UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (90)

     

    1AAAAAAAAAa.jpg

     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Ils "étaient", ils "faisaient" l'Action française" :

    Portraits (VIII) : Bernard de Vesins...

    ---------------

    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

    1A.jpg

    Le comte Bernard de Vesins (1869-1951) ou de Lévézou de Vesins, dit le "colonel-comte", est le premier à gauche, sur cette photo d'un Cortège de Jeanne d'Arc.
    Il démissionna de l'Action française en 1930...



    De "Vers le Roi", pages 31/32 :

    "...Nous demandâmes à Bernard de Vesins de prendre l'administration du journal...
    J'entends encore Lucien Moreau disant à de Vesins, alors capitaine d'artillerie démissionnaire, depuis nommé colonel et officier de la Légion d'honneur, pour ses hauts faits pendant la guerre :
    "Mon cher ami, nous ne pouvons pas nous passer de votre concours".
    La réponse de Bernard de Vesins fut : "Quelle rude corvée, mon cher Moreau ! Cependant, vous pouvez compter sur moi."
    Vesins est, physiquement et moralement un Croisé pour la haute taille, le feu du courage et l'intelligence intrépide...
    Bernard de Vesins est aussi bon et généreux qu'il est robuste, aussi éloquent et entraînant qu'il est lucide en politique.
    Ajoutez à cela une ironie qui met en lambeaux l'hypocrisie et le mensonge, et une mansuétude infinie vis-à-vis de l'erreur involontaire, de l'erreur par ignorance.
    Le poncif et le préjugé le fâchent, mais le mauvais langage, qui est le leur, le fait rire de bon coeur.
    Il aime passionnément la logique et la propriété dans les termes..."

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (206)

     

    1AAAAAAAAAa.jpg

     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Et, chaque jour, l'article de Daudet arrivait...

    ---------------

    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

    1A.jpg

    De "L'action française racontée par elle-même", d'Albert Marty, pages 277/278 :

    "...Quatre-vingt mille hommes cherchaient partout Léon Daudet. Il était signalé dans tous les coins de France. On ne le trouvait jamais.
    Mais chaque jour, à la "grande colère des dindons", son article arrivait rue de Rome et paraissait dans "L'Action française".
    Le secrétaire de la rédaction, Bernard Denisane, pilote remarquable (il fut pendant la guerre de 1914-1918 un des grands as de l'aviation de bombardement) mais aussi spirituel chansonnier bien connu sous le pseudonyme de Jabon, indiquait, d'une façon humoristique, comment il l'avait reçu :
    "Par fil spécial, par pigeon voyageur, par téléphone (standard clandestin), par T.S.F. (transmission sans facteur), par télégraphe Chiappe, par le cabinet noir, par sphérique, par signalisation optique, par le vaguemestre des brigades centrales, par la voie ordinaire, par tous les moyens, par la valise diplomatique, par notre souterrain, "Pedibus cum jambis", par l'huissier du Parquet général, par cornet acoustique, par télépathie, via Malte et Singapour, par la tangeante, Namur via Larache, par sismographe, par catapulte, tombé dans notre cheminée, attaché aux basques d'un hambourgeois de planton devant l'A.F., par le courrier de Lyon, par la malle des Indes, aux bons soins de Z... notre ami bien connu, sur l'aile du zéphir, par la voie lactée, via London (Géo)..."

  • Élections européennes : à défaut de Souverain, votons souverainiste !

     

    Paris, le 22 avril 2024

     

    Élections européennes : à défaut de Souverain, votons souverainiste !

     

    Les élections européennes sont pour tous les Français soucieux de l’intérêt national une occasion, certes incomplète et imparfaite, d’infléchir le projet européen. Ce projet – la suppression des souverainetés nationales au profit d’une entité supranationale fondée sur les principes de libre circulation des biens, des personnes, des capitaux et des marchandises –, que nous dénonçons depuis son origine, est non seulement une aberration en soi, mais elle a, de plus, largement fait la preuve de son caractère inutile, voire néfaste, notamment en matière d’économie, d’agriculture ou d’immigration.

    L’Action française redit haut et fort son opposition à l’Union européenne, dirigée par une Commission autocratique et un Parlement sans légitimité réelle puisqu’il n’existe pas de peuple européen. Elle redit sa volonté d’œuvrer à l’abolition de cette structure technocratique au profit d’une union libre et circonstanciée des nations (gardant chacune sa souveraineté), qui du reste ne serait pas limitée au continent européen.

    Aussi, à quelques semaines des élections législatives européennes, il nous semble important de soutenir la dynamique souverainiste, afin de donner à ses représentants les moyens de défendre les intérêts de la France. Cette dynamique a l’avantage d’envoyer un message clair au gouvernement et à tous les acteurs politiques et économiques qui se sont soumis à l’UE par conviction, par faiblesse ou par calcul : les Français veulent plus de France et moins d’Europe.

    C’est pourquoi, il nous paraît important que les voix souverainistes ne se dispersent pas inutilement et s’inscrivent dans une recherche d’efficacité politique plutôt que de témoignage en se portant sur la liste patriote qui semblera la plus à même de peser au Parlement européen.

    Indépendants de tous partis ou formations électorales, c’est librement que nous faisons cette recommandation. Seul l’intérêt de la France nous guide. C’est pourquoi le mot d’ordre de l’Action française n’a pas varié : par-delà toutes les élections, européennes ou nationales, elle rappelle qu’il n’y aura pas de souveraineté réelle sans Souverain.

  • Éphéméride du 15 octobre

    1505 : Commande des portes sculptées de la cathédrale Saint Sauveur d'Aix en Provence  

     

    15 octobre,poincaré,ulm,mata hari,napoléon,bonaparte,sainte helene,longwood,chateaubriand,meteorCes portes "en coeur de noyer bien sec" furent commandées aux frères Raymond et Jean Bolhit, ouvriers sur bois, pour le prix de "4.000 florins, quatre salmées de blé et douze millerolles de vin".

    Les frères Bolhit s'adjoignirent Jean Guiramand, de Toulon, qualifié fustier, c'est-à-dire ouvrier qui travaille le bois : c'est lui qui exécuta, en deux ans, la sculpture des deux vantaux, dont les dimensions sont de 4,70 mètres sur 2.

    Les vantaux des portes, en bois rougeâtre, sont recouverts de volets de protection, ce qui explique leur étonnant état de conservation : on y voit, au milieu d'une décoration encore gothique et déjà Renaissance, les prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, "vêtus à la judaïque", et les douze Sibylles, chacun surmonté d'un dais en grande saillie.

    Chaque vantail est encadré et coupé dans sa largeur par des guirlandes de fleurs et de fruits : les Prophètes et les Sibylles sont vêtus comme les contemporains de Louis XII. 

     

    http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/aix/aix.html 

     

    11 octobre,parachute,charles vii,versailles,le vau,toulouse,pierre fermat,mauriac,vaux le vicomte,jeanne jugan,sanch,perpignan

     

    1667 : Visite de Louis XIV à la Manufacture des Gobelins

     

    "Les Gobelins" sont "des Ateliers de tapisserie, établis par Colbert en 1662, sous la direction de Charles Le Brun, dans l'hôtel d'une célèbre famille de teinturiers, les Gobelins, faubourgs Saint-Marcel, à Paris. La manufacture royale des meubles lui fut adjointe en 1662 et l'entreprise, qui a gardé son organisation et ses procédés en s'adjoignant plusieurs autres manufactures de tapisseries célèbres, travaille exclusivement pour l'État." (Michel Mourre).

     

    http://manufacturedesgobelins.fr/

     

    http://www.mobiliernational.culture.gouv.fr/fr/histoire/histoire 

     

    15 octobre,poincaré,ulm,mata hari,napoléon,bonaparte,sainte helene,longwood,chateaubriand,meteor 

    Louis XIV visite la Manufacture, 15 octobre 1667. Tapisserie de la série "L'histoire du Roi", Musée national du Château de Versailles. Le ministre Colbert accompagne le Roi. Des esquisses très précises de Le Brun, qui s'est représenté lui-même à gauche, montrant un vase d'orfèvrerie, ont servi à peindre le carton d'après lequel cette tapisserie a été tissé, entre 1673 et 1678. 

     

    La tapisserie expliquée :

    http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=1267

     

     

     11 octobre,parachute,charles vii,versailles,le vau,toulouse,pierre fermat,mauriac,vaux le vicomte,jeanne jugan,sanch,perpignan

     

     

    1805 : Début de la bataille d'Ulm

     

    Pendant la campagne d'Allemagne les troupes françaises s'emparent du village bavarois de Michelsberg. Situé au dessus de la ville d'Ulm, ce village est un point stratégique car il permet de prendre la ville d'assaut.

    Les 40.000 soldats autrichiens du général Mack, retranchés dans la ville, devront se rendre et capituler le 20 octobre (ci dessous).

    Mais ce brillant succès occulte un désastre, annonciateur du désastre final...

    ulm.JPG
     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XVII, Le Consulat et l'Empire:

    "...Le lendemain de la capitulation des Autrichiens à Ulm, Villeneuve tentait de sortir de Cadix, où Nelson le tenait bloqué. La flotte anglaise, bien qu'elle fût inférieure en nombre, détruisit la flotte franco-espagnole, après un terrible combat, en vue du cap Trafalgar (20 octobre 1805). Les appréhensions de Villeneuve n'étaient que trop justifiées. Après cette catastrophe, le projet d'une descente en Angleterre n'était plus réalisable, Napoléon l'effaça de son esprit, n'y pensa même plus. La défaite de Trafalgar eut le même effet que celle de La Hougue : la France se désintéressa de la mer, l'abandonna aux Anglais. Tout promettait à Napoléon un triomphe sur les puissances continentales, et il alla le chercher, comptant, après sa victoire, trouver l'Angleterre conciliante.

    Comme il l'avait dit, il avait battu les Autrichiens avant leur jonction avec les Russes. Les Russes étant venus offrir la bataille, il remporta encore sur eux et sur une autre armée autrichienne, la plus éblouissante de ses victoires, celle d'Austerlitz (2 décembre). En quelques semaines, la troisième coalition avait été écrasée. À la tête de la Grande Armée, Napoléon, maître de Vienne, pouvait imposer sa loi à l'Europe. Dirigées par une seule main, celle d'un génial capitaine qui était en même temps dictateur, les forces de la France semblaient invincibles.

    Il fallait seulement choisir le parti qu'on tirerait de ce triomphe militaire. Talleyrand conseillait une réconciliation avec l'Autriche. C'était un retour à l'idée de Louis XIV, de Choiseul, de Vergennes : l'Autriche pouvait servir de contrepoids. Étendue vers l'Orient, le long du Danube, elle serait un élément de conservation et d'équilibre, contiendrait la Russie et, par là, s'opposerait à elle.

    Napoléon avait d'autres idées. Il comprenait peut-être mieux que d'autres que ses victoires étaient fragiles, aussi fragiles que les conquêtes territoriales de la Révolution qu'il avait pour mission de défendre. Tant que l'Angleterre ne serait pas à sa merci, rien ne serait durable et il avait renoncé à la mer. Un autre projet s'était emparé de son esprit. Il revenait à la conception dont avait procédé l'expédition d'Égypte : atteindre la puissance anglaise et la faire capituler par l'Orient, peut-être par la prise de Constantinople.

    La paix de Presbourg, signée par l'Autriche accablée, marquait une extension considérable de l'Empire napoléonien vers l'Est. Napoléon avait déjà changé la présidence de la République italienne contre la couronne de la Lombardie. À la place des Bourbons de Naples, il installait son frère Joseph. Il reprenait Venise à l'Autriche et les anciennes possessions de la République vénitienne jusqu'à l'Albanie. L'Autriche assujettie, considérablement réduite, expulsée d'Allemagne, n'était plus qu'un chemin de communication vers Constantinople. C'était là que Napoléon voulait frapper les Anglais.

    Alors commençait la tâche impossible. Pour exécuter un si vaste projet, il fallait dominer toute l'Europe. Partie de la conquête de la Belgique, la Révolution était conduite à des entreprises démesurées. Ni le génie militaire de Napoléon ni ses combinaisons politiques ne devaient y suffire..."

     

     

     11 octobre,parachute,charles vii,versailles,le vau,toulouse,pierre fermat,mauriac,vaux le vicomte,jeanne jugan,sanch,perpignan

     

     

    1815 : Napoléon arrive à Sainte-Hélène

     

    Il vient d'effectuer une traversée de 72 jours à bord du Northumberland.

    Il mourra dans sa résidence de Longwood House le 5 mai 1821. 

    SAINTE HELENE.jpg
     

    C'est son imperfection en politique qui est la cause de ses échecs, selon Chateaubriand, qui l'explique ainsi, dans une page lumineuse :

    Jugement sur Bonaparte (Livre vingt-quatrième, chapitre cinq).

    Au moment où Bonaparte quitte l'Europe, où il abandonne sa vie pour aller chercher les destinées de sa mort, il convient d'examiner cet homme à deux existences, de peindre le faux et le vrai Napoléon : ils se confondent et forment un tout, du mélange de leur réalité et de leur mensonge...

    De la réunion de ces remarques, il résulte que Bonaparte était un poète en action, un génie immense dans la guerre, un esprit infatigable, habile et sensé dans l'administration, un législateur laborieux et raisonnable. C'est pourquoi il a tant de prise sur l'imagination des peuples, et tant d'autorité sur le jugement des hommes positifs.

    Mais comme politique ce sera toujours un homme défectueux aux yeux des hommes d'État. Cette observation échappée à la plupart de ses panégyristes, deviendra, j'en suis convaincu, l'opinion définitive qui restera de lui; elle expliquera le contraste de ses actions prodigieuses et de leurs misérable résultats. À Sainte-Hélène, il a condamné lui-même avec sévérité sa conduite politique sur deux points : la guerre d'Espagne et la guerre de Russie; il aurait pu étendre sa confession à d'autres coulpes. Ses enthousiastes ne soutiendront peut-être pas qu'en se blâmant il s'est trompé sur lui-même.

    Récapitulons :

    Bonaparte agit contre toute prudence, sans parler de nouveau de ce qu'il y eut d'odieux dans l'action, en tuant le duc d'Enghien : il attacha un poids à sa vie. Malgré les puérils apologistes, cette mort, ainsi que nous l'avons vu, fut le levain secret des discordes qui éclatèrent par la suite entre Alexandre et Napoléon, comme entre la Prusse et la France.

    L'entreprise sur l'Espagne fut complètement abusive : la péninsule était à l'empereur; il en pouvait tirer le parti le plus avantageux : au lieu de cela, il en fit une école pour les soldats anglais, et le principe de sa propre destruction par le soulèvement d'un peuple.

    La détention du pape et la réunion des États de l'Eglise à la France n'étaient que le caprice de la tyrannie par laquelle il perdit l'avantage de passer pour le restaurateur de la religion.

    15 octobre,poincaré,ulm,mata hari,napoléon,bonaparte,sainte helene,longwood,chateaubriand,meteor

    Sur l'îlot rocheux de Sainte-Hélène, la résidence de l'ex empereur, Longwood House...
     
