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Rechercher : qu'est-ce que le Système

  • Mais qu’est-ce qu’un type pareil fait chez nous ?

               Kemi Seba (à gauche sur la photo ci dessous) est le fondateur du groupuscule noir ultra-radical et antisémite Tribu Ka. En 2006, sur son site, il avait notamment qualifié la France de "camp de concentration asphyxiant la dignité raciale de chaque peuple".

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             Un mois de prison ferme a été requis contre lui, le mardi  2 septembre à Paris, par le ministère public à son encontre (son groupuscule ayant été dissous en juillet 2006 par décret présidentiel, il était jugé pour diffamation raciale). Regrettant des "propos antisémites sous couvert d'antisionisme", le procureur de la République, Béatrice Bossard, a requis à l'audience une "sanction particulièrement sévère".
     
             Au cours du procès, deux avocats (Mes Patrick Klugman et Stéphane Lilti), ont demandé au tribunal de "mettre fin à ce barnum raciste", organisé par un prévenu qui ne cherche dans ces procès qu'"une nouvelle tribune" pour ses idées.
     
             La 17e chambre rendra sa décision le 7 octobre.

             Mais tout de même, ce fait tiré de l’actualité immédiate ne pose-t-il pas problème ? Ne doit-il pas nous interpeller quelque part (comme on dit dans le savoureux jargon….) ?

            A dire la vérité, comme nous préférons la fréquentation de Finkielkraut ou de Chateaubriand (ou d’autres, la liste n’est évidemment pas limitative…. !) aux élucubrations malsaines et nauséabondes de ce monsieur, nous devons avouer que nous ne passons pas notre temps en sa compagnie. Nous avons largement mieux à faire,  nous avons heureusement d’autres centres d’intérêts, et nous savons comment beaucoup mieux employer temps et loisirs qu’à les perdre avec un cinglé pareil…..

             Nous devons donc avouer très humblement ne pas savoir grand’chose sur ce monsieur ; ne pas savoir par exemple s’il a ou s’il n’a pas la nationalité française. Nous avons trouvé sur internet que, né à Strasbourg, le 19 décembre 1981, de parents ivoirien et haïtien, Kemi Seba, titulaire d'une capacité en droit, a adhéré en 1999 à la section française de l'organisation noire américaine Nation of Islam de l'extrémiste Louis Farakhan.....

             On sait, car c’est sa politique délibérée, que  la république donne généreusement la nationalité française à tout le monde, et surtout à n’importe qui. Il n’y a donc que deux solutions : soit monsieur Seba est légalement français, soit il ne l’est pas.

             Solution 1 : il n’est pas français. Alors ce n’est pas un procès qu’il faut lui faire. Notre justice est suffisamment engorgée et impuissante comme cela pour ne pas s’occuper de tous les fondus de l’univers. C'est d'une expulsion immédiate qu'il relève ! Affaire classée, affaire suivante …..

             Solution 2 : la république a donné la carte d’identité à ce monsieur. Il est donc un français légal, avec un rectangle de plastique dans sa poche. On sait bien que pour nous être français ce n’est pas avoir quelques grammes de plastique, de forme rectangulaire, sur soi. C’est se fondre dans un Héritage millénaire et accepter de le projeter dans l’avenir, de le continuer et de l’enrichir. Pour reprendre l’heureuse formule d’Hubert Védrine, que nous citons chaque fois que l’occasion s’en présente, c’est vouloir continuer l’histoire, continuer notre Histoire.

              Croit-on sérieusement que ce soit là le ferme propos de Kemi Seba ? Dans le cas où la république lui aurait follement accordé une nationalité dont, à peine gratifié, il montre, comme tant d’autres, qu’il n’est pas digne ? Dans ce cas-là, une seule solution : le déchoir de cette nationalité dont il montre par ses discours haineux qu’il ne sait pas, ne veut pas ou ne peut pas l’assumer. Des discours haineux mais aussi et surtout profondément, désolamment stupides oserons-nous dire, ce qui en un sens pourrait peut-être même être considéré comme encore plus grave ; et repoussant presque à l’infini les limites de cette débilité intellectuelle, de cette bêtise terrifiante dont on dit, à juste titre, qu’elle est la seule chose qui donne une idée de l’infini…

               La France, dit-il, est un "camp de concentration asphyxiant la dignité raciale de chaque peuple" ?. Eh bien, chiche, prenons le au mot et, vite, donnons lui la liberté, sortons le de cet enfer où il gémit et permettons lui de partir vite fait de cet endroit sinistre où il perd sa belle jeunesse ! Ne serait-ce pas une bonne politque, en même temps qu'un bon slogan: Liberté pour la tribu Ka et pour son fondateur !.....

  • Qu'est-ce que la France ? Alain Finkielkraut parle de la Nation......

              Dans ces deux minutes et demie, que vous pouvez écouter en cliquant sur le lien ci-dessous, Alain Finkielkraut insiste sur le fait que la France n'est pas une auberge espagnole, et ne doit pas le devenir.....

    http://www.dailymotion.com/noop/video/x5q9w4_finkielkraut-sur-lcp_news

              Vous pouvez lire également la retranscription de ses propos ci-après.....

    LCP   Vous reprenez à votre compte un mot d'Ernest Renan, je le cite: "L'homme n'est l'esclave ni de sa race, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagne. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s'appelle une Nation"

             Est-ce que ce n'est pas notre Nation qui est en perte de vitesse ?

    AF    C'est une conscience morale, la Nation. C'est aussi une mémoire, un certain style, une manière d'être ensemble, qu'il nous incombe de préserver. Et le risque où nous sommes aujourd'hui c'est de voir la Nation Française se transformer en auberge espagnole...

             Dans l'auberge espagnole... chacun est ce qu'il est.... c'est le communautarisme.

    LCP   Est-ce que c'est négociable, ça ?....

    AF     De toutes façons deux choses ne sont pas négociables. Un, la France n'est pas une auberge espagnole. Nous sommes -que nous soyons nés français ou devenus français- dépositaires d'une Culture qu'il nous appartient de connaître, d'aimer et de transmettre.

              Donc la France n'est pas une auberge espagnole et ne doit pas le devenir. Car, évidemment, ce faisant elle se transforme en agrégat de communautés... Et il y a des règles de vie qui, en effet, ne sont pas négociables. Parce que l'immigration d'aujourd'hui est différente de l'immigration d'hier, qui était européenne. Là, de nouvelles lois, de nouvelles règles veulent être apportées, qui défient non seulement la laïcité mais, plus anciennement encore, une certaine civilité....

              De même, il faut savoir que la France est un pays laïque, mais que la France a été un pays catholique. Et que, pour comprendre la culture française, il faut connaître la culture catholique.... l'arrière-fond catholique dont cette Culture est imprégnée, sinon c'est tout un pan de notre Histoire qui deviendra totalement incompréhensible.....

  •  « Le peuple européen », qu'est-ce à dire ?

     

    En deux mots.jpgPour son premier sommet européen à Bruxelles les 22 et 23 juin, Emmanuel Macron s'est offert le luxe de déclarer sa « volonté de retrouver le fil de l'histoire et l'énergie du peuple européen ».

    Or, cette référence à un « peuple européen » nous paraît à cette heure parfaitement illégitime. Surtout si, justement, l'on se réfère à l'Histoire, malheureusement si emplie des luttes européennes.

    Nous ne nierions pas quant à nous que, face aux autres continents, existe bien, à un certain degré, une communauté des peuples européens. Même s'ils se sont férocement combattus pendant des siècles. Et même encore pendant ces temps de grands conflits. Les Européens se sont entretués pendant des siècles mais ils ont, à condition de n'être pas nié, un héritage commun. 

    En revanche, il nous paraît évident qu'un « peuple européen » en tant que tel n'existe pas.

