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Actualité Europe - Page 58

  • Migrants : L'Allemagne fait ses comptes ! Et ce n'est pas sans importance ...

     

    L'Allemagne a beau avoir opté pour une politique « généreuse » en matière d'accueil des migrants, l'avoir proclamée aux quatre-vents, et l'avoir analysée, simultanément, comme conforme à son besoin impérieux de main d'œuvre importée, la voici qui fait ses comptes, modère ses enthousiasmes, et ne dissimule plus ses inquiétudes. Toucher à son équilibre budgétaire, créer de la dette, mettre la main à la poche, et sans-doute beaucoup plus que la main puisque le coût de l'arrivée de plus ou moins un million de réfugiés sur le sol allemand en 2015 est estimé au bas mot à 10 milliards d'euros non budgétisés, l'ensemble suscite problèmes, inquiétudes et divisions. Sans compter la fronde de la CSU, le mécontentement grandissant de plusieurs länder dont le land de Bavière, le plus important de tous, et au delà ce qu'on a appelé outre-Rhin la révolte des sudistes, submergés de migrants; la popularité d'Angela Merkel en baisse, etc. L'Allemagne n'aime ni le déficit, ni la dette, encore moins l'imprévu en matière financière. Il ne faut pas croire que cette situation sera sans suite ni conséquences. A suivre, donc.  LFAR        

    Le média financier suisse Romandie.com a publié les informations et commentaires qui suivent. 

    Berlin - Schäuble admet que les migrants font peser un sérieux risque sur son budget. 

    Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a reconnu mardi qu'il ne savait pas si le budget fédéral allemand pourrait ressortir à l'équilibre l'an prochain, ce qui reste son objectif en dépit de milliards de dépenses pour les migrants.

    « J'ai dit que nous voulions y arriver sans contracter de nouvelles dettes, si possible », a déclaré le ministre conservateur devant un congrès de fabricants de machines-outils à Berlin. « Dans ma famille politique ils m'ont demandé : « pourquoi dis-tu si possible ? Eh bien parce que la vérité est que je n'en sais rien », a poursuivi M. Schäuble. 

    L'Allemagne a amené l'an dernier, pour la première fois depuis 1969 et un an avant l'horizon prévu, son budget fédéral à l'équilibre, c'est-à-dire que l'Etat n'a pas contracté de nouvelles dettes. L'objectif du gouvernement d'Angela Merkel est que cet équilibre - le zéro pile que les conservateurs avaient promis à leurs électeurs - devienne la règle. 

    Mais l'Etat fédéral, critiqué par certains économistes et ses partenaires dont Paris pour une politique qui selon eux néglige l'investissement, fait face à des milliards d'euros de dépenses qu'il n'avait pas anticipées, alors que l'Allemagne attend cette année autour d'un million de demandeurs d'asile. 

    « Ces arrivées massives représentent un plus grand défi que la plupart des choses que nous avons eues à faire ces 65 dernières années, a déclaré M. Schäuble, et recèlent un potentiel de risque incroyable pour les finances publiques.» 

    « Pour autant nous pouvons et allons surmonter ce défi », a-t-il affirmé, dans la lignée des assurances données régulièrement par Mme Merkel. 

    Le gouvernement a promis des milliards d'euros d'aides aux communes et aux Etats régionaux allemands, chargés de l'accueil et de l'hébergement des migrants. L'Etat va notamment verser une somme forfaitaire par demandeur d'asile « pour que cessent les jérémiades des collectivités », a expliqué M. Schäuble. 

    Les communes peuvent également depuis peu s'endetter à taux zéro auprès de la banque publique KfW pour investir dans la construction ou la rénovation d'hébergements pour demandeurs d'asile. La banque a annoncé mardi que l'enveloppe de 300 millions d'euros qu'elle avait mise à disposition à cet effet début septembre avait été utilisée au bout de quelques jours, et qu'une rallonge de 200 millions était elle aussi épuisée. 

    Le volume du programme a été porté à un milliard d'euros, a indiqué la KfW mardi, faisant état d'une demande toujours aussi forte. Selon les calculs de la KfW, ce milliard de crédits devrait pouvoir servir à donner un toit à 100.000 migrants. 

    Romandie.com

     

  • Colosimo : comment Poutine est devenu roi du grand échiquier international

     

    14210_colosimojean_francois11o_dion.jpgJean-François Colosimo a accordé à FigaroVox un grand entretien fort intéressant au sujet de l'influence grandissante du président russe, Vladimir Poutine, sur la scène internationale. Celle-ci s'inscrit selon lui dans l'histoire multiséculaire de la Russie. Nous ajouterons que ses analyses sont en très grande concordance avec ce que nous écrivons ici depuis plusieurs années. LFAR

    LE FIGARO. - Sur le dossier syrien, de fortes tensions entre les États-Unis et Russie se font sentir. Vladimir Poutine semble avoir pris la main. Est-ce un des signes du grand retour de la Russie sur la scène internationale ?

    Jean-François COLOSIMO. - L'action que mène Vladimir Poutine en Syrie récapitule à la fois sa politique et sa personne. Elle correspond tout d'abord à sa représentation géopolitique du monde. Poutine est résolument « westphalien »: il défend le système traditionnel, constitué de nations souveraines où ce sont les États qui valent et non pas les régimes politiques, les organisations non-gouvernementales ou les institutions supranationales. En soutenant le pouvoir de Bachar Al-Assad qu'il juge être le seul « légitime », il défend cette conception de l'ordre international qu'il considère, de surcroît, protectrice de ses propres intérêts.

    Mais il est aussi l'héritier d'une doctrine diplomatique. Précisément, celle qui a été promue par les tsars puis par les Soviets depuis l'entrée de plain-pied de Moscou sur la scène méditerranéenne et orientale. Dès le XVIIIe siècle, à coups de guerres et de traités avec l'Empire ottoman, Catherine II « la Grande » s'est ouvert un accès vers les mers chaudes, via la Crimée et le Caucase, afin de désenclaver la Russie et de lui faire retrouver son berceau byzantin. Cet élément essentiel de politique extérieure s'est naturellement justifié de la protection des chrétiens d'Orient considérés comme un levier d'influence. L'URSS a d'autant plus facilement pris le relais que les orthodoxes du Levant ont été parmi les fondateurs et les animateurs du panarabisme, avec ce que cela a pu impliquer chez eux d'idéologie progressiste les rapprochant du socialisme. La proximité et la solidarité sont donc anciennes avec le baasisme syrien qui est issu de ce mouvement.

    Cependant, cette vision de Poutine est renforcée par la logique bipolaire qui a structuré l'affrontement entre l'Est et l'Ouest. À ses yeux, les États-Unis n'ont cessé, depuis 1989 et la chute du Mur, de vouloir neutraliser la Russie soit en l'isolant économiquement par le biais du capitalisme financier, soit en la cernant militairement au moyen de l'Otan. Au Proche-Orient, ce face-à-face se double d'un jeu d'alliances de nature historique: celle des États-Unis avec le bloc sunnite qu'il s'agisse de l'Arabie saoudite, des Émirats ou de la Turquie ; celle de la Russie avec l'arc chiite qui va de l'Iran au Hezbollah libanais et qui a le pouvoir alaouite en Syrie pour pivot.

    Enfin, l'intervention en Syrie relève d'objectifs aussi bien stratégiques que tactiques. D'autre part, Poutine considère que, de l'Irak à l'Ukraine en passant par le Kosovo, les États-Unis ont fait de la déstabilisation une méthode de conquête hégémonique et qu'aller les concurrencer au Levant doit, à l'inverse, lui permettre d'asseoir sa mainmise sur la Crimée. D'autre part, contrebalancer l'action de Washington au Proche-Orient revient pour lui à conjurer, si ce n'est à endiguer la menace djihadiste qui pèse sur la Russie, ses millions de citoyens musulmans et ses républiques caucasiennes en voie de réislamisation, voire de radicalisation.

    Le coup vient donc de loin. Une fois de plus, ce qui frappe est la détermination et la brutalité avec lesquelles Vladimir Poutine l'administre.

    Pourquoi, malgré l'insistance des Occidentaux, Poutine refuse-t-il d'évincer Bachar al-Assad ?

    Il est plusieurs raisons anciennes, on vient de le dire, à cette alliance avec le pouvoir alaouite, parmi lesquelles son caractère minoritaire, son idéologie baasiste, son inclination envers les chrétiens et sa dépendance à l'égard de l'Iran. Mais il est aussi des avantages plus immédiats, dont en premier lieu ceux de la forte présence militaire russe qui est devenue de tradition en Syrie et dont le maintien sur place dépend, au moins momentanément, du maintien de Bachar Al-Assad au pouvoir.

