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Affaire Maurras • Philippe Bilger : Plaidoyer en faveur de Madame Nyssen, ministre de la Censure

 

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Je suis vraiment fier d’être un citoyen français.

Beaucoup de pays ne peuvent pas se vanter d’avoir un ministre de la Censure comme le nôtre et je les plains.

Il faut tout de même avoir le courage de faire partir au pilon tous les exemplaires du Livre des commémorations nationales 2018 parce qu’il convenait de supprimer les pages 154, 155 et 156 consacrées à Charles Maurras – « figure emblématique et controversée » – et rédigées par un historien froid et objectif, Olivier Dard.

Je ne peux qu’admirer l’audace d’un tel ministre qui, après avoir pris acte sans réagir de la substance de ce livre et rédigé même un avant-propos enthousiaste sur l’intérêt de cette Histoire de France comportant une centaine de personnages avec leur chronologie, n’a pas hésité à se rétracter. Parce que des associations de lutte contre le racisme et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme le lui ont demandé et que leur appréciation si nuancée – « auteur antisémite d’extrême droite » – justifie évidemment qu’on leur fasse toute confiance sur les plans historique, philosophique et littéraire.

J’adore un ministre qui, même avec retard, sait trancher dans le vif et, loin d’être gêné par la complexité des pensées, des choix et des destinées, de leurs ombres et de leurs lumières, gère avec maestria l’ambiguïté d’une partie en abolissant la transparence du tout.

J’éprouve une vive estime pour un ministre capable de donner toute leur chance aux partisans friands d’interdiction et un tantinet simplistes au détriment de ceux qui avaient le tort de connaître Charles Maurras, sa trajectoire, ses œuvres et son influence décisive à une certaine époque sur plusieurs grands esprits honorables, des politiques comme par exemple Charles de Gaulle ou de grands écrivains tel Marcel Proust. 

Je ne peux me déprendre d’une sympathie sincère pour un ministre capable de se raviser et de contester, sous emprise, le choix opéré par le Haut Comité pour les commémorations nationales qui, il est vrai, n’était présidé que par l’académicienne Danièle Sallenave entourée de quelques membres aussi peu représentatifs que Jean-Noël Jeanneney, Pascal Ory, Évelyne Lever, Gilles Cantagrel ou l’académicienne Catherine Bréchignac (Le Figaro). 

Je rends hommage à un ministre qui, ancienne éditrice réputée et très appréciée dans les milieux de la gauche intellectuelle et politique, n’a pas répugné à se sous-estimer en feignant de confondre la commémoration avec la célébration, dont la distinction était pourtant, pour elle, éclatante (Le Monde).

Je suis infiniment sensible à la volonté d’éradication d’un ministre qui va engager une tâche colossale en cherchant à supprimer de notre histoire ses pages sombres pour que le citoyen ne soit ébloui que par ses moments lumineux. Démarche d’autant plus intrépide que beaucoup de ses soutiens progressistes ne cessent de reprocher à l’Histoire officielle son occultation des séquences noires qui ont également fait et défait la France.

Je suis heureusement stupéfait par ce ministre qui, dans le gouvernement d’un Premier ministre passionné par la lecture, la littérature et l’ouverture d’esprit, et sous l’égide d’un président de la République dont la culture est le fort, fait preuve d’une telle indépendance et autarcie qu’elle contredit l’un et l’autre, étrangement silencieux pourtant.

Je mesure l’immense et louable indifférence qu’il convient d’avoir à l’égard de la vérité historique et intellectuelle pour supporter des absurdités telles que constituer Charles Maurras comme directement responsable de l’Holocauste.

Je ne suis pas à court d’éloges pour ce ministre qu’on nous envie et qui ne nous fait pas regretter une seconde l’absence d’un ministre de la Culture qui risquerait de nous autoriser des débordements de liberté et de pluralisme.

Je suis vraiment fier d’être un citoyen français à qui on ne laisse pas penser, dire, écrire ou lire n’importe quoi !   

XVMe46fa484-a8dc-11e7-8c3b-0492b00cca53-77x120.jpgMagistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat général à la Cour d'Assises de Paris. Auteur de très nombreux ouvrages, il tient le blog Justice au singulier et a dernièrement publié Moi, Emmanuel Macron, je me dis... (éd. du Cerf, 2017).

Justice au Singulier

Commentaires

  • Il nous manque un VRAI Ministre de la Culture comme André MALRAUX et surtout Maurice DRUON,, qui, EUX connaissaient l'œuvre de Charles MAURRAS

  • Vraiment il faut dans notre beau pays faire très attention à ce qu'on peut dire penser sous penser !

  • De nouveau, bravo à notre ami Bilger,lequel ridiculise avec sa drôlerie habituelle le pédant sectarisme bien socialiste de notre ministre de la Culture.

  • Bravo à Monsieur Bilger . La ministre est servie . Ceux qui ont fait pression sont anonymes , restant dans l'ombre , à l'abris et c'est sur elle , mise en lumière , que retombe le ridicule mais c'est le sort des responsables lorsqu'ils se rabaissent .

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