    Macron a bien dû s'en apercevoir, lors de ce sommet, dans l'affaire des travailleurs détachés : lui a bataillé pour protéger ses Français, tandis que ses collègues polonais, tchèques, hongrois, slovaques et slovènes défendaient chacun bec et ongles leurs nationaux. Et il n'a pas eu gain de cause. Sur ce sujet comme sur les autres, le sommet européen n'a pas été un succès pour le président de la République.

    Macron est philosophe : il devrait comprendre ce que voulait dire Thibon lorsqu'il mettait en garde contre l’erreur consistant à « vouloir faire l'Un trop vite. »

    Maurras - qui n'était pas anti-européen -  dans le même ordre d'idées que Thibon, recommandait : « L'Europe, faites-la, mais ne faites pas comme si c'était fait ».

    En parlant au singulier de « peuple européen », Macron fait comme si c'était fait et veut réaliser « l'Un trop vite ». C'est une faute.

    Simplement, il se heurtera, comme toujours, au mur des réalités. Ce qui, d’ailleurs, vient de lui arriver assez rudement à Bruxelles. A l'inverse de ses prédécesseurs, il n'est pas dit qu'il s'obstinera. Sera-t-il en même temps pragmatique et idéologue ? Ou l'un des deux termes prévaudra-t-il ? Mais lequel ?   

  • Qu’est-ce qu’être Français ?, par Gérard Leclerc.

    Sainte Jeanne d’Arc, miniature.

    Cette rentrée est marquée par une crise de confiance, eu égard à la pandémie qui se prolonge et aux effets économiques du confinement. Le pouvoir est à la recherche d’un langage adéquat pour rassurer et rassembler autour d’une identité nationale.

    gerard leclerc.jpgQui aurait pu prévoir au moment de la campagne présidentielle française, les évolutions qui se produiraient à l’échelle du pays et de la planète elle-même ? Nul ne pouvait prévoir, d’évidence, la crise sanitaire qui se prolonge au-delà de cette rentrée, avec ses effets économiques, mais aussi psychologiques et moraux. Déjà, la révolte des Gilets jaunes, qui ne figurait dans aucun agenda politique, avait considérablement modifié le climat social, en remettant en cause les différents marqueurs idéologiques. Toujours est-il que, face à une opinion troublée, inquiète, le pouvoir se doit de trouver non seulement les bonnes décisions, mais aussi le langage adéquat, capable de rassurer et de fédérer.

    Il se dit, de ce point de vue, qu’à l’Élysée les choses bougent, avec un président qui arbitre entre les différents courants qui peuvent coexister au Palais, et dont certains semblent en déclin. Notamment le courant progressiste, celui qui était dominant lors de la montée en puissance du macronisme. S’oppose à lui un courant que l’on pourrait jusqu’à dire « identitaire », si le mot n’était en butte aux controverses. Selon Le Monde, ce serait l’ancien journaliste Bruno Roger-Petit, qui serait responsable de l’infléchissement de la ligne élyséenne. Reste à approfondir la pensée qui préside à ce retour à certains fondamentaux. Les querelles autour du passé colonial et de l’esclavage ne sont pas étrangères à la recherche d’un langage approprié quant à l’identité française. Être Français, c’est d’abord participer d’une civilisation et d’une culture. Et ce n’est pas à coup de simple surenchères verbales qu’on règle des questions de civilisation et de culture !

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 septembre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Qu’est-ce qui est insupportable ? Qu’est-ce qui ne correspond pas à la réalité ? Ou : Benoist Hurel, un scandale à lui t

    Suite(s) de la polémique Zemmour/Bilger et compagnie...

    benoist hurel.jpg

    Benoist Hurel, secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature

     

                 Avec un aplomb sidérant, cet adepte du « plus c’est gros, plus ça passe… » n’a pas craint de déclarer, entre autres joyeusetés :

                 « …J'ai lu son blog (de Philippe Bilger, ndlr) où il explique qu'il dit tout haut ce que d'autres pensent tout bas. C'est insupportable car ce n'est pas la réalité. Ou en tout cas cela n'explique rien. Si on regardait dans la population pauvre, qui vit en banlieue, qui ne travaille pas, et qu'on comparait la délinquance des personnes de couleur et celle de la population générale, on verrait que le nombre de personnes de couleur qui commettent des infractions n'est pas supérieur à celui de la population générale, donc que les propos de ces deux personnages n'ont aucune valeur explicative, et, dès lors, un dessein stigmatisant. »

                 On ne répond pas à des contre vérité pareilles, pas plus qu’on ne perdrait son temps à répondre à quelqu’un qui prétendrait qu’il fait jour à minuit.

                 Que Benoist Hurel aille faire un tour dans certaines prisons, où jusqu’à 80% des détenus sont d’origine africaine… et surtout qu’il achète un poste de radio, et qu’il lise de temps en temps les journaux : il verrait bien la proportion « de personnes de couleur » dans l’explosion de délinquance qui empoisonne la France…

                 Réponse d'Eric Zemmour à la Licra......pdf

     

    eric-zemmour-et-philippe-bilger-4302802sppws_1715.jpg
  • ”Qu'est-ce qu'on attend pour faire la fête ?...” (air connu de Charles Trénet)...

    ...Non, pardon ! Qu'est-ce qu'on attend pour faire le ménage ?

    Dans La Provence du jeudi 21 novembre :

    KALACH.jpg

    le début de l'article de Sophie Manelli est ici :

    KALACH 1.jpg

    et la suite et fin, là :

    KALACH 2.jpg

    N.B. : Sophie Manelli ne travaille pas pour lafautearousseau. "La Provence" non plus. Quoique...

  • Qu'est-ce qui différencie un royaliste d'un républicain?

              Avant même qu'ils ne choisissent un Roi ou une République, deux points fondamentaux séparent le royaliste du républicain. En premier lieu, le royaliste part de ce qui est, du réel: il est pragmatique, là ou le républicain part de ses désirs, de ses rêves, car  c'est un idéologue: l'obsession des révolutionnaires n'était elle pas de faire "du passé table rase" (si Montagnier avait procédé ainsi, il n'aurait pas découvert le virus du sida!...). En second lieu, il faut des républicains pour faire la République, et il a fallu la Terreur pour l'imposer en rupture radicale avec notre Histoire; pour faire la Royauté, par contre, il n'est pas nécessaire qu'il y ait des royalistes: il n'y avait aucun "parti" en 987 et la Royauté a pourtant été instaurée; il en sera de même demain: si la Royauté est instaurée, c'est parce qu'elle sera restée "l'exigence naturelle des réalités de ce temps", comme le disait le Comte de Paris.

              Ce n'est qu'après avoir pointé ces deux différences majeures que l'on peut avancer, en troisième lieu, que le royaliste souhaite un Roi là où le républicain souhaite la République....;ainsi, nous proposons aujourd'hui aux Français de clôturer ce cycle de deux cents ans, qui s'est ouvert en 1792/1793 et de renouer avec notre Histoire millénaire, mais en partant de ce qui existe aujourd'hui, c'est à dire les institutions voulues par De Gaulle: n'étant pas idéologues mais pragmatiques, nous ne proposons pas la révolution en sens contraire, mais le contraire de la révolution; pas de morts, pas de Terreur, pas de génocide....et surtout pas de restauration de la Royauté! notre attitude est résolument dynamique, et non passéiste; tournée vers l'avenir et en aucun cas nostalgique. Avec les Français, nous souhaitons "reprendre le grand mouvement de 1789", et réunir -pour reprendre l'image de Marc Bloch- le Sacre de Reims et la Fête de la Fédération, mais en rejetant bien sur l'orientation totalitaire imposée par les révolutionnaires, inventeurs du génocide et pères d'Hitler et de Staline...

  • Polygamies hexagonales: qu'est-ce qu'on attend pour déchoir et expulser ?.....

                En quoi sont-"ils" en train de transformer la France !