    Autrement dit, cette intervention découle pour partie d'un effet de clientèle et, pour partie, d'un effet de paroxysme. Selon Sergueï Lavrov, le ministère des Affaires étrangères de Vladimir Poutine, « à l'exception de Bachar, il n'y a que des terroristes. » Ce qui revient à se confronter directement à l'option occidentale, donc américaine, et à mener immédiatement cette confrontation à son maximum de tension.

    D'une part, les forces dites « démocratiques » de l'Armée syrienne libre, sur lesquelles la France a compté, sont aujourd'hui militairement en déroute ou ont rallié les djihadistes. D'autre part, l'Armée de la conquête, formée du groupe djihadiste al-Nosra, la branche locale d'Al-Qaïda, et du groupe salafiste Ahrar al-Sham à l'initiative du consortium sunnite qui court de la Mecque à Istanbul, est la seule faction capable de s'emparer de Damas et bénéficie désormais du soutien de Washington qui voit en elle un moindre mal.

    Là où Poutine profite de la faiblesse de la position occidentale et renverse habilement l'échiquier, c'est lorsqu'il demande si al-Qaïda est préférable à Daech.

    Les États-Unis et l'Otan - qui a évoqué une «escalade inquiétante» - s'inquiètent de l'avancée russe en Syrie. Les cibles visées ne seraient pas les bonnes ; des avions russes auraient survolé l'espace aérien turc sans autorisation. De nombreuses critiques chargent la Russie dans cette intervention…

    Là encore, il faut en revenir au temps long. Depuis la chute du mur de Berlin, les États-Unis n'ont pas varié de doctrine. La Russie, héritière de l'URSS, reste pour eux l'ennemi numéro un, du moins potentiel, dont il faut empêcher la résurgence en tant qu'acteur majeur sur la scène internationale.

    Le pacte entre Gorbatchev et les Européens sur la réunion des deux Allemagne comportait l'obligation pour l'Otan de ne pas avancer plus à l'Est. En vingt ans, une dizaine de pays ont rejoint l'Alliance atlantique qui s'est élargie au fur et à mesure de la construction européenne et ce, vers l'Est, vers la frontière occidentale de la Russie.

    Peu importe d'ailleurs, la couleur de l'administration. Lorsque George W. Bush arrive au pouvoir, il prend comme secrétaire d'État aux affaires étrangères non pas une spécialiste de l'islam ou du Moyen-Orient mais une spécialiste de l'URSS, Condoleezza Rice, qui a travaillé au Conseil de sécurité nationale en tant qu'expert sur le bloc communiste. Et sous Obama, le Pentagone reste inflexible : Moscou est classée comme l'une des toutes premières menaces.

    La raison de cette focalisation américaine est simple : l'arsenal nucléaire de la Russie lui permet de jouer un rôle géopolitique hors de proportion avec sa puissance économique. Elle est un contradicteur permanent aux yeux des Américains qui nient d'autant plus fortement sa légitimité à jouer un rôle important dans l'un ou l'autre des espaces géopolitiques sur lesquels ils ont besoin d'exercer leur domination ou leur influence.

    D'où la diabolisation récurrente de Moscou par Washington. La force paradoxale de Poutine est d'endosser cette diabolisation, voire de la revendiquer puisque son but est de démontrer que l'on n'est pas obligé de souscrire à la règle du jeu édictée par l'Amérique et qu'on peut même la dénoncer et la contrecarrer. Pour ce faire, il démontre une capacité d'analyse et de réflexion froide, suivie d'une action stratégique menée avec une détermination systématique qui tranche avec les atermoiements des Européens et des Américains.

    Obama et Hollande ont fini par reconnaître que l'on ne pouvait pas prendre à la fois Bachar et Daech pour cibles et qu'abattre Daech est prioritaire ? Poutine en retire le plein droit de soutenir Bachar sans restriction aucune et d'en faire la publicité afin de se rendre incontournable dans la nouvelle donne mondiale.

    Relations pacifiées avec Cuba, accord iranien… Barack Obama se démarque de la ligne néo-conservatrice américaine - incarnée actuellement par Hillary Clinton. La troisième guerre mondiale diagnostiquée par certains semble lointaine…

    Barack Obama a été élu sur un programme de désengagement militaire au Proche- Orient en nette rupture avec la ligne néo-conservatrice. Ce processus a vite montré ses limites. Les Américains ont quitté l'Irak avant d'être dans l'obligation pressante d'y revenir et quitte à devoir admettre leur absence de plan. Ce désengagement relatif provoque inévitablement l'insatisfaction à la fois d'Israël et des pays arabes. C'est là tout le problème d'Obama, dont la politique étrangère s'est révélée au pire illisible au mieux inefficace, que de réunir tous les mécontentements sur son nom. La réconciliation avec Cuba et l'accord avec l'Iran témoignent de l'urgence dans laquelle il s'est trouvé de marquer son deuxième mandat de quelque réussite diplomatique sans quoi il aurait été l'un de ces présidents américains n'ayant laissé aucune trace sur le plan des relations internationales ou, pire, une trace diffuse et brouillée.

    Mais Cuba, c'est d'abord le fait du pape François et de la diplomatie vaticane. Mais l'Iran, c'est faire avant tout preuve de bon sens, admettre la réalité et s'y conformer. Dans les deux cas, il n'y va pas d'une politique d'initiative mais d'une politique de confirmation. Cette faiblesse dans la prise de décision américaine est sans conteste un facteur d'instabilité à l'échelle planétaire.

    Va-t-on pour autant vers une troisième guerre mondiale ? Non, bien sûr. C'est au mieux une formule qui dit le contraire de ce qu'elle entend. La guerre globale est déjà là. Elle ne fait que perpétuellement commencer et recommencer avec des conflits de basse ou moyenne intensité répandus et récurrents sur l'ensemble des continents et impliquant des coalitions internationales variables, qu'elles soient militaires ou économiques. Nous sommes davantage confrontés à un état endémique de guerre à l'échelle internationale que menacés par une guerre mondiale au sens d'un affrontement de blocs.

    Il s'agit toutefois de savoir déterminer qui est l'ennemi prioritaire. Cet ennemi est Daech. Ce que considère Poutine tout en faisant croire qu'il veut sauver Assad alors que, une fois les intérêts russes en méditerranée assurés, il pourra très bien l'abandonner, étant suffisamment cynique pour cela. La France, elle, a longtemps professé que l'on pouvait avoir deux ennemis prioritaires en même temps, à savoir Daech et Assad. Ivres d'irréalisme, François Hollande et Laurent Fabius se sont entêtés à courir deux lièvres à la fois. Jusqu'à ce que les Américains, ayant eux- même fini par changer d'avis, aient stoppé sans plus d'égard la course échevelée de la diplomatie française. Ce suivisme erratique du gouvernement est plus que préoccupant car tout ce qui se passe au Proche-Orient a des répercussions sur le territoire national. De ce point de vue, la politique du gouvernement français apparaît largement comme irresponsable.

    Donald Trump loue le « leadership de Poutine », estime que s'il est élu président, il entretiendra d' « excellentes relations » avec celui-ci. Et il est le grand favori à la primaire des républicains. Est-ce le signe qu'une partie de la population américaine a rompu avec le néo-conservatisme ?

    Tout d'abord, au regard de ses scores abyssaux de défiance dans les divers baromètres américains, rien n'est moins assuré que Donald Trump accède un jour à la Maison blanche. Au cas où il serait élu candidat, puis président, il est probable que, comme Ronald Reagan, il se verrait encadré par la puissante machine républicaine. Ce qui est certain, c'est que, à Washington et à Moscou, on observe un croisement des opinions vers de fortes tendances isolationnistes.

    Comment réagissent les opinions russe et américaine à l'intervention en Syrie ?

    La guerre au Proche-Orient inquiète l'opinion américaine et n'emporte pas l'adhésion des Russes. Autant ces derniers soutiennent majoritairement l'action de Poutine en Crimée ou en Ukraine, autant la crainte est profonde sur l'engagement en Syrie qui réveille le souvenir de l'Afghanistan.

    De manière générale, les opinions au sein de l'hémisphère nord demeurent assez frileuses quant au danger que représente l'effondrement des frontières au Proche-Orient dont Daech est présentement le symptôme le plus virulent. Il revient aux gouvernants de savoir mobiliser car la question du djihadisme ne relève pas que de la politique internationale: dans nombre de ces pays, c'est aussi une question de politique intérieure.

