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  • TATA YOYO (Qu’est-ce qu’y a sous ton grand chapeau ?), par Christian Rol (écrivain).

    Je viens de ne pas regar­der le laïus de Tata parce que je sais exac­te­ment, à la vir­gule près, ce qu’il va raconter.

    Puisque sa voca­tion, et celle de ses pré­dé­ces­seurs éga­le­ment, est de trom­per son pays au pro­fit des mul­ti­na­tio­nales et des inté­rêts de groupes pri­vés, il a déci­dé de fina­li­ser le grand pro­jet « sani­taire » des enti­tés phar­ma­ceu­tiques et des labos qui, grâce à lui, vont empo­cher encore plus de milliards.

    4.jpgPour ce pro­jet, les ordures qui nous veulent du bien ont mis à contri­bu­tion, depuis un an, les médias, les tou­bibs, les « spé­cia­listes » et tout ce que la France offi­cielle compte de cor­rom­pus ; les mêmes qui aujourd’hui clament leur amour de la piquouze magique, et leur vœu de voir les anti-vax relé­gués dans les gou­lags de l’égoïsme cri­mi­nel, enton­naient hier un air com­mun pour trai­ter les Gilets Jaunes de beaufs d’extrême droite et autres noms d’oiseaux.

    Ce qu’il reste d’opposition à cette mons­truo­si­té sani­taire – que je pres­sen­tais dés les pre­mières semaines en par­lant de « Coup d’Etat sani­taire » – est réduit à la por­tion congrue des illu­mi­nés de ser­vice (Bigard, Lalane et autres clowns en fin de car­rière) à qui on accor­de­ra d’autant plus des tri­bunes qu’ils cari­ca­turent les argu­ments sérieux qu’on est en droit d’opposer. Et la mar­gi­na­li­té d’un Flo­rian Phi­li­pot ou d’un Dupont Aignant, mal­gré leurs thèses irré­fu­tables, ne chan­ge­ront rien à l’affaire. Et, sur les pla­teaux de télé­vi­sion, une seule voie est désor­mais admise : celle de la déraison.

    Des livres vont fleu­rir dans les­quels on dénon­ce­ra le hold-up mais qui les lira puisqu’on n’en par­le­ra pas, ou alors dans des cercles déri­soires. Pour faire croire que la démo­cra­tie existe encore, on accor­de­ra une ou deux tri­bunes à des his­trions bien docu­men­tés, à des gens qui croient encore que la véri­té est une arme contre le men­songe. Com­bat phi­lo­so­phique aus­si déri­soire que dés­équi­li­bré contre une majo­ri­té tra­vaillée au corps dont l’ultime désir est d’aller au stade, prendre l’avion pour se faire bron­zer le cul à la plage et bouf­fer dans des res­tau­rants avec soupe à la gri­mace comme plat du jour.

    Bien sûr, il y aura une belle pro­por­tion de fran­çais déci­dés à ne pas se lais­ser faire mais le temps et les méthodes coer­ci­tives qui nous menacent auront rai­son des rebelles les plus farouches. Ils vont nous rendre la vie impos­sible, mettre à contri­bu­tion la dic­ta­ture sociale, bref divi­ser un peu plus encore pour régner. Le temps n’est pas éloi­gné où les entre­prises vont impo­ser le vac­cin à leurs sala­riés et à entre­te­nir un cli­mat délé­tère où la sus­pi­cion et la dénon­cia­tion seront la norme ; et même pour faire les ven­danges ou la récolte de pommes, il fau­dra mon­trer patte blanche.

    Au-delà du seul prin­cipe de la liber­té indi­vi­duelle, il y a les consi­dé­ra­tions médi­cales qui sont quand même un peu impor­tantes. Des som­mi­tés black lis­tées (le prof Mon­ta­gné par exemple) nous expliquent depuis le début ce que nous subo­do­rons : l’arnaque est cli­ni­que­ment infon­dée et ces fameux variants chro­niques sont effec­ti­ve­ment le fruit pour­ri de la vac­ci­na­tion. Par consé­quent, cette farce peut durer des années et réduire comme peau de cha­grin notre liber­té, puisque il s’agit de cela et de rien d’autre.

    Mais, même sans entrer dans ces argu­ties sani­taires, le seul fait d’entendre toutes ces enflures bien nour­ries nous faire la leçon est un vac­cin en soi. Quelle légi­ti­mi­té un Fran­çois Bay­rou, un Fran­çois Bar­nier, un Kouch­ner (Kouch­ner !) ou un Jean-Luc Mano (entre tant d’autres) ont-ils pour nous som­mer de nous sou­mettre à ce dik­tat inédit ? Ce sont les mêmes, sou­ve­nez-vous, qui nous expli­quaient il y a 30 ans, que l’Europe c’était for­mi­dable, que l’immigration, c’était génial et que ceux qui dou­taient de ces ver­tus irré­mé­diables ne méri­taient pas de vivre.

    Alors, taper sur Macron comme sur au stand de foire, ça fait du bien, mais cela ne suf­fi­ra pas. Fou­tri­quet est l’otage d’intérêts qui le dépassent, marion­nette consen­tante et solen­nelle du capi­ta­lisme apa­tride en roue libre. Avec cet épi­sode, la mon­dia­li­sa­tion est mon­tée d’un cran, la sou­ve­rai­ne­té des États, un vieux sou­ve­nir… Et, concer­nant l’en­semble de cette his­toire de dingues, je ne vois pas de pré­cé­dent his­to­rique. Cela ouvre des perspectives.

    Mais les­quelles ?

    Bonnes vacances !

    C. Rol

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Sur Figaro Live, dépression des personnes âgées: qu'est-ce que le syndrome de glissement décuplé par le Covid-19 ?


