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La République, l'Europe, le monde

Sommet européen de Bruxelles. Attitude ridicule, langage amphigourique, Hollande tel qu'en lui-même.

 

ANALYSE. Le monde politicien, président en tête, a les yeux fixés sur 2017, alors que le ciel de 2016 s'alourdit déjà de mille menaces plus inquiétantes les unes que les autres.

Par Hilaire de Crémiers

 

hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLa Ve République n'est plus qu'une IVe finissante. À moins qu'elle ne connaisse un effondrement tragique et soudain comme la IIIe sous quelques coups de boutoir, financier, économique, social, politique, terroriste, tout à la fois peut-être, avec des risques trop certains d'affrontements multiples et d'éclatement national.

Le dernier remaniement gouvernemental ne manifeste aucunement un souci d'intelligence nationale. Les noms des entrants en sont à eux seuls une preuve. Qu'est-ce donc qu'Ayrault ? Et Cosse ? Et Placé ? Même les socialistes les plus guindés se sont esclaffés devant ces choix d'un ridicule achevé. Tout le monde a compris qu'il ne s'agit pour Hollande que de préparer 2017 : 38 ministres et secrétaires d'État ! Uniquement pour tenter de se recomposer une base électorale ! Quand on sait ce que coûte réellement un ministre avec tous les frais afférents... et quelle escroquerie recouvrent les organigrammes de tous ces ministères plus ou moins « bidon » où se niche la clientèle et où prospère le copinage !

LA TARTUFFERIE POLITICIENNE

Ajoutez-y les régions nouvellement recomposées et qui ne l'ont nullement été en vue de répondre à des réalités historiques, économiques et sociales, mais parce qu'elles sont devenues - et plus encore qu'avant comme l'ont montré les dernières élections - des échelons de pouvoir dans des configurations uniquement partisanes avec tous les tripatouillages et toutes les manigances qui s'imposent en pareil cas. Le clientélisme y règne évidemment comme à tous les innombrables étages de l'organisation territoriale. Nombre de maires, en ce moment, sont vent debout, eux qui cherchent à sauver leurs terroirs et qui luttent contre les stipendiés de la politicaillerie et de la finance crapuleuses, liguées pour faire main basse sur tout ce qui vit encore. Personne ne les écoute.

Quelle administration équitable et efficace peut résister aux miasmes d'un si mauvais esprit ? Les résultats sont là ; la France se meurt; la France réelle : le monde paysan dont les politiciens - le ministre de l'Agriculture en premier - « se foutent » littéralement, sauf en périodes électorales, le monde du commerce et de l'artisanat qui n'intéresse en rien les prébendés de la République, le monde industriel sacrifié sur l'autel de la pseudo-concurrence et bradé toujours aux moindres coûts, sauf les pôles d'excellence qui, par nature, échappent heureusement à l'incompétence des carriéristes de la médiocrité républicaine.

Autant François Hollande a tenu bon face aux familles françaises quand il s'est agi de détruire la famille avec son mariage pour tous et tout ce qui s'ensuit dans l'ordre de la filiation, autant, après avoir fait semblant, comme son maître Mitterrand, de déclarer.la guerre à l'argent, il s'essaye depuis 2014 à se rabibocher avec tout ce qui peut compter financièrement et économiquement en vue des élections présidentielles. En politicien avisé, il a toujours été en symbiose avec un certain monde du « fric », celui qui n'a ni foi ni loi, celui qui tient les médias, celui qui anime une certaine finance qui se moque de tout. Le « Hollande socialiste » est une sorte d'oxymore aussi comique que naguère le « Mitterrand socialiste » et ami des communistes. Ces bourgeois, très bourgeois, qui jouent les « partageux » n'ont jamais rien partagé de leurs propres biens, ni coupé leurs manteaux, au grand jamais ! En revanche, ils ont fort bien disposé du bien d'autrui, mis en coupe réglée le pays, pillé les poches des contribuables pour payer leurs largesses ! Qui ne se souvient de ces étranges financiers qui ont soutenu Hollande en 2012 et qui avaient acheté une bonne partie de la presse d'opinion à cet effet ? Ils sont toujours là et ils veillent.