    Or, si Poutine réussit à s'imposer au Proche- Orient, à prendre l'ascendant sur Obama et Hollande, à forcer les autres à suivre son rythme, c'est parce que, de quelque manière qu'on les juge, sa politique intérieure et sa politique extérieure sont en cohérence. Et ce, à la différence criante de celles des gouvernements occidentaux, en particulier de l'actuel gouvernement français.  •

    Jean-François Colosimo est écrivain et essayiste. Président du Centre national du livre de 2010 à 2013, il dirige désormais les éditions du Cerf. Son dernier livre, Les Hommes en trop, la malédiction des chrétiens d'Orient, est paru en septembre 2014 aux éditions Fayard. Il a également publié chez Fayard Dieu est américain en 2006 et L'Apocalypse russe en 2008.

    Entretien par Eléonore de Vulpillières            

     

  • Notes d’actualité : de Morano à Villiers

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgIl n’y a plus de politique française. Le spectacle qu’elle offre n’est plus que bouffonneries. En politique intérieure, l’incident Morano révèle l’état de déliquescence mentale de la classe politique. Ce que l’on savait déjà depuis des décennies, est confirmé : le réflexe pavlovien y tient lieu de pensée. Dans un cadre pareil tous les objectifs de redressement intérieur sont rendus impossibles. Une superstructure partisane, médiatique, syndicale, quelque 50 000 personnes, avec tous leurs réseaux d’obligés et leurs clientèles, fait la loi en France et impose ses vues. Cette superstructure ne représente nullement la France, ni ses territoires ni ses intérêts ni ses populations, et elle prétend la gouverner ! En revanche, elle se nourrit et vit de la réalité française comme un énorme parasite qui en dévore la substance : les familles, les entreprises, les régions, les territoires, tout est mis en coupe réglée et quand elle prétend déréguler et même décentraliser ( !), elle ne le fait que pour mieux asseoir son pouvoir tyrannique et en fait centralisateur. Les partis avec leurs idéologies s’installent partout et dominent tout, de la ville à la campagne, de l’administration aux professions ! Les syndicats pareillement. Ce qui se passe à Air-France est typique du mal-être français. Ainsi dans toutes les réformes ou prétendues telles, territoriales, économiques, sociales et « sociétales », la superstructure ne fait plus que détruire ; elle détruira jusqu’au dernier village, jusqu’à la dernière entreprise, jusqu’à la dernière famille. Sa raison d’être, ce sont les appareils, eux seuls existent ; le parti, l’appareil d’abord : voilà le mot d’ordre. Les financiers qui tiennent médias et partis dictent leurs choix. Des idéologues de pacotilles enfument les esprits. L’astuce est de faire croire à de grands combats : socialisme, libéralisme, droits de l’homme et tout ce qu’on voudra. Il ne s’agit en réalité que de conquérir le pouvoir, à tous les niveaux, afin de se l’approprier. Ce n’est plus une république, c’est une « chose privée » avec ses gardes-chasse, ses vigiles, ses sonneurs, ses laquais. Ils sont tous si heureux de se croire indispensables et importants ! Mais, répétons-le, leurs appareils dont ils vivent, qui les promeuvent et qui les tiennent – car ils ne sont plus libres –, ne sont que superstructures dont la vacuité mentale et morale est inversement proportionnelle à la lourdeur physique et au poids financier et qui se révèlent de plus en plus inutiles, inefficaces, obsolètes et terriblement contraignantes. Les superstructures, en bonne théorie et en exacte pratique, sont faites pour disparaître ; que ces messieurs qui furent plus ou moins marxistes ou saint-simoniens dans leur jeunesse, veuillent bien se souvenir des leçons qu’ils ont répétées comme des perroquets ! Une superstructure est faite pour tomber.

    Ajoutez à cette superstructure dite nationale, la superstructure européenne dotée des mêmes caractéristiques, il devient évident que la France a perdu toute liberté. Son droit a été évincé, ses intérêts bafoués, sa souveraineté avilie. L’Allemagne commande, au moins pour le moment. La politique extérieure française n’est plus dictée par les intérêts propres de la France ; les visions de sa diplomatie traditionnelle n’ont plus cours. Au Moyen-Orient comme en Afrique, la France n’agit plus selon ses données historiques. Nous sommes vassalisés et François Hollande dans sa ridicule posture n’a que trop mérité l’interpellation de Marine Le Pen au Parlement européen. Cet homme qui est légalement le chef de l’État français, n’a aucun sens de la France ; son moralisme de façade ne fait que couvrir l’imposture de son personnage qui s’essaye à jouer du Mitterrand alors qu’il n’arrive pas à la cheville du Florentin. Mitterrand connaissait son Machiavel. Le cynisme hollandais est du niveau de la petite « frappe » bourgeoise qui a réussi à devenir chef de gang.

    Lire le livre de Philippe de Villiers, Le Moment est venu de dire ce que j’ai vu (Albin Michel), est un régal pour tout ce qui reste d’esprits libres en France – et ils sont plus nombreux que nos apparatchiks ne le croient ! Il nous montre ces superstructures dans leur malfaisance essentielle, c’est-à-dire institutionnelle. Il les a expérimentées ; il en connaît la perversité. Et, surtout, il décrit – et dans quel style ! – tous les personnages de cet univers politico-médiatique que le peuple français dans sa crédulité imagine grands et qui sont, vus de près, d’une bassesse à vomir et d’un ridicule à hoqueter.

    Merci à Philippe de Villiers qui libère nos esprits et, dans sa haute idée de la France, ramène à leur juste et misérable mesure les esprits faux et médiocres qui, en se servant des appareils et des superstructures, ont régenté et régentent encore notre pauvre pays. À quand sa libération ?  

  • Svetlana Alexievitch, Nobel de littérature : la position d'Hélène Richard-Favre

     

    A la suite de l'attribution du Nobel de littérature 2015 à Svetlana Alexievitch, Hélène Richard-Favre, auteur spécialiste du monde russe, a tenu à nous faire part de sa position - que nous relayons bien volontiers. Ajoutant à son message le commentaire suivant : « Dans mon sujet, je n’ai évoqué que le HuffingtonPost mais c’est la quasi totalité des médias qui ont repris les propos que je cite et qu’elle a tenus en conférence de presse. Ma prise de position a été saluée et appréciée de nombre de personnes, russes ou non, toutes conscientes de la gravité de tels dires, surtout venant de la part d’un écrivain qui déclare faire du mensonge le fer de lance de son combat. »  

     

    479082707.jpgLe Nobel de littérature a été attribué.

    Il couronne Svetlana Alexievitch, écrivain et journaliste biélorusse.

    A lire l'article que lui consacre le Huffingtonpost, on comprend tout à fait que les idées politiques de cette écrivain rejoignent la plupart des standards occidentaux et bien leur en prenne, des goûts et des couleurs, on ne discutera pas ici.

    Mais quand on lit de cette Nobel de littérature que, je la cite, cette Russie en arrive à 86% à se réjouir quand des gens meurent dans le Donbass, non, là, c'est plus que de l'indécence ou de l'insulte. C'est un outrage lancé à la Russie et surtout à la mémoire de milliers de victimes qui n'ont jamais demandé à l'être.

    En arriver à exprimer de tels propos alors qu'on vient de se voir récompensé du prix le plus prestigieux qui soit, est inqualifiable. 

    http://www.huffingtonpost.fr/2015/10/08/svetlana-alexievi...

    Voix - le blog d'Hélène Richard-Favre

  • Où Hubert Védrine distingue entre les régimes résignés au multiculturalisme et ceux qui n'en veulent pas ...

     

    « Les sociétés d’Europe de l’Ouest sont favorables aux sociétés multiculturelles, ou s’y sont adaptées, ou s’y sont résignées, appelons-ça comme on veut. En Europe de l’Est, pas du tout. Ils pensent que les sociétés multiculturelles sont un échec flagrant, spectaculaire, ils n’en veulent pas. Donc ils ne veulent pas, sous couvert de la nécessité de donner l’asile à des gens vraiment persécutés entrer dans cet engrenage. Ce n’est pas de la xénophobie dans le sens où ils sont contre un groupe ethnique en particulier, ils ne veulent pas de l’évolution multiculturelle. Il ne faut pas s’en prendre qu’à la Hongrie. Il y a six, sept ou huit pays qui pensent comme ça. Il ne faut pas avoir peur d’en parler. »

     

    Hubert Védrine

    France Inter, La Matinale, le 28 septembre 2015

     

  • « Angela Merkel aura le prix Nobel de la paix ! »

    par Aristide Leucate 

    Le prix Nobel de la paix pourrait être attribué vendredi prochain à Angela Merkel « pour son attitude responsable dans les crises migratoire et ukrainienne ». La suite de l'histoire dira si l'accueil de centaines de milliers de migrants en Europe, suivis, sans-doute par beaucoup d'autres, peut-être des millions, favorisera ou au contraire détruira la paix sur notre continent. Aristide Leucate commente ici avec pertinence ces perspectives contradictoires. « Attitude responsable » ? Il y a de bonnes raisons d'en douter. LFAR 

    aristide-leucate.jpgLe prix Nobel, c’est un peu comme le cirque Zavatta : un grand barnum où, annuellement, l’on applaudit les prouesses quasi miraculeuses des impétrants, les uns pour avoir trouvé l’anti-accord absolu en littérature, les autres pour avoir mis au jour le énième secret du nombre d’or, et certains pour leur redécouverte, jamais tarie, de la pierre philosophale en économie politique.

