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Actualité Europe - Page 56

  • En attendant Sarajevo

     

    par Gilles Varange

    Cet article est paru dans le numéro 149 de Politique magazine, inséré dans un dossier consacré aux point chauds de l’actualité nationale et internationale à un an du terme du mandat de François Hollande. Cette réflexion géopolitique nous apparaît d'une grande importance du point de vue des intérêts français.  LFAR

     

    Gilles Varange.jpgDeux systèmes d’alliances s’opposent désormais en Syrie, selon le modèle périlleux des coalitions. Elles portent le risque d’une explosion incontrôlable. Les mois qui viennent seront déterminants.

    Sarajevo ! Un siècle après la grande tuerie de 1914-1918, ce nom continue de nous hanter. Il rappelle comment un événement fortuit peut déclencher un embrasement planétaire qu’aucun gouvernement ne souhaitait et que les milieux financiers de l’époque tenaient pour impossible du fait de l’expansion du commerce international et de l’imbrication des économies. Depuis, les historiens se sont penchés sur l’implacable enchaînement de circonstances qui, en moins de cinq semaines, aboutit à un conflit d’une ampleur apocalyptique. Et tous de s’accorder pour y voir la conséquence tragique de la formation de deux systèmes antagonistes d’alliances – Triplice contre Triple Entente – liés chacun par des garanties de soutien militaire automatique.

    Un quart de siècle plus tard, en 1940, un jeu similaire d’alliances allait pourtant conduire au même résultat fatal et achever de plonger l’Europe dans un déclin dont elle n’est jamais sortie.

    Au moins, depuis la chute de l’empire soviétique, pouvions-nous imaginer être débarrassés pour longtemps du spectre d’une nouvelle guerre mondiale. Après que le mirage de « l’hyperpuissance américaine » se fut évanoui dans les sables irakiens, diplomates et « experts » nous expliquaient que la fluidité des relations internationales, introduite par l’ascension fulgurante de plusieurs puissances émergentes, mettait l’humanité à l’abri de tout nouvel affrontement entre deux grands blocs hostiles. Avec le XXIe siècle, nous étions entrés, assuraient-ils, dans un temps où s’imposeraient des formes de guerre inédites et limitées, telles celles déjà mises en œuvre par l’administration américaine sous le qualificatif d’ « empreinte légère », fondées sur la cyberguerre et l’utilisation massive de drones – 5 000 « exécutions » ciblées à travers le monde depuis 2005. Dans le même esprit, Washington a inventé l’ingénieuse notion de « leadership depuis l’arrière » qui consiste à intervenir uniquement en soutien d’alliés auxquels est confiée la responsabilité des opérations comme ce fut le cas hier pour les Britanniques et les Français en Libye et comme ce l’est aujourd’hui pour nos troupes au Sahel.

    L’obsession de Washington : abaisser la Russie

    Il y a bien la nouvelle stratégie d’Obama visant à contenir les velléités d’expansion de la Chine et pompeusement baptisée « Pivot pour l’Asie ». Mais en dépit des initiatives provocatrices de Pékin en mer de Chine, telles la construction d’ilots artificiels à usage militaire ou l’installation de batteries de missiles sol-air perfectionnés sur certaines îles contestées, rares sont ceux qui croient au danger d’une escalade incontrôlable. En dépit de leur apparente audace, les successeurs de Mao sont surtout passés maîtres dans l’art de modifier les rapports de forces de manière subtile, en jouant alternativement de la menace et de la séduction. Les dirigeants de Pékin possèdent une trop parfaite conscience de leurs insuffisances militaires et de leur relatif isolement en Asie orientale pour se lancer tête baissée dans un affrontement armé avec les Etats-Unis et leurs alliés qu’ils seraient sûrs de perdre. Convaincus que le temps ne manquera pas de pencher en leur faveur, ils guettent patiemment les signes d’un déclin accentué des Etats-Unis qu’ils tiennent pour inévitable. S’il est une chose à laquelle ces héritiers de Confucius ne croiront jamais, c’est en la pérennité des sociétés multiraciales et multiculturelles. Aussi sont-ils possédés de la conviction qu’il leur suffit d’attendre pour prendre un jour la place du géant américain.

    Voilà autant de facteurs sur lesquels croyaient pouvoir s’appuyer ceux qui nous prédisaient avec confiance l’avènement d’une configuration internationale d’où les risques d’une guerre générale auraient disparu. C’était compter sans l’aveuglement qui semble s’être emparé de l’actuel chef de la Maison Blanche sous l’influence déterminante de son équipe de conseillers diplomatiques. Des hommes et des femmes qui ont pour maître à penser le vieux Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Carter. Depuis plus d’un quart de siècle, aucune des évolutions majeures de la scène internationale n’aura réussi à délivrer cet homme de 88 ans, né en Pologne, de son idée fixe : la Russie reste l’adversaire à abattre. Auprès de cet objectif central, la montée en puissance de la Chine et le déferlement islamiste sont à ses yeux des menaces secondaires. Les Etats-Unis ne seront en sûreté qu’après avoir achevé leur travail de démembrement de l’ex-Union soviétique. Aussi est-il urgent de réduire la Fédération de Russie aux dimensions d’une Moscovie, condamnée au rôle de modeste puissance régionale.

    Le grand retour des coalitions

    Habituée à transformer les caprices des hôtes de la Maison Blanche en prévisions étayées, la CIA a déposé en février 2015 dans le bureau ovale un volumineux rapport rédigé par le cabinet Strategic Forecasting dont les conclusions correspondent exactement à ce qu’Obama et les siens désiraient lire : d’ici à 2025, victime d’un effondrement de son économie et de forces centrifuges irrésistibles, la Russie aura cessé d’exister sous sa forme actuelle ! Le contenu de ce rapport n’est pas resté longtemps confidentiel mais il n’aura servi qu’à renforcer le maître du Kremlin dans son sentiment que les Américains étaient engagés dans une énorme entreprise multiforme de déstabilisation et de destruction de son pays. La « révolution de Maïdan » pilotée de bout en bout en Ukraine par la secrétaire d’état adjointe, Victoria Nuland, le déploiement de troupes et de matériels offensifs de l’Otan aux frontières mêmes de la Russie, le quadruplement du budget des forces américaines sur le Vieux Continent, l’organisation incessante de manœuvres militaires à participation américaine dans les pays baltes et scandinaves, constituaient pour Vladimir Poutine autant de défis insupportables.

    Fidèle à une méthode éprouvée, le président russe a réagi de manière fulgurante et là où nul ne l’attendait. En privant Obama et ses alliés turc et saoudien d’une victoire en Syrie qui ne semblait plus pouvoir leur échapper, il s’offre le plaisir de défier tout à la fois le chef de la Maison Blanche, le maître actuel de la Sublime Porte qu’une rivalité ancestrale oppose au Kremlin et cette monarchie wahhabite qui n’a cessé de financer les activités des groupes musulmans subversifs dans le Caucase et en Sibérie méridionale. Mais Poutine n’aurait pu obtenir les succès remportés sur le terrain sans l’appui décisif du Hezbollah et de l’Iran en voie de constituer un seul bloc chiite de Téhéran aux faubourgs de Beyrouth. En face, Ankara resserre fébrilement ses liens avec Riyad qui entreprend de rassembler de son côté l’ensemble des pays sunnites de la planète dans une ébauche d’alliance diplomatique et militaire. Voilà soudain le grand retour des coalitions avec le péril mortel qu’elles ont toujours porté dans leurs flancs. Membre de l’Otan, le moderne sultan Erdogan rêve en secret d’entraîner les Occidentaux dans un conflit ouvert avec la Russie comme parvinrent à le faire jadis ses prédécesseurs ottomans en Crimée. Les yeux fixés sur l’abîme, Obama tergiverse. Mais il pourrait suffire d’une étincelle. Comment prononce-t-on Sarajevo en arabe ? 