     

    Bonaparte ne s'arrêta pas lorsqu'il eut épousé la fille des Césars, ainsi qu'il l'aurait dû faire : la Russie et l'Angleterre lui criaient merci.

    Il ne ressuscita pas la Pologne, quand du rétablissement de ce royaume dépendait le salut de l'Europe.

    Il se précipita sur la Russie malgré les représentations de ses généraux et de ses conseillers.

    La folie commencée, il dépassa Smolensk;  tout lui disait qu'il ne devait pas aller plus loin à son premier pas, que sa première campagne du nord était finie, et que la seconde (il le sentait lui même) le rendrait maître de l'empire des czars...

    ...Mais il perdit l'Europe avec autant de promptitude qu'il l'avait prise; il amena deux fois les alliés à Paris, malgré les miracles de son intelligence militaire. Il avait le monde sous ses pieds et il n'en a tiré qu'une prison pour lui, un exil pour sa famille, la perte de toutes ses conquêtes et d'une portion du vieux sol français.

    C'est là l'histoire prouvée par les faits et que personne ne saurait nier. D'où naissaient les fautes que je viens d'indiquer, suivies d'un denoûment si prompt et si funeste ? Elles naissaient de l'imperfection de Bonaparte en politique."

     (Mémoires d'Outre-tombe, la Pléiade, tome 1, pages 995/996/997).

    mort napoleon.JPG
    Mort de Napoléon
     
  • Du nouveau dans l'Arc de Triomphe : Très bien ! Bravo ! Mais...

    22407b51f03e3a81e6947e34aff1bf22.jpg

              Le 15 février, un nouveau musée a ouvert ses portes au sommet de l'édifice. IL retrace ses heures de gloire depuis la pose de la première pierre, en 1806.

              "Nous voulions révéler par l'image la richesse du lieu, qui est à la fois un mémorial et le symbole de la réconciliation des peuples", exposent les deux maîtres d'œuvre, Christophe Girault et Maurice Benayoun. Jean-Paul Ciret, directeur culturel du Centre des Monuments Nationaux justifie ainsi la réalisation de ce nouveau Musée: "L'Arc de triomphe n'est pas un simple belvédère. Il était urgent de réhabiliter son histoire, à condition de la rendre abordable par tous les publics, y compris les étrangers" (l'Arc de Triomphe a reçu 1.700.000 visiteurs en 2006...). La visite démarre par une rétrospective nourrie de photos et de films rares, notamment les funérailles de Victor Hugo (1885) ou l'inhumation du soldat inconnu (1921).

              Donc tout va bien, la vie est belle, tout le monde est content, et nous aussi. Sauf que...il y a tout de même un truc qui nous chiffonne, et qui de toute évidence a échappé aux concepteurs de ce nouveau Musée. Ils se sont occupé -et très bien, redisons-le...- de l'intérieur du monument, et les visiteurs en seront comblés. Mais à l'extérieur? On n'a rien touché, rien changé, rien corrigé. Et les foules qui viendront s'extasier devant la beauté de ce monument continueront de rendre en quelque sorte un hommage -involontaire et indirect il est vrai, mais tout de même...- à deux des pires monstres que notre Histoire nationale aura enfanté: deux génocideurs que même Gracchus Babeuf vomissait (c'est dire!....) et qu'il a accusé de "populicide": le général Turreau et le baron Amey. Ils ont l'un et l'autre leur nom gravé sur l'un des piliers du monument, et sont donc ainsi, d'une certaine façon, "proposés" à l'admiration des foules.

              Il est vrai que la république n'est pas gênée de chanter et de faire chanter une phrase authentiquement raciste dans son hymne ("..qu'un sang impur abreuve nos sillons..."). Elle n'en est donc pas à une contradiction près, elle qui parle de "Fraternité", d'honorer ainsi des bourreaux et des monstres, des génocideurs/exterminateurs.... Au fait, pour celles et ceux qui connaîtraient mal cette page de notre Histoire, qui étaient ces deux ci-devants?

    1 : Louis Marie Turreau, dit Turreau de Garambouville ou encore Turreau de Linières a organisé les colonnes infernales durant la guerre de Vendée. Ses instructions envoyées sont peu équivoques :

    "Les villages, métairies, bois, landes, genêts et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes."

    "...seront passés par les armes les brigands trouvés les armes à la main ou convaincus de les avoir prises, y compris les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas..."

              D'après Jean-Clément Martin, qui a analysé les recensements de 1790 et de 1801, un manque d'environ 220 000 à 250 000 habitants est à noter dans l'accroissement normal qu'aurait dû connaître la « Vendée militaire » sans la guerre civile. Les bilans varient, entre les morts au combat, les morts indirects du fait des mauvaises conditions de vie, les exils des Républicains. Les récoltes de 1788 ont également été mauvaises. Certains historiens attribuent jusqu'à 200 000 morts à Turreau.

              Selon Reynald Secher, historien, auteur de l'ouvrage La Vendée-Vengé, « 117 257 personnes au minimum disparaissent entre 1792 et 1802, soit 14.38% de la population » d'après les sources primaires disponibles.

    2 : Amey (François-Pierre Joseph, baron) né à Sélestat (Bas-Rhin) le 2 Octobre 1768. En janvier 1794, l'officier de police Gannet l'accuse de laisser ses soldats tuer des civils en les jetant dans des fours: "...Amey fait allumer des fours et lorsqu'ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations; il nous a répondu que c'était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D'abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes et nous n'avons trop rien dit; mais aujourd'hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu'ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles de royalistes manquant, ils s'adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n'étaient coupables que d'adorer la nation. La veuve Pacaud, dont le mari a été tué à Chatillon par les Brigands lors de la dernière bataille, s'est vue, avec ses 4 petits enfants jetée dans un four. Nous avons voulu interposer notre autorité, les soldats nous ont menacés du même sort..."

               Charmant, non? Alors, rénover l'intérieur de l'Arc de Triomphe, et en faire un Musée digne de ce nom, c'est bien. C'est même très bien. Mais "purifier la Mémoire", cela ne serait-il pas au moins aussi important? Cela ne s'imposerait-il pas, enfin? Le scandale n'a-il pas que trop duré?.....

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

    Gregory Doucet, le "khmaire vert" escrolo de Lyon, a refusé de venir représenter les Lyonnais à la béatification de Pauline Jaricot. En raison de ses principes, a-t-il dit : des principes à géométrie variables, ça oui ! Il n'en avait pas tant, des "principes", ni des "pudeurs de gazelle" - comme dit Jean-Luc... - le 28 avril dernier, lorsqu'il s'affichait avec les musulmans, lui, l'un des "idiots utiles" de l'islamo-gauchisme...

    1A.jpg

    lfar espace.jpg

    1. Excellente Gabrielle Cluzel, sur CNews, face à M. Slama :

    "...Une question : s’il y autant de racisme en France, si la vie est aussi pénible pour les gens racisés, pourquoi il y autant d’immigration chez nous ? Une équation que je n’ai pas résolue…"

    (extrait vidéo 0'30)

    https://twitter.com/Je_Puig/status/1528114417950306305?s=20&t=RqNe6LFTuNL9iN1z2qCnEQ

    1 animé 2.gif

     

    2. Alors que l'Hôpital craque, par manque de personnel entre autres difficultés, que deviennent ces milliers de soignants français suspendus depuis septembre ? Ils étaient 15.000, et l'on ne dispose pas, pour l'instant, de chiffres mis à jour. Certains s'en vont : en Suisse, par exemple... 

    https://actu.fr/societe/coronavirus/temoignages-covid-19-les-soignants-non-vaccines-reintegres-le-metier-d-infirmiere-c-est-fini_51074762.html

    1A.jpg

    En clair, ce Système de folie et en folie exporte les talents français (on avance le chiffre de 200.000 départs de jeunes chaque année...) et importe massivement des populations de cette "françafrique" qu'il dit ne plus "vouloir"...

    Et les hôpitaux français font appel à des soignants venus de Roumanie, de Turquie... 

     

    3. Le "grand remplacement" en une seule pjhoto, trouvée dans La Charente libre. Mais ceux qui ne veulent ni voir ni entendre continueront à le nier, et à crier au "complotisme... :

    1A.png

     

    4. Le nouveau Ministre de la des-Éducation nationale ne connaît pas l'Histoire de France, et, par voie de conséquence, il ne comprend rien à cette Histoire. Il est urgent, pour lui, de lire L'Histoire de France, de l'immense Jacqiues Bainville (sait-il même qui c'est ?). En voici les toutes premières lignes du premier chapitre :

    Bainville.jpgPENDANT CINQ CENTS ANS LA GAULE PARTAGE LA VIE DE ROME

    "Il y a probablement des centaines de siècles que l’Homme s’est répandu sur la terre. Au delà de 2.500 ans, les origines de la France se perdent dans les conjectures et dans la nuit. Une vaste période ténébreuse précède notre histoire. Déjà, sur le sol de notre pays, des migrations et des conquêtes s’étaient succédé, jusqu’au moment où les Gaëls ou Gaulois devinrent les maîtres, chassant les occupants qu’ils avaient trouvés ou se mêlant à eux. Ces occupants étaient les Ligures et les Ibères, bruns et de stature moyenne, qui constituent encore le fond de la population française. La tradition des druides enseignait qu’une partie des Gaulois était indigène, l’autre venue du Nord et d’Outre-Rhin, car le Rhin a toujours paru la limite des Gaules. Ainsi, la fusion des races a commencé dès les âges préhistoriques. Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation.

    Unique en Europe, la conformation de la France se prêtait à tous les1A.jpg échanges de courants, ceux du sang, ceux des idées. La France est un isthme, une voie de grande communication entre le Nord et le Midi. Il y avait, avant la conquête romaine, de prodigieuses différences entre la colonie grecque de Marseille et les Cimbres d’entre Seine et Loire ou les Belges d’entre Meuse et Seine. D’autres éléments, au cours des siècles, se sont ajoutés en grand nombre à ceux-là. Le mélange s’est formé peu à peu, ne laissant qu’une heureuse diversité. De là viennent la richesse intellectuelle et morale de la France, son équilibre, son génie..."

     

    4 BIS. Zemmour a bien raison de "corriger" la (très mauvaise) copie du Ministre :

    "M. Ndiaye considère que la race est au cœur de l’histoire de France, je nie cette affirmation. Il confond l’histoire de la ségrégation américaine avec l’histoire de la France..."

    (extrait vidéo 1'34)

    https://twitter.com/MargauxdeMedoc/status/1528639867726487552?s=20&t=xcuCuCZxZM9_b1he-NyWGg

    1A.jpg

     

     

    4 TER. Élisabeth Lévy aussi, dans Causeur :

    "Éduquer les enfants c'est les ouvrir au monde qui était là avant eux et à ses œuvres. Pour Ndiaye, ces oeuvres sont le symbole de la domination des mâles blancs..."

    lfar pouce levé.jpg

     

    7.                                             SACCAGE PARIS

    Paris bobo, Par'Hidalgo, Paris pas beau !

     

    Dans le 14ème, deux grands platanes abattus à l’angle du boulevard Brune et de la rue Didot... Il faut verdir les villes, pour faire baisser la température, entend-on un peu partout...

    1A.jpg

    1AA.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Devant le Panthéon, belle église Louis XV, qu'il faut restituer à l'Église catholique, afin qu'elle retrouve sa vocation initiale...

    1A.jpg

    1AA.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

    1AAA.jpg

    1AAAA.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Au Canal Saint Martin...

    "Quoi, mon urinoir ?

    Qu'est-ce qu'il a, mon urinoir ?

    Quelque chose qui n'va pas ?

    Qui ne te revient pas...?

    (paroles librement adaptées d'une chanson de... Johnny, bien sûr !)

    1A.jpg

    Déjà, le simple nom de "Stalingrad" est, en soi, une honte. Mais quand en plus cet horrible "stalingrad" est aussi "stalincrade"...

    1A.jpg

    Allez, c'est trop dur, on arrête pour aujourd'hui !...

     

     

     

    À DEMAIN !

    LFAR FLEURS.jpg

     

  • LA SYRIE, LIEU D'AFFRONTEMENTS MILITAIRES ET DIPLOMATIQUES

     

    Par Mathieu Épinay

    MOYEN-ORIENT. Les nations occidentales mènent de drôles de jeux — plutôt sinistres — pour contrecarrer la Russie.

    Macron n'aura pas mis longtemps à s'aligner sur la doxa euro-otanienne servie par la grosse presse : c'est sûr, à Londres l'ex-agent secret Sergueï Skripal et sa fille ont été empoisonnés par Poutine. Des preuves ? Les Anglais n'en donnent aucune mais ils ont convaincu Macron. Élémentaire, comme dit imperturbablement le limier britannique, le toxique utilisé s'appelle Novichok ! Paris avait d'abord voulu attendre les conclusions de l'enquête, ce qui était intelligent, mais Jupiter, qui n'est donc pas empereur en son royaume, a dû se faire taper sur les doigts comme un vilain petit dieu. Il est rentré dans le rang au point d'avoir annulé sa visite au Pavillon de la Russie, pourtant invitée d'honneur au Salon du livre parisien. C'est une faute politique, doublée d'une muflerie qu'en termes mesurés la veuve du grand Soljenitsyne regrette : « J'avais l'impression qu'il était moins influencé par cette hystérie qui règne dans les médias occidentaux quand il s'agit de la Russie... Quand les diplomates ne savent plus se parler, il devient encore plus important que se parlent les artistes et les gens de la culture et des arts...Tourner le dos au dialogue avec les gens de la culture et des arts c'est extrêmement étonnant et ne sied pas à un leader politique français ».

    HYSTÉRIE

    Pour l'Elysée, qui manque d'imagination, il n'y a donc « pas d'autre explication plausible » (sic) que la faute à Poutine. Mais comment imaginer que Poutine, alors qu'il se présentait aux suffrages des Russes, ait pu offrir volontairement à ses adversaires le cadeau d'une telle provocation ? D'autant plus qu'il s'agit d'une triple bavure : 1 - l'agent double neutralisé depuis longtemps est une cible sans intérêt; 2 - toucher sa fille en « dommage collatéral » n'est pas utile ; 3- le coup est raté puisqu'à l'heure où ces lignes sont écrites, ils sont tous deux heureusement en vie. Tout cela ne correspond pas au professionnalisme du FSB, le contre-espionnage russe, qui siège à la Loubianka. Même Hollande, le parrain de Macron, a fait mieux et il a fallu qu'il s'en vantât auprès de journalistes pour que le public apprenne l'élimination discrète « d'ennemis » par les services français. Quant au produit neuro-toxique russe, il est connu depuis 20 ans et sa formule est accessible sur internet.

    L'hystérie médiatique que regrette Madame Soljenitsyne et l'affaire Skripal qui l'a déclenchée, ont probablement d'autres « explications plausibles ». Elles sont à rechercher vraisemblablement au Proche-Orient où la Syrie pourrait sortir de son calvaire grâce au soutien efficace des Russes. Mais cette réussite déplaît aux prédateurs qui misaient sur son dépeçage.