    La pandémie de Covid-19 a particulièrement touché les personnes âgées. Les maisons de retraites et Ehpad n’ont pas été épargnés. Ils comptabilisent plus de 29 000 décès dû au covid depuis mars 2020. Une autre pathologie corollaire de la crise sanitaire a été mise en lumière : c’est le syndrome de glissement. Généralement, il touche 4% de la population gériatrique hospitalisée mais pendant le 1er confinement c’est près de 15% de ces personnes âgées qui en ont souffert. Qu’est ce que ce syndrome de glissement ? En quoi a-t-il été aggravé par la crise du covid-19 ? On y répond dans Factu.

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  • Bainville : « Qu’est-ce qu’une Constitution ? Les peuples ne voient que les hommes ... »

     

    XVM2382f324-05e2-11e5-b131-51c251e5568d.jpg"Qu’est-ce qu’une Constitution ? Aimons-nous beaucoup la nôtre ?

    Pour aimer, il faut d’abord connaître. Et qui donc connaît les lois constitutionnelles sous lesquelles nous vivons ?

    Demandez au monsieur qui passe. Il y a des chances pour qu’il connaisse mieux les règles du football ou des courses que celles qui définissent les rapports du président de la République et du Parlement. À la vérité, les légistes font attention aux textes, les peuples ne voient que les hommes.

    Ils trouvent que celui-ci est courageux et que celui-là est lâche. Ils admirent le plus énergique ou le plus rusé. Un ancien l’avait déjà dit : les chefs combattent pour la victoire, et les soldats pour les chefs. Quand le chef reste sous sa tente, ou quand il a pour armes des plaidoiries, il n’y a plus beaucoup de soldats."

     

    Jacques Bainville
    Doit-on le dire ? (Candide, mai 1924)

  • Au Cinéma : Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?, par Guilhem de Tarlé

    1A.jpgA l’affiche : Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?, un film d’Amandine Fredon et Benjamin Lassoubre, avec la participation de la romancière Anne Goscinny (fille de René) qui a notamment collaboré au scénario, et de Jean-Jacques Sempé, qui a validé les dessins.

    Je n’ai aucun souvenir des films de 2009 et 2014 - Le Petit Nicolas et Les Vacancesguilhem de tarlé.jpg du Petit Nicolas - réalisés par Laurent Tirard avec Kad Merad  et Valérie Lemercier, et je n’ai pas vu l’an dernier, en raison de « L’impasse vaccinale », Le Trésor du Petit Nicolas de Julien Rappeneau.
    A vrai dire ce Petit Nicolas ne fait pas partie de ma culture ni de mes souvenirs d’enfance que j’ai passée d’abord et avant tout avec Tintin. C’est l’une de mes filles qui m’a offert en 2004 les Histoires inédites du Petit Nicolas, et je lui avoue que je ne me suis pas jeté dessus. Ce nouveau film, selon l’autre de mes filles, est « un bel hommage » à Sempé, mais, malheureusement n’ayant aucun sens artistique, j’éprouve rarement de l’intérêt pour les dessins et les caricatures. Dans Tintin comme dans Astérix, je lisais (et relis) l’histoire, je m’amusais, et me réjouis toujours des répliques mais je regardais peu les images. Le Petit Nicolas me fait rire aujourd’hui par les propos que lui prête Goscinny, alors que je ne m’arrête pas sur les illustrations de Sempé.

    Ce sont ces réflexions –sans intérêt pour vous qui lisez ces pauvres lignes – que m’inspire ce très joli « dessin animé » – comme on ne dit plus – et ces éléments de biographies comparées des auteurs du héros.
    On passe un bon moment plaisant et intéressant, mais je me suis trompé en pensant qu’il s’agissait d’un film drôle destiné aux enfants et jeunes adolescents.

  • GRANDS TEXTES (20) : Qu'est-ce que la Civilisation ?, de Charles Maurras.

    (Texte paru pour la première fois le 9 septembre 1901 dans la Gazette de France, repris en 1931 dans la revue Principes; en 1937 dans Mes idées politiques; enfin dans les Oeuvres capitales).

     

    MAURRAS 12.jpg

             

    Peu de mots sont plus employés, peu de mots sont moins définis que celui-là. On entend quelquefois par civilisation un état de moeurs adoucies. On entend d'autres fois la facilité, la fréquence des relations entre les hommes. On imagine encore qu'être civilisé,c'est avoir des chemins de fer et causer par le téléphone. En d'autres cas, au minimum, cela consiste à ne pas manger ses semblables. Il ne faut pas mépriser absolument ces manières un peu diverses d'entendre le même mot, car chacune est précieuse; chacune représente une acception en cours, une des faces de l'usage, qui est le maître du sens des mots.

    Trouver la vraie définition d'un mot n'est pas contredire l'usage, c'est au contraire, l'ordonner; c'est l'expliquer, le mettre d'accord avec lui-même. On éprouve une sorte de plaisir sensuel à survenir dans ce milieu troublé et vague pour y introduire la lumière avec l'unité.

    Les faiseurs de dictionnaires ont trop à écrire pour s'encombrer sérieusement de ce souci. Le seul petit lexique que j'ai sous les yeux au moment où j'écris, s'en tire à bon compte, et je ne crois pas que ses confrères fassent de beaucoup plus grands frais. Je le copie: "Civiliser, rendre civil, polir les moeurs, donner la civilisation. -Civilisation, action de civiliser, état de ce qui est civilisé. -Civilisateur, qui civilise. -Civilisable, qui peut être civilisé." Et voilà tout. Pas un mot de plus. Le seul menu lumignon qui soit fourni par cet ingénieux lexicographe est dans "polir les moeurs", qui n'éclaire que médiocrement le sujet. Nous pourrions dépouiller quantité de doctes volumes sans être plus avancés. Mieux vaut peut-être concentrer avec force son attention, songer aux sociétés que nous appelons civilisées, à celles que nous appelons barbares et sauvages, les comparer entre elles, voir leurs ressemblances, leurs différences, et tâcher d'en tirer des indications.