OPPORTUNISME RÉPUBLICAIN

Le prétendu retournement de 2014 s'explique fort bien, quand on connaît le personnage et son entourage. C'est une politique voulue : le montage, d'ailleurs stupide, du CICE, l'arrivée de Valls, la venue de Macron, la loi Macron dite de libéralisation économique, les engagements contre le terrorisme, la loi sur le renseignement pour se donner l'allure martiale, l'état d'urgence et sa possible constitutionnalisation, enfin, comme un bouquet final, la loi El Khomri de réforme du Code du travail qui sera présentée au Conseil des ministres début mars et qui, déjà, fâche les socialistes... vraiment socialistes ! En fait, Hollande se « recentre », tout en continuant à assurer qu'il est de gauche. Ô sublime habileté ! Il prendrait exemple sur Schröder en Allemagne. En réalité, plus simplement, comme ses prédécesseurs des IIIe et IVe Républiques, après avoir usé jusqu'à la corde les antiques oripeaux du socialisme et la tunique archaïque du radicalisme, selon la bonne vieille loi d'évolution de tout politicien de service en France, il revêt maintenant l'habit plus seyant du libéralo-conservatisme et de l'opportunisme républicain, à la manière, jadis, des Ferry, des Millerand, des Briand, des Clemenceau, des Sarraut, des Doumergue, des Blum même, des Auriol, des Mendès, des Mollet. Valls est sur la même partition, en plus vigoureux, au cas où Hollande ferait soudain défaut. Alors, primaire à gauche ? Cambadélis en est réduit à l'offrir à Hollande à son choix, alors que la France atterrée se rend compte à l'évidence que le bonhomme, toujours grotesque dans son attitude et embarrassé dans sa rhétorique, n'a jamais eu l'étoffe ni le langage d'un chef d'État !

Dans ces circonstances, alors que la situation empire, les candidats de droite se durciraient-ils ? Ils envisagent des réformes au pas de course comme en rêvaient déjà dans les années 3o, avec le succès que l'on sait, les Tardieu, les Doumer, les Daladier et les Reynaud, juste avant guerre, juste avant le désastre mille fois prévisible ?

Nos caciques d'aujourd'hui sont tels que leurs prédécesseurs ; ils veulent réformer l'irréformable à coups d'ordonnances, de 49-3, comme, autrefois, on le faisait à coup de décrets-lois. Quelle illusion aujourd'hui comme hier ! Rien ne résistera aux évènements. Leur catéchisme républicain est déjà pulvérisé. En habitudinaires, ils n'appréhendent pas ce qui se passe autour d'eux. Les jeunes générations les quittent, physiquement, politiquement, moralement. Les Français les méprisent. L'Europe les lâche, l'Angleterre d'abord, les pays de l'Est ensuite, bientôt, parions-le, l'Allemagne et les pays du Nord pendant que le Sud fera faillite. L'islamisme leur sautera de nouveau au visage alors qu'ils en nient encore l'existence ; les flux migratoires, les villes survoltées, les banlieues incontrôlées les submergeront ; l'Union européenne, sur qui ils ont tout misé, va leur exploser à la figure et, peut-être, en même temps, la finance mondiale, la leur, d'ailleurs, en premier lieu, tandis que le monde instable et fou qu'ils ont contribué à créer, les laissera tout simplement tomber et, sans doute, les accablera dans leur désastre. Le sage Montaigne disait déjà de ceux qui de son temps prétendaient tout sauver par la hardiesse de leurs discours, qu'il convenait d'abord de réfléchir aux conditions nécessaires du redressement : « La décharge du mal présent n'est pas guérison, s'il n'y a en général amendement de condition ».

 

Commentaires

  • Merci monsieur De Crémiers. Tout est dit, A archiver. Cela va resservir sous peu ...

  • La Vè république est peut-être une IVè finissante, et même si elle connaissait un effondrement brutal il n'y aurait même pas un printemps monarchique et royal dans la mesure où le Chef de la Maison de France n' a jamais rien fait pour la cause qu'il est censé incarner, et le Prince Jean prend le même chemin que son père!

  • Le Comte de Paris dispose d'un site bien fait: la Couronne. Il intervient régulièrement à propos de l'actualité. Les Princes ne sont jamais invité à la télévision où se formate l'opinion .Ils ne peuvent compter que sur leurs amis.. Cela dit, tout peut aller très vite ( voir Mai 1958). Les partis politiques ne survivent que gràce aux média. Les Français n'y croient plus et s'interrogent.

