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  • Patrimoine • À Martigues, par Charles Maurras

     

    Il faut être reconnaissants au site Maurras.net d'avoir remis à jour cet écrit de Charles Maurras, un petit article touristico-sociologique intitulé À Martigues et publié en 1926 par le magazine L’Illustration (numéro 4361 du 12 octobre.). Version agrémentée de six aquarelles de l’artiste avignonnais Louis Montagné.

    S’il refuse le pessimisme automatique des anciens, Maurras ne peut cacher ici une certaine inquiétude : l’âme de Martigues est liée depuis des siècles à l’activité des pêcheries, et, si celles-ci en viennent à péricliter, que restera-t-il de cette âme ?

    Amis lecteurs, imprimez-donc ce texte et prenez-le avec vous pour aller visiter Martigues ! Vos avis seront sans doute divers, mais vous ne pourrez contester que les vues dépeintes par les six aquarelles se retrouvent peu ou prou dans la réalité d’aujourd’hui, et sans doute penserez-vous comme nous que, moyennant l’achèvement de la restauration de la maison du Chemin de Paradis qui fut la propriété de Charles Maurras, et l’éradication de quelques horreurs datant des décennies de l’après-guerre, la « Venise provençale » possède tous les atouts pour charmer le visiteur et poursuivre sa longue histoire, quel que soit le nombre de ses pêcheurs, de grand comme de petit Art.

     

    2736404638.jpgLe clair pinceau et les couleurs brillantes de M. Louis Montagné 1 se rient de l'encre grise et du langage abstrait dont il faut bien qu'un simple écrivain se contente. N'essayant pas de rivaliser avec l'aquarelle, je lui laisse le soin de louer les beautés visibles de ma petite ville natale. L'invisible me reste. Je tenterai de l'indiquer.

    Cette église, cathédrale ou plutôt primatiale, vous plaît ? Vous êtes sensible aux lueurs changeantes de ce petit port ? Vous riez de plaisir devant ce quai oblique où les barques légères attendent tristement ? Le rythme de la lumière et de la vie vous a obscurément intéressé et même conquis ? Les plus minutieuses descriptions littéraires ne pourraient rien ajouter à ce sentiment. Mais peut-être la curiosité qui est née vous fait-elle songer à vous demander quel est le peuple qui travaille dans cet air doré et sous ce ciel en fleur, ce qu'il a dans le cœur, ce qu'il a dans la tête, d'où il vient, ce qu'il fait, en un mot comment ce petit monde a vécu depuis qu'il est là.

    Il est là depuis très longtemps. C'est un peuple pauvre de gloire, mais non d'ancienneté. Son origine a donné lieu à quelques disputes entre amateurs de chartes et producteurs de diplômes. Il paraît que les plus anciens certificats de vie de la ville de Martigues ne remontent guère au-delà du treizième siècle et d'un certain papier qui a été signé et scellé par un archevêque d'Arles entre 1200 et 1300. C'est possible. Ce n'est pas sûr. Et qu'est ce que cela prouve ? Tout ce qui est écrit a été, du moins grosso modo. Mais tout ce qui a été n'a pas été écrit.

    Par exemple, l'Ordre religieux et militaire des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem fait remonter son origine à Gérard de Martigues 2, qui a été béatifié, s'il vous plaît. Ce bienheureux Gérard Tenque, né vers 1040 et que la première croisade a trouvé établi à Jérusalem, a-t-il eu l'originale fantaisie de placer son berceau dans une localité qui lui serait postérieure de deux bons siècles ? Naturellement la critique peut dire que Gérard, simple mythe solaire, n'a jamais existé ou qu'il ne s'appelait point Tenque, un chroniqueur disant Gerardus tunc, « Gérard alors » qui aura été traduit Gérard Tunc, ou Thunc, ou Tonc, ou Tenque, ce qui est bien dans l'ordre des choses mortelles 3.

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    Mais, si le nom de son Gérard fut sujet de telles transformations, le nom de Martigues et de son étang, Marticum stagnum, reste tout de même l'un des plus vieux de notre Provence. Il se réfère au cycle de Marius. Quand ce général démagogue passa en Gaule pour y barrer la route à la première grande invasion germanique, cent quatre ans avant Jésus-Christ, il menait dans ses camps, au dire de Plutarque, une prophétesse syrienne du nom de Marthe, revêtue d'un manteau de pourpre et mitrée à l'orientale, qui inspira une confiance invincible à ses soldats et à leur chef. Le nom de Marius remplit la contrée. La montagne de sa Victoire, que les pêcheurs appellent Dalubre (delubrum, le Temple), est la reine de l'étang de Marthe (ou de Berre). Les collines qui bordent l'étang de Caronte (stagnum currens, l'étang qui court) abritent des vallons où les débris gréco-romains affleurent sans cesse. 4

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    En août 1925, un jeune artiste voyageur, errant par l'île de Martigues, qui est notre quartier central, aperçut, au fond d'une remise où jouait le soleil, un chapiteau de marbre d'une rare beauté. Il supposa d'abord que cela provenait de quelque chapelle bâtie au dix-septième ou au dix-huitième siècle. En regardant mieux, il dut se rendre à l'évidence. Le chapiteau corinthien était un pur antique. On a eu la bonté de m'en faire présent. Peut-être, en le voyant de près, les critiques aboutiront-ils avec moi à cette conclusion, provisoirement énorme, qu'après tout c'est peut-être dans ces parages qu'abordèrent les premiers fugitifs phocéens.

    Évidemment, la première Marseille que nous imaginons riveraine du Coenus 5 et de l'étang de Marthe aura vite et souvent changé de place. Mais tout a changé de place ici, et il faut comprendre pourquoi.

    Le rivage méditerranéen est un territoire essentiellement envahi. Les premiers colonisateurs s'en doutèrent. Furent-ils Ligures ou Ibères, avant d'être Grecs ? En ce cas, ils craignaient les Phéniciens, qui craignirent les Grecs, qui craignirent les Carthaginois, qui craignirent les Romains, qui finirent par craindre les Goths, qui craignirent eux-mêmes les Normands, qui craignirent les Maures, que l'on n'a pas cessé de craindre jusque vers notre année 1830, date de la prise d'Alger par la flotte de Charles X. Mais l'Islam se réveille, et il n'est pas dit que ces craintes millénaires ne recommencent pas d'ici peu, sans avoir à changer d'objet. Dès lors, tout aussitôt, ce qui a été recommence. L'éternel exode reprend dans toutes les agglomérations où l'on ne se sent pas en nombre suffisant pour résister et pour tenir. Les habitants des petits bourgs quittent leurs maisons, ils se réfugient sur les collines où ils se fortifient et s'arrangent pour vivre tant que subsiste le péril. Dès qu'il s'éloigne, le pêcheur accourt repeupler les cabanes ou les bâtiments du rivage jugés les plus propices aux travaux de son industrie. Bref, les chartes du treizième ou quatorzième siècle, dont nos archivistes font si grand état, ne les induisent pas absolument en erreur, mais leur font appeler naissance une renaissance. Ils prennent pour la ville fondée ce qui n'est que la ville rebâtie et restituée.

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    Où ? Au même endroit ? Peut-être bien, à cinq ou six cents mètres près. Il n'y avait d'ailleurs pas une ville, mais trois. Elles fusionnèrent par un acte d'union que dicta le roi Charles IX et que symbolisa une bannière tricolore, où le blanc de l'Île, le rouge de Jonquières et le bleu de Ferrières se retrouvaient par parties égales. Les quartiers réunis eurent du mal à vivre en paix, l'antagonisme antique ne s'est pas éteint : « Monsieur, disait au dix-neuvième siècle un marguillier 6 de l'Île, comme un étranger le félicitait de l'érection du clocher de Jonquières, j'aimerais mieux voir mon clocher de l'Île par terre que le clocher de Jonquières debout. »

    Telle est la stabilité de ces fureurs locales, dans le plus instable pays du monde et dont les aspects familiers n'ont cessé de changer à vue d'œil, bien avant que les « travaux » dont on se plaint tant aujourd'hui puissent être accusés de le déshonorer.

    Chacune de nos générations aime à dire que Martigues n'est plus Martigues, pour l'avoir ouï dire à ses anciens qui l'ont toujours dit, et leurs pères, et les pères de leurs pères, dans tous les siècles. La cité provençale, que l'on baptisait un peu ridiculeusement de Petite Venise, n'aura bientôt plus que deux îlots et trois ponts. J'ai connu trois îlots, quatre ponts. Ceux qui m'ont précédé parlaient de quatre ou cinq îlots et de je ne sais plus combien de ponts fixes et de ponts-levis. Ce qu'on appelle le pittoresque a donc perdu, mais l'essentiel a-t-il bougé ? Un certain jeu de l'eau et de la lumière, une certaine dégradation du soleil dans une atmosphère de subtiles vapeurs, la courbe des rivages, le profil des hauteurs, les mouvements du sol, son harmonieuse composition ne dépendent en rien de ce que le pic et la pelle de l'homme, sa drague même si l'on veut, peuvent déplacer de sable ou de boue, et les rapports qui règlent la beauté de la terre ne sont guère liés à ce que change la vertu de notre effort.

    Rassuré quant au paysage, faut-il l'être un peu moins sur la population ? Elle est sans doute composée d'alluvions très variés. Le territoire de Provence est ouvert du côté des montagnes, béant vers l'Italie et l'Espagne, l'Afrique et l'Orient. Il me souvient bien que, dans mon enfance, vers 1875, certaine famille dite des Mansourah, venue d'Égypte, paraît-il avec Bonaparte, n'était pas tout à fait assimilée. On n'en parle plus aujourd'hui. L'œuvre est faite ; les sangs sont réunis.

    Voici plus singulier : vers la même époque, dans une maison qui n'avait pas changé de propriétaire depuis 1550, mon quai natal portait certains débris très nets des bandes scandinaves de Robert Guiscard, que l'on eût beaucoup étonné en leur disant leurs origines, car ils parlaient provençal, sentaient français, jugeaient à la romaine ; néanmoins, les fortes carrures, le teint blond transparent, les yeux vert glauque en disaient long sur l'antécédent séculaire. Sur le quai voisin, l'apport punique et Tyrien se manifestait par d'autres silhouettes géantes de brachycéphales très bruns. À la génération suivante, ces derniers ont perdu de leur taille et leur teint s'est éclairci, tandis que les premiers ont bruni à fond. Dans tous ces cas et beaucoup d'autres, on voit les survivances d'invasions lointaines résorbées, pour un temps, par les forces unies d'un noyau plus ancien encore, dont les caractères changent très peu. Il semblait fait pour résister en proportion du nombre des assauts endurés. 7

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    L'élément principal de ce fonds primitif, celui qui tient solidement au pays, est formé des pêcheurs. Ils sont là deux mille environ, actifs et paresseux, rieurs et graves, anarchistes et traditionnels, dépensiers et âpres gagneurs. Autrefois, leur corporation comprenait un grand Art et un petit Art. Le premier montait des tartanes pontées et allait travailler en Méditerranée. On raconte qu'il y a un quart de siècle environ, les pêcheurs du grand Art gagnèrent beaucoup d'argent. La mer avait été propice, le thon, le mulet et le loup avaient bien donné. Ils crurent que cela continuerait toujours. La confiance orgueilleuse les égara. Se pliant à la vieille passion séculaire qui leur fit inventer la martingale, les patrons de tartanes se mirent à jouer comme on n'avait jamais joué jusque là. En un hiver, ils eurent tout perdu et, comme on dit là-bas, ils furent « rôtis » (les Italiens, en pareil cas, ne sont que « frits »). Bateaux, agrès, tout fut perdu, vendu, bientôt dilapidé. Cet hiver vit la fin du grand Art de la pêche, qui n'est plus représenté à Martigues que par quelques couples de chalutiers appartenant à des Compagnies.

    Le petit Art subsiste. Ceux qui l'exercent sur des barques non pontées, appelées en général des bettes, ne laissent pas de constituer encore la plus importante de nos pêcheries sur ce front maritime, soit que l'on considère le produit du travail, le nombre des marins que la flotte enrôle annuellement, la connaissance du métier, les coutumes anciennes. Il serait difficile de sous-estimer ce trésor.

    Quelles belles prières étaient récitées avant de jeter les filets : Notre Père, donnez-nous du poisson, assez pour en donner, en manger, en vendre et nous en laisser dérober ! Le matin, lorsque le soleil se levait, le mousse enlevait son bonnet et disait gravement sur un rythme de psaume : Saint Soleil, bon lever ! Et nous autres bon jour, santé, liberté, longue vie ! Lorsque le soleil se couchait, le même mousse officiait : Bonsoir, patron et mariniers, toute la compagnie ! Que le bon Dieu conserve la barque et les gens ! Et celui qui ne dit pas « Ainsi soit-il », le cul de la bouteille lui échappe ! Dure malédiction ! Chacun, se hâtant de la détourner, criait : Amen ! Cette vieille population était donc religieuse, tous les témoignages concordent, et c'est ce qui explique son reliquat d'extrême bonhomie et tout ce qu'il comporte de loyauté, de générosité, d'amitié sociale profonde.