  • « LES PANTINS DE L’EUROPE »

     

    par François Marcilhac 

     

    500021990.jpgEn 1964, De Gaulle avait effectué une vaste tournée de trois semaines en Amérique latine avec l’objectif très net de contester la division bipolaire du monde et d’encourager les Etats sud-américains à affirmer leur indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. 

    ENTRE ÉLECTORALISME ET TOURISME...

    Bien moins ambitieuse, car dépourvue de toute visée internationale et franchement électoraliste, fut la petite semaine qu’Hollande a passée à la fois en Amérique latine et dans la France du Pacifique. Pour cette dernière, il s’agissait de tenir une de ses promesses électorales ...à quatorze mois de la prochaine échéance : visiter tous les Français durant son mandat. Quant aux trois jours partagés entre le Pérou et l’Argentine, rythmés par deux nuits de fiesta, ils constituèrent un simple séjour touristique, culturel et gastronomique aux frais du contribuable. Il est vrai, quel message international aurait pu lancer l’autre côté de l’Atlantique celui qui, se mettant dans les pas de son prédécesseur, a fini d’aligner la diplomatie française sur celle des Etats-Unis ? Le seul fait notable de ce séjour fut un but marqué par le président lui-même dans les cages, sans gardien, du célèbre stade de la Bombonera de Buenos Aires, piteuse image donnée de notre pays par un chef d’Etat se conduisant à l’étranger comme un conseiller départemental inaugurant un terrain municipal. Quel symbole, également, que ce but évidemment réussi : signifie-t-il qu’Hollande ne saurait plus gagner que sans adversaire, voire qu’il envisage une présidentielle dépourvue d’opposants, du moins d’opposants qui le menaceraient sérieusement ?

    Toutes les options sont ouvertes, tant la situation politique est devenue incertaine, voire explosive. Son inauguration du salon de l’agriculture écourtée par l’accueil hostile des paysans, premières victimes de son refus des ruptures nécessaires, si radicales soient-elles, dans l’intérêt du pays, a montré bien mieux que des sondages, combien le président est devenu impopulaire, combien aussi, non seulement ses échecs, mais surtout sa politique d’esquive, ses petits compromis d’ancien premier secrétaire du PS, son absence de courage politique ou son habileté à la petite semaine compromettent la dignité de la fonction qu’il est censé incarner — ainsi ce lundi 29 février, le report, avant son abandon ?, de la présentation en conseil des ministres de l’avant-projet de loi sur le travail. Comment dès lors reprocher aux agriculteurs d’avoir, par leurs huées, manqué de respect à une fonction présidentielle que le chef de l’exécutif dévalue lui-même par la caricature qu’il en donne tous les jours ?

    LES PANTINS DE L’EUROPE 

    On le dit lucide, habile, voire génial tacticien : c’est possible, quand il s’agit des minables combats politiciens qui forment toute sa culture politique. Il n’est pas certain, en revanche, qu’il soit à la hauteur de cette tâche historique qu’est la direction d’un pays vieux de quinze siècles. Se rend-il compte seulement du mépris dans lequel le tiennent les Français, et avec lui toute une classe politique dont les mensonges ne font plus illusion, même si on arrive encore à se scandaliser de son abyssal cynisme ? Ainsi, alors que le gouvernement socialiste n’a pas remis en cause la réforme de la politique agricole commune voulue et signée par Sarkozy, responsable des difficultés actuelles des producteurs de lait, Valls, accompagné au Salon par Le Foll, son intermittent à l’agriculture — il a séché en 2015 40% des conseils européens —, a osé plaider, ce même lundi 29 février, avec un ton aussi lénifiant envers les paysans que servile envers Bruxelles : « Nous agissons au niveau européen pour que la Commission européenne entende pleinement la détresse d’une partie du monde agricole français. » « Vous êtes les pantins de l’Europe », lui a rétorqué un éleveur, avant d’ajouter : « Ils sont là pour se pavaner mais ils n’ont aucun pouvoir et nous on crève. »

    La remarque est d’autant plus juste que ce pouvoir, nos prétendus dirigeants politiques l’ont abandonné avec préméditation, en se soumettant, majorités après majorités, aux impératifs européens de libre-concurrence via des traités toujours plus asservissants — le prochain sera signé au nom de l’Europe avec les Etats-Unis. On est atterré du manque de réaction du gouvernement français aux dernières provocations de la Commission visant les accords, passés en 2015 et du reste déjà obsolètes, de certains grands distributeurs visant à acheter plus cher le porc français, accords passibles d’une amende pour entrave à la concurrence étrangère ! Le gouvernement s’est-il insurgé ? A-t-il exigé que la Commission, dans cette affaire aux ordres de Berlin, rende enfin ses conclusions sur les accusations de distorsion de concurrence en matière agricole portées à l’encontre de l’Allemagne, depuis plusieurs années, en raison de sa politique de main-d’œuvre, assimilable à du néo-esclavagisme ? Menace-t-il Bruxelles d’une crise ? Non, il se soumet, et avec lui toute la classe politique qui continue de chérir une des causes principales du mal français, qu’est notre soumission au Moloch européen alors que notre salut impose la remise en cause de traités qui, au seul plan économique, signent l’arrêt de mort de l’agriculture française après avoir concouru à notre désindustrialisation.

    TOUT FAIRE POUR GAGNER 

    Sauf le FN, dira-t-on ? Si la prolongation de la loi d’urgence et son inscription probable dans la Constitution ne peuvent que nous inspirer la méfiance la plus grande quant au respect par le pays légal de nos libertés fondamentales ou à la sincérité des prochaines échéances électorales — oui, nous le répétons, toutes les options sont ouvertes, même un coup de force du pays légal contre l’État de droit lui-même au nom des valeurs de la république —, toutefois, il n’est pas certain que l’oligarchie ait besoin d’en arriver là pour terrasser la Bête immonde. Nous évoquions à l’instant l’Europe et la nécessité de lutter contre une Union qui a toujours été pensée contre les nations, d’où le chantage actuel de Cameron sur un éventuel Brexit — qu’il rejette évidemment. Il n’est pas certain, en revanche, qu’en délivrant un message anxiogène sur une éventuelle sortie de l’euro, voire un éventuel Franxit en cas d’arrivée au pouvoir, le FN ne soit pas le meilleur allié des candidats socialiste et « républicain » à la présidentielle de 2017, quels qu’ils soient par ailleurs. Il faut savoir s’accorder à l’état de l’opinion publique, qui, depuis plusieurs décennies, s’agissant de l’Europe, a subi un vrai matraquage idéologique. On ne saurait compromettre l’avenir du pays par des slogans ressentis comme provocateurs.