    Effectivement l'étau se resserre sur les I0 à 20 000 islamistes incrustés dans la Goutha orientale. Cette riante banlieue de Damas était devenue un enfer pour ses infortunés habitants qui peuvent enfin essayer d'en sortir par les couloirs sécurisés de l'armée syrienne.

    C'est de cette zone que les terroristes, modérés (!) ou pas, pilonnaient le centre de Damas et massacraient donc « le peuple de Bachar » avec une artillerie installée de préférence sur le toit de dispensaires ou d'écoles, au milieu de civils où se mêlent les familles des islamistes, des civils armés et d'autres malheureux, otages et boucliers humains, menacés de fatwa s'ils ne collaborent pas, tués par des snipers s'ils essaient de fuir, ou enfermés dans des cages près des objectifs sensibles. Il est évident qu'ainsi les marges de l'armée syrienne et de l'aviation russe sont très étroites, alors qu'à l'opposé l'ennemi terroriste tire sans discernement sur les quartiers les plus peuplés de Damas. Ainsi, à la Goutha, l'évacuation massive des civils marque la fin des groupes djihadistes qui se trouvent dépouillés de leur bouclier humain. Redditions et évaporations s'accentuent.

    CHIFFONS ET LIGNES ROUGES

    Dans ces conditions l'inénarrable « observatoire syrien des droits de l'homme », officine médiatique de l'opposition gouvernementale, aurait signalé des odeurs de chlore et des civils suffoquant avec les yeux rouges. Mais tout explosif conventionnel est un produit chimique et les fumées qui suivent un bombardement peuvent suffoquer, piquer les yeux ou sentir le chlore sans qu'il soit question d'attaque chimique. D'ailleurs de telles attaques ne donneraient au pouvoir syrien aucun avantage militaire et le disqualifieraient sur le plan politique.

    L'enfumage fonctionne pourtant bien à Paris ! Le chiffon rouge du chimique met en effervescence la coterie en place qui réagit aussi bien qu'en 2013 où Hollande s'était retrouvé tout bête, lâché par Obama, après avoir promis à Assad la foudre de ses missiles de croisière.

    Il y a juste un an, ému par les photos de cadavres d'enfants ou agacé par les néoconservateurs auquel il donnait un gage, Trump en tirait 60 de sa flotte en Méditerranée, sur une base syrienne. Frappe chirurgicale exemplaire : des radars, des dépôts et une poignée de vieux Sukhoi 22 détruits dans leurs abris. Impact militaire nul, l'aviation syrienne trop rustique est hors jeu ; en l'air les Russes ont la main. Impact politique nul, on n'en a pas parlé une semaine. Alors, tirer sur un bâtiment gouvernemental à Damas pour tuer quelques fonctionnaires et les enfants qui jouent à côté ? Idiot ! Sur le plan strictement militaire les deux objectifs justiciables d'une frappe par missile de croisière en Syrie sont le port de Tartous et l'aéroport de Lattaquié (Khmeimin), les deux piliers du dispositif militaire russe. Y toucher est impensable, de surcroît un sous-marin russe coulerait immédiatement la frégate d'où seraient partis les missiles.

    « La ligne rouge chimique » ressassée à l'envi par Macron est donc une ineptie ; elle nous tient à la merci de la moindre manipulation - nous savons combien le sujet s'y prête - et risque de nous mettre dans une posture intenable.

    Pendant ce temps, le bon Erdogan, notre allié turc, a bombardé Afrine en toute tranquillité, massacré et chassé les Kurdes qui avaient éliminé Daech. Mais « comme il est turc et pas syrien, c'est évidemment beaucoup moins grave », observe judicieusement l'excellent analyste Antoine de Lacoste.

    SYRIE-LEAK

    Les gesticulations occidentales à propos de la Syrie laissent donc dans une grande perplexité et il aura fallu une fuite providentielle en février pour éclairer de coupables connivences où la France est compromise.

    Voici l'affaire. Un diplomate britannique rend compte, dans un télégramme confidentiel, de la réunion du « Petit groupe américain sur la Syrie » (États-Unis, Grande Bretagne, France, Arabie saoudite et Jordanie) à Washington en janvier 2018. « La réunion publique la plus secrète de tous les temps », précisent les Jordaniens qui en sont. Elle fut suivie d'une deuxième réunion à Paris le 23 janvier.
    Les cinq États complices veulent saboter les efforts russes dans la région par une stratégie machiavélique : « 1) endiguer l'influence iranienne en militarisant durablement l'Est de la Syrie ; 2) faire échouer le plan de paix russe ; 3) poursuivre une guerre de basse intensité afin de diviser la Syrie pour aboutir à une partition territoriale et politique ». On y apprend la présence de Jérôme Bonnafont, directeur Moyen-Orient au Quai d'Orsay. Il y est question de torpiller les efforts russes de stabilisation dans le groupe d'Astana comprenant la Turquie et l'Iran et dans la conférence de réconciliation de la Syrie à Sotchi pour privilégier, dans le processus concurrent de Genève, la partition syrienne et son préalable, le départ d'Assad. Il faut donc « créer les conditions et des institutions qui permettraient des élections qu'Assad ne pourrait pas gagner »... et, par conséquent, il faut « maintenir la pression sur la Russie ». « Nous devons continuer - ce que nous faisons déjà - à dénoncer l'horrible situation humanitaire ainsi que la complicité russe dans la campagne de bombardements de cibles civiles »! D'où l'hystérie médiatique évoquée plus haut.

    On y prévoit aussi l'installation pérenne des Américains au nord-est de l'Euphrate, en s'appuyant non plus sur les Kurdes, ce qui agace Ankara, mais sur des Arabes sunnites recyclés de Daech. Du déjà vu : en Afghanistan les Américains avait armé les Talibans contre l'URSS. Ils ne sont pas sortis du schéma. L'Amérique veut donc reprendre la main en condamnant la Syrie au sort de l'Irak, de la Libye ou de l'Afghanistan pour la satisfaction de Tel-Aviv et de Ryad.

    Il faut lire intégralement ce télégramme, révélé par le journaliste Richard Labévière, accablant pour ceux qui prétendent diriger le monde, terrible pour le peuple syrien. Une telle révélation justifierait une commission d'enquête parlementaire. À Washington, Trump vient d'ailleurs de virer son secrétaire d'État Tillerson pour d'obscures raisons qu'on aimerait éclaircir.

    La politique suivie par Sarkozy, Hollande et Macron vis-à-vis de la Syrie nous a mis hors-jeu. Nous n'y avons plus d'ambassade et plus aucun moyen d'action ou de pression. Nos diplomates nous compromettent maintenant dans des conspirations internationales qui veulent délibérément maintenir le peuple syrien dans la guerre. Pour quel profit ? Inutile de préciser que les chrétiens d'Orient sont le dernier souci de la diplomatie française.    

    Mathieu Épinay

    Collectif de spécialistes des questions de Défense
  • La République, le séparatisme et l’islam, par Hilaire de Crémiers.

    Les discussions ont commencé sur le projet de loi qui vise à conforter les principes républicains. Il est question de tournant sécuritaire.

    Voilà encore une loi qui va échauffer les esprits – oh, seulement un petit moment pour distraire de la lassante pandémie –, agiter les médias, ébranler les réseaux sociaux, susciter d’innombrables commentaires, animer un parlement qui dans son inutile vanité cherche à exister et qui, à cette occasion, comme régulièrement, vomira son flot bourbeux d’éloquence politicienne, la plus vulgaire qui soit.

    hilaire de crémiers.jpgAu motif de « conforter la République », il ne s’agit une fois de plus que d’essayer de « conforter » un gouvernement qui vacille sur des bases politiques, administratives, intellectuelles et morales aussi mal construites que mal choisies, comme la crise sanitaire, et jusqu’à l’affaire des vaccins, ne le démontre que trop. Ce au moment où l’idée qui domine toute l’action de l’exécutif se concentre sur les moyens de préparer au président sortant – car ce n’est plus que cette préoccupation qui compte – un socle électoral conforté – c’est le cas de le dire – dont la stabilité judicieusement ajustée pourrait lui assurer en 2022 sur un centre droit consolidé, sanitaire et sécuritaire, un deuxième tour plus convaincant qu’en 2017 où, face au risque d’un « populisme » immaîtrisable, l’heure sonnait jusqu’à la folie d’un centre gauche mondialiste et libertaire. C’est ce qu’on appelle dans les milieux politiques de la « stratégie » ! Le projet de loi « confortant les principes républicains », comme la loi dite de « sécurité globale », entre dans cette perspective. Et c’est cette perspective qu’il convient de bien resituer pour en comprendre la portée.

    Un faux tournant

    Il faut et il suffit d’y voir ce perpétuel jeu de courants alternés qui meuvent et orientent en le traversant continûment le libéralisme français qui fait le fond de pensée de la république bourgeoise depuis le XIXe siècle. Ce jeu se répète indéfiniment en se présentant, à chaque bouillonnement du marigot, comme une fabuleuse nouveauté – toujours le rêve de « la nouvelle société » – quand la même nauséabonde mixture se met à changer de direction dans le caniveau usé de la pratique républicaine. Le gaullisme qui croyait transcender les clivages n’a pas échappé à cette oscillation inéluctable, pas plus que le mitterrandisme ou le chiraquisme. C’est ainsi, le tout n’étant jamais, au-delà des discours et des théories, bien au-delà des commentaires des experts et des professeurs, que de s’emparer encore et toujours de la puissance publique. Le procédé est obligé, c’est un point qu’il faut bien saisir et qui réduit à néant toutes les prétentions de notre droit public : la jacobinerie d’État, même et surtout dite décentralisée, ce qui ne fait jamais qu’une superstructure administrative de plus au profit des enjeux de pouvoir, reste le ressort essentiel de l’action politique, y compris et principalement chez nos prétendus libéraux qui ne pensent, comme tous les idéologues du progrès continu et obligatoire depuis plus de deux siècles, qu’à diriger et à contrôler la vie des citoyens du berceau à la tombe ; tels de petits Xi Jinping, à leur façon, puisqu’ils ont mille idées sur tout. Et donc autant de lois à façonner.

    Le macronisme se transforme, dit-on, il s’adapte. Que nenni ! Macron patauge dans les mêmes marais où la République française s’embourbe régulièrement. Il est dans la même situation que tous ses prédécesseurs de la Ve République et tous les politiciens des républiques antérieures. En perpétuelle quête du pouvoir où un programme électoral, niaiseux par définition, se revêt des atours d’un projet partagé.

    L’analyse des derniers discours macroniens décèle, d’ailleurs, sous les artifices du langage, les mêmes ambiguïtés. À L’Express, à Brut, il débite un salmigondis de propositions contraires et d’apories fuligineuses qu’il aligne comme des évidences pour signifier que tout est dans tout et le contraire plus sûrement encore : la souveraineté est souveraine sans l’être vraiment, elle est française, mais plus encore européenne et transnationale ; la nation n’est pas le communautarisme, mais le communautarisme – « mot avec lequel je ne suis pas à l’aise » – peut se vivre dans la nation qui n’est rien d’autre que la République, universelle par essence ! La culture est multiculturelle. Les minorités sont discriminées, mais la République est « une », bien que la police fasse des tris inacceptables. Au point que les syndicats de police se demandent à quoi pourrait servir le fameux « Beauvau » des forces de l’ordre avec de tels propos, si injurieux à leur égard, dans la bouche du chef de l’État.

    Pour faire plaisir aux écologistes et à la Convention citoyenne qu’il ne maîtrise plus, il annonce un possible référendum constitutionnel sur l’environnement et le climat dont le caractère inutile et superfétatoire est manifeste. Et voilà qu’il refait une convention de citoyens pour juger l’action publique contre la pandémie.

    C’est partout et à tous les niveaux du grand n’importe quoi. Ce qui ne l’a pas empêché de faire de ses vœux une séance d’autosatisfaction.

    Une loi de plus qui ne résout rien

    C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la loi de renforcement des principes républicains. L’intitulé a varié. Il a été question de lutter contre « les séparatismes », puis « le séparatisme », « le communautarisme ». Le 2 octobre, aux Mureaux, évoquant la future loi qu’il jugeait nécessaire, le président parlait de « stratégie contre le séparatisme », un séparatisme « que l’État avait lui-même construit avec une politique de peuplement génératrice de ghettoïsation ». Et son ministre de l’Intérieur, Darmanin, sa caution de droite, y allait encore plus fort. Et le ministre de l’Éducation nationale, Blanquer, pareillement. Mais voilà, comment faire ? Attaquer de front le problème : impossible ! Tout le monde sait que plus personne ne contrôle les banlieues, les quartiers dits sensibles qu’aucun organisme, même policier, ne peut sérieusement inspecter ni même répertorier, les mosquées encore moins, même si, de temps en temps, il en est qui sont visées par une décision judiciaire ou administrative, comme à l’encontre des quelques trop visibles associations qui promeuvent publiquement un islam radical, tel le Collectif contre l’islamophobie. Mais pour le reste qui pullule par milliers sous tous les prétextes possibles, du religieux à l’éducatif, du culturel au sportif, avec toutes sortes de complicités locales, que peut la loi ? Sans compter les querelles qui divisent les organisations musulmanes et qui rendent vaines toutes les tentatives de constituer un islam de France. La Grande Mosquée de Paris vient encore de le faire savoir.

    Les hommes politiques qui, en plus, n’y comprennent rien, sont totalement désarmés. Discours et propositions tiennent lieu d’action. Le texte de la loi ne se présente plus, pour qui veut bien comprendre, que comme la liste des carences et des impuissances de l’État. Pour le dire clairement, de la République.

    L’astuce consiste alors à l’habiller en bulletin de victoire et en résolution martiale. Rien de plus facile : l’histoire a bon dos ; la République, c’est connu, a vaincu l’Église catholique et l’a réduite à sa loi et à son droit. Voilà donc le modèle. Un seul absolu : la République ; le reste ne peut être que du particulier et du relatif. Dans cet esprit, les musulmans n’auront plus qu’à se plier à la loi républicaine comme les catholiques. C’est ainsi que l’intitulé est devenu « Projet de loi visant à conforter les principes républicains ». C’est sous le patronage de la loi de 1905 qu’il fut présenté au conseil des ministres pour le 115e anniversaire de la promulgation de cette loi dite de séparation qui garantit la laïcité de l’État.

    Misérable tour de passe-passe. Plus d’islam, plus d’islamisme, plus d’immigration musulmane, plus de territoires perdus, plus de charia, plus de mosquées, plus de salafistes, plus de terroristes. Le Premier ministre Castex « s’est défendu de légiférer contre les religions et contre la religion musulmane en particulier ». Il a précisé : « C’est à l’inverse une loi de liberté, une loi de protection, une loi d’émancipation face au fondamentalisme religieux. » Et de parler de « stratégie d’ensemble » et de « promesse républicaine ».