    L'ancien régime du mariage peut le faire comprendre. S'il a un peu évolué, il n'a pas disparu. Les fiançailles se célèbrent habituellement à l'époque dite de la seconde communion. Le fiancé a treize ans et la fiancée douze ; les accords ont lieu dans les familles avec une solennité qui rappelle un peu le distique d'Aubanel 8 :

    Alor, fier e sage, li paire,
    An pacheja coume de rei.

    Alors, fiers et sages, les pères
    Ont pactisé comme des rois.

    Le pacte dûment conclu, les enfants peuvent se parler. Ils se parlent longtemps. Cela tenait bien une douzaine d'années, car, vers dix-huit ans, le garçon partait pour le service, qui durait quelque quarante-quatre mois ; il avait donc vingt-deux ou vingt-trois ans à l'heure des justes noces !

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    La ville pose sur les eaux, elle est née du produit des eaux, mais l'ancienne marine de commerce, disparue, ne renaîtra pas. Le canal de Marseille au Rhône ne peut pas la faire renaître. Ce point du trajet est trop proche de Marseille et de Saint-Louis du Rhône pour qu'un arrêt utile y soit indiqué.

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Ensuite, après les élections, nous verrons quelles orientations donner à notre campagne  pour la réhabilitation/réouverture au public de la maison/jardin de Maurras...

    : Nous passerons cette semaine (du lundi au vendredi) en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, qui nous parlera de... Maurras, naturellement ! (2/5)...

    Entretien avec Axel Tisserand : pour Maurras, naturellement

    Propos recueillis par Gabrielle Monthélie, Le Bien Commun, n° 7, mai 2019.

    Axel Tisserand continue son travail d’exploration de la pensée de Charles Maurras et publie ces jours-ci, aux éditions Téqui, un livre qui fera date : Actualité de Charles Maurras, Introduction à une philosophie politique pour notre temps.

     

     

    2. Yves Floucat, dans sa préface, précise qu’on aurait pu s’étonner du choix d’un disciple de Maritain pour cette tâche. Notre dossier thématique du mois est d’ailleurs consacré au dialogue entre Maritain et Maurras. Vous évoquez les critiques adressées aujourd’hui par certains catholiques aux idées inspirées par le Martégal : pensez-vous que l’absence de dépassement de la confrontation entre les deux auteurs soit un frein à la réflexion politique pour les catholiques ?

    Yves Floucat, dans la préface généreuse dont il a bien voulu m’honorer, note ce paradoxe apparent, puisque, grand thomiste, il a été également, comme il l’écrit lui-même, « profondément marqué par la pensée de Jacques Maritain ».

    C’est qu’on ne retient des relations intellectuelles entre Maritain et Maurras que le divorce, à l’initiative du premier, en raison des sanctions pontificales de décembre 1926 – parler de condamnation est un abus de langage, puisqu’il n’y a eu, comme l’observe Yves Floucat, « aucun texte magistériel […] de la main de Pie XI ».

    D’ailleurs, les sanctions furent levées en 1939 sans que l’Action française renonce à aucun point de sa doctrine. En 1927, Maritain fut même chargé de justifier ces sanctions sur le plan doctrinal, lui qui, quelques mois plus tôt, avait publié un livre, Une Opinion sur Charles Maurras, montrant en quoi être d’Action française n’était pas incompatible avec la foi catholique.

    Ne revenons pas sur cet épisode douloureux ni sur les raisons pour lesquelles Maritain a choisi alors, contrairement à Bernanos, l’obéissance jusqu’à brûler ce qu’il avait jusque-là, sinon adoré, du moins justifié. Comme l’écrit fort justement Yves Floucat, « peu nombreux sont ceux qui ont relevé que son rejet de la démocratie rousseauiste, commandant selon lui l’idéologie démocratiste moderne, était resté intact » dans la pensée de Jacques Maritain.

    C’est une évidence : la rencontre entre Maurras et Maritain, au début du XXe siècle, loin d’être un malentendu, reposait sur un fond commun : Aristote et Thomas d’Aquin. C’est sur ces deux penseurs que, dans une perspective différente, l’une politique, l’autre théologique, Maurras et Maritain se sont rencontrés. Le dialogue a été interrompu mais rien n’interdit de le reprendre.

    Comme l’écrivait déjà en 2011 Yves Floucat, dans le numéro 55 de Liberté politique : « Il est légitime (audacieux, hasardeux ou utopique diront peut-être certains) de se demander si le moment n’est pas venu, pour les disciples du “Paysan de la Garonne” comme pour ceux de l’auteur de l’Enquête sur la monarchie, de renoncer à tous les apriorismes réciproques et de revisiter avec discernement et un juste esprit critique l’œuvre de leur maître. […] Face à la dérive subjectiviste et relativiste programmée des démocraties selon un horizon idéologique « droit-de-l’hommiste », ils pourraient trouver, dans le seul souci de la justice sociale et du bien commun, quelques points d’entente essentiels.


    Ils s’accorderaient sur un antilibéralisme et un antidémocratisme qui, tout en revalorisant les principes d’autorité, de légitimité, de souveraineté, de représentation de la nation dans ses diverses composantes, et d’incarnation du pouvoir, les conjugueraient harmonieusement aux libertés concrètes, et attribueraient ainsi – comme un Pierre Boutang, authentique disciple fidèle et inventif de Maurras, avait su le faire – sa véritable place au consentement populaire ».

    Rien à ajouter...

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    : Nous passerons cette semaine (du lundi au vendredi) en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, qui nous parlera de... Maurras, naturellement ! (3/5)...

    Entretien avec Axel Tisserand : pour Maurras, naturellement

    Propos recueillis par Gabrielle Monthélie, Le Bien Commun, n° 7, mai 2019.

    Axel Tisserand continue son travail d’exploration de la pensée de Charles Maurras et publie ces jours-ci, aux éditions Téqui, un livre qui fera date : Actualité de Charles Maurras, Introduction à une philosophie politique pour notre temps.

     

     

    3. Vous insistez dans vos recherches sur l’importance de la politique naturelle dans le legs maurrassien. Mais Maurras ajoute-t-il vraiment quelque chose à ce que les thomistes ont développé avant et après lui ?

    Maurras, je viens de le dire, se situe explicitement dans la tradition aristotélo-thomiste. Jean-Louis Lagor (Jean Madiran) avait montré, au sortir de la guerre de 1945, la compatibilité entre le thomisme et la pensée maurrassienne dans un travail remarquable que Maurras avait salué dans une longue lettre-préface.

    Mon objectif est différent : j’ai souhaité montrer combien la pensée du Martégal est imprégnée, pour le fond comme pour la forme, d’aristotélo-thomisme. Maurras n’a pas pour dessein d’ajouter quelque chose au legs de cette tradition mais de la relire pour son temps, et pour le nôtre, après la rupture anthropologique des Lumières et la volonté de créer un homme nouveau que partagent toutes les versions de la modernité totalitaire – non seulement le communisme ou le national-socialisme, mais le libéralisme contractualiste, qui en est, de ce point de vue, la matrice.

    Les sociétés occidentales, avec la remise en cause de toute loi naturelle et la volonté non plus de créer un homme nouveau mais de dépasser l’humanité elle-même, en vivent les ultimes conséquences. Pour Maurras, agnostique, il s’agit, avec l’empirisme organisateur, « compromis laïc », d’édifier une philosophie provisoire, au sens cartésien du terme, dont il observe qu’elle correspond en tout point aux exigences de la doctrine sociale de l’Église et aux présupposés thomistes.

    Ainsi Maurras admet-il ouvertement que le compromis qu’il suggère, par une sorte de ruse métaphysique, est compatible en tout point avec la philosophia perennis...

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    : Aujourd'hui, le reportage de TF1 sur Martigues, ce mercredi 5 février...

    A vrai dire, ce reportage est loin d'être des plus intéressants; et même, parfois, ne représente aucun intérêt. Tout d'un coup, "comme ça", sans prévenir, le JT de 20h de TF1 (présenté par Gilles Bouleau) nous emmène dans "une ville polluée : et, là, surprise lorsqu'on entend le nom de la ville : Martigues !*

    On y voit cependant l'actuel maire PCF élu sur une liste d'Union de la Gauche, Gaby Charroux, dire que, la pollution,  "ce n'est pas de sa faute", réflexe type des hommes de gauche : il accepte quand même bien volontiers d'encaisser les dividendes de toutes ces industries polluantes situées sur sa commune et qui font d'elle une Mairie richissime...

    Si certaines de ces industries ont été en effet voulues et imposées par l'Etat et par d'autres pouvoirs que la seule municipalité, certaines dépensent bien d'elles; comme certaines normes et contraintes (ou absences de normes et contraintes). Il y aurait donc beaucoup à répondre au Maire sur ce sujet...

    On voit apparaître très rapidement (trop ?) les deux candidats du RN et de LR, et le maire ne dit pas un mot de la rumeur persistante qui court partout dans la ville : à peine élu, il céderait la place à "quelqu'un de ses proches"...

    Bien entendu, pas un mot de Maurras, pas une vue sur sa maison, que l'on voit pourtant très bien à partir du très bel et très imposant ouvrage que représente l'autoroute (ou "viaduc de Caronte") qui traverse le canal du même nom, et offre une vue imprenable sur "mon Martigues plus beau que tout"... comme aimait à le dire l'académicien de Martigues, dont une Mairie haineuse et sectaire à l'extrême préfère priver sa ville, pourtant peu riche en gloires locales et en bâtiments d'intérêt, comme nous l'avons dit dans cette chronique, depuis septembre.

    Ceci étant, la vie, aujourd'hui - et, en l'occurrence à Martigues - c'est aussi ce que montre ce pauvre reportage. C'est donc à voir, et à savoir, même sans enthousiasme...

     

    (Désolés de devoir vous imposer les longues secondes de publicité, mais il faut en passer par là avec "le rattrapage") :

    https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/elections-municipales-je-vis-dans-une-ville-polluee-24749031.html

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    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé la semaine dernière en bonne compagnie, avec Axel Tisserand; nous passerons celle-ci en bonne compagnie également, cette fois avec Jean-François Mattéi et son intervention - le samedi 1er septembre 2012 - lors de la journée d'hommage à Charles Maurras, dans le jardin de sa maison de Martigues, pour le soixantième anniversaire de sa mort...

    MATTEI 1.jpgLe Chemin de Paradis (IV/V)

    Simplice va alors rechercher ce qu’il nomme en reprenant les termes d’Ulysse dans la pièce de Shakespeare, « cadence » et « symétrie », « nombre » et « mesure », un « système d’accords », bref, une harmonie du monde que la vie ne peut jamais offrir. Il ne découvrira ce qu’il nomme la « volupté » que dans le visage de la mort, qui éveille en lui comme une idée de Paradis. Le mot « paradis «  n’est ici utilisé qu’une fois, alors que le terme de « volupté » revient à onze reprises dans le conte. Cette volupté insondable et parfaite, Simplice l’a trouvée une première fois dans le visage d’une jeune morte qu’il a vue, enfant, dans son cercueil. On retrouve de nouveau l’inspiration d’Edgar Poe, dans son conte « Ligeia » par exemple, qui conduit le personnage de Maurras à parler du « repos tant convoité de la mort » et de « la belle mort qui me rendra la paix réelle avec l’idéale unité ». Simplice dira encore : « Je n’eus d’attachement véritable qu’aux lieux où l’on songe en paix à la mort ». Ce lien entre l’amour et la mort se retrouvera chez Guillaume Apollinaire dans son poème La Maison des morts :

     

    « Car y-a-t-il rien qui vous élève

    Comme d’avoir aimé un mort ou une morte

    On devient si pur qu’on en arrive

    Dans les glaciers de la mémoire

    À se confondre avec le souvenir ».

     

    Apollinaire est ici manifestement influencé par Maurras qu’il cite d’ailleurs avec faveur dans son texte « La Poésie » (La Vie anecdotique).