     

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    Caverne de Lokietek, dans les Monts Tatras

               

     

    Je vous épargnerai cette besogne d'analyse, qui risquerait de vous paraître fatigante, et ne vous en soumettrai que le résultat. Celui-ci me paraît se défendre assez bien par la seule évidence qui lui est propre.

    Ne vous semble-t-il pas que le vrai caractère commun de toute civilisation consiste dans un fait et dans un seul fait, très frappant et très général ? L'individu qui vient au monde dans une "civilisation" trouve incomparablement plus qu'il n'apporte. Une disproportion qu'il faut appeler infinie s'est établie entre la propre valeur de chaque individu et l'accumulation des valeurs au milieu desquelles il surgit. Plus une civilisation prospère et se complique, plus ces dernières valeurs s'accroissent et, quand même (ce qu'il est difficile de savoir) la valeur de chaque humain nouveau-né augmenterait de génération en génération, le progrès des valeurs sociales environnantes serait encore assez rapide pour étendre sans cesse la différence entre leur énorme total et l'apport individuel quel qu'il soit.

    Il suit de là qu'une civilisation a deux supports. Elle est d'abord un capital, elle est ensuite un capital transmis. Capitalisation et tradition, voilà deux termes inséparables de l'idée de civilisation. Un capital.... -Mais il va sans dire que nous ne parlons pas de finances pures. Ce qui compose ce capital peut être matériel, mais peut être aussi moral.

    L'industrie, au grand sens du mot, c'est-à-dire la transformation de la nature, c'est-à-dire le travail de l'homme, c'est-à-dire sa vie, n'a pas pour résultat unique de changer la face du monde; elle change l'homme lui-même, elle le perfectionne, comme l'oeuvre et l'outil perfectionnent l'ouvrier, comme l'ouvrier et l'oeuvre perfectionnent l'outil. Le capital dont nous parlons désigne évidemment le triple résultat de cette métamorphose simultanée.

     

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    Peintures murales, Lascaux

               

     

    Le sauvage qui ne fait rien ou qui ne fait que le strict nécéssaire aux besoins pressants de la vie, laisse à la forêt, à la prairie, à la brousse leur aspect premier. Il n'ajoute rien aux données de la nature. Il ne crée point, en s'ajoutant à elles, un fort capital de richesses matérielles. S'il a des instruments ou des armes, c'est en très petit nombre et d'un art aussi sommaire que primitif..... Mais cet art étant très sommaire n'exige pas non plus, comme le fait tout industrie un peu développée, des relations multiples et variées entre voisins, congénères, compatriotes. Il contracte, sans doute, comme dans toute société humaine, des moeurs, mais elles sont rudimentaires, sans richesse ni complexité. La coopération est faible, la division du travail médiocrement avancée: les arts et les sciences sont ce que sont l'industrie et les moeurs. Tout le capital social en est réduit à son expression la plus simple: ni pour le vêtement, ni pour l'habitation, ni pour la nourriture, l'individu n'obtient des sociétés qui le forment autre chose que les fournitures essentielles ou les soins indispensables. Le fer fut longtemps ignoré; on assure même qu'il y a des sauvages qui n'ont aucune idée du feu.

    Mais les capitaux particuliers à l'état sauvage ont encore cette misère d'être fragiles et bien rarement sujets à durer. C'est la hutte qu'il faut reconstruire sans cesse. C'est la ceinture ou le pagne d'écorce sèche. C'est la provision à rassembler quotidiennement. Aucun moyen d'éterniser les acquisitions. Je ne parlerai même pas de l'écriture ! Mais les langues parlées ne supportent qu'un très petit nombre d'associations de pensée. Il y a des secrets utiles, précieux, découverts par fortune ou selon d'ingénieuses observations personnelles, sujettes à se perdre irrémédiablement dans la nuit. Point de mémoire collective, point de monument, nulle continuité. Ou l'on se fixe, et le mouvement naturel des choses de la terre qui se renouvellent sans cesse ne s'arrête pas d'effacer méthodiquement toute trace de chaque effort. Ou l'on erre de lieu en lieu, et la course de l'homme vient ajouter sa turbulence aux autres causes de déperdition et d'oubli.

    Chaque tentative de constituer en commun des capitaux solides est exposée à des risque indéfinis. La tradition n'est pas absente, parce qu'il n'y a point de société sans tradition, ni d'hommes sans société:  mais elle est au plus bas. L'individu ne pourrait subsister sans elle: parce qu'elle est misérable et faible, la faiblesse et la misère des individus sont évidentes.; cependant, en présence d'un si maigre héritage, le nouveau-né peut se considérer, sans qu'il ait à rougir du peu qu'il apporte en regard de ce qu'il reçoit. S'il doit beaucoup à al société, il lui serait possible de la rendre sa débitrice.

    Mais, tout au contraire, le civilisé, parce qu'il est civilisé, a beaucoup plus d'obligations envers la société que celle-ci ne saurait en avoir envers lui. Il a, en d'autres termes, bien plus de devoirs que de droits.