    Hollande rêve, dit-on, d’un nouveau « 21-Avril », mais cette fois à son profit. Quant aux Républicains, chacun sait que Juppé, positionné à l’extrême centre, serait le meilleur, car le plus politiquement correct, pour rassembler au second tour en cas de duel avec Marine Le Pen. Encore faudrait-il que celle-ci y arrivât. Le FN croit-il encore possible une victoire en 2017 alors que les dernières régionales ont confirmé la persistance d’un plafond de verre ? Et qu’il n’est même pas certain qu’il réalise l’ambition, pourtant encore accessible, d’atteindre le second tour ? En l’état actuel des choses, l’oligarchie serait de toute façon gagnante dans les deux cas. La seule différence serait que, si Marine Le Pen est évincée, le nom de l’impétrant ne sera connu qu’au soir du second tour, et non du premier.

    Le FN se contente toujours de capitaliser sur le vote protestataire, qui croît en même temps que l’insatisfaction des Français. Pour vaincre, il lui faudra changer de culture, en termes de programme comme d’alliances. Il serait encore temps, même pour 2017. Mais le veut-il vraiment ? Nous y reviendrons. 

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

  • Le crime de Kamel Daoud

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Médias et politiques occidentaux se sont fourvoyés en voulant voir dans les « printemps arabes » les prémices d’un bouleversement démocratique : ils avaient méconnu les pesanteurs culturelles et politiques propres aux sociétés arabo-musulmanes. Aujourd’hui, l’intelligentsia française, dans un accès de dogmatisme inconditionnel, refuse d’admettre ce qui a pu se passer réellement le 31 décembre 2015 à Cologne : on ne peut condamner des migrants « musulmans », même si des violences sexuelles à l’encontre de femmes allemandes sont avérées. 

    Ils sont dix-neuf, dix-huit universitaires « chercheurs » et un journaliste, qui se sont érigés, derrière la dénomination bien commode de « collectif », en tribunal stalinien. Ces inquisiteurs de la pensée unique ont, à ce titre, jugé et excommunié (faute sans doute de pouvoir le faire fusiller ou, à tout le moins, envoyer au goulag) l’écrivain algérien francophone Kamel Daoud. Leur sentence (« Kamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés » - Le Monde, 11 février) est irrévocable car le crime de M. Daoud est impardonnable : avoir publié (Le Monde, 31 janvier) une tribune intitulée « Cologne, lieu de fantasmes » dans laquelle il n’applique pas aux événements leur grille de lecture, forcément canonique, osant faire en conséquence un lien entre la culture religieuse des agresseurs et la nature des faits. 

    La tribune de M. Daoud est pourtant plutôt équilibrée puisqu’il refuse par principe les deux positions extrêmes face à l’immigration musulmane - angélisme et xénophobie. Que dit M. Daoud ? Sur les Européens : « L’accueil du réfugié […] pèche en Occident par une surdose de naïveté : on voit, dans le réfugié, son statut, pas sa culture ». Sur les femmes en terre d’islam : « La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée ». Sur les islamistes : « L’islamiste n’aime pas la vie. Pour lui, il s’agit d’une perte de temps avant l’éternité […]. La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit d’une femme. » 

    Pour le « collectif », les réfugiés musulmans et agresseurs de Cologne ne sont que des hommes, des hommes dont aucun substrat culturel ne saurait expliquer le comportement : des hommes « hors sol » en quelque sorte, qu’il faut accueillir sans prétendre voir en eux ce que nous croyons qu’ils sont. Quant aux femmes, leur sort en Europe n’a au fond rien de bien enviable et nous n’avons, dans ce domaine, aucune leçon de comportement à donner. L’approche de M. Daoud serait « asociologique », car fondée sur l’essentialisme, et psychologisante faisant des musulmans des « déviants » qui relèveraient donc d’un « un projet disciplinaire » : on n’échappe ni à la pédanterie ni à la suffisance propres à toute analyse universitaire mais cette analyse ne tient pas devant des faits, devant les faits. 

    Jugé et condamné par des gens qu’il considérait peut-être comme ses pairs, M. Daoud a décidé de renoncer au journalisme. L’affaire en serait restée là si la romancière franco-tunisienne Fawzia Zouari, en prenant la défense de son confrère dans Jeune Afrique, Libération et France Inter, ne lui avait donné une dimension politique. Mme Zouari approuve M. Daoud sur les viols de Cologne, « conséquence logique d'une tradition » et d’« une psychologie de la foule arabe »; elle dénonce la « fatwa laïque » dont il est victime; elle reproche à la gauche française d'instaurer « une sorte d'honorabilité de l'islamisme en France »; elle affirme enfin et surtout « qu’il y a un problème posé par l’Islam de France ». 

    Rien de moins. Quoi que pensent ou puissent penser par ailleurs M. Daoud et Mme Zouari, ils auront eu le mérite de poser le vrai problème. 

  • Royautés & Société • Où la famille royale d'Espagne se veut toujours très catholique ...

     

    Malgré la laïcité constitutionnelle de l'Etat espagnol, qui reconnaît néanmoins à l'Eglise catholique une position particulière, la famille royale semble vouloir, quant à elle, rester fidèle à sa tradition catholique. Le reportage et les photographies qui suivent sont repris en totalité du site officiel de la monarchie espagnole, casareal.es.  LFAR

     

    « Besapié » de la statue de notre Père Jésus Nazaréen, Christ de Medinaceli

    Basilique de Jésus de Medinaceli. Madrid, 04.03.2016

    Sa Majesté la Reine Doña Sofia continue cette tradition de la famille royale.

    Sa Majesté la Reine Doña Sofia reste debout pendant quelques instants devant la statue du Santo Cristo de Medinaceli avant d'embrasser son pied.

    A son arrivée à la basilique, Doña Sofia a été reçue par le supérieur provincial de la communauté des Pères Capucins, le père Benjamín Echeverría ; le supérieur de la communauté des Pères Capucins, le père José María Fonseca ; le père Gregorio Blanco et le frère supérieur de la Confrérie de Jésus de Medinaceli, Manuel Torrijos. Puis, elle s’est dirigée par la nef centrale vers l'autel, où elle a embrassé pied du Saint Christ de Medinaceli et est demeurée face à la statue pour quelques moments de recueillement. Par la suite, sa Majesté la Reine Doña Sofia a eu l'occasion de saluer la communauté et le Conseil d'administration de l'Archiconfrérie par quoi sa sa visite s’est achevée.

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    Depuis plus de 300 ans, il est de tradition qu'un des membres de la famille royale se rende à la Basilique de notre père Jésus de Medinaceli le premier vendredi du mois de mars pour adorer le Christ de Medinaceli.

    Ces dernières années, en 2015, ce fut sa Majesté la reine Sofía qui s’est conformée à cette tradition ; en 2014, son Altesse royale l'Infante Doña Elena ; en 2013, sa Majesté la Reine Doña Sofia ; en 2012, son Altesse royale l'Infante Doña Elena ; en 2011, sa Majesté le roi Don Juan Carlos ; en 2010, ce fut son Altesse royale l'Infant Don Carlos ; en 2009, son Altesse royale l'Infante Doña Elena ; en 2008, son Altesse royale l'Infante Doña Margarita ; en 2007, son Altesse royale l'Infante Doña Cristina ; en 2006, sa Majesté la Reine Doña Sofia ; en 2005, sa Majesté le roi Don Juan Carlos ; en 2004, Don Felipe accompagné de Doña Letizia ; en 2003, sa Majesté le roi Felipe VI ; en 2002, son Altesse royale l'Infant Don Carlos ; en 2001, sa Majesté la Reine Doña Sofia ; en 2000, son Altesse royale l'Infante Doña Cristina ; en 1999, son Altesse royale l'Infante Doña Elena ; en 1998, son Altesse royale l'Infante Doña Cristina ; en 1997, son Altesse royale l'Infante Doña Margarita ; et en 1996, Don Felipe.Doña Margarita; y en 1996, Don Felipe. 