                Dans les cas qu'évoque ici Libération, il n'y a ni à discuter, ni à se justifier. On expulse, s'il s'agit d'étrangers; on déchoit et on expulse s'il s'agit de naturalisés par idéologie: Polygamies hexagonales !......pdf

  • Tribu Ka : Mais qu'est-ce qu'un type pareil fait chez nous ?...

                Kemi Seba, le fondateur du groupuscule noir radical Tribu Ka, a été placé en garde à vue le vendredi 19 décembre dans un commissariat parisien du XVIII° arrondissemnt de Paris, après avoir agressé un vidéaste auteur d'un film critique sur sa vie. De  son vrai nom Stellio Capochichi, il a été entendu par la police dans le cadre d'une enquête pour "violence volontaire en réunion".

                Selon Ahmed Menguigi, auteur de la vidéo Kemi Seba, la vérité qui circule sur Internet, le fondateur de la Tribu Ka et les trois personnes qui l'accompagnaient l'auraient roué de coups rue de Clignancourt.

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                La Tribu Ka, accusée notamment d'antisémitisme, avait été dissoute par décret pris en Conseil des ministres, paru le 29 juillet 2006 au Journal officiel, sur proposition du ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy. Kemi Seba avait été condamné début novembre en appel à un an de prison avec sursis et 18 mois de mise à l'épreuve pour avoir reconstitué son groupuscule. Il a aussi été condamné en octobre par le tribunal correctionnel de Paris à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour diffamation raciale.

                Nous ne pouvons que reposer notre question du 23 septembre 2008 : Mais qu'est-ce qu'un type pareil fait chez nous ? La France, dit-il, est un "camp de concentration asphyxiant la dignité raciale de chaque peuple" ? Eh bien, chiche, prenons le au mot et, vite, donnons lui la liberté, sortons le de cet enfer où il gémit et permettons lui de partir vite fait de cet endroit sinistre où il perd sa belle jeunesse !

                Ne serait-ce pas une bonne politque, en même temps qu'un bon slogan: Liberté pour la tribu Ka et pour son fondateur ! Loin de chez nous, très loin, le plus loin possible...

     

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  • Qu'est-ce qu'être français ? Le point de vue charnel de Polémia.....

                ( Source : Polémia http://www.polemia.com/article.php?id=2475 )

                 Nicolas Sarkozy s’est fait élire président de la République sur le thème de « l’identité nationale ». A quelques mois des élections régionales de 2010, il remet le sujet sur le devant de l’actualité et charge Eric Besson d’organiser un « débat national sur l’identité nationale ».

                Or dès l’origine du débat, Eric Besson définit son objectif final en rappelant la « commande » qu’il a reçue du président de la République  pour lequel : « notre nation est métissée. L’immigration constitue une source d’enrichissement permanent de notre identité nationale ». Et Eric Besson de rappeler : « On a un président de la République qui a dit : “Je suis un homme de sang mêlé à la tête d’une nation métissée”. »
     
                Lancer ainsi un débat sur l’identité nationale c’est une imposture : « Etre français » ne se réinvente pas tous les jours. Au contraire, c’est s’inscrire dans une continuité, non dans une rupture !
     

                Voici le point de vue charnel de Polémia.

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    La cathédrale de Bourges

                1/ Etre français, c’est appartenir à une lignée ; une lignée « qui vient du fond des âges » (Charles De Gaulle). Parler de « nos ancêtres les Gaulois » est globalement vrai ; car c’est reconnaître que le peuple français demeure l’héritier des Gallo-Romains ; sa composition ethnique est restée quasiment inchangée jusqu’au début des années 1970 : blanche et européenne. Dans sa monumentale Histoire de la population française, le démographe Jacques Dupâquier le rappelle aux ignorants et aux malveillants.
     
                 2/ Etre français, c’est appartenir à une civilisation : la civilisation européenne et chrétienne. L’héritage spirituel et culturel prolonge ici l’héritage ethnique. Etre français, c’est partager des croyances communes et un imaginaire commun. Etre français, c’est partager la mémoire des poèmes homériques, des légendes celtes, de l’héritage romain, de l’imaginaire médiéval, de l’amour courtois. Etre français, c’est, qu’on soit chrétien pratiquant ou non, participer de la vision et des valeurs chrétiennes du monde car le catholicisme est un élément de l’identité française.
     
                 3/ Etre français, c’est être de langue française ; « la langue française notre mère » qui façonne notre esprit et est le merveilleux outil d’exercice de notre intelligence et de découverte des « humanités ». Un Français, c’est un Européen d’expression française.
     
                 4/ Etre français, c’est partager une histoire, une mémoire, c’est avoir en commun « un riche legs de souvenirs » (Renan) ; car « La nation, comme l’individu, est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime » (Renan). Etre français, c’est partager la fierté de la grande épopée nationale de la Monarchie, de l’Empire et de la République. « La patrie, c’est la terre et les morts » (Barrès). Etre français, c’est avoir son patronyme inscrit, dans un village, sur un monument aux morts  commémorant la grande ordalie de 1914. Et c’est s’interroger sur le sens de ce sacrifice et sur les exigences qu’il nous impose aujourd’hui.
     
                 5/ Etre français, c’est partager l’amour d’un territoire : de ses terroirs, de ses paysages, de ses hauts lieux. Etre français, c’est aimer la France, ses rivages, ses vallons et ses sommets, ses vignes et ses prairies, ses champs et ses forêts, ses chênaies, ses châtaigneraies, ses oliveraies, ses villages, ses bourgs, ses collines inspirées, ses cathédrales, ses églises, ses chapelles, ses sources, ses halles au grain, ses maisons de maître et ses fermes fortifiées, ses châteaux, ses palais et ses villes. Etre français, c’est aimer le Mont Saint-Michel, Saint-Émilion et Camembert.
     
                 6/ Etre français, c’est partager des musiques et des sons, ceux de la lyre et de la cornemuse, du piano et de la guitare, de l’accordéon ou de l’orchestre symphonique. Etre français, c’est avoir le sens du travail bien fait, c’est rechercher une certaine perfection dans le métier. C’est aussi, pour les meilleurs des artisans d’art, le sens de ce qui relie l’esprit à la main.
     
                 7/ Etre français, c’est partager des goûts et des odeurs. Etre français, c’est partager à table des moments de bonheur. Etre français, c’est manger du cochon, de l’andouillette, du petit-salé, du cassoulet et du saucisson. Etre français, c’est partager la baguette et le fromage, l’époisses et le maroilles, le brie de Meaux et le coulommiers, le reblochon et le roquefort, le cantal et le laguiole. Etre français, c’est goûter la Blonde d’Aquitaine et le Charolais, l’Aubrac et la Limousine. Etre français, c’est boire du vin de Loire ou de Bordeaux, d’Alsace ou de Bourgogne. Etre français, c’est déguster de vieux alcools, du cognac, de l’armagnac, du calvados et de la mirabelle.
     
                 8/ Etre français, c’est partager « Le désir de vivre ensemble », « la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. (…) Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. (…) Le chant spartiate : “Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes” est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie » (Renan).

    Epilogue

    Les mosquées et les tam-tams, le ramadan et les gris-gris, les minarets et les boubous, la charia et la sorcellerie africaine, la langue arabe ou l’ouolof, la arica et le manioc, le palmier et le baobab ne sont nullement méprisables ; seulement voilà : ils ne font pas partie de la civilisation française.
     
    Bien sûr, les hommes et les femmes qui viennent d’autres mondes peuvent devenir français – au sens culturel, pas seulement administratif et social du terme – s’ils veulent et parviennent à s’assimiler. Mais ce n’est évidemment pas à eux de changer l’identité nationale !
     
    Il faut ici citer le sage propos de Charles De Gaulle : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne » (Cité dans Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, t. 1, éditions de Fallois/Fayard, 1994, p. 52).