    La loi se contente donc de rendre automatique l’inscription au Fichier des auteurs d’infraction terroriste les personnes condamnées pour provocation ou apologie d’actes de terrorisme. Tiens, donc ! D’étendre l’obligation de neutralité aux services publics, donc aux transports. Tiens, donc ! De créer un délit de mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations. Tiens, donc ! De demander aux associations qui sollicitent des subventions – et qui les obtiennent ! – de s’engager à respecter les valeurs de la République. Tiens, donc ! De façon, est-il précisé, que l’argent public ne puisse pas financer « ceux qui y contreviennent ». Tiens, donc ! De faire en sorte que la polygamie devienne un motif de refus pour les titres de séjour. Tiens, donc ! De donner aux enfants en âge d’être scolarisés un identifiant national pour contrôler l’enseignement dit à domicile. Tiens, donc ! Enfin, d’engager les associations loi de 1901 qui forment le substrat des statuts juridiques des organisations musulmanes, à passer sous le statut de 1905 pour que les financements, notamment étrangers, puissent être vérifiés. Tiens, donc ! Et qui finance qui ? Et jusqu’où ? Un tel statut éviterait aussi les « putschs extrémistes ». Tiens, donc ! Resterait alors à former des cadres musulmans en France ; on connaît déjà les vaines tentatives opérées sous Sarkozy.

    Ainsi, pensent Macron et tous les politiciens à sa suite, sera-t-il possible de faite émerger un islam de France ? Un islam qui se fondra comme le catholicisme français dans la République !

    Cette loi n’est qu’une immense duperie. Une de plus. Ceux qui vont le plus y perdre sont, d’ailleurs, les Français d’origine musulmane qui sont d’abord attachés à la France. Et qu’il aurait fallu commencer par privilégier. Tel n’est pas le cas. L’affaire de l’islam et de l’islamisme va continuer à pourrir. En France et la France. Assimilation, intégration, reviennent les mêmes mots qu’au moment de l’affaire d’Algérie. Avec la même impossibilité républicaine de résoudre le problème. Et, vraisemblablement, la même tragédie au final.

    La vérité que personne ne dit : la République est historiquement et idéologiquement, malgré Tocqueville, une rupture radicale, et constamment renouvelée, avec le génie propre de notre pays. Elle est incapable d’assumer la charge de notre destin national. Par sa nature même, la République est un séparatisme qui a réussi à s’emparer de l’État. Elle n’est même que ça. Et elle ne cesse de reprendre sa même entreprise qui est de séparer la France de son histoire et de ses sources de vie. Comment pourrait-elle dans ces conditions s’opposer au séparatisme islamique ? La loi prouve qu’elle a déjà renoncé.

    3.jpg

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (18)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFARNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    Maintenir, restaurer, exploiter  notre patrimoine historique ...

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LE RÈGNE DE LA QUANTITÉ S'ACHÈVE

    Trois types de services sont appelés à se développer, là-dessus l'accord est presque total et dans ce domaine également la reconstitution d'un marché plus large, constitué par les classes aisées s'impose : la restauration, le gardiennage, le nettoiement. Pour la restauration, il est évident qu'il faut une clientèle capable de dépenser davantage, sinon ce sera « le fast food », dans le pire des cas et dans le meilleur le sandwich. Une société de plus en plus fragile ne sera pas protégée par la seule police. La multiplication des entreprises de gardiennage répond à un besoin. La multiplication des résidences secondaires, abandonnées une partie de l'année, exigera que les particuliers fassent appel à ces entreprises. Encore convient-il qu'ils en aient les moyens. Le nettoiement lui aussi devra s'adresser aux particuliers. La domesticité, au sens ancien, ne se reconstituera pas. Ni l'évolution des mentalités ni l'exiguïté des appartements ne la favorisent. Par contre, déjà les traiteurs fournissent du personnel pour les réceptions. De plus en plus, des équipes effectueront les travaux pénibles, à condition de trouver un nombre suffisant de ménages susceptibles de conclure un contrat d'entretien, comme cela se passe aux Etats-Unis.

    Il est remarquable qu'en Lorraine le gouvernement socialiste, après avoir rêvé du développement de l'industrie électronique ait dû constater que celle-ci ne provoquait que peu d'emplois. Par contre un parc d'attraction en susciterait plusieurs milliers, sans exiger des efforts de formation coûteux, dont les résultats, sur une main d'œuvre mal préparée, restent aléatoires. Une prise de conscience s'opère, dans tous les secteurs de l'opinion, en dehors de celui, qui se marginalise, qu'occupe le parti communiste.

    Le mouvement général de la société la porte d'ailleurs vers l'amélioration de la qualité de la vie. La défense de l'environnement, la protection des sites, la rénovation des quartiers anciens, le régionalisme, le désir de « vivre au pays » afin de maintenir les solidarités familiales furent longtemps tenus pour « réactionnaires ». Une certaine extrême gauche s'en est emparée, les déformant, les travestissant, au point de les utiliser contre le progrès technologique (les centrales nucléaires) ou l'unité nationale. Il reste que, même mystifiées, les valeurs de la société préindustrielle retrouvent toute leur puissance. L'écologie a pris un tour idéologique, hostile au progrès des techniques qui la rend insupportable. Expression d'un retour à la qualité de la vie, en rupture avec la notion quantitative de « niveau de vie », elle s'accorde avec les nécessités économiques.

    Le gouvernement Fabius, en créant les TUC s'est engagé dans la bonne voie, encore qu'on doive craindre qu'il ne gâche une excellente idée. Il est absurde de payer des gens à ne rien faire. Ce gaspillage d'argent et de force de travail paraît aberrant. Pourquoi ne pas utiliser les chômeurs afin d'améliorer la qualité de la vie ? Dans le cas des TUC tout donne malheureusement à penser qu'il s'agit d'un gadget électoral destiné à camoufler ses échecs économiques. Le parti communiste n'a pas tort qui parle de tucs en toc à propos des « travaux d'utilité collective » (TUC). Une initiative heureuse, en soi, risque d'être gâchée dans la mesure où elle se traduira par une résurgence des « ateliers nationaux » de 1848, qui ont laissé de fâcheux souvenirs.

    Les TUC ne sont, dans trop de cas, une manière d'occuper des jeunes. Le souci de rentabilité, sinon financière, du moins sociale, reste insuffisant. Pour être efficaces, il faudrait les confier à des entreprises, déjà existantes ou à créer, avec le risque d'échec que cela implique. Certes, tout ce qui fut accompli par le Troisième Reich reste frappé de malédiction. Pourtant il serait opportun de s'inspirer de l'arbeitschaffung. Hitler pour combattre le chômage lança une politique de grands travaux. Les caisses étaient vides. Le docteur Schacht eut l'idée des traites de travail. Une municipalité décide de construire une cité ouvrière. Elle n'a pas le premier sou. Un établissement ad hoc, la Bank der deutschen arbeit lui donne un bon qui, placé sur un compte bancaire, permettra de payer, par un jeu d'écritures. La municipalité remboursera grâce aux locations d'appartements et aux impôts sur les bénéfices. Il ne s'agit pas de copier un système qui ne pouvait fonctionner que dans le cadre de l'autarcie économique. N'empêche qu'en deux ans le nombre de chômeurs a diminué de moitié.

    Il existe de nombreux besoins sociaux qui ne sont pas satisfaits : maintien des vieillards à domicile, haltes garderies pour permettre aux mères de famille de faire leurs courses, extension du système à tous les foyers où la femme travaille, des aides ménagères etc... De même, pour s'adapter à la révolution industrielle villes et régions seront contraintes de faire d'immenses efforts d'amélioration de la qualité de la vie. Les industries nouvelles ne s'implanteront pas n'importe où. Trois conditions devront être réunies : proximité d'une université de renom, existence d'une main d'œuvre qualifiée, possédant des traditions ouvrières de savoir-faire et de conscience professionnelle et de ce point de vue le Nord ou la Lorraine disposent de sérieux atouts, environnement naturel et culturel, susceptible d'attirer ingénieurs, chercheurs et cadres. Le développement du tourisme, des activités de loisir, de la consommation de biens « qualitatifs » suppose lui aussi l'amélioration de l'environnement naturel et culturel. Chaque ville, chaque « pays », chaque région devra, pour survivre, protéger ses sites et, à l'occasion, se débarrasser de ses friches industrielles, restaurer son patrimoine historique, planter des arbres, multiplier les jardins publics, les parcs d'attraction, les musées, les bibliothèques. Il ne s'agira plus de superfluités auxquelles un conseil municipal accorde, avec condescendance, de maigres crédits mais d'investissements dont la rentabilité économique, même si elle ne peut être calculée, se manifestera par les retombées industrielles (implantation d'entreprises) ou commerciales. Beaucoup de collectivités locales en prennent conscience.

    Le système que l'on peut envisager se fonde sur la mise en œuvre de plans d’aménagement communaux, intercommunaux, départementaux ou régionaux. Pour les financer les collectivités locales disposeraient d'un fonds où seraient versées les allocations-chômage correspondant aux emplois engendrés ainsi que, pendant trois ans, les cotisations de sécurité sociale que leur verseraient les entreprises bénéficiant de ces emplois. Cette mesure vise à dissuader les chasseurs de prime, ces entrepreneurs attirés par des avantages fiscaux ou des exonérations de charges sociales, qui ferment sitôt qu'ils n'en bénéficient plus. Les caisses de sécurité sociale de leur côté ne souffriraient aucun préjudice réel, les chômeurs ne leur rapportant rien. Ainsi chaque salaire serait couvert pour plus de moitié. Les communautés locales, pour compléter ce fonds, recourraient à des traites de travail qu'elles rembourseraient grâce au surcroît des impôts locaux provoqué par ces investissements, avec le risque normal d'erreurs d'appréciation, dont la population supporterait les conséquences puisque de toute façon il faudrait rembourser. Ces erreurs seraient moins nombreuses et surtout moins graves que si les décisions étaient prises par des technocrates irresponsables, les municipalités ou les conseils généraux, saisis pas la folie des grandeurs ou la démagogie, payant leur mauvaise gestion de leur renvoi par les électeurs.

    Ces travaux et ces services ne sauraient être accomplis directement par les communautés locales, qui, pour élargir leur clientèle électorale sont tentées de « créer » des emplois, sinon inutiles, du moins superflus, mais par, des entreprises, coopératives ou sociétés, déjà existantes ou qui se constitueraient pour bénéficier de ce marché. Soumise à la concurrence, elles s'engageraient, par contrat, à embaucher et à former des chômeurs pour l'exécution de ces travaux ou de ces services. Certains de ces emplois deviendraient permanents, d'autres, temporaires, susciteraient, du fait de la relance de l'économie locale, des emplois permanents. Il va de soi qu'un chômeur qui refuserait, deux fois de suite, un travail conforme à ses compétences et à ses capacités, serait trop souvent absent, ferait du mauvais esprit perdrait tout droit aux allocations.    

    A suivre  (A venir : Le règne de la quantité s'achève 3).

     

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

    (1)     (2)     (3)     (4)     (5)     (6)     (7)     (8)    (9)     (10)    (11)     (12)     (13)     (14)     (15)     (16)     (17)

  • Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (8), par François Schwerer

    Le sénat va connaître dans les jours à venir le projet de loi de bioéthique. Notre ami François Schwerer nous a adressé - avec un message de sympathie - l'ensemble des textes qu'il été amené à écrire sur cette question.

    Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

    Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et nous la poursuivrons du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

    Et, pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous regrouperons la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

    François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

    Voici le plan de l'étude (hors Annexes et textes divers, qui viendront ensuite); nous le redonnons chaque jour, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble :

     

    1. Les étapes de la décadence
    • Un processus téléologique

    1/. « Qui n’avance pas recule »

    2/. De la pilule à la GPA : l’asservissement des femmes

    3/. La révolte des femmes et les mouvements féministes

    4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

    • La stratégie progressiste

    1/. La campagne médiatique préalable

    2/. La modification de la loi

    3/. Le recours à une novlangue

    4/. Le discrédit de l’adversaire

    5/. La politique des petits pas

    6/. Le viol de la conscience des enfants

    1. « Pour une nouvelle croisade »

    A - Une faible résistance

    1/. Des hommes politiques sans conviction

    2/. Des manifestations apparemment inefficaces

    3/. Un refus de mettre en danger son propre confort

    4/. Un faux respect de l’apparente liberté d’autrui

    5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

    B – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

    1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

    2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

    lfar espace.jpg

     

    Schwerer.jpg3/. Le recours à une novlangue

     

    La terminologie aussi est adaptée pour masquer les réalités. Il y a deux façons de procéder qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre. Soit on commence par déformer le sens d’un mot pour le connoter de façon négative avant d’en affubler constamment l’adversaire à abattre, sans avoir le moindre souci de discuter le bien-fondé de sa position, soit on applique à une réalité un mot qui n’a rien à voir mais qui permet de nier la chose qu’il représente. Dans la première catégorie on trouve le mot « phobie », dans le second « interruption » ou, depuis peu, « traitement ».

    Le mot phobie signifiait, jusqu’à ce que les médias l’utilisent pour stigmatiser celui qui n’adhère pas à la pensée unique, une peur confinant à la panique. Comme, en grec, homo signifie semblable, l’homophobie (1) n’est que la peur panique de son semblable. On en a fait la haine de l’homosexuel. De plus, le mot phobie renvoie à un univers médical. Dès lors le « phobe » doit être soigné et non pas convaincu, soigné et non pas raisonné, soigné au point d’être écarté, mis au ban de la société, à cause du danger de contagion qu’il présente. Si le « phobe » persiste alors il devient criminel et doit être traité comme tel. A quelque stade qu’en soit sa phobie, le « phobe » doit donc être isolé. C’est le pestiféré des temps modernes. Autrefois le pestiféré était mis au ban de la société, aujourd’hui le « phobe » est exclu du monde virtuel et des « réseaux sociaux » par la loi Avia.

    L’islamophobe est une personne qui, jusqu’à ces dernières années, avait peur de l’islam ; aujourd’hui c’est quelqu’un qui est réputé avoir la haine des islamistes. Notons, au passage, l’usage abusif du concept de haine qui permet de discréditer l’adversaire et de ne pas discuter ses raisons.

    Jusqu’à un passé récent, le mot traitement était réservé, en médecine, pour désigner une technique particulière de lutte contre la maladie ; avec la loi Leonetti-Cleys, le mot recouvre aussi tout ce qui relève des soins les plus élémentaires, c’est-à-dire de tout ce qui conduit à se soucier de l’autre. En transformant le soin en traitement, on évacue la dimension de solidarité entre les personnes pour ne plus considérer que de la technique individuelle. Si c’est l’autre qui est la raison première des soins du prochain, c’est le technicien qui est seul responsable du traitement qu’il applique. Le soin, par nature, résulte de la relation désintéressée ; le traitement n’est qu’une technique marchandable. Le bon Samaritain de l’Evangile n’a pas administré un traitement à l’homme tombé entre les mains des brigands, il en a pris soin.