    Le Chemin de Paradis est ainsi cet étrange chemin qui avance entre les deux versants de l’amour et de la mort pour tenter d’accéder au paradis. Maurras disait de ce livre matriciel, dans sa dédicace à son ami Frédéric Amouretti, qu’il était « un traité presque complet de la conduite de la vie ». Et cette conduite de la vie passe par un cheminement ordonné en neuf contes selon une triple symbolique. Je ne sais si Maurras a pensé aux Énnéades de Platon, ordonnées en neuf parties ou aux neuvaines de la religion catholique. Pour le christianisme, une neuvaine est une dévotion publique ou privée qui dure neuf jours. St Jérôme disait que « le chiffre neuf marque la souffrance et le chagrin dans l’Écriture sainte ». On ne le trouve pas chez les Juifs, mais chez les Grecs et les Romains qui observaient un deuil de neuf jours. C’est sans doute pour suivre cet ordre symbolique que Porphyre, le disciple de Plotin, organisa les leçons de son maître en Ennéades.

    Or, Le Chemin de Paradis, s’il ne suit pas la neuvaine catholique tout en conservant le thème de la souffrance lié à l’amour et à la mort, est distribué en neuf contes ordonnés en trois domaines qui sont comme les trois stades de l’existence : Religions, Voluptés et Harmonies.

    À la fin de sa préface au recueil des contes, Maurras donne la clé de son ouvrage : « Neuf fois, dans ces récits égalant le nombre des Muses, [...] j’ai osé évoquer en présence de mille erreurs les types achevés de la Raison, de la Beauté et de la Mort, triple et unique fin du monde ». Il faudrait aussi mentionner les « neuf cieux » qui éclairent le rêve du narrateur de « La Reine des Nuits » Il faut comprendre cet ouvrage comme neuf étapes sur un chemin de vie qui, par-delà la mort, serait un chemin de paradis.

    Aux trois contes des Religions correspondent le type achevé de la Raison ; aux trois contes des Voluptés, le type achevé de la Beauté ; et aux trois derniers contes des Harmonies, le type achevé de la Mort. La Raison, et Maurras songe ici à la raison grecque dans cet ouvrage au goût païen et non chrétien, est la mesure cosmique exigée par les Religions. La Beauté, et Maurras pense ici à la beauté grecque qu’il cisèle dans son conte sur Phidias, est la mesure amoureuse des Voluptés. Quant à la Mort, et Maurras parle ici de la mort grecque chantée par les poètes qui conduit vers l’au-delà, elle est la mesure divine des Harmonies.

    (à suivre)

    lafautearousseau

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    Notre Ephéméride de ce jour évoque la naissance de Charles Maurras, le 20 avril 1868, et propose, à cette occasion, un résumé de L'Avenir de l'Intelligence. C'est une bonne occasion pour présenter à la lecture un article intéressant, publié en 2013, et qui est, lui aussi, une sorte de résumé de cet "immense petit livre" (Pierre Boutang), sauf pour la fin, qui ne rend compte que trop légèrement de la conclusion de Maurras : "A moins que..."

    Voici donc Charles Maurras : l’Intelligence, l’Or et le Sang ,par Matthieu Giroux, publié sur le site Philitt, le 27 octobre 2013...

    Pour Maurras, le monde est régi par un certain nombre de forces. Ces forces sont de natures différentes : matérielle et spirituelle. "Il faut être stupide comme un conservateur ou naïf comme un démocrate pour ne pas sentir quelles forces tendent à dominer la Terre. Les yeux créés pour voir ont déjà reconnu les deux antiques forces matérielles : l’Or, le Sang."

    Le destin de l’unique force spirituelle, l’Intelligence, est de s’allier à l’une de ces forces matérielles. Elle doit décider, trancher "entre l’Usurier et le Prince, entre la Finance et l’Épée." 

    maurras.jpg

    Aux yeux de Maurras, le déclin de l’Intelligence est dû à un renversement d’alliance. Autrefois, l’Intelligence était souveraine car liée au Sang, c’est-à-dire aux rois. Aujourd’hui, l’Intelligence est soumise au règne de l’argent. La cause de ce retournement est la Révolution française. "De l’autorité des princes de notre race, nous avons passé sous la verge des marchands d’or, qui sont d’une autre chair que nous, c’est-à-dire d’une autre langue et d’une autre pensée. "

    Avant la Révolution française, le déclin de la monarchie a coïncidé avec l’essor des hommes de lettres. L’Intelligence a pris les traits de la noblesse. La voix des philosophes compte alors plus que celle des seigneurs. Jean-Jacques Rousseau rédige la constitution polonaise et l’on parle désormais du « roi Voltaire ». Pour Maurras, « le successeur des Bourbons, c’est l’homme de lettres. » 

    La révolution marque donc, selon le mot du martégal, l’avènement « d’une dictature littéraire ». L’Intelligence, ayant mis à mal le Sang, ménage de la place pour le retour de la force matérielle concurrente : l’Or.

    Pour Maurras, le paradoxe est le suivant : la victoire de l’Intelligence pendant la période révolutionnaire, parce qu’elle s’est faite contre la force du Sang, favorise le règne de l’Or. L’Intelligence révolutionnaire, détachée de sa référence au Sang, aboutit au règne illégitime de l’Écrit. "L’Écrit régna non comme vertueux ni comme juste, mais précisément comme Écrit. Il se fit nommer la Raison." 

    Le philosophe maurrassien Pierre Boutang parle ici d’une « absurde victoire » et explique que celle-ci s’est plus faite contre l’Église que contre la royauté déjà moribonde. Les hommes de lettres deviennent selon Boutang les nouveaux clercs : « le nouveau pouvoir du littérateur s’est modelé sur le pouvoir ecclésial ». Mais cette autorité va vite s’émousser car la rupture d’avec le Sang est insoutenable pour l’Intelligence. Au « roi Voltaire » va succéder le « père » Hugo, un symbole qui montre dès la moitié du XIXe siècle la déliquescence de cette Intelligence séparée.

     

    le «père» Hugo
    le «père» Hugo

     

    Avec le progressisme révolutionnaire et la complication du monde va naître l’abondance matérielle. Cette abondance va favoriser l’émergence d’un nouveau type d’homme : le bourgeois. Les rapports de force vont donc changer radicalement. L’Or va définitivement prendre le pas sur le Sang pour plus tard asservir l’Intelligence. « Cet Or est sans doute une représentation de la Force, mais dépourvue de la signature du fort. » Ce qui afflige Maurras, c’est que « les quelques familles devenues maîtresses de la planète » sont les tenants de l’Or et non du Sang. C’est donc une nouvelle forme de pouvoir, sans noblesse, sans vertu, toute soumise et conditionnée par les lois ignobles de l’argent, qui dirige le monde.

    Quel avenir pour l’Intelligence dans un contexte où les forces matérielles de l’Or ont triomphé de celles du Sang ? « Au temps où la vie est simple, la distinction de l’Intelligence affranchit et élève même dans l’ordre matériel ; mais, quand la vie s’est compliquée, le jeu naturel des complications ôte à ce genre de mérite sa liberté, sa force. » Aux yeux de Maurras, le danger ultime pour l’Intelligence est l’industrie littéraire, c’est-à-dire le conditionnement de la pensée par des impératifs d’argent. Si Maurras n’a pas développé, comme le montre Boutang, de méfiance particulière vis à vis du progrès matériel – progrès technique « qu’il attribue à Pallas-Athéna et à l’industrieux Ulysse dans leur véritable origine » – « l’ordre mauvais » et les « lois défectueuses » le corrompent fatalement jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un moyen pour l’argent d’étendre sa domination.

    L’Intelligence ne peut reconquérir sa noblesse perdue avec cette nouvelle allégeance. « La vraie gloire étant évaluée en argent, les succès d’argent en reçurent, par une espèce de reflet, les fausses couleurs de la gloire. » Pour Maurras, le prestige lié à l’Or est un faux prestige. L’Intelligence en s’alliant à l’Or ne peut plus être prestigieuse. Elle n’est plus que la victime du mépris des industrieux. Car si tout succès est aujourd’hui évalué en argent, l’écrivain, le représentant de l’Intelligence, parce qu’il ne pourra jamais dégager autant d’argent que le grand industriel, est condamné à la relégation. « Non contentes, en effet, de vaincre l’Intelligence par la masse supérieure des richesses qu’elles procréent, les autres Forces industrielles ont dû songer à l’employer. » Dans ce monde dominé par l’Or, l’Intelligence n’est plus une fin, seulement un moyen. L’Intelligence est soumise, elle défend des intérêts qui ne sont pas les siens, elle prend partie pour le plus offrant. Avec le règne de l’Or, la liberté de penser devient monnayable, négociable. On échange « un peu de son franc-parler contre de l’argent. » La presse en particulier n’est plus qu’un instrument entre les mains des possédants. L’Intelligence est humiliée, étriquée. Elle sert.

    L’argent est aussi un moyen pour l’Étranger d’œuvrer à travers et par lui. Maurras s’appuie sur deux exemples historiques : les distributions d’or anglais en France pour les campagnes de presse, de 1852 à 1859, en faveur de l’Unité italienne et les arrosages de la presse française par Bismarck après la bataille de Sadowa en 1866. Pour autant, Maurras, face aux intrusions de l’Étranger via l’argent, ne cède pas à la fatalité. « C’est à la Patrie de se faire une presse, nullement à la presse, simple entreprise industrielle, de se vouer au service de la Patrie. » Cette phrase contient en elle-même une légitimation de L’Action Française.

     

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                                             L’Action Française

    Néanmoins, aux yeux de Maurras, la liberté absolue de l’Intelligence est de tout temps dure à conquérir. « L’indépendance littéraire n’est bien réalisée, si l’on y réfléchit que dans le type extrême du grand seigneur placé par la naissance ou par un coup de la fortune au-dessus des influences et du besoin (La Rochefoucauld) et dans le type correspondant du gueux soutenu de pain noir, désaltéré d’eau pure, couchant sur un grabat, chien comme Diogène ou ange comme Saint François. » La logarchie (de logos et archè) absolue qui est l’horizon de Maurras semble donc inatteignable. Par ailleurs, beaucoup lui ont reproché la liberté de ton de L’Action Française conjuguée à une conception autoritaire du pouvoir politique. Une dévotion à l’État qui l’amènera en septembre 1939 à demander des mesures pour limiter la liberté de la presse. Cependant, pour Boutang, il n’y a pas de contradiction « mais la reconnaissance de deux pouvoirs contraires ».

    L’avenir de l’Intelligence n’est donc pas radieux. Maurras a cette phrase terrible : « Le Sang et l’Or seront recombinés dans une proportion inconnue. Mais l’Intelligence, elle, sera avilie pour longtemps ; notre monde lettré, qui paraît si haut aujourd’hui, aura fait la chute complète, et, devant la puissante oligarchie qui syndiquera les énergies de l’ordre matériel, un immense prolétariat intellectuel, une classe de mendiants lettrés comme en a vu le moyen âge, traînera sur les routes de malheureux lambeaux de ce qu’auront été notre pensée, nos littératures, nos arts. » 

    Cependant, il n’est pas dans la nature du maurrasisme que de céder à la tentation pessimiste. L’Or peut être vaincu et l’alliance de L’Intelligence avec le Sang restaurée. Ce salut pour l’écrivain, « le plus déclassé des êtres », est possible sous deux conditions : le renforcement en France du catholicisme en tant que « croyance autonome de l’esprit pur » et la reconstitution progressive de l’ancienne alliance à travers une contre-révolution.

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé la semaine dernière en bonne compagnie, avec Axel Tisserand; nous passerons celle-ci en bonne compagnie également, cette fois avec Jean-François Mattéi et son intervention - le samedi 1er septembre 2012 - lors de la journée d'hommage à Charles Maurras, dans le jardin de sa maison de Martigues, pour le soixantième anniversaire de sa mort...

    MATTEI 1.jpgLe Chemin de Paradis (V/V)

    Tout l’ouvrage est donc conduit, avec la métaphore du « chemin », de la vie présente vers le Paradis futur à travers l’épreuve inéluctable de la mort. Le conte le plus remarquable, à cet égard, est celui des « Serviteurs ». Il se passe chez les Morts, comme dans le voyage d’Ulysse aux Enfers au cœur de l’Odyssée. Le narrateur, Criton (un coup d’œil au Criton de Platon qui visitait Socrate dans sa prison avant sa mort) se retrouve aux Champs-Élysées après son décès. Son ancien serviteur, Androclès, déplore que son maître soit mort comme lui et qu’il ne puisse plus régner sur ses esclaves. Et Maurras de justifier l’ordre inégalitaire de la vie grecque par un éloge de la hiérarchie qui structure une véritable communauté au lieu de la dissoudre dans un individualisme mortel.