  • Réforme constitutionnelle ? Bainville : « Qu’est-ce qu’une Constitution ? Les peuples ne voient que les hommes ... »

     

    XVM2382f324-05e2-11e5-b131-51c251e5568d.jpg« Qu’est-ce qu’une Constitution ? Aimons-nous beaucoup la nôtre ? Pour aimer, il faut d’abord connaître. Et qui donc connaît les lois constitutionnelles sous lesquelles nous vivons ? Demandez au monsieur qui passe. Il y a des chances pour qu’il connaisse mieux les règles du football ou des courses que celles qui définissent les rapports du président de la République et du Parlement. À la vérité, les légistes font attention aux textes, les peuples ne voient que les hommes. Ils trouvent que celui-ci est courageux et que celui-là est lâche. Ils admirent le plus énergique ou le plus rusé. Un ancien l’avait déjà dit : les chefs combattent pour la victoire, et les soldats pour les chefs. Quand le chef reste sous sa tente, ou quand il a pour armes des plaidoiries, il n’y a plus beaucoup de soldats. »  

     

    Jacques Bainville
    Doit-on le dire ? (Candide, mai 1924)

     

  • Sur le blog de Michel Onfray : Le professeur. Qu'est-ce qu'un chef ? (1).

    Nous sommes mi-mars. Dans les médias, on parle alors beaucoup du professeur Raoult.

    C’est une grande passion française que, pour beaucoup, d’avoir un avis sur tout, y compris quand on n’a ni compétence ni travail à convoquer ou à mobiliser en la matière.

    J’ai souvenir d’un intellectuel français aujourd’hui académicien qui fut capable en son temps de donner un avis sur un film qu’il n’avait pas vu… Il disait aussi, en mai 68, qu’il fallait "essayer des enfants"; il profère aujourd’hui sa haine de cette époque mais sans pour autant faire son autocritique … Il y eut un temps un avis gastronomique publié par un critique sur un site Web alors que le restaurant n’était pas encore ouvert. C’est sans compter sur les journalistes qui tiennent chronique littéraire depuis des décennies et qui encensent ou démontent un livre juste parce qu’il faut détester ou vénérer son auteur pour de pitoyables raisons mondaines (la plupart du temps parisiennes) dans lesquelles le ressentiment, plus que l’oeuvre, joue un rôle majeur. Quand Bernanos écrit: "les ratés ne vous rateront pas", il affirme un vérité psychologique majeure…

    Pour le professeur Raoult, c’est facile d’avoir un avis sur son travail: il suffit de juger son physique… La télévision raffole de ce genre de raccourci qu’on dira pour rire intellectuel. Cet homme a un curriculum vitae planétaire long comme deux bras, mais il donne surtout l’impression de sortir d’un album genre Astérix et les vikings, ce qui suffit à avoir un avis: pour les uns, c’est bien le signe qu’il est tout dans le paraître et qu’il n’y a donc rien à en tirer (et de lister sa mégalomanie, sa paranoïa, son caractère de cochon, son orgueil, son délire, ses coups de gueule, sa gestion de dictateur ), pour les autres, c’est bien la preuve qu’il n’a rien à voir avec les pisse-froids à la Légion d’honneur qui, costumés et cravatés, affirment à longueur d’écran avec une même componction que le virus ignore les frontières avant de porter à notre connaissance qu’il reconnaît tout de même celles de Schengen, que ce ne sera qu’une grippette avant de bramer partout qu’il s’agit d’une grave épidémie, que le masque ne sert à rien mais qu’il faut en fabriquer par millions.

    Lui, il continue. En adepte du Nietzsche qui écrit dans Le Crépuscule des idoles: "Un oui, un non, une ligne droite", Didier Raoult tient un cap, le même qui lui vaut, sur la planète entière, le respect y compris de ses pairs -c’est dire. Quand même les envieux et les jaloux sont obligés de faire taire l’envie et la jalousie afin de tirer leur chapeau au grand homme, c’est qu’il faut bien se rendre à l’évidence: cet homme porte plus que lui, il est très exactement ce que Hegel appelle un grand homme: un homme qui fait l’Histoire en même temps que l’Histoire le fait.  

    Du fond de mon lit où je ruisselais de la fièvre d’une dengue, j’ai souvenir d’avoir entendu la voix pincée de l’un de ces Saint Jean bouche-d’or médiatiques (médecin sur les plateaux de télé et journaliste dans le bloc opératoire…) qui disait du professeur Raoult qu’il "travaillait loin de Paris". Tout était dit! D’ailleurs peut-on même parler de travail quand on est si loin de la capitale? A Marseille, ne sont-ce pas des menteurs? Des va de la gueule? De hâbleurs? De ces spécialistes de sardines qui bloquent le port? Marseille! Et puis quoi encore? Cet homme qu’on pouvait, en allant vite, prendre pour Johnny Hallyday dans les années soixante-dix, cet homme avait donc le front non pas d’être payé pour chercher sans trouver, comme à Paris, mais payé pour trouver après avoir cherché, et qui trouvait, comme dans ce désormais fameux navire amiral mondial français: l’Institut hospitalo-universitaire Méditerrané-Infection. Cet homme, donc, avait le front de prétendre soigner et guérir le coronavirus avec une combinaison de médicaments simples ayant l’avantage de coûter peu et d’être efficace. Mais, en même temps comme dirait l’autre, ce protocole présente l’inconvénient majeur, pour l’industrie pharmaceutique, de ne pas dégager des fortunes en jouant avec la santé des malades.      

    C’est une pièce tragique, comme chez Eschyle, Sophocle ou Euripide, qui se joue sous nos yeux: d’un côté faire fortune en sacrifiant la santé des gens, ce qui suppose que, connivent avec l’industrie pharmaceutique, le pouvoir opte pour la mort des gens comme une variable d’ajustement du marché qui, avec le temps, donc avec l’accumulation des cadavres, rend le produit médicamenteux désirable, donc rare et cher; de l’autre sauver les gens le plus possible, le plus vite possible, au moindre coût, mais de ce fait ne pas dégager les bénéfices planétaires escomptés par l’armée des mercenaires de l’industrie pharmaceutique.

    On aura compris que, dans ce qui oppose le professeur Raoult à ses adversaires (le plus notable semblant monsieur Lévy, notoirement monsieur Buzyn à la ville...), c’est le triomphe d’une vieille opposition. Le vieux couple qui oppose le héros et le salaud; ou bien encore: le professeur qui hait la mort et aime la vie contre les administratifs de la santé qui aiment la mort et haïssent la vie; c’est l’antique opposition entre le lion à la crinière menaçante qui les conchie tous ou les pangolins dont on fait des soupes fétides.

    Une étrange ligne de partage sépare les tenants du pouvoir, l’élite pour le dire dans un mot simple, et ceux qui subissent ce pouvoir. La fracture qui opposait les gilets-jaunes et leurs ennemis semble se superposer à la carte de ceux qui estiment que le professeur Raoult incarne un monde dans lequel on trouve la province, la campagne, la ruralité, la pauvreté, les ploucs, les paysans, les incultes, les sous-diplômés, etc.

    En face se retrouvent les Parisiens, les académiciens à la Lambron, snob comme un lycéen de province alors qu’il a plus que trois fois dépassé l’âge, l’inénarrable Cohn-Bendit, que son passé de pédophile devrait éloigner définitivement de toute antenne mais qui, dans le style avachi et grossier qui est le sien depuis un demi-siècle, demande au professeur de "fermer sa gueule".