    Dans cette novlangue, comme disait Orwell, un avortement est rebaptisé – si l’on peut dire – interruption volontaire de grossesse. Le mot avortement, en effet, signifiant ne pas naître, renvoie inexorablement à une autre personne. En utilisant l’expression « interruption volontaire de grossesse », on supprime la référence à un autre d’une part et on présente l’opération comme étant un acte qui ne concerne que la femme seule et son apparence physique individuelle considérée à un moment donné d’autre part. En effet, une interruption n’est pas, en soi, un acte aux conséquences définitives puisque ce n’est qu’une suspension d’activité, une discontinuation. C’est aussi un trouble dans la jouissance d’un droit. Selon les canons de la mode, l’apparence physique de la femme n’est pas valorisée par la grossesse surtout lorsqu’elle veut se mettre en maillot de bain sur une plage ! Et l’expression elle-même coupe tout lien avec la vie en soi, niant d’autre part qu’il puisse avoir des conséquences ultérieures. Affaire exclusive de la femme en état de grossesse passagère, la porte était ouverte, dès l’origine à ce qui deviendra en 2017, au détour d’un amendement déposé en catimini au Parlement, le délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse. Et comme l’expression était encore trop connotée par un usage antérieur, on ne désigne plus l’opération que par le sigle IVG. Cela devient donc un acte médical banal à traiter et rembourser au même titre que l’AVC.

    Le mot « mariage » à son tour a été dénaturé. Mais comme il conservait encore dans l’esprit des personnes une connotation positive et qu’il fallait dans un premier temps le préserver, on a procédé en deux étapes. Dans un premier temps on a créé pour les homosexuels un pacte civil de solidarité ou PACS qui ouvrait aux personnes de même sexe la possibilité de faire reconnaître par la société civile leur union avec les conséquences de droit qui en découlait. Puis, comme l’expression choisie et son sigle n’ont jamais été présentés comme portant la même valeur que le mot mariage, on a dénaturé le sens de celui-ci en l’affublant d’un qualificatif : « pour tous ». Comme si, auparavant certaines catégories de personnes n’avaient pas le droit de se marier ! Comme s’il fallait donc donner un nouveau droit à certaines personnes qui en auraient été privées ! En fait, le nouveau droit qu’on leur a donné a été celui de dénaturer complètement le sens du mot mariage.

    On a donc non seulement changé le sens du mot, mais aussi sa fin ultime. Le mariage n’est plus l’union complémentaire d’un homme et d’une femme qui fondent une famille stable – et perpétuent l’espèce –, il est devenu la reconnaissance par la société que deux individus s’aiment, à un instant donné. Le mariage n’emporte plus ni complémentarité ni stabilité. Aujourd’hui les deux individus qui se marient sont encore deux humains (qui peuvent déjà être du même sexe), mais demain il n’y aura aucune raison de ne pas accorder ce droit à des individus quel que soit leur âge, ou à deux mammifères d’espèces différentes (2) (au nom de quoi continuera-t-on à les discriminer ?), à deux hommes (ou femmes) « augmenté.e.s », à deux androïdes, etc.

    L’insémination artificielle d’une femme, avec « donneur » anonyme est appelée procréation médicalement assistée et dès avant sa banalisation n’est connue que par son sigle PMA, ce qui en fait, de facto, un acte médical au même titre que, demain, la GPA, cette gestation pour autrui qui, d’un point de vue économique, ne sera qu’une simple « location d’utérus ». Pas question de nommer la GPA « maternité par substitution », qui marquerait trop nettement qu’une mère est impliquée dans le processus. La femme, qui était déjà réduite au rang de simple objet de jouissance pourra donc aussi être considérée par d’autres comme un objet « utile », au même titre que le bidet, comme le voulaient déjà les philosophes dits des Lumières, à la suite de Diderot. Ainsi de suite.

    Les actes qui répondent à ces désirs d’un moment – caprices – à satisfaire toute affaire cessante, sont déclarés des actes médicaux ce qui permet d’en imposer le remboursement (3) rendant ainsi la totalité de la population complice de cette dérive. De banalisation en banalisation, ce qui est légal finit par être perçu comme moral. La moralité ne découle donc plus de la philosophie communément acceptée par l’ensemble de la société mais de la légalité imposée à cette société par la majorité relative du moment. Plus grave encore : insidieusement, les citoyens sont transformés en co-auteurs de ces actes de mort et de destruction de civilisation.

    Avec l’affaire Vincent Lambert, l’homme a ontologiquement perdu sa dignité (4) puisque désormais ce qui fait sa grandeur, ce qui fait qu’il est digne d’estime, ce n’est plus le fait qu’il soit un homme mais le regard que les autres portent sur lui. Il n’est plus un être éminent par lui-même ; il est perçu comme étant digne de vivre ou non en fonction des arrière-pensées des uns et des autres, arrière-pensées essentiellement dictée par une peur égoïste de souffrir. Là encore, on a fait d’une pierre deux coups. Car l’on n’a pas simplement dénaturée la notion de dignité humaine on a aussi préparé une étape suivante en amalgamant, dans l’esprit du public, l’état végétatif d’un « légume » avec un état pauci-relationnel (5).

    Quelle sera la prochaine avancée ? A quoi, cherche-t-on aujourd’hui à préparer nos esprits ? Certains « médecins » ou plus exactement manipulateurs génétiques, déclarent avoir réussi à « faire » un bébé à partir de trois parents. Dans un pays de l’Europe du Nord une jeune femme a déclaré avoir épousé son chien.

     

    (1) : Le 14 octobre 2019, alors que l’Assemblée nationale s’apprêtait à voter l’extension de la PMA, Marie-Agnès Verdier faisait, sur le site de Boulevard Voltaire, le constat suivant. « Les députés ont rejeté, le 9 septembre, la reconnaissance des enfants nés par GPA à l’étranger. Ne soyons pas dupes, toutefois, de la politique des petits pas de la jurisprudence. Dans son discours solennel à la Cour européenne des droits de l’homme, en 2015, le président Dean Spielmann affirmait que « la CEDH impos[ait] à l’Europe, progressivement, la GPA, selon un rythme voulu par la Cour : celui, polyrythmique, de la Danse sacrale de Stravinski ». Avec la reconnaissance, dernièrement, par la Cour de cassation, d’une GPA d’enfants nés à l’étranger, se réalise la prophétie « de réduire à néant non seulement la faculté pour les États d’interdire la GPA mais la légitimité d’un tel choix législatif ».

    Deux pas en avant, un pas en arrière. On lance la GPA, on se rétracte. La GPA est la « ligne rouge infranchissable » mais on n’a pas le droit de « punir les enfants ». On réaffirme la « doctrine » de ne pas « retranscrire automatiquement » les naissances d’enfants nés à l’étranger. On rappelle à l’envi l’hostilité du Président à la GPA. L’important est que la victoire des époux Menesson « du droit sur la morale » soit « emblématique ». Qu’elle « fasse jurisprudence ». Ainsi s’installe la casuistique dans les cours de justice. Madame le garde des Sceaux va veiller à l’harmonisation des cours. Pourquoi la circulaire Taubira du 25 janvier 2013 ne suffisait-elle pas ? Parce qu’une circulaire n’est pas une loi. On voit venir la chose : pas forcément facile. Mais les nouveaux jésuites, au toupet d’hermine, ont, pour leurs semblables, une charité de Samaritains… »

    (2) : L’homophobie est un mot qui a été forgé pour discréditer ceux qui n’acceptent pas le concept de « non-discrimination sexuelle ». Mais ce concept de non-discrimination sexuelle est lui-même constitutif d’un non-sens puisqu’il est formé à partir de mots qui signifient l’interdiction de séparer ce qui est séparé par nature.

    (3) : La commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) a considéré en 2019 que l’homéopathie ne doit plus être remboursée car son efficacité n’est pas prouvée. Pour autant, le gouvernement persiste à annoncer le remboursement à 100 % de la Procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes et les femmes seules, si elle était adoptée à l’occasion de la révision de la loi de bioéthique. Elles seraient alors exonérées du ticket modérateur comme si leur « opération » était rendue nécessaire par une maladie grave menaçant jusqu’à leur vie même. Pour pouvoir continuer à financer à 100 % ces œuvres de mort, le gouvernement a déjà sorti en 2011 de la liste des maladies graves ou « affection de longue durée » l’hypertension artérielle sévère puis décidé en 2018 de sortir de la liste des médicaments « irremplaçables » ceux destinés à lutter contre la maladie d’Alzheimer.

    (4) : Monseigneur d’Ornellas s’est interrogé : « Comment trouver un autre mot [que dignité] pour exprimer ce qu’il faut bien appeler un « mystère » ? Comme signifier que personne ne peut mettre la main sur un être humain, que ce dernier ne peut jamais être considéré comme un simple moyen mais toujours comme une fin, qu’il surgit dans l’existence d’une façon gratuite comme un don qui nous est effectivement donné et que nous avons à recevoir gratuitement, comme une promesse avec ses talents et sa liberté qui peuvent enrichir le « nous » qui nous rassemble, comme un être unique qui n’a jamais existé auparavant et qui ne ressemble à aucun autre. Dans le fond, employer le mot « dignité », c’est affirmer cette unicité absolue de chaque être humain qui, en définitive, ressemble à tous les autres par cette caractéristique particulière : chacun est unique, donné gratuitement à tous les autres » (« Bioéthique », Balland, 2019, p. 104).

    (5) : Selon le dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, le préfixe pauci « est un élément servant à former quelques termes d’histoire naturelle, tiré du latin pauci « un petit nombre », par exemple dans PAUCI-FLORE adj. [1795] qui ne porte que peu de fleurs ». « Pauci-relationnel » signifie donc : qui a peu de rapports réciproques » et non pas, comme on le laisse entendre quand on parle de « légume », avec qui on ne peut pas entrer en rapport. Et, comme « petit nombre » est une notion subjective d’une part et que le terme relation peut servir à couvrir de nombreux types différents de rapports, gageons que demain on saura utiliser l’expression dans le sens qui servira à faire « avancer » les esprits.

  • Pauvreté : le grand retour, par Olivier Pichon.

    Les riches sont plus riches, les pauvres plus pauvres et plus nombreux, et ça ne va pas s’arranger. Des chiffres inquiétants et des perspectives économiques plus inquiétantes encore.

    Face à cette question, on peut être tenté par le romantisme façon XIXe siècle ou bien encore par le complotisme, et l’annonce de l’apocalypse sociale façon XXIe siècle, il n’empêche que la question de la pauvreté se pose avec une acuité toute particulière en France “après” la crise sanitaire, probablement sans précédent depuis les lendemains de la seconde guerre mondiale. Parmi les demandeurs d’aides, 45 % étaient jusque-là inconnus, indique le Secours Populaire.

    2.jpgL’alerte fut donc donnée par ce dernier, qu’on pourrait critiquer pour ses affinités idéologiques : hélas les autres associations, plus “catholiques” nous disent la même chose ( Secours Catholique – Caritas France, Armée du salut, Restaurants du cœur, Fondation Abbé Pierre, Médecins du monde, ATD Quart Monde, Emmaüs…), doublées aussi par les statistiques et les « observatoires», dont celui de la pauvreté (sic) .Les représentants de dix d’entre elles ont été reçues par le premier ministre le 2 octobre, espérons que celui-ci ne se contentera pas « d’observer ». C’est en vain que l’on voudrait cacher cette pauvreté que certains ne sauraient voir, car il ne suffit pas de « traverser la rue » pour en sortir. Selon ces associations caritatives, la crise sanitaire a fait basculer dans la pauvreté un million de Français, qui s’ajoutent ainsi aux 9,3 millions de personnes vivant déjà au-dessous du seuil de pauvreté monétaire – à 1 063 euros par mois et par unité de consommation, soit 14,3 % des ménages selon l’INSEE pour 2018/2019. La perspective de 800 000 chômeurs supplémentaires ne devrait pas améliorer les choses pour 2021. On peut donc considérer que plus de 15% des Français sont pauvres… On voit ressortir des bidonvilles à Paris (boulevard périphérique, chemin de fer de Petite Ceinture , essentiellement des immigrés), qui nous ramènent sinistrement aux années soixante où disparaissaient les derniers bidonvilles, comme celui de la Folie à Nanterre, devenue université de toute les révoltes d’enfants qui n’y étaient pas nés.

    À l’autre bout de l’échelle sociale, on trouve les 1% de ménages les plus aisés et même les 0,1% de super-riches. Selon l’Insee, ces 1% représentent 274 000  foyers fiscaux, dans lesquels vivent 640 000 personnes (dont 43% vivent en région parisienne). Donc, grosso modo, 1% de la population française. Tous ces chiffres ne nous disent pas comment on est pauvre ni même comment on est riche.

    Les nouveaux pauvres et les anciens riches

    Certains veulent se rassurer en affirmant que cette pauvreté est importée. Il y a du vrai dans la proposition : en effet, tant que les flux migratoires se maintiendront, le logement et l’emploi seront des marchés tendus. Certes aussi les ayants droit au pactole social sont de plus en plus nombreux et les budgets de plus en plus improbables et articulés sur l’emprunt international (il y a déjà des lustres que le budget social excède le budget général), mais il n’empêche que la population de souche paye aussi un lourd tribut à ce basculement dans la pauvreté. Retraités, agriculteurs, petits artisans ,travailleurs pauvres, femmes isolées avec enfants composaient déjà ce morne paysage dans un pays qui se voulait encore la cinquième puissance du monde. Devenu sixième, la situation ne s’améliore pas : désormais les petits entrepreneurs ne peuvent plus rembourser le PGE ( prêt garanti par l’Etat) , la facture des charges différées arrive, le salariat et la classe moyenne qui constituaient l’armature de la croissance des Trente Glorieuses craignent de basculer dans cette pauvreté et le plus inquiétant est que cette nouvelle couche de pauvres étaient inconnue des associations qui les secourent. On y trouve aussi des classes d’âges plus jeunes, que l’école, sinistrée par le pédagogisme et l’immigration, a conduit au déclassement social. Le confinement, avec 500 000 jeunes ayant décroché du système scolaire, a préparé des lendemains douloureux sur un marché de l’emploi qui se structure pour partie sur la logique implacable du numérique et dont le télétravail n’est que la partie émergée. Loyer, électricité, eau, les factures s’accumulent et la solidarité nationale a bon dos. Si les salariés soufrent, d’autres qui ne correspondent pas à la définition classique de la pauvreté échappent aux aides gouvernementales : auto-entrepreneurs, étudiants pauvres, chômeurs en fin de droits. D’autant que la crise sanitaire a, en partie, interdit l’exercice des solidarités familiales. De nouvelles formes de pauvreté, donc, qui posent le problème de la révision des minima sociaux et l’ouverture du RSA dès 18 ans, mesures qui présentent le double danger du coût et d’une assistance précoce hypothéquant l’avenir.

    Le 17 octobre est une date symbolique, celle de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Intention louable qui nous ramène en plein XIXe siècle .Qui se souvient de la saillie loufoque de Ferdinand Lop sur « l’extinction de la pauvreté après 10 h » en écho à l’ouvrage de Louis Napoléon Bonaparte L’Extinction de la pauvreté paru en 1844 ?