  • Brexit : Le souverainisme à la mode britannique ... Une vraie bonne nouvelle pour l'Europe ?

     

    La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est désormais une éventualité de court terme. Mathieu Bock-Côté estime [Figarovox - 24.02] qu'à leur manière bien singulière, les Anglais partisans du Brexit défendent le véritable esprit européen. Et lorsqu'il invoque la vie démocratique de l'Europe, c'est au sens des peuples, des nations, de leur pluralité. Il le fait en des termes et selon une conception de l'Europe, des sociétés et des nations, qui est aussi fondamentalement la nôtre. Sur ce même sujet, on pourra se reporter utilement au lundi de Louis-Joseph Delanglade publié ici-même le 29.02 : L’Union agonise ? Vive l’Europe !  LFAR

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgLa table est mise, les Britanniques se prononceront le 23 juin sur leur sortie de l'Union européenne. Les cyniques ont déjà leur formule toute trouvée : les Britanniques envisagent d'autant plus librement de sortir de l'Europe qu'ils n'y sont jamais vraiment entrés. Il n'en demeure pas moins que la vie politique européenne tournera pour les prochains mois autour de ce débat fondamental : est-ce qu'un État est en droit de sortir d'une association politique qui était censée représenter un grand bond en avant dans l'histoire universelle ? Est-il même en droit de définir selon ses intérêts nationaux spécifiques sa participation à une telle union ?

    Le sens de l'histoire, tel que l'interprétaient généralement les grandes figures de l'idéologie dominante, qui pousse à la dissolution des nations par le multiculturalisme et le globalisme, ne permettait pas cette prise au sérieux du fait national. Mais il semble que la liberté des peuples est encore capable de faire dévier l'inéluctable et que les grands processus historiques puissent se gripper quand la souveraineté s'en mêle. C'est d'autant plus vrai que la nation n'est pas une fiction idéologique, quoi qu'en pensent ceux qui y voient une construction sociale récente dans l'histoire du vieux continent, mais une réalité ancrée dans l'histoire. L'État-nation demeure l'horizon indépassable de la démocratie.

    On peut reprendre la formule aujourd'hui à la mode : de quoi l'Europe est-elle le nom ? Louis Pauwels, la grande figure historique du Figaro Magazine, au moment d'en appeler à voter contre Maastricht, en 1992, distinguait entre les européistes et les Européens. Les premiers, disait-il, s'attachaient à une chimère idéologique désincarnée qui n'avait d'européenne que le nom. Les seconds, en se portant à la défense des nations, défendaient la civilisation européenne à travers le cadre qui avait permis le développement de la liberté politique. Pauwels n'était pas le seul à penser ainsi, même si le souverainisme français de l'époque, qui ne portait pas encore ce nom, avait moins explicité sa vision de la civilisation européenne.

    À sa manière, c'est cette distinction qu'a reprise Boris Johnson, le maire de Londres, en contestant aux partisans de l'Union européenne la prétention à être les seuls défenseurs de l'Europe. Celui qui sera probablement la figure dominante du camp souverainiste, et qui lui donne un poids politique majeur, ne se laissera pas enfermer dans le mauvais rôle du Britannique insulaire seulement soucieux de cultiver son jardin. Il fait preuve d'un authentique cosmopolitisme. Il ne tolèrera manifestement pas l'étiquette d'europhobe que voudront lui coller ses adversaires et les commentateurs, qui ont décidé, en adoptant ce terme il y a quelques années, de psychiatriser la dissidence devant la construction européenne.

    Le souverainisme britannique est particulier : à la différence des autres pays d'Europe occidentale, il n'est pas canalisé ni confisqué par une force politique populiste, ou du moins, étiquetée comme telle. On ne saurait sérieusement faire du petit parti eurosceptique UKIP un parti d'extrême-droite, quoi qu'en pensent ceux qui n'en finissent pas d'étendre la définition de ce terme. Mais surtout, le souverainisme est très présent au sein du Parti conservateur même si ce dernier, pour l'instant, demeure sous l'autorité de son chef. Évidemment, David Cameron ne saurait être défini comme un souverainiste au sens strict, mais les conditions qu'il a posées pour rester dans l'UE rappellent une chose : l'adhésion à l'Europe n'était pas pour lui inconditionnelle.

    C'est une perle napoléonienne : un pays a la politique de sa géographie. Il ne peut s'en abstraire, même s'il n'en est pas prisonnier. C'est ce qui explique notamment que la Grande-Bretagne n'a jamais vu dans l'Union européenne autre chose qu'un grand marché auquel elle refusait son âme. La Grande-Bretagne appartient à la civilisation atlantique, et plus largement, à la civilisation anglo-saxonne. Pour Boris Johnson, la Grande-Bretagne serait plus forte délivrée des entraves communautaires. Elle renouerait avec une souveraineté lui permettant de conduire sa propre politique. À tout prendre, ses grands hommes politiques envisagent plus favorablement une éventuelle fédération des peuples de langue anglaise que d'unir son destin à l'Europe continentale.

    La possibilité d'une séparation britannique obligera l'Europe à réfléchir à son identité profonde et à la nature du projet politique qu'on porte en son nom. Depuis le refus, en 2005, d'intégrer la référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans la constitution européenne, c'est la vraie nature de la construction européenne qui s'est dévoilée. Elle entend moins constituer politiquement le vieux monde à travers un patriotisme de civilisation transcendant les nations sans les abolir, que bâtir une forme d'empire universel et humanitaire aux frontières indéfinies et prétendant embrasser théoriquement l'humanité entière. Cette posture suicidaire conduit inévitablement à un refus de l'idée même de frontière, puisque c'est la pluralité humaine qui est contestée.

    La crise des migrants des derniers mois a rappelé une chose : non seulement l'Europe n'a pas vraiment de frontières, mais elle n'en veut pas non plus. Elle aurait l'impression de trahir sa vocation humanitaire en distinguant entre l'intérieur et l'extérieur de la communauté politique. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de constater que plus la construction européenne avance, et plus elle croit devoir dissoudre la civilisation européenne. Dans le monde idéal des européistes, la citoyenneté devrait recouper l'humanité entière et la logique des droits de l'homme définir exclusivement la vie politique. À terme, cette philosophie politique désincarnée provoque la révolte des peuples.

    À sa manière bien singulière, la Grande-Bretagne se porte peut-être à la défense, en ce moment, du véritable esprit européen. Quel que soit le résultat du référendum, qu'on ne saurait sérieusement prophétiser plusieurs mois à l'avance, il aura au moins eu une vertu : rappeler que le politique peut surgir à tout moment dans la vie des peuples et jeter à terre les constructions idéologiques aussi artificielles qu'autoritaires. L'Europe ne saurait traiter ses peuples comme des provinces vassales. Parce qu'il redonne vie au politique et permet aux peuples de se le réapproprier, ce référendum représente une vraie bonne nouvelle dans la vie démocratique de l'Europe.

    FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté           

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

     

  • L’Union agonise ? Vive l’Europe !