    C’est du même monde que procède Patrick Cohen, journaliste multicartes du nationalisme maastrichtien et qui a récemment parlé d’une "giletjaunisation de la crise sanitaire" sur le plateau de "C’est à vous" (25 mars). C’est donc dans une émission du service public que Patrick Cohen a fustigé ceux qui avaient le tort de croire que cette crise était mal gérée par le pouvoir macronien…

    C’est  également Michel Cymes qui, après avoir annoncé qu’il en irait d’une simple grippette avec ce coronavirus, donne aujourd’hui des leçons dans un émission du service public où il est, nonobstant son impéritie, présenté comme référant en la matière… Le même Cymes tacle le professeur; il est vrai que, flanqué d’Adriana Karembeu qui lui apporte la caution intellectuelle et médicale qui lui fait défaut, le faux drôle peut pendant ce temps-là passer à la caisse avec ses multiples activités tarifées.  

    N’oublions pas Alain Duhamel, chroniqueur maastrichtien à Libération, journal progressiste qui estime que l'horizon sexuel indépassable consiste aujourd’hui à copuler avec des animaux et à manger des matières fécales (la pédophile, c’était avant…), pour qui le professeur Raoult est "un anticonformisme de l’établissement un peu déséquilibré psychiquement"… Il en faut de la haine pour se permettre pareil jugement qui concerne le plus intime d’un être et le traiter tout simplement de fou comme au bon vieux temps de l’Union soviétique qui psychiatrisait toute pensée critique.

    Enfin, cerise pourrie sur le gâteau du pouvoir, il faut également compter avec les services du journal Le Monde ("journal vichyste du soir" disait de Gaulle dans les années cinquante) qui instruit le 28 mars un procès en complotisme -jadis, on leur aurait dû le procès en Inquisition, le bûcher des sorcières, le Tribunal révolutionnaire et autres juridictions où le but consiste à tuer d’abord puis d’instruire ensuite. Il faut à ces journalistes-là amalgamer le professeur Raoult aux complotistes, à l’extrême-droite, au Rassemblement national, à la gauche radicale, aux Russes, aux trumpiens, aux climato-sceptiques, à l’antisémitisme, et, bien sûr, aux gilets jaunes. Les amis d’Adolf Hitler n’y sont pas, mais c’est parce que Le Monde n’aura probablement pas réussi à les joindre…

    Quand on voit tous les ennemis de cet homme on a franchement envie d’être son ami…

    C’est donc précédé par ces tombereaux d’injures qu’en Martinique, avec le décalage horaire, j’ai reçu un matin très tôt le message d’un amie journaliste franco-libanaise qui me demandait si elle pouvait donner mes coordonnées téléphoniques au professeur Raoult. J’ai posé la question: de qui émanait ce souhait? D’elle? Pas du tout, mais de lui qui souhaitait me parler. "Il aime beaucoup ton travail" me dit-elle, "il souhaiterait juste te parler". J’ai donc bien évidemment donné mon accord…

    C’était assez surréaliste de converser avec cet homme que la presse mondiale sollicitait et qui trouvait le temps d’une conversation philosophique. Je l’imaginais croulant sous les sollicitations planétaires et nous parlions de… Nietzsche. Le Gai Savoir fut pour lui comme une révélation. Nous avions donc cela en commun de découvrir vers l’âge de quinze ans une pensée généalogique -aussi bien généalogique d’une civilisation, d’une culture que d’une vie personnelle et privée. Le philosophe véritable n’est pas celui qui cite une grande figure de l’histoire des idées comme il invoquerait une sculpture de Verrocchio, une peinture du Greco (cet homme accuse d’ailleurs la flamme montante du Grec…) ou une œuvre de Spinoza. C’est celui qui, après la lecture d’une œuvre ne vit plus la même vie qu’avant: Le Gai Savoir peut en effet changer la vie de qui vient de le lire.

    Qu’est-ce qu’être nietzschéen ?

    Il y a plusieurs façons de l’être et l’on peut l’être de façons diverses dans une même vie… Bien sûr il y a les plus simples qui sont les plus fautives et qui ne nécessitent pas grand chose, sinon la plus bête façon de tomber dans tous les pièges tendus par le philosophe: c’est ne rien voir de son humour, de son ironie, de son cynisme (au sens grec du terme: de son diogénisme…), c’est tomber à pied joint dans sa misogynie, sa phallocratie, c’est ne pas voir que chaque revendication d’un désir de force procède chez lui d’une envie de compenser une faiblesse anatomique, physiologique, idiosyncrasique, c’est confondre le Juif de l’Ancien Testament qui, via Paul, rend possible le christianisme, et le juif de l’industrie du XIX° siècle. Il y a plus d’une erreur à commettre quand on ouvre un livre de Nietzche à cet âge où le monde s’offre à nous dans son vaste chaos.

    Ce Nietzsche dont nous parlions, lui et moi, c’est celui de nos dix-sept ans avec lequel on construit le plus solide en soi: c’est celui de la force que définit toute violence qui sait où elle va, la violence étant quant à elle une force qui ne sait pas où elle va, vers quoi elle va.

    La proximité de cette oeuvre vécue un longtemps forge l’être comme un épée.

    Ce que le professeur Raoult retint de Nietzsche, c’est son noyau d’or: une méthode. Il faut laver Nietzsche de la lecture gauchiste effectuée par les déconstructionnistes à la Deleuze et Guattari, à la Foucault aussi, qui ont confondu la lecture que Nietzsche effectue de la vérité, une somme de perspectives, avec la négation de toute vérité. Que la vérité soit une somme de perspectives n’est pas abolition de la vérité, négation et suppression de la vérité, mais bien plutôt lecture de la vérité comme les cubistes la déplieront bientôt pour en montrer la plus grande complexité.

    Tout excité par la densité de cette conversation sur la méthode nietzschéenne dans un temps suspendu qui est celui du jour qui se lève en Martinique, je passe à une figure nietzschéenne elle aussi: celle de Paul Feyerabend dont j’aime le Contre la méthode, un livre sous-titré "Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance".  D’abord, bien sûr, il connaît ce texte de 1975, mais il l’a enseigné dans des séminaires dont je découvre l’existence…

    Outre Nietzsche et Feyerabend, il se fait que j’aime une troisième référence philosophique en matière de méthode: c’est celle de La Formation de l’esprit scientifique de Gaston Bachelard. Cette proposition pour une psychanalyse de la connaissance objective (pas une psychanalyse freudienne mais jungienne…), permet en effet de voir comment se construit un savoir, ce que sont les obstacles épistémologiques et les ruptures épistémologiques, comment on construit et on déconstruit un savoir, scientifique ou autre.

    Je regarde vers la mer, le matin est rouge, le soleil lisse la mer en nappes orangées. Le professeur Raoult me demande si je connais une phrase de Husserl qu’il me cite -je ne la connais pas. Elle dit en substance que la vérité se cache et qu’elle dissimule surtout l’essentiel qui reste celé. L’ombre de Nietzsche plane sur cette discussion  entre deux temps décalés par le chronomètre. La conversation se termine. Le silence qui suit cette conversation est encore notre conversation. Ça bruisse et danse comme à proximité d’un rucher. Chacun repart vers ses rûches…

    Quelques jours plus tard, je quitte la Martinique. On annonce un confinement plus drastique, il est question d’un embargo total des vols, d’une interdiction des échanges entre l’île et la métropole, d’un prochain vol prévu en juin… Dorothée nous réserve un billet de retour en urgence. Nous partons. Ma mère a quatre-vingt cinq ans, elle ne tient pas une grande forme, je ne voudrais pas ne pas pouvoir ne pas m’occuper d’elle. Et puis, si le coronavirus devait faire son travail, mon passé étant un passif, infarctus, AVC, accidents cardiaques, je préfère me trouver en métropole. Enfin et surtout, je ne veux pas exposer Dorothée à ce qui ne serait pas le meilleur pour elle.