    C’est ce que montre le conte « le Miracle des Muses », dans lequel on voit Phidias terminer la statue en or et en ivoire de Zeus à Olympie. Ulcéré d’avoir été peu rétribué par les prêtres du temple alors que la statue attire les visiteurs de toute la Grèce, il ouvre une école de sculpture où l’on blasphème les dieux, et il refuse l’aide des Muses alors qu’il sculpte leur bas-relief. Égoïste et vaniteux, il déclare qu’il mourrait plutôt que de devoir son art aux Muses et non à lui-même. Les Muses s’enfuient alors d’Olympie, et la statue de Zeus perd aussitôt son éclat, son front devient « terne et muet », tandis que toutes les statues de Phidias sombrent dans la décrépitude. Le sculpteur suit sa promesse et se donne une mort qui sera le sommet et le terme de son impiété.

    Que signifie cette mort qui frappe les personnages du Chemin de Paradis au moment même où ils sont au sommet de leur vie, de leur amour ou de leur art ? Maurras pose pour principe qu’il y a un point extrême de l’existence humaine. Lorsqu’il est atteint, seule la mort peut en garantir la pérennité. On le voit dans le conte « Le Jour des Grâces ». Le vieil Euphorion, élève de Pythagore et d’Empédocle, un homme sage donc, tue son esclave Syron. Celui-ci revient de Sybaris, capitale de toutes les voluptés, et lui raconte l’anéantissement de la ville par les dieux qui ont puni sa démesure. L’esclave lui-même a joui de ces voluptés, mais a miraculeusement échappé à la mort. Le sage alors le transperce d’un stylet parce qu’il n’a pas respecté l’équilibre de la nature. Et Euphorion de se dire en lui-même : « Rien d’entier ne demeure au monde, et la perfection entraîne la mort.  Dès que l’homme confine à Dieu, il est juste qu’il n’ait plus que faire de vivre ». Mais une telle sentence s’applique aussi à celui qui l’a prononcée. Le sage, à son tour, se donnera la mort parce qu’il est arrivé, en tuant son esclave, « au plus haut point de la sagesse ».

    Tout Le Chemin de Paradis est ainsi conduit par une esthétique de l’amour et de la mort qui exalte, et punit à la fois, la démesure, l’hubris, tout en évoquant, en contrepoint, l’idéal classique d’ordre et de mesure. Il se retrouve dans la tension constante entre les Religions et les Voluptés que le stade supérieur des Harmonies ne parvient pas, du moins en cette vie, à accorder. C’est ce que laisse entendre « La consolation de Trophime » qui appartient aux trois contes du cycle des Voluptés. L’action se passe en Arles. Une belle courtisane nommée Myrto, en hommage à la jeune Tarentine morte sous « la vague marine », veut mourir après avoir épuisé toutes les ressources du plaisir. L’évêque Trophime, étranger à la ville d’Arles, accourt pour essayer de l’amener à Dieu. Son nom grec signifie « le nourricier ». Mais Myrto ne se rend pas à l’enseignement de l’évêque qui veut la convaincre que « ce qui doit mourir » ne peut « persister dans sa forme heureuse ». En face de lui, le philosophe Philétas défend Myrto en s’appuyant sur la dialectique platonicienne de l’amour. « Elle est montée au plus haut point » de l’existence, et les arguments de Trophime ne la feront pas redescendre. Le philosophe arlésien défend ici l’« ascension dialectique » de l’âme de la courtisane au détriment de la conversion chrétienne que le prêtre lui promet. Myrto se laisse donc mourir, et la foule arlésienne, furieuse, mettra à mort le prêtre qui a échoué à la sauver.

    Maurras laisse à son lecteur le soin de comprendre qu’il est d’autres chemins de paradis que les chemins offerts par la religion. Ne peuvent y accéder que ceux qui ont accédé à un point extrême de perfection, serait-ce dans les voluptés, au-delà duquel l’homme n’attend plus que la mort. C’est la leçon du dernier des neuf contes du Chemin de Paradis : « Discours à la louange de la double vertu de la mer ». Sous une épigraphe de Frédéric Mistral, extraite de Mireille lors de la mort de la jeune provençale : « La mer, belle plaine agitée, est l’avenue du Paradis » (1), Maurras rappelle que c’est un « chemin étroit » qui conduit les hommes à leur terme, tout en leur signifiant à quel point ils seront toujours « inégaux à [leurs] espérances ».

    Jean-François Mattéi

    La Maison du Chemin de Paradis,

    Samedi 1er septembre 2012

     

    1. « La mar, bello plano esmougudo,

     Dóu paradis és l’avengudo », Mirèio, de Frédéric Mistral. 

    lafautearousseau

  • Maurras, humaniste et poète ?, par Gérard Leclerc.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

    Nous voici donc dans la seconde série militante de l’été « Le legs d’Action française  », voulue par le responsable du blog quotidien de l’Action française, afin de soutenir l’effort de formation du secrétariat général.

    Dans cette seconde rubrique, Gérard Leclerc présente Charles Maurras au travers son maitre, l’abbé Penon. Ceux qui souhaiteront approfondir le sujet pourront se rapporter à l’édition savante de la correspondance Penon-Maurras publiée et commentée par Axel Tisserand (Privat SAS, collection Histoire, 2007). Un indispensable de la bibliothèque du nationaliste français.

    gerard leclerc.jpgA l’origine, un homme exceptionnel, humaniste, penseur et poète…

    Par Gérard LECLERC

    Je vous disais tout à l’heure que j’avais une certaine crainte, car qui trop embrasse… risque d’être complètement débordé par son sujet… C’est pourquoi j’ai choisi un certain nombre de séquences, je ne suis pas sûr d’avoir le temps de les reprendre toutes. Mais, bon…, commençons par les origines.

    A l’origine, il y a donc un étonnant personnage qui s’appelle Charles Maurras. Mon père avait coutume de dire que c’était “un homme qui faisait honneur à l’homme”. Effectivement, c’était une personnalité tout à fait singulière  : par sa seule volonté, il va ranimer une part essentielle du legs historique de la France. L’idée monarchique était en train de s’effacer, de disparaître, et cette fin paraissait alors définitive, et il va parvenir à la restaurer. Il aura fallu ce petit bonhomme tout à fait unique pour en rétablir l’idée.

    Pour comprendre son épaisseur réelle, essayons de rentrer un peu dans sa personnalité. Je lui attribuerai un certain nombre de qualificatifs. Je dirai d’abord que Charles Maurras est un humaniste ; pas au sens niais et habituel du terme, tel que le Parti radical s’en réclame, ni au sens du XVIIIe siècle et des Lumières, mais au sens du XVIe siècle : un homme des humanités. Un homme d’une culture profonde, un homme qui a bénéficié de cet enseignement, de cette culture générale qui aujourd’hui est presque complètement perdue. Un homme formé au latin, au grec, et à la pensée grecque, et à la littérature latine, un homme étonnant que nous connaissons mieux depuis que notre ami Axel Tisserand a édité sa correspondance avec son professeur, son maître, l’abbé Jean-Baptiste Penon, qui deviendra Mgr Penon.

    Pédagogue exceptionnel, Penon a formé Maurras à ce que l’on appelle les humanités, les humanités classiques. Il l’a formé à la littérature française, mais d’abord au latin et au grec. Maurras avait ainsi une connaissance du latin et du grec que les générations suivantes n’ont pas connues. C’est mon cas… J’ai fait du latin et du grec, mais j’étais un peu honteux devant mes prédécesseurs, parce que nous n’avions pas cette connaissance précise qui nous permettait de lire et interpréter un texte de Virgile ou de Platon.

    Maurras est donc d’abord un formidable humaniste. Un jour, je visitais sa maison du chemin de Paradis, à Martigues, j’y étais avec un éminent professeur de littérature de Rennes qui nous expliquait :”Voyez cette bibliothèque ! Vous ne pouvez pas comprendre Maurras sans cette bibliothèque…”, sans cette formidable culture qu’il a emmagasinée dès l’adolescence et qui explique la puissance et la profondeur de son esprit. Lorsque je parle de Maurras, je parle toujours de cet aspect-là  : si on n’a pas présente à l’esprit cette culture humaniste, difficile à imaginer aujourd’hui, il est incompréhensible, on ne peut entrer dans la profondeur de son esprit. Les premiers textes qu’il a écrits – je pense au Chemin de Paradis et à Anthinéa – ne s’expliquent que par cette culture. Ils sont emplis du suc de ces connaissances premières. Et aussi de l’exceptionnelle pénétration de son œil de critique littéraire, car c’est comme critique littéraire que Maurras s’affirme d’abord dans le journalisme. Il sera le premier à saluer, en 1896, Les Plaisirs et les jours, le premier livre d’un jeune écrivain juif inconnu, Marcel Proust, qui lui en sera reconnaissant toute sa vie.

    Un humaniste, donc, mais aussi un penseur. Il ne se contente pas d’emmagasiner tout le legs de la pensée, d’être une sorte de super-historien des idées, c’est aussi quelqu’un qui pense par lui-même. C’est en pensant par lui-même qu’il remet en cause et dépasse le conformisme et les préjugés les mieux établis de son époque. C’est une des choses qui m’impressionnent le plus chez Maurras, cette magnifique autonomie, cette absolue indépendance d’esprit qui lui permet de comprendre son temps en le dépassant, en le surmontant.

    Et Maurras est encore – et cela tout au long de son existence – un poète. Ce qui contredit l’image que l’on se fait souvent de lui d’une espèce de rationaliste desséché… Notre cher Bernanos disait que “Maurras couchait avec la raison”, ce qui d’un certain point de vue, était vrai, mais il ne faut pas oublier l’immense part de sensibilité poétique qu’il y a chez lui. La grande poétesse Anna de Noailles l’avait bien saisi qui disait qu’on ne pouvait pas comprendre Maurras sans ressentir sa sensibilité frémissante, et sans pressentir qu’un profond secret l’habitait.

    Gérard Leclerc

    à suivre

    Cette seconde série de Gérard Leclerc est à mettre en relation avec le quatres rubriques de Christian Franchet Desperey sur «   Le nouvel âge du maurrassisme  ». On peut les retrouver en cliquant sur les liens suivants  :

    1 – Est-il opportun de s’accrocher à un homme aussi décrié ?
    2 – Les positions les plus contestées de Maurras ne doivent plus faire écran à ses découvertes majeures
    3 – maurrassisme intra-muros et maurrassisme hors les murs
    4 – Une demarche d’aggiornamento cest-a-dire de mise au jour

  • GRANDS TEXTES (28) : Le Nationalisme français et le Nationalisme allemand, par Charles Maurras

    Devant l'Histoire....

    Le 8 mai 2011, le site Maurras.net - sous le titre Comment Maurras dénonçait Hitler en 1937 - a envoyé ce texte de Maurras (alors en prison) en l'accompagnant du commentaire suivant (extrait) :

    "...En avril 1937, la librairie d’Action française publie une brochure de propagande destinée à montrer au public, et à rappeler en bons arguments aux militants, en quoi le nationalisme français se distingue en tout du fascisme mussolinien et du national-socialisme hitlérien. C’est Marie de Roux qui en rédige l’essentiel ; Maurras y ajoute une postface, Le Nationalisme français et le Nationalisme allemand, que nous publions aujourd’hui, en lui adjoignant en note l’essentiel d’un billet écrit par Jacques Bainville en 1933, peu après l’accession d’Hitler au pouvoir.

    L’argumentation est solide et carrée.

    D’une part le racisme aryaniste est une ineptie, issue d’ailleurs d’auteurs français (Gobineau, de Leusse, Vacher de Lapouge) que Maurras et l’Action française avaient vertement condamnés bien avant qu’Hitler ne s’empare de leurs thèses; d’autre part cet Hitler n’est que le dernier avatar du danger pangermaniste dont l’Action française a toujours été le plus résolu des adversaires. Il n’y a donc rien de commun entre le nationalisme français, défensif et civilisateur, et le nationalisme allemand, barbare et expansionniste.

    Cette argumentation a-t-elle été entendue ? Des militants qui la connaissaient déjà par cœur, sans doute. Mais vis-à-vis de l’histoire, elle n’a pas pesé lourd, et lorsqu’après 1945 un Ernst Nolte cherche à disculper son pays de la responsabilité des horreurs nazies, il n’a qu’à reprendre à son compte et au pied de la lettre les vociférations de la gauche française : l’Action française était nationaliste ? Parbleu, alors c’est clair, elle était la préfiguration du fascisme et de l’hitlérisme.

    Il reste qu’aujourd’hui, le lecture du texte de Maurras en 1937 a quelque chose d’éclairant !"