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Les temps sont durs pour les idéologues utopistes qui persistent à confondre l’Europe avec la toujours plus improbable Union européenne. « Je n’aime pas Bruxelles. J’aime le Royaume-Uni », répète volontiers M. Cameron. Voilà qui tranche de façon salutaire avec les propos calamiteux de M. Guetta qui, fustigeant la « lâcheté » de gouvernements européens accusés de ne pas en faire assez pour les « migrants », conclut piteusement qu’« on voit mal comment une telle débandade ne déboucherait pas sur un « Brexit » et comment l’addition de ces deux échecs n’en précipiterait pas d’autres »  (France Inter, vendredi 26). Il est pourtant bien naturel que plus personne ne veuille de ce que M. Géli (Le Figaro) appelle un « espace de libre circulation à l'échelle du continent, devenu ticket d'entrée gratuite pour les réfugiés du Moyen-Orient et […] les exilés économiques venus de partout. » L’Union s’est en fait définitivement décréditée en acceptant et même en favorisant par l’attitude irresponsable de Mme Merkel ce que les peuples ressentent comme une invasion déguisée. Ce sursaut populaire et légitime de méfiance et d’hostilité prouve que les vieilles nations ne veulent pas mourir et même qu’elles sont les seules composantes de ce que devrait être la véritable Europe. Le péché originel de l’Union est de l’avoir oublié, en voulant croire que France ou Italie, Pologne ou Espagne pouvaient être considérées comme des Etats aux frontières géométriques et à l’Histoire inconsistante.  

    Certains peuvent bien penser que le « Brexit » ne changerait pas fondamentalement la situation des Britanniques, lesquels n’ayant jamais été complètement dedans ne seront sans doute jamais complètement dehors. De fait, l’important est plutôt dans les conséquences immédiates pour l’unité des vingt-huit au regard de l’alternative proposée. Première possibilité, la Grande-Bretagne sort par souci d’indépendance nationale (« Les lois qui gouvernent les citoyens de ce pays sont décidées par des politiciens d'autres nations qui n'ont pas été élus et que nous ne pouvons pas mettre à la porte », rappelle le garde des Sceaux, M. Gove), ce qui constituerait un précédent pour le moins fâcheux : on évoque déjà ainsi un possible « Czexit », comprenez un retrait de la République tchèque, si l’on en croit le Premier ministre, M. Sobotka (« Si la Grande-Bretagne quitte l’UE, [il y aura] un débat sur le retrait de la République tchèque », Agence CTK). Seconde possibilité, la Grande-Bretagne reste, grâce à ce que M. Cameron prétend avoir obtenu en matière de « préférence nationale », ce qui, pour le coup, constituerait une onde de choc encore plus dangereuse pour l’Union car plus question alors de menacer au nom de prétendues valeurs les pays qui rejettent la programmation d’une immigration invasive (comme la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie ou encore la Hongrie dont le Premier ministre, M. Orbán a d’ores et déjà annoncé un référendum sur les quotas de migrants). 

    Une Union européenne qui, dans les deux cas se déferait : pour une fois, M. Guetta pourrait avoir raison dans ses prédictions; et ce serait tant mieux, tant il est évident que l’Union n’est qu’une grossière caricature et que l’Europe ne peut avoir d’existence que sur la base de son essence même c’est-à-dire les nations qui la composent. 

     

  • Union européenne : Citoyenneté à vendre

     

    par François Reloujac

     

    Le 15 février dernier, Jean-Pierre Robin expliquait dans le cahier économique du Figaro que les États étaient « de plus en plus nombreux à monnayer leur citoyenneté ». En sous-titre de son article il écrivait : « La nationalité est une marchandise comme les autres, constate le FMI ».

    Et pour illustrer son propos, le journaliste donnait quelques exemples chiffrés. Pour devenir maltais, le tarif semble élevé : 1,15 millions d’euros d’investissement plus un versement de 650 000 euros à un Fonds national et social de Développement. Pour obtenir un passeport chypriote, il faut payer un peu plus cher : 2,5 millions d’euros. Mais, si Malte oblige le postulant à résider au moins six mois par an dans l’île, aucune obligation de la sorte ne pèse sur celui qui veut acquérir le droit de cité à Chypre.

    « Près de la moitié des pays de l’Union européenne, dont la plupart en zone euro, ont adopté depuis 2009 de tels systèmes en faveur des investisseurs immigrants », selon la terminologie du FMI ! La France s’y est mise aussi : il suffit de débourser la modique somme de 10 millions d’euros. Pour ce prix-là, il n’est pas précisé si les autorités nationales exigent de connaître exactement l’origine des fonds. Comme la majorité des « investisseurs immigrants » accueillis au Portugal ou au Royaume-Uni par exemple seraient d’origine chinoise, il n’est pas douteux que ce contrôle serait chose aisée.

    Le débat qu’a connu la France à l’époque de Giscard d’Estaing sur le droit du sang ou le droit du sol paraît quelque peu surréaliste à l’époque où nous en sommes au droit du fric. Aujourd’hui on se demande comment un simple magistrat pourrait prononcer sans arrière-pensée la déchéance de nationalité d’un individu qui aurait investi une somme pareille.

    La volonté de vivre ensemble, le partage de traditions communes, la responsabilité de la vie publique, la solidarité nationale ont désormais laissé la place à une valeur marchande. Et lorsque l’on investit ainsi dans un État membre de l’espace Schengen on peut venir s’installer dans n’importe quel État signataire de cet accord. Sans compter que celui qui en a les moyens peut s’acheter ainsi trois, quatre, cinq nationalités, ou plus. Rien n’interdit non plus aux personnes ayant de mauvaises intentions d’acheter des nationalités dans des pays qui ne sont pas liés par des accords d’extradition mutuelle.

    Le journaliste du Figaro nous apprend qu’en la matière, « les États-Unis et le Royaume-Uni ont été les précurseurs ». On s’en serait douté ! « Dès 1990 et 1994, ils ont respectivement lancé des « programmes de résidence » et pour des seuils d’investissement plutôt modestes (500 000 dollars et 1 million de livres) ».

    La seule chose qui étonne vraiment quand on découvre ce marchandage, c’est que ni le FMI, ni la BCE, ni l’eurogroupe n’ait songé à l’imposer à Alexis Tsipras pour aider la Grèce à rembourser ses créanciers. Peut-être avaient-ils peur que les Grecs ne cassent les prix et que cela donne des idées aux Espagnols ou aux Italiens. On pourrait aussi suggérer à François Hollande de faire déposer un projet de loi pour étendre à cette marchandise la pratique des soldes biannuels. Avec 70 % de remise, on aurait peut-être du succès. 

  • La Belgique rétablit les contrôles à sa frontière avec la France ... Frontières partout !

     

    C'est une information qui tombe mardi 23.02, dans l'après-midi... Question simple : Que reste-t-il de Schengen ?

  • La Commission européenne commence à craquer

     

    par Louis Anders

    « L’Union ne se trouve pas dans un bon état », a déclaré le 15 janvier le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, devant un parterre de journalistes accrédités, n’hésitant pas à évoquer « le début de la fin ».

    La Commission européenne, davantage prompte à la dénégation, a laissé échapper un premier signe d’essoufflement dans sa volonté de créer un État centralisé sur le continent. Relatant l’année 2015, qui a vu en Europe l’arrivée d’un gouvernement eurosceptique en Grèce puis sa mise sous tutelle, l’entrée massive d’immigrés illégaux accueillis à bras ouverts par l’Allemagne, et deux massacres islamistes inédits en plein Paris, le président de la Commission s’est dit « impressionné par le nombre de fragilités » et les « ruptures » apparues au sein de l’Union européenne.