    Et quand je parle, en ceci, des civilisés, je ne veux point parler d'un de ces favoris de la nature ou de l'histoire qui, nés Français, ou Italiens, ou Espagnols, ou même Anglo-Saxons, bénéficient des plus brillants, des plus heureux et de plus merveilleux processus du genre humain. Je ne désigne même pas le membre d'une de ces petites nationalités secondaires qui participent, par leur position dans l'espace ou dans le temps, à nos vastes développements généraux. Au-delà même de diverses clientèles de notre civilisation occidentale, l'étendue et l'immensité du capital accumulé, l'influence du nôtre crée des réserves trop nombreuses, trop puissantes, trop bien transmises et trop éclatantes pour qu'il ne soit pas trop ridicule d'y opposer ou d'y comparer la frêle image d'un nouveau-né à peine distinct de sa mère. En des cas pareils, il est certain que l'individu est accablé par la somme des biens qui ne sont pas de lui et dont cependant il profite dans une mesure plus ou moins étendue. Riche ou pauvre, noble ou manant, il baigne dans une atmosphère qui n'est point de nature brute, mais de nature humaine, qu'il n'a point faite, et qui est la grande oeuvre de ses prédécesseurs directs et latéraux, ou plutôt de leur association féconde et de leur utile et juste communauté.

     

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    Non, ne comparons pas des incomparables. Prenons plutôt des civilisations moins avancées, encore inachevées et barbares, où le choeur des idées, des sentiments et des travaux ne fait que bégayer ses antiques paroles: les âges héroïques, les tribus aux premiers temps de leur migration, ou les cités au premiers jours de leur édifice, ou la mer au jour de ses premiers matelots, les champs aux premiers jours de leur défrichement. Quel capital démesuré représente le simple soc, incurvé,  d'une charrue, la toile d'une voile, la taille d'un quartier de roc, le joug d'un chariot, l'obéissance d'un animal de course ou de trait ! Quelles observations, quels tâtonnements signifient les moindres données précises sur les saisons, sur la course des astres, le rythme et la chute des vents, les rapports et les équilibres ! Non seulement aucun homme isolé ne peut comparer son savoir au savoir général qu'exprime ceci, mais jamais une génération unique, en additionnant ses efforts, ne réaliserait rien de tel. Du point de vue individuel, si ce point de vue était admissible pour une intelligence et pour une raison humaine, on ne saurait voir une bêche ni une rame sans vénération: ces deux pauvres outils passent infiniment ce que peut concevoir une imagination solitaire, à plus forte raison ce que peut accomplir un art personnel.

    Comme les bêches et les rames se sont multipliées et diversifiées, comme les instruments de l'industrie et cette industrie elle-même n'ont cessé, par une activité séculaire, de s'accroître et de s'affiner, ainsi les civilisations accroissent, perfectionnent leurs ressources et nos trésors. Le petit sauvage était nourri par sa mère et dressé par son père à certains exercices indispensables. Rien de durable autour de lui, rien d'organisé. Ce qu'il avait de vêtements, on le lui cueillait ou il l'empruntait de ses mains aux arbres et aux herbes. Ainsi du reste. Mais, autour de l'homme civilisé, tout abonde. Il trouve des bâtiments plus anciens que lui et qui lui survivront. Un ordre est préparé d'avance pour le recevoir, et répondre aux besoins inscrits soit dans sa chair, soit dans son âme. Comme les instruments physiques sont appropriés à la délicatesse des choses, il est des disciplines, des sciences et des méthodes qui lui permettent d'accélerer sa vue du monde et de se conduire lui-même. Je n'examine pas s'il a plus d'heur ou de malheur, car c'est une question tout à fait distincte de celle qui se pose ici; je suis simplement forcé de constater qu'il a, beaucoup plus qu'un sauvage, l'attitude et la figure d'un débiteur.

     

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    VIIIème millénaire avant J.C, Invention de l'agriculture...

               

     

    Sa dette envers la société est à peu près proportionnée à l'intensité de sa vie: s'il vit peu, il doit relativement peu; mais s'il profite des nombreuses commodités que ses contemporains, les ancêtres de ces derniers et les siens propres ont accumulées à nos services, eh bien ! sa dette augmente dans la même large proportion. Mais, dans un cas comme dans l'autre, il n'y a point à espérer de la solder: quelque service que rende un individu à la communauté, il peut être vénéré par ss successeurs, c'est-à-dire rangé au nombre des communs bienfaiteurs de la race, mais, au point du temps où nous sommes, il ne s'acquittera jamais envers les devanciers. Inventez le calcul différentiel ou le vaccin de la rage, soyez Claude Bernard, Copernic ou Marco Polo, jamais vous ne paierez ce que vous leur devez au premier laboureur ni à celui qui frêta la première nef. A plus forte raison le premier individu venu et, comme on dit, l'Individu, doit-il être nommé le plus insolvable des êtres.

    Mais, de tous ces individus, le plus insolvable est sans doute celui qui appartient à la civilisation la plus riche et la plus précieuse. S'il y a donc une civilisation de ce genre, ses membres, débiteurs par excellence, pourront tous se définir par ce caractère.

    Nous devrions, je crois, protester contre une erreur assez commune du langage. On dit très indifféremment la civilisation et les civilisations. Non, cela n'est point la même chose du tout. Il y a en Chine une civilisation: c'est-à-dire un capital matériel et moral que l'on se transmet. Il y a des industries, des arts, des Sciences, des moeurs. Il y a des richesses, des monuments, des doctrines, des opinions, des qualités acquises favorables à la vie de l'être humain. Même phénomène aux Indes, au Pérou, si on le veut; à certains égards, au fond de l'Afrique, où se fondèrent des royautés puissantes, et jusque dans les îles de l'Océanie. Ce qui est exceptionnel, sur la planète, ce n'est peut-être pas un certain degré de civilisation, mais plutôt une certaine sauvagerie. L'homme est conservateur, accumulateur, capitalisateur et traditionaliste d'instinct. Quelque développées que soient pourtant ces différentes civilisations, elles ne sont pas, à proprement dire, la Civilisation.