    Et puis il y a le clou du spectacle mondialisé : le prix Nobel de la paix par lequel le récipiendaire est distingué pour son action en faveur du bien toujours évaluée à l’aune des inaltérables droits de l’homme.

    Martin Luther King, Obama, Mandela, Mère Teresa ou encore le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) comptent parmi les nombreux lauréats.

    Cette prestigieuse cohorte sera-t-elle bientôt rejointe par la chancelière Angela Merkel ? Outre-Rhin, les pronostics vont bon train et agitent frénétiquement le petit landerneau médiatique qui se pâme à cette perspective de canonisation universelle. L’institut Nobel vaut bien, à cet égard, tous les papes du Vatican !

    « Angela Merkel aura le prix Nobel de la paix », lance, péremptoire, Kristian Berg Harpviken, directeur de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo. La raison ? De même que le Christ appelait à laisser venir à lui les petits enfants, Sœur Angela (au prénom si, décidément, prédestiné) a magnifiquement et généreusement ouvert grand les portes de Brandebourg et de la Prusse tout entière aux « migrants », ces saints innocents de l’humanité martyrisée.

    La propagande humanitariste joue à plein. Après la photo tronquée du petit Aylan, voici le prix truqué décerné à l’un des plus grands fossoyeurs de la civilisation européenne. L’institut Nobel ne déroge pas à la vocation qui est la sienne de promouvoir les pires agents dissolvants de l’identité des peuples et des nations, de Wilson à Ferdinand Buisson ou René Cassin à… l’Union européenne (2012).

    Défendre la paix, oui, mais laquelle ? Car, à l’instar de la liberté ou des « valeurs de la République », autres incantations vides, combien de crimes, de génocides et de guerres commis au nom de ses glorieux étendards ? La Vendée, Dresde, Hiroshima, Sarajevo, l’Irak, la Libye… et aussi Lampedusa, Lesbos, Schengen, autant de fourriers infernaux de ces folles utopies dont la Révolution française est la sinistre matrice.

    Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois et Angela Merkel peut bien, alors, s’enorgueillir de réaliser le vœu du philosophe de Königsberg qui, dans son Essai philosophique sur la paix perpétuelle (1795), exhortait le « genre humain [à] se rapprocher indéfiniment d’une constitution cosmopolistique ». Ce faisant, Kant reconnaissait le droit apatride qu’« ont tous les hommes de demander aux étrangers d’entrer en société avec eux ; droit fondé sur la possession commune de la surface de la terre, dont la forme sphérique oblige les hommes à se supporter les uns à côté des autres, parce qu’ils ne sauraient s’y disperser à l’infini, et qu’originairement, l’un n’a pas plus de droit que l’autre à une contrée déterminée ». Le nomadisme préhistorique renaissait de ses cendres.  

    Docteur en droit, journaliste et essayiste (Boulevard Voltaire)
  • Incroyable madame Merkel

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret*

     

    626951329.jpg« L’incroyable madame Merkel », titraient récemment nos estimables confrères du Point. Oui, incroyable madame Merkel qui, après avoir invité les demandeurs d’asile à profiter massivement de la générosité allemande, a été contrainte de refermer ses frontières, suspendant ainsi les accords de Schengen.

    Incroyable Madame Merkel qui, tel un phare dans la nuit des égoïsmes nationaux, a indiqué « le cap des droits de l’homme » à l’Europe éblouie mais, ce faisant, a créé un immense et incontrôlable appel d’air dont ses voisins auront à supporter les conséquences : depuis la Syrie ou la Libye, ce sont des centaines de milliers, peut-être des millions de migrants qui vont tenter d’entrer sur le sol européen dans les mois et les années qui viennent.

    Situation intenable, tant pour des pays dont les capacités d’intégration économiques, culturelles et religieuses sont déjà mises à rude épreuve, que pour des migrants attirés par le prétendu El Dorado européen et, finalement, victimes de trafiquants d’êtres humains sans scrupule.

    Mais c’est ainsi. Dans l’Europe d’aujourd’hui, l’Allemagne, puissance dominante, croit pouvoir ne rien demander à personne. Décidant d’abord d’un accueil massif de réfugiés sans consulter aucun de ses « partenaires » ; menaçant ensuite de rétorsions financières les récalcitrants à sa « politique des quotas » ; accusant enfin ceux qui refusent d’obtempérer à ses diktats de couvrir l’Europe de « honte ».

    Mais qui, hormis quelques bonnes âmes françaises, peut encore être aveuglé par ce vocabulaire moralisateur utilisé dans le seul but de justifier une politique que l’Allemagne, marchant comme toujours main dans la main avec la Commission européenne, pense conforme à ses intérêts ?

    Ses dirigeants considèrent en effet que cet afflux de migrants lui est bénéfique en raison de son problème démographique. Soit. Mais, voulant imposer ses vues de gré ou de force, Berlin a sous-estimé la capacité de réaction de peuples – particulièrement à l’est de l’Europe – non encore anesthésiés par le droit-de-l’hommisme de la technocratie bruxelloise.

    La réunion des ministres européens de l’Intérieur, le 22 septembre, a débouché sur un accord en catimini : la prise en charge de 120 000 migrants (mais ils seraient en réalité 800 000…) répartis entre les différents pays. Solution ponctuelle qui ne fait que repousser le problème d’une crise humanitaire qui s’annonce longue et durable. Dans leur grande majorité, les 28 pays de l’Union refusent en effet d’ouvrir grand leurs portes.

    Du Danemark à la Lettonie, de la Roumanie au groupe de Visegrad – Pologne, Hongrie, République Tchèque, Slovaquie –, des gouvernements ne cèdent rien aux injonctions berlinoises. On ne saurait le leur reprocher. C’est même tout à leur honneur de défendre en premier lieu le bien de leur peuple.
    Mais que reste-t-il, alors, de l’Union européenne ? Rien ou pas grand-chose… Elle qui devait répartir ses efforts au nom d’intérêts partagés, se montre incapable d’échafauder une politique commune. Elle qui avait érigé en sacro-saint principe la « libre-circulation des personnes » voit des frontières nationales rétablies un peu partout.

    Quant à la France, sa faiblesse politique la condamne une fois de plus à un rôle de supplétif – rôle que François Hollande remplit avec un zèle sans pareil. Pourtant, face à cette crise qui « met en cause les fondements même de l’Europe », comme l’a dit Laurent Fabius, son premier devoir serait de se comporter en chef d’une nation souveraine, capable d’insuffler au Vieux Continent une politique raisonnable, en dehors de tout esprit impérial.

    La vocation de notre pays, sa situation géographique, son histoire, tout concourt à lui faire jouer ce rôle. Hélas, il y a longtemps que ses dirigeants y ont renoncé, laissant l’Europe se constituer progressivement en super-état fédéral assujetti à l’Allemagne.

    Que la révolte des souverainetés bafouées viennent des pays anciennement sous domination germanique et soviétique, quelle leçon pour nos élites politico-médiatiques béatement soumises à « l’incroyable madame Merkel »… 

     - Politique magazine

     

  • Catalogne indépendante... jusqu'à Perpignan ?

    Ce sont toujours de très fines analyses que donne Jean-Michel Quatrepoint. Il réfléchit ici, pour Le Figaro, aux conséquences du résultat des élections régionales en Catalogne. A terme, outre la période d'incertitudes, palabres et désordres qui s'ouvre pour Barcelone et Madrid, il redoute une explosion des Etats-nations. Menace tout à fait réelle bien qu'elle ne se soit encore jamais traduite dans les faits en d'autres lieux dans des cas comparables (Belgique, Grande-Bretagne). Mais le risque d'explosion des Etats est aussi source d'infinies difficultés pour l'Union Européenne. Basée sur l'idéologie de l'effacement des nations, elle est pourtant, dans la pratique, paradoxalement fondée sur elles. Et le dogme de l'intangibilité des frontières est curieusement resté une règle dite incontestable alors même qu'on voulait les abaisser ! Ainsi, la sécession de la Catalogne poserait aussi à l'Europe de Bruxelles une série de problèmes assez inextricables qui menaceraient ce qui lui reste de cohésion. Dédié à ceux qui croient que l'Europe et le monde s'unifient, alors qu'ils se morcellent. LFAR   

     

    PHO1159e20e-cc52-11e3-a4f2-b373f3cdeec9-150x100.jpgLE FIGARO - Les deux listes indépendantistes catalanes ont obtenu le score historique de 48% des voix aux élections régionales ce dimanche. Cette démonstration de force vis-à-vis de Madrid laisse-t-elle présager une indépendance prochaine de la Catalogne ?