    Inquiet sur l’euro, entre autres…

    La récente arrivée d’un pouvoir souverainiste en Pologne a avivé davantage les craintes de Jean-Claude Juncker, dont la Commission a entamé en ce mois de janvier une procédure de surveillance pour éviter qu’un second pays d’Europe centrale n’échappe à son emprise (après la Hongrie).

    « Ma génération n’est pas une ‘génération de géants’ », est allé jusqu’à se plaindre le président de la Commission européenne dans un étrange élan de faiblesse.

    Concernant l’euro, l’homme a montré son inquiétude. « A quoi bon avoir une monnaie unique si nous ne pouvons pas voyager librement ? Schengen [les clauses qui permettent un rétablissement aux frontières nationales] risque de mettre fin » à la monnaie unique.

    2016, année-charnière pour l’UE ?

    L’ancien premier ministre du Luxembourg, où nombre de multinationales cotées ont déplacé leurs sièges pour des raisons fiscales et où est logée l’une des plus grandes chambres mondiales de compensation entre comptes (la très opaque Clearstream), possède-t-il des informations sur l’état financier de l’Union ?

    Comme pour faire écho à ses craintes, les 18 et 19 janvier ont vu un début de panique sur plusieurs banques italiennes, dont les obligations et les actions ont été massivement vendues, provoquant des suspensions de cotation. Un événement propre à intensifier les risques de fracturation financière dans la zone euro.

    2016 : année du début de la fin pour la Commission européenne ? 

  • L'ASSOURDISSANT SILENCE DES FÉMINISTES FRANÇAISES

     

    Une insolence d'Eric Zemmour légitime et argumentée. Mais les consciences selon la doxa sont sélectives et leurs indignations ne sont rien d'autre qu'idéologiques.

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgElles se taisent. Et quand elles parlent, c'est pire. Depuis la révélation des violences commises à Cologne, pendant la nuit de la Saint-Sylvestre, par des nuées de migrants sur des femmes allemandes esseulées, les féministes se tiennent coites. Nos grandes consciences progressistes, nos suffragettes, nos chiennes de garde, nos « Osez le féminisme ! », nos Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira, nos théoriciennes de la théorie du genre, nos statisticiennes des quotas, qui voyaient des viols partout et l'égalité nulle part, font assaut de discrétion. Comme si devant la vraie violence, et non pas celle qu'elles inventaient, elles revenaient à l'antique conseil de leurs arrière-grands-mères : sois belle et tais-toi !

    Il faut dire que les médias ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour cacher la réalité. Autrefois, la rumeur était mensonge et l'information vérité : désormais, la rumeur est vérité, que censurent les médias si elle ne se soumet pas à la doxa totalitaire du « vivre-ensemble dans la diversité ». Les féministes ont la même pudeur que leurs consoeurs des médias, écartelées qu'elles sont entre leur solidarité avec les prétendues victimes de l'Histoire et la défense des droits des femmes. Déjà, lors des querelles françaises sur le voile, elles n'avaient pas pu cacher leur gêne. Pour protéger l'islam, sacro-sainte « religion de paix et d'amour », elles avaient cru habile de mettre tous les péchés du monde sur les épaules de la « culture patriarcale » qui imprégnait encore ces populations venues d'ailleurs. Depuis Cologne, c'est de nouveau la petite musique que certaines essaient de faire entendre. Comme si la culture patriarcale des Italiens du Sud, des Grecs, des Corses ou des anciens pieds-noirs était connue pour ses viols massifs. Comme si le patriarcat - couplé avec le christianisme dans nos contrées - n'avait pas été avant tout une répression - excessive, avait jugé Freud ! mais civilisatrice des instincts !

    La leçon est rude : cette folie prédatrice dans les rues de Cologne nous ramène à l'aube de l'humanité, quand la femme était considérée comme une prise de guerre par des armées d'envahisseurs qui marquaient ainsi leur souveraineté sur le territoire qu'ils conquéraient. Dans toutes les guerres, les viols de masse ont accompagné l'avancée des troupes : rien que durant la Seconde Guerre mondiale, on se souvient des viols de femmes russes par les troupes allemandes en 1941, de femmes allemandes par les troupes russes en 1944, ou encore - moins connu, de femmes italiennes par les troupes françaises des tabors marocains après la bataille de Monte-cassino en 1944. Le silence assourdissant des féministes vaut aveu : leur prétendu amour des femmes libres était seulement une haine inexpiable du mâle blanc. A croire que ce n'était pas sa suprématie qu'elles contestaient, mais sa domestication ; pas sa force, mais sa faiblesse. 

    Figaro magazine du 15.01.2016

     

  • Cologne : où sont passées les féministes ?

     

    Mathieu Bock-Côté voit dans les viols de Cologne la face cachée de la légende du « vivre-ensemble diversitaire ». Il s'étonne aussi du traitement médiatique de ces agressions massives. Il poursuit surtout sa dénonciation du multiculturalisme. Et sa défense des nations d'Europe. Une fois de plus, nous sommes en parfait accord avec le fond même de sa réflexion. LFAR

     

    3222752275.jpgL'information circulait depuis quelques jours sur Internet sans qu'on ne parvienne vraiment à la valider: y avait-il eu vraiment une vague massive d'agressions sexuelles sur les femmes à Cologne, la nuit de la Saint-Sylvestre, par des migrants ou des bandes d'origine étrangère ? Il a fallu que la rumeur enfle suffisamment pour que les autorités reconnaissent les événements et que le système médiatique consente à rendre compte du phénomène, dont on ne cesse, depuis, de constater l'ampleur, tellement les témoignages accablants se multiplient à la grandeur de l'Allemagne.

    On peut voir là une preuve de plus de la tendance du complexe médiatico-politique à filtrer les mauvaises nouvelles idéologiques qui peuvent, d'une manière ou d'une autre, compromettre la légende du vivre-ensemble diversitaire. Pour éviter que le peuple ne développe de mauvais sentiments à son endroit, on traitera les mauvaises nouvelles le concernant en les désamorçant le plus possible et en multipliant les mises en garde contre les amalgames. On les réduira à des faits divers, sans signification politique, et on ne commentera les événements qu'avec la plus grande prudence.

    On est loin du traitement de la photo déchirante du petit Aylan Kurdi mort sur la plage qui avait suscité une émotion immense dans les pays occidentaux, d'autant plus que les médias se livrèrent alors sans gêne à une séance de culpabilisation massive, comme si ce petit être au destin si atroce représentait à lui seul l'ensemble de la crise migratoire. À ce moment, l'amalgame était permis : tous les migrants étaient Aylan Kurdi. Chaque segment de la société devait céder à l'impératif humanitaire, ce qui n'est pas sans rappeler la formule d'Elie Halévy, qui voyait dans « l'organisation de l'enthousiasme » une marque distinctive du totalitarisme.