     
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    Pyramide maya du Kukulkan (Mexique)

               

     

    La Civilisation ne sera définissable que par l'histoire. Il y eut un moment, dans les fastes du monde, où, plus inventif et plus industrieux qu'il ne l'avait jamais été, l'homme s'aperçut néanmoins que tant d'art s'épuisait en vain. A quoi bon, en effet, majorer le nombre des biens et la quantité des richesses ? Toute quantité est susceptible d'accroissements nouveaux, tout nombre d'une augmentation indéfinie. Le merveilleux, le sublime, le grandiose ou l'énorme, tout ce qui dépend de la quantité ou du nombre des éléments utilisés, ne peut promettre à l'avidité de l'homme que déception. Une tour ou une colonne de cent pieds peut être haussée de cent autres pieds qui, eux-mêmes, peuvent être multipliés de même manière.  Qu'est-ce donc que ces progrès tout matériels ? Ni en science, ni en art, ni même pour les simples commodités de la vie, cet amas de choses n'est rien. Plus il s'enfle, plus il excite en nous, désespérant, nos désirs.

    Un poète, un pauvre poète tard venu dans un âge de décadence et qui assistait à la baisse de la Civilisation, Baudelaire, n'a pas mal défini la nature insatiable d'un désir qui essaye de se satisfaire par le nombre de ses plaisirs:

    La jouissance ajoute au désir de la force,

    Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,

    Cependant que durcit et grandit ton écorce

    Tes branches veulent voir le soleil de plus près.

    Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace

    Que le cyprès...?

    Les vers sont assez médiocres. Le sentiment est vrai, l'idée est profonde. Oui, le désir grandira toujours et, avec lui, la peine,, le déboire et l'inquiétude. Les civilisations, en imposant la dette à l'homme, ne lui promettront cependant qu'une course absurde et sans fin jusqu'à ce qu'il éprouve le sentiment de 'l'infinie vanité de tout", comme disait l'infortuné Léopardi.

     

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  • Répliques sur France Culture : Qu'est-ce qu'un réac ? Alain Finkielkraut pose la question à Denis Tillinac et Laurent Jo

    Nouveau Document Microsoft Office Publisher.jpgBeaucoup de gens reprochent beaucoup de choses contradictoires à Alain Finkielkraut. A Gauche, d'être devenu réac, de sympathie pour le Front National, d'islamophobie; à Droite, d'avoir été maoïste, dans sa jeunesse; plus à Droite encore, son attachement à Israël, qui n'est pas le nôtre, ici. Son élection à l'Académie française, malgré une polémique houleuse, assez indigne, a néanmoins consacré sa vie de réflexion et d'écriture.   

    Nous ne partageons pas toutes les options, ni toutes les réactions d'Alain Finkielkraut. Nous ne lui reprochons pas son engagement initial à l'extrême gauche, puisqu'il en est revenu et puisque chacun le voit, ce n'est pas ou plus de la Droite que montent aujourd'hui les idées, les réactions intelligentes; en soi, nous ne sommes guère enthousiastes de sa défense de l'école républicaine, encore que ce qu'elle fut, à ses origines et pendant longtemps, vaut bien mieux que ce qu'elle est aujourd'hui; enfin, le soutien qu'il a souvent apporté à Israël, ne fera pas de nous de chauds admirateurs de cet Etat.

    Nous nous en tenons à l'essentiel qui, selon nous, est ailleurs : sa défense de notre langue, de notre littérature, de notre culture (et, d'ailleurs, de toute vraie culture), de l'héritage historique français, de nos racines, et, finalement, de notre identité profonde, aujourd'hui, en effet, malheureuse. Ce qui vaut bien, sans les dissimuler, de surmonter les divergences que nous pouvons avoir avec lui.

    Il nous revient en mémoire, à cet égard, l'attitude de Maurras envers Anatole France. Ce maître de sa jeunesse - qui avait formulé par la bouche des personnages de ses romans, une féroce et lucide critique de la Révolution - était, dans ses vieux jours, sous l'influence de son entourage, devenu cryptocommuniste. Maurras refusa toujours de le combattre et lui conserva son amitié : "Tout ce qu'on voudra, disait-il à ses amis, Anatole France a sauvé la langue française". Ce qui, pour Maurras, était essentiel.     

    Cela étant dit, nous mettons en ligne, ici, la dernière édition de l'emission Répliques, que Finkielkraut anime, chaque samedi sur France Culture. Thème ? "Qu'est-ce qu'un réac ?", question posée à Denis Tillinac, qui publie Du bonheur d'être réac, en débat avec Laurent Joffrin. L'entretien est remarquable et illustre, 52 minutes durant, l'opposition Réaction - Révolution. Reprochera-t-on (encore !) à Denis Tillinac d'avoir été gaulliste et chiraquien ? Son propos est pourtant au delà de ces catégories ! 

     

    Répliques

     

    Répliques

    par Alain Finkielkraut / Le site de l'émission / le samedi de 9h07 à 10h
     
    Qu’est ce qu’un réac ? 07.06.2014 - 09:07 - Invités :

    Denis Tillinac, écrivain, ancien président des éditions La Table Ronde et ancien journaliste
     
    Laurent Joffrin, journaliste et ancien directeur du Nouvel Observateur
     
     
     
     
     (52 minutes)
     
     
  • Une famille ”irrégulière” - et menteuse... - expulsée, c'est très bien. Mais, pour toutes les autres, qu'est-ce qu'on at

    immigration dehors.jpgEt qu'est-ce qu'on attend, aussi, pour passer au crible toutes les autorisations et tous les avantages accordés depuis les décrets Chirac/Giscard de 1975, et pour annuler tous ceux qui présentent des vices de forme et/ou des vices de procédure, ou qui sont bâties sur des déclarations incomplètes, insincères, fausses - donc mensongères...- : les annuler, annulant, du coup, tout ce qui a été octroyé avec, notamment la nationalité et tout ce qui en découle...

    Allez, au boulot, Manu !