    Jean-Michel QUATREPOINT - Cette élection n'est pas une victoire des indépendantistes. Ils ont obtenu la majorité des sièges avec la CUP. Ce parti (extrême gauche) n'a pas grand-chose à voir avec M. Artur Mas et l'ancienne CiU (Convergence et Union, fédération catalaniste centriste). L'alliance des indépendantistes est hétéroclite: le parti d'Artur Mas a 30 sièges, ERC et Izquierda Unida, républicains de gauche ont obtenu 21 sièges, 11 sièges ont été obtenus par les indépendants. Les rapports de force sont les mêmes depuis quelques années. Les indépendantistes ont gagné en sièges mais pas en votes. Ils restent minoritaires. Les indépendantistes ont fait 48%, les anti-indépendantistes, 52%. La situation est bloquée.

    La politique européenne des euro-régions a-t-elle un rôle dans cette montée en puissance de l'indépendantisme catalan ?

    Oui. Pendant longtemps la Commission européenne et Bruxelles ont joué les régions contre les Etats-nations. A un point tel que s'est accrue l'utilisation des langues régionales ; le catalan est une langue officielle de l'UE, comme le basque. A multiplier les langues régionales, on a pu donner l'impression à ces régions qu'elles seraient plus efficaces en négociant directement avec Bruxelles, en sautant l'étape de l'Etat-nation.

    Comment expliquer, à l'heure de la mondialisation et de la théorie des grands espaces, cette montée en puissance de ces revendications indépendantistes ?

    On peut comprendre les problèmes propres des Catalans, comme ceux des Basques ; sous Franco, ils avaient été les principales victimes de la répression, car Basques et Catalans étaient les principaux opposants de Franco. Entre 1939 et 1973-74, ils ne pouvaient parler leur langue, on continuait à exécuter les militants. Mais par le Pacte de la Moncloa - accord signé en 1977, après la mort de Franco - les Espagnols ont décidé de ne pas se référer au passé, et de bâtir un Etat-nation dotant les régions d'une très grande autonomie. Depuis quelques années, le Parti populaire a une responsabilité car il n'a pas pris au sérieux les revendications des Catalans. Il était focalisé sur les Basques et l'ETA - les Catalans n'ayant, à la différence des Basques, jamais commis d'acte terroriste - sans s'apercevoir qu'en Catalogne, la montée irrédentiste était forte. Les antagonismes ancestraux ont resurgi à travers la langue qui a servi de vecteur aux idées indépendantistes en Catalogne, comme au Pays basque. Mais au Pays basque, où l'autonomie est plus importante que dans d'autres régions, les milieux économiques ont parfaitement compris qu'ils avaient intérêt à rester dans l'Espagne. Les Catalans se montrent un peu plus égoïstes. Ils ne veulent pas payer pour les Andalous et les régions moins riches. Cet égoïsme régional laisse place à une situation bloquée. Les positions se tendent.

    Quels problèmes pose ce rassemblement hétéroclite des indépendantistes ?

    Au sein des indépendantistes se posent plusieurs problèmes. Dans l'ancienne CiU, le parti d'Artur Mas, beaucoup étaient corrompus, à commencer par Jordi Pujol, qui l'a présidée de 1979 à 2004. Pour garder le pouvoir, ils ont fait alliance avec l'extrême-gauche. Cette dernière n'est pas du tout sur la même position en matière sociale et fiscale par exemple. Leurs revendications sont incompatibles avec les positions de centre droit de la CiU. Aujourd'hui, les antagonismes sont forts. Ciudadanos, un parti neuf, fondé en 2006 l'autre vainqueur des élections, a grimpé sur les décombres du parti populaire ; il est devenu la deuxième force politique de Catalogne.

    En Catalogne, il n'y a pas que des Catalans. De nombreux Espagnols y vivent et y travaillent. Les Catalans avaient fait venir des travailleurs d'Andalousie, qui n'ont nulle envie de voir la Catalogne devenir indépendante. Les règles avaient déjà été durcies pour s'intégrer et travailler là-bas : pour tout emploi public, il faut parler catalan. Les professeurs de langues étrangères par exemple doivent enseigner en catalan. La barrière de la langue crée de la ségrégation à l'intérieur de la Catalogne.

    L'indépendance est également prônée pour des raisons électoralistes et clientélistes. Elle provoquerait la création de milliers de postes à distribuer aux copains, dans les ambassades et autres représentations nationales.

    Comment la position de Madrid peut-elle évoluer ?

    Les Catalans ne deviendront indépendants que si Madrid donne son aval. La Catalogne ne peut décréter son indépendance unilatéralement. Un référendum est nécessaire, et il devrait se tenir dans toute l'Espagne. Un problème majeur se pose, celui de la répartition de la dette, surtout que la Catalogne est la région la plus endettée d'Espagne. Les milieux économiques s'inquiètent de la possibilité d'une indépendance. Les investisseurs ne prendront pas le risque d'investir en cette période d'incertitude totale. Prenons un exemple concret, celui de Vueling, la filiale low-cost d'Iberia. Le hub d'Iberia est à Madrid. Celui de Vueling est à Barcelone. Si jamais il y a un conflit, Vueling pourrait rapatrier son hub à Madrid, ou dans une autre ville d'Espagne. Sans parler du Barça. Il ne pourrait plus participer au championnat d'Espagne. Fini les “ classicos” contre le Real Madrid.

    Quelle sera la réaction probable des autres partis, non indépendantistes ?

    Le PP devra donner un peu plus d'indépendance budgétaire à la Catalogne. Les anti-indépendantistes qui ont longtemps laissé faire, commencent à redresser la tête. Tenez, aux Baléares, les gens parlent catalan… et ne réclament pas l'indépendance pour autant.

    Le parti Podemos s'est révélé en échec complet dans ces élections pour lesquelles ils n'ont pas fait de choix clair. Une partie de leurs troupes a basculé du côté des indépendantistes. Ciudadanos est en train de monter car ce parti représente une alternative face au PP vieillissant et considéré comme « pourri ».

    L'indépendance de la Catalogne aura-t-elle des répercussions sur la France ? On sait que certains, tels le parti EELV, lorgnent sur le département des Pyrénées-Orientales (rebaptisé Catalogne par ce parti)…

    Evidemment. Les plus indépendantistes se trouvent à Gérone. Or, parmi eux, un certain nombre estime que la Catalogne va jusqu'à Narbonne. Si la Catalogne espagnole devient indépendante, elle créera des émules dans le pays catalan français. Elle donnera envie au Pays basque espagnol de réclamer son indépendance, et partant, le Pays basque français fera de même. Nous aurons un éclatement de l'Etat espagnol et des revendications nationalistes se renforçant en France.  

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. Il a travaillé entre autres au Monde, à La Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir.

    Son dernier livre, Alstom, scandale d'Etat - dernière liquidation de l'industrie française, est paru le 9 septembre 2015 aux éditions Fayard.

    Il est vice-président du comité Orwell.

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières

  • Pendant que Poutine joue aux échecs, Hollande joue à la belote

    L'opinion d'André Bercoff    

    Pour André Bercoff, François Hollande a commis une erreur stratégique en refusant trop longtemps de dialoguer avec le président syrien Bachar el-Assad. Comme avec Vladimir Poutine, d'ailleurs, qui est désormais au centre du jeu diplomatique. Etat de fait qui est, après tout, compte tenu de la qualité de nos dirigeants, ce qui peut aujourd'hui arriver de mieux au groupe de nations qui partagent notre civilisation, ou ce qu'il en reste. Et dont la Russie fait partie. Sur le fond, l'analyse d'André Bercoff nous paraît fort juste. Et puis, il y a la forme, dont nous avons déjà parlé : Quand le bon sens, le style, la verve et la truculence, le franc parler se combinent cela donne un billet d'André Bercoff et quand il décide de peindre et moquer les hommes du Système, cela fait mouche.  LFAR 

     

    photo.jpgDe Gaulle en ses Mémoires : « Vers l'Orient compliqué, je m'envolai avec des idées simples.» Mieux valent des idées simples que pas d'idées du tout. C'est ce vide quasiment abyssal qui semble régner sur la politique étrangère de la France, et ce, depuis quelques années. Sarkozy voulut se débarrasser de Kadhafi au nom de la liberté et des droits de l'homme, ce qui était tout à fait légitime, mais ce faisant, il a complètement ignoré le fait qu'une dictature peut en cacher une autre, pire encore. Kadhafi était une brute sanguinaire que gouvernements de gauche et de droite reçurent en grande pompe, puisque le pétrole reste l'horizon indépassable de notre temps européen. L'on se rappelle les vivats médiatiques, les poèmes lyriques et les autocongratulations euphoriques qui accueillirent la chute du tyran. Résultat des courses : la voie des grandes migrations fut ouverte avec fracas et, dans leur candeur naïve, nos protagonistes ne songeaient même pas, les choses méditerranéennes étant ce qu'elles sont, qu'aux serments de Tobrouk allaient succéder les décapitations de Syrte.

