt à sacrifier nombre de ses collègues à la volonté réductrice du Président. Mais il a ses exigences et deux d'entre elles concernent en propre le gouvernement : limitation du nombre des ministères à vingt et, suprême ridicule, inscription de la parité gouvernementale dans la Constitution. 

    Gérard Larcher surfe ainsi sur le courant féministe ambiant et enfourche une des lubies du temps présent, la plus répandue, la moins contestée et la plus unanimement reconnue. Celle qui s'impose. Personne ne conteste en effet le principe de la « parité » dans le microcosme des officiels... 

    Il n'en est guère pourtant de plus stupide et de plus niais, en même temps qu'il est dommageable au bon gouvernement du pays, puisqu'il oblige à ne pas choisir en chaque domaine les plus compétents, qu'ils soient hommes ou femmes... En matière de compétence, la parité hommes-femmes n'est acquise que par hasard. Mais peu importe, semble-t-il, à nos dirigeants ; l’idéologie prime sur le souci de la compétence dans notre Système… 

    Nous avons plaisanté à propos de Gérard Larcher. Nous avons réclamé un Molière pour mettre en lumière et tourner en dérision les ridicules de notre société. 

    Car il est triste de voir à quoi jouent les hauts dirigeants de notre pays quand il serait si urgent de le redresser.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Vive Maurras !

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    La milice de la pensée aura donc eu rapidement gain de cause : Mme Nyssen, ministre de la culture, n’écoutant que son courage, a retiré Maurras du Livre des commémorations nationales de 2018 à peine la polémique a-t-elle commencé à gonfler. 

    La France ne célébrera donc pas officiellement un de ses plus grands écrivains et philosophes politiques. Ne lui en déplaise, Mme Nyssen vient au moins de confirmer une thèse de Maurras : l’incapacité du pays légal à se réformer en sortant de ses ornières. Par cette mesure, il cherche simplement à priver le pays réel de la redécouverte d’un penseur et d’un acteur majeurs de la France du XXe siècle, que toute l’intelligence de l’époque a célébré : Proust, Apollinaire, Cocteau, Kessel, Malraux, De Gaulle ou même Lacan.

    Mais Mme Nyssen a préféré écouter les voix du politiquement correct, de l’antiracisme subventionné et de la libre pensée plutôt que celle de la pensée libre. De l’ancien Premier ministre Manuel Valls, allié pour ce mauvais coup au député de la France I’ “islamo-gauchiste” Alexis Corbière, aux inévitables chiens de garde de SOS Racisme et de la LICRA ou à Frédéric Potier, Délégué interministériel à la Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les haines anti-LGBT (cela ne s’invente pas), le chœur des pleureuses a obtenu du Gouvernement une censure qui n’a qu’un objectif : mutiler la mémoire nationale de celui qui voyait dans le racisme son “plus vieil ennemi intellectuel” ou déclarait en 1934 : « Je le répète : il n’y a pas de plus grand danger national que l’hitlérisme et le soviétisme. À égalité ! Et ces égaux-là sont faits pour s’entendre. La carte le confirme. L’avenir le vérifiera. »

    Parce qu’en macronie on ne fait pas les choses à moitié, Mme Nyssen a également convoqué, comme un magistrat des primo-délinquants pour un rappel à la loi, les membres du Haut-comité qui a présidé au Livre des commémorations, parmi lesquels l’académicienne Danièle Sallenave et les historiens Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory. Iront-ils à repentance ?

    Qu’importe, au fond. Grâce aux censeurs, l’année Maurras est désormais lancée. Et l’Action française peut d’ores et déjà annoncer qu’entre rééditions chez de grands éditeurs, publications et colloques, elle sera riche.  

    Communiqué du Centre Royaliste d'Action Française