  • Réflechir sur - et à partir de - l'art contemporain : cela donne 52 minutes chez Finkielkraut : Qu'est-ce que l'hubris ?

    (émission Réplique du 16 juin 2012, sur l'art contemporain....)


    http://www.franceculture.fr/emission-repliques-qu-est-ce-que-l-hubris-2012-06-16

     

    hubris,jean clair,mattei

    Gallimard, 189 pages, 27 euros

     

    hubris,jean clair,mattei,finkielkraut

     Sulliver, 210 pages, 18 euros

  • Samedi 20 février, le prochain Cercle de Nice Royaliste: Qu'est-ce-que l'Identité Nationale ?”...

     Le Prochain Cercle aura lieu durant la trève du Tournois des 6 Nations! (on pense à tout !)

    Il se tiendra à l'endroit habituel, aux HUSSARDS BLEUS, à l'angle de la rue de France et de la rue Saint-Philippe à Nice, le samedi 20 février à 18h30.

    Cette conférence dont le thème est "Qu'est ce que l'Identité Nationale" sera animée par Xavier.

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    La fin du grand débat sur l'identité nationale voulu par le président Sarkozy et confié par celui-ci à Eric Besson est pour nous l'occasion de reprendre et d'approfondir la conception maurrassienne de la nation et de la nationalité.

    Cette conférence sera suivie d'un débat-apéritif, ainsi que, pour ceux qui le souhaitent, d'un repas convivial.

                                                            Cercle de Nice Royaliste : http://lesroyalistesnicois.hautetfort.com/
  • HUMEUR • Qu'est-ce qu'un « anti-raciste de souche » ? C'est ce que Christian Combaz se demande

    David Assouline au congrès de Poitiers (Capture d'écran Twitter)

     

    Durant le congrès du PS, certains participants dont Laurent Fabius et Jean-Vincent Placé arboraient un pin's « antiraciste de souche ». Christian Combaz* remarque que l'expression « de souche » plaît décidément beaucoup aux communicants de gauche. Son billet est brillant; comme on dit aujourd'hui, il est « écrit » (bien écrit), spirituel et les ridicules y sont bien notés, bien vus. De bonnes raisons de l'apprécier. LFAR 

     

    S'il est un domaine de la pensée où les avantages sont aujourd'hui acquis de naissance, où vos voisins, amis, collègues, beaux-frères, etc sont invités à s'en réclamer lors de grandes réunions qui excluent ceux qui ne sont pas nés du bon côté de la morale, où vous pouvez les transmettre par mariage puis les culquer à vos enfants dès l'âge des premiers émois, c'est ce qu'on appelle la « sensibilité de gauche ».

    Quand une poignée d'élus trouve amusant de parler d'«anti-racisme de souche» au milieu d'un congrès politique, leur humour se retourne rapidement contre leur camp parce que l'on songe assez vite: «Tiens, c'est exactement ça, avec leur tradition républicaine à toutes les sauces, leur ancrage à gauche qui est devenu une obsession dans le discours, leur engagement immémorial en faveur des valeurs humanistes etc, ils sont devenus les habitants d'un territoire mental qui considère la moitié des autres comme des allogènes.»

    Dans les débuts l'anti-raciste était actif, il en faisait certes toujours un peu trop, mais cela lui valait au moins quelques ennuis. Désormais il relève plutôt du passif. La loi est de son côté, les juges aussi, la presse continue à le traiter en héros alors qu'il ne risque plus rien, il tire profit d'une rente de situation commode, il l'est parce que papa l'était, parce que tonton aussi, et parce qu'il a compris, depuis longtemps, que c'était le meilleur moyen de faire des affaires sans qu'on s'occupe des siennes. De temps à autre il jettera l'opprobre sur quelqu'un d'isolé dans le genre Zemmour ou Camus pour faire un exemple devant la foule, un peu comme on brûlait les sodomites au XVIIème siècle.

    Finalement au bout d'une génération, celle de 68 (et même deux désormais), on s'aperçoit que l'abus de position dominante, la certitude de camper du côté du bon droit, les dividendes qu'on en tire -en dépit d'une valeur personnelle assez médiocre deviennent non seulement exorbitants mais sont transmissibles- jusqu'à l'abolition des privilèges.

    Pour les Socialistes, si friands d'anniversaires didactiques en ce moment, je déconseille formellement la nuit du 4 août.

    * Christian Combaz est écrivain et essayiste. Son dernier livre, «Votre serviteur», vient de paraître chez Flammarion. Lire également ses chroniques sur son blog. (Figarovox)

     

  • Limogeage à Saint-Jean de Passy: qu’est-ce que « l’éducation intégrale » ?, par Pierre d'Herbès.

    Source : https://www.causeur.fr/

    Un peu trop "militaire" au goût de certains

    Le 14 avril dernier, le directeur de Saint-Jean de Passy a été brusquement mis à pied. Un personnage emblématique de cet établissement scolaire d’exception du très chic seizième arrondissement…. 

    1.jpegSi le conseil d’administration de l’école a justifié le limogeage de François-Xavier Clément en pointant des « pratiques managériales dysfonctionnelles », c’est plus probablement les méthodes pédagogiques du chef d’établissement qui sont en cause. Se revendiquant de « l’éducation intégrale », ce catholique convaincu a donné à cette école une empreinte particulière, des résultats exceptionnels, mais il a aussi récolté certaines critiques.

    Depuis plusieurs années, la pédagogie appliquée à Saint-Jean de Passy a largement développé l’attractivité de cet établissement catholique de l’ouest de la capitale. Il y a d’ailleurs quelques semaines, le Figaro publiait un reportage élogieux sur « l’éducation intégrale » appliquée par son directeur. Uniforme, un enseignement rigoureux et un accompagnement particulier pour chaque élève, le tout accompagné par des cours de catéchèses obligatoires, tout le long de la scolarité. Avec la prétention de former « le cerveau, mais aussi le cœur et l’âme », le directeur de l’établissement pouvait s’enorgueillir de très bons résultats : aux dernières sessions du baccalauréat, 99% des élèves du lycée remportaient leur diplôme avec mention.