    Plus spectaculaire encore, dans le déni de réalité, fut la position française vis-à-vis de la Syrie. Que Bachar El Assad fût prêt, comme son père le fit à Hama il y a plus de trente ans, à sacrifier des dizaines de milliers de personnes, nul n'en doutait. Donc, en 2012, pour Obama comme pour Hollande, il s'agissait de se débarrasser au plus vite du massacreur syrien : l'on se rappelle la série prolongée des mâles résolutions de Laurent Fabius. Malheureusement, on avait encore une fois oublié cette triste réalité d'évidence: à savoir que, depuis des années et pour quelque temps encore, le choix n'est pas entre [le mal absolu ] et un Printemps Arabe qui a duré ce que durent les roses, et qui aurait débouché sur la victoire d'une démocratie qui allie enfin la liberté d'expression, le droit des femmes, la laïcité et évidemment le droit de vote. Le choix, dramatique mais incontournable, oppose les dictatures militaires à l'enrégimentation de l'islamisme radical, dont l'ambition est précisément et irréversiblement la mainmise implacable, policière et punitive sur la totalité de la vie quotidienne. Les bonnes âmes nous parlent sans cesse du manque de différence entre peste et choléra. Ne pas oublier, cependant, que les dictatures peuvent disparaître alors que la soumission institutionnalisée, actée de la naissance à la mort, appliquée d'une main de fer du lever au coucher, est beaucoup plus difficile à combattre par nos « valeurs de la République » de plus en plus soumises, elles, au souci primordial de ne vivre sa vie que sous principe de précaution.

    Voilà pourquoi Poutine est aujourd'hui au centre du jeu : il joue aux échecs en calculant à six coups d'avance, alors que nous jouons à la belote en brandissant bruyamment nos sains principes. Un examen à peu près lucide du paysage moyen-oriental, entre chiites et sunnites, Califat irako-syrien et Egypte de Sissi, Israël et Palestine, aurait montré à nos gouvernants que le rapport de force modèle plus que jamais les situations et qu'entre deux maux, il faut continuer de choisir le moindre. Sinon, on se retrouve en coulisses, en salle d'attente, à regarder les vrais joueurs s'affronter. Hollande et Fabius découvrent soudain l'intervention en Syrie et les bombardements ciblés : il n'est jamais trop tard pour bien faire. Mais le temps perdu signe la condition sympathique et pérenne des seconds rôles.  •  

    André Bercoff             

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et Moi est paru le 9 octobre 2014 chez First.     

  • Une ténébreuse affaire

     

    par Louis-Joseph Delanglade 

    Pour les uns, Volkswagen pèse dun tel poids dans un secteur « structurant » de l’économie allemande que des conséquences déstabilisatrices incalculables sont à craindre - pour la firme dabord, pour lAllemagne ensuite, pour lEurope enfin. Pour les autres, tout cela va peu à peu se résorber avec le temps et laide du système judiciaire américain : VW est touché, mais loin d’être coulé.

     

    « Ça touche quand même à lidentité allemande » : M. Calvi (France 5) ne croit pas si bien dire. « Limage de respect des règles qui est souvent associée à lAllemagne est une illusion » renchérit M. Duval, économiste patenté, qui se plaît à rappeler les nombreux exemples de comportements pour le moins « indélicats »de personnalités et entreprises allemandes ces dernières décennies. Nous le savions, maintenant plus personne nen doute : lAllemagne, parangon de vertu et de morale, et les Allemands sont comme tout le monde. Il ne faut ni sen étonner, ni sen réjouir, ni en être scandalisé - il faut faire avec. « Cest rassurant, les Allemands sont comme les autres » dit même de façon plaisante M. Daniel, autre économiste patenté. Parfois, dirait-on, plus naïfs que les autres : se refusant à investir dans un nouveau moteur aux normes, jugé trop coûteux, la firme a eu la légèreté de croire quelle pourrait tromper longtemps des contrôleurs américains particulièrement inquisitoriaux.  

     

    Le fait est quon sait maintenant que les autorités américaines se doutaient de quelque chose depuis un certain temps - on fait remonter la fraude à 2008. De là à penser quen laissant faire, elles ont attendu le moment opportun pour que le coup soit plus rude (amende de dix-huit milliards de dollars !) pour un concurrent direct de lindustrie automobile localeVoilà qui conforterait la thèse du « soft power ». Certes, les normes américaines sappliquent aussi aux nationaux, mais il faut bien constater quelles sappliquent avec un zèle tout particulier aux étrangers - parfois même avec une bonne dose de mauvaise foi (comme la montré lamende infligée à BNP-Paribas). A quoi bon pourtant reprocher aux Américains, par ailleurs champions du libéralisme mais aussi du capitalisme concurrentiel, de défendre bec et ongles leur pré carré ? Eux aussi sont finalement comme tout le monde et il faut faire avec. 

     

    Cela suppose cependant un peu de bon sens et de réalisme politique. M. Chevènement dénonce avec raison la stratégie impériale d’ « inféodation » des Etats-Unis, inféodation qui, outre limposition de normes et mesures en matière commerciale et industrielle, sappuie déjà sur lespionnage à très grande échelle pratiqué par la N.S.A. et sappuiera demain sans doute sur un traité transatlantique de libre-échange rien de moins que léoninLes Américains - les Allemands aussi - sont certes nos partenaires, voire nos alliés, mais nayons pas la naïveté de les prendre pour ce quils ne sont pas : quelle que soit sa forme, quel quen soit le domaine dapplication, leur « nationalisme » reste évident et, sil est une leçon à tirer de laffaire VW, cest  quil faut défendre ses propres intérêts sans état d’âme mais intelligemment. 

     

  • LIVRE • Le testament du Kosovo

     

    par Bruno Stéphane-Chambon

    L’histoire du Kosovo en 1999, est déclinée en 16 dates. Ce journal de guerre a été tenu par Daniel Salvatore Schiffer, philosophe et essayiste belge, professeur de philosophie de l’art à l’École Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège, déjà auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

    Ce n’est pas un pavé dans la mare, mais une visite en enfer, en hommage aux serbes morts en héros, pour défendre leur pays. Si cette parution est tardive, c’est parce que les révélations faites dans cet ouvrage auraient été inaudibles et déclarées irrecevables par les tenants et, en l’occurrence, les manipulateurs de l’opinion de cette époque. Le déluge de feu qui s’est abattu sur ce pays, qui a toujours été l’allié de la France, a été d’une violence rare. Il fut et orchestré par les autorités américaines, soutenues par l’aviation française, et encouragé par les bonnes consciences qui ont délibérément menti. Sans manichéisme aucun, l’auteur, qui déplore la brutalité des dirigeants serbes qui entouraient l’ancien Président Slobodan Milošević, s’insurge contre ce bombardement qui a duré pendant soixante-dix-huit jours et nuits et causer d’innombrables victimes dont l’auteur lui-même qui fut blessé gravement. Et pourtant la Serbie a résisté ! Daniel Salvatore Schiffer dénonce surtout les pseudos intellectuels et les marionnettes politiques qui ont impunément soutenu ce combat inique en accusant les serbes d’exactions et en glorifiant à outrance l’Armée de libération du Kosovo, l’UCK.

    Le journal de bord de Daniel Salvatore Schiffer pèche parfois par de nombreuses réitérations mais qui sont parfois nécessaires pour la bonne compréhension des faits et de leur interprétation. Par ailleurs, philosophe et humaniste, Schiffer disserte sur l’origine des guerres et se prête à de nombreuses digressions qui exigent du lecteur une attention soutenue. D’une lecture parfois un peu difficile, cet ouvrage n’en reste pas moins le cri d’un Juste. L’amour de la Serbie en est sa marque de fabrique, ou plutôt le sceau sacré apposé sur la charte de la vérité enfin révélée. Un livre incontournable sur cette période de l’histoire dont notre pays ne sort pas grandi, à rapprocher de celui de Pierre Péan, Kosovo : une guerre juste pour créer un Etat mafieux, et, surtout, du Martyre du Kosovo, de Nikola Mirković. 