    Nous avons des masques et des gants. Mais la situation sanitaire est catastrophique dans l’aéroport: une file d’attente sur une centaine de mètres, les gens sont à touche-touche, pas un uniforme, ni policier, ni gendarme, ni militaire, pas de personnel aéroportuaire, il va falloir attendre trois heures les uns sur les autres. Les valises et les sacs copulent dans un grand désordre tropical. Il fait chaud, tiède, moite. Les gens vont et viennent. Les enfants sont assis sur les bagages. Mais pas seulement. Lors de l’embarquement, tout le monde se rue sur tout le monde. L’appareil est un Boeing 747 affrété pour Corsair, soit quatre à cinq cents personnes en meute…

    Tout le monde pense au coronavirus à cet instant: comment passer à coté? D’autant que les huit heures de vol vont s’effecteur avec un air brassé qui est celui du bouillon de culture de tout le monde… Mon voisin éternue comme un héros de Rabelais -il en fout partout…   Je lis Le Destin des civilisations de Frobenius, mais j’ai l’impression d’en apprendre plus  avec ce vol qu’avec ce livre…

    Arrivée dans un aéroport vide, nous récupérons notre voiture, nous rentrons en Normandie. Trois heures en solitaire sur l’autoroute. Caen est une ville morte. Me voilà chez moi. Par mon balcon j’avise un ville à la Chirico: pas âme qui vaille, mon frigidaire est vide, la lumière est celle d’une ville après la fin de monde, un genre de blancheur propre à l’idée que je me fais de l’apocalypse…

    Le lendemain matin, terrible mal de tête, courbatures comme si j’avais été roué de coups, début de fièvre -je la supporte habituellement assez mal… Elle va grimper en continu jusqu’à atteindre 40°, elle ne quittera pas cet étiage pendant une semaine, nuit et jour. Je crains pour Dorothée qui a prêté son appartement à son fils. Elle est confinée avec moi. Je ne voudrais pas l’exposer; je lui confesse mes symptômes, elle m’avoue les mêmes… Nous appelons notre médecin qui, au vu de ce que nous lui racontons, conclut que tout cela ressemble bel et bien au covid -9… Avec prudence et force circonspection, il convient que c’est ça -"Vous l’avez chopé…" nous dit-il avec une vraie tristesse dans la voix.

    Nous vivons donc le covid de l’intérieur: il n’est plus à craindre, il est là. Plus besoin d’avoir peur qu’il nous tombe dessus, il est dedans nous. C’est désormais la roulette russe.

    Il me vient à l’image une sortie de tranchées pendant la Première Guerre mondiale: certains se prennent la balle en plein tête, c’est fini pour eux, la guerre est terminée mais la vie aussi; d’autres passent au travers des impacts de balles et d’obus qui sifflent, ils n’en prennent aucun, tous passent miraculeusement à côté; un troisième se prend un éclat dans l’épaule, c’est juste assez pour sortir du jeu et retrouver l’hôpital, mais pas trop pour ne pas se retrouver allongé dans un cercueil, à deux doigts c’était l’artère. Qu’est-ce qui justifie le trou dans le front? Tous les impacts à coté? La balle au bon endroit qui libère? Le hasard et rien d’autre…  Dieu n’existe pas, il aurait sinon un sacré culot.

    Je songe donc à ce virus et à ce qu’il va faire de Dorothée, de moi. Je songe à mes morts et je n’imaginais pas que je devrais envisager les retrouver conduit par ce genre de virus issu d’une soupe chinoise de pangolin ou d’un bouillon de chauve-souris. Je transpire nuit et jour à 40 degrés. Mon cœur bat à tout rompre. Je sens les emballements de diastoles et de systoles que je connais bien. Je retrouve les pétillements, les crépitements, les griffures sur la peau de mon cerveau abîmé par les AVC. Je renoue avec les forages qui m’avaient troué le cerveau à cette occasion. Un jour, deux jours, trois jours, quatre jours, cinq jours, six jours à ce rythme entre 38 et 40 de température… Le cœur qui bat la chamade, la pression artérielle qui cogne contre les tubulures. Je ne m’étonnerai pas que tout ça lâche d’un coup.

    Dorothée ne va pas bien. Elle accuse des symptômes méningés. Elle est hospitalisée six jours. Je suis seul, en tête à tête avec ce cerveau brûlant et brûlé, guettant la surchauffe qui m’emportera peut-être tout entier comme une hache tanche d’un coup le nœud gordien. Chaque matin, dans mon lit trempé comme une soupe, je me réveille en me disant  que ça n’aura pas été cette nuit.

    Et puis, le 28 mars à 20h03, je me décide à envoyer un texto au professeur Raoult pour lui raconter ce qui se passe en quelques lignes -diarrhée, migraines, température, courbatures, antécédents d’infarctus et d’AVC, tension élevée, j’ajoute que Dorothée est dans

  • De la colère en politique (I) : Qu’est-ce que la colère ?, par Guillaume Staub.

    1303872078.5.jpegEn ces temps troublés et en cette période de confinement où la grogne populaire se fait entendre sur tout le territoire et dans toutes les populations, où le gouvernement n’est plus seulement détesté, mais haï, nous aimerions nous intéresser à un mot qui revient sans cesse dans la bouche de tous les journalistes : la colère. Qu’est-ce, au juste, que la colère ? Quel est son objet ? Peut-elle être juste et positive ou n’est-ce qu’un élan de destruction ? Posons-nous la question à l’aune de la philosophie de saint Thomas d’Aquin – que nous souhaitons modestement et simplement présenter, sans en développer tous les aspects et toutes les dimensions – et essayons de l’intégrer à une réflexion politique actuelle.

    3.jpgLa colère est une passion très particulière puisqu’elle naît elle-même d’autres passions – sans que celles-ci soient constitutives de la colère -, à savoir la tristesse et le désir, désir de rectification du mal causé et de la vengeance. Si un de ces éléments manque, la colère ne peut se ressentir, elle n’est pas en capacité de s’imposer à nous ; si la rectification désirée est vue comme impossible, le désir ne pourra être vécu et il ne subsistera que la tristesse, la colère n’apparaissant pas. Bien souvent, alors que nous souhaiterions voir apparaître en nous la colère et la révolte, nous n’éprouvons que tristesse. C’est alors qu’il convient de s’interroger sur la possibilité ou l’impossibilité de la rectification désirée et c’est peut-être à partir de ce changement de perception dans l’ordre de la possibilité que nous pouvons avoir une prise de conscience particulière qui fera naître en nous la colère. Qui dit rectification, dit mouvement, dit changement et c’est précisément pour cette raison que la colère comporte toujours une certaine part d’espérance et d’avenir, elle est motrice et possède une potentialité en elle. La tristesse se résout, la colère résout. Par ailleurs, notons que la colère naîttoujours d’un mal fait qu’il nous faut arriver à bien distinguer.

    A présent, pour mieux comprendre ce qu’est la colère, nous devons parvenir à connaître son objet ; l’objet de l’amour est le bien et l’objet de la haine est le mal. Qu’en est-il de la colère ? La question est plus complexe car, concernant de la colère, il s’agit de se venger de quelque chose – tout en considérant que cette vengeance est juste et bonne – et de se venger sur quelque chose – généralement une personne et qui est vue comme un mal. Autrement dit, la colère possède deux objets : la chose à rectifier et la personne de laquelle nous voulons nous venger, la chose et la personne donc. C’est cette complexité de l’objet qui induit aussi que la colère se compose d’émotionsopposées à l’instar du courage, de la tristesse et de l’espoir. Si certaines sont opposées, d’autres résultent de certaines ; c’est ainsi que l’espoir, constitutif de la colère, permet le courage qui est lui-même un vecteur de mouvement.

    Par ailleurs, nous devons nous demander quelle place peut avoir la raison dans ce processus ? Deux écueils sont ici à éviter ; croire que la raison n’a aucune place dans la colère ou croire que la raison peut être le moteur de la colère. La raison occupe une certaine place dans la colère en ce qu’elle intervient dans la compréhension et dans l’estimation du mal causé, mais elle n’est jamais le moteur de la colère ou la raison directrice de celle-ci. Ce qui est intéressant de mentionner pour nous est que la place de la raison est tout de même assez grande dans cette passion si on la compare à d’autres à l’instar du désir, aussi il convient de ne jamais trop les séparer.