    Dans un précédent envoi, le site rappelait :

    "...En juillet 1936, il (Maurras, ndlr) écrit dans l’Action française à propos du nazisme : « l’entreprise raciste est certainement une folie pure et sans issue ». En mars 1937, applaudissant à la condamnation du nazisme par le Pape, il précise ainsi sa propre position : « Tous les esprits impartiaux qui ont étudié le nationalisme français, même intégral, surtout intégral, savent combien il est profondément hostile à ce que l'Encyclique d'hier appelle 'la théorie du sol et du sang', théorie métaphysique, bien entendu, qui substitue aux relations normales et objectives des hommes, au jeu naturel des apports collectifs nationaux et professionnels, une distribution toute subjective fondée sur les races et sur les climats, dérivée du principe que l'Homme allemand ('all-mann') est l'Homme par excellence, le tout de l'Homme, et de ce que Luther incarna cet Homme dans l'histoire politique et dans l'histoire des religions[». Il traite de « basses sottises » les idées de Gobineau et de Vacher de Lapouge et rappelle qu'il écrivait, déjà trente ans auparavant : « J'ai, pour mon compte, toujours pris garde de séparer les réflexions sur l'hérédité politique et économique d'avec les généralisations vagues, aventureuses et captieuses sur la stricte hérédité physiologique. » Il demande une traduction non expurgée de Mein Kampf, dont certains passages laissant prévoir les ambitions hitlériennes avaient été censurés dans la version française..." 

     

    NATIONALISME FRANCAIS ET NATIONALISME ALLEMAND 2.jpg 

    Le Nationalisme français et le Nationalisme allemand

     

    I
    Les Encycliques

           

    On ne saurait trop le dire, les deux dernières encycliques (1) sont des événements.

    La condamnation du communisme va contribuer puissamment à rétablir une unité profonde entre les défenseurs de l'ordre, et dans l'état présent du monde il n'y a rien de plus désirable.  

     

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    Texte complet (en français) : http://www.vatican.va/holy_father/pius_xi/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_19031937_divini-redemptoris_fr.html

     

           

    La condamnation, formelle et directe, de l'hitlérisme apporte enfin le trait de lumière souhaité aux esprits qui hésitaient sur les terrains vagues du nationalisme modéré ou du nationalisme exagéré, ces adjectifs qualificatifs n'ayant dit rien de net à personne, sinon que le premier était licite et le second interdit. Comment, jusqu'ici, se débrouiller là-dedans ?

     

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    Texte complet (en français) : http://lesbonstextes.awardspace.com/pximitbrennendersorge.htm

     

     

    On sait maintenant ce qui est interdit, c'est l'hitlérisme, c'est le germanisme d'Hitler, c'est la métaphysique religieuse du sol et du sang.

    Il ne s'agit pas de renier sa race ni sa patrie. Il s'agit de distinguer entre des notions morales, des sentiments naturels, des idées humaines et ce qui fait l'objet d'une sorte de monothéisme historique, temporel et terrestre tout à fait aberrant.

     

    II
    Trente ans avant Hitler

           

    Les Français qui, par comparaison à l'hitlérisme, voudront s'informer de la véritable nature du nationalisme de leur pays ont à leur disposition des textes décisifs.

    Qu'ils ouvrent, tout d'abord, l'avant-dernier livre de Jacques Bainville, si précieux, Lectures (2), à la page 220. Ils liront :

    Le ministre hitlérien de l'instruction publique a cité l'autre jour comme une Bible le livre d'un professeur d'anthropologie à la Faculté de Rennes, Vacher de Lapouge. Je me rappelle très bien que ce livre, L'Aryen, son rôle social, avait paru dans les environs de l'année 1900, et que Charles Maurras avait mis le très jeune lecteur que j'étais en garde contre ces rêveries de race pure.

    Bainville écrit dans la même page :

    Gobineau est à la source du racisme.

    Si, donc, les fondateurs du Nationalisme français avaient eu le moindre penchant pour ces basses sottises, Bainville l'observe avec raison, les livres français y auraient abondamment pourvu. On avait la bible, la source. Et l'on était à l'origine du mouvement ; la liberté de direction, la liberté de choix étaient absolues pour nos amis.

    Écoutez-les parler de M. de Gobineau, dès les premières années du XXe siècle :

    Analysant un livre ingénieux et pénétrant que M. Seillière (3) a consacré au comte de Gobineau, M. Paul-Boncour a remarqué à différentes reprises que je ne me référais point à la doctrine de l'Essai sur l'inégalité des races humaines.

    M. Paul-Boncour m'en a demandé la raison.

    Elle est très simple. Je n'admets pas cette doctrine.  

     

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    Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882), auteur de l'Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-1855)

     

     

           

    Plus loin, étudiant un livre fort intéressant d'un disciple très original de Gobineau, et, selon nous, bien supérieur au maître, le comte de Leusse (4), j'écrivais, et ce compte rendu de cette « lecture orageuse » est vieux de plus de trente ans :

    … J'ai, pour mon compte, toujours pris garde de séparer les réflexions sur l'hérédité politique et économique d'avec ces généralisations vagues, aventureuses et captieuses sur la stricte hérédité physiologique.

    Une aristocratie peut être formée de sangs assez divers et, ce nonobstant, accomplir toutes ses fonctions les plus hautes, si d'autres conditions s'y prêtent favorablement. Il y a aux débuts de l'histoire de France une aristocratie franque, une aristocratie scandinave, une aristocratie gallo-romaine (5). Toutes trois, surtout la première et la dernière, ont concouru à l'admirable système féodal. Ont-elles été inférieures dans ce rôle à l'aristocratie teutonique ou mieux à l'aristocratie danoise, qui, pour M. de Leusse, représentent une veine plus pure du sang des « Aryans » ?…

    … Nous savons qu'un État ne peut être prospère sans un pouvoir héréditaire, ou simple ou collectif, résidant dans une dynastie ou dans une aristocratie ; nous le savons, parce que nous savons pourquoi cela est. Mais nous ne pouvons pas dire que nous sachions que ces races régnantes ou gouvernantes régneront et gouverneront d'autant mieux qu'elles seront plus pures. S'il n'y avait qu'une race supérieure, on comprendrait que tout mélange l'abâtardit ; mais, aux époques historiques, quand les races sont en présence, c'est une question de savoir s'il y a des premiers et quels sont les premiers !…

    Un critique malin et qui aurait le temps de contenter sa malignité aurait à détacher des Études d'histoire ethnique plus d'une ligne assez plaisante, toutes les fois que M. de Leusse est forcé d'enlever quelque vertu à ses chers Germains ou de faire sur leur dos quelque concession. En un endroit où le conflit se montre entre l'humilité chrétienne et l'impertinence germaine, ce chrétien fervent ose parler d'un ton presque piqué du christianisme. Arrivé à l'époque de la Réforme, ce catholique résolu écrit qu'il n'en parlera point.

    « C'est par parti-pris, déclare-t-il, et pour des raisons dont je n'ai à rendre compte à personne que je ne traite pas dans mon travail la question de la Réforme de Luther. » Si les Aryas sont la fleur du monde et si les Germains sont eux-mêmes la fleur de l'Arya, il semble, en effet, difficile d'expliquer que ces êtres supérieurs aient mis toute leur âme à se couper d'avec la chrétienté entière et à détruire l'admirable unité catholique.

    Car c'est un autre caractère distinctif du Nationalisme français ; il est fort éloigné de présenter la nécessité pratique et moderne du cadre national rigide comme un progrès dans l'histoire du monde ou comme un postulat philosophique et juridique absolu. Il voit au contraire dans la nation une très fâcheuse dégradation de l'unité médiévale. Il ne cesse pas d'exprimer un regret profond de l'unité humaine représentée par la République chrétienne.  

     

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    Johann Gottlieb Fichte (1762-1814), concepteur de la théorie de la Nation allemande, fondée sur le droit du sang. Il prononça ses Discours à la Nation allemande lors de l'invasion de la Prusse par les Français .

     

           

    On en trouvait une formule, parfaitement nette, dans la déclaration de novembre 1899 qui servit de départ au mouvement des idées de l'Action Française ; ce dont Fichte et ses successeurs ont fait gloire aux siècles nouveaux, nos amis ont déclaré en porter le deuil. En d'autres termes, ce qui, dans le Nationalisme français, a été une mise en garde indispensable contre la rigueur des temps, était au contraire, dans le Nationalisme allemand, présenté, constitué et systématisé comme un bien en soi.

    Au nationalisme officiel des Allemands nous avons opposé une doctrine de défense, comme il le fallait bien, à moins de tout livrer, de tout sacrifier, au pire, foyers, autels, tombeaux, la haute humanité.

    En défendant la France, en préservant de nos mains étendues « le flambeau de l'esprit » de notre nation, ce sont des biens traditionnels, éternels, universels que nous avons travaillé à défendre. Plusieurs de nos compatriotes ont pu s'y tromper ; leur erreur (il faut le noter) n'a pas été commise par un Allemand intelligent et cultivé, M. Ernst Curtius, qui a vu clairement quel « schisme » nous reprochions à l'Allemagne et comment la cause de l'intérêt français coïncide, point par point, ligne à ligne, avec le génie d'une civilisation pure et libre des conditions de temps et de lieux.

     

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    (1) : Encyclique Divini Redemptoris sur le communisme (19 mars 1937) et encyclique Mit Brennender Sorge sur la situation de l'Église catholique dans l'empire allemand (14 mars 1937), de Sa Sainteté le Pape Pie XI.

    (2) : L'article repris dans Lectures est une note publiée par Jacques Bainville en 1933, peu après la prise de pouvoir par Hitler, sous le titre Prestige de la pensée allemande. En voici les principaux extraits :

            "Le numéro de la Nouvelle Revue française consacré aux doctrines nationales-socialistes est hautement significatif, par lui-même et par son seul contenu. D'emblée, l'idéologie hitlérienne trouve une audience, est accueillie avec un désir d'étude, avec un sérieux que l'idéologie mussolinienne n'a pas eus. Pourquoi ? C'est vous qui l'avez dit. Parce que Hitler est allemand. Il n'y a pas de doute. L'ironie française s'en est donné à cœur joie des faisceaux, des chemises noires, du salut à la romaine et du déguisement de César. Le bel Adolphe, le peintre en bâtiment beau parleur a été raillé tant qu'il n'a été qu'un chef de bande, un énergumène de réunion publique. D'ailleurs, les Français refusaient de croire que trois hommes réunis un jour autour d'une table de brasserie et jurant de sauver leur pays pussent réussir (…)

            En dépit des haussements d'épaules, Hitler est devenu le maître. Tout change. La légèreté fait place à une gravité émue, déjà parente de la sympathie. Le national-socialisme n'est plus une mascarade de chemises brunes. C'est une philosophie. Et puisqu'elle est allemande, elle ne peut être superficielle. Il faut qu'elle aille aux racines de l'être.

            Nous n'en sommes que là encore. C'est pourtant très différent déjà de la vogue du bolchévisme (…) Le national-socialisme est examiné dans un autre esprit qui permet de déceler chez lui une attraction naissante. On lui trouve des profondeurs de pensée. Pourquoi ? Répétons-le : parce qu'il est germanique et qu'il faut que tout ce qui est germanique soit pensé.

     

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    Le comte Georges Vacher de Lapouge (1854-1936), anthropologue et théoricien de l'eugénisme. Athée, anticlérical et socialiste militant, il est l'un des fondateurs du Parti ouvrier français de Jules Guesde avant de rejoindre la SFIO.

     

     

            Les éléments de la doctrine hitlérienne, à l'analyse, sont pourtant pauvres. Il n'y a rien chez elle qui ne soit connu et même que de

  • Grandes ”Une” de L'Action française : c'est un Maurras enthousiaste qui ”présente” Thibon aux lecteurs du journal...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    ---------------

    Comme d'habitude, voici le lien qui vous permet d'accéder à la "Une" de ce mercredi 10 juin 42 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7683903/f1.item.zoom

    même si c'est en page 2 que Maurras "présente" Gustave Thibon (avec la première partie de son texte, qui s'achèvera le lendemain, jeudi 11 juin) :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7683903/f2.item.zoom

    Les temps sont difficiles pour L'Action française, qui n'a guère plus de deux ans à vivre... Le journal n'a plus que deux pages, et il est édité à Lyon; bien entendu, Bainville n'est plus là, depuis longtemps maintenant, mais, depuis, peu, c'est Léon Daudet qui commence à manquer à l'appel : il va décéder dans peu de temps, au début du mois de juillet, des suites de nombreuses attaques cérébrales...

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    C'est Thierry Maulnier qui "tient" la Revue de Presse, qui occupe un peu moins du tiers des six colonnes de la page 2, dans laquelle Maurras parle de Thibon.