    Le Testament du Kosovo, Journal de guerre, de Daniel Salvatore Schiffer, édition du Rocher, 512 pages, 21 €

     

     

  • MONDE • Une conférence utile sur le système constitutionnel d'un pays ami injustement critiqué ...

    parlement-hongrois.jpgIl nous est précisé que cette conférence s’adresse en priorité aux juristes. Mais elle intéressera aussi tous les amis de la Hongrie. Ce que nous sommes depuis longtemps de diverses manières, par exemple à raison des longues relations et de l'amitié d'esprit qui nous liaient au regretté Thomas Molnar. Dont plusieurs conférences faites à Marseille peuvent être retrouvées en vidéo sur ce blog.

    Aujourd'hui encore, nous considérons la Hongrie avec sympathie, en particulier à cause du souci qui est le sien de préserver son identité et ses frontières, ce qui, de fait, protège aussi l'Europe.   

     

  • Les migrants ressuscitent les frontières

     

    Par François Marcilhac *

     

    500021990.jpgLa gestion par l’Allemagne des flux migratoires en provenance de Syrie, lesquels ne font que s’ajouter à ceux de la Libye, qui ne se tarissent pas, témoigne, s’il en était besoin, du fait que, contrairement à ce qu’on entend ici ou là, loin de penser « européen », chaque Etat membre de l’Union conduit en temps de crise la politique qui lui semble, à tort ou à raison, c’est une autre affaire, la plus conforme à son intérêt — du moins lorsque cet Etat est gouverné par des dirigeants dignes de ce nom, ce qui n’est plus, depuis bien longtemps, le cas de la France. Les media de l’oligarchie ne cessent de déplorer l’attitude des pays qui refusent d’accueillir ces « migrants », dont ils doutent à bon droit, du reste, de la qualité de réfugiés, et déplorent leur prétendu égoïsme, avec ce moralisme propre au projet européen — ainsi Juncker, le président de la Commission européenne, a déclaré dans son discours « sur l’état de l’Union », le 9 septembre, qu’ « il est temps de faire preuve d’humanité et de dignité », en accueillant tous les réfugiés qui se présentent.

    Accuser d’égoïsme les gouvernants qui pensent en premier lieu au bien de leur peuple, comme c’est leur devoir, et le proclament ouvertement, c’est oublier un peu vite que c’est l’Allemagne, qui, la première, a donné le signal d’une attitude strictement nationale en décidant unilatéralement d’un accueil massif dont elle savait fort bien que ses partenaires auraient ensuite à supporter les conséquences en termes d’appel d’air et de masse. Oui, Merkel a cherché et cherche toujours à imposer sa politique aux Vingt-Huit, pensant, à tort manifestement, que parce qu’elle a à sa botte le dirigeant de la première puissance militaire et de la deuxième puissance économique de l’Union — en l’occurrence Hollande —, elle ne ferait qu’une bouchée d’Etats plus petits. Que Merkel ait été la plus nationaliste dans l’affaire, il ne viendrait à l’idée ni de nos journalistes béats devant la nouvelle icône des droits de l’homme, ni évidemment à des hommes politiques complices de sa politique, de le dénoncer. Merkel accueille : tous les Etats européens doivent accueillir ; Merkel ne peut ou ne veut plus accueillir et suspend Schengen en rétablissant des contrôles à ses frontières : c’est la faute de ses partenaires qui ne l’ont pas suivie et refusent la politique des quotas, c’est-à-dire de répartition obligatoire des clandestins, politique qu’Hollande avait dans un premier temps lui-même refusée, avant de se coucher, comme d’habitude. Et dès lors de brandir des menaces, avec une suffisance qu’on n’aurait plus cru possible — ou du moins que n’imaginaient plus possible les naïfs qui croient encore à un quelconque progrès moral de l’humanité, y compris dans les relations entre Etats, un progrès moral qu’incarnerait justement l’Europe institutionnelle. N’a-t-elle pas osé répondre, le 31 août, avec un humour typiquement germanique, semble-t-il, lors d’une conférence de presse, à une question sur d’éventuelles sanctions contre les pays réticents à une répartition : « Je ne veux pas sortir maintenant tous les instruments de torture » ? Or ces pays, situés essentiellement en Europe centrale et orientale, sont ceux qui ont toujours le plus souffert de l’expansionnisme allemand et dont un des prédécesseurs de Merkel avait fait, en quelques années, des protectorats avec la même passive complicité d’une république française, incapable à l’époque comme aujourd’hui, de concevoir les rapports internationaux comme des rapports de forces — ce que, pourtant, ils n’ont jamais cessé et ne cesseront jamais d’être —, rapports dans lesquels l’idéologie, hier le pacifisme bêlant du briandisme, aujourd’hui le droit-de-l’hommisme mercantile de l’oligarchie européiste, jouent le rôle d’anesthésiants.

    Certes, l’échec, lundi 14 septembre, de la réunion des ministres européens de l’intérieur sur les quotas, montre que Merkel a sous-estimé la résistance de nations qui ne s’en laissent pas compter, au regard tant de leur histoire que de leur capacité d’absorption : une capacité d’absorption non seulement économique, mais également culturelle et religieuse, de flux d’allogènes disposés à tout, sauf à s’intégrer à des pays qui, en les accueillant avec une générosité confinant à la niaiserie, ne pourraient susciter que leur mépris. Toutefois, Merkel n’a rien lâché : Thomas de Maizière, son ministre de l’intérieur, a déclaré à la chaîne publique allemande ZDF, mardi 15 septembre, que les pays qui refusent les quotas, « souvent [...] reçoivent beaucoup de fonds structurels » européens. « Je trouve aussi juste (...) qu’ils reçoivent moins de moyens », a-t-il poursuivi en approuvant la proposition formulée en ce sens par Juncker.

    De fait, si Juncker et Merkel sont la main dans la main, Hollande jouant les utilités, c’est que l’idéologie de l’accueil leur sert à tous deux d’anesthésiant pour contraindre les peuples à accepter une politique d’immigration qu’ils jugent conforme, la seconde à l’intérêt d’une Allemagne vieillissante mais encore forte de plus de 80 millions d’autochtones et qui, pense-t-elle, saura sans trop de préjudice, absorber cette main-d’œuvre étrangère, le premier à celui d’une Union européenne sans autre identité que le consumérisme. En bon négrier mondialiste, Juncker, toujours dans son discours sur l’état de l’Union, n’a pas omis de préciser : « La migration doit cesser d’être un problème pour devenir une ressource bien gérée ».

    L’Europe n’existe pas. Elle est et demeure un mythe. La Pologne, la Hongrie, la Tchéquie ou la Slovaquie — le groupe de Visegrad — mais aussi le Danemark, la Lettonie ou la Roumanie, ne doivent pas être montrés du doigt : leur refus ou leur manque d’empressement est le témoignage d’une identité forte, qu’ils doivent à une histoire riche, souvent dramatique. Leur nationalisme défensif face à l’invasion n’est que l’expression de leur bonne santé morale. Persévérer dans l’être, tel est aussi l’objectif de Merkel, mais avec ce nationalisme agressif propre à la culture allemande qui, le plus souvent, fut aveugle sur ses propres intérêts. Bruxelles, qu’elle co-dirige avec la Commission européenne, tout à son universalisme matérialiste hors-sol, sert pour l’instant sa politique. La Grèce et l’Italie, quant à elles subissent, avec pour seul objectif de s’en sortir le plus rapidement possible. Seule la France, asthénique, joue un jeu « européen », l’Europe ayant toujours été, pour ses élites, l’autre nom du renoncement. 

    François Marcilhac - L’ Action Française 2000

     

  • Migrants : en finir avec le délire humaniste

     

    par Yves Morel *

    A l’occasion du problème des migrants qui se bousculent aux portes de l’Europe, notre classe politico-médiatique a réactivé – et puissamment – l’infernale spirale immigrationniste dont nous ne cessons de pâtir depuis cinq décennies et dont nous mesurons aujourd’hui plus que jamais les dégâts avec l’affirmation violente du communautarisme arabo-musulman qui prétend régenter nos croyances religieuses, notre vie spirituelle, nos mœurs, notre pensée, et brider notre liberté de comportement et d’expression.