    De la même manière, nous devons nous demander ce qui diffère de la colère à la haine et ce afin de mieux saisir ce qu’elles sont respectivement ? Autrement dit, colère et haine ne sont-ils que des synonymes ? Premièrement, la principale similitude consiste, entre nos deux notions, à désirer un mal pour la personne, le second objet de la colère. Autrement dit, que ce la soit la haine ou la colère, elle conduit systématiquement à vouloir un mal à la personne qui nous en a causé un. Néanmoins, là s’arrêtent les ressemblances. Deuxièmement, quant aux différences, elles consistent en trois points. Le premier nous montre que la personne en colère considère que ce mal souhaité pour l’autre est en réalité une juste rétribution pour le mal causé, il y a une certaine idée de justice, notion importante parce que la colère, en s’efforçant d’accomplir ce qui lui semble juste – en se vengeant d’une injustice dont on a souffert – entre dans la vertu de justice. Quant à la haine, la notion de justice en est totalement absente.

    De même, avec la colère, le mal que l’on souhaite infliger est toujours regardé comme un bien, alors que celui qui hait souhaite simplement un mal, sans aucun autre aspect. Enfin, la colère demande que la personne qui nous a causé un tort sache ce que nous ressentons et qu’elle le comprenne. C’est-à-dire que nous ne voulons pas que la personne visée souffre absolument, notre colère ne s’en trouverait pas dissipée, nous voulons que justice soit faite et que la personne le comprenne ainsi. Il y a donc une dimension « positive » de transmission d’un sentiment, même si cette dernière n’est pas vécue consciemment.

  • Qu'est-ce qu'une cité, une nation, la nation française ?

    Jean-Baptiste Donnier, Hilaire de Crémiers

    Vidéo : Maurras, l’homme de la cité, par Jean-Baptiste Donnier, professeur des universités. [Extrait du colloque Maurras, l'homme de la politique, tenu à Marseille, le 21 avril 2018].

     

    47'19''

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgNous vivons une période très singulière marquée, tout particulièrement pour la France, du signe de la contradiction suivante :

    1. La difficulté croissante du pays à se définir comme nation, à assurer et assumer son unité, tant elle apparaît fracturée et peu assurée de sa légitimité. Tant elle est soumise - du fait, sans-doute d'une nouvelle trahison de ses « élites » - à la tentation du reniement de soi et de l'autodénigrement.

    2. Cependant, ce faisant, la France n'est-elle pas, une fois de plus à contre-temps, en retard d'un train ou d'un cycle, au moment où partout dans l'univers se manifeste un retour des nations, des limites, des frontières, une aspiration des peuples à reprendre leur destin en mains ? «  Tout va basculer* » dans cette direction est le titre et la thèse d'un ouvrage grand public, qui connaît un large succès de librairie et d'influence, sans-doute parce qu'il coïncide avec la réalité des évolutions que connaît le monde actuel.

    Mais qu'est-ce qu'une Cité ou une nation ? Peut-on en donner une définition pertinente ? C'est ce que réussit  Jean-Baptiste Donnier, à travers la pensée de Charles Maurras, dans cet exposé qui n'est point long et qui est, selon nous, fondamental. 

    Il répond au questionnement que nous avons évoqué en commençant. Quand tout devient troublé et incertain, n'est-il pas temps d'en revenir aux fondamentaux ? C'est ce que nous proposons en cette journée du 1er mai dont on nous dit qu'elle est de tous les dangers. Bonne écoute ! lafautearousseau 

    * Tout va basculer de François Lenglet, Albin Michel, 2019

  • Sur le blog de Michel Onfray : le Président de la République, qu’est-ce qu’un chef? (2)*.

    Venant de la banque, du libéralisme et de la haute fonction publique, personne n’a obligé Emmanuel Macron, huitième président de la V° République, à se réclamer du général de Gaulle, qui n’aimait ni la banque, ni le libéralisme, ni la haute fonction publique -qui le lui ont d’ailleurs bien rendu…

    De la même manière, annoncer une présidence jupitérienne, avec une parole rare, ne relevait d’aucune autre obligation chez lui que de pure et simple communication électoraliste. Dans l’image officielle qu’il se fait et veut donner de lui, il choisit de poser négligemment son fessier sur le bord d’un bureau et de placer bien en vue trois volumes de la prestigieuse collection des éditions Gallimard: la Pléiade. On sait depuis que, dans ces trois volumes savamment choisis et mis en scène par son service communication, on trouve les Mémoires du général de Gaulle.

    Pour l’exercice de cette photo officielle à laquelle il s’est plié sans plaisir, et à laquelle il a consenti par nécessité, le général de Gaulle est debout, comme un phare au beau milieu de la tempête. Il porte les insignes du chef de l’Etat: grand-croix de la Légion d’honneur et grand maître de l’Ordre de la libération. La photographie est prise dans la bibliothèque de l’Elysée: il pose la main sur deux livres qui ne sont rien d’autre que la constitution de 1958 et l’Histoire de la Légion d’honneur. Aucune concession narcissique dans ces choix: par sa fonction, de Gaulle garantit l’être, la fonction et la durée de la France en même temps que la narration de qui l’a faite grande, quand et comment.

    Emmanuel Macron est quant à lui en costume de ville, mais il n’est pas capable d’être debout, son âge ne le lui permet probablement pas, il pose ses fesses sur le meuble dont il tient le rebord à pleine main sur le principe de la crispation. Il a également choisi, en même temps que les Mémoires du général de Gaulle, Le Rouge et le Noir de Stendhal et Les Nourritures terrestres de Gide. Rappelons que le volume de Pléiade du Gide en question contient également Le Traité du Narcisse, L’Immoraliste, Le Retour de l’enfant prodigue et Les Faux-Monnayeurs -ce sont autant de programmes existentiels au choix, mais dont tous sont égotistes et aucun n’est romain… On trouve également sur ce bureau Louis XV deux téléphones portables l’un sur l’autre; l’homme porte également deux bagues, une à chaque main -c’est l’homme du en même temps, autrement dit de la duplicité. Personne n’ignore qu’il aime les signes comme le franc-maçon d’une loge spéculative d’Amiens certain qu’avec ces bibelots il fasse montre de tant d’intelligence concentrée dans sa petite personne!

    On peut comprendre que Macron revendique le narcissisme, l’égotisme, le talent d’un jeune garçon beyliste qui séduit la mère de famille dans la maison qui l’appointe; mais pourquoi le général de Gaulle dans ce fatras d’adolescent pas terminé? Car il n’y a qu’un volume de Gaulle dans la collection prestigieuse de Gallimard. Le président ne peut donc jouer de faux semblant, prétendre qu’il renvoie plutôt au Fil de l’épée ou à Vers l’armée de métier, qui ne figurent pas dans ce volume unique: ce sont ses Mémoires, donc ce que le général fit, fut et dit.

    En fait, Stendhal et Gide, c’est déjà ce qu’il a eu le temps d’être dans sa courte vie: Julien Sorel couchant avec Madame de Rênal, dont le mari l’employait ; et Nathanaël à qui le poète enseigne la ferveur, à savoir l’amour charnel… Quant au général de Gaulle, c’est ce qu’il aurait bien aimé être -mais qu’il ne sera jamais, l’heure est en effet passée depuis bien longtemps pour ce vieux jeune homme qui disposait pourtant de pas mal des cartes nécessaires. Encore eût-il fallu pour cela qu’il sache que le monde existe en dehors de sa petite personne et que l’on nomme Histoire tout ce qui est après en avoir soustrait sa petite personne.