    Il le fait dans sa "Politique", divisée en cinq paragraphes dont les trois premiers sont en "Une" et les deux derniers (avec la fin du troisième) sont en page 2 : l'enthousiasme éclate dès la première ligne du cinquième et dernier (et long !) paragraphe de cette "Politique" du jour, intégralement consacré à Thibon et intitulé "V. Le réalisme de la terre" :

     

    "Gustave Thibon est sans conteste le plus brillant, le plus neuf, le plus inattendu, le plus désiré et le plus cordialement salué de nos jeunes soleils..."

     

    (Né le 2 septembre 1903, Thibon a donc 39 ans lorsque Maurras écrit ces lignes enthousiastes. Il sera à ses côtés, comme il l'a raconté, lors de ses tous derniers jours, de ses toutes dernières promenades, de ses toutes dernières discussions...)

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    Et c'est donc le lendemain, jeudi 11 juin, que paraît la seconde partie de cette "présentation" au lecteur de Thibon : toujours dans la "Politique", qui cette fois n'a que trois paragraphes, le dernier étant à nouveau consacré à Thibon, avec le même titre, mais bizarrement "numéroté quatre" : "IV. Le réalisme de la terre"...

    Voici le lien pour la page 1 de ce jeudi... :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k768391g/f1.item.zoom

    ... et le lien vous donnant accès à la page 2 du journal, où se trouve ce troisième paragraphe, numéroté pourtant "quatrième" :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k768391g/f2.item.

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    Pour saluer Gustave Thibon, voici le "Dans notre Éphéméride de ce jour" qui lui est consacré (le second, du  2 septembre, pour l'anniversaire de sa naissance, est identique) :

    • le 19 janvier, pour l'anniversaire de son entrée dans la Vie : Dans notre Éphéméride de ce jour : permanence de Gustave Thibon...

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    et, pour évoquer la relation tout à fait particulière qu'il a entretenue avec Simone Weil, notre Éphéméride du 3 février, à l'entrée "1909 : Naissance de Simone Weil, à Paris"

     

     

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    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

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  • En réponse à une question : ”Maurras a-t-il parlé de l'immigration ?”.... Non, bien sûr !....

               La réponse à votre question est, en effet, facile: non, cher lecteur (lectrice ?...), Maurras n'a jamais parlé de l'immigration durant sa longue carrière, et pour une raison bien simple: c'est que le phénomène nouveau -et absolument inédit dans notre histoire millénaire- que nous entendons aujourd'hui par immigration n'existait pas, à l'époque de Maurras; la question ne se posait pas: du moins, elle ne se posait pas dans les termes où elle se pose aujourd'hui....

                Une irruption de quinze millions d'étrangers en trente ans; deux habitants sur trois de la Seine-Saint-Denis d'origine étrangère; une bonne trentaine de villes françaises dans lesquelles l'immigration représente le tiers -et plus...- de la démographie; sans parler de la sur-délinquance qui va avec: voilà bien des réalités que Maurras n'a évidemment pas connues, et dont, forcément, il n'a pas pu parler (1)....

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    Il en a vu, des choses, dans sa vie, Maurras, mais "ça", au coeur de Paris, jamais....

                Les fameuses vagues migratoires qu'a connues notre pays au XXème siècle, auxquelles Maurras a assisté, et que manient mensongèrement les tenants du parti immigrationniste, n'avaient rien à voir, ni dans leur nombre, ni dans leur composition, avec la déferlante de populations africaines -maghrébines ou subsahariennes- que le Pays légal a organisée depuis les funestes décrets Chirac de 1975 (regroupement familial).

                Il s'agissait, avant la Première Guerre et entre les deux guerres, de populations européennes avec lesquelles nous avions -on nous pardonnera le néologisme, c'est pour faire court- les mêmes fondamentaux civilisationnels. Trop nombreuses d'un coup, et trop différentes par leurs moeurs et leur religion, les populations africaines d'aujourd'hui ne sont en effet en rien comparables aux populations européennes d'hier, venues en nombre bien inférieur, et avec des moeurs et coutumes compatibles.

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                L'assimilation de ces populations fut rapide, il n'y avait rien à redire à cela, et c'est la raison pour laquelle Maurras n'a rien dit...

                Il s'est, pourtant, montré plus fin et plus perspicace que bien d'autres.

                Voici un extrait d'un article de lui, dans l'Action française du 13 juillet 1926, à l'occasion de l'inauguration de la grande mosquée de Paris, lors de la visite du sultan du Maroc Moulay-Youssef (2). On y découvre un Maurras perspicace (il avait anticipé le réveil de l'Islam: "je ne crois pas que l'on puisse en douter..."); un Maurras respectueux -comme cet autre grand royaliste que fut Liautey- vis à vis des peuples musulmans (ces "nobles races...": on dirait, aujourd'hui, qu'il était non-raciste !...); un Maurras lucide et reconnaissant ("...auxquelles nous avons du un concours si précieux..."). Et qui jette sur ces populations un regard amical, voire admiratif, lorqu'il évoque "les très belles robes de nos visiteurs marocains", de "ces majestueux enfants du désert"...

                Mais aussi, et malgré tout, un Maurras inquiet parce que, justement, perspicace, et bien plus fûté que bien d'autres, qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ne sollicitons pas trop les textes, en cherchant à leur faire dire ceci ou cela. Mais, pourtant, n'y a-t-il pas un solide avertissement, qui ressemble à s'y méprendre à de la prémonition, dans les lignes qui suivent ? Et Maurras n'y apparaît-il pas visionnaire ? : 

                "Cette mosquée en plein Paris ne me dit rien de bon.... s'il y a un réveil de l'Islam, et je ne crois pas que l'on puisse en douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l'Islam représente plus qu'une offense à notre passé: une menace pour notre avenir... la construction officielle de la mosquée et surtout son inauguration en grande pompe républicaine, expriment quelque chose qui ressemble à une pénétration de notre pays et à sa prise de possession par nos sujets ou nos protégés....

                 Nous venons de transgresser les justes bornes de la tolérance, du respect et de l'amitié. Nous venons de commettre le crime d'excès. Fasse le ciel que nous n'ayons pas à le payer avant peu."

                 Mesuré, reconnaissant, mais bien plus lucide que beaucoup, il exprimait le souhait que "...les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse..."

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    (1) : interrogé le jeudi 17 décembre sur Radio Notre-Dame, le spécialiste reconnu qu'est Jean-Paul Gourevitch avançait le chiffre de 7 millions de musulmans en france (de préférence à celui de 5 millions qu'on évoquait devant lui) ; et il chiffrait le coût de l'immigration à 25 milliards d'euros par an pour la collectivité !.... 
    (2) : cet article a été proposé par le toujours excellent et indispensable site Maurras. net ( http://maurras.net/ ), le 15 décembre 2009. En cliquant sur le lien ci-après, vous accéderez aux commentaires du site sur cet article et, surtout, en cliquant sur la photo de ce numéro 194 de la dix-neuvième année du journal (daté du mardi 13 juillet 1926), vous pourrez lire la totalité de l'article de Maurras. Le texte sur la Mosquée constitue le second paragraphe de son article quotidien, La Politique, qui en comporte quatre ce jour-là.
  • Histoire & Action Française • Rétrospective : 2018 année Maurras [1]

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras ». Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

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    Avant-propos ...

    Alors que la nuit de la saint-Sylvestre approche, où une fois de plus nos forces de l'ordre vont probablement être mises a rude épreuve, c'est le moment de jeter un oeil sur le rétroviseur. De quoi l'année 2018 a-t-elle été le nom ?

    Elle a commencé par une polémique déclenchée par le ministère de la Culture qui a décidé de mettre Charles Maurras dans la liste des commémorations officielles des personnalités ayant marqué l'histoire de France avant de se raviser.

    2018-world-cup-final-french-4635-diaporama.jpgA son mitan, s'est produite une vague nationaliste de grande ampleur, rappelant quelque peu l'euphorie qui gagna la France un autre été, celui de la mobilisation de 1914. Visages grimés aux couleurs de la patrie, Marseillaises entonnées a tout va et nombre pléthorique de drapeaux déployés, aux fenêtres des voitures en marche ou des logements... tel est ce que l'on a pu observer après la victoire de la France lors de la coupe du monde de football en Russie.

    325225350.jpgCe sentiment d'unité nationale a muté au moment de l'automne en une fièvre saine de contestation radicale du Pouvoir. Après les célébrations du centenaire du dénouement de la Grande Guerre, dont l'issue favorable pour notre pays doit en grande partie à l'énergie, au courage et à la probité de Maurras et des siens, le Pays Réel a initié un mouvement extraordinaire de révolte contre le Pays Légal, cette bancocratie cosmopolite que Macron représente avec une morgue typique des golden boys de la City et de Wall Street.

    Indéniablement ce Mai 1968 inversé, où cette fois c'est la périphérie (les provinces) qui donne le LA au centre (Paris), est pour tout défenseur du Pays Réel une divine surprise.

    2018, soit 150 années après la naissance du Maître de Martigues, a été l'année Maurras.  (A suivre)  

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
    (Cliquer sur l'image)

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  • Nouvelle « affaire Maurras » : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...

    D'illustres admirateurs et quelques grands amis ...

     

    Publié le 23 février 2018 - Réactualisé le 23 mars 2018

    En deux mots.jpgIl y a cent-cinquante ans - un siècle et demi ! - que Maurras est né à Martigues, en Provence [1868] « au bord des eaux de lumière fleuries » [1|

    Il y a plus d'un siècle qu'il a inauguré son royalisme militant en publiant son Enquête sur la monarchie (1900). Et il y a presque 70 ans - une vie d'homme - qu'il est mort à Saint-Symphorien les Tours [1952]. Mais les passions qu'il a si souvent suscitées de son vivant - qu'elles fussent d'admiration ou de détestation, l'une et l'autre souvent extrêmes - ne semblent pas s'être émoussées avec le temps. Prêtes toujours à s'élancer. Comme pour attester une forme paradoxale et performative de présence de sa pensée et de son action.

    On sait que la décision d'exclusion du ministre de la Culture, Mme Nyssen, a fini par susciter une vague d'indignations assez générale qui s'est retournée contre son auteur. Mme Nyssen ne savait pas ou avait oublié que depuis notre Gaule ancestrale ou le lointain Moyen-Âge, énorme et délicat, les Français détestent les interdictions. Et les Hauts Comités les démentis du Pouvoir.

    Mais cette réprobation n'empêche pas à propos de Maurras l'inévitable mention, dogmatiquement prononcée, des « zones d’ombre ». Expression d'une notable imprécision, lourde de mystérieux et inquiétants sous-entendus et le plus souvent inexpliquée ... À propos de Maurras, on réprouve l'interdit - en bref, on veut benoîtement la liberté d'expression - mais on accuse le fond. 

    « Zones d’ombre » est porteur d'opprobre. De quoi s'agit-il ? Qu'a donc fait ce Maurras qu'admiraient Proust, Péguy, Malraux et le général De Gaulle ; qui fut l'ami de Bainville et de Daniel Halévy, de Bernanos et de Joseph Kessel, de Barrès et d'Anatole France, d'Apollinaire et de Thibon, de Gaxotte et de Boutang ? Qui fut académicien français. Que consultait Poincaré au cœur de la Grande Guerre, que citait Pompidou dans une conférence demeurée célèbre à Science-Po Paris. « Zones d'ombre » ? Fût-ce brièvement, il nous faut bien tenter de dire le fond des choses, de quitter l'allusion sans courage et sans nuances.

    Quatre grands reproches sont faits à Maurras : son antirépublicanisme, son nationalisme, son antisémitisme et son soutien à Vichy. 

    LA CONTRE-REVOLUTION

    Le premier - le plus fondamental - est d'avoir été un penseur contre-révolutionnaire ; d’être le maître incontesté de la Contre-Révolution au XXe siècle ; d'avoir combattu la République et la démocratie, du moins sous sa forme révolutionnaire à la française ; enfin d'être royaliste. Options infamantes ? En France, oui. Mais en France seulement. Et pour la doxa dominante. La Révolution ni la République n'aiment qu'on rappelle leurs propres zones d'ombre. Leurs origines sanglantes, la Terreur, la rupture jamais cicatrisée avec notre passé monarchique, avec l'ancienne France, qu'elles ont imposée. « Soleil cou coupé » ... écrira Apollinaire (2). Et, à la suite, à travers de terribles épreuves et quelques drames, toute l'histoire d'un long déclin français, d'un inexorable affaissement de notre civilisation, que Zemmour a qualifié de suicide et dont nous-mêmes, aujourd'hui, vivons encore l'actualité. Faut-il rappeler qu'au début des années soixante (1960), De Gaulle, monarchiste, avait envisagé que le Comte de Paris lui succède ? Que François Mitterrand dans sa jeunesse était monarchiste et que, comme en atteste, plus tard, sa relation constante avec le comte de Paris, il l'était sans-doute resté ? Quant à l'actuel président de le Réplique, on connaît ses déclarations sur le roi qui manque à la France ... Sur sa conviction que les Français n'ont pas voulu la mort de Louis XVI, la mort du roi ... (3) Faut-il reprocher à De Gaulle, Mitterrand ou Macron telle « zone d’ombre » ? Comme à Maurras ? Ce dernier voulut simplement, à la différence de ces derniers grands-hommes, que ce qu'il savait nécessaire pour la France devînt réalité. Il y consacra sa vie et y sacrifia sa liberté. 