    Un virage vers un enseignement plus traditionnel couronné de succès, mais qui aurait aussi suscité quelques tensions : en 2018, un article du Parisien relatait les tensions internes à l’établissement, une partie du personnel éducatif dénonçant une « dérive national-catholique ». En mars dernier, le Figaro soulignait que la ligne pédagogique « ne plaisait pas à tout le monde et certains parents d’élèves grinçaient des dents ». « On s’inquiète de la tournure que le lycée est en train de prendre, ça devient un peu trop militaire à mon goût » aurait ainsi déclaré la mère d’un élève au quotidien de droite.

    Hasard ou coïncidence, un mois plus tard, dans des circonstances encore très nébuleuses, le conseil d’administration de l’établissement a fait paraître un communiqué qui pointait du doigt « l’existence de pratiques managériales dysfonctionnelles portant atteinte à la santé et à la sécurité physique et psychique des collaborateurs ». Quelques heures plus tôt, un huissier était dépêché au domicile du directeur François-Xavier Clément, lui annonçant sa mise à pied.

    Une situation pour l’instant très confuse, tant les reproches adressés au chef d’établissement semblent servir de prétexte pour évincer un directeur d’établissement aux méthodes résolument conservatrices. C’est en tout cas la conviction du collectif de parents d’élèves « Tous unis autour du Directeur », qui dans son dernier communiqué pointe du doigt « un courant d’opposition interne purement idéologique, lequel n’a rien à voir avec des compétences managériales. ». Un audit aurait été commandé au mois de janvier dernier au cabinet AlterHego par le conseil d’administration. Alors que les conclusions de ce rapport n’ont jamais été publiées et qu’un nombre très restreint de membres du personnel avaient alors été interrogés, les soutiens au directeur dénoncent une cabale montée de toute pièce. Pour ces derniers, cet audit justifie a posteriori un licenciement motivé en réalité par des désaccords idéologiques. Mais pourquoi la méthode de « l’Éducation Intégrale » de François-Xavier Clément fait-elle polémique ?

    « L’Éducation Intégrale » : une vision catholique de l’enseignement scolaire

    En se revendiquant de « l’Éducation intégrale », le directeur de Saint-Jean de Passy s’est donc exposé à un certain nombre de critiques, qui pourraient bien expliquer sa destitution aujourd’hui. Mais de quoi parle-t-on ? Dans le Figaro publié en mars dernier, François-Xavier Clément revendique s’inscrire dans les pas des « Frères des écoles chrétiennes » qui fondèrent l’établissement en 1839. Un ordre religieux laïc, consacré à l’éducation et l’enseignement.

    Et de fait, « l’Éducation intégrale » est avant tout un concept catholique, qui cherche à détacher l’enseignement traditionnel de sa dimension purement « matérielle ». Au-delà d’une éducation restreinte à la seule acquisition de compétentes et de savoirs, l’Église défend un enseignement aussi capable « de faire grandir l’homme dans son intégralité ». Une vision qui s’inscrit dans la morale catholique, qui considère l’homme comme un être à la fois corporel, mais aussi spirituel.

    Dans une conférence organisée en 2006 au siège de l’Unesco sur le thème de l’Éducation, le Saint-Siège avait ainsi rappelé sa vision de l’enseignement : la scolarité n’est pas seulement l’occasion d’apprendre des connaissances pour s’intégrer au monde du travail et à la société ; c’est aussi un outil d’épanouissement personnel et spirituel. Une perspective qui accorde donc une large place à l’enseignement religieux, mais aussi aux humanités (histoire, littérature…). Le tout avec un accompagnement adapté à chaque élève, aucun d’entre eux ne devant être « abandonné » en cours de scolarité.

    La pédagogie appliquée depuis 2015 à Saint-Jean de Passy semble résolument s’inscrire dans cette démarche. Une approche atypique pour les défenseurs de l’ancien directeur de l’établissement, anachronique pour ses opposants. Dans le prestigieux lycée parisien, le bras de fer ne fait que commencer…

  • Aux Mercredis de la NAR : #47 - Éric Anceau & Henri Temple pour leur livre “Qu’est-ce qu’une nation en Europe ?”.

    Mercredi 8 mai, aux “Mercredis de la NAR” nous recevions Éric Anceau et Henri Temple pour le livre “Qu’est-ce qu’une nation en Europe ?” qu'ils ont dirigé.
    Le 11 mars 1882, Ernest Renan prononce en Sorbonne une conférence demeurée célèbre parce qu’il y définit ce qu’est une nation.
    Historien, professeur à la Sorbonne et à Sciences-Po Paris, auteur de nombreux ouvrages sur le Second empire, Éric ANCEAU a repris la question face à la remise en cause des nations par les partisans de la supranationalité européenne et par les apôtres de la mondialisation. En compagnie d’Henri TEMPLE, spécialiste de droit économique et de philosophie politique, notre invité a dirigé la publication d’un ouvrage collectif que tous deux veulent bien nous présenter : Qu’est-ce qu’une nation en Europe ? Des historiens, géographes, économistes et philosophes s’interrogent sur le destin des nations au XXIème siècle, sur leurs capacités de résistance et sur leur dynamisme propre.
    Vraiment « dépassées », les nations ?

  • A lire ? Antigone, Mauriac ou Edouard Louis : qu'est-ce qu'un rebelle ? L'analyse d'Eugénie Bastié pour Figarovox*

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    Une anthologie publiée au CNRS regroupe les textes des « rebelles » qui ont fait l'histoire. Eugénie Bastié l'a lue et rappelle que la subversion n'est pas toujours où l'on croit.