    Quelle arrogance il faut pour que, n’ayant rien réalisé d’autre dans sa vie que de parvenir au pouvoir d’un Etat dévitalisé, comme Sarkozy ou Hollande, pas plus, cette personne compare son existence à celle d’un homme qui eut une théorie des blindés dans les premières années du XX° siècle (laquelle fit le succès des attaques de Guderian dans les Ardennes), fit la Première Guerre mondiale, y fut plusieurs fois blessé, puis prisonnier, prononça l’appel du 18 juin, mit sur pied la France libre, fit de telle sorte que la France fut respectée par les Alliés, empêcha les Etats-Unis de coloniser la France après le débarquement du 6 Juin 1944, créa la V° république et la constitution de 1958, rendit possible l’élection du président de la République au suffrage universel direct, décolonisa notamment l’Algérie en 1962, mit sur pied un projet militaire nucléaire, refusa la sujétion soviétique aussi bien qu’américaine, mena une politique nationale souverainiste, refusa le projet européiste qui visait la dilution de la nation française dans la perspective d’un Etat universel tout entier dévoué au Capital! Quelle arrogance en effet il faut à Macron pour prétendre jouer dans la même catégorie que le général!

    Car cet homme n’a pour guerre que celle qu’il décide et déclare seul contre un virus! Cet individu joue à la guerre mais la guerre se joue de lui. Mépriser un chef d’Etat major, puis faire tout pour l’évincer, rassembler la fine fleur de l’armée française pour lui dire: "je suis votre chef", faire fuiter par un journaliste un propos tenu par un général de manière privée afin d’en faire un casus belli médiatique, remonter l’avenue des Champs-Elysées dans un engin militaire et la redescendre dans un véhicule civil, voilà qui montre une immaturité sidérante quand on dispose du feu nucléaire et qu’on est constitutionnellement le chef des Armées.

    Emmanuel Macron, en tant que chef de l’Etat, porte donc plus que lui puisqu’il est investi, même si chacun a compris les mécanismes faussés de son élection, par l’onction du suffrage universel.

    On a vu récemment qu’il a perdu les élections européennes mais qu’il a estimé que c’était à si peu, selon lui, que cet échec était un franc succès face au Rassemblement national qui, lui, les a gagnées. Or, un chef de l’Etat qui perd des élections, prétend les avoir gagnées, reste au pouvoir, ne modifie en rien la politique française (ni remaniement, ni dissolution, ni nouveau gouvernement) s’avère tout simplement putschiste! En 1969, quand de Gaulle perd le référendum que l’on sait, il s’en va, lui: car le général est démocrate et républicain.

    Si Macron se voulait gaullien ou gaulliste, nul besoin d’afficher les Mémoires du général sur son bureau: il lui aurait suffi d’entendre ce que le peuple lui a dit, soit lors d’élections, soit dans les rues.

    Or, les interminables semaines de plainte des gilets-jaunes ont été tenues par lui pour nulles et non avenues; même chose avec les revendications des personnels hospitaliers dont il se moque depuis plus d’un an; même remarque avec les retraités qui demandaient que l’argent ne fasse pas la loi partout dans leurs vies. Il n’y eut que mépris de la part de celui qui croit comme un enfant que le chef c’est celui qui méprise! Or, le chef c’est celui qui refuse de mépriser quand il en a le pouvoir.

     

    C’est aussi celui qui sait que noblesse oblige, que le pouvoir ne donne pas des droits (celui de parader et de verbigérer sans cesse comme un enfant roi devant la famille réunie le dimanche élargie à la France entière…) mais qu’il confère des devoirs. Et parmi ces devoirs, celui de protéger son peuple.

    Or, depuis le début de la pandémie, mais pas seulement, Emmanuel Macron expose son peuple: dès les premiers jours il a mésestimé et sous-estimé la gravité de la crise; il va chercher des Français expatriés sur les lieux même du foyer infectieux chinois; il répartit les expatriés dans des villages de province; il distribue les permissions aux militaires ayant effectué ce rapatriement sanitaire, libérant ainsi le premier feu du premier foyer; il laisse atterrir quantités d’avions chinois sur le sol français sans qu’un véritable contrôle soit effectué aux atterrissages -une vingtaine par jours à l’époque; il laisse les frontières ouvertes -puis les clôt; il annonce que les écoles ne seront pas fermées -puis il les fait fermer; il déclare nuls et non avenus les masques qui ne serviraient à rien -puis il en commande des millions; il affirme que si l’on n’est pas affectés on n’a pas besoin d’en porter un, mais à Mulhouse il sort en l’arborant ostensiblement; il annonce qu’un strict confinement est nécessaire et qu’à défaut, cette décision s’avérerait inefficace, mais il tolère que dans les territoires perdus de la République la règle ne s’impose pas, ce qui désigne le peuple français à ceux qui se réjouissent de pouvoir l’exposer à la maladie et à la mort.

    Quel chef peut ainsi, dans un état qu’il a décrété de guerre, se montrer si peu chef et exposer autant son peuple de façon régulière et continue?

    Si Agnès Buzyn a bien informé le chef de l’Etat dès décembre de l’étendue des dégâts à venir dans le pays, et qu’il n’en a rien fait, c’est sciemment qu’Emmanuel Macron a laissé se répandre la mort dans le pays dont il a la garde. Qu’il a laissé se répandre et qu’il laisse répandre…

    Si vraiment Macron eut voulu être à la hauteur du général de Gaulle, il lui eut fallu lire Le Fil de l’épée. Lire et comprendre, comprendre et agir en regard de ce qu’il aurait lu et compris.

    Dans cet ouvrage écrit avec une plume du Grand Siècle, le général s’appuie sur Bergson pour effectuer un portrait du chef. Selon lui, ni l’examen, ni le jugement, ni l’intelligence ne suffisent à caractériser le grand homme, le chef. Il faut, dit de Gaulle lecteur de Bergson, l’intuition, qui combine l’instinct et l’intelligence. Sans intelligence, pas d’enchaînement logique ni de jugement éclairé. Sans l’instinct, pas de perception profonde ni d’impulsion créatrice. L’instinct lie à la nature. Il rend ensuite l’action possible.

    Comment peut-on penser une seule seconde qu’Emmanuel Macron disposerait d’intuition, d’instinct et d’intelligence? Chacun a pu le voir depuis deux ans: il n’est que calcul, communication et opportunisme. Quelle liaison cet homme entretiendrait-il avec la nature? Aucune… Il est un produit du théâtre, de la banque, de la finance, de la fonction publique.

    Quelle liaison ce même homme entretiendrait-il avec la culture? Aucune, sinon la relation que chérissent les bourgeois pour lesquels elle se montre un signe d’appartenance de classe -qui sépare les dissemblables et unit les semblables. La culture détend le soir du travail de la banque pendant la journée. Aux heures ouvrables on enrichit les riches et l’on appauvrit les pauvres; le soir venu, on s’habille pour sortir au théâtre.

    Comme cette engeance se trouve loin, bien loin de ce que Bergson et de Gaulle enseignent! Instinct? Intelligence? Intuition? Impulsion créatrice? Saisie de l’élan vital? Inspiration? Connaissance de l’évolution créatrice? Rien de tout cela chez Emmanuel Macron qui est taillé pour le costume du Chef comme un collégien à qui l’on a destiné le vêtement pour la représentation de fin d'année. Il est bon pour les Jésuites de La Providence à Amiens, mais pas au-delà.

    Or il se fait que cet homme se trouve à la tête d’un pays, la France, et qu’il le conduit comme un adolescent perdu. Hier il disait oui, aujourd’hui, il dit non, demain il dira peut-être, après-demain il dira sans vergogne: "je n’ai jamais cessé de vous le dire"... Quelle pitié que ce bateau à la dérive!

    Dans Le Fil de l’épée, de Gaulle parle du chef comme d’un artiste. Or, les circonstances nous le montrent: notre chef est un peintre du dimanche...


    Michel Onfray
     

    *: Suite de "Qu'est-ce qu'un chef (1): Le Professeur"