    LE NATIONALISME

    Le nationalisme, autre « zone d’ombre » ? Être nationaliste, un motif d'opprobre, de rejet moral ? Non, s'il s'agit d'un nationalisme quelconque à travers le monde. Oui - pour la bien-pensance - s'il s'agit du nationalisme français. Maurras l'avait défini comme « une douloureuse obligation » dont la cause et le contexte sont historiques, bien plus qu’idéologiques : l'humiliante défaite de 1870 et l'affrontement franco-allemand qui ne cessera jamais vraiment entre 1870 et 1945. « Douloureuse obligation » créée aussi par l'absence de roi, laissant la France aux mains, pour ne pas dire à la merci, d'un régime faible divisé et imprévoyant, qui la plaçait en situation d'infériorité face à l'Allemagne impériale. Plus tard, face à l'Allemagne nazie. Au cours de chacune des deux avant-guerres, Maurras avait vécu dans l'angoisse de l'impréparation où nous maintenait l'État républicain, laquelle devait rendre la guerre à la fois inévitable et terriblement meurtrière. Avant 1914, il avait eu la vision tragique de ce qui se préparait : « Au bas mot, en termes concrets, 500 000 jeunes français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue » (4). On sait ce qu'il en fut, qui fut bien pis. Entre 1935 et 1939, l'on eut la reproduction du même scénario. La trahison de Blum refusant d'armer la France face au nazisme en même temps qu'il menait une politique étrangère belliciste irresponsable, les agissements du Parti Communiste, aux ordres de Moscou, comme Blum l'était de la IIème Internationale, allaient rendre le futur conflit mondial inévitable. « Pourquoi faut-il de tels retours ? « écrira alors Maurras. Dans la douleur, nous dit Boutang. On sait qu'il vécut cette période dans la certitude de la guerre et de la guerre perdue. Le « miracle de la Marne » qui avait sauvé la France en 1914, ne se renouvellerait pas ... Tel fut, au-delà du simple patriotisme, le nationalisme maurrassien. Nationalisme non de conquête ou d'expansion mais de défense d'un pays menacé. Menacé de l'extérieur et de l'intérieur, car le danger allemand n'était pas le seul qui pesât sur la France. Son désarmement mental, social, politique et culturel, ses divisions, étaient à l'œuvre comme elles peuvent l'être encore aujourd'hui pour diverses raisons supplémentaires dont certaines - comme l'invasion migratoire ou le mondialisme - que Maurras n'eut pas à connaître. Elles justifient, elles aussi, la persistance de la « douloureuse obligation » d’un nationalisme français.

    L'ANTISEMITISME

    L'antisémitisme est un autre des grands griefs faits à Maurras. Il n'est pas un thème central dans son œuvre et dans sa pensée - comme il le fut pour Edouard Drumont dont l'influence avait été considérable à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. C'est pourtant à l'antisémitisme que l'on réduit souvent Maurras dans les débats d'aujourd'hui. 

    Une évidence s'impose ici : on ne comprendra rien à l'antisémitisme de Maurras, celui de son temps, très répandu en tous milieux, si, par paresse d'esprit ou inculture, l'on se contente de le considérer et de le juger avec des yeux qui ont vu, des mémoires qui savent, ce que vécurent les Juifs d'Europe entre 1930 et 1945, ce qu'était devenu l'antisémitisme en une époque barbare.  Dans la jeunesse de Charles Maurras et encore longtemps après, l'antisémitisme fut une opposition politique, culturelle et si l'on veut philosophique à l'influence excessive que leur communautarisme natif - singulièrement apte à « coloniser » - conférait aux Juifs de France. À propos de cet antisémitisme politique de Maurras, Éric Zemmour propose une comparaison tirée de l'Histoire : « Son antisémitisme était un antisémitisme d'État, qui reprochait aux Juifs un pouvoir excessif en tant que groupe constitué, à la manière de Richelieu luttant contre « l'État dans l'État » huguenot. » (5) Avant la seconde guerre mondiale, il n'y avait pas là motif à rupture personnelle ou sociale, ni même un motif d'inimitié. Le jeune Maurras est lié à Anatole France. Il fréquente le salon de l'égérie de France, Madame Arman de Cavaillet, née Lippmann ; il est l'ami de Marcel Proust, plus qu'à demi Juif (sa mère est née Weil). Ils resteront amis, quoique Proust ait été dreyfusard, jusqu'à la mort de l'auteur de la Recherche. Proust l'a écrit, aussi bien que son admiration pour Maurras, Bainville et Daudet.  On se souvient que Léon Daudet, disciple de Drumont bien davantage que Maurras ne le sera jamais, fit obtenir à Proust le prix Goncourt pour A l'ombre des jeunes-filles en fleur, en 1919 ... L'un des plus vifs admirateurs de Charles Maurras et son ami jusqu'à sa mort après la Seconde Guerre mondiale (1962, dix ans après Maurras), sera l'un des Juifs les plus éminents du XXe siècle, Daniel Halévy, dont, pour la petite histoire, mais pas tout à fait, la fille épousera Louis Joxe, résistant, ministre du général De Gaulle, et père de Pierre Joxe. De Daniel Halévy, l’auteur d’Essai sur l'accélération de l'Histoire, Jean Guitton écrira : « Il avait un culte pour Charles Maurras qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. » (6)

    L'antisémitisme politique de Maurras, au temps de sa pleine gloire, ne le sépara pas des grandes amitiés que nous avons citées et de l'admiration que lui portèrent, de Malraux à Bernanos, les plus illustres personnalités de son temps. Maurras eut-il le tort de ne pas comprendre que la persécution des Juifs au temps du nazisme rendait toute manifestation d'antisémitisme contestable ou même fautive ? Impardonnable ? On peut le penser, comme Éric Zemmour. C'est ignorer toutefois deux points essentiels : 1. ce que souffrirent les Juifs lors du conflit mondial ne fut vraiment connu dans toute son ampleur qu'après-guerre, 2. Peut-être est-il triste ou cruel de le rappeler mais le sort des Juifs ne fut pas le souci principal ni même accessoire, des alliés pendant la guerre.  Ni Staline, lui-même antisémite, ni Roosevelt, ni Churchill, ni De Gaulle, ne s'en préoccupèrent vraiment et n'engagèrent d'action pour leur venir en aide, nonobstant leurs appels au secours.  Le souci premier de Charles Maurras était la survie de la France et son avenir. S’il s’en prit nommément à des personnalités juives bien déterminées pendant l’Occupation (comme à nombre d'autres), c’est qu’elles lui semblaient conduire des actions selon lui dangereuses et contraires aux intérêts de la France en guerre. 

    L'antisémitisme moderne, sans remonter à ses sources chrétiennes, pourtant réelles, trouve de fait son origine et son fondement dans les Lumières et l'Encyclopédie. L'on aurait bien du mal à exclure de la mémoire nationale toutes les personnalités illustres, françaises et autres, qui l'ont professé. Dont, en effet, Charles Maurras qui louait Voltaire de participer du « génie antisémitique de l’Occident ». Ce génie était de résistance intellectuelle et politique. Il n'était pas exterminateur. L'évidence est que les événements du XXe siècle ont jeté une tache sans-doute indélébile sur toute forme - même fort différente - d'antisémitisme. Cela est-il une raison pour reconnaître aux communautés juives de France ou d'ailleurs plus de droits d’influence qu’au commun des mortels ? Deux des présidents de la Ve république ne l'ont pas cru et ont parfois été taxés d'antisémitisme : le général De Gaulle, après sa conférence de presse de 1965 et ses considérations à propos d'Israël ; mais aussi François Mitterrand refusant obstinément – et en quels termes ! - de céder aux pressions des organisations juives de France, qu’il trouvait tout à fait excessives, pour qu’il présente les excuses de la France à propos de la déportation des Juifs sous l'Occupation (7). Ce que feront ses successeurs …

    LE SOUTIEN A VICHY

    Dernier des grands reproches adressés à Maurras : son soutien à Vichy. Nous n'avons pas l'intention de traiter longuement de ce sujet. Est-il encore pertinent ? Vichy est sans postérité. Il ne laisse ni héritage ni héritiers et n'est qu'un épisode tragique de notre histoire, conséquence incise du plus grand désastre national que la France moderne ait connu et qui aurait pu la tuer.

    Il est absurde de définir Maurras comme « pétainiste ». Il était royaliste et contre-révolutionnaire. Qu'il ait pratiqué l'Union Sacrée en 1914-1918 ne le faisait pas républicain. Pas plus que son soutien au vieux maréchal ne fera de lui un pétainiste. Maurras ne fut pas davantage un « collabo » ; il détestait les Allemands qui le traitèrent en ennemi. Il refusa d’approuver la politique de collaboration. Il fut la cible des plus violentes attaques de la presse collaborationniste de Paris. 

    Entre la politique de Vichy - analogue à celle de la Prusse après Iéna ou de l'Allemagne de Weimar après l'autre guerre (finasser à la manière de Stresemann) <

  • Comte, Maurras, Houellebecq : trois agnostiques catholiques, par Stéphane Blanchonnet

    Comte, Maurras, Houellebecq : trois agnostiques catholiques

    Ce n’est un mystère pour personne, Michel Houellebecq est un admirateur d’Auguste Comte, qu’il convoque sans surprise dans son entretien avec Michel Onfray. Mais récemment, c’est à Charles Maurras, disciple du fondateur du positivisme qu’il s’est intéressé, en allant à la rencontre des royalistes de l’Action française, le 1er juillet dernier à Paris. Comte, Maurras, Houellebecq : y a-t-il une filiation possible ? Nous avons demandé à un spécialiste de la pensée de Charles Maurras, Stéphane Blanchonnet, agrégé de lettres modernes et auteur en 2017 du Petit Dictionnaire maurrassien (éd. Nouvelle Marge), de se pencher sur cette question.

    Un récent ouvrage de critique littéraire, d’ailleurs assez intéressant, Le Style réactionnaire de Vincent Berthelier (éd. Amsterdam, 2022), a pour sous-titre « De Maurras à Houellebecq ». Cette réunion des noms de Maurras et de Houellebecq peut surprendre et d’ailleurs, elle n’est pas très logique dans ce livre. En effet, l’auteur, qui veut parler spécifiquement du style des écrivains réactionnaires, finit pourtant par classer Houellebecq dans cette catégorie en raison… de ses opinions et des thèmes qu’il aborde ! Sur le plan du style, il est en effet assez difficile de rapprocher le poète néoclassique, que Berthelier qualifie un peu hâtivement de « puriste », et le romancier de la post-modernité, encore que ce soit sans doute possible, mais ce serait la matière d’un tout autre article ! Il y a en revanche un rapprochement net et évident à faire entre Maurras et Houellebecq : leur qualité de disciples d’Auguste Comte, notamment en ce qui concerne le rapport au catholicisme. C’est ce rapprochement que nous nous proposons d’aborder ici, et nous l’élargirons à une comparaison entre les trois écrivains, les deux disciples et leur maître, Auguste Comte. 

    Comte, Maurras et Houellebecq ont d’abord en commun de voir le jour à des époques de grande césure dans l’histoire de France. On n’exagère pas en disant que chacun d’eux naît presque providentiellement au moment où le pays est plongé dans l’une des trois étapes fondamentales de son déclin, qu’ils se donneront justement pour mission de décrire et, dans des mesures assez différentes, de critiquer, dans leurs œuvres.

    1868, une France déjà affaiblie

    Comte naît en 1798, au moment où la France est au sommet de la puissance et du prestige qu’elle a acquis depuis Richelieu, puis Louis XIV, à tous les niveaux : démographique, politique, militaire, linguistique, littéraire, artistique, scientifique. Littéralement, elle règne sur le monde, pour paraphraser Joachim du Bellay, par sa langue, ses arts, ses armes et ses lois. La Révolution et l’Empire vont consommer en un ultime déchaînement d’énergie et de gloire tout ce capital accumulé depuis des siècles par la royauté capétienne, l’Église et le génie du peuple français – le premier peuple moderne à avoir eu la claire conscience, sans doute depuis la fin du Moyen Âge, de former une nation.