    L’un des signes les plus spectaculaires de cette crise est l’explosion de l’aide alimentaire : la Fédération française des banques alimentaires, qui approvisionne 5 400 structures, a augmenté ses distributions de 25 %, « et la demande ne faiblit pas, en août, en septembre, à tel point que nous avons dû piocher dans nos stocks de longue durée », confie Laurence Champier, sa directrice générale.

    Quels scenarios pour les années à venir ?

    On peut néanmoins faire l’hypothèse qu’en dépit des dettes colossales, des déficits du même acabit, de l’État et des entreprises, l’emploi pourrait reprendre avec la reprise économique à faible taux, de toute façon ; cependant cette hypothèse optimiste n’est pas envisageable avant deux à trois années et, dans cette attente, on peut mesurer, en se souvenant de la crise des Gilets jaunes, ce que pourrait avoir d’explosif, socialement parlant, cet accroissement de la pauvreté. En tout état de cause, le modèle de l’emploi devrait se trouver totalement bouleversé par rapport à la seconde moitié du XXe siècle. Le spectre des revenus devrait continuer de s’élargir et le plein emploi des Trente Glorieuses ne reviendra jamais. On peut aussi faire l’hypothèse d’une reprise de l’emploi mais précaire, sous qualifié, pléthorique dans les services à la personne, de basse rémunération et de nature généralement peu épanouissante. Certes, «  en traversant la rue », on trouvera du travail mais il ne devrait pas trop inciter à la traverser. Enfin l’hypothèse d’un « grand soir », est peu probable, la communautarisation en marche (Macron parle de séparatisme), la mondialisation, l’individualisme et la perte d’influence syndicale rendant peu crédible ce rêve caressé à l’extrême gauche.

    Ancien pauvres et nouveaux riches

    Tout en haut de la pyramide des revenus, on trouve donc les 1% de ménages les plus aisés et même les 0,1% de super-riches. Dans une étude consacrée aux « personnes à très haut revenu », l’Insee décrypte le montant et la nature des ressources de ces « premiers de cordée ». On sait que Macron voulait faire revenir les riches et supprima l’ISF à cet effet : ils revinrent en effet et leur nombre est en augmentation sur le territoire national. Le motif étant qu’il fallait que le capital revint pour financer les PME-PMI. Il n’en fut rien, la structure financiarisée de l’économie française y a suffi, le retour sur investissement étant dix fois plus rapide dans la finance mondialisée. Ce qui démontre une fois encore comment le capitalisme de production est désormais dépassé par le capitalisme de spéculation. Donc, pour figurer dans la catégorie des 1% les plus aisés, il faut percevoir « un revenu mensuel d’au moins 9 060 euros pour une personne seule » indique l’Insee, soit « 108 670 euros » par an et plus. Un couple appartient à cette catégorie s’il dispose mensuellement d’au moins 13 590 euros. Pour les super-riches (0,1% des ménages), le revenu mensuel doit être « supérieur à 22 360 euros pour une personne seule », soit quand même plus de 18 fois le smic.

    Le patrimoine facteur discriminant

    Plus d’un riche sur cinq (21,9%) et plus d’un super-riche sur trois (33,8%) ont des ressources qui proviennent pour l’essentiel de revenus du patrimoine (contre seulement 4,6% pour l’ensemble des ménages). Les revenus non salariaux représentent également l’essentiel des ressources de 19,6% des riches et de 22,2% des très riches (contre 3,1 pour l’ensemble des ménages). Ainsi le salariat s’affaiblit dans les couches basses et moyennes mais il régresse aussi dans la couche supérieure. 47,4% seulement des revenus sont constitués de traitements et salaires Et chez les super-riches, 43%. Le reste, c’est-à-dire la majorité des ressources (57%), provient de revenus du patrimoine ou non-salariaux .85,6% des riches sont propriétaires de leur logement, contre 58,6% pour l’ensemble des ménages.

    S’il est entendu qu’appauvrir le riche n’enrichit pas les pauvres mais plutôt l’État et les hommes qui le composent – mais là il s’agit plutôt de puits sans fond –, la question du fameux ruissellement des richesses des riches vers les pauvres se pose néanmoins : ce ruissellement (trickle down économics) est considéré par l’universitaire américain Robert Reich comme un canular cruel, une théorie qui n’a guère de fondements théoriques. Aucune école de pensée ne s’en réclame, en dehors de Macron.

    On voit bien que le problème en France est donc, non seulement, le creusement des différences sociales, lesquelles ont toujours existé, mais surtout leur originalité contemporaine, qui tient au fait que ces contrastes sociaux relèvent de sphères économiques assez radicalement indépendantes les unes des autres, avec une forte étanchéité avec un doute sur l’ascenseur social. On ne saurait nier, dans cet effet, l’influence de la mondialisation financière qui fait exister deux mondes qui communiquent peu celui de la production dont il était admis qu’il était source de richesse et celui de la mondialisation financière et de son ingénierie devenue totalement autonome.

    On serait tenté de conclure avec Alphonse Allais avec un peu de cruauté : « L’argent est préférable à la pauvreté ne serait-ce que pour des raisons financières ».

    3.jpg

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Péril 2020, et avant : États aveugles, stratégie indirecte et terrorismes sous influence, par Xavier Raufer.

    Jamais, dans l'histoire du terrorisme, un groupe d'action n'a opéré sans réseau de soutien. Mais certains Etats peinent à les identifier.

    Vision stratégique et petit-bout-de-la-lorgnette sont incompatibles. Notre rétrospectif regard n'envisagera donc pas quelque épiphénomène de 2020 ; mais, embrassant deux décennies, la sidérante incapacité de la société "de l'information" à percevoir et comprendre ce qui en fait la menace ; qui est l'ennemi. Notamment, dès qu'il s'agit du terrorisme international et de ce qui, à l'arrière-plan, l'anime et le propulse.

    6.jpgPartant de deux cruciaux préalables, nous donnerons ensuite deux exemples de cet aveuglement (volontaire ou non ?), à propos des attentats les plus tragiques du du XXIe siècle débutant ; 11 septembre 2001 (États-Unis) et 13 novembre 2015 (Paris).

    FONDAMENTAUX :

    1 - JAMAIS, dans l'histoire du terrorisme, un groupe d'action - même suicidaire - n'a opéré sans réseau de soutien ; surtout pour de massives et complexes opérations. La radiographie de dizaines d'attentats complexes ou d'actions de commandos, prouve qu'agir sans logistique est quasi-impossible.

     2 - Au Moyen-Orient (matrice des attentats ici rappelés) ; d'abord dans la zone Liban-Syrie-Irak, toute entité émergente, paramilitaire ou terroriste (islamiste ou pas) disparaît vite si elle n'est pas captée par un des États de la région (de la Libye à L'Iran). Ce crucial théorème est valide de 1975, début de la guerre civile du Liban, à nos jours. On lui cherche en vain un contre-exemple.

    Nous voici sur un sol ferme : avançons.

    ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE 2001, ÉTATS-UNIS

    - D'abord : ce qui suit n'émane pas d'une officine conspirative mais du cœur de l'État fédéral américain [Congress of the United States... TOP SECRET... Joint inquiry into intelligence community activities before and after the terrorist attacks of september 2001" 1]. Lire ce document déclassifié - à grand peine - sur demande de victimes de ces attentats, répond clairement à la question qui taraude les experts depuis septembre 2001 : JAMAIS l'appareil logistique appuyant les 20 terroristes du 11 septembre n'a été identifié. Nul membre cette cellule logistique qui forcément a agi aux États-Unis, n'a jamais été poursuivi, arrêté ou jugé.

    Or la réalité, la nature, l'étendue de ce réseau logistique d'al-Qaïda sont connus à Washington depuis 2002, figurant dans les 28 pages les plus secrètes du rapport ici mentionné. Que disent-elles ? Allons vite : ce crucial réseau logistique opérait depuis l'ambassade saoudienne de Washington. Citons le rapport : "Aux États-Unis, des pirates de l'air du 11 septembre étaient en contact, et ont reçu aide et assistance, d'individus liés au gouvernement saoudien... Aux moins deux de ces individus seraient, selon des sources, des officiers de renseignement saoudien... Des associés d'officiels saoudiens aux États-Unis auraient d'autres liens encore avec al-Qaïda".

    Suivent 28 pages de noms, dates, actes repérés par le FBI ou la CIA ; de téléphones et adresses. En septembre 2020, une juge de New York donne enfin aux victimes le droit de poursuivre "24 officiels, ou ex-officiels saoudiens" et révèle le nom (caché depuis 2002 !) du chef du réseau de soutien : Mussaed Ahmed al-J... chef de cabinet du prince royal de la famille al-Saoud, alors ambassadeur à Washington.

    Ces énormes révélation ont fait peu de bruit aux États-Unis et sont ignorées en Europe. Coïncidence ? Les mutiques médias d'information sont d'usage assujettis à des GAFAM, eux-mêmes couverts d'or par l'Arabie saoudite.

    ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE 2015 À PARIS

    - Rappel : lors de la vague d'attentats des années 1980 (bombes à Paris, prise d'otages, etc.), les officiels français découvrent à grand peine, lentement, que ces multiples actes émanent tous d'un unique sommet ; que derrière l'apparent chaos terroriste, existe un bouton marche-arrêt. Quand la France fait certains gestes, les attentats la frappant au Liban, à Paris, s'arrêtent net, au coup de sifflet.

    Maintenant : la longue attaque (novembre 2015-printemps 2016) de Paris à Bruxelles mobilise une centaine d'individus de dix pays divers, actifs de la zone Irak-Syrie au cœur de l'Europe ; unis par cellules coordonnées, disposant d'une complexe et solide logistique : lire les actes de justice déjà publiés suffit à s'en convaincre.

    Cette opération si bien conçue et exécutée a-t-elle germé dans le seul esprit de simplets à la Abdeslam, alcooliques ou toxicomanes, fanatisés à la va-vite et hypnotisés par le constant radotage des rares formules coraniques meublant leurs pauvres têtes ? C'est fort douteux.

    On verra dans un prochain article que les États-cibles commencent à entrevoir un piratage d'État, derrière la masse d'intrusion de leurs systèmes numériques les plus secrets ; ces mêmes États ont encore un vaste effort de lucidité à accomplir face au péril qu'ils sous-estiment, voire nient, depuis deux décennies : le terrorisme d'État.

    1 Document récemment déclassifié, à disposition de tout fact-checker interessé.

     

    Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

    Source : https://www.atlantico.fr/

  • Éphéméride du 1er Janvier

    Salle des pôvres - Hospices de Beaune

     

     

     

    1452 : Le premier malade est reçu aux Hospices de Beaune 

     

    Le tout nouvel hôpital des Hospices de Beaune, l'Hôtel-Dieu, crée à l'initiative de Nicolas Rolin (chancelier du duc de Bourgogne, Philippe II le Bon) et de son épouse Guigone de Salins, accueille son premier patient :   

    http://www.hospices-de-beaune.com/   

    1er janvier,hospices de beaune,charles quint,françois premier,chambord,charles ix,edit de roussillon,racine,phèdre,louis xv,la gazette de france,théophraste renaudot,maurras

     
    Sur la fondation de ces Hospices, le 4 août précédent, voir notre Éphéméride du 4 août ; et, sur le rôle et l'importance politique du chancelier Rolin, voir notre Éphéméride du 18 janvier 
     
    C'est dans ces Hospices que se trouve l'extraordinaire Polyptique du Jugement dernier, de Van der Weiden : 

    1er janvier,hospices de beaune,charles quint,françois premier,chambord,charles ix,edit de roussillon,racine,phèdre,louis xv,la gazette de france,théophraste renaudot,maurras 

     
     

    8 janvier,philibert delorme,diane de poitiers,chenonceau,catherine de medicis,verlaine,stavisky,vincennes,tuileries

     

    1515 : Mort de Louis XII

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre VII, Louis XI, la France reprend sa marche en avant :

    "...Louis XII a gardé dans l'histoire le nom de "père du peuple" que les États généraux de 1506 lui ont donné. Ce règne, si occupé au-dehors des nouvelles guerres d'Italie, et dont la politique extérieure ne fut pas irréprochable, a été, à l'intérieur, celui de la bonne administration. Autant que les peuples peuvent être heureux, les Français d'alors semblent l'avoir été. Il y a peu de périodes où ils se soient montrés aussi contents de leur gouvernement. L'histoire recueille en général plus de récriminations que d'éloges. Presque toujours on s'est plaint Presque toujours les gens ont trouvé que les choses allaient mal. Sous Louis XII, c'est un concert de bénédictions. La France se félicite des impôts, qui sont modérés, de la police, qui est efficace, de la justice, qui est juste. Le commerce lui-même, si exigeant, est satisfait. Depuis saint Louis, pareil épanouissement ne s'était vu. Comme alors, ce fut une douceur de vivre, en comparaison, peut-être, des temps si durs, legs des guerres civiles et de l'invasion, par lesquels la France avait passé. À ces moments-là on bénit le pouvoir.

     

    LOUIS XII.jpg
     
    Louis XII est le fils du grand seigneur - et grand poète... - Charles d'Orléans, qui passa vingt-cinq années de sa vie prisonnier en Angleterre sans que cela n'altérât sa joyeuse humeur : voir notre Éphéméride du 24 novembre.
     

    Sans doute, quand la France ne court pas de grand péril extérieur, quand il n'y a pas au-dedans de factions. qui la déchirent, elle se gouverne aisément. Elle a tout ce qu'il faut pour être heureuse. La popularité de Louis XII a été due pour une part à ces circonstances favorables. La monarchie française était aussi, au jugement des contemporains, le meilleur gouvernement qui existât alors. Elle était tempérée par ses propres traditions et le mode de formation du royaume y répandait naturellement les libertés. Il fallait respecter les coutumes et les franchises des provinces nouvellement réunies, la Bourgogne, la Bretagne, et des privilèges à peu près équivalents s'étendaient aux autres provinces. La France était seule en Europe à offrir ce mélange d'unité et de diversité. Dans des conditions politiques et sociales bien différentes de celles d'aujourd'hui, les Français ont eu ainsi une existence enviable. Chaque classe avait son statut, ses droits, mais aucune n'était fermée. On accédait librement au clergé. Quant à la noblesse, la bourgeoisie s'y poussait d'un mouvement continu et cette noblesse prenait l'habitude de servir. Les droits seigneuriaux étaient de plus en plus limités et régularisés, de moins en moins lourds. La loi sortait de la coutume.

    Et l'ensemble formait une harmonie qu'admira Machiavel, venu d'un pays où tout n'était que confusion. Entre les Français et leur gouvernement, qui se rencontraient dans la ligne moyenne de la modération et du bon sens, la convenance était parfaite. On comprend que la monarchie capétienne, qui avait déjà résisté à tant d'orages, se soit si profondément enracinée, que la France lui soit revenue à plusieurs reprises et lui soit restée fidèle longtemps."

     

    LOUIS XII BLOIS.jpg
     
    Château de Blois : la statue équestre de Louis XII remplace celle qui fut brisée à la Révolution...
     