  • C'est très vite fait de dire que les Princes ne font rien. Et ça dispense les royalistes, individuellement et collectivement, de s'interroger sur la qualité, l'intelligence, l'ampleur de leur action. D'autre part, c'est faux. La première qualité pour les Princes, c'est d'exister en tant que tels, de maintenir la tradition qu'ils incarnent, de perpétuer le recours qu'ils continuent d'être pour la France, lorsque les circonstances se présenteront. Le reste, c'est l'esprit de critique systématique et de râlerie propre aux Français.

  • Je partage l'analyse d'Hilaire de Crémier, et plus encore le profond dégout qu'inspire cette caste de seigneurs pillards installées dans les ors d'une République qu'ils instrumentalisent au gré de leurs intérêts. Le monde ne va pas suffisamment bien pour que des pseudo-dirigeants puissent s'exonérer ainsi, par des faux-semblants, des devoirs de leur état. Hollande et son gang, car c'est bien de cela qu'il s'agit, représentent ce qu'il y a de plus cupide, malhonnête, et incompétent en matière de gouvernement, en France, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La dérive entropique des systèmes politiques est en France particulièrement visible, dans l'immobilisme constaté des domaines économiques et régaliens, joint à un activisme idéologique sociétal conduisant à la déstructuration volontaire des repères .sociaux. Le système des partis maintenant de retour en force, conduit les politiques au nombrilisme abject du carriérisme, quand les nécessités géopolitiques actuelles réclament une attention et une compétence hors de porté de cette médiocratie de carnaval. Lorsque le discours sert perpétuellement à masquer les échecs, ainsi que l'absence de décision, et d'action, on est sur le chemin d'une dictature de type orwellien dans laquelle, à travers. les éléments de langage, le lien entre les questions et les réponses n'existe plus, constituant ainsi un disfonctionnement de réalité, une fracture dans le réel. Le retour sera rude.

  • Votre lucidité, les yeux grands ouverts, vous honore, Monsieur de Crémiers. Le pire n'est jamais sûr mais néanmoins certains faits très actuels vont dans le sens de votre analyse.
    Ainsi, le brouhaha des opposants de toute nature au projet de loi El Khomri largement amplifié par les médias qui font leur travail de façon partiale sinon partielle en ne donnant au mieux que timidement le point de vue des réformistes raisonnables et sérieux est de nature à inquiéter pour l'avenir.
    Ainsi encore, l'annonce clientéliste par le gouvernement d'une hausse des traitements des fonctionnaires qui coûtera aux finances publiques 2,5 Milliards € par an, au motif que l'indice de hausse était bloqué depuis 6 ans (je crois), ce qui cache le fait que les traitements des fonctionnaires augmentaient malgré tout en réalité malgré ce blocage de l'indice mais de façon moins visible.
    L'impression que se dégage des ces deux évènements très récents ou en cours de réalisation est que la gauche semble avoir réussi l'exploit de faire en sorte que plus de la moitié des électeurs vivent clairement de l'argent distribué par l'Etat et constituent une clientèle solide et quasi automatique de la gauche qui la fait vivre grâce à l'argent pris dans les poches des soit disant nantis lesquels, en nombre d'électeurs, sont de plus en plus minoritaires ce qui se reflète dans la timidité de la droite à réformer les "acquis sociaux", lorsqu'elle est aux affaires. Cela rappelle l'apostrophe d'un ministre socialiste, en 1981, à l'Assemblée nationale, lancée aux députés de l'opposition : "Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires".
    On peut craindre que les "acquis sociaux" qui ne cessent d'augmenter alors même qu'ils contribuent, par leur poids et leur inertie, à décourager l'effort, le travail, l'ambition, le sens de l'entreprise et de la responsabilité, la volonté d'engager du personnel dans le secteur privé, acquis sociaux dûment sacralisés par François Mitterrand président, par une déclaration ne souffrant pas de discussion, "on ne revient pas sur les acquis sociaux" !, ne bloquent pour longtemps encore toute réforme vers un libéralisme économique qui n'existe plus en France mais qui permettrait seul de remettre le pays à flot économiquement et financièrement.

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