    Pour peu qu'on y réfléchisse, la nouvelle des agressions de Cologne représente l'envers absolu du grand récit de l'ouverture à l'autre, où ce dernier est chanté à la manière d'un rédempteur. On somme les sociétés occidentales d'embrasser une diversité qui pourrait les régénérer de l'extérieur, d'autant qu'elle serait toujours une richesse. On voit désormais qu'elle peut aussi prendre le visage d'une barbarie agressive, où des bandes organisées entendent imposer leur présence sur le territoire, avec la plus archaïque et la plus primitive des techniques de guerre, celle de la prise des femmes, à qui on indique qu'un nouveau pouvoir s'installe et qu'il s'exercera d'abord sur elles.

    C'est une régression civilisationnelle épouvantable qui heurte nos valeurs les plus intimes. La femme, ici, redevient une prise de guerre, comme un bien à prendre. On ne peut parler de simple délinquance. Qu'il s'agisse de bandes organisées ou non n'est pas l'essentiel. C'est d'une offensive brutale, dont on doit parler, où on cherche consciemment ou inconsciemment à faire comprendre à l'hôte qui est le nouveau maître des lieux. Il ne s'agit évidemment pas de faire porter la responsabilité de ces agressions à l'ensemble des migrants, ce qui serait aussi faux que cruel et imbécile. Mais manifestement, parmi ceux-ci, on trouve un nombre significatif de jeunes hommes qui arrivent en Europe avec une attitude conquérante et prédatrice.

    Le déni des cultures, qui laisse croire qu'il suffirait de quelques règles juridiques fondées sur les droits de l'homme pour permettre aux gens de toutes origines de cohabiter, pousse à une politique d'une irresponsabilité criminelle. Qu'on le veuille ou non, toutes les cultures ne sont pas interchangeables et elles peuvent entrer en friction. Une communauté politique est aussi une communauté de mœurs. Quoi qu'en pense Angela Merkel et les autres dirigeants de l'Europe occidentale, on ne fait pas entrer dans un pays des centaines de milliers de personnes aux mœurs étrangères sans provoquer un choc culturel ou si on préfère, un choc de civilisation.

    Devant cette agression, un désir de soumission avilissant se fait entendre. La mairesse de Cologne, Henriette Reker, a ainsi invité les femmes à adapter leurs comportements aux nouveaux venus. Elles devraient garder plus d'un bras de distance pour ne pas exciter des hommes qui ne sont pas encore habitués à la liberté sexuelle caractérisant la modernité occidentale. Les femmes sexuellement libérées sont-elles responsables de l'agression qu'elles subissent ? Henritte Reker les invitera-t-elle demain à porter le voile pour faire comprendre qu'elles respectent les nouveaux codes de la pudeur multiculturelle et qu'elles sont vertueuses ? Le multiculturalisme se présente ici plus que jamais comme une inversion du devoir d'intégration.

    On se demande ce qu'il faudra encore pour que les sociétés occidentales constatent à quel point l'utopie multiculturaliste pousse au désastre. Se pourrait-il que leurs élites politiques se croient engagées dans un processus inéluctable, pour le meilleur et pour le pire, et qu'elles se contentent, dès lors, de chercher à limiter ses effets néfastes. À bon droit, même si elles le font quelquefois avec une brutalité dérangeante, certaines petites nations d'Europe préfèrent fermer leurs frontières devant la déferlante migratoire, d'autant que le spectacle de l'immigration massive à l'Ouest de l'Europe n'a rien pour les convaincre des vertus de la société multiculturelle.

    Mais on ne leur permet pas. On connaît la doctrine de la souveraineté limitée, qui sous Brejnev, accordait une certaine autonomie aux pays sous sa domination sans leur permettre de s'affranchir du bloc de l'Est ou des principes du socialisme. L'Allemagne l'a récemment réinventée à l'endroit des petites nations d'Europe de l'Est qui ne voulaient pas se plier à l'impérialisme humanitaire germanique, comme si l'Allemagne voulait laver son passé en s'immolant au présent. Chaque nation, apparemment, devrait être entraînée dans cette mutation identitaire majeure à l'échelle d'une civilisation.

    Les gardiens du nouveau régime multiculturaliste ne veulent pas croire qu'ils pilotent allègrement nos sociétés vers quelque chose comme une guerre civile inavouée mélangée à un choc des civilisations. Ces termes sont peut-être exagérés - ou pas. Mais une chose est certaine, ce n'est pas en laissant croire que le régime multiculturaliste accouchera tôt ou tard d'un paradis diversitaire qu'on calmera les angoisses des peuples européens. Les tensions sociales se multiplieront. Cela nous ramène à la question première de la philosophie politique, soit la sécurité élémentaire des sociétaires. Celle des femmes européennes n'est manifestement plus assurée. 

    * FigaroVox [11.01.2016]

    Mathieu Bock-Côté                       

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

     

  • László Trócsányi : « Bruxelles bafoue la souveraineté des Etats »

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    626951329.jpgAncien ambassadeur de la Hongrie en France, László Trócsányi est aujourd’hui ministre de la Justice dans le gouvernement hongrois du Premier ministre Viktor Orbán. Il est donc en première ligne dans la gestion de la crise migratoire qui ébranle l’Europe et les institutions européennes.

    Quelle est votre réaction après les attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre ?

    La stupéfaction évidemment. C’est non seulement votre pays qui a été visé mais c’est aussi, à travers lui, nos valeurs, l’ensemble de nos démocraties européennes. Les attentats du vendredi 13 novembre ont provoqué de la terreur dans la société.

    Certains de ces terroristes seraient passés par la Hongrie en se mêlant aux réfugiés…

    Voilà le problème. Il est évident qu’aucune administration n’est capable de faire face à un afflux de plus d’un million de personnes. Il est tout à fait probable que des terroristes se fondent dans la masse des réfugiés. Malheureusement, les institutions européennes ont tardé à réagir, et l’Europe donne l’impression de courir après les événements. Dans l’urgence, les chefs d’état européens ont multiplié les réunions afin de trouver des solutions à cette crise sans précédent. Cela fait des belles photos dans les journaux, mais il aurait été préférable d’agir avant que la situation devienne si difficilement contrôlable.

    Votre pays est très critiqué pour sa gestion de cette crise migratoire…

    La Hongrie est victime de caricatures malhonnêtes alors qu’elle ne fait qu’assumer la difficile mission de protéger les frontières de l’Europe en tant que pays extérieur de l’espace Schengen. Elle s’attache à l’intégrité territoriale, élément fondamental de la souveraineté, et elle pense qu’un État doit toujours être en mesure de contrôler qui peut venir sur son territoire. D’autant plus qu’un tel contrôle est prévu dans le Code des frontières Schengen, et doit donc être effectué par tous les pays membres en vue de contribuer, notamment, à « la lutte contre l’immigration illégale ». Or, face à la crise migratoire qui se profilait, Bruxelles a prétendu agir seul, bafouant la souveraineté des états membres pourtant parties prenantes dans cette affaire.

    La Commission a tenté de mettre en place un système de répartition des migrants entre les états membres. Ce que le groupe de Visegrád, dont vous faites partie, a refusé…

    Le système de quotas que la Commission européenne a tenté d’imposer sans demander l’avis de quiconque est brutal et coercitif. Il ne tient compte ni de la liberté individuelle des migrants, ni de la souveraineté des états membres. C’est un procédé technocratique coupé de la réalité. Il ne suffit pas de répartir les migrants comme des pions sur une carte de l’Europe étalée devant soi pour résoudre le problème. La Commission a voulu montrer qu’elle maîtrisait la situation. Mais en procédant de façon abrupte et péremptoire, elle a affaibli la confiance dans les institutions européennes. Le résultat c’est que ce sont les accords de Schengen qui pourraient être remis en cause. Ce serait un énorme coup dur pour toute l’Europe, y compris bien évidemment pour l’Europe centrale et la Hongrie.