     
     
     
     
    8 janvier,philibert delorme,diane de poitiers,chenonceau,catherine de medicis,verlaine,stavisky,vincennes,tuileries
     
     
     
     
     
    1540 : Entrée de Charles Quint dans Paris

     

    L'Empereur se rend dans ses possessions du nord, pour châtier les habitants de Gand (pourtant sa ville natale) qui s'est révoltée.

    Malgré la guerre incessante que se livrent les deux rois depuis vingt-cinq ans; malgré la captivité de François premier à Madrid après Pavie, et le fait qu'il ait dû laisser en otage, en échange de sa libération, son fils - le futur Henri II - qui en gardera une rancune tenace envers l'Espagne; malgré le fait que François premier ait dénoncé, sitôt libéré, le traité par lequel il obtenait, justement sa libération...; malgré tout cela, Charles Quint a demandé à François Premier, qui la lui a accordée, la permission de traverser la France, ce qu'il fera en trois mois.

    Il vient d'être reçu à Chambord, où il s'est exclamé : "Chambord est un abrégé de ce que peut effectuer l'industrie humaine".

    1er janvier,hospices de beaune,charles quint,françois premier,chambord,charles ix,edit de roussillon,racine,phèdre,louis xv,la gazette de france,théophraste renaudot,maurras

    François premier fait visiter la basilique de Saint-Denis à Charles Quint.

    Sur Chambord, voir notre Évocation du 29 septembre : Quand François premier a lançé le chantier de Chambord...

     

     

    8 janvier,philibert delorme,diane de poitiers,chenonceau,catherine de medicis,verlaine,stavisky,vincennes,tuileries

     

     

     

     1560 : Mort de Joachim Du Bellay

     

    du bellay.jpg 

    http://www.unjourunpoeme.fr/auteurs/du-bellay-joachim

     

     

    8 janvier,philibert delorme,diane de poitiers,chenonceau,catherine de medicis,verlaine,stavisky,vincennes,tuileries

     

     

    1565 : Pour la première fois, l'année civile commence un 1er Janvier

     

    Charles IX a fixé cette règle par l'Édit de Roussillon, le 9 août précédent (voir l'Éphéméride du 9 août).

    Il avait constaté lors de son voyage à travers la France que l'année commençait à différents moments (allant de la Noël à Pâques), selon les Provinces, et que cela représentait une gêne, pour l'économie comme pour la vie des personnes. Il imposa donc une date unique pour tout le pays : le premier janvier.

    CHARLES ix.JPG
     
    S'il est assez peu connu du grand public (c'est pourtant sous son règne qu'eut lieu la malheureuse Saint Barthélemy, voir l'Éphéméride du 24 août), Charles IX est pourtant à l'origine de trois faits de société, plus "aimables", qui rythment encore aujourd'hui - à des degrés divers... - la vie du pays tout entier : c'est lui qui a lancé la coutume du muguet du 1er mai (voir l'Éphéméride du 1er mai), et lui aussi qui est à l'origine des blagues et canulards du 1er avril (voir l'Éphéméride du 1er avril) : on lui doit en effet les souhaits et réjouissances de la "Bonne année", son Édit de Roussillon ayant unifié les pratiques du royaume, pour tous et partout, faisant commencer désormais l'année civile le premier janvier...

     

     

    8 janvier,philibert delorme,diane de poitiers,chenonceau,catherine de medicis,verlaine,stavisky,vincennes,tuileries

     

     

    1677 : Racine présente sa dernière tragédie profane : Phèdre

    Sarah-Bernhardt-in-Phedre-.jpghttp://www.alalettre.com/racine-oeuvres-phedre.php

     

     

    8 janvier,philibert delorme,diane de poitiers,chenonceau,catherine de medicis,verlaine,stavisky,vincennes,tuileries

     

     

    1697 : Naissance de Dupleix

     10 novembre,saint martin du canigou,charles vii,rouen,jeanne d'arc,louis xi,couperin,robespierre,notre-dame de paris,chaumette,revolution

    Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes..., voir la photo "Rêves d'Empire : Inde française (I/II )"

     

    Fils de commerçants, né à Landrecies, Dupleix s'engage en 1720 au service de la Compagnie des Indes, pour créer en Orient de véritables possessions territoriales servant de base à la conquête d'une grande zone d'influence qui fournira des matières premières à la métropole et lui servira de débouché pour ses propres productions.

    S'étant taillé un Empire en Inde, il est nommé gouverneur de la Compagnie en 1741. Cependant, en 1748, la signature du traité de Londres met fin à la rivalité entre français et anglais dans la péninsule indienne : en 1754, il est rappelé en France, et son Empire des Indes passe définitivement sous la coupe britannique à l'exception de 6 comptoirs (Surat, Chandernagor, Pondichéry, Mahé, Yanaon et Karikal) qui seront rendus définitivement à l'Inde en 1954.

  • Thérèse Hargot : « Le corps féminin a été malmené. Pas par les hommes, par les femmes elles-mêmes ».

    Cinquième volet de notre série Place des femmes, avec Thérèse Hargot, sexologue.

    14.jpgJe suis Thérèse Hargot, thérapeute de couple, sexologue et essayiste.

     

    Le porno est-il votre ennemi numéro 1 ?

    En réalité, le porno est devenu mon ennemi numéro 1. Il est aujourd’hui le phénomène mondial. Il va détruire massivement non seulement les personnes, mais aussi les relations d’amour et la sexualité. Forcément, si on veut faire de la sexualité du couple, un lieu d’humanité, il faut combattre la pornographie.

    Le vrai sujet de ma vie était plutôt la contraception. Au moment où la contraception est apparue, la pilule contraceptive a modifié en profondeur notre rapport aux corps des femmes, à la sexualité et à l’autre c’est-à-dire à homme et l’enfant.

    Alors que c’est mon sujet de cœur, j’en viens à parler beaucoup de pornographie. Depuis quelques années, avec l’arrivée d’internet, l’industrie pornographique a explosé. Lorsqu’on parle de pornographie aujourd’hui, on parle de 1/4 des Français et des Belges qui consomment régulièrement la pornographie. On parle de plusieurs fois par semaine ou par jour. Les chiffres sont peut-être même beaucoup plus importants… France Inter a sorti des chiffres, 8 hommes sur 10 consomment régulièrement du porno. On sait que 1/3 des moins de 12 ans ont déjà vu des images pornographiques et que la majorité des adolescents vont en voir. Le phénomène est tellement important que je suis obligée d’en parler.

     

    Une femme sur le sujet du porno… Est-ce vraiment votre rôle ?

    On pourrait dire que c’est un problème d’homme. Il faut que des hommes s’engagent sur ce combat. Je pense et j’en suis même absolument certaine que le fait que je m’engage sur ce sujet a beaucoup de sens. Les personnes qui suivent le parcours en ligne que j’ai créé pour arrêter la consommation de pornographie me disent que cela fait du bien que ce parcours soit conduit par une femme. Cela leur permet de changer leur regard. Je ne sais pas encore très bien l’expliquer, mais il y a quelque chose qui vient guérir. Les femmes ont toutes leur place dans ce combat. Je pense même que c’est notre mission aujourd’hui de contrer cette industrie surpuissante.

    Les femmes sont évidemment concernées par le porno, même si ce sont principalement les hommes qui sont touchés. Il faut comprendre que la personne exposée aux images pornographiques va tomber dans une sorte de dépendance malgré elle et que la seule façon d’en sortir c’est par un regard d’amour posé sur elle :« j’entends que tu consommes de la pornographie, mais je t’aime ». C’est l’amour qui sauve vraiment. Je le dis et le redis.

     

    Quel est le regard posé sur les femmes aujourd’hui ?

    Avec la révolution sexuelle que l’on a connue, en plaçant la jouissance comme finalité de la sexualité, on a transformé le corps de l’autre en objet de jouissance, en instrument pour obtenir ce plaisir. On finit par se transformer soi-même en objet de jouissance. Le corps et la sexualité sont devenus un produit de consommation comme un autre. On dit que l’on fait du sexe. C’est une activité parmi d’autres qui apporte une certaine satisfaction.

    La sexualité a perdu toute son humanité, un lieu de la rencontre et de la relation. Avant la révolution sexuelle, la sexualité était très orientée vers l’action de la reproduction, mais aujourd’hui on arrive à une sexualité vraiment déshumanisée. En déshumanisant la sexualité, on a déshumanisé la personne humaine. L’objectif est d’arriver à créer une nouvelle révolution de l’amour qui permettra de voir la sexualité comme le lieu de la rencontre et de la relation avec un autre que soi, pour faire l’amour littéralement.

     

    Qu’est-ce qu’une femme ?

    Il y a ce corps qui est donné. Je sais que cela semble bizarre de dire cela à notre époque parce qu’on a tendance à négliger ce corps. C’est avec ce corps que je vais rentrer en relation avec les autres. Le corps est extrêmement important. Ces dernières années, on a pu observer que le corps féminin a été extrêmement mal mené pas par les hommes, mais par les femmes elles-mêmes. On voit bien que toutes les féministes qui ont impacté les dernières années de notre Histoire sont dans un mépris du corps féminin incroyable. Elles détestent le corps féminin. Comme elles le détestent, il faut le modifier pour qu’il corresponde à l’idéal masculin où c’est l’homme qui est valorisé. C’est le corps de l’homme qu’il faut copier.

    On peut proposer un autre féminisme qui serait dans une célébration de ce corps féminin. Il est absolument magnifique. Cela demande de porter un regard sur son corps et d’apprendre à le connaître et de voir que même si parfois il y a des lieux de douleurs (règles, enfantement), on peut transformer ces douleurs et les voir autrement. Tout dépend de l’histoire que l’on se raconte par rapport à ce propre corps. On peut se raconter une tout autre histoire, par exemple que ce corps est merveilleux. On peut vraiment y découvrir une vraie richesse pour sa propre vie de femme, mais aussi une richesse à offrir au monde. Être une femme est d’abord une histoire corporelle. C’est cela qui nous différencie des hommes. Être une femme c’est intégrer ce corps, aimer ce corps, honorer ce corps. On devient femme par une espèce d’acceptation de cette réalité et d’amour total de soi et pas seulement je m’aime pour mes compétences professionnelles. J’aime ce corps avec toute sa réalité. Cet amour de soi va aussi passer par une réconciliation.

    Celles qui sont pleinement femmes sont les femmes qui se sont réconciliées avec leur corps et qui cessent de faire la guerre avec elles-mêmes.

     

    Etes-vous féministe ?

    Je pense que je suis féministe dans le sens de permettre aux femmes de trouver leur place, leur joie et leur bonheur avec un certain féminisme qui est dans la célébration du féminin. Celles qui se prétendent être féministes aujourd’hui ne sont pas du tout féministes, mais masculinistes au possible. Ce qui me frappe c’est que ces féministes d’aujourd’hui ressemblent physiquement aux hommes. Regardez les photos des féministes actuelles, elles ont un physique presque masculin. Il y a quelque chose de l’ordre du masculin qui est très célébré et qui n’est pas du féminin. Être féministe c’est aussi mettre en valeur ce qui est proprement féminin. Être féministe, c’est aussi arriver à valoriser ce qui est accompli par les femmes. Hier je discutais avec Clémentine Autain qui parlait de la domination masculine. Elle disait que les hommes étaient majoritaires dans les lieux de pouvoir. C’est une certaine vision où il faudrait copier ce modèle-là sans voir que les femmes dominent, par exemple dans le foyer. Cette espèce de hiérarchie de jugement de valeur ne sert pas du tout la cause des femmes.

     

    Quel est votre modèle féminin ?

    Mère Térésa m’inspire totalement. Ce qui me touche chez cette femme c’est cette vie totalement donnée pour les autres et cette fécondité qu’elle a. Je pense qu’une femme peut avoir une immense fécondité sans pourtant porter elle-même les enfants. Je sais que cela peut sembler paradoxal pour ceux et celles qui vont entendre mes propos, parce qu’à la fois je dis que je célèbre le corps féminin, mais je ne suis pas en train de dire que la vocation des femmes est d’avoir des enfants. C’est de porter du fruit et d’être féconde. Nous avons plusieurs façons de porter du fruit.

     

    Une femme engagée : est-ce dévirilisant pour un homme ?

    Je pense qu’il faut que les femmes s’engagent pour le bien commun dans notre société. Cet engagement est nécessaire. Qu’elles sortent de la sphère domestique et qu’elle puisse accomplir des actions pour les autres. La question est de savoir comment s’engager. Est-ce que je m’engage en copiant le modèle masculin, en reprenant leur code et en essayant de les intégrer pour essayer de faire ma place ? Ou est-ce que je m’engage avec tout ce que je suis y compris ma spécificité corporelle de femme ?

    Peut-être que c’est là qu’il y a quelque chose à renouveler. Comment je peux m’engager en politique tout en restant pleinement ce que je suis à la fois dans mon apparence corporelle et dans le registre émotionnel qu’on attribue le plus souvent au féminin ? Ce n’est pas quelque chose de naturel, mais plutôt culturel. Comment je viens enrichir le débat public avec ce que je suis ?

    Lorsque les femmes veulent prendre la place des hommes en essayant de les recopier, cela les dévirilisant pour eux.

    Lorsqu’on est dans le combat comme tout chevalier, on va mettre des armures et se protéger. Lorsqu’on est sur la sphère publique, politique ou médiatique, on va se prendre des coups. Une femme qui va s’engager à ce niveau-là va se mettre une armure qu’elle aura du mal à enlever. Elle aura du mal à ouvrir son cœur, à montrer sa vulnérabilité et ses failles. Or, c’est en ouvrant son cœur et en montrant sa vulnérabilité que l’amour est possible. Je pense à cela parce que j’ai dans mon entourage des amies et je vois dans mon cabinet des femmes qui ont pris des postes à responsabilité et qui sont dans des lieux de pouvoir avec des hommes. Elles sont prisonnières de cette armure qu’elles ont mise. Elles n’arrivent plus à tisser de liens de l’ordre amoureux et une sexualité heureuse avec les hommes parce qu’elles se sont blindées.

    Dans le combat, il y a une armure, mais il faut savoir parfois l’enlever et peut-être trouver une force intérieure. J’ai décidé d’avoir à l’intérieur de moi cette force et d’être bien aligné avec moi-même. On peut m’envoyer des flèches, mais cela ne m’atteint pas parce qu’à l’intérieur de moi, je suis alignée. Par conséquent, je peux rester intègre. Je pense qu’il y a ici, une petite voie de sortie pour ne pas copier ce modèle masculin.

     

    Thérèse Hargot

    Sexologue
    Diplômée en philosophie et en sciences de la famille et de la sexualité.
  • Pierre-André Taguieff : « Macron c'est de la com', encore de la com', toujours de la com' »

     

    Par Alexandre Devecchio

    Ce long entretien d'Alexandre Devecchio avec Pierre-André Taguieff [Figarovox, 17.09] à l'occasion de la parution de son dernier livre, Macron : miracle ou mirage, est une réflexion de fond, en soi fort intéressante, sur le macronisme.  Nous pourrions en discuter tel ou tel point. Le lecteur découvrira lesquels. Nous sommes toutefois d'accord sur l'essentiel de ces analyses.  LFAR

     

    3743843301.jpgTrois mois seulement après son élection, alors même qu'il commence à peine à mettre en œuvre son programme, Emmanuel Macron est déjà confronté à une chute vertigineuse dans les sondages. Le nouveau président de la République peut-il être considéré comme un « mirage » pour reprendre le titre de votre livre ? 