    Maurras, lui, naît en 1868, deux ans avant la guerre franco-prussienne de 1870, qui verra une France, déjà considérablement affaiblie depuis 1815, se faire battre par une Allemagne qui lui ravira sa suprématie continentale, comme l´Angleterre lui avait déjà ravi la maîtrise des mers. Elle sera en outre amputée de ses provinces de l’Est, que l’Ancien Régime avait si durement arrachées au monde germanique. Enfin, elle connaîtra la guerre civile avec l’épisode de la Commune et un début de crise démographique qui conduira à une première forme de recours à l’immigration.

    1956, l’année du désenchantement

    Michel Houellebecq, enfin, naît en 1956, en pleine décolonisation, processus entraînant la disparition de ce motif de fierté que pouvaient représenter, à tort ou à raison, pour les Français ces immenses taches roses sur les atlas géographiques figurant leur immense empire ultramarin (même s’il était composé en grande partie des sables du Sahara, à la différence du très rentable Empire britannique), mais aussi aux prémices des quatre phénomènes qui allaient entraîner la rupture peut-être la plus profonde dans l’être français puisqu’il ne s’agissait plus seulement de déclin de sa puissance, mais de transformation de sa substance elle-même : la fin des terroirs (et donc de l’enracinement régional), la disparition presque totale de la pratique religieuse catholique (encore majoritaire au début du XXe siècle et qui donnait au pays son armature morale), l’américanisation (ou la mondialisation désormais) des mœurs, de la culture et de l’imaginaire, l’immigration de masse, enfin, et le morcellement qui en résulte – la culture française devenant elle-même un « îlot » parmi d’autres, et de moins en moins majoritaire, dans « l’archipel » hexagonal. C’est dans cette France amenuisée, désenchantée et dévitalisée qu’évoluent les personnages de Houellebecq.

    Autre point commun important chez nos auteurs : tous ont perdu la foi chrétienne mais sont restés attachés à certains aspects du catholicisme. Comte affirme dans son testament : « Je me suis toujours félicité d’être né dans le catholicisme, hors duquel ma mission aurait difficilement surgi […] Mais, depuis l’âge de 13 ans, je suis spontanément dégagé de toutes les croyances surnaturelles, sans excepter les plus fondamentales et les plus universelles, d’où les Occidentaux tirèrent tous les dogmes catholiques1. » C’est presque au même âge (à 14 ans) que Maurras, en révolte contre la surdité qui vient de le frapper, mais aussi contre la lecture de Pascal, perd lui aussi la foi. Il est intéressant de noter ce qu’il en dit, bien des décennies plus tard, dans une lettre : « J’étais infirme, soit ! Mais cette vie, je l’aimais, j’aimais la santé et la force. Surdité à part, ma résistance physique, sous des aspects assez modestes et même médiocres, est au-dessus de la moyenne, qu’il s’agisse de marcher, de nager, de veiller dans mon bon temps. […] Pascal est le spectre de la maladie. Cette incompatibilité personnelle ne prouve certes rien contre son magnifique génie. Cela peut expliquer qu’il ne m’ait pas été bienfaisant, quelque admiration que m’ait toujours inspirée sa langue, sa poésie, et, de-ci de-là, sa logique2. » On le comprend, Maurras butte contre le dolorisme chrétien qui enseigne d’accepter les « croix », les épreuves, qui jalonnent nos existences pour mieux s’unir aux souffrances du Rédempteur sur sa propre Croix, dolorisme qui lui paraît en contradiction avec le catholicisme traditionnel, communautaire, joyeux, solaire (d’aucuns diraient « païen ») de son enfance provençale. Houellebecq enfin, dans un livre d’entretien avec Bernard-Henri Lévy, confie avoir fréquenté l’Église dans ses années de lycéen et d’étudiant, au point d’avoir suivi, avant de l’abandonner, une préparation au baptême pour adulte. Il en tire cette conclusion : « Un monde sans Dieu, sans spiritualité, sans rien, a de quoi faire terriblement flipper. Parce que croire en Dieu, tout bonnement, comme le faisaient nos ancêtres, rentrer dans le sein de la religion maternelle présente des avantages, et ne présente même que des avantages. […] Seulement voilà, le problème c’est que Dieu, je n’y crois toujours pas3. »

    Des bases profanes

    Dernier point commun : pour des raisons différentes, nos trois auteurs vont sentir la nécessité de retisser un lien avec la religion catholique, mais sur des bases profanes. Pour Comte, il s’agit du cœur de sa philosophie. Il constate que l’âge métaphysique (la modernité) a mis fin à un âge théologique, qui reposait certes sur des croyances à ses yeux irrationnelles, mais qui possédait une cohérence, une dimension organique, hiérarchique, propre à animer (au sens étymologique de « donner une âme »), à faire vivre, une civilisation. La modernité – la Révolution française en particulier – lui apparaît donc comme un moment exclusivement critique, négatif, dissolvant, dont il se donnera pour mission d’arrêter le cours anarchique pour bâtir un nouvel âge organique permettant de concilier Ordre et Progrès : l’âge positif. Et Comte s’inspirera très explicitement du catholicisme pour créer sa nouvelle religion positive, destinée au salut, par la science, de l’humanité tout entière.

    Maurras, qui n’a cessé de se proclamer le disciple de Comte, propose sa propre synthèse, apparemment plus modeste. Il ne s’agit plus de sauver l’humanité entière, mais la France (et à travers elle, la civilisation gréco-latine) en s’appuyant sur le catholicisme comme « Temple des définitions du devoir » et comme tradition vivante. À ses yeux d’agnostique, comme à ceux de son maître Auguste Comte, la vérité du dogme chrétien n’est plus intelligible, mais il considère que par sa force, encore immense dans la France de la Belle Époque – la France à laquelle il s’adresse– l’Église doit être défendue comme un élément incontournable de l’identité nationale et le canal à travers lequel nous accédons à la culture antique. Dans un texte fondamental qu’il a consacré à Comte, Maurras tient d’ailleurs à préciser que sa réduction du « Grand-Être » (l’humanité) à la civilisation gréco-latine (qui est, à ses yeux, LA civilisation), n’est pas hérétique d’un point de vue positiviste : « Comme le fait très justement remarquer l’un des meilleurs disciples de Comte, M. Antoine Baumann, humanité ne veut aucunement dire ici l’ensemble des hommes répandus de notre vivant sur cette planète, ni le simple total des vivants et des morts. C’est seulement l’ensemble des hommes qui ont coopéré au grand ouvrage humain, ceux qui se prolongent en nous, que nous continuons, ceux dont nous sommes les débiteurs véritables4. »

    Michel Houellebecq, lui aussi disciple revendiqué de Comte, parle, nous l’avons vu plus haut, de la foi de « nos ancêtres » avec une évidente nostalgie. Toutefois, contrairement à Maurras, qui s’adressait aux Français de 1900, il fait le constat que cette nostalgie n’est plus partagée un siècle plus tard que par une petite minorité, même s’il a exprimé sa sympathie pour cette minorité en affirmant avoir été impressionné par l’engagement de la jeunesse catholique lors des manifestations contre la loi Taubira en 20135. L’une des expressions les plus belles et les plus caractéristiques du regard porté par le romancier sur l’ancienne France se trouve dans ce passage d’Extension du domaine de la lutte consacré à la Vendée : « À l’extrémité de la plage des Sables-d’Olonne, dans le prolongement de la jetée qui ferme le port, il y a quelques vieilles maisons et une église romane. Rien de bien spectaculaire : ce sont des constructions en pierres robustes, grossières, faites pour résister aux tempêtes, et qui résistent aux tempêtes, depuis des centaines d’années. On imagine très bien l’ancienne vie des pêcheurs sablais, avec les messes du dimanche dans la petite église, la communion des fidèles, quand le vent souffle au-dehors et que l’océan s’écrase contre les rochers de la côte. C’était une vie sans distractions et sans histoires, dominée par un labeur difficile et dangereux. Une vie simple et rustique, avec beaucoup de noblesse. Une vie assez stupide, également. Je me suis ensuite dirigé vers une résidence plus récente et plus luxueuse, située cette fois tout près de la mer, vraiment à quelques mètres. […] Un sentiment déplaisant a cette fois commencé de m’envahir. Imaginer une famille de vacanciers rentrant dans leur Résidence des Boucaniers avant d’aller bouffer leur escalope sauce pirate et que leur plus jeune fille aille se faire sauter dans une boîte du style “Au vieux cap-hornier”, ça devenait un peu agaçant ; mais je n’y pouvais rien6. » Là où Comte prétendait réorganiser une religion pour l’humanité sur le modèle catholique, mais dont les dogmes seraient désormais scientifiques, là où Maurras voulait s’appuyer sur un catholicisme encore vigoureux, en tant que force sociale, pour enrayer le déclin de la civilisation, Houellebecq ne peut que constater le caractère inéluctable de ce déclin et le regretter, tout en marquant par l’adjectif « stupide », aux connotations péjoratives évidentes, mais qui signifie étymologiquement « immobile », ce qui le sépare de cette époque pour lui définitivement révolue.

    Pour conclure cette rapide comparaison de nos trois auteurs, nous pouvons essayer de nous résumer en les associant par paires. Incontestablement, Maurras et Houellebecq se ressemblent et se distinguent de Comte en tant qu’ils sont les disciples et lui le maître, l’inspirateur. Mais Comte et Houellebecq se ressemblent et se distinguent de Maurras, par un intérêt plus marqué pour la science – le thème du clonage et du transhumain hante le disciple d’Aldous Huxley qu’est aussi Houellebecq. Enfin, Comte et Maurras se ressemblent et se distinguent de Houellebecq par un plus grand optimisme : ils prétendent relever le défi de la modernité et instaurer (pour Comte) ou restaurer (pour Maurras) un ordre viable là où Houellebecq paraît plutôt faire le constat froid et clinique d’un nihilisme triomphant et hélas inéluctable – « mais je n’y pouvais rien ».  

    Notes

    1 Testament d’Auguste Comte, 1884, p. 9, disponible sur le site Gallica de la BNF.

    2 Lettre de Maurras à Leon S. Roudiez, citée par Stéphane Giocanti dans Maurras, le chaos et l’ordre, éd. Flammarion, 2006.

    3 Houellebecq Michel & Lévy Bernard-Henri, Ennemis publics, coéd. Flammarion-Grasset, 2008.

    4 Maurras Charles, Auguste Comte, 1903, disponible sur www.maurras.net.

    5 Entretien avec Marin de Viry et Valérie Toronian, repris dans Interventions, éd. Flammarion, 2020.

  • A la découverte de l'homme Maurras : La deuxième stèle du jardin, consacrée ”aux grandes amitiés” de la vie de Maurras..

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : La deuxième stèle du jardin, consacrée "aux grandes amitiés" de la vie de Maurras...(3)

    Après le salut à Frédéric Mistral, la deuxième stèle du jardin salue les grandes amitiés de la vie de Maurras :


    "Après Maurice Barrès, les fondateurs de l'Action Française dont Léon Daudet, Jacques Bainville, Lucien Moreau, Robert de Boisfleury, Maurice Pujo furent reçus dans ce jardin par Madame Maurras et par ses deux fils".

    Le deuxième fils dont il est question (on l'a vu précédemment) est Joseph, médecin militaire, qui mourut à Saïgon en 1924. Les parents de Maurras n'eurent pas de fille, mais trois garçons, dont l'un - François - mourut peu après sa naissance. Et la mère de Maurras mourut, elle, en 1922 (vous pouvez consulter notre Ephéméride du 5 novembre...) 

    maurras daudet bainville.jpg

     

    Maurras rencontrera Jacques Bainville alors que celui-ci n'avait que vingt ans; puis Léon Daudet lorsque celui-ci en avait trente-six (en 1904): que trois hommes aussi différents et, chacun, d'une personnalité aussi affirmée aient pu durant toute leur vie - à partir du moment où ils se sont rencontrés - être et rester amis au quotidien, dans le même mouvement et les mêmes locaux, sans la moindre "dispute" notable, voilà qui constitue une exception remarquable dans l'histoire politique...

    Lorsqu'on parle de Charles Maurras, de Léon Daudet et de Jacques Bainville, c'est  peut-être la première chose qu'il convient de signaler (voir l'Ephéméride du 9 février - naissance et mort de Jacques Bainville; l'Ephéméride du 20 avril - naissance de Charles Maurras; l'Ephéméride du 1er juillet - mort de Léon Daudet; et l'Ephéméride du 16 novembre - naissance de Léon Daudet et mort de Charles Maurras)...

    Ce cas unique d'amitié a été magnifiquement évoquée par Jacques Bainville dans les quelques mots de remerciements qu'il prononça au siège du journal, à l'occasion de son élection à l'Académie française :

    Vertu de l'amitié

    lafautearousseau