    L’islamisation graduelle de la France

    L’équipe de Charlie Hebdo (par ailleurs si critiquable) a été massacrée au début de l’année en raison de son irrévérence envers l’islam, avec l’approbation de très nombreux musulmans qui exprimèrent alors leur profonde compréhension pour les frères Kouachi et Koulibaly ; des hôpitaux et des cantines scolaires se voient contraints (et pas seulement en France) d’éliminer de leurs menus les plats à base de viande de porc, cependant que se multiplient, dans nos banlieues et certains quartiers des grandes villes, les boucheries halal, les Kebab et les pizzerias turques, ainsi d’ailleurs que les commerces spécialisés dans l’organisation des mariages musulmans, la vente de dragées ou la vente de vêtements et instruments de culte musulmans. Des femmes françaises de souche essuient des quolibets, des insultes, des menaces, parfois des prises à partie, en raison de tenues jugées indécentes par les musulmans. En de nombreuses communes et autres centres urbains, on se croirait réellement à l’étranger, soit dit sans la moindre exagération. Et ces immigrés, étrangers ou de nationalité française ne cherchent nullement à s’intégrer à la communauté nationale et cultivent résolument leurs différences et leur identité ethnoculturelle, que ce soit dans leurs pratiques religieuses, leur tenue vestimentaire, leur intolérance menaçante ou même leur loisirs (en matière de télévision, ils regardent les chaînes arabes ou turques qu’ils captent par satellite).

    Aujourd’hui, la population musulmane immigrée ou « française-issue de l’immigration » constitue un problème très grave, lourd de périls, et un élément de délitement de la nation. Ses membres auraient d’ailleurs bien tort de faire autrement depuis que, durant toutes les années 1980 et la première moitié des années 1990, les socialistes les ont fortement incités à demeurer fidèles de toute leur âme et de tout leur cœur, à leur identité (ou à celle de leurs ascendants), à leurs traditions, à leurs religions, à leur langue, exaltant « la France de toutes les couleurs », encourageant la pose de panneaux signalétiques en arabe, et Mitterrand déclarant « Je veux qu’on bouscule les us et coutumes français »

    Le battage médiatique et politique en faveur de l’accueil des migrants

    Pourtant, cela ne suffit pas, aux yeux de nos politiciens et de nos médias. Il faut encore en rajouter une couche, épaisse, en accueillant 24 000 immigrés (en réalité infiniment plus) prétendûment d’origine syrienne qui, nous dit-on d’une voix (apparemment) étranglée par l’émotion, fuient les islamistes barbares qui veulent les tuer ou les asservir. Et, après nous avoir montré et remontré jusqu’à l’écœurement la photo du « petit Aylan » gisant sans vie sur une plage, on multiplie les diffusions de reportages illustrant les péripéties et souffrances de tous ces nouveaux boat people entassés sur des embarcations à destination de l’Europe. C’est un battage permanent, évidemment destiné à nous persuader de notre devoir moral d’accueillir tous ces migrants, à peine de déchoir de toute dignité. Et on fait valoir également l’obligation, au plan du droit international, de recevoir tous ces « réfugiés ». L’abolition de tout contrôle aux frontières nationales de 26 pays européens, dont la France, dans le cadre de l’espace Schengen (institué concrètement depuis 1995), nous contraindrait à accepter cette masse d’exilés, solidairement avec nos partenaires (sauf l’Irlande et, bien entendu, comme toujours, le Royaume-Uni, qui se paie le culot d’appartenir à l’Europe par nécessité et quand cela l’arrange tout en bénéficiant de dérogations aux obligations communes qu’il juge contraires à ses intérêts).

    Une politique suicidaire et criminelle

    Question : pourquoi le Royaume-Uni et pas nous ? Et, dans la foulée, autre question : quel choix nous inspire le bon sens : se sauver d’un péril migratoire au prix d’une entorse à des accords éminemment critiquables, ou périr dans les règles, conformément aux obligations découlant de ces accords ? Et enfin, dernière question : étant donné notre situation économique et financière (un Etat en faillite qui ne peut rémunérer ses fonctionnaires qu’en empruntant chaque année à l’étranger et qui ne sait plus quoi faire pour remplir ses caisses et résorber ses déficits budgétaires sans écraser fiscalement ses administrés, des collectivités territoriales qui augmentent les impôts locaux, des sociétés industrielles et commerciales importantes rachetées par l’étranger, une balance commerciale déficitaire) et sociale (2,9millions chômeurs, soit 10% de la population active en métropole, plus dans l’outre-mer, un nombre continuellement croissant de « bénéficiaires » du RSA et de la CMU, 200 000 SDF, 700 000 personnes sans logement, sans parler de tous les salariés pauvres et à l’emploi précaire), comment penser raisonnablement que nous pouvons nous offrir le luxe d’accueillir de nouveaux immigrés ? C’est de la folie pure que d’y croire. En vérité, nos élus de tous bords savent qu’il s’agit d’une gageure impossible à tenir.

    Or, épaulés par les médias, ils s’efforcent de nous faire croire que ce nouvel accueil massif d’immigrés est possible, qu’il exige un effort collectif pénible mais surmontable, et qui, à long terme, n’entraînera aucune conséquence négative durable pour notre pays. Et ils nous rappellent que notre dignité, notre histoire, notre image de nation des Droits de l’Homme, notre tradition de « France, terre d’asile », nous font un devoir d’accepter ce flux migratoire fatal. Julien Sanchez, jeune maire FN de Beaucaire a été hué, chahuté, empêché de parler, insulté par les autres maires (500 complaisants sur les 36 000 de France [ donc 35 500 absents : pour quelle raison ?]) réunis par le gouvernement à la Maison de la Chimie à Paris pour discuter de l’organisation de l’accueil de ces réfugiés, lorsqu’il a critiqué le choix d’une telle politique. Le préfet de la région Languedoc-Roussillon, Pierre de Bousquet (naguère impliqué dans l’affaire Clearstream), lui a même saisi le bras et a tenté de lui arracher son texte des mains. Voilà le vrai visage de notre République à travers ses élus et ses hauts fonctionnaires, représentants officiels de l’État.

    Nicolas Dupont-Aignan qualifie la politique du gouvernement sur cette affaire, de « suicidaire ». En vérité, il ne s’agit pas d’un mauvais choix aux conséquences suicidaires, mais d’un véritable crime, délibéré, de nos dirigeants contre notre peuple ; car notre gouvernement sait parfaitement quelles conséquences désastreuses l’acceptation de ces « réfugiés » va entraîner pour notre pays, et il les assume délibérément, en toute lucidité. C’est honteux. Il y a des limites à l’aberration idéologique droit-de-l’hommiste, au conformisme intellectuel et moral, au suivisme, à la lâcheté, le tout avec l’alibi de la prétendue obligation de nous conformer aux règles européennes (Dame ! Nous ne sommes pas britanniques ou irlandais ! ). Aucune éthique, aucun accord international, aucune règle politique, aucun article de droit ne nous impose(nt) de nous sacrifier, nous, nos enfants, notre peuple, notre avenir, sur l’autel de l’humanitarisme larmoyant (et hypocrite). En revanche, nous avons l’impérieux, irréfragable devoir de nous défendre, au nom de notre dignité, et de défendre nos enfants.

    Des expatriés économiques et non pas politiques

    Trève d’hypocrisie. Cessons de feindre de croire que ces exilés sont les victimes de tueurs fanatiques à leurs trousses, qui ont sauté dans le premier esquif venu pour venir ensuite cogner désespérément aux portes de l’Europe, espérant y trouver un indispensable refuge. Ainsi que l’a rappelé Nicolas Dupont-Aignan, ils sont en réalité des expatriés économiques ayant quitté leur pays d’origine (lequel n’est pas toujours la Syrie, loin de là), certes pour des raisons compréhensibles, ont séjourné dans diverses contrées (Turquie, Liban, Egypte, Libye) qui ne leur ont pas convenu mais où leur vie n’était pas en danger, et se sont ensuite décidés à embarquer pour l’Europe, où ils ont choisi l’Allemagne, laquelle leur paraissait le plus susceptible de leur offrir des perspectives intéressantes d’avenir en raison de sa prospérité et de son besoin de main d’œuvre découlant de sa défaillance démographique.

    Conclusion : refuser catégoriquement tout accueil de nouveaux immigrants

    La politique qui s’impose en l’occurrence est claire : nous devons catégoriquement refuser l’accueil de ces migrants, comme le font, avec bon sens, la Hongrie et la Slovaquie (dont, soit dit en passant, le président du gouvernement, Robert Fico, est un social-démocrate venu du parti communiste) ; nous devons refuser de rechercher un accord avec nos « partenaires », car il n’est que trop clair que cet accord aboutirait à l’installation de ces exilés sur le sous-continent européen et à l’obligation pour notre pays d’en accueillir une partie, luxe qu’il ne peut absolument pas se permettre, et dont on ne voit vraiment pas pourquoi certains Etats, comme le Royaume-Uni, seraient exempts.  

     

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de Politique magazine et de la Nouvelle Revue universelle.

     

  • L'image du jour • Vous voyez bien qu'il n'y avait pas besoin que la France sorte de Schengen : L'Allemagne l'a fait !

    Source : Figarovox