    C'est le prix à payer pour avoir bénéficié d'une opération publicitaire réussie dans un contexte politique ultra-favorable, qui, aux yeux des plus naïfs, lui a donné la figure d'un envoyé de la Providence ou d'un ange descendu du ciel. Le prétendu miracle, l'avènement imprévisible d'un « sauveur » de la France, aura eu le statut d'une apparition furtive. Nous sommes passés en quelques mois d'un événement improbable, perçu sous le signe du merveilleux, à la prise de conscience qu'il s'agissait d'un simple mirage en train de se dissiper. Les principaux thèmes du mythe macroniste, le héros combattant les « forces du monde ancien » qui veulent « faire échouer la France », le sauveur qui allait stopper le déclin de la nation, ont perdu leur attractivité. Mais la fascination a été telle que la dissipation du mirage peut durer un certain temps. Les croyants et les énamourés tiennent à leurs illusions. Quant aux intéressés, à tous ceux qui vivent ou bénéficient du nouveau pouvoir, ils tiennent à ce que les autres ne perdent pas leurs illusions et mettent toute leur énergie à les entretenir. De la com' à la com' en passant par la com': c'est à cette petite histoire stationnaire que se réduit le moment « révolutionnaire » que Macron s'est efforcé d'incarner.

    Dans le grand entretien qu'il vient d'accorder au Point, Macron explique qu'il est absurde de prétendre le juger au bout de cent jours seulement … N'est-il pas trop tôt pour être conclusif ?

    Si les sondages lui étaient favorables, il dirait le contraire. Il s'agit d'un faux problème. Dans le roman de Balzac, Le Père Goriot (1835), Eugène de Rastignac voulait conquérir Paris : « À nous deux maintenant ! », s'écriait-il. Macron est plus ambitieux : c'est la France qu'il a voulu conquérir. Dans Révolution, revenant sur sa découverte passionnée de Paris, à l'âge de seize ans, il fait cet aveu : « J'étais porté par l'ambition dévorante des jeunes loups de Balzac. » Le stratège machiavélien d'âge mûr semble avoir réalisé les rêves de l'adolescent : accéder aux sommets, être « grand » et reconnu comme tel en France et surtout ailleurs.

    « Nous sommes en train de payer le prix de cette bêtise collective qui consiste à croire en la fin de l'Histoire », explique Macron au Point. Sur les questions régaliennes et sur le plan de la politique étrangère, Macron a tout de même surpris …

    Parole en l'air, car personne ne croit plus à la légende néo-hégélienne de la fin de l'Histoire, lancée par Francis Fukuyama en 1989. Depuis au moins le 11-Septembre, la légende s'est dissipée. Macron est mal informé sur la question : il en reste à ses souvenirs d'étudiant de la fin des années 1990. Macron s'adapte à chaque public en lui offrant ce qu'il attend, dans un contexte donné. C'est pourquoi il enfonce si souvent des portes ouvertes, et donne, « sans rien céder » (l'une de ses formules figées), dans les clichés ou les lieux communs, comme à la fin de son interview du Point : « Dans ce monde de changements profonds, la France a tout pour réussir, avec un objectif : être plus forte et réduire les inégalités.» Il y en a pour tout le monde, et à la portée de tous. Il lui fallait justement surprendre pour tenter de remonter la pente de son impopularité. Question, encore, de com'.

    Il faut frapper fort pour frapper les esprits, quitte à rester allusif : « Nous devons renouer avec l'héroïsme politique propre au monde républicain, retrouver le sens du récit historique. » Suit un appel lyrique aux « héros », à l'esprit conquérant contre « l'esprit de défaite ». Une bouffée de gaullisme pour faire oublier Hollande. On admire la capacité de métamorphose du héros réformiste. Tel un caméléon, il prend la couleur du lieu où il se trouve, épouse les valeurs de ses interlocuteurs, change de discours au gré des sondages. On l'a connu déguisé en aviateur, en boxeur, en footballeur, en tennisman, etc., on l'a même aperçu muni d'une raquette en fauteuil roulant, on le trouve dans les habits du visionnaire dissertant sur les affaires du monde et sur l'avenir des relations internationales. Il est vrai qu'on ne pouvait attendre d'un Sarkozy ou d'un Hollande des propos d'une telle hauteur de vue, s'inscrivant dans le noble projet d'inventer un « nouvel humanisme ». Encore qu'il ne faille pas oublier l'ambitieuse « politique de civilisation » évoquée par Sarkozy en 2008, ni la « Nouvelle société » colberto-centriste de Jacques Chaban-Delmas (1969). Le cimetière des idées mortes est plein de ces chimères réchauffées et de ces utopies avortées.

    Le président-héros est décidé à mettre fin à « trois décennies d'inefficacité » par la grande et profonde « transformation » qu'il annonce. Parmi les travaux herculéens en cours, la réforme du droit du travail joue le rôle d'une baguette magique. Une « révolution copernicienne », ose-t-il dire de sa « réforme globale ». Poudre aux yeux : il n'y a là qu'une modeste refonte destinée pour l'essentiel à accroître le pouvoir du chef d'entreprise. Bref: ni « casse », ni «transformation profonde». Un petit pas à droite (version néolibérale), dans lequel on ne saurait sans ridicule voir la preuve d'un quelconque « héroïsme politique ».

    La victoire de Macron a été analysée comme une recomposition du système politique. Vous émettez l'hypothèse que son élection serait à l'inverse le produit d'une décomposition, un symptôme plutôt qu'un remède. Cela expliquerait la rapidité de sa chute ?

    Dans mon livre, j'examine en effet les trois grandes hypothèses censées expliquer la victoire électorale de Macron. La première se réduit au récit d'un miracle historique, qui a toujours ses adeptes candides et enthousiastes. La deuxième est celle de l'action habilement menée d'un fin stratège qui a su exploiter à son profit l'état de décomposition du système politique français. Voilà qui donne à Macron la figure d'un produit du système, dont il connaît tous les rouages et les dysfonctionnements. En jouant le rôle d'un candidat anti-système crédible (au contraire de Mélenchon) tout en misant sur la respectabilité (qui manquait à Marine Le Pen), il s'est conféré un supplément d'attractivité. Un trublion anti-système qui séduit les retraités (qui vont regretter leur vote pro-Macron), un « révolutionnaire » qui n'effraie personne : un tel être hybride ne peut que plaire aux Français qui rêvent de révolution tout en exécrant le désordre et la violence.

    La troisième hypothèse est celle du mirage, de l'illusion que Macron incarne, et qui se dissipe peu à peu. La rhétorique du « renouvellement » et de la « recomposition » est de la poudre aux yeux. Comme la comique entreprise de « moralisation » de la vie politique, dernier avatar de l'utopie de la «transparence».

    Vous analysez la polémique avec le général de Villiers comme sa première faute. Pourquoi cette affaire a-t-elle cristallisé autant de défiance ?

    La légitimité était à l'évidence, pour la majorité des citoyens français, fixée sur le général de Villiers, symbole de ce qu'il y a d'éminemment respectable dans l'armée. Dans cette affaire, Macron s'est comporté et a été perçu comme incapable de rassembler les Français. Disons simplement que le masque « jupitérien » est tombé.

    Plutôt qu'à un renouvellement des élites, assiste-t-on à un rajeunissement des élites ?

    Rajeunir à tout prix n'est pas une politique. Le jeunisme affiché, ostentatoire, relève du politiquement correct et d'une forme de démagogie clientéliste. Tout comme le spectacle de la parité ou de la « diversité ». L'ennui, c'est que cette politique-spectacle ne tient pas compte de l'expérience ni de la compétence des personnes nommées. Après la démission contrainte de Sylvie Goulard, spécialiste des affaires européennes, Macron a nommé ministre des Armées une spécialiste des dossiers budgétaires, Florence Parly. À cet égard, le contraste avec le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, grand connaisseur du système d'enseignement en France, est maximal.

    Dans mon livre, j'analyse la redéfinition de la démocratie dans l'optique macronienne : le pouvoir des jeunes, par les jeunes, pour les jeunes, un pouvoir incarné par « le plus jeune président » d'un pays européen, et « optimiste » comme il convient à tout jeune de l'être. Il déclare vertueusement vouloir « redonner une place et un avenir à notre jeunesse ». Qui pourrait être contre ? Mais point de juvénophilie sans gérontophobie. Ce qui revient à opposer les générations entre elles : les jeunes en quête d'emploi contre les retraités, scandaleusement « aisés ». Macron divise et conflictualise ainsi, subrepticement, la société française, en opposant aussi ceux qui ont un « statut » (les « protégés ») et les autres (les « exclus »), ceux qui sont « pour l'ouverture » et les autres, ceux qui « regardent vers l'extérieur » et les héritiers supposés de « la France de Pétain », érigée en paradigme de la France « figée » et « crispée », alors même qu'elle regardait beaucoup du côté de l'Allemagne hitlérienne, qui construisait alors une Europe à sa botte. Le bon « extérieur » de Macron n'est autre qu'une globalisation qui s'accélère et une Europe toujours plus intégrée. Il ne voit l'avenir de la France que sous l'angle d'une adaptation croissante à la marche du monde, réduite à sa composante économico-financière. Le « progrès » selon Macron consiste à combattre ce qu'il appelle les « forces du monde ancien », non les forces du monde présent.

    Est-ce finalement le triomphe de la technocratie sur la politique » ?

    Le macronisme est une tentative de faire entrer la France dans la mondialisation techno-marchande, en dépolitisant les enjeux fondamentaux. Mais le chantre de la mobilité planétaire n'assume pas sa thèse fondamentale, et multiple les dénégations du type: « Le but, ce n'est pas de s'adapter à la mondialisation, c'est de réussir, d'être des leaders. » Le seul message macronien non ambigu est que « l'économie est notre destin », selon la célèbre formule de Walther Rathenau. Cet économicisme chasse le politique, qui se réduit à un décor, à un blabla démagogique empruntant ses clichés à n'importe quelle source idéologique.

    Macron risque-t-il d'être à son tour victime du « dégagisme » ?

    Le processus a déjà commencé. L'aveuglement et l'engouement du printemps 2017 n'auront été qu'un phénomène de mode. Il aura été, le temps d'un printemps, le suborneur d'une France déçue et désorientée. Il a mis son intelligence et sa culture au service de son désir effréné d'ascension sociale. Disons qu'il est un Cagliostro de la politique postmoderne. Mais le dégrisement général fera probablement de lui une étoile filante. Ce qui veut dire qu'il prendra sa place dans cet ordre normal des choses qu'il a prétendu bousculer. L'énarque frotté de littérature et de philosophie reste un énarque.

    Dans l'affrontement « progressistes » / « conservateurs » théorisé par Macron ou dans la confrontation « mondialistes » / « patriotes » définie par Marine Le Pen, n'y a-t-il pas, malgré tout, un véritable clivage idéologique peut-être plus tangible que le traditionnel clivage droite  /gauche …

    Ces nouveaux clivages imposés par les macronistes et les marinistes relèvent du discours de propagande. Il va de soi que le mot « conservateur » fonctionne comme un mode d'illégitimation, voire comme une insulte dans le parler macronien. Synonyme de « réactionnaire », il fait partie des mots destinés à disqualifier tous ceux qui ne se rallient pas à l'étendard du grand leader bien-aimé. De tels termes sont des opérateurs d'amalgames polémiques, et, à ce titre, ils n'ont pas de pertinence conceptuelle. En outre, les deux couples d'opposés ne se recouvrent pas: des « patriotes » peuvent se dire ou être dits « progressistes » ou « conservateurs ». 

    Si le clivage droite /  gauche est usé, s'il ne permet plus de définir sans équivoque des identités politiques distinctives, il garde une relative valeur fonctionnelle. Mais les critères et les repères qu'il présuppose et propose sont brouillés. Si la grande vague populiste d'orientation nationaliste commencée dans les années 1980 signifie quelque chose, c'est avant tout la mise en place d'une opposition entre le haut et le bas, entre les élites et le peuple, ou, si l'on préfère, entre les classes supérieures déterritorialisées et les classes moyennes et populaires se reconnaissant dans une appartenance nationale. Outre cette opposition sur un axe vertical, on constate l'existence d'un conflit d'intensité croissante entre la vision républicaine de la communauté des citoyens et la vision multiculturaliste ou multicommunautariste de la « société des individus » instaurée par la mondialisation. La France découvre, longtemps après le monde anglo-saxon, la « politique des identités », identités ethniques ou culturelles, religieuses ou linguistiques, sexuelles ou de genre, qui, par leurs rivalités et leur mise en concurrence, divisent et conflictualisent le champ social. Il est vrai que les élites de l'économie et de la culture tendent à soutenir la vision multiculturaliste d'une démocratie idéalement cosmopolite, tandis que les classes moyennes et populaires restent attachées à la vision républicaine de la nation.

    Mais ces clivages qui se chevauchent sont eux-mêmes recoupés par d'autres clivages: par exemple, entre les défenseurs d'une stricte laïcité et les partisans d'aménagements divers du principe de laïcité, ou entre les chantres du productivisme, de la croissance ou de l'innovation technologique et les défenseurs de telle ou telle forme de limitation du « progrès technologique ». N'oublions pas non plus le clivage entre les adeptes de la religion irénique du « vivre ensemble », qui postulent notamment une différence de nature entre l'islam (religion d'amour et de paix) et toutes les formes de l'islamisme, et les partisans d'une vision réaliste de la menace salafiste-djihadiste, qui appellent à une vigilance permanente face au communautarisme islamique. La nouvelle vision politiquement correcte de la laïcité est un « coexistentialisme », variante simplifiée du multiculturalisme normatif. Dans Le Point, Macron caractérise la France comme un pays « de catholiques, de protestants, de juifs et de musulmans », c'est-à-dire comme une nation multicommunautaire à base religieuse, jetant le reste de la population dans le gouffre du « rien ». C'est là sa conception de l'identité de la France. Il l'a réaffirmée le 13 septembre 2017, à l'occasion de la «victoire historique» de Paris pour les JO 2024 : « Défendre les valeurs de l'olympisme, c'est aussi œuvrer pour plus d'équilibre et plus de multiculturalisme. » Et Anne Hidalgo, la « gagnante » s'écriant à Lima « C'est immense ! » ou « C'est magique ! », d'appliquer le modèle multiculturaliste en l'illustrant : « Je pense à la Seine-Saint-Denis, à cette jeunesse très cosmopolite qui va là pouvoir se projeter dans quelque chose de fort. » L'avenir de la France, c'est le multiculturalisme et le jeuno-cosmopolitisme.

    Quant aux « révolutionnaires » en peau de lapin qui se multiplient à droite, à gauche