    Et l’érection de murs aux frontières avec la Serbie et la Croatie. était-elle indispensable ?

    Dans la confusion générale, il fallait réagir. Les migrants traversaient des propriétés privées, ce qui créait des tensions avec les riverains, tensions attisées par le Jobbik, l’extrême-droite hongroise… Ne cachons pas la poussière sous le tapis : si nous cédons au politiquement correct qui sévit dans une partie de la presse d’Europe occidentale, nous cédons du terrain sur le plan politique dans notre pays. Le gouvernement de centre-droit auquel j’appartiens a donc décidé, à contre-cœur, de dresser une clôture à la frontière avec la Serbie et avec la Croatie pour pouvoir rétablir un contrôle effectif. Mais nous avons également installé des centres de transit qui permettent d’enregistrer les demandeurs d’asile – formalité prévue par la « directive procédures ». Depuis que ces décisions ont été prises, les migrants contournent notre pays en passant par la Slovénie, ce qui pose tout de même des questions sur leur volonté de coopérer avec les autorités européennes. Toujours est-il que la Hongrie a enregistré un nombre record de migrants, 180 000 personnes à ce jour. Cela aussi nous est reproché : les prises d’empreintes digitales sont présentées comme « inhumaines ». Mais, que je sache, la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace Schengen est réservée aux seuls ressortissants des états membres. Si personne ne respecte les règles censées régir l’Union européenne, à quoi sert-il d’en édicter ?

    La responsabilité de l’Allemagne, ouvrant grand ses portes puis les refermant précipitamment, n’est-elle pas écrasante ?

    La situation politique allemande, avec un gouvernement issu d’une large coalition, est complexe et alourdit les processus de décision. Mais il est évident que personne n’a vocation à accueillir « toute la misère du monde » comme l’a dit un jour un homme politique français. Prétendre le contraire n’est pas raisonnable. C’est une question de volume et d’intégration. J’ai vu en France, dans une ville comme Saint-Denis, les tensions qui peuvent exister entre communautés repliées sur elles-mêmes… à notre avis, il serait irresponsable de vouloir reproduire ce modèle partout en Europe. D’autant plus que la Hongrie n’a pas les mêmes liens historiques et intérêts stratégiques dans les régions d’origine de ces migrants que certains autres pays…

    Les pays de l’Europe centrale s’opposant aux décisions unilatérales des institutions européennes… N’y-a-t-il pas là les prémices d’un conflit à venir au sein de l’Europe ?

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    Budapest - Le Parlement de Hongrie

    Cette crise a ouvert un conflit entre quelques-uns des états membres et les institutions bruxelloises sur la question de l’intégration européenne. D’un côté, la Commission entend assumer davantage de pouvoir. De l’autre, des pays comme la Hongrie souhaitent que les nations conservent leur souveraineté tout en reconnaissant qu’il faut travailler ensemble sur certaines compétences. J’irai même plus loin en affirmant que la démocratie en Europe sortirait grandie d’un renforcement du rôle des états dans les institutions européennes. Car que fait-on des parlements nationaux dans le cadre actuel ? Deux visions s’opposent donc. Et dans ce grand débat sur l’avenir de l’Europe, la Hongrie compte bien faire entendre sa voix qui est celle de l’Europe des Nations. 

    Rédacteur en chef de Politique magazine

  • Les vœux d’Angela sous-titrés en arabe ... « Soumission » ?

     

    Afin « d’atteindre de nombreux réfugiés », la chaîne publique ZDF a sous-titré ses vœux, comme ceux du président fédéral, en anglais et… en arabe ! Voici ce qu'en a dit Caroline Artus, dans Polémia. Sans-doute sur le ton nécessairement simplificateur de la polémique ... mais, en l'occurrence, l'exaspération est compréhensible ... LFAR

    Pour nos amis allemands patriotes aussi, l’année 2015 s’est terminée encore plus mal qu’elle avait commencé. Non seulement leur pays s’est vu « gratifié » d’un million cent mille réfugiés – du moins, prétendus tels par leurs autorités, chiffre quatre fois supérieur à celui de 2014 – mais ils viennent de subir le pire affront qu’un élu au sommet d’un État puisse infliger à sa nation : l’humiliation par le double jeu, le double fardeau du sacrifice et de la culpabilisation.

    Les vœux d’Angela Merkel pour ses compatriotes ? Qu’ils acceptent bien gentiment les migrants, sans broncher, même si « cela va coûter de l’argent […] » parce qu’« il est évident que nous devons aider et accueillir ceux qui cherchent un refuge chez nous ».

    Évident pour qui, donc ? Sans aucun doute pour Peter Sutherland – ex-directeur de l’OMC, ex-commissaire européen à la concurrence, ex-directeur de Goldman Sachs, mais actuel membre du groupe Bilderberg, directeur de la Trilatérale, conseiller spécial de l’ONU pour l’immigration ainsi que conseiller au Vatican – qui, dans une récente interview sur le site de l’ONU, préconise pour l’Allemagne en particulier, mais pour quasiment chaque pays d’Europe, d’accueillir plus d’un million de migrants par an sur les trente prochaines années. Autrement dit, avec d’un côté de faibles taux de natalité, et de l’autre un taux vigoureux, dans 30 ans, les Européens ont toutes les chances d’être devenus les indigènes dans leurs propres pays…

    Pas évident, en tout cas, d’après les estimations de la Bundesbank (la banque centrale allemande), de continuer de faire rentrer des millions de réfugiés dans le pays, puisqu’elle souligne les « qualifications faibles » et des « barrières linguistiques » et évalue à 70 % le nombre de migrants au chômage en Allemagne.

    Alors Angela, née d’un père pasteur et communiste, en Allemagne de l’Est, celle qui abhorre la culture de « démocratie par la base », comme l’écrira le tempsreel.nouvelobs.com, en 2013, a agité la grosse ficelle. Les Allemands patriotes sont des gens « au cœur froid ou plein de haine » [qui] se réclament eux seuls de l’identité allemande et veulent exclure les autres ». Parce que « les réfugiés sont une chance » pour l’Allemagne. Du Hollande dans la langue de Goethe !

    Et pour bien montrer, à ces Allemands-là, ceux qui tirent le diable par la queue, ceux qui ont l’outrecuidance d’aimer leur pays et de préférer les leurs à ceux venus d’ailleurs en si grand nombre en aussi peu de temps, bref, à tous ceux qui rechignent à sacrifier leurs économies, à se laisser effacer, Angela vient de leur jouer un tour de cochon, si j’ose dire. Afin « d’atteindre de nombreux réfugiés », la chaîne publique ZDF a sous-titré ses vœux, comme ceux du président fédéral, en anglais et… en arabe !

    Mieux : à partir du 4 janvier, les actualités allemandes « Heute » (celles de 17 heures… pour commencer) ainsi que d’autres émissions de la chaîne appliqueront systématiquement les nouvelles directives. Comprenez : le public devient cosmopolite.

    Et si François Hollande, pour sa (possible et espérée) dernière année, s’en inspirait ? Une idée pour provoquer dans la France entière un électrochoc ? On ne sait jamais…

    Allez, Frohes Neues Jahr ! 

    Polémia