    En août dernier, Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie annulaient avec fracas dans les colonnes de Libération leur venue aux rendez-vous de l'histoire de Blois qui avaient pour thème «Les rebelles», au motif de la présence du «réactionnaire» Marcel Gauchet. Ils expliquaient ainsi leur acte de résistance dans une interview aux Inrocks: «Un rebelle est forcément progressiste, il met en question un ordre donné pour plus de désordre et plus de liberté.», ce qui n'était pas le cas de Marcel Gauchet qui avait osé contester la remise en cause de la filiation induite par le «mariage pour tous».

    Cette vision de la rébellion comme une brise qui rejoint le souffle de l'histoire aurait fait le bonheur de Philippe Muray. Lui qui écrivait: «Le nouveau rebelle est très facile à identifier: c'est celui qui dit oui. Oui à Delanoë. Oui aux initiatives qui vont dans le bon sens, aux marchés bio, au tramway nommé désert, aux haltes-garderies, au camp du progrès, aux quartiers qui avancent. Oui à tout.»

    Si les rebellocrates sont faciles à identifier, les rebelles authentiques le sont moins. C'est pourtant le pari qu'a relevé l'anthologie éditée au CNRS sous la direction de Jean-Noël Jeanneney et Grégoire Kauffman intitulée Les rebelles.

    Qu'est-ce qu'un rebelle? C'est, nous dit Jeanneney, celui qui parvient à «secouer la conviction de l'inéluctable et à restituer la plein intensité d'une liberté en face de tous les conservatismes et de toutes les oppressions». De Jean-Jaurès au marquis de Sade, de Voltaire à Bernanos, en passant par Proudhon et Chateaubriand, cette anthologie nous fait voyager de textes en manifestes, de poètes en historiens, dans le pays de la révolte, dont on s'aperçoit -chose étrange- que la gauche n'a pas toujours eu le monopole.

    Ici trônent les grands classiques, les rebelles officiels qui peuplent les manuels d'histoire et les discours de commémoration. Leurs dépouilles reposent sagement sous les dalles froides du Panthéon et leurs exploits sont enseignés dans les écoles: Hugo qui se bat contre l'esclavage ; Voltaire prônant la tolérance lors de l'affaire Calas: Sartre qui fustige la torture en Algérie.

    Moins connus sont les rebelles radicaux. Les purs, les révolutionnaires, les jusque-boutistes. Ceux qui «posent les questions jusqu'au bout». Les nihilistes qui proclament «ni Dieu ni maitre», Louise-Michel qui crie «Vive la commune!» et Proudhon qui écrit «A bas l'autorité!». Brulante rage de l'anarchisme, révolte pure, garantie sans conservatismes, qui a pour elle le mérite de la cohérence, et qui assume les conséquences de son «non» irréductible dans le sang des baïonnettes.

    Les rebelles réactionnaires

    Et puis il y a carrément les rebelles réactionnaires. Ils n'ont pas les cheveux gras de Benjamin Biolay, ni l'insolence périmée de Canal plus. Mais ils ont l'intransigeance, et ce goût suranné pour l'antique morale qui leur fait refuser la modernité et son cortège de totalitarismes. Parmi eux, on trouve les solitaires de Port- Royal, ces Jansénistes qui défendent les droits de la conscience individuelle contre la raison d'Etat, mais aussi les contre-révolutionnaires (De Maistre, Bonald, Maurras) qui se dressent contre l'irréversibilité de l'histoire, ou encore les résistants qui refusent la fatalité de la défaite.

    Dans cette procession, marche, surprenante, la silhouette de François Mauriac. Oui Mauriac, le prélat du Figaro, le bourgeois de province, la grenouille de bénitier, l'académicien! On entend déjà les cris de nos rebelles appointés: Aymeric Caron s'étouffe de rage et Edwy Plenel ricane dans sa moustache. Pourtant, si la culture conservatrice de l'écrivain n'avait rien de révolutionnaire, elle fut le terreau de sa dénonciation de l'argent criminel, des «requins», et sa promotion des valeurs du père de famille contre les valeurs de la spéculation. Mauriac, qui fait l'éloge critique de la bourgeoisie enracinée et met en garde contre l'aveuglement révolutionnaire: «Nous croyons en l'homme ; nous croyons avec tous nos moralistes que l'homme peut être convaincu et persuadé: même ces bourgeois qui enfouissent des cassettes dans leurs massifs de bégonias» écrit-il dans un des Cahiers noirs.

    «Je ne suis nullement un révolté» disait Bernanos: en ces temps d'hesselisation des esprits, où l'indignation permanente a remplacé l'ancien sens de l'honneur, où la rébellion institutionnelle envahit les plateaux télés, l'auteur des «Grands cimetières sous la lune» nous donne la clef de la rébellion authentique, celle qui ne tombe pas dans le romantisme à la petite semaine des insolents médiatiques.

    Le rebelle n'est pas celui qui dit «oui à tout» et fait avancer la marche du Progrès. Mais celui qui dit non, «les dents serrées, le regard lointain». C'est Kaliayev qui refuse dans Les justes de lancer sa bombe car il y a des enfants dans la voiture du Grand duc. C'est Antigone, qui gratte de ses petits poings la terre pour recouvrir le cadavre de son frère, envers et contre toutes les lois des hommes.  u

    Sous la direction de Jean-Noël Jeanneney et Grégoire Kauffmann, Les rebelles, CNRS éditions, 608 pages, 29€ 

     

    * FIGARO VOX Vox Societe  Par Eugénie Bastié   

    Eugénie Bastié est journaliste au Figaro. Elle écrit aussi pour le magazine Causeur.